Orthon
Le monument trônait sur la place centrale. Il était constitué de trois hommes et d'un destrier. Les trois personnages représentaient le Conseil, la Prévôté et la COPA. Le destrier c'était le comté.
Fort, robuste, la puissance de la monture avait été bellement sculptée. Le PA était ainsi. Le sculpteur aurait pu façonner un palefroi, mais ce cheval de parade ou de promenade était trop docile. Un roncin ? Cela aurait pu car il était robuste et courageux mais son encolure n'aurait pas été si fière.
Le PA était donc ainsi, fort, puissant et altier. Les trois hommes étaient tout contre lui.
Le premier, c'était le conseil. Montrant le chemin en ouvrant la marche. Le second, c'était la prévôté. L'homme était rassurant et sûr de lui et le troisième c'était la COPA.
Le bras armé du comté. L'avant-bras sur le bouclier et regardant sur le côté comme pour scruter le moindre mouvement suspect qui pourrait nuire au comté.
Un texte avait été gravé. Les enfants le lisaient souvent et les anciens avaient le coeur serré.
Citation:
C'est au couchant
Que sont parties leur âme,
Survolant les oriflammes
et les casques aux reflets d'argent.
Soldats et cavaliers de l'orage
Sont partis sur les sentiers de l'honneur
courant et galopant sans peur
Au moment où sonnait la charge.
L'herbe s'est teintée de rouge carmin
par une semence de sang
Suite à des assauts pressants
Que nul ne voulait remettre à demain.
Ils sont tombés pour leur terre
N' oublions pas
Qu'ils sont passés de vie à trépas
Sous un ciel crépusculaire.
Votre dernier souffle a gonflé nos poumons
Nous marchons libres et fiers
Sur les routes de nos Pères
Que votre sacrifice soit su par delà les monts !
Orthon de Saint-Loup
Que sont parties leur âme,
Survolant les oriflammes
et les casques aux reflets d'argent.
Soldats et cavaliers de l'orage
Sont partis sur les sentiers de l'honneur
courant et galopant sans peur
Au moment où sonnait la charge.
L'herbe s'est teintée de rouge carmin
par une semence de sang
Suite à des assauts pressants
Que nul ne voulait remettre à demain.
Ils sont tombés pour leur terre
N' oublions pas
Qu'ils sont passés de vie à trépas
Sous un ciel crépusculaire.
Votre dernier souffle a gonflé nos poumons
Nous marchons libres et fiers
Sur les routes de nos Pères
Que votre sacrifice soit su par delà les monts !
Orthon de Saint-Loup
Malgré le froid, des enfants jouaient autour du monument. Les uns, armés d'un petit bâton, s'amusaient à mimer des gestes d'escrime en tapant sur une petite planche de bois, que tenaient d'autres enfants, en guise de boucliers. Cris et rires démontraient l'amusement. Tout ce joyeux monde couraient, se poursuivaient, virevoltaient à en donner le tournis.
Quelques anciens, assis sur une poutre de bois, les chassaient, lorsqu'ils s'approchaient trop près d'eux, d'une rotation très lente de leur canne, la même que pour éloigner
des abeilles. Malgré tout, les yeux de ses vénérables s'illuminaient devant la vie qui continuait.
Orthon, qui venait d'arriver, fit le tour du monument,tranquillement, au pas lent de son fidèle Zéphyr. Les fers de sa monture résonnaient quelque peu sur les pavés. Les enfants le regardaient, les anciens l'observaient. Il arrêta son cheval face à la sculpture, devant le regard des statues de pierre. Il baissa sa tête en signe d'hommage car ils pensaient à tous les preux du Périgord-Angoumois qui s'étaient battus pour protéger leur terre et pour représenter leur comté par delà les frontières périgourdines. Noble sang malgré une triste semence qui les avaient couché sur les sentiers, les champs de blés ou les plaines verdoyantes.
S'engager, c'était participer à la vie du comté et à le défendre. C'était s'impliquer sans pour cela tomber du jour au lendemain. De toute façon, La mort ne ferait aucune distinction le jour venu. Dans une bataille, dans son lit, dans son champ, dans son échoppe, dans la rue, elle frappait quand elle le décidait.
Les enfants s'étaient tus, les vieux avaient posé leur menton sur leurs mains l'une sur l'autre et qui s'appuyaient sur le pommeau de leur canne. Tous regardaient Orthon avec un frémissement dans le dos. Puis le capitaine repartit en saluant d'un sourire les témoins. Il ne pouvait douter du sentiment des habitants du PA, servir et protéger était la devise que chacun devait posséder en son coeur.
Il s'éloigna du monument, certain qu'il reviendrait sur cette grand place ou acteurs et spectateurs se réuniraient un de ces jours.
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