Olivier avait préparé un cadeau pour Patience à l'occasion de cette belle fête de Noël. Il avait écrit un sonnet et puis était allé dans le village et avait demandé à un enfant de réaliser une peinture à partir de celui-ci. Cet enfant aimait voyager, tout comme Romarin. Il venait d'Italie. C'était un petit génie que Dieu avait doté de la faculté de peindre merveilleusement. Il s'appelait Botticelli. Quelques jours après sa commande, lorsque le baron vit l'oeuvre que l'enfant avait faite pour illustrer son poème, il en fut ébloui. Il remercia chaleureusement le garçon et lui offrit une bourse d'or afin qu'il ne manque de rien et puisse continuer à exprimer son talent.
Enfin vint le soir de Noël. Après la messe de minuit, quand Patience fut endormie, le baron alla déposer son sonnet et le tableau bien emballés dans un tissu bleu fermé par un beau ruban au pied du sapin près de la grande cheminée. Il n'avait pas non plus oublié sa chère Romarin et y déposa un cadeau emballé dans un superbe tissu rouge. Il avait pour elle demandé à un joaillier d'Arras de lui confectionner une rose d'or. Ce présent était offert par le Pape pour honorer les souverains. La fleur représentait Christos. Et comme l'exemple venait d'en haut et que l'on fêtait aujourd'hui la naissance de Christos, le diacre offrait lui aussi une rose d'or à sa fille en ce jour de Noël.
Mon aimée
Douceur de son visage où ma raison s'enlise,
Beauté de son regard aux rêves délicieux
Qui m'envoûte et m'égare en de bien jolis cieux
Dont la voûte d'azur transcende mon église.
Couronnée en silence, mes pensées l'élisent
Reine de mon amour, mais mes mots capricieux
N'arrivent point toujours à se faire audacieux
Et de ces mots perdus, je me culpabilise.
Symphonies de l'âme, arabesques du coeur,
Ses écrits sont pour moi l'enivrante liqueur
Qui offre à mon esprit l'éternité de l'Etre.
C'est Noël ô mon Dieu, pourrais-tu lui donner
De ce sonnet la joie et pour l'enfant à naître
Ce don qu'elle a d'écrire et de nous passionner.