Arieline.
« Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle ? »
Oui, si la brune avait eu une intuition négative en lisant la lettre de Kaghan, ce n'était certainement pas un hasard. Elle s'en doutait, c'était frappant. Il ne lui avait pas écrit tel qu'il l'avait fait à de nombreuses reprises. Il s'était fait plus bref, plus court, plus froid. Cette lueur qu'elle avait apprécié chez lui, cette manière bien à lui d'écrire et de se confier s'était en allé en une seule et unique lettre. Linquiétude s'était éprise d'elle et il lui avait fallu du temps afin de répondre, sans doute trop, finalement.
Vous,
Sombre petite chose qui vous imaginez capable de rivaliser avec moi. Apprenez que vous allez devoir jouer de vos doigts avant de jouer de lui. Il est mourant et si vous approchez, je vous arrache la tête de mes mains. Je suis dhumeur à le faire.
Je ne vous salue pas et ne vous conseille pas de lui écrire à nouveau.
Tobias.
Arieline avait lu la lettre plusieurs fois, un léger sourire aux lèvres et un pincement au cur. Kaghan n'avait pas le droit de mourir, il avait rendu sa vie intéressante et l'envie d'écrire comme nécessaire. Il était sa deuxième fois, son confident, son ami et il le faisait très bien. Il était le torturé, celui qui ne se cachait pas, celui qu'il l'avait choisi, celui qui avait été tout simplement là d'une manière chaleureuse et agréable. Quelle été cette chose qui le rendait si attachant ? Est-ce le respect, sa manière drôle de se comporter qui l'avait conquise ? Elle se délectait de cette relation pleine dambiguïté mais de sincérité. Il été l'être rassurant, celui qui donnait une vision de la vie plus belle encore. Il était le Archson qu'elle avait perdu, en mieux. Cet échange épistolaire était ce qu'elle aimé le plus ces temps-ci. Elle n'oubliait pas qu'il avait été la cause de sa rupture avec Kylian, inconsciemment mais peut-être qu'il avait tout simplement ouvert les yeux de la jeune femme sur ce qu'était l'amour. Car oui, l'amour elle le voyait dans ses yeux, dans ses écrits envers Tobias.
Alors ce sourire grandissant sur ses lèvres n'avait rien de cynique, non il était présent par l'ironie des mots qu'elle venait de lire. Ainsi Tobias était le jaloux, l'agressif. Il n'avait très certainement pas à l'être. Arieline avait été une femme dans le lit de Kaghan , un soir et était à présent une amie. Leur relation était ambivalente mais ne se basait pas sur un amour tel que chacun voyait l'amour. Elle n'avait aucune connaissance là dessus et n'avait que les écrits de Kaghan pour ressentir par ses mots ce que cela devait être. Des propos haineux ? Très bien il lui fallait répondre. Mais il lui fallait encore réaliser que son ami était loin, mal et qu'elle n'avait eu aucun détail sur la raison de sa douleur meurtrière. Était-ce parce que c'était grave que Tobias était aussi rasoir ? Que de questions mais aussi une angoisse grandissante dans le ventre de l'anxieuse. L'impuissance, ce sentiment atroce. Cette incapacité à faire quoi que se soit, une morsure douloureuse, irritante et indélébile. Il n'avait pas le droit de partir, déjà parce qu'il était plus jeune qu'elle et que cela la rassurait, certes. Mais aussi parce qu'elle devait l'admettre, elle tenait à lui d'une manière étrange et inexplicable. Et pourtant elle se fichait bien de ce qu'il pouvait ressentir vis à vis d'elle, à cet instant précis elle voulait juste savoir : pourquoi. Titubante, sous le choc, elle essaya de reprendre ses esprits préparant une plume en sa main. La réflexion était de mise et la main en mouvement.
Vous,
Sombre petite chose pour moi que je ne souhaite pas remplacer mais qui est si grande pour Kaghan. Il est amusant de vous lire aussi haineux, sans doute m'apportez vous plus d'importance que Kaghan lui-même et je m'en amuse, maladroitement. Toutefois vous n'avez pas à vous mêler de quoi que ce soit vis à vis d'échanges écrits aussi précieux pour moi comme pour lui. Je note que vous devez être aussi blessé que moi face à cette situation, sans doute plus d'ailleurs. Ce qui justifierai votre manière sinistre de vous adressez à moi. Je vous remercie de cette triste information et fait une tentative. Pouvez-vous m'en dire plus ? Est-ce trop demander à quelqu'un qui souffre face à une personne inquiète ?
Ne me conseillez rien, vous êtes mal placé pour cela.
Arieline de La Mirandole.
Un léger souffle s'échappe de la bouche de la jeune femme avant qu'elle accroche la missive à la patte de son pigeon.
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