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[RP]Procès de Lililith

Lililith
Lili dodeline de la tête en écoutant. Elle pose sa main sur la galette avancée par la personne derrière elle, mais elle n’ose pas se retourner pour regarder, des fois que ça aussi lui soit reproché. C’est qu’elle sait qu’ils font du zèle…

Mais si elle l’avait fait, elle aurait reconnu la brune, ou du moins, elle l’aurait reconnue pour l’avoir déjà vue quelque part, et en garder un bon souvenir. Ceci dit, en général, Lili s’arrange toujours pour garder un bon souvenir des gens. Enfin, de ceux qui importent. Parce que les deux, là, qui semblent ne pas vouloir écouter ce qui a été dit pour lui faire la peau…

La gamine mange un morceau de galette, ravie d’avoir enfin quelque chose à se mettre sous la dent, et son estomac en ronronnerait presque de contentement. Il faudra qu’elle lui demande l’adresse de l’échoppe, qu’elle aille s’y ravitailler. Lorsqu’elle eut fini, et qu’Erwelyn eût pris la parole, l’Étoile s’efforça de s’éclaircir la voix.

Mais alors qu’elle va parler, la-femme-à-la-galette intervient, et l’Étoile se renfonce dans son siège. Ravie que quelqu’un prenne la parole pour elle. Elle ne se souvient décidément pas de son nom, ré-apprendra plus tard que c’est Desideratum, rebaptisée Desi’ – Lili aime les surnoms – mais l’aime encore plus, rien que parce qu’elle est prête à sortir les griffes. Alors comme ça, y’a des gens qui l’aiment bien !

Elle se redresse à la fin de la plaidoirie de la lépreuse, et s’éclaircit enfin la voix.

Vous êtes prêts ?


- Alors, alors. J’vous félicite pour mon imitation. C’bien la seule chose qu’vous ayez ret’nu de c’qu’y a été dit. Parc’que franch’ment, l’reste, v’z’avez pas écouté. Mais p’têt que z’en êtes pas capable ? Je r’prends. Hop, un doigt levé. J’m’appelle Lili. Li-li. Deux syllabes qui s’répètent. Même pour vous ça d’vrait pas êt’compliqué ! Lili, donc. Pas « Lililith » ou je n’sais quoi. Li-li. Me filez pas du « damoiselle », j’suis pas noble, ni rien. Même si ma mère voudrait qu’j’le sois un peu plus… Regard amusé coulé à la ponette, coucou Maman, t’es fière de moi quand même ? ’Suite, j’ai dit dès l’début qu’je n’savais pas si j’les avais r’çu puisque j'sais pas lire. Et les parch'mins, quand il fait pas beau, ou quand on voyage, ça s'déchire vite, involontairement. R’lisez c’que l’type là-bas griffonne, j’ai dit « si vos courriers j'les ai r'çu, j'pas su les déchiffrer ». Oui, parce qu’elle suppose que le mec qui griffonne là-bas, c’est pas qu’il s’emmerde au plus haut point, c’est qu’il consigne ce qui est dit pour la beauté du truc. L’enfant n’en voit pas l’intérêt, mais ça ne fait que lui montrer un peu plus l’absurdité des adultes. *Crunch* un morceau de galette.

Puis, elle se lève, et va récupérer le morceau de papier. Puis elle va voir Erwelyn, le lui tend, genre « tu m’le lis, tu confirmes que j’dis pas d’conneries ? ».


- Voyons voir : que j’me souvienne de c’que vous avez dit – V’z’allez voir, j’ai une mémoire phénoménale ! – … Franch’ment, va falloir qu’vous m’rayiez c’nom à la con, là, « Lililith ». C’est Lili. Ou alors, v’z’avez vraiment l’syndrome de… … La connerie. Non recevable pour un procès. Elle se tait donc. Puis reprend, regardant de temps à autres sa mère, pour s’assurer qu’elle se plante pas : Premier impôt non-payé : de fin juin 1463. D’ailleurs, ‘pourriez r’mettre les dates dans l’ordre, mais j’suppose que même ça c’trop compliqué pour vous. Pis on arrive à mi-juillet 1463. Entre les deux, y’a eu au moins un si pas deux impôts. Ils sont où ? Oh bah, j’suppose que s’ils apparaissent pas, c’que j’les ai payés. Et si y’a un vice de forme, c’que vous avez pas veillé assez sur vos registres. Parc’qu’ouais, ça s’enferme, les registres. Les cons aussi. Un instant, parce qu’elle doit bien se rappeler de tout. Erwe, tu suis ? Me laisse pas dire n'importe quoi hein ! Après, on passe d’août à septembre. Deux s’maines entre les deux. Oh, tiens, j’payé ça aussi. Pis, du huit au vingt-et-un octobre. ‘Ttendez, j’viens d’penser qu’en fait, les trous, c’est p’têt à cause des souris ? C’pas très sérieux, tout ça. Pis après, on a un mois entre novembre et décembre. Payés aussi. J’continue, ou v’z’avez compris l’principe ? J’paye quand j’ai les sous pour. *Crunch* J’ai un champ, enfin, s’vous qualifiez de « champ » le pauvre lopin d’terre qu’est juste derrière la bicoque aux orphelins seule maison qu’elle ait jamais occupée quand elle vivait à Blois, administrée d’une main de fer par Jeanne – elle est où, Jeaaanne ? –. Ninouchka, si elle était là, pourrait témoigner. c’qui, entre nous, est un peu s’moquer du monde, parce qu’un p’tit carré d’terre où y’a que des cailloux, j’vois mal c’qu’on peut y planter, ben, je sais pas cultiver, alors qu’est-c’que vous voulez qu’j’m’en occupe ? et quand bien même j’saurais, comme la p’tite dame elle l’a souligné, j’pas énormément énormément d’force, hein…

Pause de quelques instants, qu’elle met à profit pour se dégourdir les jambes.

- Pis quand j’suis pas dans l’duché, j’ai toujours peur d’envoyer d’l’argent, y’a plein d’dangers sur les routes… La preuve : j’me suis faite brigander par deux types. Y’en avait un habillé en vert – franch’ment, quelle idée d’s’habiller en vert ! C’d’un mauvais goût ! – et l’autre, il était moche comme tout ! Mais comm’l’a dit maman icite présente, j’ai à peine foutu l’pied en Orléans qu’vos gardes m’sont tombés d’ssus parce que j’avais pas l’sou ! Forcément, j’m’étais faite passer à tabac juste avant par deux sales types ! Et v’là qu’vot’ville r’commence ! J’veux porter plainte, contre ces types d’une part, contre mauvais trait’ment d’la ville d’autre part ! Et à peine j’sors, que paf, procès ! Ben non, du coup, ‘scusez si j’ai pas pu en placer une concernant mon brigandage, hein. *Crunch* Pis v’z’êtes vraiment miro, aussi : j’ai juste une robe, là, en plus elle gratte et j’aime pas les robes, mais j’l’ai mise pour faire plaisir à maman. Sourire colgate à la ponette rose, tavu, j't'aime tellement que je veux te faire plaisir. Qu’est-c’que vous voulez qu’j’fasse d’un bustier, j’ai rien à montrer, pis j’ai qu’dix ans ! Si si si si, bien sûr que oui, elle a dix ans. Ça se voit, non ? Et puis : trois cents écus ? J’les ai pas. J’vous les paierais bien, hein, d’gaieté d’cœur même, mais j’les ai pas. Alors votre soi-disant justice, là, qui prend même pas en compte l’fait que j’crève d’faim, que deux fois dans la même nuit, j’ai été rouée d’coups, et qu’j’ai rien en ma possession, j’lui crache au visage.

Elle aggrave son cas ? Oui, mais peu lui importe. Et attendez, quand elle dit « cracher », c'est une métaphore, hein. Et c'est là le danger de la métaphore... si on parle avec des gros tas de bidoches, au bout de cinq minutes personne ne parle de la même chose ! 1 Lili passe une main dans ses cheveux coupés à ras du crâne, fait un tour sur elle-même, jette un regard à Erwelyn pour lui demander pardon, puis revient aux deux guignols qui lui font face :

- D’ailleurs, si v’z’estimez qu’la robe vaut l’paiement, et pour qu’vous puissiez bien voir qu’c’est d’un seul tenant, et qu’y’a pas chemise, bustier, jupe, et coiffe ou j'sais pas quoi…

D’un geste, elle retire la robe qui s’enlève facilement, et la jette aux pieds du juge, dévoilant ainsi la chainse qu’elle porte en-dessous. Elle est plate comme une limande, la puberté n'a pas encore commencé à faire effet malgré son âge. Elle est nue, elle a froid, mais la mini-Corleone se tient droite et fière ; elle attend.

Son bras gauche pourtant, par pudeur, vient se plaquer sur tout son bas ventre, comme pour dissimuler aux regards ce que le tissu cache déjà : les deux cicatrices, une de chaque côté, l’une faite par les malheurs de la guerre, l’autre par les malheurs de l’amour. Elle se fige, achevant de manger sa galette, tandis que Pandou, déposé plus tôt sur le siège ou l’Étoile se trouvait, en descend et vient se frotter à elle, comme pour la féliciter d’avoir parlé autant alors qu’elle déteste cela.

Elle attend, impassible, parce qu’elle se sait déjà condamnée. Ses yeux ambrés ne luisent même pas d’indignation comme ils auraient pu le faire à une époque antérieure, parce que Lili sait pertinemment à quoi s’attendre de la part de la vie, et des adultes. Elle en sait déjà trop pour son âge, et est lasse de tous les combats qu’elle doit mener à chaque instant et qui ne la mènent qu’à l’épuisement. C’est pour cela, qu’elle est en quête de contacts humains affectueux : elle n’en a jamais vraiment eu, et elle réalise tout ce à côté de quoi elle est passée ; il est trop tard, un peu trop tard, mais elle cherche pourtant à ne pas abandonner définitivement cette part d’innocence qui lui reste encore, enfouie bien profondément sous un tas de certitudes et d’angoisses.

Elle attend presque sa condamnation à mort, parce que les adultes l’ont fait devenir telle qu’elle est, et ce n’est pas ce simulacre de procès qui la convaincra du contraire. Elle est épuisée de ne pas dormir, épuisée de ne pas manger, épuisée de se battre – dans tous les sens du terme –. Alors, ne la croyez pas, confortez-vous dans vos certitudes minables qu’il faut condamner un être qui n’a jamais demandé toute cette violence, et fichez-lui la paix. Elle s’en moque. Elle aura ri au nez de la mort, aura dansé avec elle, flirté également. Vous pourrez tout lui prendre que vous ne lui ôterez jamais la certitude qu’elle est en vie, quand bien même en la mettant au monde et en la façonnant selon vos envies vous l’avez tous condamnée à mourir.



1 Le roi Loth, Kaamelott, Livre VI, Nuptiae.
_________________
Erwelyn
Cornefianchtre... les enfants, franchement, fallait-il les aimer pour leur passer toutes leurs conneries ! Lynette était mortifiée du comportement de la gamine, mais comment lui en vouloir alors qu'elle ne l'avait même pas élevée ? Le parchemin dans les mimines, elle lut chaque ligne, répétant ce que la proc avait déjà dit au démarrage du procès. Mais elle rentrait les épaules à chaque insulte proférée, se disant qu'il y en avait une qui finirait par dormir dans les geôles du duché cette nuit si elle continuait dans sa lancée. Marrant, mais trente ans en arrière, la poney rose n'aurait pas imaginé tenir le rôle de la daronne dont la mioche se faisait allumer dans un tribunal. N'empêche, malgré le fait qu'elle savait que rien n'excusait de telles paroles dans un tel lieu, la princesse se doutait bien que si la gamine les proférait, c'est qu'elle était en colère. En colère contre la vie, contre les adultes, contre tout ce qui avait pu lui arriver. Et cette colère, voilà comment elle la balançait maintenant aux yeux de tous et comment elle la crachait au visage de ceux qui représentaient la justice, chose à laquelle, sans nul doute, Lili ne croyait pas. Se retournant, elle offrit un regard désolé à Xalta qui se tenait non loin, parce que Xalta, elle l'aimait bien, et qu'elles en avaient passé des heures à papoter sur tout et rien, en Berry et en Orléans. Désolée, car elle était plus triste pour l'enfant qu'autre chose. Désolée parce qu'elle savait qu'il faudrait du temps avant que la confiance ne revienne en ce petit être que la vie n'avait pas épargné.

M'enfin bon, quand même, elle envoyait du pâté la blondinette, et Lynette se scotcha un sourire crispé sur le visage, priant le Dieu poney rose pour qu'on ne la bute pas sur le champ. Bonjour le retour à la maison ! Elle imaginait le repas du soir quand elle annoncerait ça à son prince « Alors chérie, comment s'est déroulée ta journée ? », « Oh, bien, j'ai été au procès de ma gamine, elle a insulté le juge, la proc, la justice orléannaise et elle est maintenant accrochée au pilori pour les cinq jours qui viennent, tu reveux de la poularde ? ». Et puis là, elle se ferait engueuler, rapport aux Corleones et tout le tralala. Elle venait donc de faire le signe de la chope à la fin du discours de Lili, histoire de se préparer mentalement à la discussion animée qu'elle aurait avec Lexhor, quand d'un coup la gamine se désapa. Lynette mit quelques instants à réagir, les yeux comme des soucoupes, et puis lança un :


Han, cornefianchtre ! La robe d'Aemilia !

Bon, cette fois-ci c'était sûr, elle était morte elle aussi. Toute confusée, la princesse enleva son manteau et recouvrit les épaules de sa fille, histoire que les vieux pervers la reluquent pas de trop près et que ça leur donne pas des idées tordues. Et dans sa tête, la soirée continua à se dérouler, se disant qu'il lui faudrait une bonne dose de liqueur de poire pour oublier cette journée : « Kewaaaa ? », « Euh oui, et pis à la fin elle s'est foutue à poil pour payer son dû avec la robe de... nan, j'vais attendre demain pour te raconter ça, sinon je sens que je vais aller dormir aux écuries ce soir. Tu reveux de la poularde, soleil de ma vie ? ». Oui, être parent, c'était pas une sinécure !
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Desideratum
Un sourire mauvais naquit sur les lèvres de Desideratum, et son regard s’assombrit aux paroles du Juge. Certains mots la firent tiquer plus que d’autre, comme « rester à votre rang », ou « contentez du rôle qui est le vôtre », ces mots elles les avaient bien trop entendu, son poing serrer fit grincer légèrement les gants qu’elle portait pour cacher sa maladie, quant à l’avertissement….
Elle allait ouvrir la bouche pour dire ce qu’elle pensait au juge quand la petite s’exprima à son tour. Desideratum jeta un rapide coup d'oei à la Ponette durant le discours de Lili et la vit se décomposer à chaque mot. La petite finit par se déshabiller et donner sa robe au Juge. Desideratum ne put retenir un léger rire. Elle était fière d’elle, mais à présent elle en était sûr, cela aller mal finir…
Elle s'avança alors vers la petite et lui sourit en s’adressant à elle.


- Je suis vraiment navré Lili, mais je crains que tu es raison, le juge a déjà pris sa décision, il est trop occuper à contempler son propre reflet dans les yeux bander de la justice pour écouter quoi que ce soit et se rendre compte qu’il n’a à faire qu’à une enfant…

Reportant son attention sur le juge et le procureur, son sourire s’agrandit et la lépreuse s’avança au milieu de la pièce. Elle écarta les bras défiant ainsi les gardes de se saisir d’elle. Elle avait promis à la petite de venir la voir en cellule, elle allait faire mieux que ça. Elle allait surement l’accompagner….

- Mais je vous en prie monsieur le juge, remettez moi donc à ma place. Faites, puisque le peuple n’a pas le droit de se défendre sans sortir de son rang. Enfermez moi je vous prie, je ne me défendrais pas, mais ne me faites donc pas perdre mon temps dans avec ce cirque ridicule que vous appelez procès, comme vous le faites avec cette petite.
J’ai pesé chacun des mots que j’ai dit tout à l’heure et je pourrais vous en dire bien plus, mais je ne veux pas que Lili en pâtisse.
Libre à vous de juger comme vous le souhaitez, c’est votre tribunal après tout, mais je m’étonne qu’un duché aussi important qu’Orléans confie cette tâche à un ignare.
Je vous laisse donc vous pignoler madame la Procureur devant cette victoire éclatante.

- Hé c’était à moi de dire la dernière phrase euh, ce n’est pas juste c’est toujours toi qui t’amuse !
- Je ne m’amuse plus la Lépreuse, je n’aime pas les injustices…


Elle joignit les mains devant elle attendant qu’on la mette aux fers le regard brillant d’une flamme malsaine. Elle avait essayé de détourner la colère du juge vers elle afin d’épargner la petite dans un dernier élan de bonté. Bonté dont elle se croyait incapable jusque-là…

HRP : Vous avez le droit de la frapper, de l’arrêter, de la juger, comme bon vous semble, JD Lili si tu préfères que j’édite et que je n’ajoute rien MP.

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Blabla : La Lépreuse. – Blabla : Desideratum.
Lililith
Lili dodeline de la tête en écoutant. Elle pose sa main sur la galette avancée par la personne derrière elle, mais elle n’ose pas se retourner pour regarder, des fois que ça aussi lui soit reproché. C’est qu’elle sait qu’ils font du zèle…

Mais si elle l’avait fait, elle aurait reconnu la brune, ou du moins, elle l’aurait reconnue pour l’avoir déjà vue quelque part, et en garder un bon souvenir. Ceci dit, en général, Lili s’arrange toujours pour garder un bon souvenir des gens. Enfin, de ceux qui importent. Parce que les deux, là, qui semblent ne pas vouloir écouter ce qui a été dit pour lui faire la peau…

La gamine mange un morceau de galette, ravie d’avoir enfin quelque chose à se mettre sous la dent, et son estomac en ronronnerait presque de contentement. Il faudra qu’elle lui demande l’adresse de l’échoppe, qu’elle aille s’y ravitailler. Lorsqu’elle eut fini, et qu’Erwelyn eût pris la parole, l’Étoile s’efforça de s’éclaircir la voix.

Mais alors qu’elle va parler, la-femme-à-la-galette intervient, et l’Étoile se renfonce dans son siège. Ravie que quelqu’un prenne la parole pour elle. Elle ne se souvient décidément pas de son nom, ré-apprendra plus tard que c’est Desideratum, rebaptisée Desi’ – Lili aime les surnoms – mais l’aime encore plus, rien que parce qu’elle est prête à sortir les griffes. Alors comme ça, y’a des gens qui l’aiment bien !

Elle se redresse à la fin de la plaidoirie de la lépreuse, et s’éclaircit enfin la voix.

Vous êtes prêts ?


- Alors, alors. J’vous félicite pour mon imitation. C’bien la seule chose qu’vous ayez ret’nu de c’qu’y a été dit. Parc’que franch’ment, l’reste, v’z’avez pas écouté. Mais p’têt que z’en êtes pas capable ? Je r’prends. Hop, un doigt levé. J’m’appelle Lili. Li-li. Deux syllabes qui s’répètent. Même pour vous ça d’vrait pas êt’compliqué ! Lili, donc. Pas « Lililith » ou je n’sais quoi. Li-li. Me filez pas du « damoiselle », j’suis pas noble, ni rien. Même si ma mère voudrait qu’j’le sois un peu plus… Regard amusé coulé à la ponette, coucou Maman, t’es fière de moi quand même ? ’Suite, j’ai dit dès l’début qu’je n’savais pas si j’les avais r’çu puisque j'sais pas lire. Et les parch'mins, quand il fait pas beau, ou quand on voyage, ça s'déchire vite, involontairement. R’lisez c’que l’type là-bas griffonne, j’ai dit « si vos courriers j'les ai r'çu, j'pas su les déchiffrer ». Oui, parce qu’elle suppose que le mec qui griffonne là-bas, c’est pas qu’il s’emmerde au plus haut point, c’est qu’il consigne ce qui est dit pour la beauté du truc. L’enfant n’en voit pas l’intérêt, mais ça ne fait que lui montrer un peu plus l’absurdité des adultes. *Crunch* un morceau de galette.

Puis, elle se lève, et va récupérer le morceau de papier. Puis elle va voir Erwelyn, le lui tend, genre « tu m’le lis, tu confirmes que j’dis pas d’conneries ? ».


- Voyons voir : que j’me souvienne de c’que vous avez dit – V’z’allez voir, j’ai une mémoire phénoménale ! – … Franch’ment, va falloir qu’vous m’rayiez c’nom à la con, là, « Lililith ». C’est Lili. Ou alors, v’z’avez vraiment l’syndrome de… … La connerie. Non recevable pour un procès. Elle se tait donc. Puis reprend, regardant de temps à autres sa mère, pour s’assurer qu’elle se plante pas : Premier impôt non-payé : de fin juin 1463. D’ailleurs, ‘pourriez r’mettre les dates dans l’ordre, mais j’suppose que même ça c’trop compliqué pour vous. Pis on arrive à mi-juillet 1463. Entre les deux, y’a eu au moins un si pas deux impôts. Ils sont où ? Oh bah, j’suppose que s’ils apparaissent pas, c’que j’les ai payés. Et si y’a un vice de forme, c’que vous avez pas veillé assez sur vos registres. Parc’qu’ouais, ça s’enferme, les registres. Les cons aussi. Un instant, parce qu’elle doit bien se rappeler de tout. Erwe, tu suis ? Me laisse pas dire n'importe quoi hein ! Après, on passe d’août à septembre. Deux s’maines entre les deux. Oh, tiens, j’payé ça aussi. Pis, du huit au vingt-et-un octobre. ‘Ttendez, j’viens d’penser qu’en fait, les trous, c’est p’têt à cause des souris ? C’pas très sérieux, tout ça. Pis après, on a un mois entre novembre et décembre. Payés aussi. J’continue, ou v’z’avez compris l’principe ? J’paye quand j’ai les sous pour. *Crunch* J’ai un champ, enfin, s’vous qualifiez de « champ » le pauvre lopin d’terre qu’est juste derrière la bicoque aux orphelins seule maison qu’elle ait jamais occupée quand elle vivait à Blois, administrée d’une main de fer par Jeanne – elle est où, Jeaaanne ? –. Ninouchka, si elle était là, pourrait témoigner. c’qui, entre nous, est un peu s’moquer du monde, parce qu’un p’tit carré d’terre où y’a que des cailloux, j’vois mal c’qu’on peut y planter, ben, je sais pas cultiver, alors qu’est-c’que vous voulez qu’j’m’en occupe ? et quand bien même j’saurais, comme la p’tite dame elle l’a souligné, j’pas énormément énormément d’force, hein…

Pause de quelques instants, qu’elle met à profit pour se dégourdir les jambes.

- Pis quand j’suis pas dans l’duché, j’ai toujours peur d’envoyer d’l’argent, y’a plein d’dangers sur les routes… La preuve : j’me suis faite brigander par deux types. Y’en avait un habillé en vert – franch’ment, quelle idée d’s’habiller en vert ! C’d’un mauvais goût ! – et l’autre, il était moche comme tout ! Mais comm’l’a dit maman icite présente, j’ai à peine foutu l’pied en Orléans qu’vos gardes m’sont tombés d’ssus parce que j’avais pas l’sou ! Forcément, j’m’étais faite passer à tabac juste avant par deux sales types ! Et v’là qu’vot’ville r’commence ! J’veux porter plainte, contre ces types d’une part, contre mauvais trait’ment d’la ville d’autre part ! Et à peine j’sors, que paf, procès ! Ben non, du coup, ‘scusez si j’ai pas pu en placer une concernant mon brigandage, hein. *Crunch* Pis v’z’êtes vraiment miro, aussi : j’ai juste une robe, là, en plus elle gratte et j’aime pas les robes, mais j’l’ai mise pour faire plaisir à maman. Sourire colgate à la ponette rose, tavu, j't'aime tellement que je veux te faire plaisir. Qu’est-c’que vous voulez qu’j’fasse d’un bustier, j’ai rien à montrer, pis j’ai qu’dix ans ! Si si si si, bien sûr que oui, elle a dix ans. Ça se voit, non ? Et puis : trois cents écus ? J’les ai pas. J’vous les paierais bien, hein, d’gaieté d’cœur même, mais j’les ai pas. Alors votre soi-disant justice, là, qui prend même pas en compte l’fait que j’crève d’faim, que deux fois dans la même nuit, j’ai été rouée d’coups, et qu’j’ai rien en ma possession, j’lui crache au visage.

Elle aggrave son cas ? Oui, mais peu lui importe. Et attendez, quand elle dit « cracher », c'est une métaphore, hein. Et c'est là le danger de la métaphore... si on parle avec des gros tas de bidoches, au bout de cinq minutes personne ne parle de la même chose ! 1 Lili passe une main dans ses cheveux coupés à ras du crâne, fait un tour sur elle-même, jette un regard à Erwelyn pour lui demander pardon, puis revient aux deux guignols qui lui font face :

- D’ailleurs, si v’z’estimez qu’la robe vaut l’paiement, et pour qu’vous puissiez bien voir qu’c’est d’un seul tenant, et qu’y’a pas chemise, bustier, jupe, et coiffe ou j'sais pas quoi…

D’un geste, elle retire la robe qui s’enlève facilement, et la jette aux pieds du juge, dévoilant ainsi la chainse qu’elle porte en-dessous. Elle est plate comme une limande, la puberté n'a pas encore commencé à faire effet malgré son âge. Elle est nue, elle a froid, mais la mini-Corleone se tient droite et fière ; elle attend.

Son bras gauche pourtant, par pudeur, vient se plaquer sur tout son bas ventre, comme pour dissimuler aux regards ce que le tissu cache déjà : les deux cicatrices, une de chaque côté, l’une faite par les malheurs de la guerre, l’autre par les malheurs de l’amour. Elle se fige, achevant de manger sa galette, tandis que Pandou, déposé plus tôt sur le siège ou l’Étoile se trouvait, en descend et vient se frotter à elle, comme pour la féliciter d’avoir parlé autant alors qu’elle déteste cela.

Elle attend, impassible, parce qu’elle se sait déjà condamnée. Ses yeux ambrés ne luisent même pas d’indignation comme ils auraient pu le faire à une époque antérieure, parce que Lili sait pertinemment à quoi s’attendre de la part de la vie, et des adultes. Elle en sait déjà trop pour son âge, et est lasse de tous les combats qu’elle doit mener à chaque instant et qui ne la mènent qu’à l’épuisement. C’est pour cela, qu’elle est en quête de contacts humains affectueux : elle n’en a jamais vraiment eu, et elle réalise tout ce à côté de quoi elle est passée ; il est trop tard, un peu trop tard, mais elle cherche pourtant à ne pas abandonner définitivement cette part d’innocence qui lui reste encore, enfouie bien profondément sous un tas de certitudes et d’angoisses.

Elle attend presque sa condamnation à mort, parce que les adultes l’ont fait devenir telle qu’elle est, et ce n’est pas ce simulacre de procès qui la convaincra du contraire. Elle est épuisée de ne pas dormir, épuisée de ne pas manger, épuisée de se battre – dans tous les sens du terme –. Alors, ne la croyez pas, confortez-vous dans vos certitudes minables qu’il faut condamner un être qui n’a jamais demandé toute cette violence, et fichez-lui la paix. Elle s’en moque. Elle aura ri au nez de la mort, aura dansé avec elle, flirté également. Vous pourrez tout lui prendre que vous ne lui ôterez jamais la certitude qu’elle est en vie, quand bien même en la mettant au monde et en la façonnant selon vos envies vous l’avez tous condamnée à mourir.



1 Le roi Loth, Kaamelott, Livre VI, Nuptiae.
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Erwelyn
Cornefianchtre... les enfants, franchement, fallait-il les aimer pour leur passer toutes leurs conneries ! Lynette était mortifiée du comportement de la gamine, mais comment lui en vouloir alors qu'elle ne l'avait même pas élevée ? Le parchemin dans les mimines, elle lut chaque ligne, répétant ce que la proc avait déjà dit au démarrage du procès. Mais elle rentrait les épaules à chaque insulte proférée, se disant qu'il y en avait une qui finirait par dormir dans les geôles du duché cette nuit si elle continuait dans sa lancée. Marrant, mais trente ans en arrière, la poney rose n'aurait pas imaginé tenir le rôle de la daronne dont la mioche se faisait allumer dans un tribunal. N'empêche, malgré le fait qu'elle savait que rien n'excusait de telles paroles dans un tel lieu, la princesse se doutait bien que si la gamine les proférait, c'est qu'elle était en colère. En colère contre la vie, contre les adultes, contre tout ce qui avait pu lui arriver. Et cette colère, voilà comment elle la balançait maintenant aux yeux de tous et comment elle la crachait au visage de ceux qui représentaient la justice, chose à laquelle, sans nul doute, Lili ne croyait pas. Se retournant, elle offrit un regard désolé à Xalta qui se tenait non loin, parce que Xalta, elle l'aimait bien, et qu'elles en avaient passé des heures à papoter sur tout et rien, en Berry et en Orléans. Désolée, car elle était plus triste pour l'enfant qu'autre chose. Désolée parce qu'elle savait qu'il faudrait du temps avant que la confiance ne revienne en ce petit être que la vie n'avait pas épargné.

M'enfin bon, quand même, elle envoyait du pâté la blondinette, et Lynette se scotcha un sourire crispé sur le visage, priant le Dieu poney rose pour qu'on ne la bute pas sur le champ. Bonjour le retour à la maison ! Elle imaginait le repas du soir quand elle annoncerait ça à son prince « Alors chérie, comment s'est déroulée ta journée ? », « Oh, bien, j'ai été au procès de ma gamine, elle a insulté le juge, la proc, la justice orléannaise et elle est maintenant accrochée au pilori pour les cinq jours qui viennent, tu reveux de la poularde ? ». Et puis là, elle se ferait engueuler, rapport aux Corleones et tout le tralala. Elle venait donc de faire le signe de la chope à la fin du discours de Lili, histoire de se préparer mentalement à la discussion animée qu'elle aurait avec Lexhor, quand d'un coup la gamine se désapa. Lynette mit quelques instants à réagir, les yeux comme des soucoupes, et puis lança un :


Han, cornefianchtre ! La robe d'Aemilia !

Bon, cette fois-ci c'était sûr, elle était morte elle aussi. Toute confusée, la princesse enleva son manteau et recouvrit les épaules de sa fille, histoire que les vieux pervers la reluquent pas de trop près et que ça leur donne pas des idées tordues. Et dans sa tête, la soirée continua à se dérouler, se disant qu'il lui faudrait une bonne dose de liqueur de poire pour oublier cette journée : « Kewaaaa ? », « Euh oui, et pis à la fin elle s'est foutue à poil pour payer son dû avec la robe de... nan, j'vais attendre demain pour te raconter ça, sinon je sens que je vais aller dormir aux écuries ce soir. Tu reveux de la poularde, soleil de ma vie ? ». Oui, être parent, c'était pas une sinécure !
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Desideratum
Un sourire mauvais naquit sur les lèvres de Desideratum, et son regard s’assombrit aux paroles du Juge. Certains mots la firent tiquer plus que d’autre, comme « rester à votre rang », ou « contentez du rôle qui est le vôtre », ces mots elles les avaient bien trop entendu, son poing serrer fit grincer légèrement les gants qu’elle portait pour cacher sa maladie, quant à l’avertissement….
Elle allait ouvrir la bouche pour dire ce qu’elle pensait au juge quand la petite s’exprima à son tour. Desideratum jeta un rapide coup d'oei à la Ponette durant le discours de Lili et la vit se décomposer à chaque mot. La petite finit par se déshabiller et donner sa robe au Juge. Desideratum ne put retenir un léger rire. Elle était fière d’elle, mais à présent elle en était sûr, cela aller mal finir…
Elle s'avança alors vers la petite et lui sourit en s’adressant à elle.


- Je suis vraiment navré Lili, mais je crains que tu es raison, le juge a déjà pris sa décision, il est trop occuper à contempler son propre reflet dans les yeux bander de la justice pour écouter quoi que ce soit et se rendre compte qu’il n’a à faire qu’à une enfant…

Reportant son attention sur le juge et le procureur, son sourire s’agrandit et la lépreuse s’avança au milieu de la pièce. Elle écarta les bras défiant ainsi les gardes de se saisir d’elle. Elle avait promis à la petite de venir la voir en cellule, elle allait faire mieux que ça. Elle allait surement l’accompagner….

- Mais je vous en prie monsieur le juge, remettez moi donc à ma place. Faites, puisque le peuple n’a pas le droit de se défendre sans sortir de son rang. Enfermez moi je vous prie, je ne me défendrais pas, mais ne me faites donc pas perdre mon temps dans avec ce cirque ridicule que vous appelez procès, comme vous le faites avec cette petite.
J’ai pesé chacun des mots que j’ai dit tout à l’heure et je pourrais vous en dire bien plus, mais je ne veux pas que Lili en pâtisse.
Libre à vous de juger comme vous le souhaitez, c’est votre tribunal après tout, mais je m’étonne qu’un duché aussi important qu’Orléans confie cette tâche à un ignare.
Je vous laisse donc vous pignoler madame la Procureur devant cette victoire éclatante.

- Hé c’était à moi de dire la dernière phrase euh, ce n’est pas juste c’est toujours toi qui t’amuse !
- Je ne m’amuse plus la Lépreuse, je n’aime pas les injustices…


Elle joignit les mains devant elle attendant qu’on la mette aux fers le regard brillant d’une flamme malsaine. Elle avait essayé de détourner la colère du juge vers elle afin d’épargner la petite dans un dernier élan de bonté. Bonté dont elle se croyait incapable jusque-là…

HRP : Vous avez le droit de la frapper, de l’arrêter, de la juger, comme bon vous semble, JD Lili si tu préfères que j’édite et que je n’ajoute rien MP.

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Blabla : La Lépreuse. – Blabla : Desideratum.
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