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[RP] La cave du repère

Donatien_alphonse
Il y avait un temps pour les fêtes, un temps pour la castagne, un autre pour la folie et du temps pour les confessions qu'elles soient bonnes, ou mauvaises. Mais il y avait aussi un temps pour les deuils et pour l'heure, un voile noir semblait s'être dressé sur le clan Azzurro avec la disparition plus que tragique de celle qui répond au nom de Lirya.
Une histoire sombre, ça n'en fait aucun doute, tous se taisent désormais concernant cette réalité pourtant amplement suffisante pour diviser le clan qui se maintient indemne et ne manquera pas d'enterrer ce secret et ce, quoi qu'il advienne. Sujet sensible et non pas qu'un peu, le Roy fou lui semblait pourtant éprouver une grande importance à ce qui c'était produit dans une taverne avec certains des membres du clan. Il ne restait plus rien de Lirya, hormis cet amas de boyaux désormais fumant et enfermé dans un petit coffret cadenassé dont la seule clé, se trouve autour du cou de Donatien qui décidé, descend une à une, les marches faites de pierre et qui mènent à la cave du repère Azzurro.

En bas, une seule et unique torche le guide. Des tonnelets et des caisses de victuailles, quelques tables de préparations réservées à Henora et ses potions et bientôt, l'endroit où les restes de Lirya reposeront à tout jamais. Car son âme appartient à la Cour, elle y est vouée pour l'éternité et à jamais, cette dernière sera présente en l'esprit du Roi des thunes.
Les pas sont discrets et son visage ne laisse transparaître aucune expression de joie ou de gaieté particulière. Le coffret délicatement posé à même le sol, le balafré ne tarde déjà plus à se rapprocher du mur le plus au fond, grattant autour d'une pierre solidement incrustée et ce, au moyen de ses propres mains.
La matière s'effrite, elle tombe au sol telle de la poussière, tout ici aux miracles est crasseux, aussi bien le bois que la pierre qui au bout d'un long moment, ne tarde pas à céder sous un léger tremblent de cette dernière. Ses doigts saignent aux extrémités, la sueur perle le long de son front mais à aucun moment, il ne relâche son effort présent jusqu'à ce qu'il en vienne à retirer pleinement ladite pierre qu'il laisse retomber à même le sol, à ses pieds.

Il souffle, passe le plat de sa main dans le trou formé à même le mur afin d'en extraire ce qu'il y reste. L'espace est amplement suffisant pour accueillir celle que le Roy fou aura marqué du symbole Azzurro et ce, au moyen du fer rougissant par les flammes, jamais il n'oubliera cet instant fermement encré jusqu'au creux de sa main par les brûlures causées lors de l'acte en question.
Le coffret empoigné délicatement et déjà, ce dernier se trouve être recouvert faiblement d'infimes traces du sang qui s'écoule de ses doigts mais lui n'a que faire de ce maigre détail. Bientôt, le bois du coffret frotte la pierre avant de disparaître, engouffré dans le mur et à jamais donc, ne faisant qu'un avec le repère et, la Cour des miracles.


"Ici est ta place Lirya."

Le plat de la main reste un moment collé à une extrémité du coffret, s'il avait pu le pousser d'avantage, ce dernier aurait déjà bien des lieux au travers des entrailles de la ville de Paris.

"Puisses-tu me pardonner de n'avoir pu veiller sur ta personne comme il en est de mon devoir."

Intérieurement, il grogne et pourtant comme les autres, lui aussi enterrera à tout jamais cette triste vérité. La main se retire et sur lui même, il se retourne, plaquant son dos contre le mur froid et humide de cette cave jusqu'à se glisser le long de la pierre, son royal derrière venant alors à la rencontre du sol aux côtés de la pierre retirée un peu plus tôt et qui sommeillait depuis des années.
Les jambes étendues, les mains posées à même le sol et le regard, comme perdu et pourtant songeur.


"Si tu dois venir me tourmenter, c'est l'moment, qui qu'tu sois et quoi qu'tu veuilles, je t'attends !"

Le Roy fou était-il fou au point même d'en appeler la folie en personne ?
Lirya.
Morte. tout simplement. Cet état ne changera pas, plus personne ne verra le sourire illuminer le visage de la rousse, plus personne n'entendra son rire résonner contre les murs. Il n'avait fallut que quelques coups tranchant d'une lame pas très aiguisée pour faire disparaître la jeune Renarde à jamais. Aujourd'hui ne reste rien, ou presque, de son corps sans vie, brûlé par celle qu'elle aimait.

Elle pensait, dans ses dernières heures, qu'elle pouvait partir, qu'elle ne manquerait à personne et que personne ne penserait à elle. Bien évidement, elle escomptait partir dans le sens de s'éloigner, de reprendre la route, de disparaître de leur vues tout simplement. Elle ne pensait pas à mourir, du moins pas ce soir là, pas en début de soirée.
En y repensant, c'était une drôle d'histoire que celle de Lili. Elle avait passée la première partie de sa vie à chercher à se faire accepter par divers personnes et groupes. Dont principalement celui de son père. Toujours rejetée, toujours abandonnée, toujours maltraitée.

Finalement, elle s'est isolée de tous, vivait dans son coin, méfiante, devenant égoïste avec le temps. Puisque personne ne voulait compter sur elle, elle avait décidée elle de ne compter sur personne d'autres! Et c'est seulement à ce moment là qu'elle l'a rencontrée, Elle, sa Pâle, sa Kelel. Tombée amoureuse d'un amour fou et inconditionnelle, elle était prête à tout pour la chef du clan Azzurro. De fait, dans un premier temps, elle s'était rapprochée du clan pour faire plaisir à Kelel, pas pour s'y intégrer réellement, ils ne comptaient pas, au début, seule la Pâle comptait.

Souvenir encore gravé dans sa mémoire au moment du décès, la chef, qui à ce moment là cherchait surtout à reformer son clan, avait prévenue Lili qu'elle allait bientôt rencontrer un certain Donatien, et que si elle ne l'appréciait pas, leur histoire ne se formerait pas. De fait, Lili avait voulu se forcer à apprécier cet homme en qui la Pâle place toute sa confiance.
Ironie du destin, après avoir passée sa vie seule et isolée, c'est ce clan qu'elle n'avait pas choisie qui se souvenait d'elle et qui lui offrait une place. Si aujourd'hui la rouquine savait que celui qui se tient là, devant ses quelques restes, et qui lui offre une pensée n'est autre que ce même Donatien, et non pas Kelel...

Mais elle ne le saura jamais, évidement. Lili est partie sous le regard de celle qu'elle aimait, avec la pensée d'avoir été abandonnée de nouveau, de n'avoir plus personne pour qui elle comptait. En effet, elle n'avait jamais rien accomplie, elle avait passée son temps à fuir. Fuir son père, fuir la Corleone, fuir ses problèmes, fuir son passé, fuir ses sentiments... Un sentiment en particulier, celui de l'abandon, était récurent dans son histoire. Celui de Kelel étant l'ultime sentiment qui a détruit la Renarde. Malgré tout, elle avait finie par apprécier ce clan, mais pensait simplement que la réciproque n’existait pas.

Aujourd'hui dans cette cave qui lui servait de tombeau, elle reposera pour l'éternité, unie avec la Cour des miracles. Si son fantôme pouvait existé, et peut-être est-ce l'imagination et la folie de Don, elle poserait une main spectrale sur l'épaule de l'homme assis sur le sol, comme un courant d'air léger. Si elle pouvait parler, et s'il pouvait l'entendre, la vraie Lili prononcerait sans doute ces mots : Merci Don. Tu étais de ceux du clan que j'aurais appréciée appeler "mon ami".

Ceci dit, elle n'est pas ici, nul fantôme, et elle ne parle pas. Alors si c'est la folie de Don' qui le pousse à voir des fantômes, sans doute celui-ci le hante et le tourmente bien davantage.

Pour sa part, Lili reposera ici pour l'éternité, sans se douter que finalement, des gens pouvaient penser à elle... Au moins un.

_________________
--Ombre_donatienne
Je suis quoi ? Le bruissement imperceptible d'un cortex imbibé d'alcool ? Le clignotement nerveux et minuscule d'une synapse belliqueuse ? Le collapse invisible d'un neurone libertaire ? Je ne suis rien. Une chiure de mouche est monstrueuse comparée à moi. Moi, que le battement d'aile d'un coléoptère suffit à terrasser. Je ne suis rien. Je n'ai ni forme, ni existence, ni constance. Je suis à peine un souffle asthmatique et vicieux qui profite d'un courant d'air pour que mon infime chuintement prenne vie et se maquille de mots. Non, je ne suis rien, je n'ai que la chance que Lui, celui qui se dit Roy, croie que j'existe. Et cela suffit. Alors, je m'immisce, me faufile, louvoie entre les vers grisâtres de sa cervelle. Et plus il me nourrit de liqueur rance, plus il croie m'entendre et même parfois crier. Je ne suis rien, et pourtant, il m'appelle et m'espère. Je ne suis rien, mais je suis Lui. Lui que je ne quitterai que lorsque qu'il mourra. Alors, s'il me prête une réalité, autant me distraire et clignoter un peu plus, pour qu'il me nourrisse encore de sa folie quand il lui suffirait de souffler pour me chasser. Moi qui ne suis rien qu'une cellule de traviole mais qu'il laisse emplir toute sa tête.

Alors, là, tapie au plus profond de ses pensées, j'attends le courant d'air qui donnera vie, encore cette fois, à sa folie.

J'suis là Donatien. Tu le sais, j'suis toujours avec toi. Il n'y a que moi qui jamais ne te trahira. Fidèle à jamais. C'est pour cela que dès que j'me tais, tu m'cherches. Toi. Toi, le Roy de gueux, dont la cour s’étripe entre elle. Beau royaume que t'as. Tes sujet se dévorent entre eux. Elle, pourtant, tu l'avais marqué de ton sceau. Mais il reste rien d'elle. Alors, l'Roy, tu vas laisser ça impuni ? Tu vas les laisser cracher sur ton autorité comme le dernier des lâches ? Elle se croyait protégé la môme. Protégé par toi. Mais t'as failli. Alors, le Roy, tu vas laisser les tiens se déchirer comme une fiche molle ?
Donatien_alphonse
Comment lui était-il encore seulement possible d'ignorer les rumeurs bien plus que fondées et qui n'avaient de cesse de prendre de l'ampleur et ce, autour de son unique petite personne. Celui que l'on nommait le Roy fou, l'était-il vraiment dans le fond ? L'avez-vous seulement déjà observé dans ses monologues interminables, relatant des histoires du passé, comme si le vécu de la Cour, vivait en lui, comme si tous ces visages qui ne sont plus, coulaient au travers de ses veines, comme s'il était la parole de ces morts, tous tombés au combat ou impuissants face à la maladie..
Tous le savent mais tous se taisent, un Rey des thunes doublé d'une folie sans faille ne peut vivre éternellement, à moins de se retrouver isolé de tout, là où il ne peut représenter un danger certain pour les siens, là où il pourrait exprimer le fruit de sa folie et ce, sans que jamais personne ne vienne le déterrer.. jusqu'au jour où les cris se seront à jamais éteints et où le balafré ne sera plus qu'une histoire comme tant d'autres.

Mais pour l'heure, son sang est encore chaud, malheureux que vous êtes, n'avez-vous donc pas compris qu'il vous faut fuir, tant qu'il en est encore tant !

Au sein de la cave du repère Cielo Azzurro, l'ambiance est devenue lourde, pesante et ce plus que jamais alors que le balafré patiente. Ses yeux se sont fermés, non il ne dort pas, le Roy fou songe à l'avenir du clan qui lui, n'est pas prêt à s'éteindre. Tous ont cédé leur place, qu'il s'agisse des In Tenebris ou de la Horde Sanguinaire, tous appartiennent au passé, il est tant pour les nouvelles générations de faire main basse sur ses bas quartiers de cette vaste citée qu'est la ville de Paris.
Autrefois, il n'était question que de cultes voués à Baphomet ou autres figures représentatives et bien souvent inconnues de la majeur partie du peuple miraculé, dorénavant, seule la folie parle et cette dernière, ne peut être ignorée. Ainsi donc, tous savent ce à quoi ils sont exposés.

L'entendez-vous arriver, venant de ce sombre couloir interminable, il approche, imaginez, le bruit des griffes d'un clebs contre le sol froid et humide, il court, gémit, grogne, tout tremble alors puis.. plus rien !
Le balafré, ses yeux s'entrouvrent alors qu'un léger rictus se dessine sur le coin de ses lèvres. Il est là, ayant répondu à l'appel, le duel interminable peut reprendre, qui des deux saura porter le coup fatal. Cette danse qui n'en finit plus de le tourmenter et qui à chaque fois, semble trouver les mots justes pour le faire faillir. Lentement, sa main empoigne la pierre au sol, cette dernière recouverte d'une couche de poussière murale à laquelle le sang au bout de ses doigts vient se mêler sans peine.

Intensément, le fou fixe le fond de la cave alors qu'il se redresse, laissant son dos frotter de nouveau le mur. Son visage est crispé, ses mâchoires serrées..


"FOUTAISES !"

Un pas en avant pour prendre un nouvel appui alors que son bras armé vient enfin libérer la pierre qui achève sa course sur une table de préparation de la jeune Henora, faisant valser et voler en éclats, tubes, fioles et autres liquides divers et variés.
L'index pointe vers le fond alors qu'il s'avance, prenant place au beau milieu de la cave ou ses chausses prendront désormais racines.


"Elle vivra, parmi nous et à tout jamais !"

Il est tant de porter le premier coup, ne plus subir et se protéger de ses interruptions faites de remarques et de piques incessantes. Le Roy fou, tourne lentement sur lui même, comme s'il s'adressait à toute une assemblée n'ayant de cesse de l'encercler.

"Toi ! Je me fiche de savoir qui tu es et ce que tu représentes.."

Au fond, lui le savait parfaitement, tout ceci n'était que le résultat évident d'un mal qui le ronge depuis peu, alimenté par la fatigue, la haine et des pensées qui n'ont de cesse de se bousculer en son intérieur.

"Je veux savoir.. quel est ton but ?! Tes remarques dans le vent, je m'en carre !

Si je dois subir la présence d'un autre au creux de mon oreille..
"

Et c'est là que normalement, l'homme en face de vous qui n'a de cesse de répéter "hm hm hm.. hm hm.." depuis une bonne heure déjà vous annonce "bien, semaine prochaine, même jour, même heure et ça fera soixante dix balles !".

"Alors, sois avec moi, que tes conseils m'accompagnent et cessent de remettre en question tout ce que nous avons construit ensemble !"

C'est qu'il parlait déjà en "nous" notre balafré, serait-ce un nouvel état d'acceptation ?

"Que dis-tu ?" Son regard noir pointe une nouvelle fois le fond de la cave, là où il ne peut percevoir quoi que ce soit à cause de l'obscurité, comme si un être de chair s'y trouvait, tapis dans l'ombre et assis sur un trône fait d'ossements. "QUE DIS-TU ?"

...
--Ombre_donatienne
Pourquoi donc hurle-t-il toujours ainsi ? Moi pauvre petit neurone déficient que je suis, ça me perturbe, me décroche un peu plus. Ça me nourrit, me fait grossir, moi qui pourtant ne suis que poussière. Que je l'aime quand il se déchaîne ainsi, me façonnant, me sculptant, me pétrissant. Moi, sa folie douce. Moi, son petit ver immonde grignotant doucement sa cervelle.

Voilà qu'il me parle, me voit. Plus qu'une voix, je prends corps devant ses yeux furieux. Quel hôte magistral ! Qui pourrait plus que lui m'accorder plus crédit ? Personne. Oh, oui, je l'aime mon Roy et, au creux de sa cervelle, lui renouvelle mon serment de ne jamais le quitter.

Elle vivra, oui, dans ta caboche, vieux démon, sois certain que je veillerai à ce qu'elle grandisse et fleurisse encore et encore pour que jamais tu ne l'oublies. Regarde-moi. Oui, je t'aiderai encore, comme je l'ai toujours fait. Regarde-moi, et dis-moi à quoi je ressemble. Parce que mon but est là, pauvre aveugle, être avec toi, t'accompagner et t'aider. Ne le vois-tu pas ? Tu me demandes ce que je te donne déjà. Ouvre donc les yeux. Mes conseils, tu les as eus, sourd que tu es maintenant. Venge-la. Fais-lui justice. Sois le Roy qu'on attend de toi, pauvre fou.
Kelel
Le claquement des bottes sur le sol pierreux résonnait dans la bâtisse incroyablement calme, comme si les vivants n'étaient plus et que seuls les morts résidaient icelieu. Où diable pouvaient-ils tous être passés ? Même cette foutue chèvre n'était pas présente, à croire que tous avaient déserté.

La Matriarche Azur veille, arpentant les pièces une à une à la recherche du moindre détail curieux ou douteux; de l'infime bizarrerie qui lui mettrait la puce à l'oreille au sujet de ce silence mortuaire. Jusqu'à présent elle s'était montrée patiente, aimable et compatissante, mais cela ne saurait durer. Il y a peu déjà elle avait dû remettre à l'ordre quelques écarts de comportement qu'elle jugeait "inappropriés". Parfaitement consciente d'être l'une des causes de la crise ayant frappé le Clan, elle n'en restait pas moins décidée à rétablir les règles, en exigeant une certaine tenue et respect de chacun. En un sens, la disparition de Lirya aura été bénéfique, outre la douleur et la tristesse, les membres avaient pu ressentir de la crainte, de la colère et même le regret. Aucune mort n'est vaine, preuve en est.

L'attention de la Pâle a tôt fait d'être piquée à vif par quelques bruits sourds provenant des entrailles du bâtiment. Tout en tirant l'oreille, elle fit demi-tour et prit la direction des escaliers menant à la cave, où Henora avait eu l'idée grandiose de mettre son atelier.

Silencieuse, elle ondule et glisse jusqu'aux marches d'où la voix du Rey s'échappe, pareille à un cri émergeant tout droit du tréfonds des Enfers. Sans doute aurait-elle dû prendre cela comme un avertissement et s'arrêter là; ne pas s'en mêler et tirer sa révérence. Hélas, elle écoutait rarement la voix de la Raison, préférant de loin se fier à son instinct et ce, quelque soit le risque. Quand bien même elle faisait erreur en s'engouffrant ainsi dans la cave, elle l'assumerait et croirait en son envie de vivre pour s'en tirer. Fatiguée, éreintée même, elle l'était plus qu'elle ne le laissait paraître devant tous, mais il ne fallait pas se mentir, l'Azur n'était plus au mieux de sa forme. Les choses changent, les gens également et quand on se donne corps et âme à un but, que devient-on lorsqu'on l'atteint ? Elle en était là et parfaitement lasse. Les quelques miettes d'amusements étaient toujours les bienvenues évidemment, mais rien ne semblait parvenir à lui retirer ce goût âcre en bouche qui ne la quittait plus des semaines, depuis des mois ...

Le regard va et vient aux quatre coin de la pièce, cherchant Donatien, priant presque pour voir se dessiner une autre silhouette pouvant justifier de l'état second du souverain. Elle voulait en avoir le coeur net. Le voir se triturer les méninges face à cette folie qui le rongeait chaque jour un peu plus et qui faisait tant trembler les autres par moments. Kelel, elle, s'en foutait royalement et si la folie du Balafré devait la conduire au tombeau, alors soit ! S'il fallait ce soir en finir, rien ni personne ne pourrait empêcher cela. Affronter la décadence et lui rire au nez la tentait depuis plusieurs semaines déjà. Depuis le premier jour, elle aurait dû voir que quelque chose ne tournait pas rond, que dis-je : Depuis le premier jour elle avait vu et pourtant elle avait placé toutes ses cartes dans les mains de cet homme; un parfait inconnu avant cette soirée au Rat Crevé. Aujourd'hui encore et malgré les écarts, les coups tordus et les déboires, jamais elle ne douterait de Lui. Ce Rey Fou comme tous le nomment avait plus de jugeote qu'un millier de cul-terreux et ce n'est pas un cerveau défaillant qui pourrait lui retirer le souvenir d'un beau-parleur alcoolique aux tendances incendiaires.

Il était là. Juste là. Maugréant, pestant, grinçant contre un corps qui n'est pas. Un reflet, au mieux une simple ombre. Elle aurait aimé voir par ses yeux et comprendre le mal qui le ronge. Impossible pour elle de saisir la situation autant qu'inévitable pour lui d'échapper au parasite le dévorant de l'intérieur. Elle aurait pu l'assommer, lui ôter la vie et abréger ainsi ses souffrances. L'entendre gémir et le voir se recroqueviller sur lui-même lui était plus insupportable que la folie-même. Elle s'était attachée à ce grand con, elle ne pouvait le nier et le voir souffrir de la sorte était la pire des punitions qu'on pouvait lui infliger. Les autres ne comprenaient pas. Ils ne voyaient en Donatien qu'un démon surgissant de sa boite au moment où on l'attend le moins. Parfois, elle priait pour l'entendre gémir et le voir se tordre, elle aurait ainsi pu justifier de son assassinat par un acte de bonté à son égard.

Un bras se tend pour qu'elle puisse effleurer du bout des doigts les parois humides de la pièce, tandis qu'elle s'avance d'un pas léger dans sa direction. Elle entrouvre la bouche, inspirant l'air vicié, s’imprégnant pleinement de l'atmosphère du caveau et de ses effluves, de son goût et de sa substance, comme s'il s'agissait là du dernier endroit qu'elle verrait avant de s'éteindre et de passer le flambeau. Une bouffée d'air s'engouffre dans les poumons avant d'en ressortir fébrilement. Il fallait faire preuve d'encore un peu de patience et de courage; tenir bon pour sortir Donatien de cette mauvaise passe quel qu’en soit le prix à payer. Aujourd'hui se tournerait une page, quel que soit l'offrande à faire. Elle voulait changer son destin. Le libérer et l'aider. Elle lui avait fait une promesse. Peu lui importe de se perdre, souffrir ou périr. " Je n'ai ... qu'une parole, et je m'y tiendrai. A jamais. " Il fuyait et se dérobait sans cesse devant tous et surtout les siens. Les protéger, les sauver ? A quoi bon s'enfermer seul dans la pénombre ?


" Donatien, mon chat ... ? "
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Donatien_alphonse
Toi qui dis vrai présentement, qui es-tu vraiment.. et pourquoi le Roi des fous plonge son regard en la direction de cet espace plongé dans l'obscurité la plus totale. Toi, directrice de la folie et main du Rey, tu sièges en ce lieu comme jamais auparavant il ne t'avait été donné de le faire. Es-tu donc comme tu le prétends si bien être ainsi présente dans le seul et unique but de guider notre balafré vers des chemins bien plus sages et ce, suite à des conseils prononcés guidés par une justice qui ne saurait se trouver être assoiffée dignement, tant que la mort de la jeune Lirya ne trouvera une fin juste et digne à la fois.. est-ce donc la mission nouvelle de notre Rey des thunes que celle d'endosser le manteau du juge qui abattrait ce coup fatal, afin de rétablir l'ordre au sein d'un clan pourtant déjà fortement fragilisé.. le balafré songe un instant, son regard ne cesse d'observer la pénombre parfaite et à cet instant précis, il pourrait laisser ses genoux rencontrer le sol froid et humide, se donner entièrement à cette nouvelle ligne directrice qui le guide, tel un pantin fait de bois.

Oh oui, toi, qui es-tu en réalité ? Un rêve, un songe mais avant tout, un mystère irrésolu et pourtant grandissant, cette voix au creux de son oreille qui le prend et l'emmène vers des terres qu'il ne connaît pas. Depuis le grand incendie de la Cour des miracles, jamais Donatien n'aura été ainsi tourmenté, ballotté de part et d'autres ses envies et ses craintes mais cette chose, ne disait-elle pas vrai après tout ?
Réflexion est faite, lentement, les poings se serrent alors que sa lèvre supérieure s'étire dans un rictus vibrant d'une haine nouvelle mais il n'est pas lui non, Donatien n'est plus et le stade de la folie pourrait alors avoir été amplement dépassé, à cet instant précis. Les yeux injectés de sang, le rythme d'un cœur battant plus que jamais à ses tempes, une adrénaline non contrôlée et dont il ne cherche aucunement la maîtrise, non, le Rey des thunes n'est plus à cet instant, le masque est retourné, la Cour se trouve alors être totalement démunit de son leader autoproclamé.. et pour combien de temps cette fois-ci ?

Tout est trouble, tout tremble, rien ne tient et ses pensées ne se seront jamais autant bousculées en sa tête, l'autre a gagné cette manche, peut-être même une bataille mais pour ce qui est de la guerre, il faudra repasser. Soigner le mal par le mal dit-on, le moins par moins fait un plus et l'exemple présent de la folie tentant de dompter la folie pourrait se résulter par un époustouflant recueil de sueur et de sang.
Car le condamné approche mais le Rey ne voit rien, restant comme figé, jusqu'à ce que la douce parole d'une pâle bien trop inconsciente vienne pourfendre l'air et ainsi, le ramener, non pas à lui mais, simplement dans un état qui lui permet juste de sentir à nouveau, cette atmosphère pesante des caves du clan Azzurro. Le visage se tourne brusquement, offrant ainsi un regard aux pupilles sombres et aux extrémités rougeoyantes comme jamais.
Ladite Kelel ainsi présente comprendra non sans peine que son heure est venue de rendre des comptes face à cette justice autoproclamée car, il n'y aura nul procès, seule la hache du bourreau viendra épouser cette chevelure parfaite, jusqu'à lui retirer la vie lorsque enfin le métal rencontrera la chair et le sang.

Encore faut-il que son esprit est le temps de réaliser l'équation parfaite qui lui crierait à la face de quitter les lieux et ce, sans plus attendre.


TOI !
"Fuis."

Tel un dédoublement, comment alors expliquer ce nouveau symptôme jusqu'à présent inconnu de deux intonations différentes et parfaitement exprimées. Mes les mots ne suffiront pas, à peine le souffle fut expulsé que le bras armé vint abattre un poing parfaitement fermé et aux ongles lacérants le creux de la main, sous le menton de la pâle. Jamais un tel coup n'aura été porté envers la matriarche, cette fois-ci, aucune retenue, il n'est plus question de chamailleries enfantines non, Kelel devra payer de son crime et de ce qui pourrait être une véritable trahison pour le clan et les siens.
Mais les mains alors meurtrières ne s'arrêtent pas, elles empoignent la blonde par les cheveux qui se voient être tirés comme jamais.
Le fou s'avance, elle recule alors, plus un mot, seuls des grognements qui ne sont pas les siens, qui ne lui ressemblent pas et pourtant, les coups sont bien distribués par cette même enveloppe connue pour être celle de Donatien Alphonse François de Sade dit le Rey des thunes autoproclamé de la Cour des miracles.

De nouveau, les coups pleuvent, sans cesse, le visage est visé alors que son autre main maintient toujours la prise par cette tête couronnée d'une multitude de cheveux maltraités. Le visage est crispé, tiré de nouveau entre la haine et la tristesse si bien qu'une larme s'invite au creux de son œil mais ça, personne n'en verra rien, et encore moins la pâle qui se voit être maîtrisée puis balayée à même le sol avant que le Rey ne prenne les reines du parfait dominant sur la présente dominée.
Une tête maintenue à même le sol, des cheveux blonds qui se mélangent à cette humidité présente et aux débris de verre d'une fiole qui n'est plus depuis le lancé de pierre un peu plus tôt. La fine gorge empoignée comme si un anneau de fer la maintenait à même le sol, lui, il bave, pleure et gémit comme mais ne voyez point en cet instant, une image qui pourrait vous donner pitié de notre balafré.


TU DOIS PAYER, pourquoi l'avoir laissé partir ?!

Les prises se veulent être d'avantage insistantes.

Réponds-moi Kelel !

Que l'on incendie la bâtisse Azzurro toute entière pour que jamais vous n'ayez à contempler cette facette de la folie nouvelle.
Kelel
" Je me prends dans mes bras
Je me parle tout bas !
Je vois la vie Névrose
Je vois, je vois la vie Névrose "
Les Fatals Picards - Schizophrène


Les pulsions du palpitant s’accélèrent sous la stupéfaction, le flux vital se faisant pressant dans les veines. Le sang ne fait qu'un tour et la réaction engendrée déclare à tout le corps que le danger est là, sous les traits d'un homme. Donatien. Comment donc peut-il en arriver à cela ? Tout se presse et se déchire dans la cervelle de la Pâle qui ne bouge pas, figée dans l'entrée. Reculer ? Jamais. Réagir ? Il est déjà trop tard. Le premier coup ne se fait pas prier, la touchant de plein fouet et la faisant se pâmer. La douleur est vive, mais pas autant que l'incompréhension qui la dévore de l'intérieur. Elle aurait voulu parler. Impossible. Le Rey et sa Folie se déchaînent, empoignant la chevelure de la Blanche pour mieux la maintenir en place alors que les coups déferlent. Elle ne cherche pas à se dérober. Elle sait parfaitement que c'est impossible, alors elle se contente de se protéger à l'aide de ses bras tout en agrippant au possible celui de l'homme. Si jusque là ils avaient toujours chahuté étrangement, se battant comme de vulgaires chiffonniers à la moindre occasion, à cet instant c'était bien différent. A cet instant ... il est question de vie ou de mort; de raison ou de folie.

L'Azur s'était préparée à cette éventualité en descendant les marches, une à une et à chaque fois elle avait pesé le "pour" et le "contre". Elle avait fait son choix et devait désormais payer. Les questions lui brûlent les lèvres à chaque coup reçu, mais jamais elle ne peut les poser. Il frappe, encore et encore et lui arrache quelques gémissements. Se taire, retenir la douleur et la colère, jusqu'ici elle avait toujours su le faire mais cette fois-ci n'à rien de commune avec les autres. D'ordinaire ses assaillants étaient des étrangers, des ennemis, jamais un proche ou membre de son Clan. Jamais personne n'aurait osé lever la main contre la Matriarche au risque de se faire pourfendre sur le champ. Hélas, aujourd'hui, elle ne mène pas la danse et se laisse guider, marchant dans les pas de Donatien et acceptant le rythme exigé par ce dernier. Danser la bacchanale, voilà ce qu'ils font.

Comme il serait simple de se laisser tomber à genoux devant lui, le laisser torturer ce corps jusqu'à-ce que le Malin vienne quémander son dû et lui extirpe un dernier râle. Comme il serait simple de se laisser mourir; se laisser chuter et que le jugement se fasse sans qu'aucune objection ne soit faite. " Jamais. S'il faut crever, ce sera avec dignité. " L'Insolente cherche le regard du Fou. Elle veut le provoquer et le pousser à bout, qu'importe l'issue pourvu qu'il se dévoile au grand jour et ouvre les yeux sur ce qu'il est et le Mal qui le ronge. Les grenats démantoïdes ne démordent pas, perçants les coups d'oeil fugaces offerts par le Rey entre chaque morsures. S'il doit se réveiller, qu'il fasse vite ou qu'il en finisse avec elle. Les douleurs se font de plus en plus insupportables, au point de lui tourner la tête et la faire chanceler sur place. Si l'Enfer avait dû envoyé un chien de chasse à ses trousses, il s'agirait de cet homme-là, celui qui porte l'enveloppe de Donatien mais qui n'est pas lui.

Et, finalement ... elle chute ...

L'Enfer. Le choc sur le sol et les éclats de verre lui font fermer les paupières. Tout tourne et se mélange. Rien ne ressemble plus à rien. Elle se perd dans les limbes d'une conscience qui ne comprend plus et cherche vainement à rassembler les fragments pour recouvrer ses esprits. Un bourdonnement sourd percute ses tympans, la tirant de sa rêverie pour revenir en plein cauchemar. Les iris dilatées vont et viennent, cherchant une prise sur laquelle se maintenir plutôt que de vriller lamentablement dans leurs orbites. Il est là, au dessus d'elle, le visage rouge et les traits tirés. La vision est démente mais ô combien réelle. Donatien n'est plus que l'ombre de lui-même, comme le soir où tout avait commencé entre eux. Sauf qu'aujourd'hui, la proie, c'est elle et non pas la pauvre Noiraude venue chercher un mâle pour tuer sa solitude et qui, contre toute attente, avait failli perdre la vie sous les prises de ce bourreau.

Il serre et serre encore, enfonçant dans sa gorge d'autres serres digne du plus grand des rapaces. Le souffle commence alors à lui manquer, l'affolement n'aidant en rien. Elle en a conscience, elle doit se calmer si elle ne veut pas suffoquer sous sa propre incompétence. Qu'il en soit ainsi. Lentement et après avoir ravalé sa salive, elle se calme, ou du moins le laisse croire. Intérieurement elle fulmine, à la limite de l'arrêt cardiaque tant son coeur bat la chamade dans sa poitrine. Pourtant, l'oeil brillant n'a de cesse de le fixer, lui, Donatien Alphonse François de Sade, Rey des Thunes de la Cour des Miracles autoproclamé. Lui, cet homme pour qui elle aurait donné sa vie. Lui, celui qu'elle aurait appelé son frère et pour qui elle aurait traversé le Royaume entier sur une simple demande; un simple claquement de doigts. Lui, ce Balafré à qui elle s'apprête à céder son être dans son intégralité.


" T-toi ... " Elle hoquette, un rire nerveux lui soulevant le buste par saccades. " C'est donc ... t-tout ce que tu vaux ? Toi ... V-voilà ... un triste visage que tu ... me montres là ... "

La Pâle ne peut cacher son sourire. Un rictus s'esquissant lentement mais avec sûreté sur le côté droit de sa bouche ensanglantée, déchirant son visage plus amoché que jamais. Maintenant qu'elle y prête garde, un goût métallique lui chatouille les papilles. Cela faisait belle lurette qu'elle n'avait eu le plaisir de déguster son propre sang. Quel dommage que cela soit à cause du Balafré et plus encore dans ces circonstances. Néanmoins, elle ne chercherait pas à le blâmer. S'il souhaite la haïr; la punir et si c'est là la dette dont elle doit s'acquitter, alors soit. Il a ses raisons. Elle vient de comprendre, bien que difficilement. Réfléchir ou respirer, voilà où elle en est. La douleur irradie son visage, les tempes ne demandant qu'à lâcher sous la pression sanguine, mais malgré ça elle garde le sourire et le fixe. Détourner le regard n'est pas envisageable. Jamais et encore moins face à un brin de Folie. La Folie, cette douce amante est si cupide qu'elle suce l'esprit jusqu'à le vider et ne laisser qu'une coquille vide. L'Azur, elle, ne laissera pas à cet immondice interne le plaisir de la voir s'agenouiller simplement pour rassasier une soif que rien ne saurait contenter.

" Toi ... Je n'ai pas à ... répondre de mes m-meurtres ... Ouais, j-je l'ai laissé partir ... J-j'ai détourné le regard ... Une seule fois. Cette fois l-là ... mais pas ce soir ... Oh non. Que le Sans Nom m-m'en garde ... je ne ... détournerai pas ... Je veux ... te voir et ... c-contempler ta déchéance ... Elle te ... d-dévore, Dona... Donatien ... Regarde t-toi ... Regarde toi comme je ... t-te v-vois ... " Machinalement un bras se lève et la dextre vient se refermer sur le cou du Fou. Les ongles s'enfoncent et transpercent les tissus. Il s'agit là d'une façon de dire que, quoi qu'il en coûte, jamais elle ne lâchera. Une prise désespérée avant de passer l'arme à gauche si tel est son destin. " Tu es si ... pitoyable ... Toi qui le ronge ... Toi qui ... q-qui le rend si ... f-faible ... Tu es si misé ... misérable ... Laisse-moi te ... regarder ... et ... " Et elle crache. Elle Lui crache au visage. Un crachat sanglant et tiède sortant tout droit de sa gorge sur qui la prise n'a de cesse de se raffermir. Sans doute le dernier. " Je ne ... te laisserai pas faire ... Ce spectacle et si ... risible ... Laisse moi admirer ta ... chute et en rire ... plus tard ... Si tu s-savais comme ... c-comme tu es ... ignoble à regarder d ... dans cet état ... Tu te ... p-perds dans les ... ténèbres ... mon Chat ... "
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--Ombre_donatienne
Il m'écoute. Il m'obéit même. Et je frétille, gesticule et piaffe de contentement. Je prends forme. Je m'allonge, je m'étire. En bras. En jambes. Je navigue jusqu'aux doigts et au bout de moi, voilà que naissent même des orteils. Enfin je vis. Dans son regard. Dans ses poings qui cognent et serrent et je jubile de mon pouvoir. Moi qui n'était rien, voilà que je suis tout. Voilà même qu'elle aussi me parle.

FERME LA, RACLURE!

Vois comme elle te dénigre et te nargue Donatien. Vois comme j'suis le seul à t'comprendre. Vois comme elle indigne de toi et d'la confiance que tu lui as offerte. Mais laisse la vivre. Ne fais l'erreur qu'elle a commise en LA laissant mourir. Laisse la vivre pour que tous voient que t'es le Roi. Qu'aucun ne peut tuer les tiens sans récolter ta colère. Et surtout pas elle. Qu'elle serve d'exemple. Marque-la de l'infamie, d'la trahison et d'la déchéance dont elle est coupable.
Donatien_alphonse
Rien, non, plus rien ne semble avoir la moindre importance pour cette enveloppe Donatienne dont les mains n'ont de cesse de maintenir leur prise, jeu dangereux aux conséquences tragiques évidentes sur la vie de la Matriarche en personne, elle, Kelel, seule détentrice en réalité du clan Cielo Azzurro mais à aucun moment, cette dernière pensée ne vint traverser l'esprit du Roi fou.
Fou, ce moment prenait alors toute son importance et pour l'heure, il ne s'en autoproclamait pas, il était folie, il était danger pour elle, pour les siens. Kelel, toi qui as tant d'importance aux yeux du balafré, lui qui pourrait donner de sa propre vitalité pour que toi, jamais tu ne cesses de vivre, où est-il maintenant, celui en qui tu avais pourtant confiance.. sans doute son esprit se morfond et se brise face à cette situation présente mais l'autre bien plus fort pour l'heure et détenteur des moindres mouvements d'un Rey sur le point de broyer une âme.

Ce visage enflé, abîmé de toutes parts et ce, au moyen de ses propres mains, tout ceci ne peut alors que le replonger dans ces souvenirs intacts, clairière aux abords de la ville de Paris, une gitane, un duel, un tourment.. tout est semblable à la différence que Donatien se trouve alors être en mesure de porter atteinte directement à la Pâle qui se voit contrainte pour l'heure de, subir, encore et encore.

Rey des thunes, aurais-tu cédé ta place à cet être qui n'est pas, pure imagination, symptôme logique d'un tourment psychologique qui ne demande qu'à être soigné et pourtant toi, oui toi, balafré que tu es, toi, tu y crois dur comme fer ! Mais tu n'en as parlé à personne, seul le doute plane quelque peu mais tous succombent à la légende du Roi fou, tous croient à un jeu, un personnage authentique, tous ignorent ce que ton esprit renferme réellement. Tous sont inconscients de part leur ignorance, et tous en crèveront si telle est la volonté de cette voix qui te sert de guide.
La Pâle rétorque, elle ne s'en fait pas prier, elle est bien trop forte pour se laisser ainsi malmener sans de nouveau oser tenter le Diable en provoquant, comme elle sait si bien le faire. Malgré ce large sourire se mariant parfaitement aux lacérations de ses joues, les yeux du fou sont quant à eux, emplis de larmes dont une lui échappe pour venir s'échouer contre la peau de sa proie.
La nervosité est parfaitement palpable, lui qui mène alors, un double combat, le premier au service de cette voix instable et l'autre, dans le seul but de maintenir en vie celle qui aura peut-être réussi à faire naître en lui cet étrange sentiment d'attachement envers un autre.


"K.. Kelel.." Ses mains tremblent mais déjà, elle reprend, c'est à elle de mener la danse, un court instant durant lequel elle n'aura de cesse, de provoquer encore et encore.
Donatien encaisse tant bien que mal, une oreille se veut être surmontée d'une auréole tandis que l'autre.. l'autre elle affiche pleinement deux cornes, parfaites, ces même cornes qui transforment chacun des mots de la blonde en piques, comme si les coups d'une lame aiguisée n'avaient de cesse de venir lui transpercer la poitrine. Elle lui crache au visage, comme on cracherait à celui d'une catin mais lui ne bouge pas, laissant le fluide couler sur son visage et ce, jusqu'à son menton.
Où est le Donatien qui se serait amusé de ce dernier geste de Kelel ? Lui qui sans nul doute, se serait délecté de ce récent cracha en n'en perdant pas une seule goutte..
"TA GUEULE !"

Supplice, oui, il supplie la Pâle de se taire mais, il est trop tard maintenant, la voix, encore elle, parfaite, si douce, malgré des mots mâchés, tous paraissent être comme.. ensorceleurs dans cet esprit tourmenté du Rey des thunes. Les consignes sont claires, elle doit vivre mais, elle doit porter la marque..

"J.. je.. JE N'PEUX PAS !"

Et pourtant, tout porte à croire que tu ne saurais retenir ce nouveau geste, cette main qui se détache presque dans un éclair pour venir empoigner le verre à même le sol, ce dernier que tu sers entre tes doigts jusqu'à t'en faire saigner Donatien, cesses de lutter, ne vois-tu pas là un destin tout tracé ?!
La tête pivote brusquement alors que les yeux humides se posent dans ce trou à même le mur et, sur le coffret renfermant les restes de Lirya.. pourquoi..


Sois rassurée Kelel del Cielo Azzurro, Reyne de cette Cour. Et c'est un tout nouveau regard, celui qui n'est plus le sien, celui dans lequel on se perd, celui.. qui annonce ce qui pourrait finalement s'avérer être, une libération méritée, ce même regard qui se pose dans celui de la Matriarche. Le Sans Nom a grande hâte !

Nul mot, plus aucun suite à ces derniers, c'est à peine s'il ose respirer alors que son bras se lève, verre menaçant et venant un instant croiser la lueur de la seule bougie présente en cette cave. Pas de sourire, plus de larme, tel le marteau du juge, la sentence s'apprête alors à être connue de la présente coupable.
Le geste est parfait, la pointe vient pourfendre l'air, léger, rapide et silencieux, la Pâle se voit à présent nommer.. l'écorchée, lorsque le verre vient taillader la partie gauche de son visage, de haut en bas, une seule traversée et pourtant, amplement suffisante pour que la marque à venir vive éternellement.
Ce sang n'est pas le sien, mais il en est recouvert malgré lui, la voix s'estompe peu à peu.. malice et joueuse, ce n'était qu'un soupçons de tranquillité nouvelle car la pointe entre désormais parfaitement en contact.. avec l’œil. Effet escompté, celui-ci n'est plus désormais et c'est une Kelel nouvellement marquée qui se trouve être alors allongée sur le sol froid et humide, maintenant souillé de cette cave.

Le verre est brisé sur le sol un peu plus loin, des morceaux tous recouverts et laissant au Rey le loisir de pouvoir observer, ses propres mains. Un frisson, un seul.. il est là, de retour, seul désormais, il le sent, l'autre n'est plus, pour le moment. La peur l'envahit, c'est une évidence et c'est dans un bond qu'il se jette en arrière, se retrouvant fesses contre terre, yeux toujours rivés sur ses mains meurtrières..
Kelel
Et si à cet instant, tout se figeait ? Que verrait-elle si, à ce moment précis, elle prenait le temps de dépeindre le tableau qui se fait de leurs corps et par leurs actes, sous ses yeux ? De façon plus égayée, cela va de soi. Elle le verrait d'abord lui, le Rey Fou, penché au dessus d'elle comme le ferait un vieil amant que l'on retrouve après de longues semaines d'absence, les traits tirés par l'émotion au point de faire naître au creux de chaque oeil, quelques larmes. Ce petit liquide lacrymal représente souvent bien peu au regard des gens, et pourtant n'est-il pas le parfait protecteur psychique ? Pleurer, c'est se libérer de l'anxiété. En y songeant, elle le revoit. Lui, Donatien, recroquevillé sous une table ou dans un recoin, à chouiner et gémir comme un enfant. Jusque là tous n'avaient fait que le dénigrer ou rire de sa souffrance; elle-même l'avait fait. Alors que, peut-être, une simple main sur l'épaule aurait suffit ? Peut-être que oui, peut-être que non, jamais aucune réponse ne pourra être donner. Il est trop tard. L'autre partie du tableau la désigne elle, la Pâle, allongée à même le sol, une main sur la gorge de son complice pour qui elle avait été jusqu'à refuser de se battre. Le sourire à ses lèvres laisserait presque croire à une scène d'une incroyable tendresse. Hélas, la réalité est bien autre...

Cette voix qui résonne, frémissante, gémissante, presque inaudible est la Sienne. Il est bien là, caché dans les tréfonds, blottit entre les bras de cette Folie qui n'a de cesse de lui susurrer des paroles sucrées pour mieux le berner. Tendez une sucette ou un bâton à un enfant, que croyez-vous qu'il choisira ? Le miel a ce don d'attirer les plus fragiles. Et si la Folie est une fleur, sa voix est nectar. Elle attire et envoûte; embrasse et délasse. Mais cela n'est jamais qu'une duperie, car une fois en son sein, on ne peut plus en sortir : Elle referme ses griffes et vous brutalise, torturant tout votre être jusqu'à le mener au point de rupture pour vous broyer. Son oeuvre accomplie, elle vous recrache comme un repas sans goût dont elle n'a plus envie, et il ne reste alors de vous que le Néant. Constant et inflexible. " Pauvre âme ... Se perdre, c'est lui donner raison. Raison qui n'a pas lieu d'être avec l’aliénation. Jamais. " Donatien est là, elle l'entend, le perçoit dans le timbre de cette voix rugissante, mais il ne semble plus apte à combattre; à se battre. Il est trop tard et elle en paiera l'addition. Et quelle addition ...

L'Azur entend mais n'écoute pas. Elle est là sans l'être, plongée dans les méandre tourmentés de sa réflexion. L'hésitation la gagne pour la suite. Elle ne parvient à trancher clairement comment réagir, torturée entre l'envie de provoquer plus et celle de se faire compatissante, aimante. Dans un cas comme dans l'autre, elle se verra punie, c'est inévitable. Alors que dire ? Comment agir face à une ennemi dont l'appétit s'est mué en loup ? Les crocs dans sa gorge font bonnes preuves que l'animal ne démordra plus, et la senestre qui glisse subitement de côté n'est en rien pour la détourner de cette idée. Aujourd'hui et peut-être pour la première fois, le Temps lui manque. Terminées les rêveries et autres chimères pour échapper à la vérité. Elle doit redescendre sur Terre et se presser. Alors elle déglutit, avec une certaine difficulté à cause de cette entrave, et entrouvre la bouche. Elle ne parle pas. Elle fredonne.


" P-pauvre petit c-chat ... égaré ... Tu ne ... retrouves plus ... le chemin de ta ... maison ...
Pauvre petit ... chat ... égaré ... Tu n'entends plus le ... m-miaulement de ta ... ma...man ...
Pauvre ... p-petit chat ... égaré ... Laisse moi ... guider tes p-pas ... dans ... l'obscurité ...
"

Il suffit. La chansonnette est finie. L'épée de Damoclès tombe sous la forme d'un éclat de verre dans la main du Rey Fou, en plein sur son visage et lui lacère les chairs. Sa propre prise se referme sur la gorge de son assaillant, tout comme sa mâchoire dont les dents ne demandent qu'à se briser sous les grincements produits. Non, elle ne crierait pas, plutôt se couper la langue que de hurler. Paupières closes, elle subit sans rien voir, sans pouvoir s'inquiéter plus encore. Bouger et gesticuler serait pire et ne ferait qu'aggraver le supplice. Un supplice, oui, c'en est un à n'en pas douter et le sang s'écoulant sur son visage, jusqu'à s'inviter entre ses lèvres et sur sa langue, ne pourra laisser croire à autre chose. Seul son oeil droit revient à la réalité, le second refusant de s'ouvrir, en proie à un déchirement insoutenable. C'est là, qu'elle le vit. Lui, Donatien Alphonse François, approchant à nouveau le morceau de verre de son visage. L'adrénaline lui offre alors un nouveau souffle, une pulsion de dernier recours. Elle cherche à détourner le visage, voulant éviter le nouvel assaut. En vain. Rien ne le détourne, rien n'y parvient, ni sa main libre venue lui prendre le poignet, ni sa voix s'élevant dans le caveau.

" Donatien ... Non ! Arrête ! NON ! RHAAA ! "

Il est trop tard. Elle se cambre et se tord pour le déloger. Un voile noir la recouvrant dans l'obscurité déjà trop présente, trop oppressante. Tout se brouille et se trouble. Elle porte enfin les mains sur son visage et se tourne sur le flanc quand, enfin, le Balafré s'écarte. Recroquevillée sur elle-même, dans la position fœtale originelle, elle gémit, mêlant larmes et sang à sa complainte avant de chercher à se relever en s'aidant de la table toute proche. En vain. Elle titube et s'effondre. Elle n'a plus la notion de distance. Elle ne voit plus, peinant à maintenir ses paupières ouvertes. La douleur est lancinante, pareille à une multitude de piques qui s'enfonceraient un à un et sans relâche dans les tissus organiques. Chaque clignement lui semble être un coup d'épée. Jamais elle n'aurait cru ressentir cela, encore moins pour ce qui lui semble être bien peu. Hélas... Si elle savait, si elle se voyait, alors elle comprendrait. " Je ne suis pas elle. Je ne veux pas. Je refuse de lui ressembler. Non, non, non ... Tu n'as pas fait ça. Tu ne le peux. " Nouvelle tentative pour se relever, mais cette fois-ci elle s'agrippe au bois et ne le lâche pas; pas avant d'être debout et de pouvoir s'accouder. La teinte écarlate sur ses mains était jusque là un plaisir sans nom à ses yeux, dès lors où les siens n'étaient pas mis en cause. Hélas, il est trop tard.

" RAH ! Non, non, non... Non... Pas ça... Non ! Non, non, non ... Non ... "

La Blanche se tait. Le corps repose de moitié sur le bois, soubresautant pour contenir rire ou sanglot, tel un pantin décharné prenant conscience de ce qu'il est, mais qui ne peut l'accepter.
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Merance
    Le clan Azzuro. C'était un peu comme apprendre à marcher pour Mérance. Mettre un pied devant l'autre, hésiter, trouver le point d'équilibre et avancer. La découverte à chaque instant de ce qui devenait son chez soi. Pour celle qui n'avait jamais vraiment eu un besoin de se sentir attaché à quelqu'un ou à quelque chose devait développer cet instinct et rapidement. Mais ce n'était pas là une mince affaire à l'âge qu'elle avait et avec la vie qu'elle avait mené jusqu'à maintenant. Toutefois, la sorcière qu'elle était apprenait doucement à laisser les choses venir à elle, à les ressentir pour mieux les faire siennes. Et ce n'était pas facile tous les jours, il fallait bien l'avouer.

    Mérance n'était là que depuis peu mais la première chose qui lui parut essentielle afin de se faire une place au cœur du clan était d'apprivoiser chaque personne. Et elle en était encore aux balbutiements, aux tâtonnements, aux hésitations. Chaque membre étant différent, elle réfléchissait beaucoup quant à ses choix pour l'approcher. Mais au final ce n'était pas vraiment d'eux qu'elle se méfiait le plus mais plutôt d'elle-même. Si la plupart des gens la surnommait la maudite c'était aussi pour son goût très prononcé pour la solitude. Mais allez expliquer à des inconnus qu'on vous avait maintenue enfermée toute votre vie... ça devenait vite compliqué aussi, et ceci malgré l'insistance des gens bien pensant qui lui avait fait la leçon du savoir vivre en société, elle avait continué son chemin, seule. Mais aujourd'hui, elle se rendait à l'évidence qu'il lui fallait compter sur les autres mais aussi inversement... les autres pourraient compter sur elle... Que de changements dans la vie de la rouquine à ce jour mais qui cela aurait pu étonner ? Mérance était une femme à la volonté de fer qui n'admettait pas la facilité.

    Depuis sa venue au monde, elle s'était battue. Battue pour survivre alors que sa mère n'en voulait pas et refusait de la nourrir, battue pour faire face à ce père qui la rejetait et la frappait lorsque le simple fait de croiser son chemin dans la forteresse le mettait de méchante humeur... battue pour échapper aux coups de celui à qui on l'avait donné en mariage afin de consolider les liens de la famille avec ce qui pourrait un jour servir. Si son père avait su... jamais il ne l'aurait jeté en pâture aux lions mais cet homme, cet ogre qui régnait en tyran sur sa famille finalement ne savait rien. Mérance l'avait compris depuis longtemps. Et c'était pour ça qu'elle y était retournée lorsque sa vie avait nécessité de trouver où poser ses valises. Aujourd'hui, elle avait décidé non pas de fuir mais de construire. Et ce n'était pas vers sa famille qu'elle s'était tournée. Non sa famille appartenait au passé, ce passé que l'on vomit dès que l'on s'en souvient tant il vous tire vers le bas. La rousse avait besoin de mettre de la distance entre eux et elle pour ne pas finir par détester le reste de ce qu'elle était. Il fallait dire aussi qu'on lui avait bien fait sentir qu'elle était l'intruse au milieu des siens. Sa jeune sœur ne lui faisait que des reproches et son comportement malsain lui avait arraché des envies de meurtre tandis que son frère aîné l'avait tout bonnement ignorée après un courrier... Le temps est assassin et emporte avec lui la naïveté et l'innocence. Aujourd'hui, Mérance le savait. Elle n'avait plus envie de tendre la joue droite afin de recevoir son dû. Aujourd'hui elle voulait prendre ce qui lui appartenait et faire de sa vie ce qu'elle voulait. Construire un temple au nom de ses croyances, donner le baiser de la mort à celui qui le mériterait, prendre soin de ceux qui étaient important à ses yeux... Alors elle construirait mais avec ceux qu'elle s'était choisis, les Azzuro. Décision extrême dans une vie ordinaire mais que cela plaise ou pas, la maudite avait au fond d'elle-même cette conviction absolue que rien ni personne ne devait choisir à sa place et qu'elle était là où elle devait être.

    Forte de cette certitude et de ce sentiment qui ne la quittait pas depuis le jour où elle avait rencontré Donatien en pleine rue, elle essayait donc d'agir comme si elle était chez elle. Plus facile à dire qu'à faire malgré tout mais elle essayait d'y mettre du sien. Aussi avait-elle commencé par apprivoiser la cave et son atelier aux potions. Certes ce n'était pas "comme à la maison" c'est-à-dire la maison du vieil Eusèbe mais ce n'était pas si mal que ça au final. Même si elle devait partager les lieux avec d'autres jeunes femmes, Mérance avait ramené ses petites fioles aux couleurs particulières dans lesquelles flottaient quelques mixtures de sa composition. Cela pouvait toujours servir et puis elle en aurait certainement besoin un jour ou l'autre, elle le savait, rien n'était fait à la légère dans ses prises de décisions.

    Descendant donc l'escalier qui menait à la cave avec dans ses bras quelques pousses fraîchement cueillies de "raisin de loup" avec lesquelles elle avait dans l'idée de confectionner un poison non pas mortel mais juste assassin pour paralyser la personne et la rendre malade. Sauf qu'il lui fallait trouver le bon dosage ce qui s'avérait une mission délicate puisqu'elle devait faire quelques essais sur des sujets qui ne manqueraient à personne... mais pour l'heure, elle allait enfermer son bien dans un petit coffre qu'elle avait posé dans un coin de l'atelier pour mieux réfléchir aux derniers tests qu'elle avait fait. Heureusement tout était consigné dans un langage propre à elle ainsi, Mérance pourrait reprendre les dosages et les améliorer.

    Marche après marche, ce fut le fracas et les cris qui l’interpellèrent. Un long frisson d'effroi la paralysa un instant, le temps pour elle de saisir ce qu'il se disait quand elle dévala les escaliers à toute vitesse, poussant la porte de la petite salle pour constater le triste spectacle. Ses prunelles allèrent du Rey à la pâle, de l'homme à la femme, de l'agresseur à l'agressée. Et son sang ne fit qu'un tour, elle jeta dans un coin son précieux bouquet de plantes pour se ruer vers Kelel qui tentait de se redresser tant bien que mal. L'incompréhension se lisait sur le visage de la Maudite mais son regard, lui, condamnait déjà l'homme à terre. Réminiscence de son passé, elle se trouvait à la lisière du supportable. Un voile de fureur, aux teintes obscures prirent possession de la pupille et ce fut avec dédain qu'elle jeta au visage de Donatien.


    - Tous les mêmes... toujours prompt à démontrer qu'ils sont au-dessus de nous en toute circonstance...

    Et la sorcière cracha sur le sol. Oh, elle n'avait rien contre Donatien car comme pour les autres, elle apprenait à le connaitre mais il avait ce qui généralement hérissait la maudite. Il était né homme et rien que pour cela elle le condamnait d'avance. Son expérience avec ce genre humain n'avait pas été des plus concluants depuis sa naissance, coincée entre meurtres et viols, la rousse savait que sa confiance était limitée en ce qui les concernait. Et là, le Rey venait peut être de réduire à néant le peu qu'elle lui accordait depuis leur rencontre.

    Son visage se détourna alors du balafré pour venir au plus près de Kelel. Déjà ses mirettes examinaient et faisaient l'évaluation des dégâts. Le carmin se répandait partout et faisait voir rouge à la sorcière car malgré ses dons et ses facultés à réparer les gueules cassés, il y avait des choses qu'elle ne pourrait effacer. Une fraction de seconde, elle ferma les yeux puis sa main se posa doucement sur l'une de la Reyne en murmurant.


    - Appuie-toi sur moi... je vais t'aider...

    Aider... que ce mot lui arrachait presque un haut de cœur tout en lui laissant un gout amer entre les lèvres de l'avoir prononcer. Aider lorsque l'on voyait les dégâts... ça tiendrait du miracle ou du fait de vendre son âme au diable afin d'effacer les traces de la rage passée. Mérance jeta un regard dans la direction de Donatien prête à lui arracher la veine qui battait à tout rompre dans son cou s'il faisait un pas dans sa direction. Elle ne savait pas manier les lames mais elle ne le laisserait pas continuer sur sa lancée.


    *Maudit soit l'homme de bonnes intentions qui osent s'en prendre aux siens !*

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En constante recherche de RP... n'hésitez pas à me MP
Donatien_alphonse
Battements d'un cœur qui s'accélère, la cadence est infernale si bien que douleur prend vie en sa poitrine alors que son regard toujours posé sur ses mains recouvertes de ce sang qui n'est pas le sien, ce regard qui perçoit pleinement la Pâle en second plan. Que venait-il de faire ? Impossible, il n'ose y croire, ça ne peut être lui, jamais ses mains n'auraient pu commettre telle atrocité à l'égard de.. Kelel ! Pourquoi être ainsi venue perturber le Rey un peu plus tôt, lui qui était plongé en une concertation mouvementée avec son hôte imposé du moment.

En sa tête, les cris et les supplices résonnent encore, prenant le dessus sur ce large bourdonnement qui jamais plus ne cesse. Un monstre, voilà ce qu'il en était, une immondice de la nature, un rebut sans doute, comment peut-il donc encore vivre, jouir de cette liberté sans faille, comment peut-il seulement ne pas se trouver en geôles lui qui représente un danger désormais fortement prononcé pour les siens.. et eux justement, comment peuvent-ils encore se tenir aux côtés d'un Roi qu'ils savent fou, tout n'est pas question de légendes.


"Ke.. Kelel.."

Quelqu'un vient ! Une flamboyante, s'il s'agit d'Owen' alors, il se peut que le balafré vive ses tous derniers instants. Mérance.. dernière arrivée au sein du clan Azzurro et qui plus-est, une Maudite qui pourtant, pourrait largement s'affirmer de part ses compétences et connaissances.
Elle tombe bien en cette cave, à cet instant.. car conscient du fait qu'il ne puisse remonter le temps, il pourrait alors retourner son geste contre lui et se crever un œil pour que la rousse soit arrivée plus tôt. Elle ne reste pas sans réaction et s'occupe déjà du cas de la Pâle. Lui.. devrait-il égorger la rousse et ensuite, achever Kelel ? Questionnement tiré de la base d'un égoïsme évident mais il n'en fera rien, non, le Roi fou se contentera d'assumer.

Les mains se posent à terre et lentement, il se recule, laissant son royal derrière frotter au sol, le regard toujours posé sur les deux face à lui. Qu'il ne dise rien, ce n'est plus à lui de parler maintenant et cette panique nouvelle qui le prend ne présage rien de bon. Non sans peine, le fou se redresse sur ses deux jambes, manquant de glisser à de nombreuses reprises, le voici qui prend la direction de la sortie, tête basse.. il lui faut disparaître et laisser en cette cave, un souvenir qui se voudra être des plus douloureux, le tout signé par l'emprunte de sa main contre le bois de la porte derrière laquelle il disparaît.
Ne pas s'attarder sur les autres membres du clan non, sortir vite, s'éloigner de ce lieu et c'est ce qu'il fait à vive allure jusqu'à ce que ses chausses viennent tâter le pavé. Regard circulaire tout autour de lui, une ruelle est empruntée lorsqu'il entend au loin ce qui pourrait être une monture.

Ne pas se retourner, il ne doit surtout pas se retourner, lui qui cède présentement à la panique, folie n'est plus.. les mains toujours couverte de sang se posent contre l'animal heureusement scellé sur lequel il se hisse. Violence est faite pour que la monture daigne s'avancer..
Et c'est un Roi fou qui s'éloigne alors de la Cour des miracles. Trouvera-t-il seulement la force d'y revenir un jour ? Elle est chez lui et pourtant, comment s'y sentir de nouveau bien suite à ce geste porté contre la Matriarche du Clan Cielo Azzurro, seule véritable Reyne des miracles en réalité..
Kelel
Comment croire en cette atroce réalité qui se peint devant elle ? Comment envisager, ne serait-ce qu'un instant, ressembler à celle contre qui elle s'était toujours dressée ? Comment pouvoir supporter cette vision parfaitement ignoble, faisant désormais d'elle l'idéale représentante et héritière du Clan Azur ? Seule une malédiction pourrait expliquer cet acharnement à l'encontre de la Famiglia Azzurro et ses membres. Balmung dit le Vieux avait été le premier à se voir privé d'un oeil, ensuite Morna, la Rose Noire et finalement elle-même. " Jamais deux sans trois, comme on dit. " Elle aurait dû s'attendre à recevoir un sort similaire au leur, pour autant et même si l'éventualité lui avait frôlé l'esprit, il lui semble encore impossible de percuter sur le " Comment ? " de cette malencontreuse aventure.

Elle avait toujours été, semble t-il, bonne et aimante envers les siens, plus encore à l'égard de Donatien qu'elle avait pris sous son aile, plusieurs semaines auparavant. Alors pourquoi ? Pourquoi lui ? La punition était sans doute méritée mais pas au point de payer un prix aussi élevé. Ce n'était là que le début de ses interrogations silencieuses. Pire encore, qu'allait-il advenir de sa souveraineté ? Combattre et repousser les intrus deviendrait plus difficile que jamais et dans la supposition où elle parviendrait à se défendre convenablement, il lui faudrait malgré tout revoir sa stratégie en conséquence de son tout nouvel handicap.

L'Azur ne prend plus garde à rien, se contentant maladroitement de se maintenir debout tout en appuyant sur la plaie pour calmer le saignement. L'espoir de l'arrêter est bien loin. Il s'est envolé, comme l'oiseau délaissant sa branche trop maigrelette pour trouver un meilleur perchoir où se poser. Jusque là, elle avait eu l'infime sentiment d'invulnérabilité propre à ceux qui sont fous, mais plus maintenant. Tout a basculé et le gout métallique en bouche ne fait que prononcer la défaite cuisante qu'elle vient d'essuyer. Epuisée, elle peine à garder ses positions, l'esprit embrouillé quémandant du repos plutôt qu'une nouvelle bataille à laquelle il ne pourra faire face bien longtemps. L'entêtement de la Pâle est grand, très grand et si elle décide de se tenir debout, elle le fera, peu lui importe de s'effondrer pourvu que son mental tienne bon jusqu'au moment critique. Stupide ? Sans doute en l'état, mais allez expliquer à la Matriarche qu'elle doit lâcher prise et s'en remettre à une tiers personne pour se tirer de là.


" Non, non, non ... Impossible. Je ne suis pas elle. Je ne peux lui ressembler ... "

Le regard balaye la pièce, remarquant enfin la dernière recrue à sa hauteur et Donatien qui, le plus discrètement du monde, cherche à se dérober. A ce moment précis, lorsqu'elle le voit s'approcher de la sortie, son sang ne fait qu'un tour, une montée de nerfs digne de son Nom. Céder ou résister à la tentation de le suivre ? L'idée est plaisante. Un rêve éveillé où elle se voit le transpercer de sa lame et effacer à jamais ce sourire éternel - celui-là même qui tente à faire penser qu'il se fout de votre trogne quelles que soient les circonstances. Déjà, l'un des bras s'applique à la faire se redresser dans un élan désespéré pour le rejoindre, mais jamais elle ne pourra l'atteindre, coupée dans son mouvement par une main se posant sur la sienne et quelques paroles soufflées. Le démantoïde quitte son point d'accroche pour se fixer sur la rousse. Perplexe face à ces mots qui résonnent étrangement dans sa caboche, elle la toise et hésite. Rares sont ceux lui ayant proposé de l'aide sans exiger un retour. Pour toute réponse, elle lui offre un haussement d'épaule, le regard se détournant déjà pour chercher Donatien, mais il est trop tard. Il a filé. La mâchoire se serre d'abord, puis finalement ...

" Donatien ! Crève, sale chien ... Je viendrai te dépecer moi-même pour porter ta sale gueule en masque au Carnaval ! "

Haletante et la gorge douloureuse, la Reyne ne donne pas plus suite, se contentant de pester intérieurement contre l'homme venant de lui ôter ce qu'elle avait de plus précieux : Son visage. Adieu métier de catin, bonjour railleries et coups d'oeil dédaigneux. Passer sa vie à se battre sans jamais que l'on touche à son minois pour finalement se voir défigurer au sein même de sa Bâtisse; de sa Cour et par celui en qui elle avait le plus confiance, quelle ironie. Mais soit ! si le destin en a décidé ainsi, alors elle jouera cette partie et reprendra son jeu passé. Terminée la douce et aimable Kelel. Obtenir un tel résultat pour avoir niaisement cru que cela payerait, quelle horrible déception. Déception qui ne tarderait sans doute pas à muer en haine. Après tout, sans doute devrait elle un jour admettre son amourachement pour le Rey afin de se défaire de ce manque de combativité et pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce. La vengeance a toujours été le moteur le plus puissant qui soit. Pourquoi se priver plus longtemps de cette ... force ? Il suffit de ranger ses principes dans un coffre et le verrouiller à jamais. " Tu peux fuir... Tu peux disparaître... Jamais je ne te quitterai. Je te retrouverai et te ... dévorerai. "

" M'aider ... Crois-tu seulement ... pouvoir rapiécer mon visage ?
Tu n'auras qu'à ... faire ton office à l'étage. Je ne peux ... rester ici plus longtemps.
"

Avec une lenteur exagérée, elle tourne la tête pour faire face à la Maudite. Tout aussi lentement, elle retire la main cachant jusque là le carnage et la laisse juger de l'étendue des dégâts.

Curieusement, une sensation d'apaisement s'empare d'elle; l'épuisement prenant le pas sur l'adrénaline et la laissant dans un état second parfaitement inapproprié. Pour parfaire le tableau, un rictus se déploie et se colle au coin de ses lèvres. Un raclement de gorge, ensuite un crachat puis, calmement, elle longe la table en s'aidant de celle-ci pour ne pas tomber et rejoint les escaliers. L'épaule appuyée au mur, elle marque une pause et désigne du menton la porte voisine avant d'entreprendre l’ascension et de quitter les lieux.

Ainsi donc le virage venait de se faire et laissait derrière lui l'atelier dans un piteux état. Eclats de verre et sang se mêlent à même le sol pour imprégner définitivement le caveau de ce souvenir fou et douloureux.

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