Aimbaud
Les senteurs d'une cinquantaine de plats différents, refroidis, et les odeurs des invités écurés par un si long repas, avachis, crevés, s'étaient mélangées dans l'ambiance générale de la pièce, pour former une nappe lourde et douceâtre. Certains convives s'étaient endormis, le front à côté de leur assiette, ou la tête renversée sur leur siège, un restant de sauce au coin des lèvres. Les restes des victuailles, découpées, tranchées, triturées, n'évoquaient plus rien d'appétissant. On avait retrouvé la décadence de la Rome finissante ! C'était une belle fête d'hiver.
Le marquis de Nemours avait les yeux presque clos, assommé qu'il était par la digestion. Un résidu de sourire lui tirait encore les coins de la bouche, comme s'il ressassait le souvenir de toutes les belles saveurs qui lui étaient passées sur la langue. Cela le laissait rêveur et content.
Il avait déplacé une jambe en direction de la sortie, mais son derrière était encore trop fermement vissé à la banquette pour envisager de s'en extraire. Il était lourd. Très lourd. De plus en plus lourd. Il ne savait plus rebondir comme par le passé. Monter à cheval en sautant. S'accroupir pour ramasser une épée. Il n'avait plus le ressors du cabri, lorsqu'il abordait les femmes, lorsqu'il descendait les escaliers. Il ne s'amusait plus à sauter les marches, elles lui étaient toutes nécessaires. C'était comme si la terre l'appelait puissamment. Elle le tirait, le tirait, et n'avait de cesse de le tirer qu'à la fin de la journée lorsqu'enfin, il était allongé.
Envisageant l'effort qu'il lui faudrait pour se relever, il flattait sa panse d'une main pensive. Le vin, et le trop-plein de nourriture l'avaient complètement grisé. Il observa la taille de femme qui passait près de lui pour rejoindre la sortie et, mu par un animal automatisme, se leva à la suite de cet objet (sans plus se soucier de l'effort), pour y apposer la main. Il avait reconnu la Casas et adressé cette caresse avec discrétion.
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Le marquis de Nemours avait les yeux presque clos, assommé qu'il était par la digestion. Un résidu de sourire lui tirait encore les coins de la bouche, comme s'il ressassait le souvenir de toutes les belles saveurs qui lui étaient passées sur la langue. Cela le laissait rêveur et content.
Il avait déplacé une jambe en direction de la sortie, mais son derrière était encore trop fermement vissé à la banquette pour envisager de s'en extraire. Il était lourd. Très lourd. De plus en plus lourd. Il ne savait plus rebondir comme par le passé. Monter à cheval en sautant. S'accroupir pour ramasser une épée. Il n'avait plus le ressors du cabri, lorsqu'il abordait les femmes, lorsqu'il descendait les escaliers. Il ne s'amusait plus à sauter les marches, elles lui étaient toutes nécessaires. C'était comme si la terre l'appelait puissamment. Elle le tirait, le tirait, et n'avait de cesse de le tirer qu'à la fin de la journée lorsqu'enfin, il était allongé.
Envisageant l'effort qu'il lui faudrait pour se relever, il flattait sa panse d'une main pensive. Le vin, et le trop-plein de nourriture l'avaient complètement grisé. Il observa la taille de femme qui passait près de lui pour rejoindre la sortie et, mu par un animal automatisme, se leva à la suite de cet objet (sans plus se soucier de l'effort), pour y apposer la main. Il avait reconnu la Casas et adressé cette caresse avec discrétion.
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