Paquita
Toi, tu vas me chercher encore de l'eau au puits
Toi, tu retournes en ville et reviens avec les chandeliers que j'ai commandé chez le fèvre
Toi, tu files au bûcher et tu ramènes deux brassées de bois sec... et tant que tu y es quatre bûches, fais toi aider de Jacquot
Toi, tu surveilles la cuisson des perdreaux mieux que ça ! Arrose les sans cesse et tourne moy cette broche comme il faut, mille yeux de carpes frites !
Où en es-tu de ton verjus Toinette ? fais voir ? encore un peu...
Hep ! toi là, où crois-tu aller comme ça ? fonce aider Margot à la vaisselle
Maistre rôtisseur ? ce veau mi-rôti mi-bouilli a fort belle allure. L'oie sera-t-elle prête en même temps que les pommes et le chou rouge cuits ? les faisans et la grue seront à point au moment dit ?
Paquita n'attend pas la réponse, la voilà qui se lance à la poursuite du garçon aux bras chargés de nappes. Il n'a encore rien eu le temps de poser qu'elle le houspille à son tour. Lissant un pli ici, redressant une tombée de tissu plus loin.
Son attention est attirée par le panetier qui entre. Elle court à sa rencontre, soulève le torchon qui recouvre les pains, les admire, les soupèse du regard, choisit celui qu'elle mettra à portée des mariés, envoie l'homme et sa banaste dans la resserre.
Elle porte ses pas à vive allure auprès des souillons de cuisine qui pèlent, coupent, émincent, détaillent, effilent asperges, concombres, cressons, épinards, artichauts. Elle vérifie, soupèse, morigène l'une, encourage l'autre.
L'odeur douce du sucre de Madère l'attire près des confiseurs. Elle s'assure que rien ne manquera pour la joie des convives. Sabayons, macarons, confitures, fleurs et écorces confites, nougats, meringues, frangipanes et pâtes d'amandes mènent joyeuse farandole sur la desserte.
Les aiguières polies et étincelantes trouvent place sur une crédence.
Paquita est à bout de souffle, de nerfs, de jambes. Sans cesse, elle appelle l'enfant chargé de surveiller l'arrivée du cortège. Les voilà ? Est-ce eux ? Ils s'avancent ? N'oublie pas de venir nous prévenir, hé !
Les vins !!!!! La voilà qui ronfle aux oreilles de l'échanson. Celui-ci sera-t-il assez doux ? Cet autre assez typé ? Celui-là ne couvrira-t-il point le goût exquis de l'oie ?
Elle n'a pas le temps de poursuivre plus avant qu'un cri retentit
ILS ARRIVENT ! LES VOILA !!!
Paquita a juste le temps de passer les mains sur son chignon pour vérifier qu'aucune mèche ne s'en échappe, de lisser de ses paumes les plis de sa lourde jupe. Elle s'avance au devant des novis* tout sourire et bras tendus.
* novis : jeunes mariés en provençal
Toi, tu retournes en ville et reviens avec les chandeliers que j'ai commandé chez le fèvre
Toi, tu files au bûcher et tu ramènes deux brassées de bois sec... et tant que tu y es quatre bûches, fais toi aider de Jacquot
Toi, tu surveilles la cuisson des perdreaux mieux que ça ! Arrose les sans cesse et tourne moy cette broche comme il faut, mille yeux de carpes frites !
Où en es-tu de ton verjus Toinette ? fais voir ? encore un peu...
Hep ! toi là, où crois-tu aller comme ça ? fonce aider Margot à la vaisselle
Maistre rôtisseur ? ce veau mi-rôti mi-bouilli a fort belle allure. L'oie sera-t-elle prête en même temps que les pommes et le chou rouge cuits ? les faisans et la grue seront à point au moment dit ?
Paquita n'attend pas la réponse, la voilà qui se lance à la poursuite du garçon aux bras chargés de nappes. Il n'a encore rien eu le temps de poser qu'elle le houspille à son tour. Lissant un pli ici, redressant une tombée de tissu plus loin.
Son attention est attirée par le panetier qui entre. Elle court à sa rencontre, soulève le torchon qui recouvre les pains, les admire, les soupèse du regard, choisit celui qu'elle mettra à portée des mariés, envoie l'homme et sa banaste dans la resserre.
Elle porte ses pas à vive allure auprès des souillons de cuisine qui pèlent, coupent, émincent, détaillent, effilent asperges, concombres, cressons, épinards, artichauts. Elle vérifie, soupèse, morigène l'une, encourage l'autre.
L'odeur douce du sucre de Madère l'attire près des confiseurs. Elle s'assure que rien ne manquera pour la joie des convives. Sabayons, macarons, confitures, fleurs et écorces confites, nougats, meringues, frangipanes et pâtes d'amandes mènent joyeuse farandole sur la desserte.
Les aiguières polies et étincelantes trouvent place sur une crédence.
Paquita est à bout de souffle, de nerfs, de jambes. Sans cesse, elle appelle l'enfant chargé de surveiller l'arrivée du cortège. Les voilà ? Est-ce eux ? Ils s'avancent ? N'oublie pas de venir nous prévenir, hé !
Les vins !!!!! La voilà qui ronfle aux oreilles de l'échanson. Celui-ci sera-t-il assez doux ? Cet autre assez typé ? Celui-là ne couvrira-t-il point le goût exquis de l'oie ?
Elle n'a pas le temps de poursuivre plus avant qu'un cri retentit
ILS ARRIVENT ! LES VOILA !!!
Paquita a juste le temps de passer les mains sur son chignon pour vérifier qu'aucune mèche ne s'en échappe, de lisser de ses paumes les plis de sa lourde jupe. Elle s'avance au devant des novis* tout sourire et bras tendus.
* novis : jeunes mariés en provençal