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[RP] Galons, ours en peluche et accueil chaleureux

Eurydice
[ Dans un incertain futur proche ]

Aux abords d’une grotte, une jeune femme. Encapuchonnée, une légère épée au côté, une belle dague ouvragée de l’autre, vêtue de vêtements de voyage de relativement bonne facture, elle observait. Et pour le faire mieux encore, elle découvrit sa tête, laissant le soleil caresser son visage pâle aux joues creusées et aux yeux cernés encadré par une chevelure sombre. Sa cape glissa un peu de son épaule, laissant apparaitre des galons de soldat de l’Ost ainsi qu’une besace dont dépassait ce qui semblait être un ours en peluche. Dans sa botte, une dague plus grossière, mais tout aussi efficace prenait du repos. Eurydice était arrivée à son but.

Elle leur avait faussé compagnie, cela faisait deux jours qu’elle errait aux alentours de la grotte. Une hirondelle lui en avait indiqué le chemin, mais elle n’osait y entrer. Sa place était elle ici ? Sans doute, étant donné que lui y était. Elle passerait le cap, bientôt, elle entrerait et le trouverait et, ensuite, il comprendrait qu’elle n’irait nulle part ailleurs. Enfin, bientôt, bientôt, il faudrait déjà que ses jambes acceptent de la porter jusque là bas. Entre la peur de l’accueil qu’il lui réserverait et le fait qu’elle n’avait rien avalé depuis deux jours, ses guiboles se faisaient bien faibles. Elle les laissa mollir et s’assit à quelques dizaines de pas de ce qu’elle avait repéré comme étant l’entrée, grossièrement cachée derrière un rocher. Ainsi installée, elle se mit à songer aux évènements qui avaient marqués les dernières semaines de sa vie.

D’abord, son départ, ça, ça n’était pas rien, elle en portait la blessure en son sein, celle qu’elle s’était elle-même infligée au cou s’était cicatrisée, laissant une boursouflure rosâtre en son endroit. C’était pour lui qu’elle était là, parce qu’elle savait qu’il n’y avait qu’ici qu’il pouvait être revenu. Elle était aussi venue, parce qu’avec ce qu’elle avait fait, sa place n’était plus au milieu des bien pensants, du moins le lui avaient ils fait comprendre. Faut dire que d’après ce qu’ils disaient, et ils le lui avaient prouvé, elle avait cramé la mairie et sa taverne. Elle aurait même défiguré un pauvre type, sans raison. Le gus n’arrivait plus à parler depuis et la regardait d’un air terrorisé.

Le truc gênant. C’est que de tout cela, elle ne se souvenait de rien. Alors, ils avaient retrouvé sa médaille de baptême dans les cendres fumantes de la taverne, couverte de sang et de suie. De nombreuses bouteilles de Chrysophernal éclatées, et pareil dans la mairie. Il est vrai que ça faisait pas mal… On avait aussi retrouvé sa chemise à moitié déchirée, tachée de sang et noire de fumée, ses traces de mains sur la porte de chez elle… Et ses propres mains et pieds couverts de coupures et de brûlures dont elle ignorait la provenance. Vrai, elle l’admettait, ça faisait beaucoup de choses contre elle ça, mais ça ne lui expliquait pas pourquoi elle ne s’était pas présentée à la garde du soir, ni pourquoi elle ne se souvenait de rien. Et puis, l’homme, c’était qui ? Il avait dans la joue, un trou fait par son épingle à cheveux. Et c’était bien la sienne, ça c’était sûr.

Enfin. C’était fini, elle avait été jugée et condamnée pour tout cela. Se rendant à l’évidence que c’était sans doute vrai, qu’elle était sans doute coupable et avait accompli sa peine sans mot dire. Elle n’était plus elle-même depuis ce jour, ayant par moment quelques absences, des souvenirs latents qui ne demandaient qu’à ressortir mais s’arrêtaient toujours aux portes de sa conscience. Elle avait pris la route avec son grand père et une amie, ils partaient en voyage lui avait dit son grand père. Soit, elle avait suivi. Mais dernièrement, elle s’était souvenu des indications et leur avait faussé compagnie. Il était hors de question que son évêque de grand père et son amie fraichement mère se retrouvent en ce lieu. C’est pour cela qu’elle était partie sans eux, en pleine nuit, ne pouvant prendre plus de provisions que ce que contenait déjà sa besace.

Et elle était là depuis deux jours, ayant fini ses réserves, fatiguée et plutôt effrayée. C’est qu’elle faisait la bravache souvent et que bien qu’ayant accepté le fait qu’elle avait fait tout cela, elle était mal à l’aise vis-à-vis des gens qu’elle avait aperçus, entrant et sortant de l’endroit. Entrera ? Entrera pas. Entrera ? Elle en était là de ses hésitations quand son ouïe perçut un craquement dans son dos.

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Ko
Chaos sortait de la Grotte, bredouille. Ce jour là, il n'avait rencontré personne d'intéressant, seulement des gens encapuchonnés comme s'ils étaient lépreux, et des ivrognes qui décuvaient. Même le tavernier n'était plus amusant à faire transpirer en s'asseyant à une table, face à ce qu'il restait du comptoir, et à le regarder en buvant une chope. Encore une triste journée qui s'annonçait, heureusement qu'il allait bientôt pouvoir voyager de nouveau, retourner à Genève pour récupérer ses économies et mettre à exécution son projet pour flatter d'avantage son orgueil. En attendant ce moment, c'était régime poisson tous les jours depuis... Une bonne semaine ? Ouais, et y restait encore deux bonnes semaines. Des lacs, on a l'impression qu'il n'y a que ça en Allemagne. Foutu pays !

Le d'Erzulie Dantor était dehors, vagabondant à l'extérieur de la Grotte, essayant de se repérer pour rentrer. Ouais ben il restait plus qu'à chercher de la mousse sur les arbres, ou demander au gus dont il apercevait la silhouette, et pas les formes. Il avance donc vers ce qu'il croyait être un brigand, soulevant une mince couche de poussière qui venait colorer ses bottes dont le noir d'origine avait disparu.

Toujours en avançant d'un pas naturellement silencieux, il remarqua que son futur indicateur avait un baluchon bien remplit d'où dépassait... Une poupée de chiffon ? En tout cas, de là où était le brigand, ça y ressemblait. Et comme un coup de pouce de la destinée, le vent souleva la bourse vide de chez vide de Chaos. C'était le moment de se renflouer financièrement !

Le genèvois saisit la dague qu'il avait subtilisé à la Tite Grenouille -pour une fois qu'elle sert à quelque chose celle là-, et s'approcha à pas de loup vers sa proie. Honte de brigander un autre brigand ? Non, c'est la loi du plus fort et de la survie.

A une poignée de mètres du baluchon, Chaos écrasa de tout son poids une branche morte. Encore un signe de la destinée, ou du Très-Haut qui mène la vie dur à une brebis égarée ?
Le brigand regarde le gus qui ne semble pas avoir entendu le bruit. Et puis, de toute façon, si il avait entendu, ils allaient jouer au chat et à la souris. Il continua donc d'approcher, marchant normalement cette fois, l'air de rien, ce qui faisait contraste avec la dague bien voyante qu'il avait dans sa main.

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"L'homme est un loup pour l'homme, un monstre"
Montaigne
sansvisage
tapis dans l'ombre , le triste sire avait suivi la belle depuis son départ de la ville ... etait elle au courant ? nul ne puis le dire , mais lui , le sans visage , lui ; etait au courant , au courant de cette folle nuit ... oui ... cette folle nuit ou les flammes scellerent le destin de la belle et le sien par la meme occasion , lui , le voleur de poule , sentait que le destin avait changé d'avis , et que de triste sire , il allait passer a grand seigneur , avec l'aide de Dieu ... soudain , un bruit ! et ce grand gaillard qui marche dague a la main ...
Eurydice
Elle sursauta en entendant le craquement et se retourna aussi vite que son état de fatigue le lui permettait. Un homme s’avançait vers elle, nonchalant, certes, mais une dague à la main. Ce n’était pas comme ça qu’elle envisageait l’accueil. Bon, elle savait bien qu’elle n’arrivait pas chez les enfants de chœur, mais la vision de ce jeune homme qui ne devait pas être plus vieux qu’elle n’était pas pour la rassurer. Mais que foutait elle donc là ? Cessant toute tergiversation, elle se leva, la main sur la poignée de son épée et le jaugea, comme sa marraine lui avait enseigné à le faire. Elle le détailla de la tête aux pieds, le cheveu gras, une cicatrice barrant sa joue gauche, un doigt manquant du même côté. Il était jeune, certes, mais avait roulé sa bosse. Lorsqu’il fut proche, le vent lui porta son odeur de vieille sueur rance, ce n’était pas l’endroit où il serait question de bain à la lavande.

Elle tenta un aimable sourire à l’homme qui s’approchait, cherchant en sa mémoire comment celui qu’elle venait chercher s’appelait.


B’jour, dites moi, je cherche… euh... et voilà qu’elle avait oublié, faut dire que sa mémoire, dernièrement, c’était un vrai fromage à trous… C’était facile pourtant, c’était… Je cherche le… quelqu’un qui se fait appeler… euh… Une insulte, un nom d’oiseau... Le… L’Enfoiré ! Elle avait trouvé ! Pourtant, ça ne lui semblait pas correct…

Avisant son interlocuteur que sa demande ne semblait pas intéresser plus que ça, au contraire de sa besace, elle sortit son épée, ou du moins voulut le faire. Elle se sentit alors sombrer dans un de ses nombreux moments d’absence. Depuis la fameuse nuit, cela lui arrivait souvent, et rarement au bon moment. Ses jambes fléchirent et elle chut, sa tête allant heurter la pierre qui était son refuge quelques secondes auparavant.

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Ko
Chaos serra davantage sa dague quand le gus qui était en vérité une jeune femme se retourna, puis il ralentit l'allure à laquelle il s'approchait d'elle en voyant que sa main se posa sur la poignée de son épée. C'est pas avec son petit couteau qu'il allait pouvoir se battre contre elle au corps à corps, mais il suffisait de lancer au bon endroit et le tour était joué.

Elle le toisait de haut en bas, et quand il fût à quelques mètres, elle grimaça. Bah quoi ? Tout le monde n'a pas de quoi se payer des bains avec des pétales de rose. Chaos portait ses vêtements tous les jours et toutes les nuits ; ils finissaient même par coller à sa peau. Bon d'accord, il piquera une tête dans un lac quand il y pensera.

La jeune femme commença à essayer de sourire, ce qui énerva un peu le brigand qui détestait l'amabilité, la solidarité et toutes ces vertus que prêchent les curés. Et en plus, elle lui demande une information sur un brigand. Il a pourtant pas la tête d'une taupe.

Le regard de Chaos se ballade plutôt de l'épée à ce qui dépasse de sa besace, puis sur des décorations au niveau de ses épaules. Une soldat ? Il avait touché le gros lot !

Apparemment, ses intentions furent découvertes puisqu'elle sortit son épée, l'air menaçant, avant de tomber au sol en se cognant la tête. Une trace de sang apparut sur la pierre. Elle était morte la demoiselle ? Chaos s'approcha au dessus d'elle pour s'en assurer. Il saisit ses cheveux, sans délicatesse, et les tira pour soulever la tête. Elle gardait les yeux fermés mais semblait respirer. D'un côté, tant mieux, il pourra sûrement lui trouver une quelconque utilité.

En attendant, il saisit l'épée, décroche son fourreau et l'accroche à sa ceinture. Enfin une arme digne de ce nom ! Il prit aussi la besace renfermant le nounours, et l'accrocha à son dos.
Une lueur vint se refléter dans l'œil du voleur. Une dague aiguisée et incrustée de pierre précieuse au niveau du manche était accrochée à sa ceinture. Sans hésitation, il la prend aussi et l'accroche avec son autre dague banale ; enfin, il lui arracha les galons de son uniforme pour les mettre dans sa bourse. Il en tira sûrement un bon prix. Finalement, cette journée à la Grotte n'aura pas été une journée de perdu ; ça court pas les routes des armureries ambulantes comme ça.

Chaos regarda une nouvelle fois le corps inerte, n'ayant pas l'idée de la fouiller d'avantage. Elle était physiquement pas mal, elle ferait un bon chiffre d'affaire dans un bordel -oui, tout le monde veut en faire une catin-. Ça tombe bien, y a Zarathoustra qui avait pour projet d'ouvrir ce genre d'établissement dans la Grotte. Et au pire, un brigand la voudra sûrement comme esclave. On en a jamais trop de ces machins là.

Le jeune homme saisit les bras de sa marchandise et commença à la trainer vers la Grotte. Ses bottes disparurent dans l'ombre de l'endroit, laissant une trace sur le sol.

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"L'homme est un loup pour l'homme, un monstre"
Montaigne
Eurydice
Noir.

Encore.

Comme à chaque fois...
Un moment de vide complet, aucune sensation, rien.
Et ça durait…

Ça lui paraissait une éternité.

Enfin, des sons revinrent et un kaléidoscope d’images s’enchaina dans son esprit. Des visages, des visages, toujours des visages. Sa mère au visage pâle traversé de la rougeur pourpre de ses lèvres. Le fard avait eu raison de sa peau. Elle la vit distinctement. Puis elle vit l’homme, celui dont le visage n’était plus que plaies sanguinolentes. Mais son identité lui échappa, encore. Elle n’arrivait à mettre ni nom, ni provenance sur ce visage. Perdue dans la musique crépitante du bois qui craquait sous la force du feu, des flammes qui léchaient les poutres, des tissus qui s’embrasaient, elle restait amorphe. Ailleurs. Une poupée de chiffon.

C’est ainsi qu’elle se fit emmener à l’intérieur de la grotte, vers l'auberge.

Vraiment, son arrivée, elle ne l’avait pas prévue ainsi.

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Boule
[HRP] Étant sortis de l'auberge, (même si on est "pas sortis de l'auberge" ^^) je propose de reprendre ici[/HRP]

[De l'auberge à la piaule de la Boule ]

Aïe. Fallait qu'il aille chercher ce qu'il manquait. Un coup d'oeil sur la Fée, sur le vendeur, sur la catin...

Beh, t'viens, on l'embarque... et je te donne tout là bas, v'la déjà les écus.

Il lui balança une bourse bien rebondie, s'avança vers la gueuse, poussa le clebs et la posa telle un sac à patates (oui, oui, pas de patates, je sais ), sur son épaule. Il passa devant la Fée, jubilant ouvertement, et posa sa grosse main sur une fesse de la femme inconsciente pour la maintenir. Elle était pliée en deux sur son épaules, les jambes qui venaient taper contre le gras de son ventre, et ses cheveux défaits qui venaient masquer son visage pendaient dans son dos à lui.

Il entraina le Ko dans un dédale de couloirs, arriva devant une grossière porte qui masquait une belle anfractuosité de la grotte. De sous sa robe il sortit une énorme clef et fit jouer la serrure. Mécanisme relativement inutile étant donné que le chambranle n'était pas accroché au mur, mais encastré... Il déposa son fardeau sur quelques sacs de farine et alla décrocher deux jambonneaux et quelques poissons qui pendaient là. Il lui faudrait bientôt trouver d'autres provisions, la donzelle lui avait coûté cher... et il faudrait aussi la nourrir elle. Il donna le tout au jeune vendeur et alla chercher le tonnelet de vin promis.


Voilà m'sieur, comme prévu. T'nous laisse, là ? J'suis sûr qu'elle a plein d'choses à m'raconter... Enfin, seuls à seuls quoi...

Son estomac retentissait, plus fort que jamais.
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La Boule est morte, vive la Boule !
Petite Fée
La Fée bouillait intérieurement de voir la Boule toucher ainsi à Elle. Et celui-ci ne faisait qu'en rajouter... avec cette saleté de mal de tête qui revenait. Il était déchiré entre le choix de la laisser entre les mains de la boule, de cette façon il en serait débarrassé, et d'aller l'aider.

Le bon choix ne prit pas beaucoup de temps à lui apparaître et il pivota sur ses pieds et revint en direction de la table. Passant devant un homme ivre mort, il lui enleva son chapeau. L'homme n'émit que quelques grognements de contestations, trop ivre pour essayer de se lever. Et puis, de toute façon, il en aura plus besoin. Se dirigeant plus profondément dans la taverne, il tourna en décrivant un arc, mettant le chapeau sur le bout de son crâne, empoignant la bouteille laissée là par l'Aveugle, et sortit de la taverne.

Répartissant le poids de son corps non pas sur ses talons, mais bien sur la plupart de son pied, marchant ainsi plus silencieusement. Technique développé au court de longue marche dans les bois, la nuit, évitant les maréchaux à sa recherche. Et ça semblait bien marcher, étant encore en vie aujourd'hui...

Il suivit Ko et la Boule de loin, faisant en sorte de rester le plus caché possible de la lumière des torches. De loin, il ne semblait suivre que deux ombres. Après un moment, les deux silhouettes s'arrêtèrent, et disparurent. Le Gros devait y avoir une planque. Petite Fée s'approcha de la porte, pas trop près, et s'assit à l'obscurité d'entre deux torche, dos au mur de la grotte. Descendant un peu plus le chapeau sur son nez, sa bouteille presque vide à la main, on aurait juré trouver là un ivrogne affalé là, égaré de l'auberge par l'alcool...

Et la Petite Fée attendait le bon moment, bouillonnant...
Ko
Chaos attrapa la bourse que son client lui lança comme un os à un chien. Si ils n'étaient pas en affaire, il lui aurait renvoyé les pièces à la face avant de lui planter son épée dans le gras. Pour qui il le prenait ? Une catin qui a besoin de tendre les fesses pour gagner son pain quotidien ? Non, il a devant lui Chaos d'Erzulie Dantor, un brigand qui n'a jamais plié devant une quelconque autorité, qui n'a jamais demandé la pitié de qui que se soit, et qui est aussi orgueilleux qu'un noble.

Boule voulait maintenant l'emmener on-ne-sait-où pour lui donner le reste. Qu'il n'essaie pas de l'assommer sur le chemin, sinon, il lui couperait son cou après avoir entailler tout son corps à coup de lames.

Sur le chemin, le jeune homme avait gardé sa main sur le fourreau de son épée, prêt à démembrer la montagne qui se déplaçait devant lui si il décidait de se retourner trop précipitamment.

Plus tard, ils s'arrêtèrent devant une porte qu'ouvrit l'homme avec une clé, empila deux jambons et des poissons dans les bras de Chaos, alla chercher le tonneau de vin et lui demanda de les laisser. Il avait été payé, peu importe ce qu'il arrivera par l'avenir à cette femme ; qu'elle prépare les repas ou soit un amuse-gueule, peu importe.

Le brigand regarda le tonneau à ses pieds. Il n'allait pas le pousser avec le pied, il pourrait se percer avec toutes les pierres qu'il y a sur le sol. Il posa donc tout son attirail sur le récipient de bois, décrocha le sac qu'il portait sur le dos et le retourna pour le vider. Des vêtements s'étalèrent sur le sol, recouvrant l'ours en peluche, et une flasque d'alcool vint humidifier le tout. Il remplit le sac avec les jambons et les poissons, sans un regard vers Boule qui devait sûrement se demander si il pouvait garder ce qui jonchait le sol, et prit le tonneau dans ses bras.

D'un geste de la tête, il le salua, avant de se retourner et de sortir de la pièce. Là, un ivrogne semblait dormir, ce qui était courant. Chaos passa son chemin, sortant de la Grotte après cette journée qui fût finalement plus enrichissante que prévu.

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"L'homme est un loup pour l'homme, un monstre"
Montaigne
Boule
Enfin ! Il s’en allait ! Surveillant Ko du coin de l’œil, la Boule installa mieux celle qui était SA catin. Elle commençait à remuer un brin et mieux valait qu’il referme la porte avant tout. Avisant le contenu du sac sur le sol et les vêtements qui semblaient peu masculins, il ramassa le tout, reboucha la flasque qui commençait à se vider et fit un tas sur lequel trôna l’ours en peluche. Image pittoresque en ce coin de grotte fermé d’une paroi de bois, dans lequel étaient suspendues quelques denrées n’attendant qu’à être transformées en plats plus succulents les uns que les autres.

La porte close, le Gros se tourna vers son invitée, un sourire qu’il voulait avenant aux lèvres, s’apprêtant à être la première chose qu’elle verrait à son réveil. Il s’interrogea sur l’ours en peluches un moment, se demandant bien ce qu’une prostituée faisait avec ça dans sa besace. Un vestige de son enfance, sans doute. Une torche diffusait une vague lumière sur le visage de son acquisition. Il profita de ce moment de calme qui précédait l’éveil pour l’observer mieux.

Elle commençait à remuer sérieusement, ses yeux s’entrouvrirent sur lui…

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La Boule est morte, vive la Boule !
Eurydice
Sa main quitta les poils du chien, ou plutôt, le chien quitta sa main… Elle fut emportée, bringuebalée et déposée, poupée de chiffon inconsciente. Mais justement, la conscience ne demandait là qu’à faire son retour, affleurant à son esprit telle un papillon léger. Ses yeux commençaient à remuer sous ses paupières closes, assurance d’un prochain réveil.

Ses deux billes sombres furent donc bientôt libres d’observer alentours et se posèrent sur le visage joufflu de son acquéreur, descendant sur la robe de bure et remontèrent sur sa mine réjouie. Son esprit travaillait à vive allure, elle se souvenait avoir croisé un homme jeune et puant non loin de l’entrée et avoir sombré ensuite. Sans doute cet homme l’avait il recueillie. Elle porta la main à sa tête douloureuse, effleurant la croute séchée. Recueillie, mais pas soignée. Bon. Elle déglutit difficilement, la gorge sèche et s’adressa à celui qu’elle prenait pour un homme d’église.


Mon père ? Où suis-je donc ? Que s’est il passé ? Depuis combien de temps suis-je icelieu ?

Elle était toute fois rassurée de se trouver en compagnie d’un homme de bien. Elle se redressa doucement, prenant conscience que sa couche était constituée de sacs et qu’elle se trouvait dans une sorte de cellier. Ses yeux accrochèrent l’ours de son fils ainsi que ses affaires diverses. A y regarder de plus près, le visage du prêtre en robe de bure ne paraissait plus si amical et son sourire était plein d’une attente qui ne la rassurait plus guère. Elle se redressa mieux, ses jambes venant se replier sous elle et elle planta son regard dans celui de la Boule.
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Boule
Mon père ?

Son sourire s'élargit un instant, devenant sans doute un rien inquiétant pour la jeune femme qui se recroquevilla et le toisa d'un air plus effarouché qu'aguicheur. Qu'elle était donc farouche pour une catin ! Soit, il la mettrait en confiance. Partant de son rire gras, tentant de prendre un air bienveillant, il soutint son regard.

Mon enfant. T'crains rien ici. J't'ai trouvée...


Où avait il donc pu la trouver ?

J't'ai trouvée dans un lieu de perdution... Et j't'ai amenée là pour t'soigner.

Ouais, c'était bien, ça, l'idée de la soigner, tout ça...

T'vas voir, t's'ras bien 'vec moi.

Elle avait l'air d'y croire, un peu, manquait plus qu'à lui faire comprendre qu'il fallait qu'elle aille lui préparer l'repas...


Pis t'vas m'faire la cuisine, ben ouais, parc'qu'c'est pour ça qu'j't'ai achetée quand même !


Et M**** ça lui avait échappé ! Pourquoi là justement ? Son estomac se rappelait à lui, bientôt deux heures sans rien ! Il faiblissait, il se sentait partir, bientôt il perdrait connaissance ! Tant pis, perdu pour perdu...

Dis, t'sais faire la bectance au moins l'catin ?

Ouch, le dernier mot ne lui avait pas plu, au vu de la lueur arrivée dans les yeux de la marchandise... Aïe Aïe Aïe... 'reusement qu'elle était faible hein, la greluche.... Elle était faible ? L'avait b'soin d'becter le gros, fallait qu'elle se résigne...
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La Boule est morte, vive la Boule !
Petite Fée
Le vendeur avait quitté la planque avec un sac et ne semblait pas voir reconnu la Fée... Du moment qu'il était payé, il ne serait pas perdant de toute façon. Le vendeur ayant disparu dans un tournant, la Fée se releva, ajustant son chapeau de façon à voir. Erf, et la porte qui venait de se refermer.

Il allait peut-être en ressortir, en attendant qu'Elle se réveille. Mais malheureusement, à peine quelques secondes plus tard, une voix féminine lui vint à l'oreille. Elle était éveillée... Peu importe, peut-être l'assommera-t-il après s'être occupé de la Boule. Ou peut-être ne se ferait-il pas reconnaître, il était sale, mal rasé et portait des vêtements de voyages crasseux, alors qu'Elle devait être habituée aux vêtements coûteux qu'il s'était acheté avec les gains de la prise de Montpellier. Mais ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué, il devrait d'abord rentrer dans la planque.

Petite Fée dégaina lentement son épée, silencieusement. Un bruit métallique aurait tôt fait d'alerter tout brigands qui se respectes. Une fois ceci fait, il n'eut autre idée que de cogner à la porte... à quatre reprises. Il se tenait prêt, une forte poigne sur le manche de son épée.


Toc toc toc toc.
Eurydice
Il parlait vraiment mal pour un prêtre, le gros.... Ce fut sa toute première pensée lorsqu'elle l'écouta parler. Il l'avait donc recueillie, bonne nouvelle, elle serait entre de bonnes mains ? Rassurée un rien, elle continua d'écouter le prêtre à l'élocution qui aurait fait frémir les oreilles de son grand père.

Lui faire sa cuisine ? Elle fronça les sourcils, c'était pas pour ça qu'elle était là ! Non mais oh ! Elle venait Le retrouver, rien d'autre, et ça, on ne l'en empêcherait pas, ça non ! Se retrouver bonniche chez un curé, c'était vraiment pas dans ses plans... Bon, d'accords, ses plans tournaient court en ce moment. L'incendie, le voyage, les pertes de conscience...

Un sentiment ténu l'emplissait depuis son réveil, elle avait l'impression de L'avoir entendu auparavant, lorsqu'elle était dans ce monde que sa conscience ne parvenait toujours pas à dompter. Comme s'Il avait été présent... mais sans doute avait elle rêvé, cela eut été trop beau, et si c'était le cas, où était Il donc ?

Ses pensées furent interrompues par les paroles du gros. Achetée ? Catin ? Non mais il se prenait pour qui celui là ? Elle n'était en rien une marchandise ! Elle aurait voulu se lever, lui enfoncer sa dague dans la panse, sa main se porta justement à l'emplacement de sa dague, ne la trouvant pas. Son regard furibond fouilla les alentours pour tenter d'apercevoir ses armes, son épée se faisant également absente. Rien.

De toutes façons, elle se savait trop faible pour agir immédiatement, lui faire la cuisine... ce serait envisageable... mais que jamais il ne la touche... Elle n'appartenait qu'à Lui (et non, c'est pas le Très Haut, "Lui" ^^) et ne se laisserait toucher par aucun autre. Elle en était là de ses tergiversations et allait rétorquer, ou se résigner à lui préparer son repas lorsque quatre coups se firent entendre sur la porte, faisant tressaillir la Boule.

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Boule
Oufff... Elle semblait se résigner, s'abandonner à son sort. Tant mieux pour lui d'ailleurs, l'avait pas envie de se battre là, juste de manger... Pour changer. P'têtre que l'avait raison l'autre greluche, y s'rait pas capable d'lui faire du mal... mais la libérer, ça non. L'avait coûté trop chère sa marchandise. Elle avait vraiment semblé furieuse lorsqu'il avait utilisé le terme de catin, le Ko l'aurait il donc floué sur la provenance ?

Si elle ne voulait pas s'faire appeler catin, il aurait fallu qu'il lui demande son nom, mais c'est que là, en fait, il s'faisait timide un peu, il aurait bien voulu pas avoir à la forcer, qu'elle soit contente et tout... Il ouvrit la bouche, allant l'interroger, lorsque quatre coups portés à la porte le firent sursauter vivement. Il tourna la tête, lentement, très lentement, vers la paroi de bois et s'avança en sa direction.

Il ouvrit le judas, simple petite ouverture dans le bois en fait, maintenue par une grosse charnière, et observa l'extérieur. Il faisait sombre dans le couloir, il ne discernait rien. Sans que son visage ne quitte l'encadrement de la petite fenêtre, il tourna la clef dans la serrure, voulant ouvrir, au cas où ce soit un des chiards de la grotte qui serait venu lui réclamer un rien de bouffe.

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La Boule est morte, vive la Boule !
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