Umbra
Citation:
RP ouvert à tout voyageur sur les noeuds/villes du duché bourguignon.
[D'Autun à Chalon]
- Tu te lèves chaque matin en fuyant tes lendemain.-
Le Train, Ina Ich.
Dans les bras de l'Ombre ronflait son fils fiévreux. Il avait pris froid malgré tous les soins qu'avait apporté sa mère. Ses maux résonnaient toujours comme une défaite pour Umbra. Elle, qui prêtait attention aux nécessités et conforts de son enfant, se trouvait toujours démunie dans ces situations pourtant communes à cet âge. Malgré les haltes plus longues et les décoctions ingurgitées, les symptômes semblaient persister. Le petit garçon dormait bien plus qu'à l'accoutumé, laissant la Noiraude dans sa culpabilité et ses remords.
La Bourgogne ne fut pas aussi accueillante qu'elle l'espéra. Le vin était bon mais ce n'était pas celui d'Anjou, tout de même. Les paysages étaient givrés et les bourgs dépeuplés. Les journées paraissaient beaucoup plus longues ce qui n'arrangea pas la morosité de la Manchote. Avait-elle fait le bon choix de quitter l'Archiduché? Certes, il y avait la guerre mais qui oserait porter atteinte à la Sainte-Patronne d'Anjou sans subir son courroux? Qui foulerait les terres de Brissac et pénétrerait armé dans l'enceinte de la Chapelle Sainte-Thérèse? Les royalistes n'étaient pas aussi fous que les renégats.
Un soupir s'échoua dans son haut col noir qui, il y a encore peu, était vert. Finalement, ils auraient pu être en sécurité. Oui mais...Rien n'aurait trompé ce qu'elle cherchait à fuir en quittant sa Bretagne sauveuse: L'ennui. La Corneille serait restée dans la même situation léthargique si elle n'avait pas pris son envol. Elle aurait couvé son oisillon, se languissant de son propre sort.
Non, partir était le bon choix selon elle, bien qu'il fut trop tôt pour l'affirmer. Peut-être la vie en Empire pouvait être pire car en plus de végéter, elle pourrait n'avoir personne à qui parler. Elle serait alors obligée de se rabattre sur sa soeur par relation épistolaire. L'orgueil fut affecté à cette pensée. Les lèvres mauves se posèrent sur le petit front de l'endormi. La chaleur semblait redescendre. Les ailes se resserrèrent autour de la progéniture pour étouffer les chocs que la voiture encaissait sur les plaques de verglas. Il fallait juste prendre son mal en patience...
- Tu regrettes les jours passés. De ce temps, qu'en as-tu fait? -
Le Train, Ina Ich
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