Linon
Coup de bol, la forêt bourguignonne regorgeait de possibilités, comme toute forêt honnête... C'est peut-être son enfance sous un soleil de plomb qui avait donné à la jeune femme le goût des forêts rafraîchissantes, mais elle sautillait de joie dès qu'elle en voyait une, et l'enfant qui l'accompagnait montrait le même enthousiasme. C'est donc sans hésitation que Linon s'était engouffrée dans la forêt dès qu'elle avait trouvé un chemin. Elle aurait été bien incapable de dire où elle se situait maintenant par rapport à Cosnes, mais la missive implorante envoyée au Prévôt dès qu'elle avait quitté le canpement de la Zoko pour obtenir le droit d'entrer dans la ville n'avait pas reçu de réponse, lui confirmant qu'elle ne pourrait dorénavant compter que sur ses seules ressources. Alors autant s'éloigner de la ville assiégée et des armées et groupes de soldats qui traînaient dans le coin.
Elle n'eut pas longtemps à chercher avant de tomber sur une petite cabane délabrée, probable refuge d'un charbonnier maintenant reparti. Bien pratique ces métiers ambulants qui laissaient derrière eux toute sorte de vestiges réutilisables. Bien sûr, ça n'avait pas l'air bien solide, mais en évitant de s'installer sous les trous, elles devraient éviter la pluie, et la chaleur de l'été naissant rendait superflue la cheminée qui d'ailleurs n'existait pas. De toute façon, elle ne comptait pas y passer sa vie... c'était juste l'affaire de quelques jours, dès que Baile irait un peu mieux, elle la rendrait aux siens.. enfin, si elle les trouvait, et ensuite rentrerait chez elle. Ah non, elle n'avait plus de chez elle... ne pas penser à ça maintenant. Enfin bref, elle rentrerait.
Marko était un enfant presque parfait... sans l'assaillir de centaines de questions, il l'aida à rassembler mousses et feuilles dans un coin de la cabane, installa leur couvertures par-dessus puis aida sa belle-mère à y transporter la femme blessée et si blanche... Linon, les joues rougies par l'effort, le regard triste et affairé s'agenouilla près de Baile, son sac de plantes à la main. Le Doc lui avait enseigné quelques bases en Périgord, elle essayait de s'en souvenir, de trier... quand deux petits bras vinrent entourer son cou
J't'aime moi Linon... ça va aller, tu sais? C'est c'que tu dis tout le temps... mais c'est vrai, ça va aller !
Elle regarda l'enfant aux yeux bleus si différents des siens puis le serra contre elle
Oui, ça va aller... Tu grandis tant, Marko, tu es presque un homme. Ton père serait fier de toi...
Le presqu'homme se rengorgea avec satisfaction.
Alors, j'peux avoir un ch'val?
Ce qui arracha un éclat de rire à sa belle-mère, le premier de cette fichue journée.
Tu perds pas l'nord hein? On verra ça... Laisse-moi maintenant, je dois m'occuper de Baile.
Ouaip, et moi j'vais poser des collets !
L'enfant parti, Linon redevint sérieuse, et entreprit de défaire les bandages gorgés de sang qu'elle avait placés après avoir trouvé Baile. Les blessures semblaient moins saigner, mais était-ce bon ou mauvais signe? Aucune idée.. La blessure à la poitrine était la plus profonde, la plus inquiétante. Recoudre tout de suite? Ou attendre encore et tâcher d'entrer quand même en ville pour trouver un médicastre.. indécise, Linon n'osait pas trop, craignant d'empirer l'état de Baile. Pour l'instant, la fameuse mirabelle du Doc ferait l'affaire. Drôle d'idée d'asperger les blessures avec ça, mais Linon y avait pris goût et inondait généreusement les tatouages qu'elle faisait parfois, trouvant que ça leur donnait une bonne odeur. Elle tamponna doucement un tissus imbibé d'alcool sur les blessures, puis sur les tempes et le front de la blessée, refoulant les images des tatouages réalisés dans la troupe... beaucoup y étaient passés.
A nouveau le coeur au bord des lèvres, l'avocate s'accorda une bonne rasade pour desserrer sa gorge, puis une seconde pour oublier. Puis s'adressa à sa blessée d'une voix brisée
T'en veux un peu pour oublier toi aussi? Au moins, on pourrait se saoûler, comme à Angoulême, tu t'souviens?
Tiens c'était une idée... et ça ne pouvait pas lui faire de mal. Linon souleva la tête de Baile et entreprit de verser un peu d'alcool entre ses lèvres si pâles. De léger tressaillements parcoururent le visage aux grands cernes... Baile bougeait !
Baile, Baile? Tu m'entends? C'est Linon... Baile!!!
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Elle n'eut pas longtemps à chercher avant de tomber sur une petite cabane délabrée, probable refuge d'un charbonnier maintenant reparti. Bien pratique ces métiers ambulants qui laissaient derrière eux toute sorte de vestiges réutilisables. Bien sûr, ça n'avait pas l'air bien solide, mais en évitant de s'installer sous les trous, elles devraient éviter la pluie, et la chaleur de l'été naissant rendait superflue la cheminée qui d'ailleurs n'existait pas. De toute façon, elle ne comptait pas y passer sa vie... c'était juste l'affaire de quelques jours, dès que Baile irait un peu mieux, elle la rendrait aux siens.. enfin, si elle les trouvait, et ensuite rentrerait chez elle. Ah non, elle n'avait plus de chez elle... ne pas penser à ça maintenant. Enfin bref, elle rentrerait.
Marko était un enfant presque parfait... sans l'assaillir de centaines de questions, il l'aida à rassembler mousses et feuilles dans un coin de la cabane, installa leur couvertures par-dessus puis aida sa belle-mère à y transporter la femme blessée et si blanche... Linon, les joues rougies par l'effort, le regard triste et affairé s'agenouilla près de Baile, son sac de plantes à la main. Le Doc lui avait enseigné quelques bases en Périgord, elle essayait de s'en souvenir, de trier... quand deux petits bras vinrent entourer son cou
J't'aime moi Linon... ça va aller, tu sais? C'est c'que tu dis tout le temps... mais c'est vrai, ça va aller !
Elle regarda l'enfant aux yeux bleus si différents des siens puis le serra contre elle
Oui, ça va aller... Tu grandis tant, Marko, tu es presque un homme. Ton père serait fier de toi...
Le presqu'homme se rengorgea avec satisfaction.
Alors, j'peux avoir un ch'val?
Ce qui arracha un éclat de rire à sa belle-mère, le premier de cette fichue journée.
Tu perds pas l'nord hein? On verra ça... Laisse-moi maintenant, je dois m'occuper de Baile.
Ouaip, et moi j'vais poser des collets !
L'enfant parti, Linon redevint sérieuse, et entreprit de défaire les bandages gorgés de sang qu'elle avait placés après avoir trouvé Baile. Les blessures semblaient moins saigner, mais était-ce bon ou mauvais signe? Aucune idée.. La blessure à la poitrine était la plus profonde, la plus inquiétante. Recoudre tout de suite? Ou attendre encore et tâcher d'entrer quand même en ville pour trouver un médicastre.. indécise, Linon n'osait pas trop, craignant d'empirer l'état de Baile. Pour l'instant, la fameuse mirabelle du Doc ferait l'affaire. Drôle d'idée d'asperger les blessures avec ça, mais Linon y avait pris goût et inondait généreusement les tatouages qu'elle faisait parfois, trouvant que ça leur donnait une bonne odeur. Elle tamponna doucement un tissus imbibé d'alcool sur les blessures, puis sur les tempes et le front de la blessée, refoulant les images des tatouages réalisés dans la troupe... beaucoup y étaient passés.
A nouveau le coeur au bord des lèvres, l'avocate s'accorda une bonne rasade pour desserrer sa gorge, puis une seconde pour oublier. Puis s'adressa à sa blessée d'une voix brisée
T'en veux un peu pour oublier toi aussi? Au moins, on pourrait se saoûler, comme à Angoulême, tu t'souviens?
Tiens c'était une idée... et ça ne pouvait pas lui faire de mal. Linon souleva la tête de Baile et entreprit de verser un peu d'alcool entre ses lèvres si pâles. De léger tressaillements parcoururent le visage aux grands cernes... Baile bougeait !
Baile, Baile? Tu m'entends? C'est Linon... Baile!!!
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