Loras_novgorod
La nuit avait gagné la forêt, et les bruits qui la rendaient si déserte et si vivante à la fois avaient lentement changé, faisant place à d'autres, plus audibles encore. Comme si le noir qui recouvrait la nature était la paupière qui se baisse sur les yeux, laissant aux oreilles le règne de l'unique Sens, plus affûté, l'obscurité rendait la rumeur des bois plus intense. Les craquements de brindilles sèches. Les hululements lointains. Parfois aussi, les instants de silence. Suspendus. Où tout est possible. Où l'attente est fébrile, curieuse de savoir qui va la déranger de nouveau, et comment.
Affublé d'une lourde cape et d'un col de fourrure, Loras Novgorod progressait entre les ombres en observant parfois la découpe du ciel entre les cimes. S'arrêtant un instant pour écouter le dialecte des entités de la nature, effleurant d'une main rugueuse l'écorce brute d'un arbre, y décelant le nord, pour poursuivre sa route. Y arrachant parfois un morceau d'étoupe. Les bottes d'hiver fendirent un ruisseau, dans lequel les oreilles d'un lièvre trempèrent un bref instant, suspendu par les pattes avec d'autres gibiers à la la pogne du slave. La nuit de printemps restait encore fraîche, mais rien de comparable à cet hiver long et douloureux où il avait erré jusqu'à l'isolement total. Seul parmi les hommes.
La végétation se fit moins dense au fil de la marche, jusqu'à la perception des bruits des hommes, leurs rares et éparses lumières. Si chère. L'homme quitta la forêt en silence près des premières habitations, convergeant vers le centre de la ville. Le centre de la vie. Une taverne vide l'accueillit à l' heure tardive où les paysans étaient couchés, il s'échoua sur un siège poussiéreux, laissant choir sa prise sur un coin de table. Il avait écrit à Kelelorna qu'il ramènerait du gibier. C'était chose faite. Avec la maigre satisfaction d'être utile à nourrir le clan, du moins, à s'en préoccuper un peu malgré ses longues nuits solitaires. Patient, il prépara une pipe à fumer, taillée dans un bois sauvage, fit signe qu'il désirait se dessécher le gosier.
Il faudrait qu'il cause à la renarde, bientôt. Elle pointerait peut-être son museau dans la nuit. Comme à ses habitudes. Il ne pouvait pas passer sa vie à vivre en parrallèle des femmes du clan. Un clan, n'était-ce pas comme une tanière rassurante et protectrice, où les membres veillaient les uns sur les autres, dormaient les uns contre les autres? Vivaient les uns avec les autres? Il faudrait qu'il cause à la renarde, bientôt. Sauvage et toute aussi solitaire que lui, quoi qu'elle en laisse paraitre. Loras saurait bien lui faire ranger ses crocs.
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-Recueil-
Affublé d'une lourde cape et d'un col de fourrure, Loras Novgorod progressait entre les ombres en observant parfois la découpe du ciel entre les cimes. S'arrêtant un instant pour écouter le dialecte des entités de la nature, effleurant d'une main rugueuse l'écorce brute d'un arbre, y décelant le nord, pour poursuivre sa route. Y arrachant parfois un morceau d'étoupe. Les bottes d'hiver fendirent un ruisseau, dans lequel les oreilles d'un lièvre trempèrent un bref instant, suspendu par les pattes avec d'autres gibiers à la la pogne du slave. La nuit de printemps restait encore fraîche, mais rien de comparable à cet hiver long et douloureux où il avait erré jusqu'à l'isolement total. Seul parmi les hommes.
La végétation se fit moins dense au fil de la marche, jusqu'à la perception des bruits des hommes, leurs rares et éparses lumières. Si chère. L'homme quitta la forêt en silence près des premières habitations, convergeant vers le centre de la ville. Le centre de la vie. Une taverne vide l'accueillit à l' heure tardive où les paysans étaient couchés, il s'échoua sur un siège poussiéreux, laissant choir sa prise sur un coin de table. Il avait écrit à Kelelorna qu'il ramènerait du gibier. C'était chose faite. Avec la maigre satisfaction d'être utile à nourrir le clan, du moins, à s'en préoccuper un peu malgré ses longues nuits solitaires. Patient, il prépara une pipe à fumer, taillée dans un bois sauvage, fit signe qu'il désirait se dessécher le gosier.
Il faudrait qu'il cause à la renarde, bientôt. Elle pointerait peut-être son museau dans la nuit. Comme à ses habitudes. Il ne pouvait pas passer sa vie à vivre en parrallèle des femmes du clan. Un clan, n'était-ce pas comme une tanière rassurante et protectrice, où les membres veillaient les uns sur les autres, dormaient les uns contre les autres? Vivaient les uns avec les autres? Il faudrait qu'il cause à la renarde, bientôt. Sauvage et toute aussi solitaire que lui, quoi qu'elle en laisse paraitre. Loras saurait bien lui faire ranger ses crocs.
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