Nikita.novgorod
- Demeure Quelques jours plus tard
La douce voix résonne dans la maison... l'agacement manifeste aux intonations, alors que les mots sont incompréhensibles au visiteur lambda. La Blondeur a retourné sa chambre, ou presque, des tenues jonchent la couche, les paravents, le bureau et même le bord du baquet. Le sol est couvert de chaussures en tout genre, poulaines, bottes, sandalettes et d'un peton qui vient de se cogner sur l'une d'elle, d'où les noms d'oiseaux exotiques qui passent les pulpeuses.
- - Ohlalala... si papa t'entendait, tu prendrais la raclée même
Un sursaut. Derrière elle, dans l'encadrement de la porte, son petit Tsar évalue l'étendue des dégâts d'un il torve, avant de lui offrir un sourire enfantin, de ceux qui vous font craquer. Ouais, elle fond pour son cousin, parce que c'est son Poussin d'amûr!
- - P'tain Sasha, faut qu'tu perdes cette habitude d'entrer sans prévenir
- Pourquoi ? T'as dis j'peux venir quand j'veux.
- Oui, mais ça ne t'empêche pas de frapper keumême... c'pas un moulin namého!
- Azyyyy, j'ai vu ton n'amoureux sortir alors hein
- ...
Le petit chameau ! Effronté et arrogant, en digne Novgorod... un peu trop perspicace pour son âge, ou plus sûrement, l'oreille qui traîne assez, en bonne commère aussi. Mélange détonnant qui promet de belles années et tout autant de situations improbables à ses proches. Elle abdique et retourne au tri, entamé plus tôt. Le môme louvoie entre les paires de grolles et s'installe sur un coin du lit, en prenant soin de ne pas saloper les frusques, et de reprendre, imperturbable.
- - T'as vu l'môche l'autre jour ?
- Qui ça?
- Tu sais bien, l'autre là, Benjen tout pourri
Elle roule des yeux alors qu'un sourire amusé habille la lippe. Des robes à perte de vue, elle n'en n'a jamais portées autant que ces dernières semaines, malgré la collection qu'elle possède visiblement... à croire que le Lisreux la rend plus féminine, moins frondeuse clairement, plus délicate. Aussi, les toilettes quittent régulièrement les penderies et, cette fois, rejoignent les malles ouvertes.
- - Non, je ne l'ai pas vu mais j'sais qu'il est passé, Trudy me l'a dit
- L'est pas venu t'voir ?
- Non, pourquoi faire?
- Bah, il est venu chez nous, pas poli en plus d'être trop moche
- Tsss, sois gentil mon Poussin... on n'a plus rien à se dire, normal qu'il récupère ses affaires en lousdé
- Celle-là est jolie, tu d'vrais la prendre. Mais ça t'dérange pas qu'il vienne comme ça?
- Non, je m'en moque. C'est du passé... Elle lui jette un coup d'oeil suspicieux et ne vas pas fouiner dans la grange ! En plus, tu sentirais l'cadavre... c'est dégueu' la-dedans
La phrase est conclue d'un pouffement tandis qu'elle plie soigneusement la robe, désignée par le minot... D'une main, elle lui ébouriffe la crinière tendrement. La famille va lui manquer, mais l'Oncle considère qu'il est temps pour elle de s'émanciper totalement. Une façon de la préparer à son départ, sans doute, puisqu'il n'en démord pas quant à son prochain retour sur leurs terres. Soupirs. Elle invite le mini à sauter sur une malle, tellement pleine qu'elle ne parvient pas à la fermer, ce qu'il fait en riant, effaçant aussitôt le masque ombrageux au minois blondesque
- - Tu vas où ? Tu pars longtemps ? Tu reviens quand ? Papa dit que t'es grande maintenant, pour ça qu'on vient pas.
- Erf... j'sais pas, j'sais pas et j'sais pas... c'est l'inconnu cette fois, totalement. Une nouvelle expérience mon Tsar et Niko' a sûrement raison, j'dois assumer.
- J'vais m'ennuyer un peu... maman, elle vient quand ? Tu sais ?
- Tu t'occuperas d'la maison en notre abscence, d'accord... et Carrie ne devrait pas tarder, t'en fais pas. Pis j'penserai à vous tous les jours
- Eh, j'pourrai dormir dans ton lit, l'est drôlement grand... c'est un nouveau ?
Elle acquiesce. Le gamin capable de sauter du coq à l'âne, comme elle au final. Alors qu'elle termine de boucler ses bagages, ô combien nombreux encore, elle espère qu'il saura tourner les pages aussi facilement qu'elle, afin d'éviter les souffrances inutiles. L'ambre se tourne vers la fenêtre, où se dessine la silhouette masculine de son amant... le sourire s'agrandit tandis qu'elle le contemple longuement, fascinée, oubliant presque la présence de son cousin. Amoureuse la Novgorod ? Sans nul doute, ouais.
- - Pffff, j'vais voir mes n'amoureuses !
- Mhm... tes ?
- Bah ouais, veulent toutes faire les bisous... et j'peux toucher leurs nénés même !
- Humpf... Sasha Novgorod, tu...
- J'suis plus là...
Le rire enfantin résonne dans la maison alors qu'il se tire en courant... Elle secoue la tête doucement, amusée malgré tout et de lancer à la cantonade.
- - Tu prendras soin d'Viki hein...
Déjà la porte claque. Quelle famille !
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