Fauve_ebene
A la porte qui s'était ouverte, à ce regard amical, presque maternel qui se posait sur moi, je m'apaisais un peu. Déjà je sentais que j'avais bien fait de venir me confier à elle.
Sans le savoir nous avions quelques points communs. Notamment celui d'avoir besoin de temps avant de se sentir "chez sois" en Memento. Mes raisons étaient sans doute bien différentes des siennes cela dit. Les mois passant m'avaient permis de m'y épanouir, de peu à peu y prendre ma place, d'y faire mes marques.
Je la laissais me guider vers sa cuisine, émeraudes balayant distraitement le décor. Juste assez pour ressentir la chaleur de l'endroit. J'étais bien plus à l'aise ici que dans une des pièces du Castel. Flattée aussi qu'elle m'ouvre les portes de son nid.
Mes fins doigts enlacèrent le bol tendu, remerciant la Carmine d'un hochement de tête et d'un sourire léger.
Nous pourrions nous s'asseoir si cela ne vous dérange pas, je suis un peu fatiguée...
Un peu? Nan, complètement épuisée, à plat pour dire vrai. Je gagnais un fauteuil de la pièce voisine pour m'y glisser, gardant précieusement mon bol dans le creux de mes mains. Ainsi installées, nous serions bien pour discuter.
Et l'heure de livrer mon histoire.
Bien.. voilà...
Je suis... J'hésite presque à dire "j'étais" mais cela me fend encore trop le coeur de penser que je ne le reverrai plus... la compagne de Kelhyos. C'est le garde personnel de Kahhlan. C'est ainsi que j'ai fais sa rencontre.
Depuis le jour où il est entré dans cette taverne, qu'il a retourné sa chaise pour s'asseoir à califourchon dessus, moi j'ai littéralement fondu sur la mienne, je suis tombée folle amoureuse de lui. Ca a prit des mois avant que nos situations respectives nous permettent de vivre enfin notre amour au grand jour.
Lèvres qui s'étirent dans un sourire tendre.
Finalement, c'est arrivé, et nous avons vécu des moments heureux, même au milieu de cette guerre en empire.
S'assombrit un instant, l'air pensive avant de reprendre.
Puis un jour, il n'est pas revenu du front à Chambery. C'était au début de Juin. Je l'ai cherché des jours durant. J'ai envoyé des dizaines de pigeons. Mais rien. Pas de corps, pas de lettres..., aucunes nouvelles. L'horreur.
Je ne vivais plus, je ne mangeais plus, Aaron devait me gaver à coup de chausson aux pommes...
Et là, au milieu de cette détresse, j'ai rencontré un homme. Il n'y avait aucune compassion dans son regard, et finalement, j'ai réalisé que son indifférence me faisait du bien. Il ne me demandait pas chaque jour si je n'avais pas de nouvelles de Kelhyos, me ramenant ainsi à la réalité sans cesse. Non, au lieu de ça, il me changeait les idées, je respirais un peu en sa compagnie avant de replonger dans mes souffrances. Je ne supportais plus les regards de pitié posé sur moi, alors j'ai décidé de... m'appuyer sur lui pour reprendre un peu du poil de la bête comme on dit.
Ce qui m'arrangeait, c'est qu'il avait tout du parfait coureur de jupon. Essuyant mes refus avec le sourire, sans se vexer, sans s'éprendre de moi. Alors nous avons partagé des moments de complicité, de rire.
Et ça à fonctionné, j'allais de mieux en mieux...
Il est parti et moi j'ai été envoyée avec Gorborenne pour faire du ravitaillement à Montpellier.
Hasard ou destinée, nous nous y sommes retrouvés pour la journée.
C'est là que....
Soupire profondément.
J'ai cédé au réconfort de ses bras.
La regarde un instant.
Oh, je ne suis pas là parce que le remord me ronge. Non, je ne regrette pas. C'est étrange... Mais Kelhyos vient d'un pays ou les moeurs sont biens différentes des nôtres... Je sais qu'il ne m'en voudrait pas. Il me l'a assez souvent répété. S'il venait un jour à manquer à ses devoirs, qu'il ne me tiendrait pas rigueur d'aller trouver dans d'autres bras ce qui me faisait défaut. Ce qui d'ailleurs avait le don de m'agacer. Jamais... jamais je n'aurais pensé qu'un jour il ne puisse plus être à mes côtés.
Se mord l'intérieur de la joue.
Bref, après cette journée, nous nous sommes à nouveau perdu de vue jusqu'à ce que j'arrive à Périgueux et que cet homme décide de venir m'y retrouver. Il m'a accompagné jusqu'au Languedoc pour que j'aille voter, mais j'ai commencé à être malade sur la route. Je pouvais à peine me lever le matin tant je me sentais épuisée, et aucune nourriture ne me faisait envie.
Sur le chemin du retour, il a du faire volte face et m'a laissée aux portes de Périgueux pour que je regagne le campement. Il doit... il s'est engagé dans un mariage arrangé il y a quelques mois... Il semble que sa promise lui ai enfin rendu des nouvelles.
Quant à moi, je me suis précipitée en tente médicale pour y trouver Caro avec l'espoir qu'elle me trouve une potion, un vaccin. Là, Aaron m'a dit qu'elle n'était plus au camp, du coup je suis allée voir un autre médecin. C'est là que... j'ai été obligée de réaliser ce qu'au fond je moi je savais déjà.
La gorge se serrait et les mots suivants furent difficile à sortir.
Je... enceinte.
J'ai oublié de prendre ma tisane après Montpellier... Stupide que je suis!
Et de regarder Key de mes émeraudes désorientées. Si je n'avais pas déjà pleurer toutes les larmes de mon corps les mois précédents, pour sûr je me transformerais en un véritable torrent à cet instant. Mais rien ne vient. Rien d'autre qu'un profond désespoir.
Je ne sais pas quoi faire... Personne ne sait.. à part vous...
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Sans le savoir nous avions quelques points communs. Notamment celui d'avoir besoin de temps avant de se sentir "chez sois" en Memento. Mes raisons étaient sans doute bien différentes des siennes cela dit. Les mois passant m'avaient permis de m'y épanouir, de peu à peu y prendre ma place, d'y faire mes marques.
Je la laissais me guider vers sa cuisine, émeraudes balayant distraitement le décor. Juste assez pour ressentir la chaleur de l'endroit. J'étais bien plus à l'aise ici que dans une des pièces du Castel. Flattée aussi qu'elle m'ouvre les portes de son nid.
Mes fins doigts enlacèrent le bol tendu, remerciant la Carmine d'un hochement de tête et d'un sourire léger.
Nous pourrions nous s'asseoir si cela ne vous dérange pas, je suis un peu fatiguée...
Un peu? Nan, complètement épuisée, à plat pour dire vrai. Je gagnais un fauteuil de la pièce voisine pour m'y glisser, gardant précieusement mon bol dans le creux de mes mains. Ainsi installées, nous serions bien pour discuter.
Et l'heure de livrer mon histoire.
Bien.. voilà...
Je suis... J'hésite presque à dire "j'étais" mais cela me fend encore trop le coeur de penser que je ne le reverrai plus... la compagne de Kelhyos. C'est le garde personnel de Kahhlan. C'est ainsi que j'ai fais sa rencontre.
Depuis le jour où il est entré dans cette taverne, qu'il a retourné sa chaise pour s'asseoir à califourchon dessus, moi j'ai littéralement fondu sur la mienne, je suis tombée folle amoureuse de lui. Ca a prit des mois avant que nos situations respectives nous permettent de vivre enfin notre amour au grand jour.
Lèvres qui s'étirent dans un sourire tendre.
Finalement, c'est arrivé, et nous avons vécu des moments heureux, même au milieu de cette guerre en empire.
S'assombrit un instant, l'air pensive avant de reprendre.
Puis un jour, il n'est pas revenu du front à Chambery. C'était au début de Juin. Je l'ai cherché des jours durant. J'ai envoyé des dizaines de pigeons. Mais rien. Pas de corps, pas de lettres..., aucunes nouvelles. L'horreur.
Je ne vivais plus, je ne mangeais plus, Aaron devait me gaver à coup de chausson aux pommes...
Et là, au milieu de cette détresse, j'ai rencontré un homme. Il n'y avait aucune compassion dans son regard, et finalement, j'ai réalisé que son indifférence me faisait du bien. Il ne me demandait pas chaque jour si je n'avais pas de nouvelles de Kelhyos, me ramenant ainsi à la réalité sans cesse. Non, au lieu de ça, il me changeait les idées, je respirais un peu en sa compagnie avant de replonger dans mes souffrances. Je ne supportais plus les regards de pitié posé sur moi, alors j'ai décidé de... m'appuyer sur lui pour reprendre un peu du poil de la bête comme on dit.
Ce qui m'arrangeait, c'est qu'il avait tout du parfait coureur de jupon. Essuyant mes refus avec le sourire, sans se vexer, sans s'éprendre de moi. Alors nous avons partagé des moments de complicité, de rire.
Et ça à fonctionné, j'allais de mieux en mieux...
Il est parti et moi j'ai été envoyée avec Gorborenne pour faire du ravitaillement à Montpellier.
Hasard ou destinée, nous nous y sommes retrouvés pour la journée.
C'est là que....
Soupire profondément.
J'ai cédé au réconfort de ses bras.
La regarde un instant.
Oh, je ne suis pas là parce que le remord me ronge. Non, je ne regrette pas. C'est étrange... Mais Kelhyos vient d'un pays ou les moeurs sont biens différentes des nôtres... Je sais qu'il ne m'en voudrait pas. Il me l'a assez souvent répété. S'il venait un jour à manquer à ses devoirs, qu'il ne me tiendrait pas rigueur d'aller trouver dans d'autres bras ce qui me faisait défaut. Ce qui d'ailleurs avait le don de m'agacer. Jamais... jamais je n'aurais pensé qu'un jour il ne puisse plus être à mes côtés.
Se mord l'intérieur de la joue.
Bref, après cette journée, nous nous sommes à nouveau perdu de vue jusqu'à ce que j'arrive à Périgueux et que cet homme décide de venir m'y retrouver. Il m'a accompagné jusqu'au Languedoc pour que j'aille voter, mais j'ai commencé à être malade sur la route. Je pouvais à peine me lever le matin tant je me sentais épuisée, et aucune nourriture ne me faisait envie.
Sur le chemin du retour, il a du faire volte face et m'a laissée aux portes de Périgueux pour que je regagne le campement. Il doit... il s'est engagé dans un mariage arrangé il y a quelques mois... Il semble que sa promise lui ai enfin rendu des nouvelles.
Quant à moi, je me suis précipitée en tente médicale pour y trouver Caro avec l'espoir qu'elle me trouve une potion, un vaccin. Là, Aaron m'a dit qu'elle n'était plus au camp, du coup je suis allée voir un autre médecin. C'est là que... j'ai été obligée de réaliser ce qu'au fond je moi je savais déjà.
La gorge se serrait et les mots suivants furent difficile à sortir.
Je... enceinte.
J'ai oublié de prendre ma tisane après Montpellier... Stupide que je suis!
Et de regarder Key de mes émeraudes désorientées. Si je n'avais pas déjà pleurer toutes les larmes de mon corps les mois précédents, pour sûr je me transformerais en un véritable torrent à cet instant. Mais rien ne vient. Rien d'autre qu'un profond désespoir.
Je ne sais pas quoi faire... Personne ne sait.. à part vous...
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