Arcadhias
Journée du 10 décembre
Partant de Nîmes, une petite troupe composée d'une demie douzaine d'hommes en armure et à cheval et d'une dizaine d'hommes à pied, tous arborant les armes de la Vicomté de Saint-Gilles, traversaient le Bas Languedoc en direction de la frontière avec la Provence, passant à travers les champs et collines qui dessinaient le paysage et qui permettaient de deviner au loin au sud, la Méditerranéenne.
La petite troupe entra sur terres du Comté de Saint-Gilles, lorsqu'ils franchirent les portes du petit bourg de Générac dont il dépendait. Une petite foule de badauds vint alors les accueillir avec intrigue, avant qu'une brusque cohue ne perturbe la quiétude du petit matin, lorsque l'homme à la tête de cette petite troupe ne commence à disperser le contenu d'une petite bourse sur la foule, qui se jeta littéralement au sol pour tenter d'obtenir l'une des pièces d'or distribuées.
Lorsque la foule eut cessé, et que les gens d'armes accompagnant le cortège aient fini de rappeler la population au calme, un bonhomme drôlement vêtu s'avança au-devant de la foule incompréhensive, déroulant un parchemin qu'il commença à lire d'une voix forte et audible
« - Oyez, oyez ! Bon peuple de Générac ! Monseigneur le nouveau Vicomte de Saint-Gilles vous fait l'honneur de sa présence afin de vous saluer et de vous informer de l'actuelle déclaration. »
Un moment d'appréhension se fait ressentir au sein de la foule, craignant de tomber sur un dégénéré ou tout autre cinglé sanglant, qui causeraient à sa population ruines et peines pour son plus malsain plaisir
« - Monseigneur le Vicomte vous annonce le retour du fief de Générac sous le giron direct du Vicomte et déclare pas la même la fin de toute imposition ou taxe incombant à sa bonne population de Générac pour toute classe sociale, jusqu'à la nouvelle année.
Également, le Vicomte vous annonce sa décision de veiller personnellement à la bonne justice sur ses terres et décide de la construction d'un mallus où sera rendu Justice, sous la direction d'un Vicarius nommé par lui.
Enfin, et afin de célébrer la Saint Noël et ses valeurs aristotéliciennes de partage et d'amour, chacun est invité à Saint-Gilles où se tiendra le vingt-quatre au soir, un grand banquet et bal populaire, et où le Vicomte s'adonnera le lendemain à l'aube, à la distribution de bourses et au rituel du lavage des pieds aux plus pauvres et miséreux de ses sujets. »
À ce moment, un large sentiment de réconfort et de gaieté se fait ressentir de cette même foule, ravi des déclarations qui venaient d'être faites et accordant de grands espoirs avec la venue de ce nouveau seigneur pour les diriger.
Le Héraut termina alors sa déclaration, par des mots solennels qui furent reprit en chur par la foule en liesse, alors que le petit cortège reprit immédiatement après route vers la "Capitale" du domaine vicomtal, la population scandant le nom de celui qui le dirigeait et qui répondait par de grands gestes de la main
« - Vive le Languedoc. Vive Générac. Et vive Saint-Gilles !»
Quittant les maigres fortifications du bourg au pas de course, le Vicomte fit alors appel à son secrétaire personnel qui avança son cheval à la hauteur du sien afin de recevoir ses instructions ; le Vicomte lui réclamera l'envoi d'une troupe similaire à Auborn selon les mêmes modalités et invitations, le Vicomte n'ayant pas souhaité faire le détour de quelques lieux officiellement, car il était pressé, mais officieusement, car il commençait sérieusement à se les peler à voyager à dos de cheval à travers ses terres.
Au bout de quelques dizaines de minutes de trajet, la troupe arriva au château de Générac, ne ressemblant à nul autre pareil, puisqu'il n'était point composé de murailles, de créneaux ni même de donjons, mais seulement de deux tours rondes d'une douzaine de mètres de haut, rattachés et appuyées à un long bâtiment d'une trentaine de mètres de longueur qui les reliait aussi à une autre tour pentagonale, qui trônait en direction de l'Ouest.
Le Vicomte découvrant les possessions de son fief, compris rapidement que ledit château situé entre le port de Saint-Gilles et Nîmes, servait davantage de poste dobservation et de péage que de place forte.
Après l'avoir traversé, ils finirent enfin par rejoindre le bourg de Saint-Gilles, fumant et vivant malgré la fraîcheur de la mi-journée. C'est à cet instant que le Vicomte fit signe à un ingénieur et architecte rencontré sur la Capitale de s'approcher à son tour à cheval, lui faisant part de ses inquiétudes quant à l'état dans lequel avaient pu être entretenus le fief et ses structures, affirmant ensuite les projets de construction qu'il avait pour le Vicomté.
L'arrivée à Saint-Gilles se fit cette fois plus rapidement, et la traversée au galop, un discours y sera fait plus tard, fanions et gonfalons d'azur à la biche d'or flottant dans les airs, les sabots des chevaux claquant sur les pierres de la route, recouvrant le bruit des hommes d'armes à pieds dont les armures et boucliers cliquetaient dans leur course à essayer de rester au niveau du Vicomte.
La fin de la course se fit devant le château de Saint-Gilles, qui ressemblait cependant davantage à un manoir dont l'entretien avait été quelque peu faussé ces derniers mois, mais qui ne ressemblait en tout cas en rien à la structure de murailles et de tours voulue par le Vicomte.
Après la prise de possession de lieux, le changement pour une toilette plus propice aux déplacements en ville et ses environs, le Vicomte et sa suite, incluant l'architecte, se rendirent en périphérie de la ville, juste devant le petit-Rhône, avec en face d'eux, les terres provençales. C'est alors que le Vicomte reprit la parole en contemplant l'horizon
« - Voyez-vous monsieur l'architecte, la position de Saint-Gilles est spéciale, et d'autant plus délicate.
Grossièrement, nous sommes à l'extrémité Est du Languedoc. Enfin, seuls au Nord, Laudun et Rochefort d'Òc sont plus avancés, mais nous sommes tout de même à lextrémité Est à notre niveau. Et nous sommes également en plein sur la route entre Arles et Montpellier. Pas vraiment celle de Nîmes qui est un peu plus au Nord.
En somme, notre Vicomté et ce bras du delta du Rhône qui se trouve devant vous qu'est le Petit-Rhône, est ce qui sépare notre Capitale languedocienne, de la Provence.
Certes, nos relations avec la Provence sont cordiales, ayant notamment avec l'équipe du moment, travaillé pour cela, mais nous ne savons jamais ce à quoi nous réserve l'avenir, ce qui peut arriver et caetera.
Aussi, je vous ai mandé car je souhaite voir construis une place forte faisant frontière, juste ici. »
Le Vicomte montre alors une étendue plate faisant la jonction avec le cours d'eau, avant de poursuivre
« - Autre soucis dans le coin, c'est l'absence de relief. Ici, nous nous trouvons tout juste au-dessus du niveau de la mer, et nous faisons face à une étendue complètement plate, nous faisons perdre tout avantage stratégique topographique.
Néanmoins, j'ai réfléchi, de longues nuits sous ma tente d'armée durant, à quelques dessins. Je souhaite avoir votre opinion quant à la faisabilité de ce projet. »
« - La prime idée, qu'est-elle donc. Tout simplement dévier en amont le cours d'eau, créer un nouveau bras artificiel en somme, pour entourer la structure de larges douves. Presque un lac, oui ! La profondeur n'importe que peu, quelques mètres suffiront, l'important est qu'il serait impossible pour des troupes ennemies de faire avancer des engins de siège jusqu'à nos murs, ni même des échelles. Et puis s'ils veulent faire un tunnel pour faire s'effondrer des murs porteurs, ils hésiteraient en ne connaissant pas la profondeur des douves.
Pour la place forte en elle même, je souhaite quatre tours rondes angulaires, ainsi qu'une tour carrée à équidistance de chaque tour ronde. Un total de sept, oui.
Également, je souhaite un corps de garde suffisamment imposant disposant d'un pont-levis, d'une herse et d'une porte fortifiée.
J'ai aussi réfléchi à une petite .. astuce. Mais sans doute suis-je parti dans la fantaisie, dites-moi tout.
Voyez, j'ai imaginé un premier corps de garde en pierre, plus en avant, disposant également d'un pont-levis. Cela permettrait aux hommes d'armes de former une avant-garde et de briser un premier assaut encore suffisamment loin des murs principaux, car, comble de la fourberie, j'ai imaginé une passerelle, en pierre ou en bois selon, qui mènerait à ce premier corps de garde depuis le rivage, pouvant être détruit ou brûlé selon les besoins. L'intérêt devant être purement psychologique, désespérer d'éventuels assaillants de tout espoir de prise qui se révélerait être extrêmement compliquée et longue.
Il faudra donc prendre en compte la possibilité d'un siège de longue durée, et laisser la place dans la structure à une réserve suffisamment importante.
L'intérieur donc, ne doit cependant pas être en reste. J'espère une cour suffisamment importante pour permettre des réceptions, des exercices d'armes, voire quelques exercices équestres primaires. Mais cette dernière esquisse vous donne une idée du rendu défensif espéré. »
« - Vous l'aurez compris, il s'agit donc, plus qu'un château, une petite place forte, voire un fort, mais suffisamment défendu pour tenir de longs sièges et ainsi retenir l'avancée d'une invasion, le temps pour des forces plus importantes de venir en renfort.
J'attends donc vos premières réactions ! »
L'architecte un temps indécis et après quelques grimaces, lui livre ses premières constatations
« - Ma foi Monseigneur, votre projet est ambitieux, force est d'admettre. Mais je crains que les coûts et la main d'oeuvre nécessaire à sa réalisation ne soient ... très importants. Il faudra compter plusieurs années pour réaliser un tel édifice. Davantage pour votre projet de douve. Certes, cette place forte serait imprenable, pour nos technologies de siège actuelles tout du moins. Mais sa construction est-elle vraiment nécessaire, pouvez-vous vous la permettre ? »
Le Vicomte ne manqua alors pas de rire aux propos de son architecte et de lui faire une amicale tape dans le dos
« - Allons monsieur, laissez moi les questions d'argent et de personnels pour ne vous intéresser qu'aux questions d'architectures ! J'attendrai donc vos plans au plus vite, et je ferai mobiliser les gens nécessaires aux différentes étapes des travaux. Je les attends pour avant la nouvelle année ! »
Le Vicomte laissant alors le pauvre homme grimaçant face aux exigences données, mais ne se voyant pas la possibilité de s'y opposer, le Vicomte reprit à nouveau la parole alors qu'il s'était éloigné et était en train de remonter à cheval
« - Ah ! Et trouvez-moi un autre terrain, plat et spacieux, suffisamment pour accueillir un tournoi de joutes. Il me plairait de voir de telles festivités sur mes terres, ne me décevez pas ! »
Le ton était donné, les projets engagés et l'avenir de la Vicomté de Saint-Gilles en marche. Un bruit commençait à courir en Languedoc, que pour avoir autant d'argent comme ce fut vu aux allégeances lorsqu'il était Comte et maintenant, ne provenaient pas non seulement de la culture de ses terres et de ses soldes, mais qu'il avait un atelier dans lequel étaient fabriquées des écus contrefaits. Enfin, cela reste des ont-dits de mauvaises langues jalouses, bien évidemment.
Prochaine étape du Vicomte ; mettre en place les préparatifs pour accueillir son peuple aux festivités de la Saint Noël à son "château/manoir" actuel, et écrire à sa voisine la Vicomtesse de Posquières Vauvert, en vue d'une rencontre voire d'un banquet, ainsi qu'à son cher ami le Comte du Tournel pour avoir de ses nouvelles. Sans doute allaient-ils se croiser lors des prochaines joutes en Touraine fin décembre d'ailleurs.. Vite ! Il fallait leur écrire.
Mais il fallait encore attendre quelques jours que Paris réponde à sa demande de scels pour que ses courriers soient officiels.
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