Gysele
[Jour 1 : Le lac de Lodève. Merance et Gysèle]
« Quand on marche seul on va vite, mais quand on marche à deux on va plus loin. » - Proverbe arabe
Qu'en est-il de quand on marche à six ? Doit-on démultiplier l'avancée que l'on fait ? De mon point de vue, ce proverbe est un mensonge ! Il n'y a qu'à voir le temps que l'on prend pour se rendre d'une ville à une autre tous ensemble. Je dois reconnaître que l'on s'amuse bien, notre groupe étant composé d'un panel diversifié de personnalités. D'une galloise franche et son accent à couper au couteau, d'un Louis-Marie séducteur et ses maladresses constantes, d'une Juliane prude et son tempérament de feu, d'un Pierre muet et ses coups bien placés, d'une Merance sorcière, discrète mais bien ancrée parmi nous et de moi Gysèle et mon sale caractère. La majorité aux femmes et pourtant l'ensemble se passe plutôt bien si on oublie les petites crises à droite et à gauche.
A Lodève, je profite de la présence du lac pour y faire un tour avec Pierre et alors que je lui fais écrire un courrier à tout le monde pour leur dire qu'ils ont quartiers libres jusqu'au soir, je fais une exception concernant la sorcière. Je ne sais pas pourquoi elle. Pourquoi ne pas avoir proposé à tout le monde de nous accompagner ? Peut-être parce qu'en réalité j'ai le désir de me retrouver un peu seule avec elle, de profiter de sa présence agréable et délicate, un petit moment où me ressourcer. Je demande au muet de nous laisser entre filles et d'aller faire ce qu'il souhaite, l'homme allant certainement se trouver une fille du village à trousser ou une partie de rampo à remporter. Moi, je me retrouve en compagnie de Merance, avec ce sourire en coin qui me vient si facilement en sa présence. Une forme de complicité est née depuis les tréfonds des sales quartiers parisiens et n'a cessée de grandir entre nous. Ce n'est pas tant notre couleur de cheveux qui nous rapproche, mais peut-être quelque chose de plus profond, une rancur commune ou une douleur semblable que ni l'une ni l'autre ne souhaite aborder pour l'instant. Elle m'attire un peu aussi de par le danger qu'elle représente, de par sa mauvaise réputation, de par ses connaissances, je m'y frotte pourtant volontiers, comme aimantée par ces interdits qu'elle personnalise. Mais Mérance a aussi ce charme particulier, ce regard qui semble me scruter en profondeur comme si elle pouvait saisir qui je suis sans que je ne lui confie quoique ce soit. C'est effrayant mais plaisant, inutile de jouer de faux-semblants, inutile de me brider. Aucun jugement ne parait irradier d'elle. Pas pour l'instant.
La journée est belle, l'onde nous force à plisser les yeux tant le soleil est radieux aujourd'hui. L'été s'annonce en avance, pointant déjà de sa chaleur et de ses rayons chaleureux, nous encourageant à profiter de ce moment pour une baignade. Je ne suis pas pudique, pourtant j'hésite un instant avant de retirer mes vêtements, comme si je m'inquiétais de la pudeur de la rousse. Ce doute s'envole presque aussitôt, mon amie devra bien m'accepter telle que je suis et mes frusques rejoignent le sol de la rive dès que j'en accepte l'idée.
- La dernière à l'eau... offre un massage à l'autre !
J'étire un sourire avant de me précipiter vers l'eau. Arrivée au bord, je fais moins ma maline, mes orteils ont à peine le temps de toucher l'onde que je freine aussitôt mon élan, le souffle raccourci par le froid qui me saisit.
- Dis-moi qu'tu détiens le secret de l'eau qui s'réchauffe Merance ! Avec tes connaissances, j'suis certaine que tu as un truc...
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« Quand on marche seul on va vite, mais quand on marche à deux on va plus loin. » - Proverbe arabe
Qu'en est-il de quand on marche à six ? Doit-on démultiplier l'avancée que l'on fait ? De mon point de vue, ce proverbe est un mensonge ! Il n'y a qu'à voir le temps que l'on prend pour se rendre d'une ville à une autre tous ensemble. Je dois reconnaître que l'on s'amuse bien, notre groupe étant composé d'un panel diversifié de personnalités. D'une galloise franche et son accent à couper au couteau, d'un Louis-Marie séducteur et ses maladresses constantes, d'une Juliane prude et son tempérament de feu, d'un Pierre muet et ses coups bien placés, d'une Merance sorcière, discrète mais bien ancrée parmi nous et de moi Gysèle et mon sale caractère. La majorité aux femmes et pourtant l'ensemble se passe plutôt bien si on oublie les petites crises à droite et à gauche.
A Lodève, je profite de la présence du lac pour y faire un tour avec Pierre et alors que je lui fais écrire un courrier à tout le monde pour leur dire qu'ils ont quartiers libres jusqu'au soir, je fais une exception concernant la sorcière. Je ne sais pas pourquoi elle. Pourquoi ne pas avoir proposé à tout le monde de nous accompagner ? Peut-être parce qu'en réalité j'ai le désir de me retrouver un peu seule avec elle, de profiter de sa présence agréable et délicate, un petit moment où me ressourcer. Je demande au muet de nous laisser entre filles et d'aller faire ce qu'il souhaite, l'homme allant certainement se trouver une fille du village à trousser ou une partie de rampo à remporter. Moi, je me retrouve en compagnie de Merance, avec ce sourire en coin qui me vient si facilement en sa présence. Une forme de complicité est née depuis les tréfonds des sales quartiers parisiens et n'a cessée de grandir entre nous. Ce n'est pas tant notre couleur de cheveux qui nous rapproche, mais peut-être quelque chose de plus profond, une rancur commune ou une douleur semblable que ni l'une ni l'autre ne souhaite aborder pour l'instant. Elle m'attire un peu aussi de par le danger qu'elle représente, de par sa mauvaise réputation, de par ses connaissances, je m'y frotte pourtant volontiers, comme aimantée par ces interdits qu'elle personnalise. Mais Mérance a aussi ce charme particulier, ce regard qui semble me scruter en profondeur comme si elle pouvait saisir qui je suis sans que je ne lui confie quoique ce soit. C'est effrayant mais plaisant, inutile de jouer de faux-semblants, inutile de me brider. Aucun jugement ne parait irradier d'elle. Pas pour l'instant.
La journée est belle, l'onde nous force à plisser les yeux tant le soleil est radieux aujourd'hui. L'été s'annonce en avance, pointant déjà de sa chaleur et de ses rayons chaleureux, nous encourageant à profiter de ce moment pour une baignade. Je ne suis pas pudique, pourtant j'hésite un instant avant de retirer mes vêtements, comme si je m'inquiétais de la pudeur de la rousse. Ce doute s'envole presque aussitôt, mon amie devra bien m'accepter telle que je suis et mes frusques rejoignent le sol de la rive dès que j'en accepte l'idée.
- La dernière à l'eau... offre un massage à l'autre !
J'étire un sourire avant de me précipiter vers l'eau. Arrivée au bord, je fais moins ma maline, mes orteils ont à peine le temps de toucher l'onde que je freine aussitôt mon élan, le souffle raccourci par le froid qui me saisit.
- Dis-moi qu'tu détiens le secret de l'eau qui s'réchauffe Merance ! Avec tes connaissances, j'suis certaine que tu as un truc...
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