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[RP] Notre premier devoir est de veiller sur notre famille.

Louis_marie
    [Le premier de nos devoirs, c'est de veiller sur notre famille et les gens qu'on aime.*]

Tu es assis dans ta chambre d'auberge, une chope posée devant toi, encore et toujours. Dans ta tête, ça s'agite sévère. Que faut-il dire dans ces circonstances ? Tu as reporté l'échéance au maximum, te disant chaque soir que tu rédigerai ce courrier le lendemain. Tu ne sais pas vraiment pourquoi. Peut-être par honte de ne pas être le frère idéal. De ne pas être près d'elle. De ne pas savoir veiller sur elle. De ne pouvoir partager avec elle que quelques mots, maladroits et mal écrits.

La journée, tu n'y penses pas, tu trouves de quoi t'occuper. Après tout, elle est loin, cela fait maintenant plusieurs années que vous ne vivez plus ensemble et tu n'as jamais été habitué à sa présence. Mais la nuit, ça te taraude. Le gamin que tu étais profite de ta fatigue pour ressurgir et appeler ta grande soeur. Elle te manque. Et le frère que tu es s'immisce lui aussi dans tes pensées nocturnes pour appeler Gysèle. Elle t'inquiète. Où est-elle ? Qu'est-elle en train de faire quand toi, tu ne parviens pas à fermer l'oeil ? Est-elle au moins en sécurité ? Est-elle heureuse ? Tu dois savoir.

L'air enfin résolu, tu remontes tes manches et saisis ta plume. Il est l'heure d'écrire. Tu ne sais plus vraiment qui elle est, ni à quoi ressemble son quotidien, mais tu es certain d'une chose : elle est pour toi le rempart inébranlable contre la solitude. Celle qui vient habiter tes pensées dès que tu te sens seul. Tu ne peux pas te permettre de laisser ce lien qui vous unit s'abîmer.


Citation:
                              Mauléon, le 24 avril 1465

    De moi, Louis-Marie, petit frère ingrat.
    À toi, Gysèle, rouquine trop éloignée.


Gysèle,

J'ai l'impression que plus de mille ans sont passés sans que je ne t'ai vue, ni même écrit. La distance et le silence sont un fléau cruel, qui me fait douter : m'autorises-tu encore à jouir du privilège de t'appeler ma sœur ? Je suis un frère indigne qui ne te s'enquiert pas assez de ton sort, mais j'aime à croire que tu me pardonneras.
Comment vas-tu ? Où es-tu ? Ce n'est pas que je m'inquiète, je connais ton incroyable capacité à survivre, peu importent les circonstances. Mais quand même. J'espère que tu n'es pas allée te fourrer dans une histoire sordide. Et que tu vis loin de tout mâle qui pourrait te vouloir du mal. Genre si tu habites dans un couvent, ça serait pas mal.

De mon côté, je voyage. Actuellement, je traîne en Béarn, terre pratiquement déserte mais plutôt agréable. Le soleil y est beau et chaud. Autant que les jeunes filles en fleur. Dieu que j'aime l'odeur du printemps. Si tu me voyais, tu ne me reconnaîtrais pas, j'ai le teint hâlé et ma barbe ne cesse de pousser. Tu peux te vanter d'avoir un frère qui embellit de jour en jour. Je me gave de pâtisseries aussi, et je crois que si ça continue je ne pourrai plus quitter cette ville autrement qu'en roulant.

Il me tarde d'avoir de tes nouvelles.
Que le Très-Haut te garde en ses bonnes grâces. Sinon, je m'en irai lui refaire le portrait.

LM


*Silvio Pellico.
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Bannière & avatar by LJD Gysèle. Merci ♥
Gysele
    « Les bonnes sœurs font les bons frères.» - Proverbe chinois


Mais comme tu es une mauvaise soeur Gygy, tu ne pouvais pas espérer que ton frère soit meilleur que toi ! Tu t'es enfuie de Paris il y a un an déjà et depuis, tu n'as donné de nouvelles que brièvement et jamais en détail. Que pouvais-tu lui dire ? "Salut, j'suis partie avec Pierre et la Belette, puis j'ai lâché la Belette à Montpellier, puis j'ai eu un béguin, puis j'ai fait des conn'ries, puis on s'est quittés, puis..." Bref. t'as rien de bien glorieux à lui dire. Pierre te suit depuis tant d'années qu'il fait parti de toi à présent, un frère, un protecteur et depuis peu un amant grâce aux perversions d'Aimeryc. Il te sert aussi de scribe, car tu apprends encore à écrire. Par contre, tu parviens à lire un peu mieux, à force d'entrainement et c'est avec joie que tu découvres que Louis-Marie, lui, ne t'a pas oubliée.

Tu t'es mise en route depuis hier, quittant Rouen et ton nobliaut pour descendre récupérer tes affaires à Montpellier. Ce matin, à Fécamp, tu n'as qu'une hâte en lisant le courrier, avant même de songer à t'habiller, il te faut lui répondre. Il est tôt, mais tu t'en fiches, obnubilée par cette envie soudaine, tu réveilles Pierre, tu le secoues alors qu'il grogne de mécontentement. Tu étires un sourire, dépose un baiser au coin de ses lèvres et murmure :


- Allez...s'te plait... t'écris mieux qu'moi... puis c'est pour LM ! S'te plait... s'te plait...

Tu le vois céder, il cède toujours ! Le muet se redresse, tirant manifestement la gueule, mais pour autant il ne peut pas te dire non. C'est un jeu tacite entre vous, il cède aux caprices, pour t'adoucir et toi en échange, tu lui apportes le piment dont il a besoin par touche édulcorée Gysèlienne. Tu le laisses s'installer au petit bureau de votre piaule et te glisse dans son dos, les bras autour de lui, le nez niché à son cou tout en lui dictant les grandes lignes. Tu suis attentivement ce qu'il écrit, mais tu as confiance. Pierre, c'est le prolongement de toi, il pose parfaitement par écrit, ce que tu ne sais pas formuler correctement.


Citation:

    Fécamp, le 25 avril 1465
    De moi, Gygy, grande soeur indigne,
    À toi, Louis-Marie, beau et fort cadet.

Petit frère,

J'attends la preuve de ce que tu avances, tant pour ta beauté que tes bourrelets qui s'annoncent ! Mieux, j'attends que nous nous retrouvions, car je voudrais le constater par moi-même.

Ça fait en effet tellement de temps et je pense te devoir des excuses pour le peu de nouvelles apportées et le manque de détails donnés. Je t'avoue que depuis mon départ de Paris, ma vie n'a pas été aussi simple que je le pensais. Je croyais que quitter la Cour me serait facile, mais tu vois, même si la province sent meilleur, les gens y sont sensiblement les mêmes et la faim fait tout aussi mal à la campagne que dans la ville. Je t'épargne les histoires sordides et les plans foireux, cher Louis-Marie... Comme ton regard réprobateur peut me manquer parfois !

Il me faut par contre te raconter ce qu'il m'arrive, mais je te demanderais la plus grande discrétion à ce sujet et beaucoup beaucoup de recul sur la situation pour que tu puisses en apprécier le bénéfice.

Figure-toi, que j'ai réalisé ce que j'avais prédit. Me voilà riche et belle -pour certains du moins- et je peux désormais t'aider à ton tour. J'ai fait la rencontre d'un noble et il s'avère que c'est le futur époux d'une vicomtesse que je connais d'il y a longtemps. Te souviens-tu de ce jour là à la Cour où j'avais aidé une jeune femme à accoucher ? Je t'en avais parlé n'est-ce pas ? Enfin je m'égare... Tout ça pour te dire qu'il m'a fait une proposition et que je n'ai pas pu la refuser : celle de devenir sa maîtresse exclusive en échange d'un toit, de nourriture, de vêtements et d'une coquette somme d'argent.

Je sais ! Je te vois déjà t'agacer, mais réalises-tu la chance que c'est pour une fille comme moi ? Je n'ai plus à dire oui à n'importe qui pour un quignon de pain, je jouis d'une certaine liberté et cet homme me protège également d'une certaine façon. Pierre et moi nous faisons des festins délicieux à la maison et j'aimerais tant les partager avec toi également. Je ne noterais ni son nom ni sa fonction par écrit, sait-on jamais que cette lettre tombe entre de mauvaises mains ! Car oui, je deviens prudente aujourd'hui.

Assez parlé de moi, je suis certaine que tu as plein de choses à me raconter, à me dire. Comme tu as du grandir... Tu es devenu un homme et j'ai tant de mal à le réaliser. Je ne m'étonne pas que tu sois beau, tu l'étais déjà et tes yeux doivent émerveiller les demoiselles que tu croises ! Prends garde à tes manières ! J'espère que tu sais t'y prendre et que tu ne les harcèles pas lourdement. Si j'apprends d'une façon ou d'une autre que mon frère drague comme un sagouin, je te ferais faire une formation de séduction ! Ne va pas abîmer ma réputation de séductrice avec tes gros sabots !

Le Béarn tu dis ? J'y suis passée brièvement, il n'y avait guère de monde alors. Mais je suis ravie que tu y trouves ton plaisir tant en batifolages qu'en pâtisseries. Si tu t'y trouves encore, nous pourrons peut-être nous croiser bientôt ? Je descends vers Montpellier chercher mes affaires. La route va être longue, mais qui sait... ce serait l'occasion de me prouver tes vantardises !

Je t'abandonne là-dessus, non pas pour rejoindre le couvent, mais bien pour me préparer à reprendre la route.

J'ai hâte de te revoir.
Qu'Aristote veille sur tes pâtisseries et sur la vertu de tes "victimes" !

GyGy

P.S : Oh j'ai oublié... le noble m'a tatouée. Deux fois.
P.S Bis : Pierre te salue.



Tu esquisses un sourire amusé. Tu aimes terminer ton courrier par des infos plus ou moins importantes et tu sais bien que de son côté, ton frangin risque d'être interpellé par ton aveu. Tu n'allais quand même pas lui écrire dans un même courrier que le noble te voulait du bien ET qu'il t'avait aussi droguée, enlevée, tatouée de force sans ton consentement. Ces informations là risquaient grandement de le décontenancer et tu comptais lui expliquer dans une autre lettre, ton choix de rester. Un baiser sur la tempe de Pierre et quelques caresses plus tard, tu étires un sourire narquois et le laisse à sa place en lui indiquant que tu irais prendre un bain. Seule. Peste de rousse !

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Louis_marie
La missive entre les mains, tu t'efforces de ne pas la lire trop vite. Tu veux prendre connaissance de son contenu le plus rapidement possible, mais t'assurer de bien tout comprendre. Tu ne veux pas prendre le risque de perdre la moindre parcelle de ce que Gysèle a voulu te dire. Cela fait longtemps que tu n'as pas eu le loisir de lire l'écriture de Pierre et de sentir, derrière chacun de ses mots, la présence et le tempérament de ta soeur. Et tu souris béatement en lisant, t'amusant de voir à quel point elle sait anticiper tes réactions et sentir, au moment où elle écrit, ton regard réprobateur, ton manque de recul, ton agacement et tes gros sabots.

Et puis, les deux dernières phrases te font perdre ton sourire. Et évidemment, ce n'est pas le salut de Pierre qui te fait cet effet. Tatouée ? Vraiment ? Tu es interpellé, et ça n'est rien de le dire. Les questions se bousculent dans ton esprit et à peine as-tu terminé ta laborieuse lecture que déjà tu griffonnes un premier paragraphe de réponse. Les lignes sont écrites à la va-vite, et donc quasiment illisibles. La patience ne fait pas partie de tes qualités. Le paragraphe terminé, tu te lèves précipitamment pour aller t'aérer. Tu détestes cette chambre et plus tu y passes du temps, plus tu la détestes. L'armoire censée contenir tous tes biens est pratiquement vide. Et le lit l'est totalement. Et ce spectacle, qui te rappelle ta pauvreté et ta solitude, t'agace.
Quelques bières plus tard, tu retournes t'enfermer. Plus calme, tu te rassois devant le bureau et poursuis ce que tu as commencé.


Citation:
                              Mauléon, le 26 avril 1465

    De moi, Louis-Marie, impatient charmeur.
    À toi, Gysèle, grande soeur... tatouée ?


Gysèle,

Tatouée ? Pierre a écrit que le noble t'a tatouée ? Je ne suis pas certain d'avoir bien lu ce que j'ai lu et je ne voudrais pas qu'il y ait méprise. Est-ce un autre mot qui a été écrit et que mes yeux fatigués n'auraient pas réussi à lire ? Mais ça ressemble fort à "tatouée", quand même. Deux fois ? Si le noble t'a tatouée, je veux que tu m'expliques. Comment ? Quand ? Où ? Quoi ? Et surtout, pourquoi ? J'avoue que cette nouvelle me laisse perplexe. J'ignorais cette étrange coutume de la noblesse. Mais, après tout, si tu y as consentis, je ne peux rien en redire. Raconte-moi tout de même l'affaire, les circonstances et les raisons. Je suis impatient de savoir ce qui t'a pris.

Que penser de ton sire ? Tant mieux s'il t'offre toit, nourriture, vêtements et argent : c'est l'essentiel. Tant pis pour ta liberté. Je suis, en tout cas, heureux de savoir que tu vas bien et que ta situation se stabilise. Mais es-tu sûre qu'il est fiable ? Qu'il ne t'abandonnera pas dès qu'il estimera avoir suffisamment pris son plaisir ? Et, puisque tu dis qu'il s'apprête à se marier, t'es-tu assurée qu'il veillera sur toi malgré la présence de la future épouse en question ? J'aimerais le rencontrer, m'assurer qu'il ne te veut que du bien et lui donner quelques recommandations quant à la manière dont il doit se comporter. J'espère en tout cas qu'il veillera à satisfaire tes besoins avec constance. Mais qu'il n'y veille pas de trop près.

Je me réjouis d'apprendre que tu rejoins le sud. Et je serais ravi que nous nous y retrouvions. Il me tarde de te revoir. Je m'arrangerai. Ce n'est pas comme si j'avais le moindre attachement ici ou ailleurs. Et il est hors de question que tu fasses toute cette route seule. D'autant que tu es une femme, maintenant, et je n'ose imaginer les regards que beaucoup doivent poser sur toi. Tiens-moi au courant de tes avancées, et nous trouverons un point de ralliement. Tu ne peux t'imaginer comme je voudrais déjà te tenir près de moi.

En ce qui concerne mes conquêtes béarnaises, elles avancent lentement mais sûrement. L'autre jour, une charmante demoiselle m'a fait goûter un gâteau de sa composition. Il avait une coque solide, un intérieur moelleux et un cœur acidulé, plein de surprises, selon ses dires. Elle a dit qu'il me ressemblait. Un cœur acidulé, te rends-tu compte ? Je suis convaincu que ce n'est qu'affaire de jours avant qu'elle ne vienne y goûter. Par souci d'honnêteté envers toi, chère sœur, je dois t'avouer que la suite a été moins glorieuse. J'éviterai donc de te la raconter. Il y a, chez votre sexe, une façon de s'effaroucher au moindre geste et à la moindre remarque qui malmène mes espérances. Et qui, du même coup, les excite d'autant plus. Gent envoûtante et énigmatique.

Je salue Pierre et je t'embrasse. Sois prudente sur la route.
Qu'Aristote porte chacun de tes pas. Et si, ce faisant, il n'a plus le temps de veiller à la vertu de mes "victimes", ça m'arrangerait.

LM

P.S. : Essaie d'écrire par toi-même, la prochaine fois. Juste un peu. Ce n'est pas si difficile : même moi, j'y arrive.

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Gysele
- Quel temps POURRIS ! Pierre, fais quelque chose !!!

Une pluie diluvienne s'est abattue sur votre route, vous forçant à vous abriter dans une grange abandonnée. Tu râles tout ce que tu peux, houspillant contre le climat lunatique du nord que tu trouves détestable alors que le muet, lui, semble s'en moquer comme de sa première chemise. Il reste imperturbable, égal à lui-même, s'efforçant d'allumer un feu dans un coin où l'eau ne fuit pas et où les courants d'air ne sont pas trop présents. Toi, tu grelottes, blottie sous une couverture, tes mèches rousses devenues auburn alors qu'elles dégoulinent sur tes épaules. Vous êtes trempés. Tu plisses les yeux sous la flamme vacillante du foyer que ton ami attise, tu essayes de déchiffrer la réponse que Louis-Marie t'a envoyée.

- Pffff... c't'un enfer à lire l'début !

L'homme hausse les épaules. Ça lui fait une belle jambe que ton frère ait tenté une écriture stylistique ou ait simplement pété une durite à la lecture de ton courrier Gygy. Toi tu poursuis comme si de rien n'était, habituée aux silences qui suivent tes exclamations. Pierre te rejoint finalement et tu ranges précieusement ta lettre avec les autres, estimant que tu prendrais le temps de lui écrire toi-même, le lendemain au chaud et au sec dans une auberge.

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Le jour suivant, le déluge s'est assez apaisé pour vous laisser l'opportunité de vous extirper de votre abris. Vous avez rejoint une auberge confortable, que vous pouvez vous offrir désormais. Cela te semble encore fou, tu n'oses pas sortir autant d'argent pour une simple chambre, mais le confort que vous y recevez et l'accueil n'ont plus rien à voir avec ce que vous avez connu jusque là. Pierre, quant à lui, semble imperturbable, mais le fin sourire qu'il t'adresse quand vous découvrez votre chambre te rassure sur une chose : il apprécie et pas qu'un peu, les avantages de cette nouvelle vie. Néanmoins, depuis la lecture de la lettre de LM, une vilaine pensée te turlupine, venant un peu titiller tes rêveries. Ton frère a pointé -volontairement, tu en es certaine- un petit détail qui a son importance et qui te fait rager intérieurement : "Tant pis pour ta liberté". Ça t'énerve ! Tu voudrais pouvoir lui taper dessus juste pour lui faire changer ces cinq petits mots laissés là de manière faussement hasardeuse. Il sait combien tu aimes ta liberté, il sait que tu as toujours refusé d'aller dans un bordel pour cette raison, que tu es partie de Paris pour ça... et toi tu sais, qu'il n'a pas tort, car tu as bien cédé tes ailes pour un bout de cage dorée. Ça cogite dans ta caboche, t'es pas sereine Gysèle. Tu aimerais lui rabaisser son caquet à cet insupportable frangin qui sait tout sur tout et qui se croit si malin à te mettre sous le nez ce que tu te refuses à voir depuis quelques semaines. Mais tu ne doutes pas qu'il sait exactement ce qu'il fait en t'écrivant tout ça, ton frère n'est pas beaucoup plus instruit que toi, mais tu es toujours admirative de cette lueur d'intelligence qui brille à ses yeux. Il aurait pu être Roy de France, né ailleurs dans Paris. Dommage LM, la cigogne t'a lâché un poil trop loin.

Pierre te laisse avec tes pensées. Il sait quand s'effacer, quand tu as besoin d'air ou d'être seule. C'est un accord tacite entre vous, ça coule de source même. Toi, tu essayes d'organiser tes pensées et tu angoisses à l'idée d'écrire par toi même. Tu crains le jugement de ton frère plus que de n'importe qui d'autre. Mais, il n'y a qu'en essayant que tu t'amélioreras et t'es pas du genre à renoncer à apprendre Gygy, pas vrai ? T'installant au bureau, tu caresses un vélin vierge, la pulpe accrochant le papier délicatement avant de s'emparer d'une plume. Le silence est lourd de tes pensées bruyantes. La pointe tinte dans le pot d'encre, tu la tiens un instant levée, craintive de poser la première goutte qui lancera ta main en cet exercice compliqué de l'écriture et ton cerveau à celui de l'orthographe. Autant préciser que le premier exercice sera mieux mené que le second.



Citation:
    Argentan, le 27 avril 1465
    De moi, Gygy, grande soeur tatouée mais LIBRE,
    À toi, Louis-Marie, le bonbon de ces dames.

Louis-Marie,

Si c'est pour m'écrire des couriers difficiles à lire, tu peut t'ab *raturé* ne pas le faire !

Se matin, je me suis levée avec un mal de tête par ta fote. Tu sais très bien combien je tiens a ma liberté, je sais que tu as fais exprès pour me faire réagir et tu y arrive. Pierre doit te modire pour lui faire subir mes râleries à longueur de journée ! Bref, j'ai cojité toute la nuit ! J'en suis arrivée à la conclusion suivante : Je suis libre.

Je t'explique. Si demain, le noble en question ne veux plus de moi, j'aurai toujours gagné quelques économies, une maison et des robe. J'ai l'avantage de ne pas l'aimé, je ne serai pas anéantie par un sentiment d'abandon ou de traitrise. Tout est claire et je ne m'attend à rien. Concernant l'épouse, même si elle est pas très ravi de le savoir dans ma couche, elle dois y trouver sont compte. Je ne vais pas te raconter en détaille, mais il est plutôt fougueu et elle, plutôt chaste je crois. Ainsi je permet a l'un de ce défoulé et à l'autre d'éviter d'être le défouloir. C'est équilibré non ?

Ne prend pas la mouche, petit frère, j'ignaure où tu en est de ta découverte de tes "victimes", mais tu verra que tout les gout son dans la nature. Et je suis au regret de te dire que si, il veille à mes besoin et de très près.

J'ai 2 *rature* deux tatouages oui. Un sur le haut du buste, un sur la cuisse ! Ils son pluto jolis, même si je n'étais en effet pas pour à la base. Disons que, sans entré dans les détailles, je ne voulais pas, mais, le résultat n'ai pas si mal et surtout, en vangeance, j'aurai le droit de lui faire faire deux tatouages à son toure. C'est drôle non ? Non je suis pas folle tu sais. Je croit juste que j'aime trop la vie pour ne pas trouver le positif même dans ce que je ne souhaitais pas au début.

Je suis heureuse que nous nous retrouvion bientôt. J'ai hâte de te revoir petit frère même si je suis sur que tu ne mérite plus vrément le nom de "petit", tu dois me dépassé de loin maintenant. Se qui va me faire le plus bizarre, c'est que les demoiselles doive te regardé come un homme et sa, je suis pas habituée, tu restes mon petit morveu.

Sache qu'on ne "s'effarouche" pas si facilemant nous les femmes, par Aristote, tes mots m'inquiète ! Tu dois être mal à droit ! Un conseille : parle pas trop, écoute la femme (ou fait semblant) et complimante la sur son intelligence ou sur son humour... ou encore sur son joli langage ! Ça plait davantage que les trucs classiques sur les yeux, la bouche ou le père voleur d'étoiles, trop vu.

Je passerais le message au noble concernant ton souhait de parler avec lui. On verra si il est d'humeur à accepté ou non !

Je t'embrasse fort LM, envoi moi ton soleil du sud un petit peu !
Que le barbu t'ouvre la voix vers les effarouchées et t'ouvre les yeux sur la manière de les approché !

Tendrement,

GyGy.

P.S. : Pierre viens de me relire, il a secoué la tête et il ai reparti. C'est bon signe !



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Louis_marie
P'tain ! Mais vous voulez pas la fermer ?!

Et de saisir ton oreiller pour le plaquer sur ton crâne, dans un geste théâtrale et totalement inutile. Comme si les oiseaux allaient se taire parce que tu leur demandes. Tu le fais avec tant de politesse, en plus. Et depuis quand ça t'énerve à ce point de te faire réveiller par des gazouillements printaniers ? Depuis que tu as la gueule de bois, mon cher. Une sale gueule de bois, du genre à vous faire vomir tripes et boyaux et à avoir l'étrange impression d'être en train de mourir. Tu ne veux plus rien. Une seule chose pourrait te combler de bonheur : rester allongé sous la couette et ne rien faire pendant les quarante-huit prochaines heures. Et tu aurais mis ce projet à exécution, sans scrupule aucun, si ces oiseaux de malheur n'avaient pas trouvé ça marrant de venir te déranger de bon matin. Enfin, de bon matin... vue la lumière, nous sommes plutôt aux alentours du milieu de la journée. N'empêche que c'est tôt. Tu restes dans ton lit, oreiller sur la tête, attendant que tes visiteurs s'en aillent, maudissant le printemps, le Béarn, les animaux, la nature, le monde et tout le reste.

Mais ils ne semblent pas disposés à te laisser en paix, et tu finis par te lever, à contre-coeur, dans un grommellement qui en dit long sur l'effort titanesque que cela te demande. Tu ne prends pas la peine de t'habiller - si tu étais pudique, ça se saurait - et vas ouvrir la fenêtre pour chasser tes visiteurs du rebord en quelques gestes agacés. Fâché et convaincu que tu ne te rendormiras pas, tu vas t'asseoir et pose ton front contre le bureau, les yeux fermés. Non mais franchement, LM, qu'est-ce qu'on va faire de toi ? Qu'est-ce qui t'as pris de boire autant ? Ton problème, c'est que tu bois quand tu es mal à l'aise. Quand tu es heureux, aussi. Et puis quand tu t'ennuies. Et oui, c'est vrai, parfois aussi quand tu veux t'amuser. Quand tu parles, tu bois, pour te rafraîchir. Et quand tu te tais, tu bois aussi, pour t'occuper. Quand il fait chaud, rien de mieux qu'une bière pour se désaltérer. Et quand il fait froid, un verre d'eau-de-vie pour se réchauffer... On appelle ça l'alcoolisme.

Mais hier soir, tu as explosé les compteurs, et ton corps te le fait payer. Tu n'as rien envie de faire. Tu aimerais te souvenir précisément de la soirée d'hier. Tu te rappelles vaguement de ce rire féminin. Des chopes vidées les unes après les autres. Et puis de cet air de défi. En vérité, tu te souviens très bien d'hier. Et tu n'as pas trop envie d'y penser. Alors tu préfères te distraire, et quoi de mieux pour cela que d'écrire à ta soeur ?


Citation:
                            Mauléon (encore), le 28 avril 1465

    De moi, Louis-Marie, prince charmant.
    À toi, Gysèle, soeur libre et trop grande.


Gysèle,

Ce matin, je me suis levé avec un mal de tête. Mais ça n'était pas de ta faute.

Si tes arguments quant à ta liberté m'ont convaincu, ceux concernant tes tatouages n'ont pas eu le même effet. Comment peux-tu dire qu'il faut y trouver le positif ? Je ne veux pas te faire la morale, grande soeur, mais rends-toi compte que c'est indélébile, ces choses-là. Plus jamais tu ne pourras l'effacer. Et toujours, tu auras sur toi ce souvenir du noble. Chaque matin, tu te rappelleras que tu lui as appartenu.

Tu dis que cela va te surprendre de me voir grand, mais sache que moi aussi, je ne réalise pas vraiment que tu es adulte. Alors comment pourrais-je accepter que tu te sois vendue à un noble qui te surveille de trop près ? Et puis lire tes conseils en matière de séduction m'a bien fait rire. Comme si j'en avais besoin ! Enfin, tout de même... le coup du père voleur d'étoiles, tu es sûre que ça ne fonctionne pas ?

Le Béarn est désespérant. J'espère que je ne serai plus ici la prochaine fois que je t'écrirai. J'aime le sud, mais mes pieds s'agitent malgré moi, ils veulent repartir. D'autant que je suis en train de vider ce comté de ses derniers habitants. Car j'ai une grande nouvelle à t'annoncer, chère soeur : j'ai trouvé quelqu'un - et c'est une quelqu'un - pour m'accompagner sur les routes. Pour l'instant, ça n'est que pour quelques jours. Mais si je parviens à la convaincre - et je suis certain que j'y parviendrai - elle pourra sans doute venir avec moi jusqu'à Montpellier pour te retrouver. Je suis sûr que vous vous entendrez à merveille. Elle est très... différente de toi. Mais elle est délicieuse, à sa manière.
D'ailleurs, où veux-tu que l'on se retrouve ? À Montpellier ? Et quand ? Dis-le moi, afin que je sache combien de temps il me reste pour achever de la convaincre.

Je t'embrasse. Tu me manques.
Que le Très-Haut éclaire votre chemin, à toi et au muet.

LM

P.S. : Cesse donc de signer tes courriers "GyGy". Tu t'appelles Gysèle.

P.P.S. : Je t'adore, chère soeur, vraiment. Et je me régale de tes petites lettres maladroites. Mais pitié, laisse Pierre écrire le prochain courrier. Ton orthographe est un scandale.

P.P.P.S. : Hier, elle m'a embrassé. Juste après, elle a vomi à mes pieds. Tu crois que c'est mauvais signe ?

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Bannière & avatar by LJD Gysèle. Merci ♥
Gysele
- Nan ! J'veux pas lui répondre. Arrête d'insister puis va t'occuper des ch'vaux s'tu veux qu'on reparte, sinon j'te préviens, tu m'portes !

Pierre cesse d'agiter le vélin sous tes yeux, l'air blasé. Tu le fais royalement...déféquer des paillettes -oui oui soyons polis- avec tes sautes d'humeur et tu le regardes s'éloigner alors que tu tentes de garder ta moue boudeuse sur ton minois capricieux. Quel est le problème aujourd'hui ? C'est simple, tu fais la tête à ton frère. Quelle utilité si il ne le sait pas ? Aucune, si ce n'est que pendant ce temps là, il se fera peut-être du mourrons à ton sujet, en ne voyant pas de réponse arriver. Pierre, si il pouvait parler, te rappellerait ton âge, ce à quoi tu rétorquerais qu'entre frère et sœur, il n'y a plus d'âge qui tienne. Tu soupires un peu et te laisse retomber dans l'herbe, attrapant la lettre de ton frère pour la lire à bout de bras. Ce qui te fait râler ? Premièrement, c'est de savoir qu'il s'est trouvé une "quelqu'une". Ça c'est peut-être l'élément qui t'a le plus perturbée. En plus elle était bourrée et vomissante, rien qui ne te semble idéal pour ton propre sang. Question de point de vue bien entendu, car tu doutes bien que ton cadet y a trouvé certainement beaucoup de charme et du plaisir à ce baiser. Ton nez se fronce à cette idée. Ton frère ne peut décemment pas avoir embrassé une donzelle ! IMPOSSIBLE, c'est un bébé encore.... pas vrai ? Vous êtes encore si loin de lui et tu n'en es que plus insupportable depuis quelques jours. Tu forces l'allure des chevaux, prenant le risque de les blesser à les pousser si fort, si longtemps. Une forme d'instinct maternel déplacé est venu t'assaillir avec cette volonté de couver le reste d'innocence qui pouvait bien rester chez LM. Le muet désapprouve clairement ton comportement et une forme de tension est venue s'installer entre vous, ce qui n'aide en rien à améliorer ton humeur maussade. Mais il y a un second point qui t'a décidée à bouder, certes moins grave que celui d'une femme dans les bras de ton frangin - oui oui "grave", n'ayons pas peur des mots- : il a osé critiquer ton orthographe. Fière Gysèle, tu n'aimes pas qu'on te pointe tes défauts et ton orgueil est si fort que tu empêches Pierre de prendre la plume depuis déjà trois jours, juste par esprit vengeur et pas du tout fair-play. Tu te laisses ronger par tes pensées, inquiète de ne rien maîtriser. Que voudrais-tu maîtriser au juste ? Le coeur de Louis-Marie ? Ses penchants ? Ou les demoiselles qui pourraient l'approcher, lui faire du mal, le blesser ? Tu te connais trop, tu te sais si instable, si incapable de t'ouvrir à quelqu'un que tu crains que ton propre frère subisse les mêmes choses de la part d'une autre. Mais figure-toi qu'elles ne sont pas toutes comme toi Gygy. Certaines sont douces, dévouées, attentionnées. Certaines se donnent corps et âme. Et combien même ce ne serait pas le cas de cette jeune femme, il faut bien que ton frère apprenne, découvre et fasse ses expériences. Ton esprit se calme un peu, tu te raisonnes ou du moins tu essaies.

Tu retrouves Pierre devant les montures. Il te tourne le dos volontairement et tu t'efforces de faire profil bas car tu sais combien tu es casse-pieds. Tes lèvres mordillées, tu glisses une main délicate à l'échine masculine, remontes tes doigts jusqu'à l'épaule quand tu le sens se tendre. Tu sais que tu n'irais pas bien loin sans lui et tu as tendance à l'oublier pour tes petites crises personnelles. Ce grand muet est implacable avec tous sauf avec toi. Pourtant, tu aurais bien besoin qu'on te secoue un peu, qu'on te dise que tu n'es pas seule au monde et que tes soucis sont loin d'être les pires. Il faudrait qu'on travaille ton arrogance, qu'on te rabaisse ton caquet et qu'on t'oblige à prendre du recul sur tes problèmes. Mais il en est incapable, tant par le silence dans lequel il se mut depuis tant d'années que par son manque de volonté dès qu'il s'agit de ta personne. Tu es l'oisillon qu'il a décidé de protéger, d'aimer malgré ton sale caractère et ton ingratitude sans limite !


Désolée... J'sais que j'fais pas les choses comm' il faut.

Y'a qu'avec lui que tu peux faire ça. Aimeryc aurait tôt fait de te corriger vivement si tu avais été aussi insolente. Tu sais que le muet se vengera d'une façon ou d'une autre des mauvais traitements que tu lui infliges et ce sera de bonne guerre. Il se retourne et te toise d'un regard sombre que tu as appris à déchiffrer. Là, tu y décèles un brin de ferveur qu'il aimerait sûrement calmer au creux d'une couche, mais vous savez l'un comme l'autre que ça vous est interdit par le de Courcy, aussi détournes-tu le regard pour ravaler le feu qui pointe à tes iris.


Hum... t'peux m'écrire la lettre ? Il a assez attendu, t'as raison.

Tu l'entends grogner de frustration et tu le vois acquiescer brièvement avant d'attraper le nécessaire pour ensuite s'installer au sol, contre un arbre. Tu fais les cent pas devant lui, cherche un moyen de commencer et te lance :


Citation:
    Quelque part dans le Berry, le 02 mai 1465
    De moi, Gygy, soeur chamboulée,
    À toi, Louis-Marie, bébé de moi.

Louis-Marie,

Au diable mes tatouages et leurs souvenirs. Je préfère bien mieux me rappeler d'un noble généreux qu'un vomi à mes pieds. Et toi ?

Je n'appartiens à personne et si Il croit qu'en me marquant ainsi il a réussi à faire de moi son objet, j'aurais vite fait de le détromper d'une autre manière. Tu me connais pourtant et l'on me brûlera avant que l'on puisse dire que je suis le bien de qui que ce soit. Tu devrais être heureux qu'on me surveille de très près, ainsi tu n'as aucun souci à te faire, quoique je ne suis pas sûre que tu t'en sois déjà fait pour moi !

Si. Je t'assure que le père voleur d'étoiles ne fonctionne vraiment pas, ou alors sur les idiotes et je suis sûre que tu as besoin d'un peu mieux qu'une idiote dans ta vie.

En parlant d'idiote... Qui est cette fille qui t'accompagne ? Quel est son nom ? Et pourquoi tu voyages avec une étrangère ? Et quand tu dis qu'elle est "délicieuse", ça veut dire quoi ? Tu l'as goûtée de quelle façon ? Comment ? Où ? A quelle heure ? Comment peux-tu être certain qu'on s'entendra ? Elle est du genre à aimer les catins ? T'es sûr d'être en sécurité ? Elle planque pas un couteau ? T'as vérifié ? Mets-là à poil si il le faut, mais vérifie ! Vous allez vous marier ?

Je serai à Montpellier dans 8 jours si tout va bien pour nous et oui le plus simple sera qu'on se retrouve là bas sauf si éventuellement tu passes par Rodez.

Tu me manques aussi et je sais pas encore si je t'embrasse, je ne voudrais pas te contaminer de mon mauvais orthographe !
Que le barbu veille sur toi et tes grolles.

GYGY


P.S. : Je m'appelle comme je veux. Tu signes bien LM.
P.S bis : C'est très mauvais signe le vomi. Tu devrais éviter de la revoir !
P.S. ter : Bonjour LM, c'est Pierre. Gygy ignore que je t'écris. N'écoute pas son dernier conseil, fais bien comme tu veux, elle ne se prive pas d'en faire autant. Nous avons hâte de te retrouver (Gygy en parle même la nuit). A très vite.

_________________
Louis_marie
    [Entre frère et sœur, il n'y a plus d'âge qui tienne.*]


Et tu approuves tellement cette idée que, pour te venger de sa lettre et de l'attente qu'elle t'a fait subir, tu fais la même chose. Quatre jours que tu as reçu son courrier, et tu n'as toujours pas repris la plume. Tu avances en donnant des coups de pieds à un petit caillou qui n'avait rien demandé, les bras croisés, la tête dans les épaules. Monsieur est en colère. C'est que tu t'es inquiété de ne pas avoir de ses nouvelles. Et tu t'inquiètes encore. Enfin, quand même quoi, elle est seule sur les routes. Il pourrait lui arriver tant de choses. Tu connais sa grande capacité de résistance, mais tu préfèrerais qu'elle n'ait pas à en user une fois encore. LM, tu es inquiet, tu voudrais être déjà avec elle. Et pour te venger de l'inquiétude qu'elle t'impose, tu lui imposes la même. Paye ta maturité.

Tu es aussi en colère à cause de sa réponse. Et des événements. Tu détestes ne pas avoir ce que tu veux. Et là, tu n'as pas ce que tu veux. D'abord, tu veux la brune. Dans ton lit. Ensuite, tu veux ta soeur. Dans ta vie. Tu veux savoir comment elle va, lui parler. Et l'entendre te donner des conseils que tu feras semblant de ne pas écouter mais que tu suivras à la lettre. Car tu sais très bien qu'elle t'apporte l'expérience et le recul que tu n'as pas. Mais jamais tu ne l'avoueras. C'est qu'il ne faudrait pas qu'elle prenne la grosse tête.

Alors que ton regard suit le caillou que tu pousses avec tes pieds, la pluie commence à tomber. Tu vas devoir arrêter de jouer au gamin en colère. D'un pas pressé - tu ne vas pas courir non plus, trop flemmard - tu rejoins l'auberge. Et tu passes devant la chambre de Juliane, hésitant à y toquer pour venir chercher un peu de réconfort. Mais tu renonces. Elle ne cesse de te répéter à quel point ta présence l'épuise, et même si tu es trop orgueilleux pour admettre que cela puisse être vrai, tu estimes qu'elle a droit à un peu de répit. Reste que le cessez-le-feu n'est pas une capitulation. Et tu reviendras à la charge. Évidemment.

À peine t'es-tu assis dans ta chambre que l'envie subite de répondre à ta soeur te prend. Une envie qui ne t'a en réalité pas quittée depuis que tu as reçu son courrier, mais qui était férocement réprimée par ton insupportable fierté. Alors que tu saisis la plume, un doute t'assaille. Faut-il lui mentir ? Es-tu forcé de lui préciser la nature des assauts que tu fais subir à ta "victime" ? C'est qu'il est tellement plus tentant de lui faire croire que tes beaux yeux ont suffi à faire totalement céder la demoiselle. Ce serait tellement plus facile. Mais non. C'est ta soeur. Alors il faut lui dire. Enfin, tu n'es pas obligé de tout lui dire non plus.


Citation:
                                Tarbes, le 6 mai 1465

    De moi, Louis-Marie, adulte raisonnable et responsable.
    À toi, Gysèle, terriblement absente.


Frangine,

Ne demande plus jamais à Pierre d'écrire que je ne me fais pas de souci pour toi. C'est faux. Tu le sais très bien. Ne pas t'avoir à mes côtés m'est insupportable. D'ailleurs, dépêche-toi de répondre à ce courrier. Réponds-y dès que tu le reçois. Je veux être sûr qu'il ne t'est rien arrivé, que tu n'as pas fait de mauvaise rencontre et que tu ne laisses pas n'importe qui te toucher. Pierre, tu as intérêt à veiller au grain. Je sais qu'elle peut être fatigante, mais je l'aime. S'il lui arrive malheur sous ta garde, je te casse le nez. Et franchement, un muet sans nez, ça commence à faire beaucoup de problèmes pour un seul être, tu ne crois pas ? En revanche, si tu veilles bien sur elle, je t'offrirai une bière. Je suis d'une générosité sans limite.

La jeune femme qui m'accompagne s'appelle Juliane. Et elle n'est pas idiote. Si elle l'était, ce serait sans doute plus facile. Mais elle est intelligente. Brillante. Et drôle. Souvent malgré elle. Elle fait des gâteaux, ils sont exquis. Et puis elle est belle. Tu verrais ses mèches brunes, on a envie d'y glisser une main. Tu sais, je n'arrête pas de l'imaginer nue. Je ne fais pas exprès, mais mes yeux ne m'obéissent jamais et ils vont se plonger dans son décolleté. C'est une torture. Quand elle rougit, ce qui lui arrive souvent, ça me secoue et j'ai subitement envie de pouvoir dire au monde entier qu'elle est à moi. Depuis mon dernier courrier, elle m'a encore embrassé. J'aime, j'adore ça. Et elle n'a pas vomi après. Tu crois que je deviens complètement niais ? C'est ridicule, non ? Mais ne t'en fais pas, je ne suis pas amoureux et je ne vais pas l'épouser. Je veux avoir droit à un peu plus qu'à ses pâtisseries, c'est tout. Et je ne devrais pas t'écrire ça. Elle a une soeur aussi. Une jumelle. Exactement les mêmes. Mais sa soeur est moins accessible, bien que tout aussi ravissante. Tu crois que ce serait exagéré de vouloir les deux ?

Elle a promis de me suivre. Alors tu la rencontreras. Il faudra sans doute que je te donne quelques instructions, pour que tu ne l'effraies pas. Non que tu fasses peur, chère soeur, mais ma donzelle est facilement intimidée. Nous serons à Montpellier dans une dizaine de jours. Je suis désolé, mais toi et Pierre allez devoir nous attendre là-bas. Ce n'est pas de ma faute, c'est Juliane qui se traîne.

Gysèle, tu me manques. Parle moi de toi, de ton voyage. Dis moi que tout va bien. Que tu ne t'ennuies pas trop. Que je te manque, moi aussi. Même si je ne suis plus un bébé.
Que le Très-Haut te garde, tant que je ne peux pas le faire moi-même.

LM


*LJD Gysèle.
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Gysele
    [Cellule de crise]

Au sein de votre chambre tu barbotes dans un bain fumant Gysèle, histoire de te détendre et de trouver la force, la patience de digérer toutes les informations reçues dans le courrier de Louis-Marie. Tu ne te souviens pas avoir été aussi nerveuse depuis bien longtemps. T'es pourtant pas spécialement pudique. Tu verrais ton frère à poil que ça te ferait ni chaud ni froid, alors pourquoi le lire te met les nerfs en pelote comme ça ? Tu rabats la lettre sur le côté du baquet pour observer ton muet compagnon qui s'affaire à aiguiser sa lame, confortablement installé dans son fauteuil.

- T'entends Pierre ? Il veut t'casser le nez ou t'offrir une bière... L'a le sens d'l'humour on peut pas l'lui retirer !

Tu vois bien un rictus se dessiner légèrement au coin des lèvres masculines, sourire version Pierre. Vous savez tous, LM y compris, que ton protecteur écrabouillerait ton frère avec moins d'un orteil s'il en avait envie. L'insolence de ton sang t'amuse, te rappelle combien il te ressemble. Tu reprends la lecture et c'est là que la partie moins sympa te revient.

- D'jà... Elle s'appelle Juliane. Dans "Juliane" y'a "âne" non ? Oh ça va m'regarde pas comm' ça... j'plaisante !

Tu as vite fait de te replonger dans ta lettre quand tu vois le regard mauvais que t'adresse ton vis-à-vis. T'exagères peut-être un peu, mais autant le faire maintenant, que devant elle non ? T'es pas jalouse, t'es méfiante, nuance. Et puis la maladresse de ton frère a tendance, étrangement, à encourager ce sentiment.

- Si elle est si jolie... j'me la ferais p'tet. J'y arriv'rais peut-être plus vite que lui... C'est bon !!! J'rigole... p'tain Pierre... t'as pas d'humour. 'Spèce de vendu.

L'homme a grogné, a pointé la lame dans ta direction et tu retrousses ton nez, mécontente de cette soudaine solidarité masculine. Tu t'agites un peu dans ton bain, le clapotis de l'eau alertant le muet sur ton mouvement alors que tu fais en sorte qu'il puisse bien voir ton corps dénudé. A chacun ses armes il parait. Une fois que son attention s'est un peu adoucie, tu fais mine de reprendre la lecture, quelques coups d'œil papillonnant dans sa direction.

- Mais c'est qu'il va nous tomber amoureux l'frangin... Bientôt il va m'annoncer qu'il a chaud, qu'il a des papillons dans l'ventre et tout l'tintouin. Il dit qu'il veut just' l'avoir dans sa couche, mais ça m'fait plutôt penser à un béguin. Quoique... V'là qu'il veut la soeur avec... 'tain il perd pas d'temps... J'suis pas sûre qu'il puisse gérer ! T'crois toi ?

T'as pas le temps de regarder ton interlocuteur que tu l'entends se marrer presque silencieusement. Tu ris avec, forcément, t'as déjà du mal à imaginer LM tout bien faire avec une... alors deux... l'idée a de quoi provoquer l'hilarité. T'arrêtes de rire quand tu réalises qu'un jour, il pourrait très bien avoir assez d'expérience pour en avoir autant qu'il le veut. Cette pensée te calme illico.

- P'tain... comment j'vais faire. J'ai d'jà eu à dépuceler des p'tits nobles... mais j'sais pas quoi dire à mon propre frère ! Puis en plus l'a choisi une midinette qui aura peur d'moi ! Merci du cadeau.

Tu sors finalement du baquet, pas spécialement relaxée et tu t'affales sur le lit, trempée. Pierre te rejoint, se laisse tomber lourdement à tes côtés. Il écarte quelques mèches de ton visage et dépose un baiser au coin de tes lèvres, cet endroit plein de sens, jouant sur les frontières du désir et de la chasteté. Tu le regardes, ce grand protecteur, tu le trouves beau et réconfortant sous ses airs bourrus, sévères. Il a le visage de ton "chez toi" et l'odeur de la maison. C'est un peu ton doudou, en plus séduisant, en plus fort, en plus mâle... en plus tout ça quoi. Heureusement qu'il ne lit pas tes pensées, sans quoi il t'aurait peut-être abandonnée là. Tu sens sa large paume se poser à ta peau, remonter sur ton flanc, te maintenir contre lui dans ton plus simple appareil. Tes mains abandonnent le vélin, pour caresser le corps masculin et bien vite, tu oublies -un petit peu- Louis-Marie, pour ne te consacrer qu'à ton compagnon de voyage. L'interdiction du de Courcy s'envole avec les vêtements de Pierre. Au diable les règles, le plaisir avant tout.

Vous avez pris du bon temps jusqu'à la nuit tombée, où, encore nus et essoufflés, vous semblez plus détendus, l'un comme l'autre. Cette tension accumulée depuis le départ de Rouen n'aidait en rien à ta réflexion et tu espères simplement qu'Aimeryc n'en saura jamais rien, sans quoi, votre retour risquait d'être folklorique. La demande de ton frère de répondre rapidement te revient, alors qu'alanguie, tu savoures encore l'état de plénitude post-coïtal.


- Hmpf... Pierre, faut qu'on lui réponde. Va m'en faire voir de toutes les couleurs sinon. Puis j'pas envie qu'il t'casse le nez... ou qu'il essaie.

Tu souris et regarde Pierre se pencher pour attraper vélin, plume et encre, pour installer le tout sur ton dos, les bras reposant sur l'arrondi de tes fesses. L'écriture sera moins propre que d'habitude puisque la table un peu moins stable. Mais le frère recevra très rapidement sa réponse :

Citation:
    Aurillac, le 07 mai 1465
    De moi, Gygy, détendue mais pas par toi,
    À toi, Louis-Marie, en retard et amouraché.


Salut l'amoureux,

Ne pas te lire pendant autant de jours m'a semblé très long. Mais je pense que c'est de bonne guerre et je ne te ferais donc aucun reproche. T'as vu ? Je m'assagis. Je suis heureuse que tu sois en bonne santé quoiqu'il en soit et toujours sain et sauf. Surtout, continue.

Ta petite demoiselle s'appelle donc Juliane, bien. Et si tu m'assures qu'elle n'est pas idiote je te fais confiance sur ce sujet. Je m'inquiète un peu de ce que tu m'as écrit par la suite en revanche. Tu me sembles un peu... éparpillé quand tu parles d'elle. Tu me dis ne pas être amoureux, mais ça ressemble fort à quelqu'un d'amouraché ! J'ai un doute en t'écrivant...es-tu encore puceau ? Si oui, ne voudrais-tu pas aller faire ton expérience dans un bordel avant de t'attaquer à ton amie ? On te glisse une petite bourse qui devrait t'apporter assez pour une à deux nuits si besoin. Si jamais tu ne l'es plus, prends bien garde à ne pas te laisser emporter par ton impatience. Nous les femmes avons besoin qu'on prenne un peu de temps pour avoir du plaisir. Retiens bien ce conseil et tu feras des heureuses. Quant à sa sœur... je t'imagine déjà la langue tirée, le regard fou, bavant devant ces deux jolies frangines ! Mais du calme.. apprends à marcher avant de courir ! Je ne sais pas si j'ai le droit de te conseiller sur ces sujets, donc dans le doute, je ne t'en dirais pas plus. Mais après tout, toi et moi on a nos propres règles.

Je n'ai pas d'instructions à recevoir LM ! Je suis comme je suis. A la limite je veux bien faire attention à ne pas aborder certains sujets, mais je ne changerai pas ma manière d'être, n'en déplaise à ta pépette. La timidité ça se soigne en plus. Déjà qu'elle me fait t'attendre plus longtemps que prévu... dix jours ! Te rends-tu comptes ? Si tu m'aimais autant que tu le dis, tu la ferais avancer plus vite. Il faut que tu gagnes en autorité.

Notre voyage se déroule plutôt bien. Les villes sont tristes à mourir, sauf Limoges. Il y avait du monde là bas et des gens agréables. Nous y passerons ensemble une fois que nous nous serons retrouvés ! Pierre ne change pas, tu le trouveras presque comme au bon vieux temps. Nous prenons beaucoup de plaisir à voyager ensemble. Je n'ai pas de nouvelles de mon noble, je songe à lui écrire car je m'inquiète un peu. J'espère avoir un courrier de lui avant que tu ne nous retrouves.

Tu me manques aussi, énormément. Je sais que je suis avare en sentiments, mais je t'aime mon Louis-Marie. Prends-soin de toi et continue de me raconter ta vie, ça me donne l'impression de la vivre un peu avec toi.

Qu'Aristote veille sur vous, bénisse tes tentatives et t'accompagne dans tes projets.

          GyG... *Raturé* Gysèle


P.S. : J'ai bien noté la menace LM, nous verrons ça à nos retrouvailles. D'une bière à un nez cassé, il n'y a qu'un poing. Amicalement. Pierre.

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Louis_marie
Ça se tortille sur sa chaise, ça rougit en lisant la lettre de sa soeur, et ça se dit adulte. Il faut le dire, tu n'en mènes pas large devant les brefs conseils de Gysèle. Et tu fais la moue en voyant qu'elle te reproche d'être amouraché. N'importe quoi ! Qu'est-ce qu'elle va encore s'imaginer ? Et puis franchement, qu'est-ce qu'elle vient t'embêter ? Convaincu que tu n'as pas besoin de conseils en matière de femmes, tu prends tout de même soin de graver les quelques mots écrits quant à la patience nécessaire dans un coin de ta mémoire, pour être sûr de t'en souvenir le moment venu. Mais quand même, de là à te demander si tu es encore puceau ! LM, laisse-moi te dire que si elle te voyait là, seul dans ta chambre d'auberge, tout gêné suite à cette lecture, elle n'aurait plus à se poser la question. Et si tu savais où et dans quelles circonstances a été écrit le courrier que tu tiens dans ta main, tu ferais sans doute un malaise.

À défaut d'avoir un Pierre avec qui partager tes pensées les plus intimes, tu parles avec ton toi-même, dans ton esprit. Et tu râles. Parce que non, tu ne veux pas de conseils, tu te débrouilles très bien tout seul. Ou pas. Parce que oui, évidemment, tu es très expérimenté. Ou pas.
Parce qu'au fond, tout ça te terrorise. Jouer avec les jeunes filles t'amuse au plus haut point, tant que cela reste à un certain niveau d'abstraction. Mais ta soeur a le don de rendre ça concret, et elle ose même te proposer de payer ton éducation. Non mais franchement ! Elle a vraiment cru que tu allais la laisser acheter de quoi faire ton plaisir ? Évidemment, tu y as pensé à tout ça. Et il ne t'a pas fallu longtemps pour arriver à la conclusion qu'il te faudra impressionner celle qui te plaît. Et pour cela, il est évident qu'il faudra que tu ailles t'exercer avec d'autres avant d'aller toucher à la chaste demoiselle. Disons-le franchement, cette perspective ne te choque pas. Elle te plaît même carrément. Elle t'inquiète un peu, évidemment, mais le plaisir ne te fait pas peur, bien au contraire. Tu veux être un homme. Et s'il faut acheter cela, tu économiseras. Mais ce n'est certainement pas Gysèle qui paiera !

Main gauche dans les cheveux, main droite tenant ta plume, tu t'immobilises pour fixer le parchemin, comme si tu lui en voulais d'être aussi vierge que toi. Tu ne sais pas ce qu'il faut écrire. Tu ne veux pas mentir, mais tu commences déjà à cacher des choses. Tu n'as pas dit à Juliane que ta soeur était une catin. Tu sais que tu devrais la prévenir avant qu'elles ne se rencontrent, mais tu redoutes ce moment. La vierge et la catin, ça risque d'être explosif ! Et puis tu ne veux pas non plus avouer à ta soeur qu'un soir, ivre, tu as dit à Juliane ce que tu n'aurais pas dû lui dire. Et que l'aveu a été mutuel. C'est que tu n'es pas très à l'aise avec ces histoires de sentiments. Et que ça t'embête quand même vachement de donner raison à ta soeur.

Finalement, l'alcool ingurgité aidant, tu cesses de ne faire que regarder le vélin en pensant à Gysèle, et tu lui réponds, un léger sourire en coin venant se poser sur tes lèvres, parce que quand même, tu aimes bien la taquiner, ta rousse préférée.


Citation:
                              Toulouse, le 11 mai 1465

    De moi, Louis-Marie, envieux mais pas amoureux.
    À toi, Gysèle, grande soeur curieuse.


Gysèle,

Tu dis être détendue. Par qui ? Pourquoi ? Ça veut dire quoi ?

Je te signale, chère soeur, que je ne suis pas amouraché de quiconque. Ne rêve pas. En réalité, je ne sais même pas ce que ça veut dire. C'est gentil de ta part de t'inquiéter de mes sentiments, mais ce n'est vraiment pas ça qui m'intéresse quand je suis avec Juliane. Tu t'en doutes. Et je n'ai pas envie de répondre à ton indiscrète question. Grande soeur, tu ferais mieux de prendre exemple sur ton élégant petit frère : est-ce que moi je te demande si tu es encore pucelle ?

Je dois admettre que tu as raison sur un point : j'irai faire mes armes loin de Juliane. Mais tu es gentille, tu ne m'envoies pas d'argent pour cela. Je suis assez grand pour me débrouiller tout seul. Et puis je ne voudrais pas qu'elle l'apprenne. Déjà que quand je lui parle de la jolie blonde que j'ai croisée dans une taverne miteuse, elle se fâche et ne veut plus s'approcher de moi... Et pourtant, elle dit qu'elle n'est pas jalouse. Vraiment, je ne comprends pas. Femmes, vous êtes belles, douces et vous m'attirez terriblement. Mais qu'est-ce que vous me fatiguez. Essayer de vous comprendre est épuisant, et totalement vain.

Comme tu l'écris, il faut apprendre à marcher avant de courir, alors j'ai décidé qu'une brune après l'autre, c'était largement suffisant. Du moins pour le moment. J'ai donc dû quitter la jolie soeur de ma donzelle pour rejoindre ma soeur à moi. Mais lorsque nous nous retrouverons, tu as intérêt à être gentille avec moi et à ne pas me faire regretter mon sacrifice. Et tu me feras le plaisir de ne pas parler de toutes ces choses dont nous parlons devant ma Juliane. Tu sais, je ne lui ai pas dit la nature de tes activités. Tu crois que je devrais lui dire ? Mais comment ? Elle va encore rougir, et moi je vais encore avoir envie de l'embrasser.

Tu devrais écrire à ton noble. Qui sait, peut-être se prendra-t-il d'affection pour l'écriture de Pierre ? Et alors, vous n'entretiendrez plus qu'une relation purement épistolaire. Et moi, ça m'arrangerait, parce que je n'aime pas te savoir entre ses mains.
Tu dois être arrivée à Montpellier, à l'heure qu'il est. Raconte-moi : c'est comment ? Parce que, pour l'instant, toutes les villes que nous traversons sont désertes ou quasiment. C'est d'un ennui... Heureusement, il y a Juliane pour me distraire, mais je vais finir par me lasser. D'autant que le Très-Haut n'est pas très aidant sur ce coup-là, et ça ne progresse pas bien vite.

Pierre, veille sur ma soeur. Gysèle, prends soin de toi. Et Aristote, faites attention à tout ce petit monde.

LM

P.S. : Plus que cinq jours.

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Gysele
- J'aurais jamais dû jouer avec toi !

Assise à la table d'une taverne, tu viens de perdre ton énième partie de cartes contre Pierre. Non seulement tu es mauvaise joueuse, mais en plus, tu rechignes d'avance car vous avez décidé de vous donner des gages à chaque partie perdue. Pour le plus grand plaisir du muet, tu enchaînes donc ton cinquième défi, après avoir imité une poule sur la place du marché, t'être baignée à poil parmi les lavandières, t'être confessée auprès d'un curé, avoir roulé une galoche au fol du coin, tu attends patiemment que la sentence tombe pour ta dernière action de la journée. Pierre attrape une plume et écrit, inspiré par on ne sait quel diable !

Pierre a écrit:
Tu vas voler un mouton.


Tu lis et relis même des fois que tu n'aies pas bien compris la demande. Parfois tu te demandes ce qui ne tourne pas rond dans la tête des hommes. Entre Aimeryc qui t'affubles de tenues extravagantes pour entrer dans Montpellier et Pierre qui cherche à te ridiculiser à tout prix, tu t'interroges sur ce syndrome étrange à analyser. N'étant pas non plus experte en psychologie masculine -tu t'y connais mieux en physionomie il faut le souligner- tu libères tes pensées d'une secousse de la tête.

- 'tain c'est franch'ment parce que j't'aime et parc'que sans toi j'me ferais massacrer sur les routes... Foutue carpe !

L'insulte, il est habitué à la recevoir ton compagnon de route. Ca ne semble lui faire ni chaud, ni froid et il jubile déjà de cette nouvelle aventure que vous allez vivre. Lui spectateur, toi actrice, voleuse de surcroît.

[Le lendemain, dans la campagne de Montpellier]

C'est ainsi que tu te retrouves à faire la planque devant la maison d'un pauvre fermier, Gygy. Ton cœur bat la chamade, car tu n'as plus volé depuis très longtemps. Tu n'en as plus l'utilité d'ailleurs, d'où la petite bourse que tu as préparé et que tu comptes bien déposer discrètement pour le paysan que tu t'apprêtes à délester d'une de ses bêtes. T'observes les bestiaux depuis déjà 20 minutes, essayant au moins d'en trouver un plus ou moins « joli », ne sachant pas trop sur quel critère baser la beauté d'un mouton. Tu as éliminé les mâles d'office et les autres te semblent tous plus ou moins pareils... sauf... Sauf ce petit agneau qui semble pas trop aimé de sa mère. Celle-ci s'éloigne souvent de lui, lui refusant la tétée et tu sais alors que tu le VEUX lui. Ton homologue moutonneux. Un caillou atterrit près de toi et tu sais que Pierre s'impatiente. Tu t'élances donc par dessus la barrière de bois et tu sillonnes parmi les obstacles laineux tentant de ne pas te laisser distraire par les « beeeh » qui se font de plus en plus nombreux. Tu as un peu peur de te faire choper, aussi te décides-tu à courir et bientôt tu atteins la bestiole que tu convoites et tu l'attrapes dans une série de gesticulations désordonnées qui semblent faire bien rire ton acolyte. Ses pattes battent l'air et même si c'est un bébé, il pèse son poids. Tu ne traînes pas, tu poses la bourse sur le piquet et ramènes ta proie jusqu'à la barrière où le muet vient t'aider.

[Retour chez Gygy]

T'en reviens pas de posséder un agneau. Pourtant il est bien là, chez toi en train d'essayer de boire le lait que tu lui as apporté dans une poche de tissu. Pierre a bien essayé de te convaincre de le préparer pour le repas de ce soir, mais y'a rien à faire, tu as décidé de le garder et tu lui as même donné un nom : Zézette. L'homme a roulé des yeux et il n'a pas rétorqué que de toute manière c'était un mâle, aimant te laisser dans ta gadoue. Et de toute façon, l'heure était à l'écriture, puisque Gygy devait répondre à son frère.


Citation:
    Montpellier, le 13 mai 1465
    De moi, Gygy, soeur indigne d'être présentée,
    À toi, Louis-Marie, petit frère cruel.


Louis-Marie,

Oui, je suis détendue. L'air marin, la plage, les moutons, Oseille, Pierre, ton arrivée prochaine sont autant de joies qui m'apaisent et me mettent de bonne humeur.

Mais demande-moi si je suis pucelle, cher frère et je te répondrais bien volontiers que non et te donnerais même une date si tu souhaites les détails ! Blagues à part, j'attends de te voir pour confirmer mes soupçons d'amourrachage, mais je le flaire depuis déjà quelques lieues ! Qu'importe que tu veuilles l'admettre ou non, après tout ce qui compte c'est que tu sois heureux. Mais reste toujours sur tes gardes des fois que tu te manges un revers de fortune derrière.

Sache que nous ne sommes pas si compliquées, nous les femmes. Nous ne pensons pas comme vous, c'est tout. Nous disons une chose, mais tu dois lire le sens caché, les interlignes qui s'immiscent dans nos discours. C'est simple non ?! Elle dit ne pas être jalouse ? Deux solutions : 1) Elle ne connait pas encore le sentiment de la jalousie donc croit ce qu'elle te dit, mais ne parvient pas à le mettre en pratique une fois que tu la confrontes. 2) Elle se ment, car la jalousie est un défaut et qu'on n'aime pas avouer nos défauts... encore moins devant quelqu'un qui nous plait. Tu vois ? Simple comme "Bonjour".

Je suis touchée de ce sacrifice. Sache que tu pourras avoir mille donzelles dans ta vie, mais qu'UNE seule soeur comme moi, tout comme je n'aurais que TOI, même si Pierre ou mon noble m'abandonnaient. Alors ne te chauffe pas trop, frangin, car je ne suis pas prête de te lâcher ! Et concernant Juliane... Ca ne dépend que de toi. Je n'exerce plus, tu peux donc ne rien lui dire. Sauf si tu prônes la transparence avec elle -dans ce cas là, je n'ai plus de doute sur les sentiments qui sont installés dans ton coeur !-. Quelque soit ta décision je ferai en conséquences, mais je ne cherche pas à te mettre mal à l'aise et je sais qu'il n'y a rien de reluisant à ce que je fais. Reste vague s'il le faut, je broderai pour toi !

J'ai enfin reçu un courrier de mon noble... deux en réalité ! Je crois que lui et moi ne sommes pas fait pour nous écrire indéfiniment, nous avons besoin de plus de proximité pour nous exprimer, aussi je suis désolée de te décevoir, mais je t'assure que je t'épargnerai ces détails !

Concernant la ville, tu seras soulagé, car elle est animée. Pierre et moi nous amusons bien - mais il triche aux cartes c'est insupportable (C'est faux, c'est elle qui est mauvaise) - et le temps me parait très long quand je repense au fait que tu es bientôt là ! S'il le faut, tu trouveras même de quoi t'expérimenter ici, la ville est reconnue pour ses moeurs légères, ta poupée risque de beaucoup rougir et donc toi tu risques de beaucoup l'embrasser. Seigneur que c'est niais ! Vivement que tu arrives pour que je vous décoince tout ça.

J'ai hâte, j'ai hâte, LM ! Que le Barbu bénisse votre arrivée.

Affectueusement,

Gysèle.

P.S. : j'ai hâte de te présenter Zézette... Oh et Oseille aussi !

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