[Dans la nuit du 7 au 8 juillet - On défait le campement, encore...]
Svaltard marchait entre les tentes, titubant car il avait bu quelques chopes en cachette et qu'il n'était pas habitué à l'alcool, impatient que l'ordre soit donné d'attaquer la ville de Langres pour la seconde et dernière fois, pour que les armées prennent la ville et ses richesses. Il était déjà tout préparé à l'idée de piller : il portait son épée et son bouclier, prêt à la charge. Mais ce fut un autre ordre qui fût donner : fallait ranger, encore, pour aller ailleurs. Où ? Ils ne le sauront qu'en y arrivant, comme depuis le début. Pourtant, en taverne, le géant aux yeux bleus dont il ne se souvenait plus le nom avait dit qu'ils prendraient la ville. Faut croire qu'ils ne savent pas eux même où ils vont.
Le brigand pousse un long soupire qui en dit long sur son avis quant à aller ailleurs. Mais il suit, car Ardath les suit. Il n'aurait jamais pensé être dans une armée, lui qui ne faisait pas confiance aux autres, sauf à l'Enseigne qu'il ne connaissait pourtant que depuis une semaine et demi, environ. En si peu de temps, ils étaient devenus des amants fidèles.
Par contre, il commençait vraiment à douter du commandement des opérations, et ne s'en cachait pas en parlant seul dans les rangs :
Rha c'est beau les républicains : ça veut tuer des *hips* nobles et des curetons mais ils ont la même attitude de berger qu'eux !
Il regarda le mercenaire à côté de lui, et dit :
Dans ce bas monde, les gens ont besoin d'excuses pour mener à bien leurs projets *hips*. Ils mentent à tout le monde, et aussi à eux même *hips*. Ça dit combattre pour la liberté, mais en fait, ça veut juste dominer à la place des dominants déjà en place.
Le soldat professionnel n'en avait rien à faire des paroles -censées ?- de l'homme au masque de fer. Il avança donc plus rapidement, avant de sentir une main se poser sur son épaule et le tirait violemment en arrière. C'était Svalt qui avait envie de déverser ce qu'il a sur le cur.
Tu sais pourquoi l'Église prône la paix *hips* et tout ça ? Pour que personne ne prenne leurs places. Avoues quand même qu'utiliser la parole du Très Haut *hips* est la plus grande astuce pour gouverner les autres qu'on ait jamais trouvé, hein ?*hips*
Le mercenaire essaya de dégager son épaule, mais Svaltard avait encore des choses à dire, il sortit donc sa dague et la pointa dans le creux des reins de son confesseur, avant de continuer.
Mais la religion ne fait pas tout *hips*. C'est bien de manipuler les gens, faut-il encore savoir le faire utilement, et c'est là qu'interviennent *hips* les nobles. Eux, ils sont associés à l'Église pour gérer les duchés et les comtés *hips*, et aussi leurs terres. Ainsi, ils produisent des richesses, et l'Église en profite. A ton avis, avec quoi ils paient les palais épiscopaux ? *hips* Avec des cailloux ? Et avec quel argent ils paient les soldats *hips* qui font des promenades bien à l'abri en haut des remparts ?
Il marqua une courte pause, croisant le regard de certaines personnes devant qui se retournaient pour lui lancer des regards assassins. Sûrement des sicaires. Enfin bref, il continua son explication, la bouche animée par l'alcool dans son sang :
Le Très Haut(*), tu vois, il est omniscient. Tu sais ça, hein ? *hips* Mais ce que les gens ne comprennent pas, *hips* c'est qu'il est aussi neutre ! *hips* Oh ça tourne...
Le brigand passa son bras autour du cou de son interlocuteur, laissant imaginer plein de choses aux personnes qui les regardent de loin.
Aïe ! cria le mercenaire
Après trois bonnes secondes de réflexion, le temps que le son décrypté par les oreilles arrive au cerveau, que le cerveau imbibé analyse l'onomatopée, que l'analyse arrive aux yeux injectés de sang qui se baissent doucement vers la taille du geignard, que la vérification oculaire arrive au cerveau, que celui-ci pense avoir trouver la solution et que l'ordre soit envoyé à la bouche. Bon d'accord, cinq bonnes secondes avant qu'il s'exclame :
Oups !
Sans faire exprès, il avait enfoncé la pointe de la dague dans la chair. Oh, rien de grave, juste une goutte de sang qui a ruisselé sur l'acier froid.
Qu'est ce que je disais moi ? *hips* Ah oui ! L'est neutre, Lui. *hips* Parce qu'il faut un équilibre entre le Bien et le Mal, *hips* même si c'est relatif à chacun, *hips* car il faut un équilibre entre les plantes et les animaux -et nous on fait parti des animaux-, un équilibre entre le jour et la nuit, *hips* le Très Haut n'interviendra jamais *hips* pour détruire tous les brigands ou tous ceux qui disent détenir Son message alors que c'est faux. *hips* Le Très Haut, Il laisse les choses se dérouler. Sauf pour la sorcellerie, mais ça, j'y ai pas encore réfléchi. *hips* Il pourrait détruire tous les brigands ou les politiciens, mais il ne le fait pas, car il faut de tout pour faire un monde. *hips* T'imagines, toi, si y avait plus de méchants ? Bah les "Bien penseurs" s'ennuieraient, les soldats, les douanes et tout ça, ça aurait plus lieu d'exister. *hips* Et même les commissions de validation pour les listes ducales ne serviraient plus à rien, puisque tout le monde serait gentil. *hips*
Il s'arrêta de parler, car d'une part, son gosier était sec, et aussi pour faire prendre conscience à l'homme qui essayait de ne pas tomber sous le poids du soulot qu'on pouvait haïr les autres, mais qu'ils étaient tout de même indispensables.
Ah mais y a pas que les brigands qui sont persécutés, hein. *hips* Y a aussi les autres : les douaniers, les soldats, les villageois, les voyageurs, les dirigeants *hips* et tous les autres fonctionnaires ! *hips* Malgré qu'on veut leur mort, ils nous sont bien utiles, hein. Les voyageurs, on peut les brigander, et ça fait voir de nouveaux visages dans les villages où on voit toujours *hips* les même sales têtes. Les paysans et tous ceux qui habitent dans les villages, c'est grâce à eux qu'on peut s'arrêter en ville, acheter de la nourriture et repartir *hips* la nuit même. Parce que si ils étaient pas là, les brigands s'entretuaient pour *hips* devenir duc. Et au bout d'un moment, plus personne voudra l'être, et les *hips* marchés seront vides parce tout le monde sera sur les routes, y aura *hips* plus de moines pour faire la bière, y aura plus *hips* de mineurs et les villes seront ravagées, donc plus d'auberge. Alors tu vois, on peut haïr *hips* de toutes ses forces, mais heureusement que le Très Haut donne raison à personne, parce que sinon, on serait *hips* dans la bouse jusqu'au nez. Et...
Un hennissement et des bruits de sabots se furent entendre derrière eux. Le brigand ne continua pas sa phrase, rangea sa dague, se redressa, essayant de tenir debout, et marmonna :
Te retournes pas. Voilà *hips* Ardath. Je file avant qu'elle me voit, parce que si *hips* elle sent mon haleine d'ivrogne, je suis bon pour dormir seul pendant *hips* les deux prochains mois.
Et c'est ainsi qu'il partit, manquant de tomber au bout de quelques pas, se rattrapant aux autres qui poussaient des grognements. Heureusement qu'il ne buvait pas souvent d'alcool, quel pénible spectacle et philosophe cela serait. D'ailleurs, c'est parce que quelqu'un le poussa qu'il porta un coup d'épée au voyageur qu'ils croisèrent cette nuit là.
Citation:08-07-2009 04:11 : Vous avez frappé Sigmag. Ce coup l'a probablement tué.
08-07-2009 04:11 : Vous avez engagé le combat contre Sigmag.
[Du 8 au 9 juillet - Ce qui devait arriver arriva]
Svaltard avait décuvé. Il avait même réussi à éviter l'Enseigne pendant tout le trajet -car elle n'était pas derrière lui tout à l'heure mais plutôt entrain de chevaucher à l'avant-, et avait finalement dormi dans la tente à ses côtés, mais en lui tournant le dos pour ne pas qu'elle sente son haleine. Bien sûr qu'elle se doutait de quelque chose, mais elle devait faire semblant de ne pas avoir deviner. Cette situation lui rappelait les paroles qu'elle eut à Langres, lorsqu'il parla de la tromper, en plaisantant, bien sûr : "La pire punition que je puisse te faire est peut être de ne rien te faire". Elle aurait été capable de le laisser se ridiculiser seul, à l'éviter comme ça. Il allait se retourner pour en avoir le cur net, quand on entendit des bruits dehors. Ils sortirent de la tente, ayant pour ordre de tuer tous les passants. Et c'est ce qu'ils firent. Quelque fois, ce n'était même plus la peine qu'il frappe, les autres s'étaient déjà charger du voyageur allongé sur le sol, inerte, couvert de sang.
Ce jour là, il n'eut l'occasion que de frapper une fois. Un des hommes avait crié "Voilà le Pape !" car le voyageur était vêtu entièrement de rouge, sauf pour ses chausses et ses bas. Quand Svaltard arriva, arme en main, sur le voyageur, il était déjà à terre, gémissant de douleur, la couleur du sang se mélangeant à celle de ses vêtements. Mais pour la beauté du geste, il frappa lui aussi. Quelques gouttes de sang giclèrent sur sa robe de bure, mais il n'était plus à ça près après cette campagne meurtrière.
Citation:09-07-2009 04:11 : Vous avez frappé Fifi45. Ce coup l'a probablement tué.
09-07-2009 04:11 : Vous avez été attaqué par Fifi45.
09-07-2009 04:11 : Vous avez été attaqué par Disgracia_della_vita.
09-07-2009 04:11 : Vous avez été attaqué par Jackdaniels.
Plus tard, il envoya un homme qui n'avait rien à faire chercher, trouver et remettre en main propre une lettre à Gromukus. La réponse ne se fit pas attendre : le républicain en avait assez, il lui demandait à lui et à Ardath -en employant le mot "rombière", ce qui eut pour effet de le faire grogner derrière son masque- de quitter l'armée, chose qui ne tarda pas et qu'il fit avec grand plaisir.
Dans la nuit du 9 au 10 juillet, ils partirent vers Langres puis prirent gauche, direction Troyes, voyageant derrière Grom qui tenait toujours sa bannière et ceux qui le suivaient encore. Mais une surprise les attendait aux lueurs de l'aube...
(*)La vision de Svaltard qu'il a du Très Haut se rapproche de l'attitude que devraient avoir les joueurs : être neutre. Ne pas vouloir à tout prix éliminer les personnages adverses au notre en utilisant tous les moyens nécessaires, oubliant le plus important : s'amuser.
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