Lormet [21 février 1465]
Le grand jour était arrivé.
Lormet avait reçu missive d'Arcadhias, le conviant à la cérémonie d'hommage vassalique ce jour. La veille, Bibiche et lui avaient préparé leurs affaires, et ils s'étaient dirigés vers son domaine, une petite carriole attelée leur permettant d'y poser la malle contenant leurs vêtements, ainsi que la cassette renfermant les missives reçues. Lormet, pour l'occasion, avait revêtu des habits assortis aux armes de Générac; vêtements que son épouse bien-aimée lui avait offerts. Il avait ceint, également, son épée.
En cette fin février, le temps semblait durer dans la clémence: les gelées étaient oubliées, et, de façon très nette, les jours rallongeaient, permettant de profiter davantage du soleil, que Bibiche et Lormet affectionnaient..
Au détour du chemin, le domaine de Générac apparut. Son castel était singulier, et ne ressemblait à rien d'autre: massif, il était composé de quatre tours, et d'un long corps rectangulaire. Arcadhias avait expliqué à Lormet qu'il servait davantage de poste de garde, ou de surveillance, que réellement de poste défensif. Cependant, son architecture, la puissance qui émanait de sa construction, donnaient l'impression d'une tranquille solidité, à l'épreuve des assaillants.
Lormet serra la main de son épouse dans la sienne, et, se penchant vers elle, lui dit:
"Se peut-il que nous soyons bientôt habitants de ce lieu ?"
Il lui sourit, et, tout en tenant la bride du cheval qui tirait la carreta, Lormet détailla les paysages alentour. La vue était magnifique, et ils n'étaient finalement point éloignés de Nîmes: à peine trois lieues et demi.
Ils arrivèrent bientôt devant la monumentale porte. Lormet prit la missive dans la cassette, sauta à terre, et frappa sur le heurtoir de fonte.