Pherea
La nuit est bien trop agitée et donc bien trop courte pour permettre à la Chevalier de recouvrer lentièreté de ses dispositions. Elle ressasse de longues heures durant léchange avec Sam, analysant les tics nerveux quelle na pu manquer, les contractions musculaires, les regards vides et ceux emprunts dun lourd passé révélant le combat intérieur que semble mener la Prime Secrétaire Royale contre elle-même. Elle ne comprend pas comment la si solide Sam a pu se briser ainsi sur la seule Shawie. Parce quelle est bel et bien brisée, cest ce que la Chevalier en a conclu après cet échange pour le moins mouvementé. Et puis, elle pense à Shawie, se demandant où elle est partie, pourquoi elle rejoint Satyne, comment les choses peuvent tourner si lApprentie accepte de réintégrer les rangs de larmée ou, au contraire, si la Chevalier ne parvient pas à la ramener. Elle se remémore les fuites incessantes de lhispanique et se demande vers qui elle se tournera à la prochaine escapade. Et puis elle pense à lOrdre, son image, ses surs. Elle se demande sil ne vaudrait mieux pas sacrifier une sur pour sauver lOrdre avant de se rappeler leur cry : Surs entre surs, et ce, quoi quil advienne, quoi quil se passe, même si lune delle déraille, même si lune delle défaille. Les tourments se poursuivent ainsi jusquau matin qui, à peine annoncé, mène la Chevalier prête pour une nouvelle journée au bas de lauberge. Elle fait fi des mines tirées et fatiguées, tout autant que des interrogations muettes. Elle avale le nécessaire sans se préoccuper des racontars autour de leur table. Peut-être aurait-elle dû
pour soulager Marvailh de ses inquiétudes naissantes, pour rassurer et solidariser encore la petite troupe. Mais si les épaules de la Chevalier sont larges et à même de porter bien des choses, son esprit, lui, reste étriqué sur loptique de sa mission : retrouver la déserteuse. Alors la route est prise sans plus attendre et sans plus se remémorer la discussion nocturne et les questionnements quelle a engendrés.
Cest dans la banlieue de Montmirail que les choses saffinent. Par des informations et rebondissements quil nest nul besoin dexpliciter, les quatre femmes trouvent la piste Shawie dans un troquet immonde. Cest Marvailh la Chasseuse qui confirme les soupçons et indique le lieu précis. A son interjection, Pherea répond par un basculement de son corps lui faisant mettre pied à terre dans une solennité absolue. Sans dire un mot, la Chevalier Dame Blanche impose son plan daction qui consiste en ce quelle entre seule dans la taverne et ramène Shawie par la force des choses avant que le groupe ne reparte doù il est venu. Cest lorsquelle sapprête à tendre les rennes de sa monture vers Samsa, lui intimant muettement toute sa suffisance par la gestion en loup solitaire de la situation, quelle est arrêtée dans son élan par la voix fluette de Manon. Le non vibre longuement dans son égo jusquà lui faire se rappeler quelle ne peut agir en Chevalier errant. Cest en Dame Blanche quelle se doit dagir et non pas en amante blessée, en amie bafouée ou en supérieure contrariée. Cest en Dame Blanche quelle doit se rendre dans ce trou pour en sortir sa sur. Elle lève les yeux vers Samsa dabord à qui elle finit de tendre les rennes de sa jument mais sans plus de suffisance dans son regard, avec la seule compassion de linstant et le besoin de sassurer de lunion qui les lie. Puis elle se tourne vers Marvailh à qui elle concède un hochement de tête en guise de remerciement et enfin, pose son regard sur Manon, qui, nerveuse, tourne en rond comme un lion en cage. La Lieutenante se meut en chatte allaitante voulant protéger ses petits, ouvrant la bouche pour prodiguer un discours encourageant. Elle commence par rassurer en décrivant Satyne comme une simple brigande qui na rien du gros balaise imaginé bien quelle termine sa litanie en prononçant la Pègre en personne. Elle explicite ensuite quelle ne sait pas quel est cet endroit ni de quelle juridiction il pourrait en tenir, mais elle rappelle le but de leur mission et le fait de ne pouvoir se permettre de sen écarter sous prétexte de voir certaines choses. Cest surtout à Marvailh quelle dit ça, mais elle lenrobe dans son discours global avant de conclure en exposant la stratégie.
Cest ainsi que Pherea se glisse par létroite et branlante porte du taudis, assurée de savoir Manon, Marvailh et Samsa en arrière garde, pour se diriger vers la table de six, tout droit en entrant. La Chevalier se fond parfaitement dans le paysage, oubliant ses manières chevaleresques, restant néanmoins droite et aux abois, elle se plante à la tablée en jouant des coudes sur un des chauves susmentionné, plaque la paume de sa main sur le bois et annonce à Shawie en face delle :
La partie est finie.
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Cest dans la banlieue de Montmirail que les choses saffinent. Par des informations et rebondissements quil nest nul besoin dexpliciter, les quatre femmes trouvent la piste Shawie dans un troquet immonde. Cest Marvailh la Chasseuse qui confirme les soupçons et indique le lieu précis. A son interjection, Pherea répond par un basculement de son corps lui faisant mettre pied à terre dans une solennité absolue. Sans dire un mot, la Chevalier Dame Blanche impose son plan daction qui consiste en ce quelle entre seule dans la taverne et ramène Shawie par la force des choses avant que le groupe ne reparte doù il est venu. Cest lorsquelle sapprête à tendre les rennes de sa monture vers Samsa, lui intimant muettement toute sa suffisance par la gestion en loup solitaire de la situation, quelle est arrêtée dans son élan par la voix fluette de Manon. Le non vibre longuement dans son égo jusquà lui faire se rappeler quelle ne peut agir en Chevalier errant. Cest en Dame Blanche quelle se doit dagir et non pas en amante blessée, en amie bafouée ou en supérieure contrariée. Cest en Dame Blanche quelle doit se rendre dans ce trou pour en sortir sa sur. Elle lève les yeux vers Samsa dabord à qui elle finit de tendre les rennes de sa jument mais sans plus de suffisance dans son regard, avec la seule compassion de linstant et le besoin de sassurer de lunion qui les lie. Puis elle se tourne vers Marvailh à qui elle concède un hochement de tête en guise de remerciement et enfin, pose son regard sur Manon, qui, nerveuse, tourne en rond comme un lion en cage. La Lieutenante se meut en chatte allaitante voulant protéger ses petits, ouvrant la bouche pour prodiguer un discours encourageant. Elle commence par rassurer en décrivant Satyne comme une simple brigande qui na rien du gros balaise imaginé bien quelle termine sa litanie en prononçant la Pègre en personne. Elle explicite ensuite quelle ne sait pas quel est cet endroit ni de quelle juridiction il pourrait en tenir, mais elle rappelle le but de leur mission et le fait de ne pouvoir se permettre de sen écarter sous prétexte de voir certaines choses. Cest surtout à Marvailh quelle dit ça, mais elle lenrobe dans son discours global avant de conclure en exposant la stratégie.
Cest ainsi que Pherea se glisse par létroite et branlante porte du taudis, assurée de savoir Manon, Marvailh et Samsa en arrière garde, pour se diriger vers la table de six, tout droit en entrant. La Chevalier se fond parfaitement dans le paysage, oubliant ses manières chevaleresques, restant néanmoins droite et aux abois, elle se plante à la tablée en jouant des coudes sur un des chauves susmentionné, plaque la paume de sa main sur le bois et annonce à Shawie en face delle :
La partie est finie.
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