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Ybi_de_dibi
[Nuit de tempête, quand le sommeil fuit ....]


Il se tournait et se retournait dans ce lit trop petit. Ybi, si habitué à dormir le jour, et cette tempête qui mugit au dehors, ne pouvait fermer l'oeil.
Il ne tint plus. Il se leva et autant se vêtir et aller se frotter aux éléments de pareille nuit que de rester là à gamberger.
La pluie tambourinait aux carreaux, il se couvrit chaudement et mit sa pèlerine. Il veut bien se fatiguer mais point mourir.

Il descendit doucement, traversa lentement la grand salle de l'auberge où quelques voyageurs de passage dormaient, se retrouva dans le couloir et ouvrit la porte qui lui échappa, qu'il rattrapa et qu'il ferma d'un coup sec de l'épaule, le laissant dans la nuit déchainée.

Il ne voit pas grand chose la pluie faisant comme un rideau de fils, pourtant il aperçoit un mouvement. Sa curiosité en éveil et cela lui donnant un but, il suit l'ombre, qu'il perd un instant, mais qu'il entend crier, ne comprenant pas les mots, il continue d'avancer, le vent le contrant, la terre trempée, boueuse le piège, il glisse sans gravité, il se redresse. La nuit semble vouloir garder pour elle cette ombre.... d'ailleurs y-avait-il quelqu'un ?
Il essuie la pluie de son visage, la silhouette est petite mais il la distingue à nouveau, elle passe une grille, celle du cimetière.

Il s'arrête, mais une rafale plus forte le pousse et le voilà passant à son tour les grilles et aperçoit à nouveau l'ombre voilée de pluie, environnée de feuilles tourbillonnantes. Il la quitte un instant du regard, voit les tombes, marche plus lentement, luttant contre le vent qui le pousse encore. Il n'a jamais aimé les cimetières, les fuyant plus que les fréquentant.


Libertad ! *

Ce mot, cette voix, cette femme, celle qui hante ses nuits. Est-ce elle, la petite silhouette qu'il suit sous cette pluie battante ? Elle s'est confiée à lui il y a de cela quelques soirs, il sera toujours là pour l'aider, il le lui a promis, sans rien attendre en retour, sans jamais rien demander, parce qu'il l'aime simplement.
Il regarde autour de lui, comme perdu, puis il la voit, les bras en croix sur une tombe. Il court, manque de se casser les reins en glissant sur le dos. Il se relève et se penche sur elle, il la retourne, s'assoit dans le même tend sur la pierre tombale et la prend dans ses bras.


Aphy, ma Belle, vous tremblez.

Il passe une de ses mains sur son visage, pousse les mèches de cheveux qui le recouvre. Il caresse doucement ce visage qu'il aime pour essuyer la pluie. Dans la nuit, il ne peut distinguer les larmes, les yeux rougis. Il lui sourit ce qu'elle ne peut voir et assis sur cette pierre tombale, il la serre tendrement contre lui, la berce dans ses bras comme l'on fait d'un enfant malheureux. Du réconfort, il peut le lui donner sans compter.

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Il ne saurait être question de conditionner l'exercice d'une charge In Game à la participation à un forum annexe.
Cordialement,
Brennos
Aphykit
[Et le néant ouvre sa gueule moribonde pour l'aspirer... ]

Les heures sont devenues minutes, à moins que ce ne soit l'inverse. Le temps s'efface, les sensations aussi. Ne plus sentir, ne plus réfléchir, juste l'apaisement de n'être plus. Elle ne sait plus si elle a froid, si elle est trempée. Seul importe le contact froid du marbre sur son corps, la pluie purificatrice qui nettoie les souillures de la médiocrité.
Plus rien... ni rêves, ni projets. Cette vie la fuit tandis que l'envie disparaît.
Demain sera meilleur, mais elle ne parvient plus à envisager un demain.
Trop de blessures plus douloureuses que le coup d'épée reçu quelque part, dans le lointain Nord.. Les lèvres de ses blessures-là se refermeront jamais, il en suintera toujours les miasmes des rêves brisés.
Pourtant, elle a toujours refait surface, après chaque départ, après chaque déception, après chaque coup du sort, cette fois, elle doute.

Plic, ploc, la pluie s'abat. Au loin les éclairs barrent le ciel. La conscience n'est plus que diffuse, la furie des éléments en devient anodine. Jouet d'un destin capricieux, elle reste là.

Une présence, la sensation est étrange... les fantômes du passé commencent-ils leur sarabande ? Sont-ils là pour venir l'accueillir en ce royaume lunaire ? Elle ne frissonne même plus, tente de reconnaître ceux qui l'entourent.
Deux bras se glissent autour d'elle, la redressent... elle n'aurait jamais imaginé de la sorte l'étreinte mortuaire. Les mèches qui barrent son visage sont repoussées, comme si elle devait affronter son destin en face. Pourtant, elle ne veut que fermer les yeux, ne plus penser.

Une voix chaude emplit le cimetière, une voix qu'elle connaît, une voix qui ne surgit pas de son passé tourmenté. L'étreinte se fait douce, paternelle. Serait-ce la mort, cette douce tentatrice ?
Elle pose sa tête sur ce torse puissant... accepter, elle ne veut plus lutter.
Dans quelques secondes, son âme s'envolera par delà les monts, par delà les souffrances... un sourire d'abandon, une expiration profonde. Elle tremble. Le froid se fait perçant.

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Merci à JD Lou Audrea
Brennach
Après son passage à l'Eglise, Brennach se rendit au cimetière. Malgré le périple nocturne de la délégation mauléonaise dont il faisait partie, l'agitation qui régnait en son coeur l'empêchait de toutes les façons de trouver le sommeil , alors qu'il retrouvait la cité qui avait été son foyer pendant plusieurs années durant, qui lui avait offert une seconde chance, qui lui avait permis de devenir l'homme qu'il était aujourd'hui.

Il se rendit sur la tombe de plusieurs paroissiens dont il avait célébré les funérailles à l'époque où il était curé, s'enquit des mauvaises herbes sur les tombes, les nettoya, une vieille habitude. Puis, pour finir, il vint visiter son ami Desio. Comme à son habitude, il s'assit devant la pierre tombale et commença à deviser, non sans avoir ouvert la bouteille qu'il avait emporté spécialement pour cette occasion et en avoir versé une partie sur le sol meuble près de la tombe.


Bien le bonjorn, mon ami,

Et Santat! Si cela a encore un sens là où tu te trouves. Je crois cependant qu'on apprécie toujours une gorgée de Jurançon, même une fois défunt, non?


Petit sourire en coin. Puis grimace:

Ne fais pas ta mauvaise, je sais que cela fait plusieurs mois que je ne suis pas revenu. Mais j'ai de bonnes raisons, tu sais. J'ai été malade, gravement cette fois. Enfin, plus gravement que les précédentes crises encore. J'ai vu le spectre de la Mort venir frapper à la porte de ma conscience.

S'arrête et sourit, narquois:

Elle est pas mal, celle-là, hein? Je m'en resservirai à l'occasion. A moins que je ne l'ai déjà fait? Je ne sais plus, je commence à me faire vieux, tu vois. Enfin bref, j'ai cru que j'allais te rejoindre ou l'enfer de la gourmandise, c'est selon l'humeur du Créateur. Mais, on m'a offert une autre chance, et le don de l'amour. Elle est vraiment exceptionnelle, tu sais. Je remercie le Ciel de ma bonne Fortune tous les matins.

Puis Brennach conta les évènements récents faisant le tour de l'actualité du Comté, il lui fit part aussi de ses projets personnels: de son futur mariage, de son anoblissement à venir qu'il redoutait, de la visite prochaine à ses parents qu'il redoutait plus encore. Enfin, il lui parla de son tour du diocèse et de sa volonté de servir activement l'Eglise de nouveau.

Accablé de fatigue et légèrement ivre, il ne s'endormit pourtant point sur la tombe, comme il en avait l'habitude par le passé. Il plongea la tête dans un baquet d'eau fraiche à l'entrée du cimetière et s'en retourna à l'auberge où séjournait les Mauléonais. Avant de rejoindre sa chambre, il frappa à la porte de celle de Vyrgule. Il lui avait promis un massage de petons pour les soulager des rudesses du voyage. Brennach honorait toujours ses promesses.

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Brennach
Comme à chaque passage sur Orthez, il se rendit au cimetière. Près d'un mois s'était écoulé depuis sa dernière visite. Il fit comme à chaque fois le tour des tombes trop nombreuses de tous les amis qu'il avait enterré là. Il se recueillit sur chacune d'elle, en fit l'entretien et s'arrêta sur celle de son ami Desio. Comme à son habitude, il lui commenta les évènements récents et lui fit part de ses joies et de ses peines.

Le gros changement, c'est qu'il n'avait pas de bouteilles avec lui. Du fait de son serment, il ne pouvait plus boire avant la fin du conflit, ce qui risquait de prendre un petit bout de temps. Ceci dit, avoir les idées claires en ce moment, ce n'était pas plus mal, surtout à la veille de l'assemblée diocésaine.

Il resta encore un long moment en prière et finalement repartit.

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Susi
Quoi de plus normal que de marcher doucement vars le cimetière quand on vient de frôler la mort. Le Cimetière ça lui rappelle un temps qui n'est pas si loin et où les questions ne se posaient pas, où elle avait quelqu'un à qui se fier, quelqu'un pour lui dire ce qu'elle devait faire. Parce que Susi, elle avait besoin de cela. elle avait besoin de ne pas réfléchir, ça sitôt qu'elle le faisait, c'était la débâcle, toutes les idées venaient en même temps, aucune décision n'arrivait à émerger et au final, elle faisait les choses sur un coup de tête.

Elle éta encore faible, mais devait prendre l'air, voir ailleurs et penser ailleurs de la taverne où elle avait vu passer tant d'idée différente, tant de tension, qu'au final Susi n'arrivait plus à peser.
Elle posa son fessier sur une grosse pierre et machinalement lu le nom sur la tombe " Leconteur ancien maire d'Orthez".

T'es tranquille toi ici, hein?
J'me demande pourquoi j'y suis pas restée.
Nan, pas que j'aime pas la vie, hein, mais j'crois que j'sais pas décider, c'est comme si j'avais jamais les idées claires. J'deteste tout l'monde, mais pas tant que ça...
un long soupire s'échappa voulant surement en dire plus que n'importe quels mots. Tu sais, j'crois que mon père, lui aussi il a été maire ici. Un jour il me l'avais raconté, c'est marrant quand même que j'soies ici.
Enfin marrant c'est pas trop l'mot, vu ce qui m'est arrivé.
Elle se mit à penser à son père, cet homme qu'elle n'arrivait pas du tout à comprendre, ces difficultés à lui écrire, depuis combien de temps n'avait-elle pas eu de nouvelle? 6 mois peut être bien voir plus.. Il sait même pas que j'ai failli mourir, t'façon, j'crois qu'il s'en moque.

Parler à des morts c'est tellement plus facile. De plus en plus, Susi pensait qu'elle n'était pas normale, elle n'arrivait plus à faire vraiment confiance à se lier. C'était quoi l'amitié de toute façon?

T'étais aimé toi ici? Si ça se trouve tout le monde disait que t'étais nul, souvent les gens sont élus, avant on leur disant "vas-y t'es le meilleur" et deux jours plus tard on te critique et on râle...
J'comprends pas les gens...

Enfin moi aussi j'râle, mais bon
.

Son regard poursuivait un papillon qui allait de fleure en fleure, elle le trouvait beau. Elle se demanda combien de temps ça vivait un papillon et si ça se posait des questions. Elle imagina ce qu'il pouvait avoir comme penser. Peut être qu'il la voyait et se foutait d'elle? Mince c'est peut être pas si chouette les papillons. Et de prendre une poignée de gravier et les lui balancer.


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J'édite toujours au moins 10 fois mes textes, donc attendrez 10 minutes avant de lire
Mitzi2006
Un voyage dans le Béarn pour le mariage de son neveu Brennach fit revenir La Dragonne du Béarn à Orthez.
La rouquine préférée de son Zak d'amour était enfin revenue pour quelques jours de Calais ou le voyage fût long et pénible après une attaque les obligeant à rester dans un village ou tout était beaucoup trop élevé pour se nourrir correctement.Une fois que leur bourses fussent un peu plus remplis ils reprirent la route pour Orthez.
Elle avait eu l'occasion de voir son neveu Brennach qu'elle n'avait pas aperçut depuis des mois voir une année entière.Les retrouvailles furent émotionnelles surtout pour la tantine.
Elle présenta son amour Zak à son neveu Brennach ainsi qu'à Patapon.Une fois tout ceci terminé et en sortant de la taverne ou les retrouvailles ont bien été arrosés de part et d'autres elle alla au cimetiere se recueillant sur les tombes de ses trois chers chérubins.
A l'entrée du cimetière , elle prit l'allée centrale puis sur la gauche pour arriver sur la tombe de ses enfants, s'agenouilla puis leur parla comme ci ils étaient toujours présents.


Mes amours , vous me manquez mais je vous aime toujours, chaque jours , chaque minutes et secondes votre disparition me fait mal au coeur.Je ne sais pas où est votre papa , les dernières nouvelles que j'ai pu avoir de différentes personnes me disaient qu'il était toujours sur Orthez , j'espère qu'il vient vous voir de temps à autres.

La Dragonne du Béarn resta là pendant des heures en parlant à Galaor, Mary et Mily sans grande convictions puisqu'aucuns d'eux n'allaient lui répondre.
Elle était épuisée de ce long voyage rempli d'émotions qu'elle s'en était endormie près de la tombe de ses enfants.

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Godevin
arrivés a orthez l'ancienne ville de godevin et Après avoir déposé leurs affaires, godevin accompagné de jérome, nathan, jacot et le petit antoine décida d'aller se recueillir au cimetière sur la tombe de marylune la maman de jérome, et de agnesse la maman de nathan, godevin et les enfants arrivèrent au cimetière, godevin se rappelait ou était la tombe de son ancienne compagne, ainsi que celle de son amie, cela faisait de longs mois qu'il était pas venu a orthez, et visiblement beaucoup de choses avaient changées et pas dans le bon sens, le village était désert de chez désert, ils étaient passé acheter des fleurs au marché, a peine 3 ou 4 marchands avaient pris place dans la halle, godevin en était presque perdu,

ils arrivèrent devant la tombe de marylune, ce qui restait des fleurs qu'avait mis godevin était encore sur le caveau, godevin nettoya la tombe, tandis que jérome se recueilla devant la tombe de sa maman, godevin remarqua qu'une larme et une autre coulaient de ses yeux, il avait pas oublié sa mère et c'était bien, godevin déposa les fleurs achetées le matin même, et pria, il se surprit a parler tout seul :

tu vois marylune, ton petit jérome est là, il a bien grandit, il se porte bien, il a retrouvé un peu de joie de vivre, nous venons de faire un grand et long voyage qui nous a été profitable à tous, je m'occupe bien de lui ainsi que des enfants d'agnesse notre amie, j'ai trouvé une seconde maman pour jérome car il lui fallait une présence féminine, elle s'appelle laur et elle adore jérome, tu vois j'ai refait ma vie avec une demoiselle comme tu m'avais demandé pendant ta maladie que tu savais grave et définitive, nous nous sommes mariés, et nous sommes heureux,
tu vois nous t'avons pas oublié malgré le temps qui passe, nous ne pouvons pas venir aussi souvent que nous le désirions car nous habitons loin a albi et les routes sont de moins en moins sur; voilà je crois que je t’ai tout dit marylune, j'espère que tu as trouvé le repos que tu méritais tant, tu as tellement souffert, je reviendrais surement dans quelques temps, donc je te dis au revoir pas adieu


godevin n'aimait pas aller sur les tombes des gens qu'il avait bien connu ou aimé, cela le rendait triste, mais il le fallait pour pas oublier, il récita une prière et se signa, jérome resta un long moment devant la tombe de sa maman, nathan au loin cherchait la tombe de samère, jacot était derrière lui admirant les caveaux.

au bout d'un moment godevin chuchota en direction de la tombe :

marylune nous allons te quitter, je dois emmener nathan et jacot sur la tombe de notre amie agnesse, nous essaierons de revenir bientôt, aurevoir

godevin laissa jérome un moment et rejoignit nathan et jacot, et ils se dirigèrent ver la tombe d'agnesse, godevin découvrit l'endroit, nathan se tint devant pleurant de chaudes larmes, jacot comprit qu'il était devant la tombe de quelqu'un d'important pour lui, ils étaient tellement jeunes quand agnesse avait disparu, godevin pria pour son amie et déposa les fleurs sur la tombe, il chuchota quelques mots concernant nathan et jacot et agnella sa sœur qui elle aussi était décédée, ils restèrent de longs moments devant les deux tombes, godevin décida d'aller voir les autres tombes de ces amis orthéziens décédés, il apercut celle de son ami desio, et des enfants de son amie mitzi, un souvenir passa dans les yeux de godevin, il revoyait desio, mitzi, mary la petite chipie, et la petite milly et que dire du petit galaor, il espérait revoir mitzi si elle était encore a orthez et vivante surtout, et peut-être revoir le curé brennach, et coreen, il regarda les tombes, déposa des roses sur la tombe des enfants de mitzi, il se signa devant la tombe de desio et dit :

au revoir mon ami, peut-être à bientôt

il regarda les autres tombes, voyant sur les stèles des noms qu'il avait bien connu et d'autres pas du tout, la vie avait fait son œuvre, la faucheuse aussi, malheureusement, mais c'était ainsi ont vivaient pour mourir un jour,

godevin se rapprocha des enfants et chuchota :

allez les enfants ont y va, dîtes un dernier aurevoir a vos mamans, ont reviendra donc pas un adieu, nous allons faire un petit tour au lac et après si vous êtes sages je vous achèterais des gâteaux,

et ils se dirigèrent vers la sortie du cimetière, car la vie devait continuer malgré les malheurs
Aphykit
[Un matin, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne ...*]

Solitaire, elle s'était levée tôt et tandis que la première fournée cuisait dans le four de sa chaumière, elle avait décidé de se promener à travers la campagne orthézienne. Le pas était lent, elle contemplait dans le lointain les volutes de brume s'élevaient fantomatiques au-dessus des champs. Les premiers rais du pâle astre solaire jouaient dans la rosée matinale. Ses bottes humides foulaient la terre détrempée. Il ne faisait pas froid, mais la brume conférait au paysage l'étrange majesté d'un matin d'hiver. Au loin, elle vit se profiler l'enceinte du cimetière, les croix s'érigeaient estompées par les nappes de brouillard.
Elle se décida à rendre visite aux morts, à tous ceux qu'elle avait appréciés et qui avaient été emportés dans l'étrange tourbillon de la vie.

Le portail grinça, cela devait faire des mois que personne ne l'avait poussé. Les herbes folles qui recouvraient les allées donnaient vie au lieu. Dame Nature, dans son immense mansuétude apportait fraîcheur, vie et couleurs à ce lieu pourtant si solennel.
Elle s'arrêta quelques minutes devant la pierre tombale de Hugonk le dévoué charpentier aux accents si chaleureux, Math le forgeron. Elle les regrettait, forces tranquilles d'une Orthez fleuron du Béarn. Ce temps semblait révolu, elle déglutit péniblement, peinée de constater cet état de fait. Elle rassembla quelques fleurs colorées et les déposa sur les tombes de ceux qui avaient été si importants à ses yeux. Blanche, la tisserande...

Elle erra un long moment suspendue entre passé et présent... nostalgie était le mot du jour.



Citation:
* Victor HUGO (1802-1885)
Recueil : Les contemplations

Demain, dès l'aube...

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

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Merci à JD Lou Audrea
--Filomene
Mains croisées dans le dos, tête baissées pour ne pas se prendre les pieds dans une pierre ou une branche traîtresse qui aurait tenté de la mettre à terre, Filomène se baladait de bon matin dans les tristes allées du cimetière d'Orthez. Cet endroit était loin d'être son préféré, lui rappelant un peu trop aisément ceux qu'elle avait connu et qui l'avaient abandonnée lâchement à sa solitude en partant les uns après les autres. C'était bien trop facile de fermer les yeux et d'oublier dans l'instant tous ceux qui comptaient sur vous et ceux qui avaient à vous causer. Hop, un battement de cil et tous les autres restaient sur leur fin. Un beau pied de nez qu'elle n'aimait guère subir pour sa part.
Alors pour se venger et parcequ'elle était du genre rancunière notre Filomène, elle venait de temps à autres embêter ceux, et surtout celles, qui avaient décidé qu'elle n'aurait pas le dernier mot. Décision prise sans la consulter et elle n'avait aucunement l'intention de les laisser s'en sortir ainsi.
Shootant dans les cailloux qui la gênaient, avançant d'un pas lent mais assuré, la vieille orthezienne arriva ainsi devant la tombe portant l'épitaphe "Ci-git Pélagie Baylou fille bien aimée d'Orthez et amie dévouée" .
Un caillou lancé plus fort -oups !- atteignit la tombe de l'ennemie ainsi dissimulée, en un bruit sec qui porta un sourire aux lèvres de Filomène. Elle était prête pour son jeu favori.


Pauvre jolie Pélagie, partie si tôt, t'auras pas eu le temps de faire la belle pour ces messieurs bien longtemps. Et pourtant Aristote m'en soit témoin, il y en a plus d'un qui méritent le coup d’œil par ici ! Adoncques t'en aurais fait qu'une bouchée de ces pauvres hères, le bon Dieu aura donc eu pitié d'eux en t'envoyant six pieds sous terre à temps.
Vois-tu, ton aïeul était peut être aveugle face à toutes ses manigances sordides mais pas nous, surtout pas moi. J'aurais écrit bien aut' chose sur ta tombe s'ils avaient eu la bonne idée de m'en causer.
Par exemple, que penses tu de "Passant, ne pleure pas mon sort. Si je vivais tu serais mort..." ça te ressemblerait plus hein ? Qu'est-c't'en dit ? C'était bien toi ça de faire exécuter ceux qui osaient te déplaire. Le pauvre Andrivet en a fait les frais. Paix à son âme !
Ou alors, "Ci-gît Pélagie. On dit qu'elle fut bonne... mais à quoi ?" Oui, ça c'est pas mal, tu f'sais jamais rien de tes dix doigts après tout.


Filomène était en forme, pleine de fougue et de hargne pour cette pauvre femme décédée depuis belle lurette mais qu'elle avait détestée depuis plus longtemps encore. Lorsqu'elle jugea qu'elle lui avait dit ce qu'elle avait sur le cœur, elle s'en alla un peu plus loin déposer délicatement quelques bruns de muguet sur une tombe plus discrète, légèrement à l'écart des autres. Puis, après un instant de silence, elle s'en alla fouiner un peu plus loin.
Cooky
Agenouillée près de la pierre froide, elle laissait ses prunelles d'ambre errer tout autour, caressant le paysage sans vraiment le voir. L'air vif mordait ses joues rosies sans qu'elle y prenne garde, trop préoccupée pour chercher à se cacher au chaud de sa cape. Il était des moments comme celui-là où elle se sentait perdue et où tous ses souvenirs affluaient en masse sans qu'elle parvienne à leur redonner aisément leur place tout au fond de sa mémoire. Dans ces instants, il lui était bien difficile de se raccrocher à quelque chose de tangible pour ne pas se perdre dans la brume qui l'envahissait.

Si elle n'était pas de ceux qui bousculaient tout pour tout révolutionner, elle n'aimait pas pour autant vivre dans le passé et s’apitoyer ne l'avait jamais aidée. Or, la lettre reçue à l'aube la forçait à regarder en arrière. Elle avait été ravie de la recevoir mais tourmentée à sa lecture. Et à présent, elle allait devoir répondre ce qui la tourmentait grandement.
C'était la deuxième fois en quelques jours à peine qu'elle retournait à ce temps révolu, aux années folles comme elle se plaisait à y penser. Folles de promesses, de joie de vivre mais à présent folles de souvenirs douloureux agrémentés de rancœur et de déceptions.

U
ne larme roula sur sa joue rougie, qu'elle ne chercha ni à chasser ni à cacher. Elle se retint simplement d'en verser d'autres, déterminée à ne pas se laisser déborder par son émotion. De sa main engourdie par le froid, elle effleura le granit dur et froid, cherchant là le roc qui lui garderait les pieds sur terre.
Lorsqu'elle fermait les yeux un instant, elle revoyait leurs visages joyeux, elle entendait sa voix malicieuse. Pourquoi le temps n'avait-il donc pas aidé d'avantage ? Plus que des regrets, c'étaient des espoirs déçus et des projets avortés qui se bousculaient à la porte trop fragile de sa mémoire. Au final, peu de choses avaient aboutis et peu d'entre elles s'étaient montrées pérennes ce qui la désolait bien malgré elle.

Glissant une main engourdie par le froid dans la poche de sa large cape, elle attrapa le parchemin soigneusement plié qu'elle contenait et le ressorti. Ses yeux le fixèrent un instant avant qu'elle ne le déplie avec quelques gestes précis, laissant ainsi apparaître une lettre rédigée d'une main enfantine.


Il m'a écrit...

A ces premiers mots, un large sourire éclaira le visage si pâle quelques instants plus tôt.

Tu sais comme il est loin et comme il me manque.
J'attends toujours ses lettres avec impatience.
Mais c'est quelqu'un de bien, il m'écrit dès qu'il le peut, j'ai de ses nouvelles presque chaque semaine.
...
Je crains toujours qu'il ne m'oublie... je sais, c'est idiot... mais c'est plus fort que moi.


Sa voix s'était faite murmure tandis qu'elle effleurait du regard le nom gravé sur la tombe et la date associée.

Cela fait huit ans déjà.
J'ai toujours l'impression que c'était hier mon dieu !
J'avais alors l'impress... oh, peu importe, je ne suis pas venue pour ça.
C'est juste que... qu'il me pose des questions sur toi.


Un soupire lui échappa à ces mots. Voilà, c'était dit. Elle allait devoir trouver une réponse maintenant.

Je savais bien que cela arriverait un jour mais j'espérais que j'aurais le temps de préparer quelque chose.
...
Tu me diras qu'on ne peut pas préparer vraiment une conversation comme celle là.
Je ne sais même pas quoi lui répondre !
J'ai honte, si tu savais !
Je pourrais lui dire que tu étais grand et brun... il le sait déjà.
Que nous étions jeunes... mais il veut savoir qui tu étais, ce que tu aimais, ce à quoi tu rêvais, ça il s'en moque.
...
Comment je peux répondre à ça dis moi !


Elle fronça les sourcils, comme mécontente de ne pas obtenir la réponse demandée.

Il a hérité de tes talents d'artiste.
La dernière fois il m'a envoyé un portrait de lui avec sa lettre, comme ça je sais à quoi il ressemble.
J'étais si heureuse de le voir, c'est fou comme il a changé !
Je te l'apporterai la prochaine fois... là j'ai oublié... désolée.
Mais c'est vrai qu'il dessine aussi bien que toi.
Et il te ressemble, il a tes traits fins et ton menton pointu si volontaire.
Je suis sûre qu'il sera aussi têtu que toi très bientôt.... non il ne peut pas tenir ça de moi de toute façon.


Pour la première fois depuis son arrivée, elle esquissa un sourire. Très léger mais sincère, qui illumina ses traits un instant.

Oui... je sais ce que je vais lui répondre... tu as raison.
Je vais lui raconter ces quelques semaines, ce dont je me souviens.
Oh, après tout tu ne m'en voudras pas trop de ne livrer que mes souvenirs, même s'ils sont tronqués, n'est ce pas !
L'essentiel y sera, je te promets... et si tu veux je viendrai te lire la lettre avant de l'envoyer.
Oui, je vais faire comme ça !
Merci de ton aide... merci Dobro... merci pour lui.


Elle se releva lentement, souriant doucement dans le vide.

Je vais aller écrire tout de suite pendant que j'ai en tête ce que je veux lui dire.
Merci pour tout.
A très bientôt !


Puis elle quitta les lieux, non sans un détour auprès de son ami Desio pour le saluer d'un doux sourire.
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Eudoxie_
“Puisque la mort est inévitable, oublions-la.” (Stendhal)

Orthez la belle avait été rejointe, la brune au regard noir avait mené bon train pour revenir avant l'inévitable, sans succès hélàs, recevant l'information sur sa route du trépas de la femme qui lui avait donné le jour.
Nul besoin de continuer à presser le pas, c'est donc sans grand entrain qu'elle poursuivit son pèlerinage vers la ville qui l'avait vu naître et grandir jusqu'à ce qu'elle déserte l'endroit pour éviter un mariage avec un inconnu alors qu'elle arborait tout juste treize printemps.
Quatrains de saisons s'étaient écoulés depuis et la gamine avait pris des formes de femme sans pour autant en être devenue une complètement.

Sa besace de voyage sur l'épaule, Eudoxie se dirigea directement vers le lieu du dernier repos sans passer par la chaumine qui avait été offerte à sa famille aux abords extérieurs des remparts de la cité.
La jeune femme ne savait pas exactement où se trouvait la sépulture de sa mère, la chevelure enfouie sous capuche elle arpenta les allées jusqu'à rejoindre le lopin de terre où des tombes fraîches s'alignaient.
L'une d'elle attira son attention par les lys blancs fanés qui s'y trouvaient, le comte offrait régulièrement ce type de fleurs à la nourrice de son fils pour la remercier, et le nom gravé sur la pierre était bien celui qu'elle cherchait.

Une longue inspiration pleine de mélancolie, un souffle triste au bord des lèvres, le regard sombre fut voilé par les paupières se fermant lorsque les quelques larmes retenues furent évacuées hors des fenêtres de son âme.
La besace glissant de son épaule, les jambes de la fuyarde cédèrent sous elle, la laissant choir à genoux devant la dernière demeure de celle qui l'avait aimé plus que tout.

Pardon...

Le coeur serré tout autant que ses doigts sur les quelques brins d'herbe survivants de la mise en terre, Eudoxie demandait l'absolution, pour son départ, pour son périple, pour tout un tas de choses mais surtout de ne pas avoir pu revenir à temps.
Figée sur place, malgré le vent faisant danser la végétation et les mèches de cheveux qui traversaient son visage, la béarnaise d'origine pris le temps de se recueillir avant de repartir vers l'endroit où se trouvait la maisonnette qui lui avait été laissée.

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Godevin
le soleil commençait à sentir bon l'été, le petit chemin manant au cimetière sembla plus long qu'avant, peut-être la mémoire de godevin lui jouait des tours, ou alors c'était la chaleur du soleil qui faisait que le parcours était plus long;

au bout de cinq longues minutes, la petite troupe arriva devant le dernier domicile des disparus.

godevin ouvrit la petite porte du cimetière, lui et les enfants les bras chargés de fleurs acheté le matin même au marché, parcoururent les allées, godevin regarda les pierres tombales et vit marqué d'ancien gens connus à son époque.

il s’arrêta devant celle de son ami Desio et se mit à parler :


Desio mon ami, tu es parti bien trop tôt, tu manques à beaucoup de tes amis, j'espère que tu es bien là haut auprès d'aristote et de tes anciens amis et amies, repose toi bien mon ami et à bientôt


godevin pria et déposa quelques fleurs

jérome était parti devant, godevin pensa :


il est pressè de revoir sa maman

nathan lui était heureux de se recueillir devant la sépulture de Agnesse sa maman, heureux mais triste quand même elle lui manquait, jacot le regardait et l'interrogeait du regard

ils arrivèrent devant le lieu ou reposait Agnesse, godevin eut une petite larme, il était ému, son amie agnesse était là, et godevin sentait sa présence, son rire, son humour, il crut entendre agnesse qui lui disait
"alors godevinou tu es venu me voir je vois que tu as emmené mon petit nathan, et mon dernier jacot c'est gentil, tu sais avec Agnela ont rigolent bien au paradis tu nous manques comment vont les amis ?"

godevin répondit : "oui ont est là Agnesse, Agnela tu la bises pour moi, je vous envie toi et agnela vous devez bien vous amuser là-haut, eh oui en effet je t'ai emmené les petits, ils sont là, soyez heureuse mes amies ont se retrouvera un jour, préparez les cartes à bientôt bisous"

le vilain avait la gorge sèche, ces voix semblait être là mais venait d'outre tombe, Nathan essayait de ne pas pleurer, il était grand maintenant, jacot lui se retint pas.

ils déposèrent de nombreuses fleurs, fleurs qu'Agnesse adoraient tant peindre

ils prièrent pour le salut des âmes des deux sœurs tant aimés.


godevin les larmes aux yeux rejoignit jérome qui était devant le lieu ou reposait sa mère, godevin approcha, enleva les fleurs fanées. et se recueilli, il pria pour le repos de son ancienne compagne, il savait qu'elle était bien içi pas loin du lac qu'elle chérissait tant, jérome pleurait à chaudes larmes, godevin le prit par l'épaule et lui chuchota :

tu sais jérome elle est heureuse de te revoir, elle voit que tu te portes bien, que tu as grandis, soit fort mon fils, tes pleurs sont normal tu sais, mais elle est heureuse mon fils


jérome répondit avec une voix éraillée :

je sais papa, elle ne souffre plus et mes larmes sont remplis de tristesse et de bienveillance, mais tu sais elle me manque


godevin parla à son ancienne compagne,

bonjour marylune, tu vois ont est là, ont t'a pas oublié malgré le temps qui passe, comment pourrais t’ont t'oublier, j'espère que tu t'amuses bien avec Agnesse et Agnella vous devez former un sacré trio, mais j'espère que vous faites pas trop enrager déos, tu vois jérome à bien grandi, un vrai jeune homme prêt à affronter les aléas de la vie et bientôt il pourra voler de ses propres ailes, il est ton fils et il te ressemble beaucoup, soit heureuse marylune, je t'embrasse nous reviendrons bientôt tu peux en être sur"

godevin n'aimait pas les adieux il se signa, ils déposèrent des roses rouges, roses, blanches fleurs qu'adoraient tant marylune,

godevin et jérome repartirent en se retournant vers la tombe ils étaient triste mais la vie continuait malgré tout

narhan et jacot les rejoignaient, ils allaient rejoindre laur, flore et antoine pour aller au lac

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Louis_marie
    [Et puis quitter ce monde
    Sans pudeur ni morale
    J'veux qu'on baise sur ma tombe
    J'veux qu'on baise sur ma tombe.*]



C'est un jeune homme à la démarche chancelante qui pousse la grille du cimetière d'Orthez. La silhouette est petite, ronde, trapue. Une chemise rapiécée, des braies délavées, une paire de bottes boueuses… La tenue minimaliste et usée témoigne de la condition modeste de son propriétaire. Le corps imbibé d'alcool exhale un parfum atypique, mélange de transpiration, de poussière et de gnôle. Vu le regard étonné et le pas hésitant, l'homme est un voyageur et ne connaît pas les lieux. Mais est-ce vraiment un homme ? À examiner de plus près son visage, il est permis d'en douter. Malgré la jeune barbe qui orne le menton, le visage joufflu reste celui d'un adolescent. D'un presque-adulte-pas-complètement-fini, du moins. De plus, malgré l'air perdu et les paupières mi-closes, la bouche arbore le sourire goguenard de l'enfant qui s'apprête à faire une bêtise et qui en est fier.

Ce jeune homme, c'est toi. Ta tignasse brune te cache les yeux. Mais peu importe puisque tu vois flou. Tu as trop bu. Encore. Ta main se pose contre le muret qui délimite le cimetière, tu viens y prendre appui. Il faut que tu reprennes ton souffle et tes esprits sans quoi tu vas t'écrouler dans quelques mètres. Mais où es-tu, là, exactement ? Un bref regard qui se pose sur les croix sombres te confirme ce que tu pensais. Tu es à l'entrée d'un cimetière. Ambiance. Un Louis-Marie sobre se serait sans doute enfui à toutes jambes dans la direction opposée, pour entrer en trombe dans la première taverne rencontrée en affirmant à qui voudrait l'entendre que "je vous jure, il y avait un fantôme dans le cimetière… mais si ! croyez moi ! je suis sûr que c'était un fantôme... enfin il me semble...". Mais ce soir, tu n'es pas sobre. Et l'alcool te donne des ailes. Comme si tu savais soudainement où aller, tu passes la grille et avances dans les allées, au hasard. Connaîtrais-tu quelqu'un qui est enterré là ? Le recueillement ne te ressemble pourtant pas. Tu t'arrêtes devant une tombe. La contemple.

Et explose de rire. D'un rire théâtral. D'un rire magistral. D'un rire qui sent l'alcool. Il ne fait pas bon s'esclaffer dans un cimetière en pleine nuit, si tu veux mon avis. C'est un coup à se faire choper par l'inquisition et hop hop, au bûcher le sorcier. Et d'abord, qu'est-ce qui te fait rire à ce point ? Que peut-il bien se passer dans un esprit noyé par des litres et des litres de bière ? Ce qu'il est plus facile de savoir, c'est ce qui se passe dans un corps noyé par des litres et des litres de bière. Ta main tremblante vient défaire les lacets de tes braies.

Non mais attends… Tu ne vas quand même pas te soulager là ? Au beau milieu d'un cimetière ? Il y a des limites au n'importe quoi ! Un peu de respect, vas pisser plus loin. Tu n'écoutes pas, tout cela t'amuse beaucoup. Et tu fais ce que tu as à faire, concentré pour arroser copieusement le nom inscrit sur la pierre tombale, sourire provocateur aux lèvres.

Une fois l'affront terminé et le marbre froid réchauffé, tu te secoues et remonte tes braies sans plus de cérémonie. L'élégance incarnée. Ou pas. Tu continues ton chemin entre les allées, en t'agrippant de temps à autres à une stèle pour ne pas tomber. Tu finis par t'asseoir avec nonchalance, adossé à une croix de pierre, avant de parcourir le cimetière d'un regard. Qui sait, peut-être qu'un autre oiseau de nuit se promène à cette heure indue et t'a aperçu. C'est que tu espèrerais presque qu'il y ait un témoin à ta provocation alcoolisée. Et si le témoin pouvait rapporter des petits gâteaux, ça ne serait pas de refus. C'est que cette promenade morbide t'a donné faim. Mais s'il n'y a personne, tu t'endormiras ici, le ventre creux, et reprendras ta route demain.



*Damien Saez.
Brennach
[Au petit matin, à l'heure où la nature s'éveille]

La nuit fut douce pour notre troubadour, blotti dans la paille de la grange des poètes. Il avait une impression fort agréable de satiété morale et émotionnelle. Ce retour aux sources lui faisait décidément le plus grand bien, suffisamment pour affronter la "rencontre" qu'il avait trop longtemps repoussée. Il passa tout d'abord à l'auberge où l'attendait un Grumpf furieux de n'avoir pas été de l'escapade nocturne. Le Padre passa un petit temps avec lui pour le bouchonner et lui offrir quelques friandises: pommes et carottes.

Ne m'en veux pas vieux frère, j'avais besoin de faire ce pélerinage seul, tout comme je vais me rendre seul ce matin au cimetière. Promis, tu seras ensuite de la partie... de soule notamment. Et dis-moi, cela te dirait de repartir sur les routes avec la Taverne itinérante?

Toute à sa dégustation de ses fruits et légumes préférés, l'âne se contenta d'un mâchonnement bruyant pour toute réponse qu'il ponctua d'un coup de museau amical une fois son encas avalé. Brennach monta ensuite dans sa chambre et fit sa toilette, s'apprêta en revêtant sa tenue aux couleurs de Casteth en-Ossau, d'azur et d'argent. Il commanda à l'aubergiste une bouteille de Madiran, deux godets, ainsi qu'une miche de pain et de beaux morceaux de fromage enveloppés dans un torchon, le tout à emporter.

La matinée était donc déjà bien avancé quand notre diacre défroqué prit le chemin du cimetière. Il avait le coeur battant comme celui d'un amoureux à son premier rendez-vous. La comparaison lui arracha un sourire, malgré la gêne qu'il ressentait. Certes, son émoi était grand mais ce n'était pas celui de la gaité insouciante d'un futur amant, mais bien du pénitent se rendant à confesse et se reprochant une terrible faute. Une comparaison plus juste serait celle du mari qui rentre tard de la taverne et qui appréhende de retrouver son épouse furibarde. Nouveau sourire. Il avait décidément le sens de la comparaison se flatta-t-il lui même intérieurement.

A force de réflexions intérieures, il parvint au cimetière. Ce dernier était entretenu et cela fit plaisir à l'homme d'Eglise et à l'orthézien de coeur qu'il était. Après tout, nombre de ses amis défunts reposaient ici. Il se rendit sur leurs tombes pour déposer quelques fleurs printanières cueillies sur le chemin. Il garda le bouquet de fleurs sauvages pour la dernière tombe, celle de son cher ami Desio. Arrivé devant la dernière demeure de ce dernier, il fit une longue prière silencieuse, déposa les fleurs en offrande et s'assit à même le sol. Sa voix, chevrotante sous l'émotion, s'éleva dans les airs:


Adishatz mon cher ami. Me voilà revenu. J'ai un peu de retard, je sais. Trois ans et deux mois, c'est vrai. Mais je ne suis pas revenu les mains vides.

Il sort alors de sa besace la bouteille et les victuailles achetées à l'auberge. Un pop sonore accompagne l'ouverture du bouchon suivi d'un glouglou sonore quand le Madiran emplit les deux godets. Brennach en dépose un sur la tombe et lève le second dans les airs, fidèle à son rituel:

Je bois à ta santé mon ami, même si tu n'en as plus guère besoin là où tu te trouves, sur le Soleil. Je ne sais si tu as pris soin de jeter un oeil, de temps en temps, sur nos destins de mortels ici-bas depuis le Paradis, alors je vais tâcher d'être exhaustif, tout en tentant la synthèse! J'aime les défis, tu le sais.

Il trinque sur la croix et boit son verre d'un trait, avant de se resservir. Sa voix s'est affermie et il continue son récit sur un ton chaleureux et confident, celui que l'on réserve aux amis à qui l'on ne cache rien.

Tu te rappelles de la jeune femme dont je t'avais parlé la dernière fois? Celle dont j'étais amoureux et qui m'aimait en retour? Et bien, nous avons fini par nous marier!! Ce ne fut pas de tout repos, crois-moi. J'ai dû faire pénitence envers l'Eglise pour renoncer à mes voeux, retrouver mes parents! Etonnamment, la rencontre fut plaisante. Nous restons en contact régulier désormais. Ils sont légèrement intimidés de par mon statut de Seigneur! Tu m'étonnes, un fils de métayer qui devient Seigneur, cela fait sensation dans les montagnes. Mais la distance qui nous séparait depuis mon départ sur les routes en tant que troubadour s'est désormais réduite à peau de chagrin. Et cela a comblé l'un des vides qui était en moi.

Long moment de silence. Brennach est perdu dans ses souvenirs. Il boit quelques gorgées de Madiran, puis se découpe une tartine dans la miche de pain, sans autre forme de procès. Après avoir savouré une bonne bouchée de pain et fromage frais, il reprend le cours de son récit:

Le mariage ne fut pas non plus sans rebondissement! La petite cérémonie In Gratibus accompagnée de nos seuls témoins se déroula sans encombre et j'en garde un souvenir ému, tout comme notre messe de fiançailles. En revanche, la cérémonie Res Parendo, c'est une autre histoire. Nous avions vu les choses en grand... Trop grand sans doute. Je te passe les détails mais techniquement, notre mariage n'est pas enregistré dans les registres de l'Eglise Aristotélicienne. En fait, aux yeux du reste du monde et du Béarn, nous sommes mariés et c'est l'essentiel. Il faudra un jour résoudre ce problème. Mais en attendant, nous vivons ainsi...

Long soupir et il dévore ce qu'il reste de la pauvre tartine qui n'avait rien demandé à personne. Il fait descendre le tout par quelques verres de Madiran avant de conclure sur le sujet:

Nous sommes heureux... Enfin, nous devrions l'être complètement. Mais aucun enfant ne vient éclairer notre union de sa lumière. Je me demande si c'est une épreuve envoyée par le Ciel ou si tout simplement, ce n'est pas fait pour advenir. Vyrgule ne me reproche rien mais je sais qu'elle souffre de cette situation, tout autant que moi. Alors, nous nous occupons chacun à notre manière. Elle passe de plus en plus de temps sur ses terres tandis que je reste dans notre demeure à Mauléon. Nous nous voyons peu ces derniers temps... ce qui n'arrange rien pour avoir des enfants. J'avais fini par vivre légèrement en retrait ces deux dernières années. Je sortais quelquefois de ma réserve pour quelques occasions mondaines mais de plus en plus rare. J'ai toutefois été nommé Plume du Béarn sous le règne du Coms Dedain, au printemps de l'année dernière. Le titre m'importe peu mais les souvenirs associés sont plaisants.

Et puis, ce sont mes amis, Glen et Cooky qui me sortirent de ma torpeur. Oui, notre chère Cooky se porte bien. Elle est au conseil comtal, ce qui ne doit pas t'étonner outre mesure et est restée la même femme dynamique et généreuse qui nous avait accueilli toi et moi à l'époque.


Nouvelle pause dans le monologue du Padre. Cette fois, son visage rayonne du souvenir de ses jours heureux. Sortant de sa rêverie, il dit alors d'un ton enjoué:

Et Figure-toi du reste que ce réveil au monde- quoi de plus naturel au Printemps du reste- s'accompagne d'une décision importante. Je songe sérieusement à me réinstaller sur Orthez. Il va me falloir régler de nombreux détails avant cela mais c'est un nouveau départ qui me séduit. D'ailleurs, j'ai commencé par me relancer dans l'aventure soulesque. Par la même, cela fait qu'il me sera nettement plus aisé de venir te visiter!

Range les affaires éparpillées dans son baluchon et se relève, époussetant ses vêtements d'un geste large de la main. Il salua ensuite son ami défunt:

A très vite donc mon ami. Je te raconterai comment tout cela tourne.

Et c'est le coeur joyeux que Brennach quitta le cimetière.
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Eudoxie_
“La mort égalise toutes les conditions.” (Claudien)

Visite ? Mère ? Confidence...

Quelques fleurs de champ à la main, rien de plus... Pas de lys pour cette seconde visite mais un flot de confidence à faire à celle qui l'avait tant aimé et qui lui manquait à chaque moment important de sa vie où une mère était nécessaire.
Arpentant les chemins jusqu'aux terres consacrées du cimetière, la jupe allégée de quelques jupons chaleur aidant flottait le long des allées, les pas se dirigeant d'instinct vers la sépulture maternelle.

La petite brune n'était pourtant venu ici qu'une seule fois, mais c'était ancré, là au fond d'elle, la tombe avait séchée, les lys déposés là quelques mois avant n'était plus que brins séchés et personne n'avait pris peine de fleurir la nourrice, à quoi bon.
Attrapant l'étoffe de sa jupe, Eudoxie s'agenouilla au pied de la tombe, se penchant pour déposer les quelques fleurs cueillies au devant de la chaumine après y avoir déposer un baiser symbolique.

Bonjour Mère,
Tu as vu je suis revenue... Mais pas pour longtemps, je viens vider la maison... M'en veut pas ta fille a rencontré quelqu'un de bien... Alors je tentes ma chance tu comprends... Mais je viendrais je t'en fais la promesse, quand je pourrais.

Baissant le regard sur le pendentif à son cou un léger sourire illumina son visage avant de reprendre ses confidences.

Oh... J'ai bien eu tout l'héritage que tu m'avais promis quand j'aurais ce collier au fait... Mon géniteur, enfin mon père a pris contact avec moi... Il a dit regretter son comportement avec toi, qu'il a été le pire des sal... Fin il dit que tu étais quelqu'un de bien, qu'il aurait pas dû.
Il est sincère... je crois... On s'écrit mais je ne l'ai pas rencontré, je sais pas si j'ai envie... J'aimerais que tu sois là pour me dire quoi faire...
Tu me manques...
Je t'aime Maman


Long soupir en effleurant du bout des doigts le dernier lit de cette femme à qui elle devait tout, l'inénarrable se leva doucement en poussant sur sa main avant de porter un dernier regard sur les fleurs.
Larmes au bord des cils, Eudoxie repris le chemin de sa chaumine sans plus attendre, rebroussant chemin d'un pas lent et triste, le temps de reprendre ses esprits et revenir à sa réalité.

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