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[RP] « Le Printemps s’annonce toujours rempli de promesses….

Aimeryc.
Un cri. Voir simplement un haussement de voix. C’est tout ce qui avait été nécessaire à l’homme pour se faire entendre de sa jumelle il semblerait car une porte finit par s’ouvrir pour aller laisser apparaître son double. Esquissant un sourire radieux en l’apercevant il s’avança vers elle pour l’étreindre dans une de ses rares démonstrations d’affection avant de se faire couper la priorité par sa fille beaucoup plus volcanique que lui en cet instant. En retrait alors il les observa tout en détaillant les alentours de la pièce en se disant que s’il n’avait pas été chassé par son père, que s’il n’avait pas ainsi disparu de la circulation alors ce domaine lui serait revenu à lui et non à sa sœur qui le négligeait à son avis. Mais aujourd’hui était une journée de retrouvailles, de renouveau alors il se faisait violence afin de retenir les moindres critiques acerbes qu’il pouvait avoir sur les lieux ou même de faire toute réclamation. Il aurait amplement le temps de le dire une autre fois. C’est tiré de sa contemplation qu’il fut lorsque sa fille lui adressa une question. Posant son regard sur elle, il prit le temps d’analyser les mots avant de répondre.

    « - Effectivement ce domaine était à Fil, l’aîné de la famille qui est mort depuis. Il a… légué le domaine à Adeline… Il s’agit de La Haye. J’ai grandis ici. »


Pendant un instant il avait dû se taire. Pendant un instant il avait eu l’envie de dire que ce domaine lui revenait de droit mais il s’était promis quelques minutes avant de ne rien dire et lorsque le Courcy mâle promettait quelque chose il s’y tenait et ce même si c’était à lui qu’il faisait cette promesse. La blonde avait ensuite pénétré dans la pièce d’où était sortie Adeline alors qu’une voix s’élevait derrière eux. Une voix qu’il n’avait jamais entendue, une voix d’homme qui cela dit le fit se retourner lorsque le deuxième mot avait été prononcé. Mère ? S’agissait-il d’Erwan ? Il n’eut même pas l’occasion de poser la question que sa jumelle s’exclama aussitôt et lui confirma par le fait même ce qu’il pensait. Son âme avait voulu, du moins il pensait, aller serrer son fils dans ses bras mais elle n’avait fait qu’un pas avant de s’effondrer au sol assurément dû au trop plein d’émotions. Rapidement comme le vent, ou presque, il s’était précipité vers elle pour l’empêchée de heurter le sol et donc de se faire mal. C’est donc ralenti par ses soins qu’elle tomba au sol. La seule personne qui était apte à soigner dans toutes les personnes présentes à l’exception d’Adeline c’était lui et pourtant le neveu s’était approché pour tenter de faire réagir sa mère. Soupirant devant son attitude il lâcha un grognement devant l’ordre.

    « - Laisse-moi faire Erwan veux-tu. Elle s’en sortira, ce n’est pas la première fois que ça lui arrive. »


Adeline… Pourquoi devais-tu autant te surmener si tu n’étais pas capable de le supporter ? Secouant la tête devant cette constatation il glissa un bras sous les genoux de l’étendue alors que l’autre glissait sous la nuque afin de la soulever. Il savait parfaitement que dans la salle juste à côté, où se trouvait son plus jeune neveu et sa fille, il y aurait un de ces fauteuils où il pourrait déposer sa jumelle afin qu’elle soit confortable. Cela fait il retira la cape qu’il portait afin de recouvrir son double de celle-ci pour la garder au chaud un instant.

    « - Elle a besoin de se reposer un peu alors laissez la respirer un peu et tout ira bien. Elle se surmène trop et l’émotion des retrouvailles l’a fait sombrer. Elle s’en remettra. »


Tout en parlant il s’était redressé alors pour jeter un regard aux personnes présentes dans la pièce avant de se figer sur la seule personne qu’il n’aurait pas cru voir ici en cet instant. Il y avait si longtemps qu’il n’avait pas vu cette femme. C’est sans crier gare qu’il s’élança vers cette femme qu’il avait toujours apprécié plus que jamais afin de la serrer contre lui.

    « - Tant Sigrund ! Je ne pensais pas vous voir ici aujourd’hui. Je suis si content Il y avait si longtemps que je ne vous avais vu. Comment allez-vous ? Combien de temps allez-vous resté ici en Normandie ? »


Le Courcy redevenait un enfant l’espace d’un instant. Si quelqu’un pouvait le faire se tenir tranquille c’était bien cette femme au tempérament aussi doux et bienveillant qu’explosif lorsque quelqu’une situation ne lui plaisait pas. Voir cette femme avait relâché en lui plusieurs tensions et c’est donc serein qu’il abordait le reste de la journée.
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Sigrund



Les jours étaient passés et le temps attendu avait éclipsé les autres. L'effervescence se sentait depuis le petit matin quand, dans les cuisines s'agitait le personnel d'Adeline, que dans les pièces du domaine s'astiquaient meubles et tentures, que les servantes couraient à droite et à gauche afin de fleurir la maisonnée. C'était dans cet état d'esprit festif que Sigrùn avait rejoint sa nièce alors que l'heure avancée et que les premiers invités montreraient le bout de leur nez. La blonde danoise n'ayant pas de nouvelles de son propre fils, elle commençait à s'angoisser mais elle préférait ne pas y penser réellement afin de ne pas jeter sur l'assemblée future ce froid qu'elle ressentait louvoyant sous sa peau comme pour la prévenir qu'un malheur était proche.

Le corps droit, la tête altière, Sigrùn s'avançait dans le halle d'entrée lorsqu'elle croisa le géant Harald qui s'était vu confié un panier de vivres par les cuisines. S'arrêtant près de lui, la blonde mère lui posa une main sur l'avant-bras.


- Tu as tout ce qu'il te faut ?
- Ne vous en faites donc pas pour moi, je vais aller poser ça aux écuries et puis je ferais le tour du propriétaire. J'ai repéré quelques endroits qui me semblent léger au niveau de la défense. Si votre nièce le veut bien, je lui donnerais quelques conseils si vous me le permettez.


Le sourire tendre de Sigrùn s'afficha sur son visage partiellement tendu ce que ne manqua pas de remarquer son intendant et homme de confiance.

- Il viendra. Vous savez comme il est, toujours à se faire attendre mais je le connais mieux que quiconque et il viendra !

Ce n'était pas une phrase en l'air mais une affirmation venue du cœur. Harald avait été élevé avec Osfrid et ayant perdu ses propres parents, il considéré Sigrùn comme une mère bien plus que comme celle qui lui offrait le gite et le couvert en contrepartie d'un travail. Ses propres enfants, du moins ceux qui n'avaient pas succombé à la dernière vague mortelle sur Ribe, trainaient sur le domaine des Rasmussen comme en terrain conquis et jamais, ô grand jamais, Sigrùn ne les avait houspillé. Le regard de l'homme se mua en force qu'il offrit bien volontiers à la danoise.

- Que les Dieux t'entendent mon ami et qu'ils guident ses pas.

La pression des doigts fins de la blonde mère sur l'avant bras du guerrier mis un point final à l'entrevue et chacun se dirigea dans sa direction respective. Le petit salon ferait l'affaire pour attendre les invités avec Adeline et sachant que cet enfant était une éternelle angoissée, son pas s'accéléra tandis que les minutes s'égrainaient. Franchissant la porte, la blonde danoise se choisit un fauteuil face à la porte attendant que quelqu'un vienne la rejoindre. Et ce fut sa nièce qui se fit cueillir par un sourire flatteur.

- Tout va bien Adeline comme vous pouvez le constater mais vous, vous devriez respirer un bon coup et arrêtez de vous agiter. Et puis donnez-moi ce petit garnement qui bavouille partout. Ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de se faire crachoter dessus par le plus jeune fils de la famille.

Les yeux pétillants de malice, le sourire attendri, Sigrùn avait pour Sebbe un réel attachement. Dans les yeux de son petit neveu elle retrouvait chacun des enfants de Courcy qu'elle avait connu. D'octave à Aimeryc, d'Osfrid à Ragnar, d'Adeline à Briana, de Kathryn à Judael, sans oublier Ingvar, son autre fils, celui qui lui fut arraché trop vite… Adeline lui avait dit que son jumeau avait une fille, grande maintenant et elle espérait bien que cet enfant soit là aujourd'hui afin de s'imprégner de ses yeux sans oublier le fils ainé de la maitresse de maison. Les deux qui manquaient à sa contemplation, les deux qui viendraient rejoindre ce que l'on ne peut oublier. Les corps peuvent changer, grandir, être mutilé mais quand on se plonge dans l'âme, on sait qui on a en face de soi, cela ne trompait personne.

Sigrùn était en train de caresser la joue de l'enfançon qui jouait à terre près de sa mère lorsque ce dernier éclata de rire en se raidissant sur ses petites jambes, poussant tant bien que mal sur ses talons, finissant par faire la grenouille ce qui ne manqua pas de faire sourire la danoise.


- En voilà un petit bonhomme bien pressé à devenir un grand. D'ailleurs j'ai un cadeau pour toi que je voulais t'offrir quand tu es né mais je n'ai pas pu venir jusqu'ici…

Et tandis que la blonde grande-tante fouillait dans sa poche, Adeline se levait déjà pour accueillir les nouveaux arrivants. Sigrùn en profita pour passer autour du cou du petit bonhomme un médaillon nordique tout en murmurant :

- Que les dieux te protègent Sebbe. Reçois la clairvoyance d'Odin et la force de Thor, que Frigg guide tes pas et que Freya parsème ton cœur de douceurs et de bonté.

Un baiser sur le front de l'enfant, le laissant sur le sol à jouer tranquillement, vint clôturer ses dires avant de se redresser tandis que déjà une blonde s'avançait dans sa direction prenant d'autorité le petit Sebbe dans ses bras. Sigrùn redressa le menton jugeant la jeune femme qui prenait ses aises sans y être invitée avec dureté. Même elle qui était d'un certain âge ne se permettait pas autant. Mais où avait-elle donc été éduquée ? Inclinant tout de même la tête, la blonde danoise la salua comme il se devait.

- Damoiselle… Mary-Lisa

Oui mais Mary-Lisa quoi, allez savoir. Etait-ce donc elle la fille d'Aimeryc, Sigrùn se le demandait encore quand une nouvelle arrivée vint perturber ce si charmant tableau. Et il n'en fallut pas plus à Adeline pour se laisser choir. Surmenage ou réelle problème de santé, la blonde danoise fronça les sourcils en s'avançant légèrement. Mais déjà trop d'hommes autour de la jeune femme, bien trop pour que tout aille au mieux. Ne savaient-ils donc pas que c'était là affaire de femmes, qu'il fallait sans doute délacer son corset afin de laisser respirer sa poitrine. Un pas en appelant un autre, Sigrùn s'avança dans la direction où l'on venait de poser Adeline sur un fauteuil tout en regardant celui qui donnait des directives comme étant l'homme de la maison. Décidément, Enguerrand avait de beaux restes au travers de son fils. Butor le patriarche était, Butor le fils serait. Secouant la tête, se retenant d'intervenir puisqu'elle n'était pas chez elle, la grande tante fit appeler une domestique.

- Qu'on apporte les sels et un verre d'eau pour madame, elle ne se sent pas très bien.

Ça c'était fait, au moins les mouches qui tournaient autour de sa nièce lui ficheraient la paix. Du plus jeune au plus âgé, ces deux-là semblaient vouloir jouer au maitre des lieux aussi évitait-elle une catastrophe d'arriver trop tôt même si elle conférait au plus jeune une légitimité naturelle puisqu'il s'agissait du fils d'Adeline. Seul enfant de sa nièce qu'elle n'avait pu rencontrer, elle était heureuse de connaître celui qui n'était plus un enfant mais bel et bien un homme. Et quel homme, aussi beau que sa mère au devenir encore incertain mais qui semblait savoir ce qu'il voulait. Il lui rappelait son propre fils à ce même âge. Finalement, les pommes ne tombaient pas bien loin des pommiers de Normandie. Mais alors qu'elle s'y attendait le moins, elle fut tirée de ses pensées par Aimeryc venant à elle afin de la prendre dans ses bras. L'étreinte fut sincère et affectueuse, la blonde danoise posa la main sur l'épaule de son neveu en la lui caressant avec douceur.

- Quel bel homme tu es devenu Aimeryc. Tu n'as pas changé, juste pris cette belle assurance qui fait honneur au Courcy.

Les yeux se tintèrent de cette nostalgie qui l'habitait souvent. Elle était la dernière représentante d'une génération qui se tirait sur la fin et elle en avait conscience. Peut être même que cette réunion de famille serait la dernière à laquelle elle assisterait, peut être que son âge et les meurtrissures de la vie l'entraineraient bientôt sur des rivages lointains. Remettant une mèche de cheveux comme lorsqu'il était enfant, elle plongea son regard dans le sien tout en riant légèrement.

- Toujours aussi empressé à ce que je vois mais je répondrais à toutes tes questions sois-en certain. Pour cela nous avons le temps mais pour l'heure je m'inquiète pour Adeline.

Serrant la main de son neveu dans la sienne, l'étreinte fut de courte durée car déjà Sigrùn s'avançait vers la jumelle d'Aimeryc. Posant le revers de sa main sur son front, elle tenta de savoir si une quelconque fièvre serait à craindre mais la fraicheur de la peau lui indiqua que ce n'était pas le cas. Et lorsque la domestique arriva avec le plateau, apportant ce qu'elle avait demandé, Sigrùn ne se fit pas prier pour ouvrir le capuchon du flacon contenant les sels qu'elle fit respirer à sa nièce avant d'affirmer.

- Et bien ma chère nièce on se permet de prolonger sa nuit ?
Briana.
      Penchant légèrement la tête sur le côté, je le regardais, cherchant dans mes souvenirs de petite fille l’image de celui qui m’avait emmenée sur les chemins, par delà les mers dans ces contrées si froides.
      Il n’avait pas changé, disons, presque pas changé. Il avait un peu vieilli bien sûr, mais quelques années s’étaient écoulées aussi. J’avais souvenir qu’il me paraissait plus grand, mais peut être était-ce moi qui avait grandi. Je n’étais plus tout à fait la fillette d’avant, j’étais presque une dame maintenant.

      Mais dame ou pas… Je mourrais d’envie de me jeter dans ses bras, de poser ma tête contre sa poitrine et sentir son odeur, raviver ce sentiment de sécurité et d’affection qui me manquait tant. Je mourrais d’envie de sentir sa chaleur, et sa grande main me caresser doucement les cheveux pour me rassurer.
      Comme avant. Comme quand j’étais petite.

      Mais je n’osais pas. Il y avait une ombre dans son regard, comme un éclat brisé, une lumière éteinte. Je veux dire… Je l’avais connu taciturne, un peu têtu et de temps à autre mélancolique, mais là, ça n’avait rien à voir, il y avait autre chose. Vraiment autre chose.
      Etait-ce la canne qu’il portait ? Ou le fait de revoir ma mère et le reste de la famille ?
      D’ailleurs savait-il que mère avait eu la bonne idée de faire venir Tante Sigrùn ainsi que mon oncle ?
      Bah ! De toute façon il le découvrirait très vite.


    -Moi aussi je suis contente de vous revoir. Mais vous mentez, j’ai changé, regardez ! Je suis bien plus grande.

      Je lui adressais mon plus beau sourire, trop heureuse qu’il n’ait pas oublié ce nom que les siens m’avaient donné, trop heureuse qu’il ne m’ait pas oubliée à vrai dire. Et quand il me tendit son bras libre, je ne me retins plus et me jetais contre lui – en faisant quand même attention de ne pas le faire tomber- enserrant sa taille de mes bras avant d’enfouir mon visage contre son torse.

      Je ne savais pas vraiment ce qu’il faisait là, mais je remerciais Aristote de l’avoir mis sur mon chemin. Au moins, je pouvais profiter égoïstement de son retour avant de devoir le partager avec le reste de la famille… Au risque de le perdre une nouvelle fois.
      J’avais beau être plus petite qu’aujourd’hui, je n’avais pas oublié sa dernière rencontre – en ma présence - avec ma mère, et je ne voulais pas le voir partir une nouvelle fois.
      Même si cela ne durait que quelques minutes je voulais le garder rien que pour moi !


    -Peuh ! Elle peut bien attendre encore un peu non ! De toute façon elle doit être occupée avec les invités.

      Je levais les yeux vers lui en faisant une petite moue et replongeai ma tête contre son torse en murmurant un : « Vous m'avez manquée ! » à moitié étouffé.
      Je me moquais éperdument de savoir s’il était convenable ou non pour une jeune fille de mon âge d’étreindre un homme. En cet instant, j’avais 8 ans et seulement 8 ans !

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Deedee
    Allo ? Oui ? C’est pourquoi ? Quelqu’un a éteint la lumière ?

    Elle n’avait rien compris la marquise. Un instant elle était là, debout, accueillant son fils avec joie, et l’instant d’après, pouf ! Plus de son, plus d’image, elle s’était retrouvée plongée dans l’obscurité avec cette étrange sensation de tournis et de légèreté.
    Elle entendit un instant la voix de son fils l’appelant, mais se sentait totalement incapable de bouger, remuer et encore moins ouvrir un œil. C’était comme si tout son corps s’enfonçait bien malgré elle dans le sol. Et pourtant, elle se sentait bien. Vraiment bien. En adéquation avec son corps, ressentant les moindres bruits, du sang coulant dans ses veines à ce petit gargouillis dans le creux de son ventre.
    Elle aurait pu rester ainsi des heures voir des jours durant si une insupportable odeur n’était pas venu l’extirper, que dis-je, l’arracher des profondeurs dans lequel elle venait de tomber.
    Elle eut d’un seul coup comme la sensation qu’une main énorme venait de l’attraper par la tête pour la tirer hors de l’eau et la hisser à bord d’un bateau de pêche. Ça sentait le poisson pourri, la fiente de porc et d’autre odeur toute aussi nauséabonde qu’il ne valait mieux pas citer.

    Elle ouvrit alors la bouche en même temps qu’elle ouvrit les yeux pour chercher l’air qui lui manquait et chasser cette odeur fétide. Mais rien à faire, l’odeur persistait et elle finit par se tourner légèrement sur le côté, une main sur le ventre, l’autre devant la bouche réprimant un haut-le-cœur.


    -MmmmmMmmm

    Ouais, c’était vraiment une odeur abjecte ! Elle comprenait mieux maintenant la tête de ses patients quand elle leur faisait sentir ce truc capable de réveiller un mort !
    Au bout de quelques secondes et à grand renfort de profonde inspiration et grande goulée d’air, elle parvint à faire passer le malaise et put enfin prendre conscience de ceux qui l’entourait.
    Sa tante était penchée sur elle. Elle entendit vaguement ce qu’elle était en train de lui dire et lui adressa un sourire tout en balayant du regard son champ de vision. Son frère était là, non loin, sa nièce avec Sebbe également, mais c’est Erwan qu’elle cherchait des yeux.
    Il était toujours là, elle n’avait pas rêvé !


    -Je… Je vais bien. Balbutia-t-elle doucement en se redressant. La sensation de tournis persistait toujours, mais l’odeur des sels s’évaporait doucement. Par… pardonnez-moi, l’émotion sans doute. Déclara-t-elle enfin en leur adressant un sourire rassurant.

    L’émotion ? Vraiment ? En avait-elle trop fait encore ?
    La dernière fois qu’elle était tombé dans les pommes et qu’elle avait ressenti ce genre d’étourdissement c’était quand…
    Machinalement la marquise posa une main sur son ventre comme pour le protéger avant de se tourner vers son fils, reprenant là où elle s’était arrêtée.


    -Erwan mon garçon. Je suis tellement heureuse de te revoir.
      Non, non, voyons, ce n’est pas possible ! Lui murmurait une petite voix à l’intérieur.
      A moins que…
      Et si…


    - Pardonne-moi de t’accueillir ainsi mon fils, ton capitaine m’avait averti de ta venue pourtant. Tu… Tu as fait bon voyage ?
      Mais non, impossible, la dernière fois que j’ai vu Leda c’était…


    Adeline se tourna alors vers sa tante, son frère et sa nièce. Se rendant compte alors qu’ils étaient là et se rencontrait pour la première fois.


    - Erwan, laisse-moi te présenter ma tante, Sigrùn Rasmussen de Courcy, elle est la mère de mon cousin, Osfrid Rasmussen. Tu te souviens de lui ?
      Et l'autre ! Tu l’as oublié ?


    Sa main se serra sur son ventre et son cœur s’accéléra mais elle continua sur sa lancée, poursuivant les présentations, essayant de faire taire cette petite voix intérieure qui ne cessait de papoter.


    -Et voici mon frère, Aimeryc, et sa fille, ta cousine, Geneviève Mary Lisa, que l’on appelle plus communément Mary.
      Mais non voyons, ça ne s’est produit qu’une fois !
      Oui, mais… Une fois suffit. Et puis rappelle-toi de cette fois justement… C’était si….


    Sentant le feu lui monter aux joues et ses jambes trembler à l’évocation de ce souvenir, Adeline retira brusquement la main de son ventre et s’empressa de prendre dans ses bras son dernier né.


    -Et lui, c’est Sebbe. Elle adressa un regard vers son fils ainé, guettant sa réaction, avant de rajouter. Ton frère.
      Par Aristote ! Qu’ai-je fait !
      Se peut-il que…


    Ses jambes se mirent de nouveau à trembler, mais avant qu’elle ne se retrouve à nouveau par terre en proie à un nouveau malaise, la Marquise se laissa choir dans le fauteuil, portant son regard vers sa tante, son frère, sa nièce, et plus particulièrement vers son fils ainé.
    Mais que diable faisait Briana ?

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Osfrid_
    Tenir Bothilde dans ses bras l'avait ramené quelques années plus tôt où durant son triste séjour à Ribe, il avait profité de la petite fille qu'elle était alors afin de reprendre goût à la vie tandis que cette dernière partait en lambeaux. Mais aujourd'hui il ne pouvait se permettre de puiser ce réconfort au cœur même de cette enfant qui était devenue une véritable jeune fille. De une parce que cela aurait déplu grandement au reste de la famille et deuxièmement, parce qu'Osfrid n'avait plus rien à voir avec l'homme d'autrefois et qu'il ne voulait en aucun cas salir Briana par ses humeurs moribondes.

    Se redressant, il la tint à bout de bras afin de l'observer et de mémoriser cette nouvelle image qu'il aurait d'elle. Elle était loin la jolie petite fille à la chevelure dorée qui courait dans tous les sens avec les enfants d'Harald ou bien qui sautait sur les genoux d'Eirik le Rouge… il était loin ce temps de l'insouciance et il savait par expérience que d'autres difficultés attendraient Briana une nouvelle fois car bientôt l'âge de raison et certainement des alliances à conclure de part sa mère afin de la marier. Osfrid chassa cette pensée pour tenter d'offrir un sourire à sa petite cousine. Le danois passa quand même une main sur la chevelure de Briana, geste tendre d'autrefois avant de lui répondre.


    - Effectivement, tu as bien grandi depuis toutes ces années. Mais je vois que ton opinion sur ta mère n'a guère évolué lui !

    Le sourire qu'il afficha était mi-figue, mi-raisin. Il aurait aimé que la jeune demoiselle qu'il avait devant lui respecte un peu plus la marquise qu'Adeline était devenue mais il comprenait ce gouffre qui les séparait. N'avait-il pas à une époque soustrait Briana à la mauvaise influence de sa mère parce qu'il n'admettait pas qu'elle fasse passer la politique avant ses propres enfants ? Et aujourd'hui, les choses semblaient être figées dans le temps contrairement à l'âge des protagonistes. Peut être qu'il lui faudrait parler plus longuement avec Briana plus tard… bien plus tard. En attendant, prenant les rênes de son cheval, Osfrid prit le temps de trouver un certain équilibre afin de marcher sans trop boiter, sans trop donner l'impression qu'il n'était plus maitre de lui-même. Prenant une profonde inspiration, il tourna le visage vers sa petite cousine tout en faisant un pas discrètement.

    - Tu ne devrais pas parler de ta mère comme ça Briana. Elle a fait des efforts pour réunir la famille aujourd'hui, je pense qu'elle a soit une bonne nouvelle à nous annoncer, soit on lui manque tous et elle a envie de prendre un bain de piques en tout genre mais un effort est fait dans la bonne direction tu ne trouves pas ?

    Un autre pas fut fait avec toujours autant de lenteur mais un peu plus d'assurance. Le danois se tenait droit comme un i et chaque mouvement était calculé même s'il faisait mine de ne voir que Briana. Son sourire lui, par contre, était d'une franchise désarmante devant la jeune fille car de la voir là en ce jour lui apportait un certain baume au cœur.

    - Et dis-moi ces invités, tu sais qui ils sont en dehors de la famille ?

    Cette fois-ci, les doigts d'Osfrid se resserrèrent violemment sur la bride de sa monture. Déjà qu'il avait du mal à se projeter devant les autres membres de la fratrie alors des inconnus. Un certain malaise sembla lui faire tourner la tête mais le guerrier qu'il était eut tôt fait de maitriser l'angoisse qui venait le chahuter à cet instant. Et quelques pas supplémentaires furent fais afin de les rapprocher de ce qui serait bientôt le cœur du domaine et peut être du problème car il savait très bien que ses liens avec la branche normande n'était pas au beau fixe ni même la branche à moitié angloyse. Décidément, foutue famille qu'il avait là. Prenant le temps de s'arrêter un peu, Osfrid posa une main sur l'épaule de Briana afin de l'arrêter dans son envol et pour qu'elle se mette face à lui afin de bien faire passer le message qui allait suivre.

    - Briana, j'espère qu'aujourd'hui tu sauras te montrer digne de la famille et que tu lui feras honneur non pas en t'opposant à ta mère mais en devenant son héritière. Si là-dedans il y a des invités que tu ne connais pas, ne va pas leur faire mauvaise impression, au contraire. Tu n'es plus une petite fille Bothilde et tu ne peux plus te permettre d'être une petite furie comme autrefois.

    Osfrid sourit à ce souvenir. Il la revoyait encore aller dans tous les sens sur le domaine familial de Ribe ou encore dans le sud quand ils avaient élu domicile par là-bas. La main du danoise vint se poser sur la joue de la jeune fille et les doigts la caressèrent avec douceur.
    - Tu es prête ? De toute manière, on n'a plus vraiment le choix maintenant.

    Prenant une grande inspiration, Osfrid laissa sa monture au palefrenier qui venait déjà à sa rencontre, récupéra sa canne qu'il coinçait toujours sur la scelle et prenant Briana par la main, il lui fit signe de s'avancer en même temps que lui. Quoi de plus formidable que d'arriver ensemble au milieu du nid de vipères ? Eux contre le monde entier. Ça ferait une belle chanson plus tard mais pour l'heure, place au spectacle. Et quel spectacle puisque tout le monde semblait essayer de se coller à Adeline qui était tombée dans les pommes quelques instants plus tôt tandis que Briana et Osfrid arrivaient. La voix du danois résonna comme un coup de fouet.

    - Et bien que vois-je, on se donne encore en spectacle cousine ? ça devient une manie chez vous !!

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Sebbe.
    Quelle agitation aujourd’hui !
    Je ne sais pas quel mouche a piqué ma mère aujourd’hui, mais elle court dans tout les sens, même Flore ma nourrice a bien failli oublier de me donner mon lait !
    MON LAIT ! Vous vous rendez compte un peu !
    Moi, pauvre petit bonhomme de même pas 10 mois, me priver de lait.
    C’te honte !
    Monde cruel va !

    Et vas y que je te passe de bras en bras, un peu plus et elles vont me ranger dans le placard à balai si ça continue.
    Ah ! non ça s’arrête enfin dans les bras de ma grande tata du froid, ça serait bien qu’elle lui dise de se calmer un peu je crois. Elle va pas finir la journée ma maman sinon.
    Mais c’est pas le tout, maintenant que ça se calme un peu, j’ai autre chose à faire moi. Alors je gesticule dans tout les sens, je pousse, je tire (j’appelle ça faire l’anguille, les grands y aiment pas en général) et victoire ! Je suis enfin par terre !
    Direction… Sigyn, ses grosses pattes et son pelage tout doux ! Et tant pis si j’me sali ! D’toute façon, j’aime pas ces frusques… On dirait une fille la dedans !


      -bawawamana tapapatata !
        « Tu m’fais une petite place pour que je me planque ? Ils sont complètement fou là-haut ! »


    Et pendant que m’man était repartie courir de plus belle j’expliquais mes petits malheurs au chien, seul être vivant dans cette maison à me comprendre.
    Enfin, non, c’était pas le seul, mamili (ouais c’est plus court que « Grande Tata du Froid » quand même !) aussi me comprenait, même qu’elle venait de me faire un cadeau.
    Et ouais !
    Je suis encore trop petit pour comprendre, mais ce truc autour de mon cou, je l’aime déjà ! Et puis c’est pratique pour mâchouiller quelque chose quand je m’ennui.

    Mais pas le temps de m’ennuyer, Malou venait d’arriver et avec elle je l’espérais, des p’tit biscuits ! Elle me tend les bras, je lui tends les bras, on se tend les bras mais pas pour un méga câlin ! Y’a qu’une chose qui m’intéresse moi, j’ai faim !
    Et là !
    Stupeur !
    Horreur !
    Un inconnu ! Deux inconnus ! Des inconnus !
    J’aime pas les inconnus !


      -Mamamamamama
        « Maman au s’cours ! »


    Mais paf, d’un coup, plus d’maman. Je crois que maman non plus n’aime pas les inconnus, elle a préféré faire la sieste !
    J’étire mes lèvres en mode : « je vais bouder », et je tends le doigt vers l’inconnu qui porte môman


      -booo
        « j’avais dit qu’elle allait pas tenir la journée hein ! »


    Je regarde Malou, puis Mamili, puis Malou, et encore Mamili et je gigote à nouveau parce que en fait, j’aimerais bien rejoindre m’man. Et puis parce que j’veux pas qu’les inconnus s’en approchent trop près hein.
    C’est ma mère ! A moi ! J’partage pas !


      -Mamamammamam
        « Et ho ! Maman c’est pas l’heure de la sieste là ! »


    Ah ! On dirait qu’elle a comprit, elle ouvre les yeux, elle se lève, mais moi personne ne fait attention à moi encore.
    Hey ! Ho ! J’existe ! J’suis là !
    Et je gigote de plus belle jusqu’à ce qu’enfin ! C’est pas trop tôt ! Je retrouve les bras de m’man. Hum… J’connais rien d’plus bon que ça ! Je m’agrippe à elle, je colle ma tête tout contre elle, et je lance des regards noirs vers les autres.
    Surtout lui, là, l’jeune.
    Il a pas intérêt à l’approcher…
    Elle est à moi !
    Compris !

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Erwann_

    « Pezz di Mer.da*. »

    Siffler entre les dents, à peine prononcé, même les ignorants de la langue des Papes pouvaient comprendre au regard de l’adolescent qu’il n’y avait aucun once amabilité dans les termes. Ce qu’il avait mal encaissé ? Impression indéfinissable ou trop ténu pour être véritablement capté. Peut-être ce mélange d’arrogance, de trop de certitude et d’outrecuidance. De tel défaut, il en avait souvent vu chez d’autre, mais ici c’était différent. Ici, l’homme n’était pas chez lui. Ou pas vraiment. A moins que … Le regard acéré du pseudo Italien se riva sur l’inconnu qui étrangement, semblait le connaitre lui. Hum. Alors, il supposa l’identité : Le fameux – ou pas – Leda dont sa sœur lui avait à peine soufflé trois mots. Attribuant alors – à tords – des droits d’action au brun-pseudo sauveur, le cadet en haussa les épaules puis se détourna de la scène en reculant de quelques pas. Il avait fait sa part du contrat.

    Et il fit bien car déjà, la situation changea une nouvelle fois de main. Ce ne fut guère compliqué puisqu’après un passage à la « chevalier servant » portant sa dulcinée jusqu’au lit nuptial, le Bastardo* l’avait finalement abandonné comme un sac encombrant sur un fauteuil. Belle métaphore du mariage ! Qui ne fit rien pour arranger la première impression du gamin qui ne put retenir un sourire ironique et qu’importe si certain s’offusquerait de le voir ainsi s’amuser de la situation. Mais cet état froid d’amusement ne dura pas. L’action s’accélérait à nouveau. Adeline reprenait vie.

    Attentif jusqu’aux premiers signes de mieux de la Maitresse des lieux, il avait – pour ne pas se faire masquer la vue par ceux papillonnants autour – fait quatre pas vers la gauche, se libérant ainsi autant que possible, un meilleur champ de vision. Et si l’inquiétude avait percé quelques-uns de ses traits durant les longues minutes d’inconscience, une rancœur évidente la remplaça à mesure que la moitié de ce sang s’exprimait à lui directement. S’était ainsi, plus fort que lui, dès qu’il était question de la Courcy-mère, le dépit et l’amertume se livrait un combat acharné sans laisser beaucoup de place au reste des sentiments. Ils étaient là, pourtant, juste là. Mais totalement immergés, enfermés à double tour, sans remise de peine possible.

    Scrutateur mais silencieux, c’est son regard, passant sur les uns et les autres qui divulguer l’attention qu’il portait aux efforts de sa mère vers lui. Les iris quittant le geste vers l’abdomen sans commentaire ni jugement, s’arrêtèrent longuement sur la Danoise. Elle l’intrigué parce qu’elle détonnait parmi eux, tant par son aspect et par son attitude. Car si l’on n’apprend guère les politesses en mer, on est forgé – de grès ou de force - au respect de l’autorité et cette tante inconnue avait cet aura de ceux habitués à diriger sans concession. Avec douceur et fermeté. Curieux malgré sa rage, le Courcy la détailla. Sans discrétion. Sans insistance non plus. Il cherchait, parmi ses traits, les reflets de ceux déjà connu parmi les siens. Une ressemblance, un lien d’appartenance. N’en trouvant pas, il courba légèrement le cou à son intention.

    Comme signe d’égard, qu’on ne lui ne lui demande pas plus pour le moment !

    A la suite, il apprit que le supposé beau-père n’était finalement qu’un oncle et ne sut dire si cela lui allait mieux ou non. Que la supposé mère ne l’était pas ou pas avec ce gamin là et n’était autre que sa cousine et que l’enfant passé des unes aux autres des femmes n’était finalement que son frère. Que. Bâtard lui aussi ? Puisque sa – leur mère était désormais mariée, il y avait peu de chance. Une pointe lancinante lui barra le cœur. Alors c’est ainsi, ils y étaient. Cet instant auquel Lennart avait si souvent tenté de le préparer. Longuement, ses pupilles ne quittèrent pas l’héritier – se bout d’humain d’à peine quelques kilo de chaire, de sang et d’os - mais rien à faire, aucune joie ne sublima la nouvelle.


    « Bene*. Tachez de ne pas le négliger celui-là. »


    Cadeau, Maman. Détournant le regard pour ne pas lui accorder plus d’attention encore, jugeant qu’elle en avait déjà trop eut, l’entrée - quasi fracassante dans le silence qui s’était froidement installé - du Nordique et de sa sœur lui offrit une dérobade sur un plateau d’argent.

    « Bonjour. »


    *Morceaux de merde.
    *Bâtard
    *Bien

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Deedee
    Et bim, dans les dents la Marquise !
    La réflexion de son fils ne lui avait pas échappé, et quelque part elle s’y attendait un peu, comment un gamin d’une quinzaine d’année ayant fui l’absence de sa mère pouvait-il le prendre autrement en voyant un nouveau venu dans la fratrie. Mais tout de même ! Il y avait des façons de se tenir, et des façons de parler à sa mère !
    Inconsciemment Adeline fronça les sourcils prête à lui répondre et lui demander des explications mais l’arrivée de son cousin accompagnée de sa fille l’en empêcha et puis… l’heure n’était pas au conflit. Pas comme ça.
    Pas ici.
    Pas maintenant.
    Elle se contenta alors de lancer un ultime regard à la fois maternel et autoritaire vers son vagabond de fils espérant pouvoir lui faire comprendre qu’il ne perdait rien pour attendre, tout marin qu’il était devenu et même s’il devait le dépasser de presque une tête à présent.


    -Vous savez combien j’aime à me faire remarquer mon cousin. Et puis j’espérais que cela vous fasse arriver plus vite ? Répondit-elle au Danois en se levant aussi prudemment que si elle devait marcher sur une poutre. Serrant fermement son fils dans les bras, Adeline afficha un sourire bienveillant (quoiqu’un peu tendu) constatant que la terre s’était arrêtée de tourner et que son haut de cœur avait disparu.
      Je me suis peut-être trompé. Se pensa-t-elle
      C’est ça ! Et ma sœur c’est l’pape ? Lui chuchota la petite voix.
      Oh ! Toi ! Tais-toi ! Ce n’est pas le moment. Lui répondit-elle silencieusement.
      D’toute façon avec toi, c’est jamais l’moment ! N’empêche que… J'ai raison !


    -Je suis heureuse de votre venu Osfrid. Vous avez fait bon voyage ?

    Elle s’avança de quelque pas pour l’accueillir convenablement avant d’être littéralement projetée en avant presque dans les bras de son fils ainé, poussée par l’énorme masse de muscle et de poils qui venait de se lever presque d’un bon, poussant sans ménagement les jambes qui se trouvait devant son nez, battant de la queue comme un fermier bat son blé, pour se frayer un passage jusqu’au Danois. Et tant pis pour ceux qui se trouvait sur son passage.
    Manquant de perdre une fois de plus l’équilibre et craignant de faire tomber Sebbe dans ses bras, Adeline se raccrocha au bras de son fils le poussant à son tour (légèrement) vers Mary.


    -Sigyn ! Enfin !

    Mais rien à faire, gronder un chien ravi de revoir celui qui l’a vu naitre, c’est comme tenter de se lécher le coude, impossible ! Et la grosse boule de poils lui fit bien comprendre en émettant un aboiement sonore et joyeux.

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Aimeryc.
Seul homme présent, si on ne comptait pas le nouveau venu, le Courcy s’érigeait en homme de la maison comme il avait toujours eu l’habitude de faire. Cette tendance à ordonner et diriger était une partie de lui-même qu’il ne saurait renier et que son père avait su lui inculquer avant de la chasser. Après avoir déposée le corps de la jumelle sur le fauteuil il s’était dirigée, avec sa curiosité sans fin, vers sa tante qu’il avait aperçu afin de la prendre dans ses bras. C’est avec douceur et sincérité qu’il étreignit celle-ci alors qu’elle lui rendait le geste, une main posée contre son épaule. Afin de ne pas trop l’étouffer il finit par le relâcher tout en inclinant la tête au compliment. De l’assurance il en avait pris, il n’avait pas eu le choix avec les épreuves de sa vie. Il espérait qu’en quelque part son père serait fier de l’homme qu’il était devenus malgré leur dernière conversation. Le regard dans celui de sa tante, il affichait un sourire délestée de tout soucis sur ses lèvres, amusé par la réponse qu’elle lui desservit.

    « - Adeline s’en sortira. Ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. Elle se surmène trop comme toujours. J’ai beau lui dire, elle fait, elle aussi, qu’à sa tête. »


Comme quoi elle était sa digne jumelle sur certains points alors que sur d’autres ils étaient complètement différents comme l’eau et le feu. Sa main dans celle de sa tante pendant un instant, il se tourna vers celle-ci lorsqu’elle se dirigea vers Adeline à l’arrivée d’une domestique qui transportait un plateau avec un verre d’eau et des sels. Attentif il regarda la danoise prendre soins de sa nièce tout en esquissant un sourire amusé à la réplique. Ce geste sembla porter fruit puisque la surmenée reprit conscience lentement. En retrait il observa la scène qui se déroula sous ses yeux sans prendre la parole une fois. Il avait appris avec le temps quand était venu le moment de se taire et quand il pouvait parler et ces retrouvailles il ne devait pas les gâcher même si elles s’annonçaient plus difficile que prévu.

C’est au moment exact ou le danois pénétra dans la pièce que la réunion prit une toute autre tournure. Il avait espéré qu’il ne serait pas présent, qu’ils pourraient avoir une réunion de famille sans le chieur de service mais il semblerait que même cela n’était pas possible. Soupirant aux propos du cousin, il secoua légèrement la tête alors que personne ne le voyait.

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Mary_lisa.
Alors que doucement sa tante reprenait ses esprits, les présentations commençaient à se faire. Légèrement en retrait elle observait la scène quelques peu perdu. Elle n’aimait pas l’inconnu. Cela l’angoissait. Si sa Suzeraine ne l’avait pas si bien préparé des mois plus tôt à se retrouver au milieu d’inconnu elle aurait à cet instant à coup sûr prit ses jambes à son cou.
Mais prenant sur elle, inspirant comme on lui avait appris, elle se mit à observer les protagonistes comme extérieures à la scène. Ainsi la doyenne présente n’était pas une potentielle grand-mère qu’on lui aurait cachée, mais une grande tante. A quelque chose près c’était la même chose. Elle aimait bien les femmes d’un certains âge, elles avaient quelques chose de rassurant et d’apaisant. Et cette pièce commençait sérieusement à se remplir de testostérone. C’est assez surprise qu’elle vit son père l’étreindre dans ses bras. Il ne lui avait jamais parlé d’elle et pourtant semblait soudain prit d’affection. Ceci dit, il ne lui sembla pas nécessaire de les présenter. Si elle comptait sur son père pour la mettre à l’aise au milieu d’inconnu, clairement c’était raté.

Son analyse se reporta donc sur le deuxième inconnu. Son cousin donc. Elle ne put s’empêcher de ressentir un sentiment de déception. Elle avait tant entendu parler de ses cousins qu’elle s’était plusieurs fois imaginer leurs rencontres. La solaire avait dans son esprit une image de la famille idéale, qui serait aimante et soudée. Douce naïveté enfantine. Elle qui se lamentait souvent d’être fille unique, ce qu’elle détestait, espérait toujours retrouver en ses cousins ce lien fraternel qui lui manquait tant. Tout comme lorsque elle se retrouvait auprès de Sebb. Sauf que lui n’était qu’un bambin baveur et chialeur. Mais en voyant l’attitude de ce cousin aux faux airs d’italien, clairement elle n’avait plus si envie de lui sauter dans les bras. Plutôt le contraire même, son attitude envers Adeline commençait sérieusement à la faire bouillonner intérieurement. Et après on osait dire qu’elle était irrespectueuse et insubordonné ? Visiblement, c’était dans les gênes.

Sa répartie envers l’hériter fut envoyé comme une gifle. Elle regarda un instant Adeline en restant bouche bée. Non, vraiment, à présent interdiction de lui dire qu’elle était insolente. Elle se trouvait même pour le coup la plus sage de la famille. Mais elle ne put s’empêcher de fusiller l’insolant du regard. Il n’était pas même encore un homme et se sentait pourtant pousser des ailes. Une réplique cinglante lui chatouillait sérieusement la langue. Mais une fois encore, elle inspira profondément pour prendre sur elle et se contenir. Après tout, ce n’était pas à elle de recadrer celui qui était à peine plus jeune qu’elle. En fait… c’était peut-être une bonne chose qu’elle soit fille unique, il aurait été son petit frère elle l’aurait sans aucun doute laminé sur place. Bon… oui, c’est un peu l’hôpital qui se fou de la charité tout de même.

Heureusement, une nouvelle arrivée détourna son attention. Trois inconnus. Un homme et deux filles le suivant. Elles avaient l’air un peu plus jeune qu’elle. Un cousin et ses filles ? Un oncle et ses cousines ? Cela en devenait fatiguant de se retrouver au milieu de parfait inconnu. Elle leva ses yeux vers son père pour chercher un peu d’aide, mais non une fois encore il ne trouva pas utile de lui faire les présentations. Soupirant d’agacement, elle se voyait déjà quittée la pièce. Le Mélodrame familial allait bien cinq minutes. Gênée, mais néanmoins polie elle esquissa un léger mouvement de tête pour saluer les nouveaux arrivants.


- Le bonjour à vous.

Oui tout simplement. En même temps que pouvait-elle dire d'autre ? Ce n'était ni à elle de leur souhaiter la bienvenue, ni de faire les représentations.
L'ambiance commençait réellement à devenir pesante.

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Briana.
      Comment est-ce que mon opinion aurait pu changer sur ma mère ? Il s’était effectivement écoulées quelques années depuis que j’avais pris un chemin différent de celui de mon cousin, mais les choses n’avaient pas vraiment changé depuis. Envoyée au couvent pour mon « éducation » puis à l’autre bout du Royaume pour soit disant ma « santé », je n’avais pas vraiment eut le temps de côtoyer ma mère et de penser autre chose à son sujet. Et je n’avais guère envie de changer d’opinion pour le moment, pas tant qu’elle ne serait pas enfin décider à me garder près d’elle. Et comme cela n’était pas prêt d’arriver… Aucun risque !

      Mais docile j’écoutais Osfrid, avançant à son rythme sans quitter son regard. Ses paroles me surprirent un peu au début, pour ne pas dire beaucoup bien que je devais l’admettre, il avait raison.
      Ma mère faisait des efforts.
      Même si je redoutais profondément les raisons de cette réunion.


    -Non, elle m’a juste parlée de la famille, donc j’ignore qui et si d’autre personne viendront.

      Et j’espérais au fond de moi que personne d’autre ne viendrait. C’était déjà compliqué de rencontrer une famille qu’on ne connaissait pas, alors si en plus venait se greffer d’autre personne.
      De toute façon, j’étais bien décidée à fausser compagnie à la petite assemblée dès que l’occasion m’en serait donnée !

      Je sursautais bien malgré moi en sentant la main d’Osfrid se poser sur mon épaule et me tournait surprise et inquiète pour lui faire face. Avait-il lu dans mes pensées ?
      Sûrement.
      Et même très certainement.
      Je baissais la tête, comme une petite fille prise en faute. Faire honneur à ma mère, devenir son « héritière », ne pas faire mauvaise impression, j’avais l’impression d’entendre un sermon de la mère supérieur lorsque celle-ci me houspillait après une de mes escapades… Mais pourquoi mon cousin me tenait-il un pareil discours ?

      J’ouvris la bouche pour lui répondre, à la fois agacée et inquiète. Me prenait-il pour une sauvageonne ? Une gueuse mal élevée ? Certes j’avais passé de nombreuse année dans un couvent mais j’y avais appris les bonnes manières, et puis, j’étais une jeune fille maintenant ! Une femme même ! J’étais prête à lui répliquer avec force et colère, mais la caresse de cette main, immense, chaude et protectrice sur mon visage m’arrêta net dans mon élan, faisant fondre toute les barrières que j’avais érigé tout autour de moi.
      Et finalement, je m’entendis simplement lui répondre, dans un murmure :


    -Je vous le promets…

      Puisqu’il le fallait. Alors je le ferais. Mais uniquement pour lui, et pour Tante Sigrùn ! Pas pour elle !


    -Allons-y.

      Je serrais doucement sa main dans la mienne et pénétrais à ses cotés, la tête droite et fière dans l’arène.
      Une drôle d’arène d’ailleurs.
      Ma Tante était là. Logique.
      Mère aussi. Logique également. Assise dans un fauteuil le braillard dans les bras et la mine pâle. Pas logique.
      Ainsi que deux inconnus qui devait dans doute être mon oncle et… Ma tante ? Nan, bien trop jeune… Quoique… Tout pouvait être possible.
      Oubliant donc la promesse faite à mon cousin juste avant, je détaillais un instant la « nouvelle » des pieds à la tête avant d’apercevoir Erwann. Mes lippes s’étirèrent en un large sourire, trop heureuse de le revoir ! Si mon frère était là, alors… La journée n’en serait que meilleure !
      Je lâchais donc sans hésitation la main de mon cousin pour me rapprocher de ce frère si longtemps absent juste au moment où le chien passa en mode « poussez-vous d’là que j’m’y mette ». Pas vraiment effrayée par le molosse mais plutôt surprise de sa réaction et craignant surtout qu’il ne me saute dessus, je fis moi aussi un pas sur le coté pour me retrouver derrière le Danois.
      C’est que, mine de rien la bestiole faisait son poids et sa taille et je n’avais pas envie de me retrouver écrasé par cette boule de poils.


    - Mère ! Mais faites quelques choses, elle va finir par blesser quelqu’un !
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