--Isarn
Par cet après midi d'été, la chaleur accablait hommes et bêtes alentours dans le comté. Mais les sous-bois offraient une relative fraîcheur à qui osait s'y aventurer. C'était le cas de notre homme qui se déplaçait rapidement au milieu des fougères, les taillant à mesure qu'il avançait. Débouchant dans une petite clairière, non loin d'un chemin passant, l'homme s'arrêta pour observer les lieux. Il avisa un un gros chêne dont la frondaison semblait assez dense pour dissimuler plusieurs personnes à la vue des passants.
Isarn dégaina sa dague et fit un encoche dans le tronc de l'arbre. Il s'en fut comme il était venu, aussi discrètement que possible.
La nuit tombant, ce n'est pas un homme, mais une petite troupe qui débarquèrent dans zone repérée plus tôt. Silencieusement, ils se répartirent des arbres, en guise de poste de guet, et entamèrent leur surveillance du chemin.
Le soleil était déjà loin quand deux voyageurs vinrent à passer dans leur secteur. Isarn qui semblait mener la bande, fit signe à ses comparses de ne pas bouger et observa le cheval s'approcher. Il entendit des bribes de conversation qui lui révélèrent qu'il s'agissait d'un homme et d'une femme.
Et nous revoilà sur les routes... On pourrait faire une halte en chemin ? J'ai peur que mon croupion ne tienne tout le trajet, à voir comment Cadichon nous malmène !
Comme il s'en doutait, il ne s'agissait pas là de leur cible. Mais seuls les nobles avaient des chevaux, et leur bourse semblait bien garnie, appétissante même pour des malandrins dans leur genre. Cependant, il attendaient mieux, bien mieux. De quoi satisfaire leur insatiable besoin de richesse pour un bon moment. Sa grandeur allait payer, pour sûr.
Il pensa qu'il ne fallait pas s'attaquer aux couple qui arrivait à leur hauteur, car il s'agissait très probablement d'éclaireurs. Il était impensable qu'un personnage aussi important que le Comte voyage sans escorte. Et à en juger par les épées qui pendait à la ceinture des cavaliers, ils devaient savoir craindre quelque attaque pour se munir ainsi.
Il n'était pas intelligent de faire fuir la proie avant même qu'elle n'apparaisse. Patience donc, pensa-t-il, s'assurant machinalement de la présence de son arme à son côté.