Deedee
-
. Sans jamais nous mentir, sans jamais défaillir. »
- Michel Bouthot
[La Haye du Puits Début mars 1465]
- Il y avait longtemps quelle nétait pas rentrée chez elle, dans son domaine, son VRAI domaine, celui quelle tenait de son frère ainé, du premier qui lavait à nouveau accueilli dans leur famille, qui lui avait redonné ses droits et son nom. Il était parti trop tôt, trop vite, à peine sétaient-ils retrouvés que déjà, la vie avait voulu quils soient à nouveau séparés
Cest ainsi quelle avait hérité de ce domaine et dun passé dont les pièces du puzzle manquaient encore
La Haye était un havre de paix, suffisamment loin de lagitation politique pour quelle puisse y trouver un peu de repos. Les terres étaient bordées de forêt et de marais plongeant en bout de course dans la mer, offrant de nombreuses richesses aux gens qui lhabitaient, son domaine lui, perché sur une petite colline tout près du village, bordé dune épaisse muraille offrait à ses habitants à la fois intimité et sécurité. Cétait lun des endroits où elle se sentait le mieux, le seul qui pouvait réellement la ressourcer.
Son frère avait fait de ce domaine un vrai petit paradis, outre le château qui offrait de nombreuses pièces et un confort digne dun noble, les jardins étaient eux aussi tout simplement magnifiques, tantôt laissant découvrir des pommiers et autres arbres fruitiers, tantôt arborant de magnifiques roseraies bordant des allées ici et là. Fils en était fier, et Adeline létait aussi.
Elle marchait justement dans une de ses allées, son fils dernier né dans les bras. Lhiver était encore là, mais déjà tout autour delle les bourgeons se montraient et quelques feuilles, plus téméraires que dautres, étaient sorties de leur cocon hivernale pour montrer leur belle couleur dun vert éclatant, tranchant même sur les arbres encore nus.
Les roses navaient pas encore écloses, mais elles pointaient le bout de leur nez, doucement, patiemment, prenant chacune le temps quil lui fallait pour déployer ses ailes et devenir la plus belle de ce jardin.
Dans quelques semaines, ce jardin serait rempli de mille couleurs et mille parfums, le moment rêvé pour sortir, recevoir et voir la petite tête encore dépourvu dune vraie tignasse sépanouir sous les pommiers en fleurs.
-Tu en penses quoi toi ? Demanda-t-elle soudain à son fils de 9 mois. Ça te dirait de rencontrer tes cousins, ton oncle et tes autres frères et sur ?
Autant parler à un mur Lenfant était plus attiré par les boucles châtaines de sa mère que par ses paroles elles mêmes. Il lui offrit néanmoins un sourire baveux et babilla quelque sons avant de fourrer son pouce dans la bouche.
Manquant déclater de rire, Adeline tourna la tête vers sa chienne Sigyn, cadeau dOsfrid et de Sigrùn, et lui caressa doucement le sommet du crâne.
-Et toi ? Quen dis-tu ?
Au « wouaf » sonore du chien et son battement de queue, la marquise ne put sempêcher de rire mais y trouva là comme une sorte dapprobation, ou lassentiment dune idée qui lui trottait dans la tête depuis quelque temps déjà.
Réunir la famille
Quelques instant plus tard, son marquizon confortablement couché dans la chambre, Adeline sinstalla à sa table de travail prête à envoyer une ribambelle de courrier.
Le tout premier serait pour sa famille danoise, sa tante surtout ne sachant pas où se trouvait son cousin, mais comme il était hors de question de faire une réunion de famille sans eux, elle avait tout intérêt à le trouver Alors avec un peu de chance, peut être sa lettre le trouverait à Ribe sur ses terres en compagnie de sa mère.
Avec un peu de chance
Citation:
«La Haye Du puits, ce 1er jours de mars 1465,
Ma chère tante
Une fois encore ma plume sest montrée paresseuse pour vous donner de mes nouvelles, mais jespère que cette missive vous trouvera en bonne santé et que tout se passe bien sur les terres de Ribes.
Ici tout va bien, la vie suit son cours.
Sebbe pousse comme une plante grimpante, beaucoup trop vite. Cest déjà un robuste petit bout dhomme de 9 mois qui mapporte tans de joie et de bonheur. Il commence même à vouloir marcher, ce qui me fait dire que dici peu je vais devoir lui courir après !
Briana se porte mieux également, assez pour faire quelque bêtise. Le couvent où elle se trouvait me la renvoyé, la pauvre enfant souffrait de la poitrine Craignant alors que cela saggrave, je lai envoyé chez mon vassal dans le Languedoc. Cela ne lui a pas plu, vous imaginez bien Elle doit vraiment simaginer que je ne veux pas delle alors que Jaurais vraiment aimé la garder près de moi, mais le faire, aurait pu la tuer. Daprès vous, quaurais-je du faire ?
Je laime cette enfant Mais le comprendra-t-elle un jour ?
Le temps passe tellement vite ma tante Si vite que jai parfois peur de ne pas pouvoir faire tout ce que je devrais faire.
Et a ce propos Avant que le temps ne nous échappe complètement jaimerais réunir la famille. Une drôle didée surement, mais je voulais, pour une fois, que toute notre famille puisse être ensemble et se connaitre.
Savez vous quAimeryc et sa fille sont venus vivre en Normandie ?
Ce sera loccasion pour que chacun puisse se retrouver et pour que mes enfants rencontrent enfin leur oncle, cousine et vous revoie.
Pensez-vous pouvoir faire le voyage ? La réunion se tiendra le 1er avril sur nos terres de La Haye du Puits. Le moment idéal pour profiter du printemps et du jardin de La Haye.
Je voulais contacter Osfrid pour lavertir de cette réunion et de Briana, mais je me rends compte quil ne ma pas écrit depuis un certain temps ni même laisser un indice pour que je puisse le trouver, savez vous où il se trouve ? Peut être est-il avec vous ?
Si tel était le cas, pouvez vous lui parler de cette réunion ?
Je vais devoir vous laisser sur ces quelques mots ma tante, le temps passe, et Sebbe risque de se réveiller très bientôt, je lui ai promis de lemmener voir les chèvres de notre cuisinière. Il adore ça !
Prenez soin de vous,
Votre nièce,
Adeline.
PS : Sigyn vous envoie une léchouille aussi !»
«La Haye Du puits, ce 1er jours de mars 1465,
Ma chère tante
Une fois encore ma plume sest montrée paresseuse pour vous donner de mes nouvelles, mais jespère que cette missive vous trouvera en bonne santé et que tout se passe bien sur les terres de Ribes.
Ici tout va bien, la vie suit son cours.
Sebbe pousse comme une plante grimpante, beaucoup trop vite. Cest déjà un robuste petit bout dhomme de 9 mois qui mapporte tans de joie et de bonheur. Il commence même à vouloir marcher, ce qui me fait dire que dici peu je vais devoir lui courir après !
Briana se porte mieux également, assez pour faire quelque bêtise. Le couvent où elle se trouvait me la renvoyé, la pauvre enfant souffrait de la poitrine Craignant alors que cela saggrave, je lai envoyé chez mon vassal dans le Languedoc. Cela ne lui a pas plu, vous imaginez bien Elle doit vraiment simaginer que je ne veux pas delle alors que Jaurais vraiment aimé la garder près de moi, mais le faire, aurait pu la tuer. Daprès vous, quaurais-je du faire ?
Je laime cette enfant Mais le comprendra-t-elle un jour ?
Le temps passe tellement vite ma tante Si vite que jai parfois peur de ne pas pouvoir faire tout ce que je devrais faire.
Et a ce propos Avant que le temps ne nous échappe complètement jaimerais réunir la famille. Une drôle didée surement, mais je voulais, pour une fois, que toute notre famille puisse être ensemble et se connaitre.
Savez vous quAimeryc et sa fille sont venus vivre en Normandie ?
Ce sera loccasion pour que chacun puisse se retrouver et pour que mes enfants rencontrent enfin leur oncle, cousine et vous revoie.
Pensez-vous pouvoir faire le voyage ? La réunion se tiendra le 1er avril sur nos terres de La Haye du Puits. Le moment idéal pour profiter du printemps et du jardin de La Haye.
Je voulais contacter Osfrid pour lavertir de cette réunion et de Briana, mais je me rends compte quil ne ma pas écrit depuis un certain temps ni même laisser un indice pour que je puisse le trouver, savez vous où il se trouve ? Peut être est-il avec vous ?
Si tel était le cas, pouvez vous lui parler de cette réunion ?
Je vais devoir vous laisser sur ces quelques mots ma tante, le temps passe, et Sebbe risque de se réveiller très bientôt, je lui ai promis de lemmener voir les chèvres de notre cuisinière. Il adore ça !
Prenez soin de vous,
Votre nièce,
Adeline.
PS : Sigyn vous envoie une léchouille aussi !»
Puis ce fut au tour de son frère et sa nièce sans qui une réunion familiale naurait aucun sens.
Citation:
« Mon frère,
Depuis le temps que je cogite cela, voici que je me lance enfin. Voilà bien longtemps que La Haye na pas résonné de cris joyeux et de rires.
Le printemps sannonce, et jaimerais profiter dune permission pour organiser une petite réunion familiale. Nous profiterons ainsi des jardins, sa floraison est magnifique, et puis... Ce sera loccasion pour que tout le monde se rencontre enfin.
Tu ne connais pas ma fille et mon fils je crois, je pourrais te les présenter. Enfin surtout ma fille, jignore si mon fils sera de retour. Et puis, tu pourras faire connaissance de mon époux aussi.
Bref, jaimerais vraiment que lon puisse enfin être tous réunis, même si ce nest que quelques jours.
Je tattendrais donc, Mary et toi à la Haye le 1er avril , une date idéal pour célébré le printemps et notre famille quen penses tu ?
A très bientôt
Ta sur
Adeline »
« Mon frère,
Depuis le temps que je cogite cela, voici que je me lance enfin. Voilà bien longtemps que La Haye na pas résonné de cris joyeux et de rires.
Le printemps sannonce, et jaimerais profiter dune permission pour organiser une petite réunion familiale. Nous profiterons ainsi des jardins, sa floraison est magnifique, et puis... Ce sera loccasion pour que tout le monde se rencontre enfin.
Tu ne connais pas ma fille et mon fils je crois, je pourrais te les présenter. Enfin surtout ma fille, jignore si mon fils sera de retour. Et puis, tu pourras faire connaissance de mon époux aussi.
Bref, jaimerais vraiment que lon puisse enfin être tous réunis, même si ce nest que quelques jours.
Je tattendrais donc, Mary et toi à la Haye le 1er avril , une date idéal pour célébré le printemps et notre famille quen penses tu ?
A très bientôt
Ta sur
Adeline »
Citation:
« Mary,
Tu vas trouver étrange ce courrier sachant quen plus nous nous verrons au conseil dans les jours à venir, mais tant pis, je préfère faire tout dans la foulée de peur doublier quelquun !
Le printemps pointe le bout de son nez en Normandie, une saison que jaffectionne plus particulièrement, tu nas sans doute jamais vu la Haye du Puits, le domaine de ton oncle que tu nas jamais connu en cette période, mais cest une pure merveille. Jaimerais donc en profiter pour réunir la famille à loccasion du printemps.
Une bonne excuse certainement, mais les réunions familiales sont si peu nombreuses
Je te propose donc de me rejoindre à La Haye du Puits avec ton père et dautres membres de la famille pour le 1er avril. Jespère que tu viendras.
Affectueusement,
Ta tante préférée
Adeline »
« Mary,
Tu vas trouver étrange ce courrier sachant quen plus nous nous verrons au conseil dans les jours à venir, mais tant pis, je préfère faire tout dans la foulée de peur doublier quelquun !
Le printemps pointe le bout de son nez en Normandie, une saison que jaffectionne plus particulièrement, tu nas sans doute jamais vu la Haye du Puits, le domaine de ton oncle que tu nas jamais connu en cette période, mais cest une pure merveille. Jaimerais donc en profiter pour réunir la famille à loccasion du printemps.
Une bonne excuse certainement, mais les réunions familiales sont si peu nombreuses
Je te propose donc de me rejoindre à La Haye du Puits avec ton père et dautres membres de la famille pour le 1er avril. Jespère que tu viendras.
Affectueusement,
Ta tante préférée
Adeline »
Et enfin, sa fille, qui, elle espérait, accepterait de revenir quelque jours en Normandie.
Citation:
« Ma chère Bree,
Je prends ma plume ce jour pour avoir de tes nouvelles. Tu nécris pas beaucoup, mais je suppose que cest parce que tu as tellement de choses à faire que tu ny pense pas.
Tout se passe bien à Narbonne ?
Tu as pu te faire de nouvelle amie ?
Matou ma dit que tu tentendais très bien avec sa fille, au point même de partir en balade avec elle
Ne râle pas Bree, je ne técrit pas pour te sermonner, je pense que cela a déjà été fait, et puis, tu serais surprise de savoir ce que jai pu faire comme bêtise lorsque javais ton âge.
Non, ma missive a surtout un but bien précis. Que dirais-tu de rentrer en Normandie quelque semaine ? Le temps de rencontrer toute la famille ou plus, si tu preferes.
Une reunion familiale aura lieu le 1er avril, loccasion de rencontrer ton oncle, mais aussi de revoir Osfrid et Sigrùn si ces derniers peuvent venir.
Jaimerais tellement que tu sois toi aussi près de moi à ce moment là.
Je tembrasse
Ta mère »
« Ma chère Bree,
Je prends ma plume ce jour pour avoir de tes nouvelles. Tu nécris pas beaucoup, mais je suppose que cest parce que tu as tellement de choses à faire que tu ny pense pas.
Tout se passe bien à Narbonne ?
Tu as pu te faire de nouvelle amie ?
Matou ma dit que tu tentendais très bien avec sa fille, au point même de partir en balade avec elle
Ne râle pas Bree, je ne técrit pas pour te sermonner, je pense que cela a déjà été fait, et puis, tu serais surprise de savoir ce que jai pu faire comme bêtise lorsque javais ton âge.
Non, ma missive a surtout un but bien précis. Que dirais-tu de rentrer en Normandie quelque semaine ? Le temps de rencontrer toute la famille ou plus, si tu preferes.
Une reunion familiale aura lieu le 1er avril, loccasion de rencontrer ton oncle, mais aussi de revoir Osfrid et Sigrùn si ces derniers peuvent venir.
Jaimerais tellement que tu sois toi aussi près de moi à ce moment là.
Je tembrasse
Ta mère »
Il manquerait Erwan Mais comment le contacter sans savoir où il serait. Les Océans étaient tellement vastes aussi vastes que ce monde.
Il y avait pourtant quelquun qui savait où il se trouvait Sauf que
-Plutôt mourir que de lui écrire !
- Oui mais
Il est le seul à le savoir.
-Jamais de la vie !
- Tu préfères alors te priver de ton fils plutôt que de le lui demandé
-Hors de question !
- Et tu lui donne raison après tout ce quil a raconté
Et pestant un peu plus, la Marquise attrapa à nouveau sa plume et la plongea dans son encrier.
Citation:
« Ce 1er jour de mars 1465,
A vous, Dante Tommaso Ceresa
...»
« Ce 1er jour de mars 1465,
A vous, Dante Tommaso Ceresa
...»
Sa plume en suspend, réfléchissant à ce quelle allait pouvoir coucher sur le velin, Adeline poussa un petit soupire de soulagement en entendant son fils pleurer.
« Sauvé » pensa-t-elle. Bien que tôt ou tard elle devrait finir sa missive et lenvoyer a cet homme tant redouté.
Pour lheure, elle confia ses premières missives a un coursier, puis sempressa de rejoindre son fils. Le soleil se lèverait encore demain Elle avait encore un peu de temps.
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