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[RP] Si tu meurs, j'te tonds !

Armoria
Cosne, toujours, en pleine ellipse :

Contre toute attente, elle avait reçu réponse. Si elle avait un devoir à accomplir, c'était d'aider cette femme qui par sa main, s'était remise à douter et à ne plus espérer, à croire de nouveau. Se fier de nouveau. Protéger, aider et soutenir. Soigner, peut-être, mais l'âme sans doute encore plus que le corps.

Entre deux messagers, elle demandait à Forrest des nouvelles des gamins qu'elle avait lancés à la recherche de la blanche moyennant piécettes. L'un d'entre eux persistait à manquer chaque jour à l'appel. Ce fut sans compter sur l'avarice d'un de ses collègues d'occasion, qui vint lui dire qu'un des enfants baguenaudait chaque jour au bord de la rivière au lieu de chercher. Le délateur accompagna Armoria : elle le récompensa d'un sermon sur le fait de vouloir gagner sa vie à dénoncer les autres, puis vint s'assoir près du mioche, qui se tenait sur un ponton, les pieds ballants. Elle adopta la même position que lui, regardant l'eau couler, l'air serein.


Rien à me dire, petit ? fit-elle d'une voix neutre.

Euh... Nan, vot'altesse.

Elle se contenta d'un regard de côté : il se mit à rougir comme une pivoine devant son sourcil levé, interrogateur et sceptique.

Euh... 'fin... Si, p'tête, en fait...

Quelques regards - et silences prompts à faire naître les aveux - plus tard, ils se levèrent, Armoria récupéra sa monture, faisant monter le gosse devant elle pour la guider. Ils finirent par se retrouver devant une cabane vermoulue, dont un peu de fumée s'échappait.

Holà, de la maison ?

Le môme pâlit, inquiet.

Hé, tention, hein, vot'altesse, y'a une dame, là-dedans, qui vous aime pas du tout, mais alors pas du tout...

mmm mmm

Elle regarda vers la cabane.

Tu as raison, petit : il faut être prudent. Rentre en ville, et si je suis trop longue à revenir, va appeler les gens du campement, ils sauront où me trouver grâce à toi.

Ben... Et vous ?

Moi ? Elle sourit, de ce doux sourire qu'elle ne réservait qu'à sa foi. Moi, je suis entre les mains de Dieu, comme chaque jour de ma vie. Allez, file !

Le garçon détala, mais fit demi-tour sitôt hors de vue, et revint à pas de loup observer la scène de loin. Curiosité, quand tu nous tiens...
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Linon
Je tanne les peaux pour pouvoir les conserver, et pour montrer à Marko comment on fait...

C'est de ça que voulait parler Baile? La jeune femme en serait presque soulagée si ce brutal intérêt pour une chose si commune n'était pas la preuve que la blessée commence à délirer. Néanmoins Linon se détend et s'apprête à faire à Baile un petit cours sur le tannage de peau de lapin pour la distraire quand la question suivante vient la rassurer vaguement. Hélas, son amie ne délire pas et se fiche des lapins... Elle tient absolument à reparler de cette fichue lettre. Mais le regard qui s'échappe vers la porte est toujours brûlant de fièvre et mord le coeur de sa piètre infirmière.

Elle va échouer, elle le sent déjà... Malgré ses soins attentifs, malgré sa rupture avec la Zoko pour pouvoir donner ces soins, elle va devoir assister à l'agonie de cette femme qui n'a jamais cessé de compter pour elle. La vie s'échappe du corps de Baile au rythme de sa respiration, brûlée par la fièvre que Linon ne sait apaiser. Et juste avant sa mort, elle va devoir lui donner les réponses que Baile attend. Et qui ne sont jamais simples... Ni rouge, ni blanche, ni même noire, Linon erre depuis longtemps à la croisée des chemins, on pourrait lui reprocher son indécision ou son manque d'engagement d'un côté ou de l'autre. Elle envie parfois ceux pour qui il est si naturel d'être totalement d'un côté et se sent mal finie. Mais c'est cette confusion de l'être qui lui permet aussi d'être entière auprès de Baile aujourd'hui comme de Mal' ou Crok' hier.

Elle se penche sur son amie, essaie d'attraper son regard alors que ses mains fraîches se referment sur les doigts chauds de celle-ci.

Non Baile, non, je ne te reproche pas cette lettre même si je ne la comprends pas. Mais j'ignorais la raison de ta présence en Bourgogne.. que tu venais pour nous combattre. Car j'étais en chemin pour rejoindre l'armée de Crok'. Te rends-tu comptes... te rends-tu compte que nous aurions pu nous retrouver face à face? Qu'aurais-tu fait alors...

Elle s'interrompt un instant pour se renvoyer la question... et elle, qu'aurait-elle fait face à Baile? Aurait-elle levé son arme? Linon passe la main sur le front et les cheveux de son amie... c'est mal foutu quand même. Ou alors... tout cela a un sens et il n'y a peut-être pas de hasard.


Le Très-Haut n'a pas voulu de ça, Baile. Loué soit son nom... Il a choisi de t'empêcher de te battre contre nous, et il a choisi de m'empêcher de me battre aussi en te mettant sur ma route. Il nous a mises en présence dans ces circonstances tragiques pour que nous mesurions tout ce que nous risquions de perdre en nous dressant l'une face à l'autre, l'une contre l'autre. Cela m'a déjà coûté cher, j'ai perdu mes amis. Cela pourrait te coûter la vie. C'est trop, c'est beaucoup trop, je refuse ce prix exorbitant. Il n'a pas pu vouloir ça...

Baile va mourir si Linon ne fait pas plus que de pauvres compresses. Elle en a maintenant la conviction, et le Très-Haut doit considérer que retirer Baile du monde et la planquer dans les bois en l'aspergeant d'eau froide n'est pas suffisant. Linon qui n'a pas été blessée doit donner plus, peut-être de sa colère et de son orgueil pour que Baile vive.. chez les siens, dans la vie qu'elle s'est choisie. Alors elle lui chuchote :

Je t'aime ma Baile, tu me restes très précieuse et je ne veux pas que tu meures dans mes bras. Je vais te rendre à celles que tu aimes, même à celle qui t'a blessée, ce que je ne lui pardonnerai jamais, mais ta vie est plus précieuse que ma colère. Marko va aller chercher la Princesse Armoria puisqu'elle est à Cosnes, elle a sûrement des tas de médicastres pour te soigner. Tu vivras, je te le promets... Oublie le reste, Baile...

Promesse chastement scellée d'un délicat baiser sur la joue si chaude de son amie. C'était probablement la bonne décision à prendre, car le Très-Haut approuve immédiatement en lui envoyant un appel de l'extérieur. Linon tourne la tête vers la porte, à peine inquiète, puis revient à la blessée en forçant un sourire.

J'vais voir qui c'est.


Epée à la main, elle se dirige vers l'embrasure.

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Rebaile
Linon s'accroche aussi aux poils de lapin. Visiblement, elle n'a pas plus envie qu'la Baile d'aborder ce qui risque de fâcher, et la douceur de sa voix quand elle parle de Marko fait du bien à la blessée.

Etrangement, quand elle se penche vers elle, elle se sent rassurée. Et les premiers mots de Li ont un effet immédiat. Le corps de la Baile se décrispe instantanément et elle reste fixée sur ce "non" comme sur le regard de la jeune femme.

L'avocate ne lui a jamais menti, et si elle lui affirme qu'elle ne lui reproche pas sa lettre, elle la croit. Et à mesure qu'Linon lui parle, elle réalise qu'effectivement les deux jeunes femmes auraient pu se battre, voire se tuer. Elle n'avait jamais vu les choses de cette manière. Elle profite du court silence qui suit pour lui répondre.

Quand je suis partie, j'ai juré à Aye que tant qu'elle ne ferait pas de mal à ma Cap' ou Nanny, jamais je ne lui ferai de mal, moi... Et je te dis pareil... Je ne sais pas ce que j'aurais fait si j'avais su que l'une ou l'autre était dans l'armée qui mettait en danger celles que j'aime.... Sans doute que j'aurais tout essayé pour que vous évitiez de combattre...

Mais Li reprend déjà la parole, et au nom du Très très Haut qu'elle invoque, la Baile ne peut que grimacer et la r'garder avec étonnement. Depuis quand son amie est-elle croyante? Elle croyait savoir beaucoup de choses la concernant, mais ça, elle ne l'aurait jamais imaginé...

Et plus elle parle de ce dieu qui lui est totalement étranger, plus elle a envie de lui dire de le remettre dans l'placard d'où elle l'a sorti. Oui, elle est persuadée la Baile, que rien n'arrive par hasard. Elle croit fort en un destin, celui de chacun, mais pas en un supra marionnettiste dont elle ne serait qu'un pion.

Si elle avait eu la force, elle aurait interrompu Linon pour disserter sur ce qu'elle pense être la différence entre dieu et destin, mais elle n'a aucune énergie pour un débat de ce genre, et le fait qu'la jeune femme ne lui en veuille pas lui suffit. Qu'elle reste son amie est ce qui lui importe le plus. Elle gardera la discussion philosophique pour une autre fois, si l'occasion se présente de nouveau.

Elle a également envie de répondre qu'elle ne veut pas des "tas de médicastres" que peut lui procurer la princesse. Juste de Hiji, parce qu'elle le connait, lui. Mais Linon est si convaincue de ce qu'elle lui dit qu'elle ne peut se résoudre à s'opposer à elle. Et puis, au fond d'elle, elle veut savoir si... si ses amis vont bien, parce que l'information n'arrive pas jusqu'à cette cabane dans la forêt. Alors elle acquiesce.

Oui je vivrai...

Mais il y a des choses que je n'oublierai jamais Li, c'est impossible... Elle sursaute quand une voix se fait entendre à l'extérieur et la sort de ses pensées. Hoche la tête à Linon qui s'dirige vers la porte, et se redresse péniblement sur son coude, la fièvre engourdissant ses muscles déjà fatigués.

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Linon
Un cheval blanc se tient devant la cabane, monté par une petite blonde. Linon la reconnaît immédiatement et serre la garde de son épée, cherchant du regard la troupe qui escorte forcément la belle-fille du Roy, le Grand Maître de France. Mais nul soldat ne semble l'accompagner. Son regard revient à la princesse qu'elle détaille un court instant avec un étonnement masqué.

Cette femme est donc folle pour se promener seule au fond des bois? Ce serait l'occasion... unique sans doute, presque miraculeuse. Crok' l'avait enlevée, Linon n'avait jamais bien compris pourquoi mais faisait confiance au Colosse, ses raisons étaient forcément excellentes. Puis ils avaient posé des revendications, importantes pour le peuple du Royaume, importantes pour toute sa composante qui circulait sur les routes et tentait de survivre à la folie des faucheuses et des listes bidons.. plus jamais eu de nouvelle bien sûr. Cette femme est l'ennemie de ses amis, et la responsable de l'état de Baile, rien que pour ça, Linon devrait la tuer. Et elle le ferait peut-être si Mal' s'était décidé à lui apprendre à manier l'épée, mais il avait toujours eu mieux à faire.


Cette femme est aussi la seule à pouvoir sauver Baile. Linon hoche donc lentement la tête à son adresse, ouvre la bouche pour parler quand surgit un âne au grand trot, surmonté d'un Marko surexcité qui lui assène de grands coups de badine pour qu'il aille plus vite.


LinonLinonLinon!!! Ya des lettres !


L'enfant jette un regard surpris à l'inconnue et met pied à terre près de sa belle-mère, grand sourire aux lèvres et agitant des parchemins sous son nez.

R'garde, c'est les lettres que t'attendaient !


Mais Linon n'attend plus vraiment les lettres ; sa décision est déjà prise, le mieux pour Baile est que la princesse l'emmène et la soigne. Ignorant si cette dernière l'a reconnue, et si elle compte la faire arrêter, elle attire l'enfant contre elle pour qu'il ne s'approche pas et s'écarte de l'entrée de la cabane.

Elle est là ... Baile... je suis impuissante à la soigner. Elle va mourir si elle reste ici. Emmenez-la et faites-la soigner. Et prévenez ses amies...


Voilà, c'est dit. Linon regarde la princesse sans baisser les yeux, évitant de faire tout examen de conscience, de réfléchir aux conséquences... tant pis.
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Armoria, incarné par Linon
A son appel, une femme sortit de la cahute. Taille moyenne, brune, le regard fixe et ne voulant pas se baisser de qui se défiait d'elle : accoutumée à ce genre de choses, elle la contempla quelques secondes en silence, cherchant à savoir par réflexe si elles s'étaient déjà croisées. Le visage ne lui disait rien, en tout cas.

Armoria retira soigneusement, d'un geste posé, l'épée qu'elle portait à la ceinture, et prit également tout son temps pour la ranger dans son fourreau de selle. La symbolique du geste était claire : elle n'était pas venue se battre.

Ses dagues ? Elle les garda ; non par calcul, mais parce que depuis tant d'années qu'elle les portait de jour comme de nuit, ces armes ô combien fidèles étaient devenues une partie d'elle-même. Linon, dans le peu de mots qu'elle dit alors, montra qu'elle savait fort bien qui était cette petite blonde tout juste descendue de sa monture.

Cependant, la façon dont elle prit contre elle, dans un geste protecteur, l'enfant qui venait d'arriver en criant, renforça l'impression de méfiance qui se dégageait d'elle. Armoria, toute entière livrée à son instinct, se concentrait sur la jeune femme, et n'avait pas prêté attention de prime abord au nom que l'enfant avait prononcé.


Qui que vous soyez, en tout cas, merci d'avoir pris soin d'elle.

Elle entra dans la cabane, s'arrêtant un instant, le temps d'habituer ses yeux au changement de lumière.

Elle était là. Sa victime, et tout à la fois celle qu'elle était venue sauver. Corps. Esprit. Mon Dieu, sa propre culpabilité ne serait pas le plus léger de ces combats qu'elle allait devoir mener contre les conséquences morales et physiques des blessures de Rebaile.

Deux notions se télescopèrent dans son esprit : Linon. Liste rouge, voire noire. Liée à Eikorc, son ravisseur, cette ordure, cet immonde Eikorc. Rebaile. Blessée, et loin d'être hors de danger.

La voix de sa grand-mère, au fond de sa mémoire.

Citation:
Soigne avant tout, ma fille... Soigne d'abord, le reste vient après. Soigne, car tel est le destin des femmes de notre sang.


Aussi fit-elle ce qu'elle avait toujours eu tendance à faire. Elle s'agenouilla auprès de la paillasse et examina la blessée.

Me voici.

Courte présentation, courte et sobre, bien loin des ors des palais, où les huissiers annonçaient si fièrement titres et charges.

Aucune importance.

L'idée l'effleura qu'elle était seule, sans personne encore pour savoir où elle se trouvait, et que derrière elle, se tenait une femme. Une femme qui sans doute la haïssait plus que tout, et qui se tenait entre elle et son épée.

Aucune importance.

Dieu jugerait.
Rebaile
Elle entend des bribes de mots. Marko qui arrive, qui hurle qu'il y a des lettres. Des lettres... Elle ne veut pas y penser, et comme elle est très forte à ce jeu-là, ben elle n'y pense plus. Se concentre alors sur la femme à l'extérieure. 'fin sur ce que Linon lui dit. Et ne distingue qu'un mot, celui qui la frappe. Emmenez-la.

Comment ça, emmenez-là? Non... Elle doit attendre Hiji. C'est c'qui a été convenu, Li. Hiji, pas des inconnus. Même des femmes... Suis pas en manque, Li, j'veux pas d'femmes, j'veux juste Hiji ! Se redresse lentement jusqu'à s'adosser à moitié au mur le plus près. Elle a envie de hurler parce que cet effort lui a fait mal. Qu'elle ne veut plus avoir mal. Qu'elle a l'impression d'puer l'saucisson. Que de toute façon, le fil ne va pas tenir. Qu'elle a chaud, ou peut-être froid. Qu'elle veut savoir c'qui s'passe, dehors. Que la cabane est mal éclairée. Bref...

Elle n'a pas l'temps de finir la liste mentale de ses multiples râlages que la porte s'ouvre. Ca n'est pas Li. C'est elle... Ce regard, elle le voit souvent encore... Elle n'y croit pas... Cette présence, c'est de nouveau ces images qui la hantent. Un mirage. Un délire de sa fièvre. Pas Armoria. Pas ici.

Mais l'image s'approche et s'met à son niveau. Et le mirage lui parle. Deux mots. A se d'mander, la Baile, quelle lampe elle a frotté dans ses rêves pour que la princesse se matérialise d'vant elle. Et Li qu'elle distingue dans l'embrasure de la porte, puis qu'elle ne voit plus.

Reporte ses yeux sur le petit bout d'femme à côté d'elle. La détaille pour la première fois. Elle a l'air douce, là. Presque maternelle. Rien à voir avec la main implacable qui l'a confinée dans cette cabane... Déglutit parce que le contraste est saisissant. Parce qu'elle ne sait pas quoi dire.

Qui vous a d'mandé de venir?... Pourquoi êtes-vous là?... Donnez-moi Hiji, je sais quoi lui dire, à lui... Puis elle réalise. Que la princesse est venue jusqu'ici, et seule. Qu'elle ne porte même pas d'épée sur elle. Me voici, tout simplement. Comme une évidence que la Baile ne comprend pas... Vous voici...

Moi aussi je suis là... Et bonne nouvelle, j'suis un peu coincée, j'ai tout mon temps... Bienvenue chez moi, donc, princesse. Et si vous avez l'pouvoir d'enlever la douleur, mettez donc votre main sur ma poitrine, elle me fait mal... Si si, mettez-la, j'vous promets j'la caresse pas, d'façon je ne sait plus ressentir ça depuis un moment maintenant.

Et sa main à elle se tend. Pas la droite, non. Pas d'miracle encore, elle ne bouge toujours pas. Sauf ces picotements au bout des doigts. Mais la gauche, elle, se pose comme avec Linon, sur le bras de la Bourguignonne. Pardonnez-moi ce geste, mais les mots me manquent. Comme ça j'vérifie aussi que vous n'êtes pas le produit de mon imagination...

J'confirme... vous êtes bien là.

S'mord la lèvre, sans la quitter des yeux.

Qu'est-ce qui va se passer, maintenant, pour Li et moi?...


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Armoria
Quand Armoria faisait place à la petite Anaëlle, celle dont la mamgoz avait faite son héritière es soins et plantes, elle avait quelque chose de lointain. Toute entière à ce qu'elle devait faire : et plus la blessure, ou la maladie, lui semblait grave, plus elle paraissait absente. Or, sitôt agenouillée, à voir l'état fébrile de la blessée, et surtout parce qu'elle se souvenait de l'assaut, elle savait que la bataille serait rude.

Quand la main de Rebaile se posa sur son bras, elle mit une fraction de seconde à... oui, à revenir. Et la sienne, de main, vint recouvrir celle brûlante de fièvre en une douce pression.


Ce que nous allons faire, tout d'abord, c'est faire en sorte que vous viviez.

Elle prononça les prochains mots tout en entendant l'écho de la chère vieille voix dans sa tête.

Soigne avant tout, Soigne avant tout, ma fille...ma fille... Soigne d'abord, Soigne d'abord, le reste vient après. le reste vient après. Soigne, Soigne, car tel est le destin des femmes de notre sang. car tel est le destin des femmes de notre sang.

Elle eut cette expression rêveuse de qui sort tout juste de ses pensées et semble se secouer. Prenant la main de 'Baile, elle la posa sur la paillasse, avec douceur. Tous ses gestes à présent en seraient empreints : ainsi était-elle dans ces moments-là, douceur et absence, et la volonté de lutter contre le mal.

Elle serra brièvement les lèvres à l'issue de l'examen, et prit deux secondes pour réfléchir. Il y avait une infection dans la poitrine, et la main droite ne répondait plus. Une infection pouvait se combattre, mais pour la main, si quelque chose avait été sectionné... Cela dépassait ses faibles compétences : elle n'avait pas celles d'un barbier.


Eh bien, fit-elle, une chose est certaine : rester ici signifie mourir, pour vous. Pour l'heure, vous résistez encore un peu à l'infection qui cherche à vous abattre, mais dans ces conditions, c'est elle qui vaincra. Je vais devoir partir, mais reviendrai sous peu. Restez tranquille, surtout.

Elle réfléchissait à toute vitesse. Ecorce de saule ? Non : cela soulageait la fièvre mais faisait saigner. Ortie. De l'ortie. La plante souveraine !

Elle sortit, chercha de beaux pieds autour de la cabane, sortant ses gants pour la cueillette, peu soucieuse de perdre son temps à les saisir par en dessous. Revenue à l'intérieur, elle écrasa les feuilles fraîches entre deux pierres du foyer, puis, soigneusement, déposa le résultat obtenu - plus en état de piquer - sur les plaies, en cataplasmes.

Elle se releva, une fois de plus, et se dirigea vers Linon.


Il faut la transporter, et point à cheval : je dois retourner en ville chercher de l'aide. Je lui dois une vie, et lui offre la vôtre. Nul ne saura que je vous ai vue. Restez auprès d'elle le temps de mon aller-retour, et je ferai grand bruit avant mon arrivée : vous aurez le temps de partir.
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Alethea
[La bourgogne de travers]

Ce n’était pas vraiment comme ça qu’elle s’était imaginé la vie de groupe la brune, pas si seule. Elle a à peine croisé Ethan et Akane qui sont enfin arrivés à Nevers, et même pas encore parlé à la Blanche qui les accompagne. Chacun vaque à ses occupations et celle de la Moulinoise c’est de chercher encore et encore son amie blessée. Mais personne ne sais rien à Nevers, comme à Autun d’ailleurs. Une femme blessée dans un combat pourtant ! Malgré tout ce n’est pas si courant, pas encore. Elle a tout essayé mais personne ne sait où elle a pu être emmenée.

Chaque soir elle reprend la route avec un peu plus de remords. C’est son devoir alors elle le fait, elle suit les ordres mais elle sent qu’elle s’éloigne, Baile a été blessée à Nevers et c’est là qu’elle doit trouver le fil qui la mènera à elle, pas à Autun ou à Chalon. Parfois elle a envie de demander à Ethan de rebrousser chemin. Mais elle sait qu’il la cherche sûrement aussi et que ce doit être difficile pour lui également, alors elle se tait, et elle continue. Dans chaque ville, elle pose inlassablement ses questions, elle visite les dispensaires, elle cherche même les guérisseuses… jusqu’à ce qu’elle croise Frim… Frim que Baile lui avait présentée. Alethea était alors prévôt du Bourbonnais Auvergne et elle s’en souvient parce qu’elle avait reçu une missive dans la taverne lui annonçant qu’elle devait rejoindre la Bourgogne pour entrer au conseil. Quelques jours plus tard Alethea avait su que c’était pour être prévôt également. Un prévôt ça a parfois des infos et justement Frim lui en donne une qui semble intéressante : quelqu’un à Cosne lui a demandé un laisser-passer pour soigner une amie. Enfin une trace, enfin un espoir… Mais il leur faut encore partir, s’éloigner de Cosne, direction Dijon.

Les journées sont de plus en plus chaudes et sèches. Thea, assise sur une roche regarde sans vraiment les voir Ethan et Lucie qui montent le campement. Dans ses mains l’Orval effectue quelques figures aléatoires au fil de ses pensées, dans son sac une autre dague attend, celle qu’elle devait offrir à Baile le jour où elle a été blessée. Question du jour : comment trouver quelqu’un qui a probablement été caché alors qu’on est à l’autre bout du duché et que son devoir exclut toute possibilité de se déplacer ? A qui écrire ? Qui contacter dans une ville où on ne connaît personne ? On est au bord de la guerre, le maire a certainement mieux à faire, il doit mobiliser les défenses et n’aura personne pour les recherches. Elle en est là, entre espoir et abandon lorsqu’un messager s’approche avec une missive. Alethea la prend et le remercie puis elle attrape son sac et se dirige vers sa tente. Il s’agit sûrement de l’un des laisser-passer qu’elle a demandé au nom de l’Ordre et elle va devoir le ranger soigneusement. Mais une fois à l’ombre protectrice du pavillon de toile elle remarque que le pli ne porte pas le cachet officiel des précédents. Rapidement Thea l’ouvre et le lit. Le mot est court mais c’est suffisant pour la bouleverser.

Citation:
Dame Alethea,
Je suis une amie de Rebaile, je vous écris de sa part. Je l'ai ramassée quasiment morte sur une route de Bourgogne où elle était seule ! Je tente de la sauver, nous sommes dans la forêt je ne sais trop où, de toute façon je m'occupe d'elle puisque vous ne l'avez pas fait. Inutile d'essayer de venir, il y a des loups.
Linon d'Orient.


Bien sur ça vient confirmer l’information qu’elle a déjà d’une femme qui la soigne et la cache, Linon est liée à la Zoko et elle ne doit pas pouvoir circuler librement, bien sur cette lettre apporte un peu d’espoir puisque Baile était encore en vie quand elle a été envoyée mais ce que Thea y voit c’est l’injustice d’un reproche mesquin et c’est la colère qui monte en elle quand elle sort de la tente mâchoire serrée pour tendre le pli à Ethan sans un mot. Et la colère ne descend pas lorsqu’elle retourne à la tente et prend un vélin pour y coucher sa réponse…

Citation:
Dame Linon,

Votre lettre me trouve effectivement au fond d’un gouffre de désarroi et d’impuissance et vous y avez votre part de responsabilité. Il est vrai que je n’ai rien pu faire puisque vous l’avez cachée. J’ai cherché Baile sept jours durant alors que vous la soustrayiez aux soins qu’elle méritait. Comment pouvez-vous encore vous prétendre son amie alors que vous avez fait passer votre sécurité avant sa vie ? Et au milieu de cela vous avez trouvé le temps de l’arrogance et du mépris, vous avez nié l’amitié que j’ai pour elle, je ne sais ce qui vous a permis de croire que vous en aviez le droit mais soyez assurée que dorénavant je vais tout faire pour la retrouver.

Au fond d’une forêt dite-vous ? alors que la ville est si proche et qu’il s’y trouve certainement de bons médicastres pour prendre soin d’elle. J’aurai remué ciel et terre pour que le meilleur d’entre eux vienne à son chevet mais comment le faire quand vous décidez seule de son sort ? Et vous me parlez de loups ! Mais qu’en faites-vous donc ? Avez-vous perdu votre temps à les apprivoiser ou à les combattre au lieu de la soigner ? Je ne suis pas la donzelle effarouchée que vous semblez croire. Priez vos dieux, dame d’orient, qu’elle reste en vie ou vous connaîtrez la valeur de ma colère.

Je vais de ce pas …

Les sourcils froncés obscurcissent encore un peu plus si c’est possible le noir des prunelles de la brune, la main essaie de suivre les mots qui se bousculent et qui veulent crier sa colère, le poignet se crispe et la plume s’enfonce un peu trop dans vélin jusqu’à casser finalement. Thea la jette, furieuse, avant de se lever et de tourner comme un lion en cage autour des paillasses en ruminant ce qu’elle n’a pas pu écrire. Qui sait combien de temps elle aurai continué si on n’était venu lui annoncer que la mission prenait fin et qu’ils pouvaient repartir…

Alors, un peu calmée, elle reprend la lettre qu’elle avait commencée et la relit. Elle n’a plus envie d’envoyer ça. Linon ne le mérite pas. Elle n’a fait que souligner son impuissance, ça ne vaut pas une déclaration de guerre mais elle n’a pas non plus envie d’en recommencer un autre. Ce qu’elle veut là c’est avancer. Défaire le campement et repartir, vers Cosne, enfin…

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Linon
Elle hoche légèrement la tête aux remerciements de la Princesse qui entre dans la cabane. Celle-ci ne semble pas l'avoir reconnue... Linon serre toujours Marko contre elle, et qui finit par lever son visage encore rond d'enfance vers elle.

Qui c'est?

Lui non plus ne semble pas se souvenir de l'otage du Colosse. Mais finalement il ne l'avait peut-être pas vue pendant le long périple qui les avaient amenés à Saumur.

C'est la Princesse... elle va soigner Baile, tiens-toi loin d'elle.


Il n'en faut pas plus pour attiser la curiosité de l'enfant qui se tortille pour se dégager et passe une tête curieuse par la porte pour rapidement la retirer alors que la Princesse ressort et se met à tourner autour de la cabane, arrachant des plants d'orties avant de retourner près de la blessée sans un mot.

Des orties.. si elle avait su... Linon sourit tristement en se remémorant l'usage qu'elle fait des orties habituellement, strictement réservées à l'éducation de l'infernale Ayé qu'elle avait reprise en main en Périgord. Baile s'en souviendra-t-elle ? Et où est Ayounette maintenant? Dans quel mauvais coup la jeune fille a-t-elle bien pu aller se fourrer?


Avec un petit soupir, Linon regarde les lettres qu'elle tient toujours, se décide à les ouvrir. La première vient de Saumur, son champ est vendu... déjà? Mais la somme ne suffira pas pour mettre la tête de la Princesse à prix. Peut-être la seconde est-elle une lettre de créance du Vicomte?

Citation:
Linon, mon amie,

Une bien triste nouvelle... je suis deja en route afin de vous aider à la soigner... cela me permettra également de revoir Amberle avec un peu de chance...

Quoiqu'il en soit en attendant mon arrivée... faites bien attention que la plaie ne s'infecte pas... j'serai la le plus rapidement possible. Pouvez vous me donner un peu plus de precision quant à votre localisation...

Dites à Baile que j'arrive le plus rapidement possible...

Hijikata


Linon tourne vivement la tête vers la cabane, il arrive, Baile, il arrive !! Elle fait déjà un pas pour entrer quand Armoria ressort, lui indique qu'elle part mais revient, lui indique aussi qu'elle lui laisse la vie sauve et... une chance de fuir une mort sous-entendue.

La jeune femme marque le coup et, sans un mot, regarde repartir la blonde qui lance pour dernière instruction de changer le cataplasme.
Ainsi Armoria l'a reconnue, et la seule présence de Linon auprès de Crok' lui vaut promesse de mort.

Le silence s'abat autour de la cabane. Pas le choix, elle a charge d'âme...


Marko? Tu vas préparer Grison et Angou, ramasse toutes nos affaires et sois prêt à partir. Quand tu entendras du bruit, viens me prévenir, nous devrons partir très vite.

Pourquoi?


C'est comme ça, bonhomme...

Mais j'veux voir la Princesse, moi, elle sent bon!


Non. Tu ne peux pas la voir. Et elle aura sûrement des soldats avec elle.. tu sais bien que j'ai horreur de ça....

Pas la peine d'en dire plus au fils de l'homme lâchement fauché, et qui connaît bien le dégoût de Linon pour les hommes d'armes, surtout ceux des armées régulières et officielles qui ont fait tous ses malheurs depuis l'Orient. Alors il baisse la tête et va préparer leur départ, encore...

La jeune femme regarde la cabane un instant... inspire profondément et range la lettre dans sa poche avant d'entrer, sourire triste aux lèvres et de venir s'agenouiller à la place d'Armoria. Elle caresse doucement le front de Baile, toujours aussi chaud.

Voilà ma Baile... ça va aller maintenant. Elle va revenir bientôt te chercher, et je partirai...

Elle laisse le silence filer quelques instants, la gorge nouée d'émotion par les adieux qu'elles doivent se faire. Se reverront-elle seulement ?

J'aurais voulu être capable de faire mieux, tu sais... Mais tu vas vivre, et c'est tout ce qui compte. Adieu ma Baile...

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Rebaile
Rester tranquille pour vivre... D'façon, elle ne peut rien faire d'autre là... Y a aucun risque qu'elle bouge, pis elle n'en a pas très envie.. Elle attendait les mains de Hiji pour la soigner, ce sont ceux d'une belle blonde qui les remplacent. Et ça, même dans son délire fébrile, elle ne peut qu'apprécier.

Si elle n'avait pas conscience de l'antagonisme de Li envers la GMF, elle aurait même pu jouir, façon d'parler ou pas, de la présence de ces deux femmes à ses côtés. Mais elle devine que les choses ne doivent pas être simples, pour la brune, en ce moment, comme elles ne le sont pas pour elle.

Elle voit Armoria partir puis revenir, et appliquer une quasi bouillie d'plantes sur ses blessures. La Baile n'y connait rien, en ce domaine. Elle sait juste maintenant que l'aconit tue, et qu'elle lui a enlevé une amie, un amour. Elle ne pense pas un instant que ce cataplasme soit ainsi empoisonné, elle trouve ça simplement étonnant, limite marrant, d'être transpercée puis soignée de la même main.

Elle a mal. Elle se demande si l'infection partira vraiment, et elle s'inquiète pour sa main, son outil d'travail, celui dont elle ne saurait s'passer pour faire la seule chose qui lui importe, protéger un Ange. Et ses pensées se ruent en masse vers elle. Doit être en Bourgogne, puisqu'elle devait l'y rejoindre. Mais le manque de nouvelles la touche plus qu'elle n'aurait voulu, et l'immobilisme la tue, même si elle ne peut que l'accepter...

Rester tranquille pour vivre, d'abord. Pouvoir bouger et rechercher ceux qui comptent, après... Dur d'être réaliste, quand on a l'sang chaud et encore plus, par la fièvre. Alors elle garde les yeux fixés sur Armoria, tout au long d'son action. Puis elle la voit se lever encore, et partir. Des bribes de voix s'font entendre, à l'extérieur. Puis la porte s'ouvre, mais c'est Linon seule qui entre, cette fois.

La Baile lui sourit spontanément, heureuse de ce point d'ancrage dans c'monde qui flotte autour d'elle. Seulement quand la jeune femme prend la parole, son visage s'assombrit. Amoria va revenir la chercher? Elle comprend qu'la brune ne peut les suivre, le coeur et l'esprit ailleurs. Mais elle ne peut se résoudre aux adieux qui s'annoncent...

Leurs chemins s'étaient déjà séparés, par le passé, mais là, ca n'est pas la même chose. Le contexte est autre, les enjeux et les implications aussi. L'air s'fait plus lourd d'un coup et la Baile a du mal à réagir aux mots d'son amie. Elle lui prend la main, seul geste qui ait un sens et qu'elle peut accomplir sans problème. La porte à ses lèvres avant de la relâcher, puis tend le bras vers la tête de Li, légèrement penchée vers elle. L'attire près de son visage et l'embrasse doucement sur la joue.

Li, tu m'as ramassée quand je suis tombée. Et si le destin ne t'avait pas mise sur cette route, je serais morte. Crois-moi...

Peut-être que sa mort aurait satisfait certains, peut-être même qu'elle l'aurait soulagée, elle, à ce moment-là. Mais aujourd'hui, elle veut vivre. Et c'est d'abord grâce ce petit bout d'femme qui a relevé son corps.

Je te dois la vie, je ne sais pas ce que tu aurais pu faire mieux ou de plus...

Oui je vais vivre. Et jamais Li, jamais, mon épée ne rencontrera la tienne, si j'peux en porter une de nouveau... C'est une promesse que tu n'entends pas, mais que je tiendrai. Et si tu t'en prends un jour, seule ou avec d'autres, à celles que j'aime plus que tout au monde, je tuerai d'abord les autres, et me mettrai entre toi et les miens. Parce que les miens, ce n'est pas ce monde que tu n'aimes pas, c'est avant tout quelques personnes, qui donnent un sens à ma vie.

Adieu Li. Prends soin de toi et de Marko.

Laisse tomber son bras près de son corps, sans quitter son regard, les yeux secs mais le coeur triste.

Et merci, pour tout...

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Armoria
De retour à Cosne, elle avait hésité. Elle faisait toute confiance à Erik, mais pour autant, était-il raisonnable de le mêler à cela ? Ne valait-il pas mieux attendre avant que de nouveau, il se retrouve face à face avec Rebaile ?

Elle préféra donc agir avec discrétion, fit apprêter une voiture - la sienne était restée à Ménessaire - et prévint Snell et Forrest de se joindre à elle, leur expliquant en quelques mots ce qui se passait. Le temps de donner des ordres pour réunir ce dont elle aurait besoin une fois de retour - une bonne chambre et les ingrédients et accessoires nécessaires aux soins - la voiture était prête.

Elle chevaucha comme prévu à l'avant de la voiture, et avant d'arriver trop près de la cabane, piqua son cheval qui partit à pleine vitesse : elle tourna la tête vers Snell pour lui donner une impression de jeu. Elle ne prenait pas de risque : légère comme elle l'était, et avec un cheval racé comme le sien, elle savait sans coup férir qu'il ne pourrait pas la rattraper. Elle criait pour encourager son cheval, et surtout, prévenir Linon qu'ils arrivaient.

Les abords de la cahute, en effet, étaient vierge de toute vie quand elle mit pied à terre. Elle entra aussitôt, laissant la porte ouverte pour ces messieurs.

Son premier geste fut de contrôler la température de la blessée, en apposant le tendre de son poignet sur son front, sitôt ses gants retirés. Stable : toujours fiévreuse, mais pas plus qu'à son départ.


Nous allons vous transporter à Cosne, c'est la ville la plus proche : une fois là, je vous soignerai.
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Linon
Le temps passe toujours trop vite quand il est chargé des derniers moments à partager ensemble.

Elles ont peu parlé, pour une fois, Linon la bavarde s'est presque tue... Parce qu'il y aurait tant de choses à dire qu'il vaut mieux les taire plutôt que de n'en dire que la moitié. Elle a remplacé deux fois les cataplasmes, rassemblé les quelques affaires qui traînaient encore, puis s'est finalement assise près de sa fiévreuse amie, se demandant sans cesse si elle avait raison de la remettre à sa meurtrière, si elle ne devrait pas l'arracher à tout ça et rejoindre Hiji qui était en route... Mais la blessée semble avoir accepté la décision de Linon et les soins d'Armoria. De toute façon, les dés sont jetés, la Princesse devait déjà être en route.


Des bruits... des cris? Linon releva la tête pour écouter puis se tourna vers Baile... ça y était, l'heure était là...

Marko surgit dans la cabane


Viens Linon, ils arrivent... les soldats! Vite!

Linon n'eut que le temps de se pencher sur son amie, de prendre son beau visage entre les mains et de plonger un regard embué dans le sien.

Pardon... mais nous devons partir, pour sauver nos vies. Adieu ma toute Baile, sois heureuse, guéris, et je t'en prie... ne te fais plus tuer ! Tu sais bien que j'ai horreur de ça.

Dernier baiser à Baile alors que des larmes d'émotion roulaient sur ses joues, Marko se pencha à son tour et déposa sur la main blessée une peau de lapin tannée par ses soins, avant de chuchoter à son oreille

C'est pour soigner ta main, et comme ça, tu m'oublieras pas...

Il lui colla une bise un peu baveuse sur la joue et rejoignit sa belle-mère qui regardait par la porte si la voie était libre. Les cris étaient tout proches, il était plus que temps... Dernier regard à Baile... Linon et Marko se faufilèrent dehors et enfourchèrent vivement jument et âne. Les montures talonnées se ruèrent sur le sentier opposé aux cris , s'enfonçant dans la forêt...

Réussir à quitter la forêt, rentrer en Anjou pour préparer le déménagement, mais avant tout, un vrai lit dans une auberge!

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Rebaile
[Puisque tu pars]



Les mots ont été dits, les maux, eux, sont restés tus. Les adieux faits, il n'y a plus qu'à attendre, que Linon sorte de la cabane, pour ne plus y revenir. La reverra-t-elle, seulement, celle qui a risqué tant et peut-être perdu autant pour lui sauver la vie et la soigner? La Baile se promet que oui, qu'elle n'attendra pas, si elle s'en sort, que le destin ou un conflit la remette sur le chemin de la brune. Vivre pour continuer ce qu'elle a à faire auprès de ceux qui l'attendent, mais vivre aussi pour payer sa dette envers cette femme qui lui a beaucoup donné.

Elle voudrait exprimer sa tristesse devant les larmes de Linon, mais elle n'y arrive pas. Caresser doucement de son pouce la joue humide avant d'y poser ses lèvres, c'est tout ce qu'elle peut faire pour lui dire ce qu'elle ressent. Et quand Marko s'approche pour lui donner cette peau de lapin qu'il a fièrement tannée, et lui parler pour la première et dernière fois sans doute avant longtemps, lui murmurant des mots qui la touchent profondément, elle doit presser fermement ses yeux de ses doigts pour empêcher la digue de rompre.

Elle lui chuchote un "Merci" en retour, et le saisit un court instant par le bras pour ajouter, aussi bas

Prends soin d'ta mère, Marko, et de toi aussi...

Quand les deux silhouettes disparaissent de son champ d'vision, elle ramène la peau de lapin sur son corps et en couvre le bandage de sa poitrine. Se d'mande si ça a valeur de talisman, comme la patte de même origine, et si ça enlèvera l'infection qui la ronge. N'a pas trop le loisir d'approfondir la question, car elle entend enfin le bruit des chevaux qui a sans doute fait partir Linon et le gamin.

Reste impassible quand elle voit Armoria pénétrer dans la cabane, mais savoure en silence la fraicheur de sa peau sur la sienne brûlante. aller à Cosne, oui... De là, elle pourrait envoyer des courriers et prév'nir ses amis qu'elle sera de nouveau joignable par pigeon... Soudain une pensée la traverse et elle s'adresse à la Princesse, presque en panique

Il y a une jument normalement, pas loin d'la cabane. Je dois absolument l'emmener avec moi à Cosne, je ne peux pas la perdre....

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Armoria
Avant tout l'apaiser : hors du calme, la fièvre se nourrit.

Allons, nous l'emmènerons, cette jument : tenez, plutôt que de la laisser à Cosne, elle ira paître dans mes riches prés, où vous la pourrez reprendre sur un mot, sitôt que vous en aurez le loisir.

Tout en lui parlant, elle vérifia si les bandages allaient tenir pour le transport.

Ecoutez-moi : le fait de vous amener à Cosne va sans doute vous être douloureux... Mais vous ne pouvez en aucun cas rester ici, vous y risqueriez votre vie. Dans la voiture, tâchez de rester calme, et bougeant le moins possible. De notre côté, nous ferons en sorte que vous soyez à votre aise autant que faire se pourra.

Snell et Forrest étaient entrés : elle ne leur laissa pas le temps de s'appesantir.

Allons, mes sieurs, portez-moi cette dame avec toute la douceur possible : je vais au-devant de vous pour tenir la porte ouverte. Ah, et ensuite, vous récupèrerez la jument attachée au-dehors : elle ira à Ménessaire le temps de la convalescence.

Nouveau regard vers Rebaile :

Prête ?
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Rebaile
Les mots d'la Princesse la rassurent, concernant Rixende, alors elle se calme et acquiesce à l'idée qu'la jument soit en sécurité à Ménessaire, le temps qu'il lui faudra pour aller la récupérer et la rendre à Théa. Ne pas oublier de demander si ce fameux Ménessaire est loin de Cosne, des fois qu'elle soit obligée de reprendre la route seule, quand elle ira mieux, et qu'elle se fasse attaquer encore. Grimace à cette idée, mais grimace encore plus quand elle demande aux deux hommes qui l'accompagnent de la porter.

Oublie alors de demander l'adresse du domaine princier, et ouvre grand les yeux en r'gardant sa semi nudité. Jette un oeil furtif à la Princesse qui lui parle, et comprend un peu pourquoi ça n'est pas elle qui se propose pour la porter, paske si elle est imbattable à l'épée, son corps en est témoin, la blonde GMF a l'air si frêle et menue qu'on s'dit qu'il faut juste la protéger. Mais quand même... Elle aurait tout donné pour que ça soit ses mains à elle qui se posent sur son corps, et pas celles de ces hommes... hmm... aussi charmants soient-ils...

Mais elle n'est pas en état, ni physique ni mental, d'imposer ce que sa libido renaissante lui dicte, et c'est d'une voix absolument neutre qu'elle répond à la question d'la vanillée

Je suis totalement prête pour ces messieurs...


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