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[RP] Ambiguïté, notre doux poison ...

Eudoxie_
“Il n'y aura pas de bonne façon de le dire”

Yohanna ? Kaghan? P'tain.

***Limoges, mai 66***


Le jeune blondinet rencontré quelques jours plus tôt avait repris sa route, sans doute vers Dax, ou ps, Eudoxie l'ignorait et sa vie avait fait qu'elle ignorait bien ce qu'il était advenu de Trinita quand le petit groupe avec Soren et Carla avait quitté la région parisienne, changé pour certains indubitablement.
Les lieues avaient défilés sous les sabots des chevaux et les roues de la roulotte sans que la petite brune ne trouve le courage d'écrire à son jumeau diabolique, sans trouver comment lui dire les choses, et c'est après une visite sur la sépulture d'un ami que la béarnaise prit une profonde inspiration pour faire ce qu'elle aurait du faire déjà.

Il n'y aura pas de bonne façon de le dire de toute manière...


    Limoges, le vingt deuxième jour du cinquième mois de l'an de grâce mille quatre cent soixante six

    Loulou,

    J'ai reçu avec un bonheur infini l'annonce de la naissance de ce petit miracle qu'il me tarde de rencontrer, et la question ne se pose même pas je serais honorée d'être la marraine d'Oan bien sur.
    Je n'ai pas répondu à ton autre lettre mais c'est un peu sans importance à vrai dire, nou en rediscuterons... plus tard mais sache que je suis plus que touchée que tu ai accepté ma demande, je ne t'en aurais pas voulu de dire non, mais je te veux auprès de moi d'une façon ou d'une autre pour me marier, parce que c'est pour ça.

    Mais... ce n'est pas la raison de mon courrier...

    Loulou... je sais pas comment je peux te dire ça sur papier, mais quelqu'un dont tu ne connais rien vient probablement vers toi pour t'apporter cette nouvelle si elle ne t'es pas déjà parvenue.
    Et si tu ne sais pas je ne veux pas que ce soit un inconnu qui te l'apprenne...
    Kag si tu as ton fils dans les bras assied toi.
    C'est à propos de Yohanna... Elle n'est plus Chris...
    J'imagine que tu peineras à le croire même venant de moi, mais... ce jeune homme que j'ai vu avait Sasha...
    Il se nomme Trinita et dit que Yoh l'avait adopté, j'aurais tendance à le croire, il semble aussi écorché que toi quand elle t'avait pris sous son aile.

    J'aurais tant voulu ne pas t'écrire pour te dire tout ça, et surtout avoir le courage de le faire avant mais je ne savais pas comment t'annoncer l'impensable.
    Il est surement proche de Dax à présent, j'y arrive pour être à tes cotés d'ici une semaine si tout va bien.

    J'arrive Kaghan, ancre tes pensées sur Oan et... j'arrive.

    Je t'aime.

    Ta jumelle.

    Eud



Ecrite cette foutue lettre était enfin écrite, ne pas relire, laisser partir tel quel ou jamais elle ne l'enverrait, le cavalier reçu des instructions précise pour ne faire aucun arrêt et aller au plus rapide jusqu'en Gascogne.
La nouvelle ferait mal, la rencontre avec le jeune blond aussi surement, Eud connaissait suffisamment son autre pour savoir que l'accueil risquait d'être mouvementé, surtout pour une chose.... la hache, SA hache.

_________________
Kaghan


      Ma Précieuse.



    Je n'ai pas été présent, je sais. Tu avais besoin de moi, et j'en suis conscient. Je crois que c'est officiel, du coup. Je suis un lâche. Mais tu sais, j'aime pas ça. J'ai juste un caractère de cochon, couplé avec un timing merdique. C'est juste que, j'ai du mal à l'expliquer. Entre l'absence de Wilson, cette histoire de bébé surprise avec Eni, tes problèmes de mariage ... Ou plutôt ton "mariage" tout court. Mmh. Non. Ce n'est pas exactement ça.

    Enfin si, mais ce ne sont pas les bons mots. Comment te dire ... Tu sais ce retrait m'a fait énormément de bien. J'ai pu me reconcentrer sur le plus important pour moi. Mon fils. J'étais vraiment dans une sorte de bulle. Bon je ne dis pas que parfois ce n'était pas pesant. Les enfants, disons plutôt les bébés, c'est pas comme les adultes tu sais ? Bien sûr que c'est une présence, mais c'est complétement différent. Y'a pas de réelle conversation, pas d'échange. C'est pour ça que j'étais tellement heureux de te voir quand tu es venu voir, et que tu as récupéré la petite !

    C'est pas que ça me dérangeait de la garder. Bien au contraire, tu me connais. J'aime beaucoup l'avoir. Mais là, j'avais un peu cette impression, outre les bébés, de t'avoir juste pour moi. J'aurais aimé te garder jalousement d'ailleurs. Juste un peu ...

    Rien d'étonnant à ça tu me diras, on a toujours était là l'un pour l'autre. Même si toi plus que moi, visiblement. J'ai bien vu tu sais, ton poignet. Et pourtant j'ai rien fais. Je ne sais pas pourquoi. J'aurais pu appeler un médicastre, en faire déplacer un pour qu'il t'examine.

    Ou au moins gratter un peu plus. Te forcer à reste la nuit entière, en sécurité. Essayer de te faire un genre de ... J'en sais rien. J'ai pas les cartes pour ce genre de cas. Je suis vraiment pas doué pour aider. Je le sais hein. Mais là, c'est toi quoi. J'ai ressenti un sentiment vraiment désagréable. Une culpabilité que je m'explique aisément mais dont je ne sais pas vraiment définir les contours. Un genre d'impuissance ?

    Impuissance oui ... C'est bien le mot.

    Simplement, c'est plus facile de faire comme ci de rien n'était quand on sait pas faire. Et j'ai l'habitude de le faire avec tellement de monde. Mais avec toi, j'ai pas aimé ça. Les autres je m'en fou un peu. Je veux dire ... On dit pas "chacun sa merde" sans raison ! C'est pas moi qui suis comme ça. C'est le monde qui est comme ça. C'est le fonctionnement général. J'y peux rien, je suis la vague on va dire.

    Quand-bien même j'en suis conscient ... J'aime pas ça. Vraiment. Du coup cette lettre, je ne sais pas comment la qualifier. J'ai envie de te dire "excuse moi" ? Même si tu vas me dire que c'est inutile. Bah oui je te connais hein ! Tu vas me dire que j'avais mes problèmes. Mais stop ! Arrête ça ! Me trouve pas d'excuse ! Je sais pas. Puni moi, gueule moi dessus. Tape moi même si t'as envie ! Fais un truc pour me faire réagir ! Gifle moi, insulte moi !

    Une fois de plus, je passerai donc à la trappe ? C'est injuste. Pour toi surtout. Ah ! Je ne sais pas comment te poser les choses sur ce foutu vélin. Et je sais que tu sais que je ferais comme ci cette foutu lettre, je ne te l'avais jamais écrite. Me demande pas pourquoi, je ne sais pas. Peut-être que je n'assume pas ? Peut-être que c'est trop difficile. Trop compliqué ? Faut dire que je n'ai jamais fais dans le simple !

    En fait, pour tout t'avouer, enfin pas tout mais un petit bout ... L'autre soir, je parlais à Oan. Oui je sais, c'est complétement con que je te dise ça, parce que bah ... Vivant avec lui, et étant son seul contact humain, la majorité du temps, c'est normal que je lui parle ! C'est pas comme si les fleurs allaient se mettent à chanter pour qu'il apprenne à parler.

    Je m'égare ! Donc, l'autre soir, je racontais à Oan notre rencontre. A toi et moi. Ça m'a rappelle des souvenirs, c'était assez plaisant. Notre insouciance face aux situations dans lesquelles nous nous m'étions. Fin je veux dire. Tu te rend compte que si Glen' nous avait choper, à l'heure actuelle, on serait mort ? Pis même, c'est quand-même un putain de hasard qu'on soit tombé l'un sur l'autre. Non parce qu'on avait, genre aucun chance de se parler à la base. On avait, genre, rien en commun ! Le jour et la nuit un peu.

    Et pourtant nous voilà aujourd'hui. Toujours liés comme des sœurs et frères. Je crois d'ailleurs qu'on s'est jamais vraiment mit en rogne l'un contre l'autre. Ou alors j'en ai strictement aucun souvenir. Tout c'est toujours bien passé.

    Sans accroc ... C'est bizarre non ? Une relation aussi ... Mmmh. Je connais pas le mot pour ça. Je ne sais pas si fusionnel c'est adapté à nous ? Malgré le nombre d'année que je suis ici, je connais pas encore assez bien certains mots pour en comprendre en profondeur le sens. A moins que ce ne soit juste trop spirituel pour moi. C'est possible.

    Une nouvelle fois, pour changer, je me suis perdu dans mes pensées. Ça prouve bien que je t'écris ici à l'aveugle. J'ai juste besoin de t'écrire. Ça va hein. Je vais pas ressauter des remparts ou une connerie du genre. Fin, je veux dire ... J'ai mon fils maintenant. Et puis même, de base ... J'aurais jamais du faire ça. Je suis un bâtard. Je t'avais déjà toi. Et maman, Susi, et Wilson.

    Il était là à ce moment là. Ça me fait vraiment bizarre de parler de lui ... Pendant des semaines, je n'ai eu de cesse de répéter à Oan que son papa reviendra. Et au final, j'ai arrêté de parler de lui. Il ne reviendra pas, j'ai mis du temps à comprendre mais je m'y suis fais.

    Sa vie est probablement mieux ailleurs. Même s'il disait que oui, il n'était probablement pas fait pour avoir des enfants. En même temps il est jeune, ça se comprend. Tobias était pareil, et Ali aussi. Au final, tu vois, Oan aurait fait mon plus grand bonheur, et mon plus grand malheur.

    Alors tu vois, j'ai décidé de me reprendre en main. De sortir de mon hibernation ! Et puis Oan en a besoin aussi. J'ai pas envie que ça devienne un bébé triste comme son père. Quoique je t'avoue qu'il ne l'ait pas. Bah t'as pu le voir non ? Il galope déjà ! Il déborde d'énergie. Il a toute sa santé, Tangra veille sur lui. Mais je t'avoue que je doute de cette éducation pour le moment. C'est pas très sain ce que j'ai fais ...

    Mais c'est bon ! J'ai eu un genre de déclic. Mon plus grand bonheur ne peut pas être en même temps mon plus grand malheur. C'est idiot, après tout. Je veux dire. Là, maintenant au moment où je t'écris, il dort. Et il est si beau. Il a l'air paisible et je suis certain qu'il n'attend que le moment où moi, son crétin de père, je le laisserai découvrir notre vaste monde.

    Ou le moment où je lui changerais sa lange mais ça c'est un autre débat.

    Un gamin comme ça, ça a besoin de voir des gens. Je me sens tellement bien avec lui. Et lui aussi je crois. Mais j'ai pas le droit de l'étouffer. Il va devenir pourri. S'il ne l'est pas déjà. J'ai déjà un sérieux doute. Oui d'accord il est tout petit. Oui d'accord il n'a pas encore fini sa première année. Mais il me fait déjà des espèces de crise de colère. Il devient tout foncé quand il fait ça. Et il hurle. Mais il pleur pas, juste il hurle jusqu'au moment où il a ce qu'il veut. La première fois ça m'a fait un peu peur. J'ai cru qu'il souffrait, qu'il avait mal quelques pars. Mais je me suis vite rendu compte que non. Il a juste, déjà, un caractère capricieux.

    Rien que d'y penser, j'en ai des frissons. C'est dingue non ?

    Et oui je sais ! On m'avait prévenu qu'avec une mère pirate et un père comme moi, il ne pourrait qu'avec un caractère de chien. Mais si jeune ? Si tôt ?! Il a déjà son caractère ? On va pas me faire croire ça ! Ahahaha ... Bah j'y crois déjà en vrai. Fin c'est pas que j'y crois. C'est que j'en ai la preuve sous les yeux. Suffit de voir le caca nerveux qu'il me fait quand je ne le laisse pas aller là où il veut. Monsieur à déjà des exigences. Alors j'essaie de ne pas plier. Mais je t'avoue que je suis faible comme père.

    Une putain de couille molle. J'ai tellement peur de mal faire que j'en fais probablement trop. Alors oui on dit souvent qu'il vaut mieux trop que pas assez. Même si je ne suis pas nécessairement d'accord avec ça remarque. Bah oui, question de logique. Trop baiser ça tue pas, trop se battre si un peu. Pourtant, il faut ne pas baiser parfois et se battre aussi ! Parce que si on baise pas, on a trop de pression dans les braies et crois moi c'est pas terrible mais si on se bat jamais, bah on se fait latter la gueule comme pas permis le jour où on se fait brigander ! Cette phrase est décidément la plus longue de cette lettre ... Bref, je disais donc, je n'arrive pas à trouver le juste milieu pour Oan. C'est mal je sais, mais être parent, ça ne s'apprend pas à l'université hein. Et puis je fais de mon mieux, ce qui est plutôt pas mal non ?

    Xouhouhou ! Ne me juge pas pour ce mot inventé de toute pièce. Je t'aurais parlé de mon fils toute la lettre. Cétait tellement pas ça le but en vrai. Mmmh ... D'ailleurs, tu vas surement te poser la question. C'est normal que je ne parle pas de l'autre bébé. Fin je sais que tu sais mais ... Eni m'a écrit en en parlant. Donc j'ai du lui répondre en en parlant. Et il faut PAS en parler. Vu qu'il est pas né !

    Des fois je me désespère tout seul. J'ai jamais été spécialement doué pour ce genre de chose. Certaines choses n'ont pas besoin de se dire. Enfin si mais ... Mais non. Mais raaaah. C'est compliqué putain. On peut pas inventer des bouquins pour apprendre à faire des trucs ? Je sais pas moi, on aurait qu'à appeler ça "des notices d'utilisation" ou des "manuelles" ! Quoi que non. Manuelle, c'est un prénom. Ça n'aurait strictement aucun sens qu'un prénom devienne un mot sans aucun rapport.

    Et j'ai pas dis ce que j'avais à dire. C'est fou hein ? C'est presque comme ci mon inconscient cherche à me faire changer de sujet sur la moindre excuse bidon. Ahahaha ! Ça prouve bien que j'ai pas de couilles. Je suis pas pédéraste pour rien. Voilà que je recommence ... Bon, tu lira jusqu'au bout ?

    T'es la femme de ma vie, la seule femme que je suis réellement capable de comprendre. Et surtout qui me comprend.

    Ouais ... En fait, j'ai trop écrit. J'ai mal au poignet. Oui je parle d'écriture roh ! Tu sais quoi, on va faire un truc.

    Incendie cette lettre. Oublie là. C'est mieux comme ça. Je crois que je suis allé trop loin cette fois. Ah et si tu veux me faire comprendre que tu as tout lu, bah, t'aurais qu'à me dire que tu veux un "petit Lu". On va dire que j'avais que dalle d'autre à foutre dans ma vie de père célibataire, et que c'est le nom que je donne à des petits biscuits que j'ai fais. Comme ça, on se comprend bien. Toi et moi, je veux dire. On se voit plus tard. Ou pas. T'as le droit de m'éviter je comprendrais. Merde.




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Eudoxie_
“Ce n'est point le temps qui manque, c'est nous qui lui manquons.” (P. Claudel)

Absence ? Silence ? Manque

*Lyon, 7 juillet 67*


Le départ avait été brutal, même si au fond, elle savait qu'un jour ça devait arriver, et la raison ne pouvait être meilleure que celle évoquée, récupérer ses droits, affirmer sa position et surtout découvrir et être là pour sa fille.
Pas juste celui qu'on croise quand on en avait le temps, et pour avoir sous les yeux et avoir vécu ce qu'était l'absence d'un père, la brune n'avait pas même tenté de retenir son jumeau, nul doute qu'elle n'y serait de toute façon pas parvenu.



    Lyon, le septième jour du septième mois de l'an de grâce mille quatre cent soixante sept

    Loulou,

    Je devrais te fustiger en place publique, presque un mois que tu as pris les routes et pas une bafouille pour me rassurer sur ton arrivée, que tu étais entier ainsi qu'Oan.
    Un courrier d'Enigma m'a permis de deviner qu'heureusement vous étiez bien rendu, vu que Karine semble aux anges de revoir Oan si j'ai bien compris.

    J'espère que tout se passe bien avec Enhtuya, que l'apprivoisement commun fait son œuvre en douceur et que tu as pu poser ta yourte pas trop loin de chez elle.
    Il fallait que ce soit en Bretagne dans un ville portuaire, tu n'es surement pas dans ton élément pour le coup, mais tu t'y feras peut-être, au pire même en étant plus dans les terres tu restes assez proche de ta fille c'est l'essentiel.

    Vous nous manquez ici, Solveig a beaucoup pleuré, elle te réclamait, quant à Oan... j'ai dû la reprendre dormir avec moi, depuis sa naissance vous avez toujours été là, alors elle ne comprend pas... Tu as été plus dans sa vie que son propre père alors forcément elle a perdu ses repères, je l'occupe comme je peux et Juliette aussi.
    Mais elle va bien, nous avons fêté son premier anniversaire, j'aurais voulu que tu sois là, même si je sais que dans ta culture, ça ne se fait pas.

    Je descends vers le Sud, j'ignore pour combien de temps, ni ce que j'y ferais, il n'y a plus que Dom, ses amazones et le poète, comité restreint, et quand ils iront en Provence, j'irais moi en Languedoc.
    J'ai décidé d'aller de l'avant et retourner en Provence, je... non, ce serait trop dur sans doute. Je suis un peu ton exemple même si je n'ai pas un nouveau bébé pour me guider et qu'on m'en préserve.

    Et toi, raconte-moi ? Comment ça se passe avec Enhtuya ? A quoi elle ressemble, ni toi ni Enigma ne me l'avez jamais dit ? Et Oan ?
    Bref dis-moi un peu comment se passe ton voyage et ta nouvelle vie en Bretagne avec tes enfants, donne-moi de tes nouvelles.
    Tu me manques.

    Je t'aime.

    Ta jumelle.

    Eud


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Kaghan


      Ma douce jumelle.


    Je n'ai pas pris le temps de t'écrire avant, et je m'en excuse. Cette absence de courrier n'a en rien terni mon amour pour toi. Je suis, tu t'en doutes probablement, aux côtés d'Enigma, en Bretagne. Mon arrivée fut un peu compliquée.

    Pour tout t'expliquer, j'ai payé un marchand itinérant, pour organiser l'enlèvement d'Eni. Je me suis dit que je n'avais plus rien à perdre. Wilson ne reviendra jamais, je crois. Et toi, et bien, j'ai confiance ! Tu es ma sœur de cœur, ma jumelle, la seconde face d'une même pièce ! Tu seras toujours là non ?

    Alors voilà, j'ai réussi mon coup, j'ai kidnappé Eni et je lui ouvert mon cœur. À vrai dire, je ne sais pas trop comment j'en suis venu à lui balancer tout ça ... Je ne voulais pas que ma fille grandisse loin de moi, et très honnêtement, je me suis aperçu aussi à quel point cette foutue peste me manquer ! Je crois que c'est son mariage qui a été un genre de déclic. C'est compliqué, je sais ... Je ne saurais pas vraiment développer ça, et tu as bien raison si tu te mets à penser que je n'ai aucune raison de m'attacher. Mais ai-je vraiment besoin d'une raison justement ?

    Je ne dis pas que je finirais mes jours avec ! Nous nous disputons des heures entières, usons de mots, d'insultes, de coups et après, je ne sais pas. C'est plus fort que nous. Sauvagement ou en douceur, on parvient toujours à se donner corps et à âme, l'un à l'autre et à passer à autre chose. Je ne parviens pas à garder une rancœur pour elle. Peut-être, car elle est mère de ma fille ? Je n'ai ni excuse ni explication, je dois bien l'avouer ...

    Tu sais, elle a quitté son mari, le soir même où je suis arrivé. Il me déteste, c'est évident ! Et je dois bien avouer que c'est réciproque. Même si bon, il a chouiné une journée avant de se taper la sœur d'Eni. Oui, la sœur ... C'est un peu compliqué, je n'ai pas tout compris, et je n'ai pas cherché le détail non plus, mais il semblerait qu'elle ait retrouvé la famille de sa mère de sang. Ce qui fait qu'elle a trouvé une sœur de sang, et d'autre truc aussi. Comme un "dada", une vielle ... Fin ! C'est trop compliqué pour moi, je crois qu'elle serait mieux placé pour te l'expliquer si un jour cela t'intéresse.

    Que je regrette d'être parti ainsi sans même t'avoir donner plus de détail ! Mais je n'en avais pas à ce moment-là. J'ai juste tout improvisé, c'est la seule chose que je sache faire, il faut dire ...

    Bref, hormis l'autre vieux con, l'ex mari d'Eni donc, qui m'a foutu dehors une soirée parce que je lui ai mis la honte de sa vie ... Ça se passe plutôt bien ! J'en suis étonné, je dois dire !

    Eni m'a prêté de l'argent, et j'ai acheté un moulin. Elle est boulangère, c'est ma façon de l'aider, on va dire. Elle n'avait plus de meuniers en ville, et j'avais envie de participer pour prouver ma bonne foi. Tu sais, je suis quand même venu ici pour casser le mariage de la bourgmestre. Forcément, que j'allais être mal vu ... En parallèle, j'ai postulé pour entrer à la maréchaussée. Je pense que mon expérience du Béarn et de la Bourgogne ont pas mal joué, car me voilà de nouveau chef maréchal ! Et ça a été plutôt vite, je dois dire.

    Oh, et bien, quelle surprise ! En plein milieu de mon écriture, voilà que je reçois une de tes lettres. Comme quoi, nous sommes toujours aussi lié, malgré la distance qui nous sépare.

    Après lecture, je vais donc répondre à tes interrogations.

    Les enfants vont tous les quatre bien. Les jumeaux emmènent Oan partout, ce qui m'a inquiété au début, je dois bien l'avouer. Je n'apprécie toujours pas la façon dont Nathanaël à été éduqué. Il n'a pas grand chose d'un vrai mâle, même si ... Je ne peux pas nier qu'il fait des efforts. Il reste malgré tout bien trop sensible, et quelques coups de pied au cul, ou dans la gueule, ne lui ferait pas de mal ! Mais il n'est pas mon fils, ne le sera jamais, et je n'ai pas envie de m'en occuper. Karine m'a accepté bien plus vite que son frère, elle a mieux vécu la séparation entre Eni et Half. Pour une gamine, je dois dire qu'elle est relativement réfléchit. Nulle doute qu'elle pourrait devenir une grande sage si ce peuple de crétin le lui permettait.

    En Bretagne, les gens sont encore différents du royaume de France. Tout aussi con, hein, on ne va pas se mentir, mais clairement pas dans le même sens. Tu vois, après mon arrivée ici, un crétin à déclaré sa flamme à Eni. Il connaissait tout de la situation, du mariage et du divorce, de ma volonté de récupérer ma propriété, et pourtant ... Quel sombre inconscient se fait aussi provoquant ? Peut-être n'a t'il juste plus l'envie de vivre, je n'en sais rien. Enfin, je suis allé l'attraper pour le calmer un peu, qu'il aille se défouler ailleurs. Depuis, il ne se passe pas une nuit sans que je le voie franchir les frontières de la ville, du haut de mes remparts. Il vient, et repart, et revient ... J'ai peur qu'il déménage pour vivre ici, à Saint-Brieuc et tenter de s'imposer. Remarque, ça m'enlèvera peut-être la frustration que j'ai accumulé avec Half ...

    Je m'attendais à devoir me battre pour Eni, à devoir cracher mon venin et planter mes crocs. Mais non, rien du tout, juste elle lui a dit qu'elle m'aimait et elle s'est barrée. Et lui, et bien, il s'est caché dans la forêt comme le pouilleux qu'il est ! Je l'imagine bien d'ailleurs, ramper dans les déjections de toutes les bêtes sauvages qui passent par Brocéliande ... Mais je m'égare.

    Oan ! Il va bien, il court partout, en criant sa joie de vivre. Il adore le sable, la mer, et les jumeaux lui montrent tout ce qu'il ne faut pas faire. Je déteste le voir aller jouer dans l'eau, tu sais ? J'avais tellement peur au début, maintenant ça va un peu mieux, mais je ne reste pas rassuré.

    Enhtuya est juste splendide. Un bébé comme j'aurais aimé que son frère soit ... Un bébé comme la tienne ! Qui dort, qui ne pleure pas tout le temps sans aucune raison. Elle est blonde, ses yeux ont pris une teinte assez foncés, mais moins que le brun de tes yeux à toi. Elle est minuscule par contre, vraiment. Plus petite que Solveig ne l'était encore à sa naissance. Je n'avais jamais vu un bébé aussi petit, et pourtant, elle est née à terme. Mais bon, le principal est qu'elle est en bonne santé.

    Chose étonnante, de la même façon qu'Oan, j'arrive assez facilement à la calmer quand je lui chuchote quelques mots à l'oreille. Je crois que ce sont les vibrations dans mon torse quand je parle qui rassure les bébés qui sont posés contre moi. Il faudrait tester avec un autre homme, mais aussi un autre bébé ! Tu me connais ... Je déteste les voir dans les bras d'autres personnes.

    Ton neveu ne parle pas, même s'il t'a beaucoup réclamé au début et continue encore, surtout le soir quand il ne te voit pas avant d'aller se coucher. Il t'aime beaucoup, tu sais ? Je suis certain que s'il était en âge, il t'aurait écrit bien plus vite que moi-même !

    Je suis désolé de ne pas avoir été là pour l'anniversaire de ma nièce. Je dois avouer que je n'y ai pas pensé ... Ces choses-là ne se font pas chez moi, certes, mais elle est d'ici, et j'aurais dû me plier à cette règle. J'espère que tu ne m'en veux pas trop ?

    Et je comprends parfaitement que retourner en Provence soir compliqué. Je dois avouer que moi-même, si partir était difficile, je n'arriverais pas à y retourner tout de suite. Tu avances et c'est bien ! Je ne doutais pas que ça arriverait à un moment donné. Nous sommes bien obligé de vivre, le temps n'attend pas, même si parfois, il faut le prendre. Et entre nous, tu es belle cultivé gentille et bonne, ça serait du gâchis de rester de côté ... Tu es ma sœur ! Tu mérites mieux que ça. Tu mérites le même sourire et les joies que tu avais lorsque l'on s'est rencontré. Quand bien même la situation été douloureuse aussi à cette époque, tu as prouvé ta force et ta volonté d'avancer. J'ai toute confiance en toi, et je sais que tu vas continuer de te bonifier avec le temps.

    Nous sommes vraiment au bord de l'eau à Saint-Brieuc, la chaumière d'Eni est à quelques mètres de la plage et j'ai vraiment eu beaucoup de mal à m'y faire. Même sa taverne ! C'est un vieux bateau humide, rongé par le sable et les vagues tentent de le bercer régulièrement, sans y parvenir heureusement.
    Mon moulin est plus loin, et même si Eni aimerait que je vive en permanence avec elle, je ne peux m'empêcher de faire une pause régulièrement là-bas, dans mon petit cocon où je ne vois ni n'entends les vagues. J'y suis d'ailleurs, au moment même où je t'écris ces mots. Je serais incapable de me concentrer avec la murmure des poissons à côtés, il faut dire ...

    Je m'aperçois que ma lettre part dans tous les sens ... J'espère que tu t'y retrouveras à la lecture !

    Je t'aime ma jumelle, prends soin de vous surtout.



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