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[RP] Piaule de Kelel

Lirya.
A l'étage, Chambre (5, sisi faut consulter l'plan) de Kel et lili.



Enfin chez eux. Oui, chez eux, elle était du clan aussi maintenant la rouquine! Le bâtiment est assez grand, il est poussiéreux, mais il est au clan, et c'est largement suffisant. Ici, lili cherchait surtout un coin où se reposer et un lieu à partager avec les autres, ceux qu'elle connait comme ceux qu'elle ne connait pas encore. Mais il lui fallait aussi une piaule où dormir, alors quand Kel avait choisie sa chambre, ni une ni deux lili avait investie les lieux également. Partager la chambre était dérisoire, mais la Renarde aimait partager tout ce qu'il était possible avec sa compagne, et ça n'en faisait pas exception. Malgré tout et bien évidement, tout le monde était invité à y entrer! A leur risques et périls toutefois....

La pièce d'ailleurs n'était pas très grande, le lit, un seul, occupait tout le mur du fond, un vieux tapis poussiéreux couvrait le centre de la chambré. Rien de bien palpitant mais la déco sera refaites. La particularité de cette chambre résidait surtout sur le fait qu'elle était collée au bureau et au lieu de concertation, et même plus, il fallait le traverser pour se rendre à la chambre. Pratique pour la blonde, sans doute un peu moins pour la rouquine mais qu'importe!

Bien rapidement, quelques affaires avaient été déposés en vrac. Enfin... Quelques affaires... Presque tout ce qu'elle possédait en réalité, tout tenait dans un petit baluchon, elle ne possédait quasiment rien la rouquine. Aucun cadeau matériel, aucun objet auquel elle tenait réellement. Juste quelques habits de rechanges, une petite dague toute neuve, une chaîne ainsi qu'un anneau finement ciselé qui pouvait s'ouvrir et se fermer, servant à cadenasser la chaîne. Tout avait été jeté en tas dans le coffre. Hop, rangé !

Une grimace étira les traits de la rousse malgré tout... Instinctivement la main se porte sur la brûlure, marque de son appartenance au clan. Elle avait toujours mal par moment, mais ça passerait avec le temps... "il faut que je lui apporte la robe d'ailleurs..." C'est que le Don', il voulait l'avoir, la robe qu'elle avait portée pour la cérémonie de son épreuve pour entrer dans le clan. Allez savoir pourquoi... Mais autant profiter de l'occasion. Un saut dans la caverne de Don', la robe lui sera offerte, puis elle reviendra. Ou ira se promener, qu'importe.

La robe est donc empoignée et le saut effectué.


Edit Kelel : Modification du nom de topic
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Lirya.
Voilà. Quelques jours après son introduction officielle au clan, rien n'allait plus. La Rouquine regardait s'éloigner Kelel, elle se sentait abandonnée, délaissée. Ca ne datait pas d'aujourd'hui... Depuis le départ de Narbonne en fait. Depuis qu'elles ont commencées à voyager avec le Clan. Constat amère pour la rousse. Elle n'avait été qu'une distraction de passage pour la Pâle. Une "transition" jusqu'à ce qu'elle reforme le Clan. Et puis, dès que le Clan s'était reformé, elle avait changée. Subitement, en même temps que le voyage débutait, elle s'était détournée et l'avait abandonnée.

Au départ, elle avait pensée pouvoir la garder comme avant, comme à leurs débuts. Elle était restée et avait passée des soirées à parler et à râler, il faut bien l'avouer. Un soir même elle s'était emportée, avait déversée leur chambre dans une auberge, et elle s'était cassée la main sur un mur, préférant taper dedans plutôt que dans sa compagne. Elle pensait que l'humeur de Kelel était passagère, mais non. Il y avait eu du mieux, pendant deux ou trois jours, avant de sombrer à nouveau. Elle était allée jusqu'à se faire marquer au fer rouge pour la chef du clan, pour lui montrer qu'elle s'offrait à son groupe, l'intégrait, et qu'elle était prête à bien des sacrifices pour elle.

Alors il y a eu cette goutte d'eau, quand le vase est déjà plein, vous connaissez l'expression? C'est un peu ce qu'il était arrivé à Lili, à son esprit. Une déception de plus, une nouvelle fois abandonnée par la Pâle qui voulait toujours être seule et ne partageait rien, puis une nuit à ruminer et voilà. Lili était devenue... une enveloppe vide. Elle ne pensait à rien d'autre qu'à la blonde, et au constat dur et douloureux qu'elle ne comptait pas dans l'esprit de Kelel comme Kelel comptait dans le siens. Alors l'idée de partir lui a traversé l'esprit. S'enfuir. Elle le lui disait, au commencement, avant même qu'elles ne soient compagnes. Elle le lui avait dit à Kel, ce qu'elle sait faire de mieux la rouquine, c'est fuir.

Il y avait les autres du clan aussi. Elle les appréciait. Owen, la demi sœur, celle avec qui elle prévoyait de faire le duo parfait de rouquines. Don', qui lui avait fait passer un moment inoubliable en la marquant, le Rey Fou de la Cour. Hénora, la petite russe que Lili appréciait beaucoup aussi, au début elle servait même de traductrice et aidait la brune à comprendre quelques mots. Il y avait le bossu aussi avec qui elle avait partagée quelques chopes, puis Gild, puis... D'autres qu'elle n'avait qu’aperçue .... Les abandonner tous? Oui c'était l'idée, rester au clan et poser son regard sur Kelel lui était insupportable, elle l'aimait trop pour ça.

Mais ne croyez pas qu'elle le regrettait. Si l'histoire était à refaire, elle recommencerait aux cotés de Kelel. Elle l'aimait, plus que tout même, comme il lui plaisait de le dire à la Pâle. Et ça ne changeait pas, aussi amère qu'elle était, aussi énervée, aussi... froide et folle alors que la folie s'emparait d'elle, elle continuait d'aimer Kelel. C'est littéralement ce que l'on appelle "aimer à la folie" d'ailleurs. Là elle sombrait désormais, elle allait partir, s'enfuir, ne plus jamais se retourner. La suite du programme? Affronter cet homme par qui tout avait commencé, celui qui était responsable de sa folie, et de tous les maux qui l'affligeait depuis toujours. Son père, Ragart. Elle s'était mise en tête de ne plus fuir, pas cette fois. D'affronter son passé, cet homme, de le tuer, ni plus ni moins... Puis sans doute d'aller finir ses jours dans un coin, isolée de tous. Elle avait aussi en tête de tuer quiconque se mettrait en travers de son chemin. Rien ni personne ne l'arrêterait plus. Rien ni personne ne compterait plus pour elle.

Alors elle était passée au clan, à sa chambre, pour se préparer. Les affaires étaient vites rassemblées en un baluchon, seule la robe rouge, celle là même qu'elle avait achetée pour faire plaisir à la Pâle, resterait ici. Elle était déposée sur le lit, bien en vu, pour faire passer le message à Kelel. Malgré tout, le baluchon était resté posé sur la petite table. Avant de partir, elle voulait passer une dernière fois en taverne, peut-être y croiser du monde...

Mais la rousse ne prendra jamais la route, et ses affaires ne bougeront pas... Elle s'était bien rendue en taverne, y avait croisée la Pâle et la petite Alice. Mais lili n'était jamais ressortie vivante de ce trou perdu et peu fréquenté. Un rayon de lune filtrant à travers la fenêtre de l'auberge. Voilà la dernière chose qu'avait vue la Renarde avant de se faire massacrer. Une vie d'errance, à fuir tout le monde, à fuir ses problèmes, pour finir amoureuse de la Pâle, se sentir abandonnée, et tomber sous les yeux de celle-ci, massacrée dans une taverne miteuse. Voilà l'histoire de Lirya. Pas de fin glorieuse pour elle, pas même le droit à cette vengeance tant mérité contre son père. Non, rien qu'une mort horrible, le corps détruit au hachoir sous les yeux de celle qu'elle aimait.

La vie la quittant, quelques pensées la traversaient encore, alors que son esprit s'envolait et se faisait sourd aux protestation du corps douloureux, qui sentait la lame s'enfoncer plusieurs fois en elle. "je vais enfin rejoindre le Sans Nom"..... "Je pars... Enfin... Je suis délivrée...".... Et la dernière pensée, allait évidement à la Pâle. Elle voulait lui dire ce soir là, une dernière fois, qu'elle l'aimait plus que tout. Mais elle n'en avait pas eu l'occasion, ni le temps...

Sa vie s'était achevée. Aujourd'hui ne reste qu'un fantôme en ces murs où ses affaires sont encore posées, prête pour le voyage qui n'aura jamais lieu. Et peut-être quelques souvenirs dans la mémoire d'une personne ou deux, qui se souviendront de Lirya. Pas sur, elle n'avait rien fait de marquant dans sa vie.

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Merance
    [Après la tragédie de la cave ]


    Kelel, la matriarche. Voilà ce qui résonnait dans l'esprit de la maudite. Elle devait la sauver ou du moins faire son possible pour qu'elle ne claque pas entre ses doigts. Mérance savait que certains ne supportaient pas la douleur, qu'à un moment donné, le point de rupture pouvait être atteint et que la personne partait sans faire de bruit, fermant les yeux à tout jamais. Et là, il était hors de question que cela arrive, pas avec elle, pas entre ses murs et pas Kelel !

    La détermination de la rousse lui avait fait suivre la matriarche jusque dans sa chambre, première fois d'ailleurs qu'elle y pénétrait et d'un grand coup de respiration, elle s'était fermée à tout ce qu'elle pouvait ressentir en ses lieux. L'habitude d'être une éponge à émotions, elle se devait de rester en pleine possession de son esprit et de ses moyens pour faire ce qui devait être fait. Et à peine entrée, elle intima l'ordre à celle qui l'impressionnait quelque peu de s'allonger tout en arrachant un bout de sa chemise afin de l'appliquer sur les plaies faisant ainsi un point de compression. Elle prit une main de la pâle qu'elle guida jusqu'au linge puis disparut de la pièce.

    La chambre de Mérance était au même étage que celle de Kelel ce qui lui simplifia grandement les choses. La porte s'ouvrit à toute volée et déjà la rousse se précipitait vers le coffre posé dans un coin. Tirant avec frénésie sur la chaine qui pendait entre ses seins, elle en sortit une petite clé, détentrice des trésors de Mérance. Un clac se fit entendre et enfin elle put juger de ce qu'elle avait pu entreposer là et qui lui serait utile. Les doigts déjà fouillaient vivement la malle, soulevant des fioles de couleurs peu recommandables, cherchant les remèdes mais aussi le matériel. Fils, aiguille d'une finesse absolue. Il était hors de question de faire du visage de Kelel une curiosité hideuse que les gens ne feraient que remarquer. Mérance attrapa donc une besace et y colla ses préparations et tout le reste avant de se relever et de courir jusqu'à la chambre de la pâle.

    D'abord, elle versa une mixture à base de pavot dans un bol qu'elle avait emporté avec elle. Elle avait ses repères dans cet ustensile mais la main se fit plus lourde afin de servir un breuvage des plus costauds à la matriarche. Il n'était pas question qu'elle se mette à râler ou à gesticuler lorsque les choses prendraient le pas dans la douleur, hors de question qu'elle contredise la rousse aussi. C'était elle qui tenait les rênes et qui décidait. Et Mérance voulait avoir la paix !

    - Bois ça et d'un trait. Je te préviens, pas la peine de me dire non. Tu n'as pas le choix où je te laisse souffrir et j'interdis qu'on vienne te soigner. A cet instant c'est moi qui commande et si tu veux que je fasse mon office comme tu me l'as dis tout à l'heure, tu te laisses faire.

    C'était sans appel. Le ton était ferme et le regard de la rousse sur la pâle noir comme l'ébène. Au sol, Mérance disposa des plantes sur plusieurs plats et avec l'aide de la bougie, elle alluma les brindilles qui de suite, se mirent à fumer légèrement dégageant une odeur agréable à respirer. Puis se fut l'instant où tout aller se décider, comment opérer, comment rafistoler, comment faire que cette tragédie ne se finisse pas en eau de boudin. Les doigts de la maudite se firent léger et doux dans leurs mouvements et avec une délicatesse accrue, ils retirèrent le linge qu'elle avait appliqué afin de faire cesser le sang de se déverser. Le visage de Mérance se rapprocha pour se poster à quelques centimètres de la blessée qu'elle lava avec précaution.

    - Je suis désolée si je te fais mal… ça ne durera pas. Le pavot va t'aider et tu auras bientôt l'impression de flotter…

    Mérance ferma un peu les paupières, inspira, s'imprégnant à son tour de l'odeur qui embaumait la pièce désormais. Sa tête vacilla imperceptiblement puis ses lippes s'étirèrent d'elle-même en une sorte de sourire angélique. Elle avait beau être habituée aux effets des plantes, depuis toutes ses années, à chaque fois elle ressentait un sentiment d'apaisement qui lui permettrait de travailler sans fatigue jusqu'au bout de la nuit s'il le fallait. Car le plus facile avait été fait, nettoyer la plaie et la désinfecter. Il ne restait plus qu'à se mettre au point de croix et faire des chairs meurtries une dentelle qui saurait convaincre sa propriétaire qu'il y avait une vie malgré tout. Et Mérance se mit à marmonner des serments et des prières dans une langue qui lui appartenait tandis que ses doigts couraient sur la blessée.

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En constante recherche de RP... n'hésitez pas à me MP
Kelel
L'Azur, l'esprit embrumé, avait rejoint sa chambre tant bien que mal. Chambre dans laquelle elle ne mettait, pour ainsi dire, jamais les pieds, se contentant d'y jeter ses affaires pour déguerpir aussi sec. Avoir une bâtisse était commode il fallait l'admettre, mais lorsqu'on avait pour habitude de loger sous des combles abandonnées il était difficile de se sentir chez soi dans une pièce aussi exiguë que celle-ci. L'atmosphère de la chambre était pesante, elle empestait la Mort depuis le passage d'arme à gauche de la jeune rousse qui avait pris grand soin de déposer ses biens icilieu avant de disparaître dans d'horribles circonstances, quelques semaines auparavant. Rien n'avait bougé, seule la poussière était venue s'installer dans le moindre pli ou interstice. Jamais la Matriarche n'avait daigné revenir, jugeant que sa place n'était pas ici et ne le serait jamais plus, mais si aujourd'hui elle devait s'éteindre, elle estima bon que ce soit là.

Vacillante, elle avait gagné le lit du mieux qu'elle avait pu en s'aidant du mur pour se maintenir droite, suivie de près par Mérance qui lui ordonnait de s'allonger. Sérieusement, s'allonger ? On lui disait souvent de le faire ça, mais clairement pas dans ces circonstances et même si l'ordre lui tira un sourire, ce dernier s'envola bien vite pour laisser la place à une grimace. Mais soit. Elle n'était pas en position de force et préféra obtempérer sans rechigner. Elle l'observait sans broncher et lui laissa le soin de s'affairer comme elle l'entendait. Il n'était pas franchement dans son intérêt d'interférer dans la méthodicité de la Maudite. Pas aujourd'hui, demain peut-être. Etrangement obéissante et silencieuse, la Pâle suivait les allées et venues de la jeune femme, s'interrogeant au passage sur ses compétences dont elle ignorait encore tout. Clamer des choses était monnaie courante dans le coin et si jamais la Sorcière était de ceux qui pipotent comme ils respirent, il en était fini d'elles. D'elles deux, oui, car si la Matriarche venait à devenir un véritable fantôme, elle ne donnait pas cher de la peau de la rouquine.


" J'ose espérer que tu sais parfaitement ce que tu fais ... Si évidemment tu tiens ... à la vie, chérie. "

Finalement, elle lui tendit un bol contenant une mixture douteuse. La vie lui avait appris à ne jamais ingérer ce genre de choses dans le cas où ces dernières seraient poison, filtre d'amour ou tout simplement de la pisse fermentée. Ca s'était vu tout ça et à maintes reprises, aussi n'était-elle pas franchement convaincue par l'idée d'avaler la préparation. Elle s'apprêtait à l'ouvrir et pester quand Mérance s'en chargea elle-même, lui exigeant de boire et, en gros, de ne pas lui casser les ovaires en rechignant d'une quelconque manière. Le regard, bien que désormais barré de moitié, se posa sur elle et la dévisagea. Savait-elle réellement à qui elle parlait, là ? L'envie de lui en décrocher une lui traversa l'esprit, mais forcée de constater qu'il serait à son avantage de se conformer à la volonté d'une autre, elle n'en fit rien et hocha mollement la tête, ravalant sa salive avant d'enquiller le breuvage d'une traite. Tout en grimaçant, elle reposa le bol et hoqueta, chaque soubresaut intensifiant la grimace due à la douleur lancinante que celui-ci créait.

" C'est un peu ... dégueulasse ton truc là ... T'aurais pu m'filer d'l'Amarante, j'suis sûre que j'aurais piqué du nez plus vite qu'avec c'truc d'charlat... sorcière. " " Tiens ta langue, vérole. " " Hum. Tu excuseras ma vision étriquée des médicastres en tout genre. Ca fait des lustres que je les évite et la dernière n'a laissé qu'un long et douloureux souvenir dans mon dos. " La Rose Noire, petite fleur bien peu délicate qui, même morte, continuait de la piquer à vif à la moindre occasion. Un jour, elle retournerait aux Catacombes simplement pour raviver le doux souvenir de sa lame s'enfonçant dans la frêle poitrine. L'odeur âcre des corps pourrissants, le craquement des os, le flux vital jaillissant à chaque coup venant moucheter son visage, puis le dernier râle s'échappant des lèvres de la Morne. Merveilleux souvenir que celui-ci. Perdue dans ses rêveries, elle ne faisait même pas attention à la Maudite qui continuait ses préparatifs, si bien que ce ne fut que lorsque les volutes de fumées se dessinèrent devant elle et lui chatouillèrent les narines qu'elle sortit de son songe éveillé. Réflexion faite, la décoction valait peut-être le détour même sans en avoir besoin. " Me faire mal ... Ai-je l'air d'une pucelle qui s'évanouie d'un rien ? J'ai sans doute enduré plus de douleurs que tu ne peux l'imaginer, les pires n'étant pas toujours celles qui laissent des marques, crois-en mon expérience ... Mérrrance. "

La Blanche se fit silencieuse de nouveau, l'oeil rivé sur la dernière recrue, cherchant à lire en elle comme dans un livre ouvert. La jeune femme ne ressemblait en rien aux cas que l'on rencontrait à la Miracle habituellement et c'est ce qui la troublait. Elle semblait pleine de bonnes attentions et rien dans ses paroles ne laissait penser qu'elle avait mauvais fond. Un brin trop gentille, peut-être ? Sans doute cachait-elle derrière ce masque souriant un passé nettement moins glorieux pour oser venir se perdre dans les bas-fonds. On venait rarement à la Cour pour un simple dépaysement, encore moins pour signer à vie auprès d'un Clan de fous simplement pour tuer son temps libre. Tout finissait par se savoir, sans exception.

" La Maudite, hein ? Un peu violent comme surnom, mais tout à fait ... charmant. J'ai pas eu d'résumé très clair à ton sujet. Qu'est-ce qui ... t'amène chez moi ? Une histoire insensée, en l'occurrence la tienne, m'irait bien. "

Elle posait la question avec le maigre espoir d'obtenir une réponse sensée, déjà parce qu'elle n'avait pas tourné la chose dans le sens voulu, ensuite parce qu'elle savait plus que quiconque qu'il était d'une facilité enfantine de raconter tout et n'importe quoi aux inconnus. Même si eux, les Azzurro, n'en étaient plus vraiment aux yeux de Mérance, ils n'étaient pas non plus ce que l'on pourrait appeler " des proches ". Pourtant et au vue de la proximité des deux protagonistes, on aurait pu le croire. Laisser ainsi son visage entre les mains d'une presque étrangère était contre tous ses principes. Elle n'avait plus confiance en personne. Donatien avait été la goutte d'eau faisant déborder son vase. Il l'avait trahi; sa folie avait beau être responsable, c'était tout de même sa main qui l'avait esquinté, elle. Elle, Kelel del Cielo Azzurro, véritable souveraine de cette Cour. Elle, celle qui lui avait livré la Miracle sur un plateau d'argent en usant de son Nom. Elle qui aurait tout fait, pour lui. Elle, qui se faisait recoudre le visage au sein de sa chambre, de sa bâtisse, de sa Cour des Miracles, par une Sorcière psalmodiant dans une langue qu'elle ne comprenait pas.

" Que ... racontes-tu ? " Tant de questions et si peu de temps.Ce n'était là que de simples diversions, elle cherchait à éviter celle qui lui brûlait les lèvres. Elle sentait que quelque chose n'allait pas. Elle gardait la paupière gauche close, refusant la vérité à laquelle elle n'était pas prête et ne le serait sans doute jamais. Il était catégoriquement impensable de devenir comme Eux. Comme Elle. " Merance, mon chat ... Mon oeil ... il est voilé ... Enfin, non ... Je ne ... vois rien. Est-il ... ? "
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Merance
    Elle avait souri Mérance lorsque la matriarche avait émis quelques sous-entendus sur sa survie. Elle, tenir à la vie ? Elle la traversait sans vraiment savoir pourquoi et même si elle appréciait fortement ce qu'elle y faisait, elle savait qu'un jour ou l'autre tout s'arrêterait et que personne ne pouvait prédire quand !
    Elle-même avait passé un pacte avec les dieux mais s'ils leur venaient l'idée d'en avoir assez de leur petit jouet, la maudite finirait en charpie plus vite que prévue.

    Continuant à soigner tant bien que mal les plaies du visage de Kelel, la question à laquelle elle ne s'attendait absolument pas sortit des lèvres de la Reyne. Suspendant son geste, Mérance eut envie de faire une galipette verbale afin de se sortir de cette situation mais elle savait que ça ne fonctionnerait pas. La matriarche était une femme intuitive à ce qu'il se murmurait et elle aurait aussitôt fait d'avoir Mérance dans le collimateur. Alors la rousse se plia bon grès, mal grès à cette curiosité et lui répondit tout de go.


    - Je ne sais pas si c'est charmant, il faut demander à ceux qui sont morts d'avoir osé trop m'approcher mais je pense qu'ils vont être plutôt réticents à te répondre…

    Un sourire narquois vint étirer les douces lèvres de Mérance. Mais bien vite, cette dernière reprit son office et continua à lâcher quelques bribes d'informations afin de combler le silence trop lugubre qui oserait s'installer.

    - A ma naissance, ma charmante mère a persuadé mon père que la main du malin s'était posée sur moi… forcément, je possède une marque sur le corps… tout de suite, ils en ont conclus que… du coup, j'ai été mise à l'écart, enfermée jusqu'à ce que mon paternel trouve une pauvre âme qui aurait besoin d'une épouse pas trop moche afin de satisfaire ses besoins. Du coup, j'ai été "vendue" à quatorze ans afin que ma famille en retire quelques bénéfices bien évidemment. Et mon mari était tout autant pervers que mortel…

    Le rictus qu'offrit la bouche de Mérance valait tous les discours du monde. Sa famille, elle l'avait maudit à plusieurs reprises et aux vues de ce qu'elle devenait, elle savait que sa prière avait été entendue. Bienheureuse était-elle désormais car plus rien ne saurait la faire revenir en arrière. Adieu baron, parents, petits bourgeois mal endimanchés, fratrie aux mœurs scandaleuses, mari aux os putrides, elle était devenue, à leur contact, bien plus forte que ce qu'il paraissait. Redressant le visage, la maudite vint à regarder dans son ensemble celui de Kelel et d'un geste doux, du revers d'un doigt, elle en caressa légèrement la joue avant de continuer.

    - Finalement, ils m'ont fait devenir ce que je suis… je n'éprouve aucune pitié à tuer mon prochain, je n'ai aucun état d'âme ce qui soulage mes nuits et ne provoque aucun cauchemar… je ne plains pas non plus la mère qui veut se débarrasser de son enfant à peine remuant dans ses entrailles et encore moins celui de ses amants qui aura son entrejambe en feu… je sais qu'un jour ou l'autre je paierais le prix fort. L'inquisition voudra me faire abjurer mes croyances et mes profondes convictions…

    Mérance haussa les épaules d'un geste de fatalité. Elle se releva avant d'aller jeter son linge dans une bassine et de s'essuyer les mains. Le dos tourné, le regard perdu et concentré sur un point invisible à l'horizon, elle marmonna.

    - Peut être que ce sera mieux pour tout le monde, le jour où je ne serais plus de ce monde…

    Puis elle se retourna en entendant Kelel l'appeler. La rousse revint sur ses pas pour regarder ce visage aux traits déchirés par l'œuvre de ce cher Roy. Aucune émotion ne put se lire sur le visage de la rouquine, elle avait oublié depuis longtemps ce à quoi cela ressemblait un sentiment mais elle ne put que se pencher sur la matriarche afin de lui murmurer, tout bas, contre son oreille.

    - Je suis désolée pour toi Kelel, ton œil… est perdu. Le coup a été trop profond, je n'aurais rien pu faire…

    A quoi bon mentir et donner de faux espoirs alors que c'était perdu d'avance. C'était ainsi, Donatien dans sa folie avait sombré et on ne pouvait pas revenir en arrière… jamais !

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Kelel




Elle écoutait dans le silence le plus pesant qu'elle puisse donner, comme absorbée, bercée même, par les mots s'extirpant sans difficulté des lippes de la Sorcière qui dévoilait ainsi une partie de son histoire. La Pâle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire fébrile à l'écoute de ce court monologue, tiraillée entre l'envie de s'esclaffer et celle de la plaindre. Les sentiments étaient une chose bien peu maîtrisée chez elle et ce depuis trop longtemps pour pouvoir y remédier, aussi se contenta-t-elle de hocher mollement la tête lorsque les gestes de Merance le lui permettaient.

Enivrée, elle ne prêtait plus gare à la douleur, préférant de loin faire au mieux pour éloigner ses fugaces appréhensions quant à la suite. Si jusque là elle avait toujours été en position de force -bien que très relativement- il en serait tout autre dorénavant. Car oui, elle se crispa aux derniers mots de la rouquine; ceux qu'elle lui avait soufflé à voix basse dans un possible espoir d'amoindrir la sentence; le verdict fatal tombant d'un coup sec comme l'aurait fait la lame d'un bourreau sur la nuque de sa victime. Quand la brève caresse sur sa joue lui avait donné un maigre réconfort, la dernière phrase, elle, lui avait asséné une estocade de plein fouet. S'il était une vérité inconcevable jusque là, c'était celle-ci: Devenir Borgne; porter la malédiction des Azur et l'afficher aux yeux de tous. Sauf les aveugles, eux auront la chance de ne pas avoir à détourner le regard.


Ainsi soit-il ...

Sourire; se forcer à afficher un faux-semblant de "jemenfoutisme" pour ne rien laisser paraître et ce même si l'âme bouillonne dans son carcan de chair et d'os, au point de faire tourner sa tête à la Matriarche. Les volutes, ce breuvage et maintenant ça... Comment ne pas chavirer, s'égarer et définitivement se perdre ? Pour l'heure, sa folie se taisait, elle était muette et patientait dans les limbes tortueuses d'un esprit qui combattait vainement depuis des années pour se maintenir à la surface. Sombrer... Elle sombrera, plus tard mais pas maintenant, pas encore et tous verront de quoi il retourne quand l'aliénation est à son apogée. Elle portera le masque de l'indifférence pour mieux se jouer de ceux qui l'avaient trompé et frappera fort lorsqu'ils ne s'y attendront pas le moins du monde. La Folie est une chose bien maladroite et dangereuse pour qui ne sait pas la tenir en laisse; mettez-lui une muselière et elle deviendra plus agressive encore; laissez-la se muer en vous et elle deviendra la plus fidèle des alliés. Le Traître n'avait su gérer la sienne; Kelel ne ferait pas cette erreur.

Et de porter le regard sur celle qui venait de lui sauver la mise en rafistolant son visage, lui offrant ainsi le plaisir de pouvoir encore sortir et vivre malgré tout. Survivre.


Je te remercie, Merance... Tu es ici depuis peu, mais je te dois déjà une fière chandelle pour le travail accompli... Tu auras ma reconnaissance le moment venu et dans cette attente tu as mon respect.

L'Azur releva une main et effleura les contours du visage de la Sorcière, avec légèreté et une pointe de maladresse à cause de ses sens grisés et la fatigue tombant brusquement sur ses frêles épaules.
L'épée de Damoclès avait chuté et pourtant ce n'était que le début. L'impact d'abord, la déflagration ensuite. " Amen "


Tu as ta place ici et la Reyne saura le faire savoir à qui osera en douter. J'ai une dette envers toi, Fatina*. N'oublie pas cela.

Petite Fée * en italien.
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Owenra
[Bien après le crevage d'oeil, bien après la venue du chef des voleurs, bien après la pseudo-attaque de la Cour]

    Retrouvons notre Owen' préférée quelques mois après tous les événements marquants du domaine Azzurro. Après un voyage à Narbonne durant l'été, une longue attente là-bas, une rupture d'abstinence, une procréation, un gros changement tant physique, que mental, de nouvelles mœurs, un nouvel ami et surtout. Seule et engrossée.
    Elle se pointe donc, les cheveux coupés courts au niveau des oreilles, devant la porte de la chambre de la Pâle. Modingus, le mâtin qu'elle a acquis durant l'été, sur ses talons, observe la porte qu'elle a ouverte. Une main sur un ventre grossit par un cinquième mois de grossesse bien entamé, se crispe sur le tissu de sa chaisne blanche.

    Donc notre Renarde en cloque, entre dans la chambre de la Borgne. "Qu'est-ce-qu'elle vient y faire ?" me demanderiez-vous, à juste titre. C'est vrai que la Flamboyante n'a pas pour habitude d'envahir l'espace vital de la Scintillante. Sauf pour aujourd'hui. Sauf pour cette fois. Par quoi commence-t-elle une fois entrée ? Par se diriger vers l'armoire remplie d'une garde-robe imposante de Kel. Lentement, mais sûrement, elle vide le meuble, extirpant les vêtements un-à-un et les rassemble sur le lit. D'ailleurs, elle accomplit sa besogne en sifflotant presque gaiement. Effectivement, elle est en train de vider la chambre de la Blonde.

    Mais pourquoi ? Me susurrez-vous subtilement à l'oreille. Oh... C'est très simple, elle se venge de son aînée. Et pourquoi ? Eh bien... Parce qu'elle a abandonné le clan, et surtout la Rouquine, enceinte, qui a donc plus que jamais besoin de soutien. Cette dernière ne dit rien à personne mais qu'est-ce-que cette situation peut l'angoisser. Fierté et orgueil obligent, elle continue à afficher un air confiant, malgré le mal que sa sœur a pu lui faire. Il ne faut pas qu'elle montre son angoisse aux deux gamines qui continuent de l'accompagner : Alice et Larah. Une femme enceinte seule sur les routes avec deux gamines et un chien. On pourrait presque en faire un conte tragique.

    Enfin voilà, et pour une autre raison, que nous n'éluciderons pas ici, elle se venge et fouille la pièce à la recherche de toutes les bouteilles d'amarante qu'elle peut trouver. Quatre sous le matelas. Cinq dans la table de nuit, une vingtaine dans l'armoire et la voilà bientôt avec une bonne trentaine de bouteille de l'amarante de sa sœur. La boisson préférée de la Blonde. Un sourire sans joie orne les lèvres de la Rousse une fois sa bonne besogne terminée dans cette pièce. Lorgnant la fenêtre, elle n'hésite pas une seconde et, plutôt que de se fatiguer à faire des aller-et-retours entre le haut et le bas du domaine, elle décide d'ouvrir le volet. La lumière pénètre dans cette pièce presque toujours fermée. Sans ménagement, elle attrape une bouteille, vise la fenêtre et la balance sur le carreau qui se brise, évidemment. Elle attend ensuite quelques secondes histoire d'écouter la bouteille s'écraser sur le parvis en contrebas et réitère l'opération avec toutes les bouteilles.

    L'amarante dilapidée. Elle sait pertinemment que la Pâle enragera comme jamais. Mais comme la vengeance est un plat qui se savoure jusqu'à la fin. Les draps de soie qui recouvrent le lit sont utilisés comme baluchon pour transporter la montagne d'habits qui constituaient la garde-robe de la Borgne. Des habits peu voire pas portés pour la plupart.
    Lentement, sûrement, elle quitte la chambre après cette fouille minutieuse qui ne laissera ni habit, ni bouteille d'amarante, ni draps. Elle quitte le domaine et se dirige vers l'endroit où se regroupent les fanatiques, son lourd fardeau sur le dos.

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Kelel
[ Quelques temps après "Le Grand Nettoyage" ]



Paris. Cour des Miracles. Quartier Azur, ou plutôt ce qu'il reste de la Bâtisse du Clan, car oui, le Temps avait déjà commencé son office, dégradant petit à petit l'édifice -un peu plus encore. Et ce n'était pas les soins prodigués par l'Oeil de l'Azur qui sauraient masquer les ravages déjà faits, quand bien même il y mettait la meilleure volonté du monde. Mais revenons à notre principale intéressée en ce jour : Kelelorna del Cielo Azzurro, dicte la Pâle. Notre Azurée nationale avait foutu le camp voilà plusieurs semaines, après un violent ras-le-bol, abandonnant dans le Sud sa petite troupe afin de poursuivre en charmante compagnie. Les jours étaient passés, se ressemblants tous plus ou moins, mais immisçant un peu plus à chaque instant le désir irrépressible d'un retour aux sources. La source. Ainsi donc, après avoir été récupérée, contre toute attente, la Pucelle qu'elle avait lâchement laissée en arrière, Kelel avait décrété que l'heure de refaire surface était venue. Bon, certes, elle avait une fois de plus mis de côté son ancienne amante pour regagner, la première, ses quartiers -le besoin d'alcool après une longue chevauchée se faisant sentir, ne nous mentons pas.

La porte dérobée fut ouverte dans un grincement sourd, suivi d'un écho et d'un claquement reconnaissable entre tous. Fâcheuse habitude que celle-ci, mais avouons que sans cette violence gratuite à l'égard des issues, Kelel ne serait pas elle-même. Ceci fait, et après un rapide coup d'oeil sur la pièce principale -horriblement vide, sans même un Imbu pour accueillir sa Maîtresse- la Borgne gagna à vive allure l'escalier menant aux chambres. Pas un son ne se fit entendre, outre le claquement des bottes sur les dalles froides et humides de la demeure. Rien. Ni la moindre vocalise démentielle ni la plus petite toux maladive. Rien. L'atmosphère n'en était alors que plus lourde, pesant un peu plus à chaque marche franchie. Rien. Tout comme foutrement rien n'aurait pu prévoir la suite des événements. Car si la Reyne Folle avait décidé de revenir en sa résidence, ce n'était certainement pas pour profiter du repos mortuaire, et pourtant, ça allait clairement ressembler à cela, incessamment sous peu...

Sur le seuil, la Blanche se stoppa et se figea. Elle fixa de son oeil unique le bois; dernier obstacle pour retrouver son cocon. Son échappatoire. Les gonds grincèrent, laissant la lumière s'extirper de l'Antre et venir caresser la mine livide s'offrant à elle. Le palpitant ne fit alors qu'un tour quand, après trois pas, l'horreur s'offrit au regard de sa propriétaire. Rien. Pas un mot; pas un geste. Rien. Le néant. L'inévitable chute libre avant l'impacte et la perte totale des sens. Le dernier râle. Kelel se racla la gorge à maintes reprises, sans jamais bouger d'un pouce. Perdue. Elle venait de se perdre et tâchait, tant bien que mal, de se maintenir à la surface des eaux déferlantes venant de la frapper de plein fouet. " Qu'est-ce qu...qu... "


Putain d... de... Tout en commençant à triturer mécaniquement sa chevelure, la Scintillante se pâma d'un rire goguenard d'abord, avant de venir s'affaler lamentablement contre le cadre de la porte. Triturer n'était plus au goût de l'instant, puisque désormais les doigts tiraient inlassablement sur les cheveux, donnant un aspect d'autant plus irréel à la scène. Qu'on m'déniche l'fils de chienne qui a eu l'culot d'venir toucher à mes affaires ! J'm'en vais lui faire comprendre qu'on s'fout pas d'ma gueule ! Midiaaa ! Bah ouais. Comprenez bien que, forcément, la pauvre travestie qui avait accompagné Kelel jusque là serait la première personne à déguster la crise existentielle de cette dernière. " Au mauvais endroit, au mauvais moment. " Miiidiiiaaa !Evidemment, imaginez ici le son strident d'une crécelle pour vous faire une idée de la voix, et donc de l'état, de notre chère et tendre Ecorchée. " Bon, bah moi j'me tire pour le coup. La Conscience prend la poudre d'escampette ! Même moi j'refuse d'assister à ça. "
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Midia
Paris... Il y avait longtemps que la travestie n'y avait pas mis les pieds, et pour cause un voyage au Sud et une rupture de clan étaient passés par là. Et encore une fois elle était ballotée au grès des envies de la Lunatique, car c'est bien ainsi qu'elle qualifiait la borgne, errant toutes deux sans qu'elle n'en sache la véritable but, ni même la destination. Mais il fallait bien quelqu'un pour rester aux côtés de la Lunatique pour ne pas la perdre définitivement dans un coin perdu du royaume, et vu que pour une raison obscure Midia était incapable d'en vouloir à la blonde de les avoir tous abandonné sur un énième coup de tête, c'est elle qui s'y collait.

Toujours était il qu'encore une fois la Lunatique lui avait fait faux bond, en plein cœur de Paris, la probabilité la plus grande était qu'elle se soit réfugiée dans une taverne miteuse ou un bordel sans prétention. Bref, la travestie n'allait pas faire tout les bordels de Paris pour retrouver une femme qui ne voulait pas l'être, si elle avait bien appris une chose avec Kelel c'était de savoir lui laisser de l'air quand elle le voulait et en avait besoin. Non au lieu de ça elle décida d'aller visiter les Miracles, enfin, les revisiter. Ce quartier qu'elle avait adopté et qui était maintenant son chez elle, elle les aimait dans toutes leurs imperfections.

Et cette visite ne lui apporta que peu de surprise, toujours la même misère, la même puanteur, les gueules cassées, les catins vérolées, la vermine. Cependant, au détour d'une rue il y eu bien un changement pour la faire grimacer, une tête rousse, qu'elle n'avait pas aperçu depuis longs mois, une tête qu'elle n'avait pas oublié malgré une dernière lettre qui lui implorait de le faire. Elle hésita à lui parler, et préféra l'éviter, se fondre dans la masse, et se réfugier chez elle, là où elle était en sécurité. C'est donc naturellement qu'elle retrouva son chemin vers la bâtisse qui autrefois imposait le respect dans le quartier, et n'était maintenant plus qu'une bâtisse au quasi abandon. Cette vision était pour elle un déchirement tant ce clan avait été une seconde famille, mais parfois il fallait savoir oublier le passé.

Elle avait hésité un moment avant de franchir le pas de la porte, et croyez le si elle avait su ce qui l'attendait elle ne serait jamais rentrée, car à peine eut elle le temps de mettre les pieds dans la salle commune qu'un hurlement se fit entendre. Et plus précisément c'était son nom qui s'élevait de manière stridente dans la bâtisse vide. Ainsi la Lunatique avait choisit de venir ici, dans ce lieu qu'elle avait abandonné en même temps qu'elle avait abandonné son clan, elle aurait pu trouver cela déplacé si son sang n'était pas glacé par la voix de la blonde. Rien de bon ne s'annonçait, mais si elle l'évitait les retrouvailles seraient pires, cependant la décision restait dure à prendre, et la motivation tout aussi dure à trouver, elle aurait, à l'instant présent, voulu être n'importe où sauf dans ces lieux, même en Alsace s'il l'avait fallu .


Courage Anaëlle, si elle avait du te tuer ce serait déjà fait depuis longtemps... Tu peux le faire... Courage!

La brune finit par s'avancer lentement dans les escalier, se dirigeant vers la source de ce son strident qui s'était élevé dans les airs, la mine abattue comme l'aurait eu un condamné à mort. Bon sang mais pourquoi était elle venue ici ? Elle aurait du parler à la rousse la sentence aurait été moins dure que ce qui l'attendait elle en était sure. A l'étage elle avisa rapidement la Lunatique à l'entrée de sa chambre et se racla la gorge sans trop s'approcher d'elle, ne voulant ni risquer sa peau ni connaitre la source de la blonde colère.

Tu m'as demandé Kelel ?
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Kelel
Te demander ? Non, bien sûr que non. Je faisais des vocalises ! Ne sont-elles pas appréciables ? Et l'écho offert par le vide de ma chambrée n'en est que d'autant plus utile ... Tu ne trouves pas ?

Et durant cette réponse sonnant un tantinet faux quant à sa forme aimable, l'Azurée désigna la pièce d'un geste de la main. S'en suivit un balayage de l'air, signe d'un agacement bien présent. L'envie de craquer et d'incendier la bâtisse entière lui avait plus que simplement effleuré l'esprit, mais elle n'en ferait rien, consciente de l'inutilité de la chose. Rien ne ramènerait ses affaires, à moins d'en trouver le responsable. Et encore.

T'aurais pas une foutue idée de qui serait derrière tout ç...
Blocage. Arrêt sur image.

La pupille sembla se contracter sous le choc. Ca venait de faire tilt dans la caboche de la Borgne. Pourquoi chercher le coupable, quand on savait de qui il s'agissait ? Il suffisait de se souvenir de ce fameux courrier, reçu quelque temps plus tôt, alors qu'elle était en vadrouille on-ne-sait-plus-trop-où dans le Royaume. La Flamboyante. La Renarde l'avait menacée de vider son stock d'amarante et de vider ses armoires, si jamais elle ne rappliquait pas en vitesse à Péronne et avant son accouchement. Chose qu'elle avait prévu de faire, mais vraisemblablement ça n'avait pas suffi à éteindre le brasier dévorant qui s'était emparé de l'esprit de sa chère soeur. ( D'un côté, elle avait clairement dit ne pas revenir de suite. Jeter de l'huile sur le feu pour l'éteindre, c'est parfaitement con. Mais nous n'avons jamais dit que les raisonnements de Kelel étaient toujours très réfléchis. ) Elle avait prévenu et agit. De cela, Kelel était admirative, elle adorait les personnes allant au bout de leurs projets. Néanmoins, celui-ci lui posait désormais un gros problème.


Putain ! Owenra ! Retournement en direction de la Baronne pour lui faire face. Et tout en l'empoignant par les épaules, avec une fermeté digne de sa délicatesse habituelle, l'Azur lui intima d'un signe du menton qu'il était temps de partir d'ici, sans quoi un autre incendie se ferait en lieu et place. Anaëlle ! Ca, c'était sorti tout seul. J'vais crever de déshydratation si j'trouve pas de quoi me rincer l'gosier, mais ... La rousse ... La rousse a commis un crime horrible, ici ... Je ne peux sssupporter cette vision... Il faut ... Il faut ... Parrrtir ... La retrouver serait possible, tu crois ? Peut-être peut-on encore sauver quelque chose ... Peut-être... " L'Espoir fait vivre, mais pas longtemps. "
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Midia
Voilà qu'elle s'y remettait encore une fois. La blonde partait dans ses délires, dans sa psychose, et bon sang cette fois elle était teintée d'alcoolisme, le mélange parfait pour ne rien donner. Partir, rester, ces considérations étaient loin de l'esprit de la travestie à ce moment très précis. Non rien n'y était autre qu'une seule parole, un petit prénom, qui laissait la Baronne silencieuse, bouche bée, sans un mot. Et le Très Haut seul savait si cela était rare, voir impossible. Mais la Pâle avait réussi à trouver la recette, la seule qui aurait pu marcher. Mais si celle ci, vous la connaissez tous, écoutez plutôt!

Dans un grand bol d' amitié
Délayez de la bêtise
Faites tiédir à la casserole
Un bon verre de fierté...

Quelques gouttes de luxure
Des baisers d'une Reyne
Un désir coupé très fin

Emiettez votre relation
Dans un verre de déception
Deux cuillères de venin
Qu'on fait bouillir à feu vif...

Dans un petit plat à part
Tiédir de l'affrontement
La valeur d'un dé à coudre

Vous prenez les routes de Paris
Parsemées de deux connasses
Pour assombrir le mélange
Retirez quelques bouteilles...

Décorez d'un prénom
Vieilli dans des vieux souvenirs
Tant que votre cœur est mou

La recette de la surprise
Nous permet ce pronostic
A l'entrée de la chambrée
Qui restera pétrifiée ?
A-NA-ELLLLEEEEE!


C'est donc avec des gros yeux que l'Alsacienne fixait son amie, quand enfin elle se décida à parler, ne pouvant retenir une certaine émotion de se faire entendre au travers de sa voix
Tu as dit Anaëlle... Tu as dit Anaëlle!les yeux eux ne se décollaient pas de la pâle, fixant la moindre réaction, cherchant le moindre signe d'amitié, de tendresse ou même simplement d'absence de dédains chez une blonde qui semblait pour le moment à des années lumières de ce genre de considérations.

Kel tu as dit Anaëlle!

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