Panorea
Flashback début Décembre 1464, aux portes de lAnjou
Arrimant ses semelles lune après lautre dans la maigre couche de poudreuse, dans un élan relativement régulier et toujours renouvelé, une voyageuse cherchait refuge. Apercevant les faîtes multiples dune autre ville sur sa route laborieuse, Panorea relâcha la tension accumulée sournoisement dans ses muscles endoloris et gelés ; son sac derrance pleinement garni tomba sur la terre glacée et dure, et finalement, après un soupir, laventurière limita dans une chute plus ou moins contrôlée. Jetant lil à lentour, lattention fut retenue par lherbe scintillante de givre sous les rais dor matinaux, et la campagne qui sétendait à lhorizon. Pourtant, les vaux et les monts sétaient succédé, parfois engloutis sous des mers boisées ou couverts dune dorure de blés, depuis plusieurs mois. Et depuis, la blondeur des champs avait cédé la place à la fine pellicule dun blanc irisé propre au mois en vigueur.
Calmant sa respiration saccadée à mesure des secondes, Panorea sourit. Cest sympa une ville : promesse de réserves alimentaires et de nuits au chaud. Qui plus est, le pano-rama était superbe, à défaut dêtre inédit. Elle finit par sapaiser presque de cet énième spectacle du matin en provinces françoises. Cest alors que quelque chose la secoua just like a prunier.
Attendez un homme ? Un brigand ?!
Une espèce de malotru comme elle en avait souvent croisé la surplombait et, malgré sa maigreur manifeste et sa taille non très haute, se moquait éperdument de savoir quelle était réveillée. Ses mains sales firent mine de retourner son sac pour trier ce qui tomberait, puis se ravisèrent : le prendre tout entier semblait être une option plus pratique. Après lavoir jeté sur son épaule, le brigand famélique se tourna vers la jeune femme. Rapide comme léclair, il lallégea de sa bourse sans autre forme de procès.
La Pano en était tellement séchée quelle restait assise là, complètement muette. Ce nétait pourtant pas dans ses habitudes, mais le charme du voyage lavait engourdie. La fatigue et le froid, certes, un peu aussi. On ne pouvait pas être dattaque tous les jours. Bah, après tout elle navait rien à protéger sinon sa vie, et sa survie serait plus ou moins assurée dans la cité toute proche. Quil prenne son sac ! Elle travaillerait et sen offrirait un autre.
Mais quelque chose la fit chavirer de son assise. Elle leva de nouveau les yeux, cette fois sans lassitude, et les écarquilla. Le démon la regardait, sans bouger. Elle connaissait cette lueur de bête et, révélant pour la première fois des trésors de vitesse, fit voler sa main en direction de sa ceinture de cuir. Le néant sidéral quelle y rencontra lui donna le vertige et elle chancela dangoisse. Il était armé de ses couteaux, désormais. Son choix reflétait son amateurisme en compétences forgeronnes, mais là nétait pas la question.
Après une brève lutte, la demoiselle se retrouva par terre. Un cry rauque séleva dans les airs, comme catapulté.
« Hey, faut pas exagérer, non plus ! »
Cétait un peu sorti tout seul. On aurait pu croire en désespoir de cause, mais pas que. Une tornade dénergie souffla plein tubes dans son être, et le courroux anticipateur écrasa langoisse comme une brindille. La voix devint grave, et ses bras recouvrèrent une force nouvelle. Elle avait une raison de se battre, finalement. Elle en était même capable de tuer à mains nues, oui messire. À mains nues. Ce qui tombait à pic, dailleurs ; elle navait plus ses armes. Étrangement, et elle était trop enfiévrée par la hargne pour le réaliser, linconnu perdait du terrain. Était-ce dû à la progressive montée en puissance enragée de la nordique ? Ou la réplique lavait-elle bousculé ?
Toujours est-il quelle eut de la chance dans son malheur. Sûrement désarçonné par létonnant revirement de situation, le brigand fut projeté dans un tour de force inespéré, lultime dont serait capable Panorea. Sensuivit une partie de bluff où la voyageuse et lagresseur gardèrent le silence, immobiles et se jaugeant tels deux félins pour un même territoire. Finalement, lintrus greffier recula sans la quitter des yeux, pour disparaître plus loin dans un sous-bois. Le duel au coeur du givre sacheva en la laissant grelottante de froid. Ben oui, il avait aussi volé ses vêtements.
Pano soupira.
Ah oui, la ville.
Ça commençait bien, dans la région
Retour en janvier 1465
Arrimant ses semelles lune après lautre dans la maigre couche de poudreuse, dans un élan relativement régulier et toujours renouvelé, une voyageuse cherchait refuge. Apercevant les faîtes multiples dune autre ville sur sa route laborieuse, Panorea relâcha la tension accumulée sournoisement dans ses muscles endoloris et gelés ; son sac derrance pleinement garni tomba sur la terre glacée et dure, et finalement, après un soupir, laventurière limita dans une chute plus ou moins contrôlée. Jetant lil à lentour, lattention fut retenue par lherbe scintillante de givre sous les rais dor matinaux, et la campagne qui sétendait à lhorizon. Pourtant, les vaux et les monts sétaient succédé, parfois engloutis sous des mers boisées ou couverts dune dorure de blés, depuis plusieurs mois. Et depuis, la blondeur des champs avait cédé la place à la fine pellicule dun blanc irisé propre au mois en vigueur.
Calmant sa respiration saccadée à mesure des secondes, Panorea sourit. Cest sympa une ville : promesse de réserves alimentaires et de nuits au chaud. Qui plus est, le pano-rama était superbe, à défaut dêtre inédit. Elle finit par sapaiser presque de cet énième spectacle du matin en provinces françoises. Cest alors que quelque chose la secoua just like a prunier.
Attendez un homme ? Un brigand ?!
Une espèce de malotru comme elle en avait souvent croisé la surplombait et, malgré sa maigreur manifeste et sa taille non très haute, se moquait éperdument de savoir quelle était réveillée. Ses mains sales firent mine de retourner son sac pour trier ce qui tomberait, puis se ravisèrent : le prendre tout entier semblait être une option plus pratique. Après lavoir jeté sur son épaule, le brigand famélique se tourna vers la jeune femme. Rapide comme léclair, il lallégea de sa bourse sans autre forme de procès.
La Pano en était tellement séchée quelle restait assise là, complètement muette. Ce nétait pourtant pas dans ses habitudes, mais le charme du voyage lavait engourdie. La fatigue et le froid, certes, un peu aussi. On ne pouvait pas être dattaque tous les jours. Bah, après tout elle navait rien à protéger sinon sa vie, et sa survie serait plus ou moins assurée dans la cité toute proche. Quil prenne son sac ! Elle travaillerait et sen offrirait un autre.
Mais quelque chose la fit chavirer de son assise. Elle leva de nouveau les yeux, cette fois sans lassitude, et les écarquilla. Le démon la regardait, sans bouger. Elle connaissait cette lueur de bête et, révélant pour la première fois des trésors de vitesse, fit voler sa main en direction de sa ceinture de cuir. Le néant sidéral quelle y rencontra lui donna le vertige et elle chancela dangoisse. Il était armé de ses couteaux, désormais. Son choix reflétait son amateurisme en compétences forgeronnes, mais là nétait pas la question.
Après une brève lutte, la demoiselle se retrouva par terre. Un cry rauque séleva dans les airs, comme catapulté.
« Hey, faut pas exagérer, non plus ! »
Cétait un peu sorti tout seul. On aurait pu croire en désespoir de cause, mais pas que. Une tornade dénergie souffla plein tubes dans son être, et le courroux anticipateur écrasa langoisse comme une brindille. La voix devint grave, et ses bras recouvrèrent une force nouvelle. Elle avait une raison de se battre, finalement. Elle en était même capable de tuer à mains nues, oui messire. À mains nues. Ce qui tombait à pic, dailleurs ; elle navait plus ses armes. Étrangement, et elle était trop enfiévrée par la hargne pour le réaliser, linconnu perdait du terrain. Était-ce dû à la progressive montée en puissance enragée de la nordique ? Ou la réplique lavait-elle bousculé ?
Toujours est-il quelle eut de la chance dans son malheur. Sûrement désarçonné par létonnant revirement de situation, le brigand fut projeté dans un tour de force inespéré, lultime dont serait capable Panorea. Sensuivit une partie de bluff où la voyageuse et lagresseur gardèrent le silence, immobiles et se jaugeant tels deux félins pour un même territoire. Finalement, lintrus greffier recula sans la quitter des yeux, pour disparaître plus loin dans un sous-bois. Le duel au coeur du givre sacheva en la laissant grelottante de froid. Ben oui, il avait aussi volé ses vêtements.
Pano soupira.
Ah oui, la ville.
Ça commençait bien, dans la région
Retour en janvier 1465