Comme presque tous les matins, je m'étais levé très tôt, avant même qu'Emile ne crie famine. Alors que mes deux hommes dormaient encore, je profitais de manger, de m'habiller et de préparer mes affaires pour ma sortie du matin.
J'étais en train de nettoyer mon épée quand Emile se réveilla enfin et qu'il se mit à pleurer, réclamant sa tètée; l'entendre pleurer était à chaque fois une déchirement. Je me hatai alors rapidement à son berceau et je le pris dans mes bras, bisouillai son visage et le berçai. Je m'installai sur la chaise à bascule, comme j'en avais pris l'habitude et donnai le sein à mon fils. Chaque fois que nous vivions cet instant lui et moi, mon coeur se remplissait d'amour et de bonheur. Je caressais le front de mon bébé, lui chantais de douces mélodies alors que lui me regardait avec ses grands yeux bleus émerveillés. Je n'arrivais pas à expliquer tout ce que je ressentais dans ces instants là, c'était tellement magique, c'était notre lien, notre moment; j'avais l'impression qu'il me racontait tout et moi je l'écoutais.
Une fois que le bébé avait bien mangé et que je m'étais assurée qu'il était propre, qu'il ne manquait de rien et qu'il était bien emmitouflé dans son couffin. J'allai embrasser Ambroise avant de partir. Emile avec moi, je pris alors la direction de la forêt.
Depuis que j'avais enfin donné naissance à mon fils, j'avais repris quelques habitudes, dont celle d'aller en forêt ou aux bois pour aller m'entrainer, faire de l'exercice. Cela m'avait énormément manqué. Je dis pas, être enceinte avait été merveilleux, sentir la vie grandir en soi, établir un lien unique, mais en même temps... C'est vrai quoi! Tout ce que j'aimais faire, je ne pouvais plus le faire. Fallait tout le temps faire attention à tout; fini les bagarres, fini de grimper aux arbres, fini les entrainements en forêt, les baignades de minuit et Ambroise me faisait même les grands yeux quand je buvais un verre de trop. Finalement j'étais là et je devais attendre qu'il arrive. Et bien le temps, comme ça, il passe LONG! Enfin, maintenant tout avait repris son cours normal, enfin presque, et je débordais d'énergie. Et je souriais d'avoir enfin pu reprendre l'exercice et d'emmener avec moi Emile.
Arrivée à la forêt, je me hâtai à l'endroit tranquille que j'avais déniché. Il y avait un grand espace et personne n'était encore venu me déranger, si ce n'est que quelques animaux, certainement surpris de me voir là. Je déposai le couffin d'Emile sur le gros tronc d'abre enraciné au sol, il était un peu abrité c'était donc parfait. Je vérifiai qu'il n'ait pas froid; il s'était rendormi. Ce gamin il avait une chance incroyable, il faisait que de roupiller. Il mangeait, dormait et était étouffé d'amour. Moué, pauvre enfant.
Une fois que je m'étais assurée qu'il allait bien et ne risquait rien, je commençai mes exercices.
Je sortis mon épée de son fourreau, le sourire aux lèvres, elle m'avait manqué celle-là. J'entrepris alors les différents exercices que m'avait appris le Faucheur. A chaque fois, j'avais une pensée pour lui; les souvenirs remontaient à la surface.
Au fil des exercices, de l'effort et la concentration, mon corps retrouva sa souplesse, sa grâce; je le sentais, c'était bon, une sensation agréable, je ne faisais plus qu'un avec mon épée, comme autrefois. Un coup d'oeil à Emile et me voilà repartis dans une danse diabolique et envoûteuse, avec comme alliée rien que mon épée.
Je m'arrêtai un instant, Emile s'était réveillé, il me regardait avec ses grands yeux. J'avais envie de le bouffer, mais bon il restait tranquille donc je continuai. Une petite pensée pour Trystan que j'avais rencontré, il y a peu de temps mais déjà qui avait osé me défier. Aucune chance! J'en souriais.
Puis je regardai cet arbre là, qui me défiait lui aussi, je voyais bien. Je n'étais pas du genre à me laisser narguer comme ça, donc ni une ni deux, j'essayai de le grimper. Mais ma première fut mauvaise et je tombai lourdement au sol, m'écrasant sur les fesses.
Bordel de m... !!!