L_aconit
Ennemis de la mièvrerie, fuyez. Quelques mots doux, jamais signés, toujours glissé dans la main d'un messager discret. Et à l'esgourde murmuré, le nom du destinataire. Le jeu est le suivant : toujours se laisser réciter le pli au moment le plus inopportun. En public. En conseil restreint. En feignant d'être quelqu'un d'autre. Et y répondre, sans signer, pour que le jeu perdure.
C'est ainsi que le premier message fut lu en plein milieu de la salle commune d'une auberge, ou il prenait son frugal repas du matin, l'oeil embué, le cheveux fol. Et d'y gagner un fard monumental.
D'autres messages suivirent... Interrompant des entretiens privés.
Et ainsi de suite, de places publiques en négociations serrées... Pour pousser le vice, la chevalière à l'émeraude est confiée au messager avec comme consigne de la glisser au doigt du destinataire en même temps que le texte sera récité.
Même parfois, pendant l'intime moment, le plus embarrassant. Aux latrines, en compagnie de deux trois pressés de la vessie attendant leur tour... Le barde se prenait au jeu et s'amusait à réciter au travers des planches de bois ...
Le jeu s'étendait gaiement avec panache, repoussant toujours les limites du convenant... Bien que parfois. Parfois... Le coursier venait simplement murmurer à l'oreille de sa Blondeur.
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C'est ainsi que le premier message fut lu en plein milieu de la salle commune d'une auberge, ou il prenait son frugal repas du matin, l'oeil embué, le cheveux fol. Et d'y gagner un fard monumental.
"A toi Counite Prince des blonds et roi de mon âme
Hier matin, j'ai jeté mes affaires dans la charrette et aujourdhui me voila ailleurs.
Sans toi.
J'ai le droit de tout casser et de paniquer?
Dis-moi si je fais demi tour pour viendre te chercher ou si je t'attends là.
Je saurai me faire pardonner.
Tu me manques déjà."
D'autres messages suivirent... Interrompant des entretiens privés.
"A toi duc des Borgnes et des culottes en cote de maille
Hier matin, tu m'as encore perdu. Pire. Tu m'as abandonné. J'ai serré l'étreinte froide d'un édredon en plume de paon.
Faute avouée, reviens me chercher. J'ai plus de mille écus sur moi et ils ne rentrent pas tous dans ma culotte inviolable. Je crains que l'on ne tente de me déshabiller en route, pour prendre la culotte. Ou le reste.
Je t'attends.
Hâte toi. Ou je mange toutes les babelutes."
Et ainsi de suite, de places publiques en négociations serrées... Pour pousser le vice, la chevalière à l'émeraude est confiée au messager avec comme consigne de la glisser au doigt du destinataire en même temps que le texte sera récité.
"Prince des blonds, roi de mon âme, chaque minute me rapproche un peu plus de toi..
savoure...savoure la frustration de cette nuit solitaire, ressens ce manque comme moi je le ressens.
Demain à l'aube, avant même que tu auras ouvert les yeux, ton corps épousera la forme du mien et lédredon sera égayé de blond et de roux. Mon souffle mêlé au tien, mes baisers sur ton front et tes lèvres te réveilleront. Mes mains et ma langue exploreront chaque recoin de ton être.
Patience."
Même parfois, pendant l'intime moment, le plus embarrassant. Aux latrines, en compagnie de deux trois pressés de la vessie attendant leur tour... Le barde se prenait au jeu et s'amusait à réciter au travers des planches de bois ...
- "J'ai erré en pensées cent fois dans les corridors de ta demeure, cherchant ton ombre, la fragrance de ton parfum. J'ai inventé des chemins je crois, qui n'existent pas. Pour me conduire à toi.
La nuit a été agitée. Longue et sans repos. J'ai beaucoup pensé à ces mains sur mon corps. Ces cheveux longs effleurant mon torse. cette langue assassine m'arrachant un cri.
Je crois que j'ai été pris de fièvre.
J'ai souhaité que le sommeil m'achève, que l'heure du matin revienne, et que mes mains cessent enfin de me torturer. J'ai pensé à tes lèvres.
Je crois que j'ai rêvé un peu. M'inventant un mensonge, un songe peuplé de garçons qui portaient tous ton nom.
J'ai prié un dieu qui ne me renie pas, de t'attendre comme cela, pour te voir arriver. Et quand le jour s'est levé, fourbu de toi, que mes supplices ont substitué, je me suis endormi. Impatient et inquiet, du temps qui séparera nos nuits."
Le jeu s'étendait gaiement avec panache, repoussant toujours les limites du convenant... Bien que parfois. Parfois... Le coursier venait simplement murmurer à l'oreille de sa Blondeur.
"Chaque souffle ne se mêlant pas au tien me laisse vide et esseulé.
Tu me rends fou d'un désir mi chaste mi sauvage, mi fou mi raisonné mais ho combien vrai.
Demande et je t'emmène à la lune, nous la saisirons à deux et nous referons le monde. "
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- (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil