Satyne
* Titre adapté sur "Omar m'a tuer"
Brave défenseur de l'orthographe, oui, la faute est voulue. Pour les autres, mea culpa, mon chien a mangé le bescherelle.
[22 décembre au soir Remparts dAngers]
Le brouillard sétait étiré une partie de la journée au-delà de la plaine angevine. De quoi faire espérer la brune, car qui disait vue réduite, disait baston reportée. Et à linstant elle ne rêvait que de rejoindre une couche commune, au chaud dune pelisse, ses petons à labri dune gangue de laine, le reste du corps rendu à la chaleur humaine de son Autre. Mais lespoir avait été de courte durée, quand Lemerco était venu les quérir pour se mettre en place, rangs serrés sur les remparts dAngers, elle avait suivi le mouvement avec la mine déconfite des mauvais jours.
Comme plusieurs soirs daffilé, son Capitaine finissait de placer les troupes. Il tenait ce rôle avec complaisance, et un sérieux étonnant. Certains le disaient inattaquable, dautres préféraient le terme dinvincible, car depuis le début de sa prise de fonction le bougre esquivait tous les coups. Satyne, elle, se contentait de prier pour quil tombe, sans trop se blesser idéalement. Leur présence en sol angevin navait que trop duré, et elle désirait mettre les voiles. Cette guerre nétait pas la sienne. Mais avec le brun capitaine, toute retraite anticipée avait été réduite à néant. La loyauté était une sale chose. Elle les pétrissait cependant, et les rendait à des extrêmes parfois compliqués.
Un dernier regard fut échangé entre les deux bruns, rituel immuable depuis le début de leur implication dans cette guerre, et promesse de se retrouver sain et sauf aux lueurs du jour. Il lui semblait alors que ce lien laccompagnait dun bout à lautre du champ de bataille.
Son Seigneur avec elle.
******
Un tambour bat la cadence derrière les lignes ennemies. Il impose un rythme qui se répercute dans ses os. A chaque « boum », elle vibre. Et à chaque vibration, elle avance. Les royalistes fondent encore sur la ville. Et eux, descendent les cueillir jusque devant les murailles. La pratique est rôdée. Satyne est la guerre cest une histoire damour qui dure. Si elle na pas la force pour elle, elle a lexpérience et lagilité. Reconnaître du bon matériel lui est facile. Et ce soir, elle prend conscience que son épée et son bouclier ne sont pas de bonne facture. Quimporte, elle y est.
Il lui faut peser de tout son corps pour souvrir une brèche dans les premières lignes. Elle se faufile plus quelle nenfonce, et finit presque à quatre pattes pour remonter les rangs adverses. Ici cest une lance quelle évite. Là un coin de bouclier et une botte acérée qui se balade. Plus loin cest un corps tout entier emporté par le poids de son armure qui sécrase devant elle. La donzelle louvoie encore avant de refaire surface. Le nez respire lair, les poumons gonflent, lesprit se libère. Une bulle éclot autour delle, les pensées senvolent et la machine se met en branle. Vas-y que tu pares, que tu esquives, que tu bottes, et piques. Et soudain, alors que son épée croise le fer avec une lame royaliste, un minois attire son il.
Il lui semble entendre tous les « r » rouler aux alentours. Une vague daccent ibérique qui lui tord le cur. La nausée gagne quand elle reconnaît Shawie sous la bannière de ses ennemis. Foutre dieu, qu'est-ce qu'elle fout là ? Elle pensait l'espagnole sur les chemins des royaumes. Défaite de cet attachement sournois. Rendue à la vie de plein air et ostensiblement moins rangée que celle qu'elle se force à mimer depuis des mois. Un serment ridicule pour qui connaît la bourrique. Force est de constater que son dernier "va te faire foutre" avait plus d'accent de vérité que les autres. Et ça fait mal.
Yeux noirs qui saccrochent.
Les mentons se dressent en un défi muet.
Et déjà les pieds gomment la distance pour pousser à laffrontement.
Chérie, ça va trancher.
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Brave défenseur de l'orthographe, oui, la faute est voulue. Pour les autres, mea culpa, mon chien a mangé le bescherelle.
[22 décembre au soir Remparts dAngers]
Le brouillard sétait étiré une partie de la journée au-delà de la plaine angevine. De quoi faire espérer la brune, car qui disait vue réduite, disait baston reportée. Et à linstant elle ne rêvait que de rejoindre une couche commune, au chaud dune pelisse, ses petons à labri dune gangue de laine, le reste du corps rendu à la chaleur humaine de son Autre. Mais lespoir avait été de courte durée, quand Lemerco était venu les quérir pour se mettre en place, rangs serrés sur les remparts dAngers, elle avait suivi le mouvement avec la mine déconfite des mauvais jours.
Comme plusieurs soirs daffilé, son Capitaine finissait de placer les troupes. Il tenait ce rôle avec complaisance, et un sérieux étonnant. Certains le disaient inattaquable, dautres préféraient le terme dinvincible, car depuis le début de sa prise de fonction le bougre esquivait tous les coups. Satyne, elle, se contentait de prier pour quil tombe, sans trop se blesser idéalement. Leur présence en sol angevin navait que trop duré, et elle désirait mettre les voiles. Cette guerre nétait pas la sienne. Mais avec le brun capitaine, toute retraite anticipée avait été réduite à néant. La loyauté était une sale chose. Elle les pétrissait cependant, et les rendait à des extrêmes parfois compliqués.
Un dernier regard fut échangé entre les deux bruns, rituel immuable depuis le début de leur implication dans cette guerre, et promesse de se retrouver sain et sauf aux lueurs du jour. Il lui semblait alors que ce lien laccompagnait dun bout à lautre du champ de bataille.
Son Seigneur avec elle.
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Un tambour bat la cadence derrière les lignes ennemies. Il impose un rythme qui se répercute dans ses os. A chaque « boum », elle vibre. Et à chaque vibration, elle avance. Les royalistes fondent encore sur la ville. Et eux, descendent les cueillir jusque devant les murailles. La pratique est rôdée. Satyne est la guerre cest une histoire damour qui dure. Si elle na pas la force pour elle, elle a lexpérience et lagilité. Reconnaître du bon matériel lui est facile. Et ce soir, elle prend conscience que son épée et son bouclier ne sont pas de bonne facture. Quimporte, elle y est.
Il lui faut peser de tout son corps pour souvrir une brèche dans les premières lignes. Elle se faufile plus quelle nenfonce, et finit presque à quatre pattes pour remonter les rangs adverses. Ici cest une lance quelle évite. Là un coin de bouclier et une botte acérée qui se balade. Plus loin cest un corps tout entier emporté par le poids de son armure qui sécrase devant elle. La donzelle louvoie encore avant de refaire surface. Le nez respire lair, les poumons gonflent, lesprit se libère. Une bulle éclot autour delle, les pensées senvolent et la machine se met en branle. Vas-y que tu pares, que tu esquives, que tu bottes, et piques. Et soudain, alors que son épée croise le fer avec une lame royaliste, un minois attire son il.
Il lui semble entendre tous les « r » rouler aux alentours. Une vague daccent ibérique qui lui tord le cur. La nausée gagne quand elle reconnaît Shawie sous la bannière de ses ennemis. Foutre dieu, qu'est-ce qu'elle fout là ? Elle pensait l'espagnole sur les chemins des royaumes. Défaite de cet attachement sournois. Rendue à la vie de plein air et ostensiblement moins rangée que celle qu'elle se force à mimer depuis des mois. Un serment ridicule pour qui connaît la bourrique. Force est de constater que son dernier "va te faire foutre" avait plus d'accent de vérité que les autres. Et ça fait mal.
Yeux noirs qui saccrochent.
Les mentons se dressent en un défi muet.
Et déjà les pieds gomment la distance pour pousser à laffrontement.
Chérie, ça va trancher.
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