Louis_marie
- [Le premier de nos devoirs, c'est de veiller sur notre famille et les gens qu'on aime.*]
Tu es assis dans ta chambre d'auberge, une chope posée devant toi, encore et toujours. Dans ta tête, ça s'agite sévère. Que faut-il dire dans ces circonstances ? Tu as reporté l'échéance au maximum, te disant chaque soir que tu rédigerai ce courrier le lendemain. Tu ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être par honte de ne pas être le frère idéal. De ne pas être près d'elle. De ne pas savoir veiller sur elle. De ne pouvoir partager avec elle que quelques mots, maladroits et mal écrits.
La journée, tu n'y penses pas, tu trouves de quoi t'occuper. Après tout, elle est loin, cela fait maintenant plusieurs années que vous ne vivez plus ensemble et tu n'as jamais été habitué à sa présence. Mais la nuit, ça te taraude. Le gamin que tu étais profite de ta fatigue pour ressurgir et appeler ta grande soeur. Elle te manque. Et le frère que tu es s'immisce lui aussi dans tes pensées nocturnes pour appeler Gysèle. Elle t'inquiète. Où est-elle ? Qu'est-elle en train de faire quand toi, tu ne parviens pas à fermer l'oeil ? Est-elle au moins en sécurité ? Est-elle heureuse ? Tu dois savoir.
L'air enfin résolu, tu remontes tes manches et saisis ta plume. Il est l'heure d'écrire. Tu ne sais plus vraiment qui elle est, ni à quoi ressemble son quotidien, mais tu es certain d'une chose : elle est pour toi le rempart inébranlable contre la solitude. Celle qui vient habiter tes pensées dès que tu te sens seul. Tu ne peux pas te permettre de laisser ce lien qui vous unit s'abîmer.
Citation:
Gysèle,
J'ai l'impression que plus de mille ans sont passés sans que je ne t'ai vue, ni même écrit. La distance et le silence sont un fléau cruel, qui me fait douter : m'autorises-tu encore à jouir du privilège de t'appeler ma sur ? Je suis un frère indigne qui ne te s'enquiert pas assez de ton sort, mais j'aime à croire que tu me pardonneras.
Comment vas-tu ? Où es-tu ? Ce n'est pas que je m'inquiète, je connais ton incroyable capacité à survivre, peu importent les circonstances. Mais quand même. J'espère que tu n'es pas allée te fourrer dans une histoire sordide. Et que tu vis loin de tout mâle qui pourrait te vouloir du mal. Genre si tu habites dans un couvent, ça serait pas mal.
De mon côté, je voyage. Actuellement, je traîne en Béarn, terre pratiquement déserte mais plutôt agréable. Le soleil y est beau et chaud. Autant que les jeunes filles en fleur. Dieu que j'aime l'odeur du printemps. Si tu me voyais, tu ne me reconnaîtrais pas, j'ai le teint hâlé et ma barbe ne cesse de pousser. Tu peux te vanter d'avoir un frère qui embellit de jour en jour. Je me gave de pâtisseries aussi, et je crois que si ça continue je ne pourrai plus quitter cette ville autrement qu'en roulant.
Il me tarde d'avoir de tes nouvelles.
Que le Très-Haut te garde en ses bonnes grâces. Sinon, je m'en irai lui refaire le portrait.
LM
- Mauléon, le 24 avril 1465
- De moi, Louis-Marie, petit frère ingrat.
À toi, Gysèle, rouquine trop éloignée.
Gysèle,
J'ai l'impression que plus de mille ans sont passés sans que je ne t'ai vue, ni même écrit. La distance et le silence sont un fléau cruel, qui me fait douter : m'autorises-tu encore à jouir du privilège de t'appeler ma sur ? Je suis un frère indigne qui ne te s'enquiert pas assez de ton sort, mais j'aime à croire que tu me pardonneras.
Comment vas-tu ? Où es-tu ? Ce n'est pas que je m'inquiète, je connais ton incroyable capacité à survivre, peu importent les circonstances. Mais quand même. J'espère que tu n'es pas allée te fourrer dans une histoire sordide. Et que tu vis loin de tout mâle qui pourrait te vouloir du mal. Genre si tu habites dans un couvent, ça serait pas mal.
De mon côté, je voyage. Actuellement, je traîne en Béarn, terre pratiquement déserte mais plutôt agréable. Le soleil y est beau et chaud. Autant que les jeunes filles en fleur. Dieu que j'aime l'odeur du printemps. Si tu me voyais, tu ne me reconnaîtrais pas, j'ai le teint hâlé et ma barbe ne cesse de pousser. Tu peux te vanter d'avoir un frère qui embellit de jour en jour. Je me gave de pâtisseries aussi, et je crois que si ça continue je ne pourrai plus quitter cette ville autrement qu'en roulant.
Il me tarde d'avoir de tes nouvelles.
Que le Très-Haut te garde en ses bonnes grâces. Sinon, je m'en irai lui refaire le portrait.
LM