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[RP] Nous irons tous au paradis

Comtesse_de_remscheid
    Contact…
    Onde sensuelle…
    Là, tout n'est qu'ordre et beauté… Luxe, calme et volupté…(*)

    Le touché a cela d’enivrant qu’il encense les sens de chacun, si le chevalier avait su apprécier ce qu’il voyait, la comtesse le laissait jouer de sa personne telle jouvencelle conquise par les boniments du premier homme doué d’un quelconque pouvoir de séduction.
    Envolée de pieds s’entremêlant, se frôlant dans des pas hors de toute convention, tout comme leurs comportements et à qui cela importait, surement pas à eux, en tout cas pas à elle, ici elle n’était aucunement comtesse mais Loreleï.
    L’ébène qui, pour la première fois depuis un long moment, se laissait aller à des plaisirs futiles, comme de sentir la pulpe de doigts masculins découvrir le velouté de son dos dénudé et en jouer subtilement, de se laisser manipuler comme une poupée de chiffon en jouant les ballerines entre ses doigts.
    Yeux clos et nacres dévoilées dans un sourire, la dame en noire, tous sens en éveil, écoutait chacun des mots du Montoya sans y répondre, pourquoi le faire alors que l’évidence le faisait pour elle, le son des chausses tapant contre un meuble lui faisant tout de même ouvrir son regard translucide sur lui pour articuler quelques mots de sa voix fine à ses allégations.

      Qu'est-ce qui vous laisse croire que j'ai des questions à vous poser Chevalier ? Mais... Dans le mesure où la réponse peut vous être donnée elle le sera.

      - Vos yeux vous ont trahi Comtesse…lorsque je suis entré.

      Mes yeux ne trahissent pourtant plus grand chose mais je vous le concède


    Corps accolés et affirmations sur le pourquoi du comment selon Hristo ne purent que tirer un sourire enclin à la moquerie à Loreleï qui toutefois lui concédait intérieurement la véracité et la logique de son analyse, ne la confirmant que d’un clignement de paupières imperceptible.
    Les sourcils de l’ébène se froncèrent subitement à la clarté soudaine pourfendant la pénombre suivie d’un grondement céleste, la désarçonnant un moment de l’écoute attentive qu’elle lui accordait n’entendant presque pas son avis sur elle alors que soudés ils rejoignaient l’extérieur suspendu de ses appartements.
    La brise moite emplie d’électricité et d’humidité, caressait le visage diaphane de la comtesse quand son regard se plissa au second éclair, la main libre de la comtesse venant se porter d’instinct sur son oreille lorsque le tonnerre éclata au-dessus d’eux se répercutant sur les murs des bâtisses environnantes dans un bruit assourdissant.

    Regard rapidement relevé sur la voute céleste, les opales glacées revinrent se poser sur le barbu qui l’étreignait et répondait aux questions qu’elle n’avait pas posé, ou de manière indirecte, n’était ce point-là l’apanage de toute femme ayant un tant soit peu de subtilité, obtenir réponses à des questions sans avoir jamais à les poser, mais ce jeu du chat et de la souris serait joué à deux.
    La pluie s’invitant à présent à leur diner qui n’en était jusqu’ici pas un, la rhénane se mit à sourire, voilant ses yeux pour relever le visage vers les astres et laisser les gouttes grossières s’écraser sur sa peau de porcelaine, l’inondant d’une luisance reflétant la lune sur son visage.
    Sourire aux anges, caressée par les larmes du ciel, le regard clair s’ouvrit en reprenant possession des pupilles du brun qui la tenait dans ses bras, s’approchant pour susurrer contre les lippes masculines, rétine glacée dans la chaleur ibérique du regard masculin.

      Loreleï…


    Effleurement volontaire des carmines sur leurs jumelles et des pointes de nez, la comtesse recula légèrement la tête pour entamer à l’objet de son attention actuelle, car s’il pouvait être donné plusieurs intentions à son attitude vis-à-vis de lui, curiosité et désir étaient prédominantes sur l’instant.
    Sans donner la moindre importance à l’eau qui dévalait des cieux, alourdissant étoffes autant que cheveux, la femme en noir traça de l’index le chemin d’une goutte sur le visage de l’ibère la suivant jusqu’à la naissance de sa gorge.

      Pourquoi… Et pourquoi pas ?
      Parce que vous m’intriguez Chevalier.
      Vous… Ce livre qui vaut que vous risquiez votre vie pour... Mais surtout vous.


    Inversant la tendance de la valse, dextre agrippa le haut du bras de son cavalier attitré depuis la veille au soir, l’attirant à l’intérieur à l’abri de la pluie avant de poursuivre en le devinant délicieusement dégoulinant sous la lueur des chandelles.

      Vous m’avez délivré d'une soirée d’un ennui mortel chez La Nemours, offert un baiser des plus délectables au creux d’une ruelle.
      Quel qu’en ai été la raison, l’effet reste identique, j’en ai dégagé un plaisir certain.
      Vous m’avez sorti de ce marasme parisien de la noblesse bien-pensante, ne pensez-vous dont pas que cela vaille la peine de vous hébergez pour en savoir davantage sur qui se cachait sous tous ces artifices empoudrés ?


    Haussement de sourcils et main portée sur la joue masculine pour ôter le superflu d’humidité, à moins que le geste ne soit pour savourer du bout des doigts le grain de l’épiderme détrempé, qu’importait la raison, l’instant suspendu un moment, murmure vint rompre le silence.

      Remerciée oui…


    Sourire entendu, la dextre délaissait le visage pour indiquer la table, sans détacher les yeux de son invité.

      Agapes nous attendent, croyez-vous qu’il soit envisageable de les honorer de nos fins palais gourmets ?
      Nous pouvons poursuivre attablés peut-être, à votre guise Mylord (**).
      L’étreinte de vos bras me convient parfaitement, mais je doute qu’elle rassasie nos faims primaires.


    Tête inclinée, la main revint se poser sur le haut du bras en attendant un quelconque mouvement, se raidissant subitement à la perfidie d’une goutte froide s’extirpant de la chevelure obsidienne pour tomber et filer le long de la colonne jusqu’à s’insinuer sous l’étoffe au creux des reins.

    (*) « L’invitation au voyage » Charles Baudelaire
    (**) Mon seigneur
    Répliques en rouge foncé de la part de JD Hristo Montoya
Hristo.montoya

La délivrer d’une soirée d’un ennui mortel, lui offrir un baiser qu’elle avait elle-même suggéré pour éviter d’éveiller les soupçons des reîtres qui passaient derrière eux, était-ce vraiment des raisons suffisantes pour l’héberger chez elle? Hristo en doutait. Si la comtesse eut été une femme attirée par les jeux de cour et par la frivolité qui s’y rattache alors oui, cela aurait pu l’être. Mais il y avait chez cette femme bien plus que cela. Loreleï de Remscheid n’était pas une autre de Nemours. Aujourd’hui, elle ne se masquait pas derrière un loup et pourtant ses motivations étaient toujours aussi nébuleuses. Son visage n’était qu’une façade dont elle savait habilement jouer pour arriver à ses fins. Pour Hristo, elle appartenait plus à la catégorie des espionnes de luxe qu’à celle des courtisanes. D’ailleurs, une idée saugrenue avait germé dans l’idée du Montoya, le genre d’idées que l’on invente quand votre esprit se met à la recherche de toutes les hypothèses, des plus probables au plus farfelues. Et si…

…Et si tout ceci était un plan machiavélique mais extrêmement subtil pour obtenir ce qu’Il désire? Étape numéro un : envoyer des rabatteurs, lui faire croire qu’il est poursuivi pour l’envoyer dans la toile d’araignée… en l’occurence une veuve noire de Remscheid, comtesse d’un bout de territoire situé au nord de la foret-noire et qui constituerait l’étape numéro deux. Une fois la victime dans la toile d’araignée, les rabatteurs resteraient ainsi en support à la veuve noire qui aurait alors la charge de récupérer le précieux butin. Hristo leva les yeux sur Loreleï qui avait pris place à table en face de lui et en cet instant, il n’avait aucun doute sur la nature du venin qu’elle distillait dans ses veines. Un poison grisant, addictif, contre lequel l’ibère ne connaissait pas d’antidote efficace, un venin qu’il savait déjà à l’oeuvre dans son âme. Se pouvait-il réellement qu’elle fasse partie de ce plan dont elle serait la pièce maitresse? La clé de voute? Le regard qu’il portait sur elle alors que les gouttes de pluie faisaient briller les mèches de ses cheveux était ambiguë : Il la regardait à la fois comme une homme irrésistiblement attiré par une femme qu’il trouvait désirable et à la fois comme une proie en danger qui cherche à évaluer la dangerosité de la main tendue tendue vers elle.

Elle jouait avec lui. Elle choisissait ses mots avec soin et parcimonie. Ni trop, ni trop peu. L’amener à elle pas à pas, sans le brusquer mais en dévoilant ce qu’il fallait pour exacerber son intérêt, le garder alerte. Montoya avait foi en son jugement. En de nombreuses occasions, il avait dû mettre sa vie entre les mains de celui-ci. Il avait dû se fier à son instinct, celui qui lui disait de fuir, combattre, de faire confiance ou simplement d’ignorer. Ce soir-là cependant, il lui envoyait des signaux contradictions. Pourtant, il n’avait pas bu la moindre goutte de vin.


- Puisque vous avez renvoyé le personnel de maison, permettez-moi de vous remplir votre verre Loreleï…

La carafe dans la main, Hristo n’attend plus que son assentiment.

- Faites…

]S’il voulait en apprendre plus, il était temps qu’il avance lui aussi ses pions sur l’échiquier pour éviter de trop de rapprocher de la toile d’araignée. Sous la table un pied déchaussé effleurait volontairement un pair dénudé, le caressant de la pointe jusqu’à la cheville. Sur l’extérieur. Sur l’intérieur. A cet instant, le Montoya évita son regard. Ce dernier ne quittait pas le rubis qui remplissait le verre de cristal de la rhénane. Dehors la pluie continuait à tomber. Les éclairs zébraient le ciel de Paris de temps à autre. La carafe fut redéposée sur la table, et le pied ibère stoppa son exploration sensuelle sans pour autant rompre le contact. Le deuxième point fut avancé, libérant alors le Fou.

- Dites-moi, si je vous dis parfait, à quoi cela vous fait-il penser?

Levant son verre lui, il vint trinquer avec elle, la perfection du cristal venant résonner dans toute la pièce lorsque les deux pièces s’entrechoquèrent. L’ibère tendit le bras vers le plat de volaille, s’empara d’une cuisse de poulet dans sa gelée et se mit à la rouler entre ses doigts, l’observant sous toutes les coutures avant de croquer dedans. Venin pouvait être synonyme de poison. Son instinct avait parlé. Il avait décidé que cela n’était que chimères et balivernes.

- Je reconnais que c’est peu court… Il est délicieux ce poulet vous savez? Et la gelée est parfaitement réussie. Mes compliments à votre cuisinière…Donc je disais…un peu court. Et si j’ajoutais Montségur? Vous diriez?

Cette fois, la voie était tracée. Il l’avait pavé de petits cailloux blancs et se demandait si elle s’en emparerait ou les ignorerait tout simplement. De la cuisse, il ne restait plus qu’un os qui vaquait dans un coin de l’assiette. Le quignon de pain agrémenté d’une lichette de beurre ne traina pas plus que le morceau de volaille. Montoya s’était tu pendant que Loreleï répondait à la question. Ce n’était ni avec ses lèvres, ni avec ses mains que le catalan s’exprimait mais avant son pied qui s’enhardissait au point de remonter sur sa jambe, au dessus de sa cheville. Les fruits constituèrent la partie sucrée de sa collation : une poire, quelques grains de raisin, un coulis de fraises, quelques morceaux de pêche. Les fruits de saison se dégustèrent frais, les autres étaient séchés. Une légère brise s’engouffrant par la fenêtre vint rappeler au Montoya que leurs vêtements étaient encore humides de la pluie qui les avait surpris avant le repas. Celle-ci le fit frissonner. L’orage avait fait tomber la température de plusieurs degrés.

- Que diriez de poursuivre cette conversation et cet en-cas au pied de la cheminée? Je pourrais allumer un feu léger pour sécher nos vêtements si cela vous dit. Emportons-nous cette carafe de vin et ce saladier de fruits?

La suspicion avait reculé d’un pas. Une vision fugace s’imposa à lui. Celle de deux corps allongés à l’un à côté de l’autre, une verre de cristal à la main, celle de lèvres qui se cherchent, celle de cordons qui se délacent, de corps qui s’enlacent.

Comtesse_de_remscheid
    Diner de…
    Pas de cons, bien que leurs tenues détrempées auraient pu laisser entendre le contraire, l’espace d’un moment d’ailleurs, lorsque l’étreinte s’était allégée pour n’être plus qu’une main au creux des reins accompagnant sa marche jusqu’à la table, Loreleï se posa la question : pourquoi n’avait-elle pas proposé de se changer ou au moins de se sécher auparavant…

    La chose était faite, le retour en arrière impossible, tout acte avait ses conséquences et il fallait assumer leur incidence, ici en l’occurrence une moiteur sur sa peau qui se faisait de plus en plus désagréable quand la fraicheur d’une brise orageuse ne la rendait pas absolument détestable.
    Son invité semblait quant à lui fort aise avec la situation, se proposant de la servir puisqu’Ama avait été remerciée, mais n’était-ce pas déjà entendu la veille lorsqu’il s’était approché, certes le Montoya avait annoncé être servant pour la soirée, mais possiblement l’ébène avait occulté la fin de la tirade, ne gardant que la servitude.

      Faites…


    A quoi lui faisait penser "parfait", tant de possibilités de réponses qu’il n’était pas possible de n’en donner qu’une, cette interrogation pouvait mener à la déraison rien que d’y songer, même si le premier mot qui vint en tête à la comtesse fut "Utopie".
    Tintamarre du tintement de cristal lui fit plisser regard, l’ouïe fine s’agaçant dans un léger mouvement de tête avant de porter à ses carmines le breuvage servi.
    Reprenant concentration pour écouter son convive, quand attention n’était pas détournée par un effleurement de pied ou le regard dérangé par les éclats lumineux de l’orage, la comtesse haussa un sourcil en entendant l’homme évoquer Montségur alors qu’il achevait de se sustenter.

    L’association des Parfaits et de Montségur ne laissait aucun doute sur ce dont parlait le chevalier, ce n’était pourtant pas un des faits les plus connus de…
    Mais quand on avait eu un frère inquisiteur en royaume de France, même des siècles plus tard l’histoire de ses hérétiques sacrifiés sur l’autel de l’église ne pouvait qu’être connue de la comtesse.

    D’un geste plein de finesse, une grappe de raisin fut attrapée à tâtons, avant que plusieurs grains ne viennent délivrer leur sucre sur la gourmande de la maîtresse des lieux, le dernier porté à sa bouche se figeant entre son index et son majeur pour laisser sortir réponse avant d’y disparaitre à son tour.

      Je dirais que vous êtes cultivé, féru d’histoire… ou d’architecture... peut-être….


    Pendant un moment, les approches pleines de hardiesse de l’ibère passèrent au-dessus des considérations de Loreleï, son esprit divaguant vers les remparts du domaine de son enfance en Rhénanie aux côtés de son frère, avant qu’un puissant frisson ne la ramène à la réalité du moment, inclinant simplement la tête en guise d’assentiment à la proposition du Montoya.
    Repoussant légèrement sa chaise, la dame en noire attrapa élégamment les pans de mousseline humide qui soulignaient plus que nécessaire ses courbes, alourdis par l'eau de pluie,.
    Se dirigeant vers la porte donnant sur le salon, elle laissa Hristo lui emboiter le pas avec quelques victuailles au creux des bras.

      La bienséance voudrait que je vous invite à user de la cheminée au salon, maintenant ce dont nous aurions besoin pour nous sécher se trouve dans mes quartiers où il y a aussi une cheminée.


    Se retournant sur l’ibère, regard clair se dirigea sur le visage avant de poursuivre avec un sourire en effleurant à son tour le pied dénudé à portée.

      A vous de voir dans quelle mesure vous souhaitez respecter les convenances ou continuer à les outrepasser avec subtilité… Chevalier…
      Dans l’attente, je vais sortir de mes armoires de quoi nous sécher, libre à vous de choisir quel feu vous allumerez... Hristo...


    Sourire narquois dévoilant nacres, Comtesse de Remscheid s’éclipsait dans la noirceur du salon, laissant l'homme à sa décision, s’y mouvant avec aisance malgré la pénombre intense, ouvrant la porte de sa chambre pour y entrer, laissant choix ou non au Montoya de la rejoindre, ajoutant depuis son alcôve.

      A votre question, j’ajouterais en réponse : massacre inutile…


    Si l’homme connaissait tenant et aboutissant de l’histoire de ce bûcher ardent, sans nul doute que sa réponse éveillerait une pointe de curiosité minimale étant donné son rang et les supposés croyances associées, qui ne collaient pas du tout avec ce qu’elle venait de répondre.
    Cela dit, il pouvait se targuer d'avoir éveiller la sienne tout autant...


_________________
Hristo.montoya

- La bienséance est la pudeur du vice, lorsqu'elle n'est pas la modestie de la vertu* Loreleï!! Pensez-vous que je sois plutôt pudique ou plutôt modeste?


Voilà en substance ce que répondit Hristo Montoya avant d’emboiter le pas de la comtesse de Remscheid pour la suivre jusque dans sa chambre. Loreleï jouait avec le feu. Elle le savait. C’était une femme qui savait manier le verbe et manipuler l’esprit masculin. Ses mots étaient choisis avec soin pour attirer l’homme à elle. Les raisons restaient quand à elle obscures. Avait-elle été séduite par le charme du catalan comme elle le prétendait? Avait-elle besoin de le mettre à sa botte? De lui demander un service? Lui confier une mission…ou effectivement lui reprendre le livre qu’il cachait avec tant de soin? Quel qu’était son but, Hristo n’avait pas de doute: cette femme savait ce qu’elle faisait et elle le faisait bien.

- La bienséance aurait fière allure Comtesse si vous deviez passer votre temps à vous moucher pendant que nous conversons sur un sujet d’importance ne croyez-vous pas? Il en va de même pour moi. Alors, si pour éviter la catarrhe, il me faut passer par votre chambre, je suis prêt à outrepasser toutes les convenances, avec ou sans aucune subtilité. Quand au feu, il me semble que vous vous êtes déjà occupé d’en allumer un n’est-ce pas? Ce serait donc la moindre des choses que je m’occupe de votre cheminée ne croyez-vous pas?

Si on lui avait dit qu’il rencontrerait chez la Nemours, une femme d’une telle subtilité, le Montoya n’y aurait pas cru. Allier beauté et finesse d’esprit n’est pas donner à tout le monde. D’habitude la Nemours choisit effectivement ses invités parmi ceux et celles qui ont certaines habilités avec la langue…mais pas forcément avec le maniement des mots. Dans la chambre, feu fut effectivement allumé. Il est inutile et superflu d’expliquer comment ils en étaient arrivés là mais une fois de plus, comme la veille, la comtesse se retrouva adossée contre le mur. Hristo avait passé ses mains autour de sa taille, leurs lèvres s’étaient dangereusement rapprochées les unes des autres. Baiser avait été déposé sur la joue, dans son cou, sur la rondeur d’une épaule dénudée. Les corps s’étaient pressés l’un contre l’autre. L’instant présent oscillait plus du côté du vice que du côté de la vertu mais aucune barrière rédhibitoire ne fut franchie.

Entre le moment où il passa le pas de sa porte et le moment où leurs lèvres s’effleurèrent, il fut question de substances illicites, de chasse au trésor, d’un corset de couleur rouge, de danger, de pulsion, de bourse pleine d’écus. Le duel casuistique ne faiblit pas même s’il fallut une volonté de fer au catalan pour ne pas faire glisser la Remscheid de ce mur jusque dans sa couche.


- Voulez-vous vous changer derrière ce paravent ou poursuivre dans cette position Loreleï? Pardonnez-moi, je voulais dire..posture.

Un souffle chaud vint s’écraser à la naissance de son décolleté. Elle l’avait amené là où elle le voulait et il le savait. Mais qui vous dit qu’il ne le voulait pas non plus? En tant que courtisan, Hristo était habitué à laisser parler ses sentiments sans pour autant perdre totalement le contrôle de la situation. Un courtisan avait le droit de feindre ou pas mais s’il le faisait, il ne fallait pas que cela se sente. Et s’il ne feintait pas, perdre totalement le contrôle eut été synonyme de « perdre son âme ». Il lui fallait changer de sujet de conversation, recentrer son esprit ailleurs que sur le corps qu’il maintenait fermement arrimé au sien. Sans ça, il n’apprendrait guère sur elle, excepté sur ses talents de maitresse…si elle consentait à le laisser faire. Et sans autre préavis, il prit un chemin de traverse.

- Entre eux, ils se faisaient appeler les « bons hommes » ou les « bonnes dames ». Ce sont les inquisiteurs qui de manière sarcastique les prénommaient les « parfaits ». Et oui, c’est à Montségur que plus de 200 d’entre eux périrent par les flammes lorsque la garnison du château se rendit. Ils périrent car ils refusèrent d’abjurer leur foi. Non Loreleï, je ne suis pas féru d’architecture. Quand à l’histoire, je m’y intéresse qu’à certaines conditions.

La lâcher. Dérouler ses bras d’autour de sa taille. Ses lèvres parlaient de Montségur et sa tête exprimaient d’autres pensées : « j’ai envie de vous Loreleï. Ici, contre ce mur ou sur ce lit qui est vôtre… ». Si sa mission était de lui reprendre le livre de Mirepoix, alors elle devrait en payer le prix fort… Mais si elle avait un autre objectif alors il se pouvait qu’ils passent l’un et l’autre un moment fort agréable.

- Montségur appartenait au seigneur Raimond de Péreille mais sa défense lors du siège de Montségur fut confiée au chevalier Pierre-Roger de Mirepoix. Peut-être vous demandez-vous pourquoi je vous parle de tout ceci Loreleï…

… Alors que l’envie qui le tenaillait était de dénouer et faire tomber cette robe, de couvrir son buste d’une enfilade de baisers suaves, d’hérisser sa peau sous l’effet du désir qu’il insufflerait en elle, de visiter d’autre éperons que ceux de Montségur Peyrepertuse, Puilaurens ou Quéribus. Il avait hâte de se délester de ces vêtements trempés par la pluie qui lui collaient à la peau et qui devenaient d’un inconfort insoutenable, hâte d’oublier toute bienséance. Qu’elle soit son ennemie ou une future alliée, à l’instant, c’est en tant que maitresse qu’il la désirait avant tout.

- …Savez-vous que tous les cathares n’abjurèrent pas leur foi sans pour autant périr sur le bucher? Savez-vous que plusieurs d’entre eux ont réussi à se faufiler hors de la place forte malgré le siège françoys? Savez-vous que la veille de la reddition de la forteresse, quatre « bons hommes » ont secrètement quitté Montségur et que l’on dit qu’ils ont rejoint les grottes du Sabarthès? Et que Mirepoix a rédigé un livre qui décrit avec précision le siège de Montségur?

Les appâts venaient d’être lancés. Tant d’un côté que de l’autre. Hristo se demandait où Lorelei mordrait en premier.

     « Et savez-vous ce que feraient mes lèvres si seulement vous vous laissiez aller à vos envies que je devine et si vous acceptiez seulement de perdre juste une once de contrôle. Juste ce qu’il faut pour… »




* Pierre-Marc-Gaston de Lévis, pair de France.
Comtesse_de_remscheid
    Le feu...
    Un feu les réchaufferait sans aucun doute, sécherait-il leurs effets la chose était bien moins entendue.
    L'évidence était celle-ci que l'intérêt était éveillé chez l'un et l'autre, la comtesse voulait savoir ce que cachait cet homme sous ses allures de courtisan vidant bourses des nobles en échange de quelques faveurs et d'une érudition toute singulière concernant des sujets méconnus des non initiés.
    N'aurait-elle eu frère inquisiteur qu'elle en aurait surement tout ignoré elle aussi, mais certains pans de l'histoire ecclésiastique se voulaient bien dissimulés au fin fond d'un coffret pour en conserver leur trésor.

    La bienséance fut mise à mal probablement, au moins un peu tout en restant dans le cadre de l'acceptable malgré tout, effleurement, provocation, sensibilité et sensualité exacerbée.
    Le Montoya se laissait piéger par le chant de la sirène et le sourire dissimulé dans la pénombre du boudoir de la Remscheid pouvait en dire long sur la satisfaction qu'elle en tirait, pourtant celui-ci ne serait pas une proie habituelle, de celles assouvissant ses plaisirs interdits, l'obsidienne le sentait bien.
    Ses "proies" n'éveillaient généralement aucun intérêt autre que la satisfaction de son vice caché assouvi, Hristo l'emmènerait probablement vers une couche de luxure à laquelle elle pourrait potentiellement céder, non sans l'avoir amener jusqu'à lui faire perdre le contrôle pour ça.

    Sans un mot, l'ayant laisser achever son discours, se dégage de l'étreinte assouplie dans un effleurement, laissant doigts parcourir la main masculine jusqu'à ne plus avoir d'autres options que de la délaisser.
    La comtesse, dans une éclipse subtile se trouva derrière le paravent en guise de réponse à la question du chevalier sur son envie de changer de "posture", mais surtout faire languir l'envie certaine de l'un et de l'autre.

      Je ne me demande nullement les raisons qui vous pousse à évoquer ce sujet en particulier, s'en est un parmi d'autres.

    Lune jouant à cache cache avec les nuages en cette nuit éclairait par moment la silhouette de la comtesse au travers du paravent, la voix de Loreleï s'élevant de nouveau.

      Je m'interroge en revanche plus sur les conditions qui vous ont poussés à vous intéresser à ce moment méconnu de l'histoire de l'inquisition.
      Peu en ont connaissance et vous avez bien dit ne vous intéresser à l'histoire qu'à certaines conditions Chevalier...


    Changement de tenue effectué sort du paravent dans une robe relativement similaire à la précédente, en s'approchant du Montoya avant de s'installer sur le banc de pied de lit avec délicatesse, lui indiquant d'un signe de main.

      Place vous est libre Hristo... avec de quoi vous changer.


    Laisser ses réponses tournant à la question s'insinuer dans l'esprit du courtisan, contrôle toujours et encore, pour moultes raisons il était impératif qu'elle ld conserve, même si le catalan avait tout pour le lui faire perdre dans une certaine mesure.

_________________
Hristo.montoya

Il n’avait fallu que quelques mots placés ici et là dans la conversation pour que la nuit prenne une tournure différente. Elle avait joué. Il avait répliqué. Elle avait tourné des clés et ouvert des portes. Il les avait refermé mais derrière elle, la laissant libre d’explorer certains lieux dans lesquels elle ne tolérait aucune visite à l’accoutumée. Sa verve avait su le convaincre, les intentions suggérées par un geste, une initiative, une pose avait fait le reste. Elle avais suscité son intérêt, avait dressé un pont vers sa confiance, vers son désir d’en savoir plus sur elle. Confessions avaient été faite de part et d’autre. Cela, c’était après la pluie, après la danse, derrière un paravent, dans un lieu où les dames n’ont pas pour habitude d’inviter des presque inconnus. Ce fut alors qu’elle confirmait un intérêt certain et des plus plaisant pour lui. En guise de réponse il lui avait proposé de découvrir « l’extase à sa façon » et ça, c’était avant qu’ils ne se retrouvent vêtus de pieds en cap à la manière d’aventuriers, arpentant la nuit les ruelles sombres du Paris des parias.


- Savez-vous ce que j’aime ici Loreleï ?

Ici elle n’était pas une comtesse. Elle était une aventurière, sans privilège particulier. Hristo s’était assuré au préalable qu’elle ne serait pas outrée s’il ne faisait pas mention de son titre de noblesse pendant la durée de leur périple. Les titres et les charges n’avaient pas de sens dans ce monde.

- La vie ici ne vaut que l’effort que vous y mettez à la préserver. Rien de plus. La mort vous guette à chaque coin de rue. Un instant de distraction …et elle vous fauche. Vous n’êtes plus rien qu’un tas de chair froide baignant dans ses humeurs.

Malgré la pluie, le touffeur de l’été parisien était toujours aussi présente. La boue de Paris formait, ici plus qu’ailleurs, une croûte épaisse sur le pavé de la capitale et la nuit ne donnait qu’un faible répit aux parisiens. Les bottes charriaient une poussière infâme dont personne ne voulait savoir de quoi elle était faite et l’odeur qui planait au dessus de ces les lieux en rebutait plus d’un. Les autres s’y étaient habitués. Montoya déambulait ainsi rue de la Mortellerie, Loreleï à ses côtés, une main jamais trop loin de sa dague. L’emmener ici était une folie, de celle dont il pimente sa vie ça et là. Il ne connaissait pas les aptitudes de la comtesse au maniement des armes blanches, ne savait pas si elle serait capable de se défendre mais sa réaction l’autre nuit dans la ruelle l’avait amené à penser qu’elle n’était pas femme à simplement se pavaner dans les salons littéraires. Et puis, c’était surtout l’attrait du risque et de l’interdit qu’il était venu chercher ici avec elle, ces sensations qui vous traversent le corps et l’âme lorsque vous êtes en équilibre sur une corde raide soixante pied au dessus du sol. De part ses réponses, Loreleï lui avait montré une certain attirance pour celles-ci. Enfin, c’est ce que le catalan en avait déduit. Ce soir, il lui montrerait une des facettes de sa personnalité. Une facette qu’elle ne connaissait pas encore…un aspect qui pourrait la rebuter ou l’attirer. Pile ou Face. File ou…passe.

- Ici, il n’y a nulle loi sauf celle du plus fort…ou du mieux avisé. Ici, les vocalises n’ont pas leur place, tout comme les sensations simulées. A chacun de prendre ce qu’il désire et de protéger ses acquis.

Et c’est précisément la façon dont il comptait arriver à ses fins ce soir-là. Dans chaque rue vide en apparence, pouvait se cacher une menace : un coupe-jarret tapis dans l’ombre, l’un des tueurs à sa poursuite guettant un faux-pas derrière une fenêtre, un fol sans autre motivation que celle de satisfaire son attirance pour le sang. C’est cela qu’il venait chercher ici ce soir avec la comtesse de Remscheid. Il avait envie de s’adonner à un jeu auquel il n’avait plus participé depuis longtemps, un jeu macabre pour certain, grisant pour lui. Et pour cela il ne lui manquait plus qu’un « partenaire ».

- Je ne pense pas que je vous l’ai dit mais j’ai apprécié le contact de votre chair l’autre nuit lorsque nous sommes sortis de chez la Nemours…mais il manquait un ingrédient essentiel pour que le plaisir soit total.

Le chapeauté darda son regard dans celui de sa bienfaitrice, un regard déterminé, un brin provocateur avec une once de mystère. Il la jaugea une dernière fois pour s’assurer qu’il ne se trompait pas. Comme à chaque fois qu’il devait prendre une décision impliquant une dame, il lui lui prit la main, la leva à la hauteur de son visage, et entre les interstices interrogea ses yeux pendant que le voluptueux de ses lèvres effleura le dos de sa main dans un baise-main un peu plus galant que la version protocolaire. C’est alors que son instinct lui donne la signal. La main de la Remscheid toujours captive de la sienne, il lui présenta sa proposition indécente, celle dont il avait prétendu qu’elle la mènerait à « l’extase à sa façon ».

- Dites-moi Lorelei, vous qui fréquentez les salons parisiens les plus huppés, vous devez déjà avoir été le témoin de certains plaisirs que la prude morale aristotélicienne réprouve n’est-ce pas? Et si ce soir je vous invitais à une partie… à trois? En seriez-vous…outrée?

Quelques instants plus tard, Hristo Montoya avait repris là où la comtesse et lui en était restés lors de leur sortie précipitée de chez la Nemours. La jupe troussée, la main du catalan perdues quelque part sur la cuisse de la Rhénane, les lèvres de l’ibère semaient un émoi sensuel dans le cou de la teutonne pendant que sa dextre s’insinuait sous son bustier. A leur pieds, gisait le cadavre d’un passant, un homme qui avait eu la mauvaise idée de se trouver là au mauvais moment, un homme qui dans la nuit parisienne a eu à peine le temps de voir un chapeau à plume lui demander où se trouvait la maison de plaisirs la plus proche avant qu’une lame forgée à Tolède ne lui fourrage les entrailles par deux fois, éclaboussant son assassin d’un jet de sang au passage. La main gauche immaculée fut tendue vers sa partenaire, l’invitation acceptée avec un empressement qui satisfit et surprit le Montoya. Le dernière vision qu’il eut avant de rendre l’âme fut celle du regard de Loreleï. Dans la rigole d’une rue parisienne, non loin de la cour Brissel, s’écoulait un flot carmin visqueux, suivant les contours des pavés crottés de cette boue toujours aussi infâme. Les vertèbres fracassées, la tête, tournée vers des ébats charnels, faisait un angle bizarre avec le reste du corps.

- Ne trouvez-vous pas Loreleï que les voyeurs font preuve d’une grande impudence qui mérite châtiment…quand ceux-ci imposent leur présence sans y avoir été invité?



Détails relatifs à ce qui touche la comtesse de Reimscheid validé avec son JD.
Comtesse_de_remscheid
    Joutes verbales, jeux de séduction, proposition supposée porter aux nues de l'extase...
    Point de retrait et acceptation à cette impétueuse invitation tenue adéquate peaufinée par le chevalier, selon son bon vouloir, l'initiative de cette promesse de plaisir exponentiel était sienne, qui donc plus à même de savoir comment se vêtir de fait.
    L'association des effets de la comtesse fût des plus étonnante et pourtant d'un bon goût évident, deviner dès lors l'idée en tête du catalan n'était qu'une mission impossible.
    Paravent et habillage, la rhénane était prête à courir l'aventure façon Montoya, main ancrée dans la sienne il lui avait mandé.

      - Me faites-vous aveuglément confiance pour vous diriger ce soir?

      Dans un endroit sur lequel je n'ai pas de prise... je n'ai d'autre choix que de vous faire aveuglément confiance chevalier...


    Formulant sa réponse un léger sourire s'était étiré sur le carmin de ses lippes, songeant qu'il ignorait à quel point les mots avaient été pesés.

    Les talons des cuissardes avaient claqués sur le pavé des beaux quartiers jusqu'à s'enfoncer dans la tourbe des fanges infâmes du lieu de vie de ce qu'on considérait comme lie de la vie parisienne.
    Pénombre partiellement, mais suffisamment, éclairée par l'astre lunaire n'étant nullement handicapante pour déterminer l'endroit, pestilence et ambiance lourde étant bien plus parlantes qu'un oeil aiguisé.
    Sens en éveil les paroles de son guide la firent étrangement sourire, d'un de ses rictus qui vous mettent mal aise lorsque vous y êtes confronté, mais noirceur du moment et visage baissé n'auraient pas permis au catalan de le distinguer.

    Sa chair nécessitait donc élément essentiel pour une extase totale, lequel intriguait grandement Loreleï, la bagatelle n'était pas sa source de plaisir première, elle ne l'avait jamais été, même si s'y adonner n'était en rien détestable.
    Hristo semblait l'avoir compris, ayant joué de séduction sans lourdeur lors de leur soirée, attirer une proie dans sa toile, voilà ce que la comtesse aimait en définitive, peu importait l'issue de la capture.
    Introduire un tiers dans la bacchanale ? Si son regard avait su exprimer quelque chose, probable qu'un léger étonnement s'y soit perçu, peut-être même une pointe d'autre chose mais quoi...

      Nullement...


    La suite des évènements ne fit que confirmer que le catalan était digne d'un intérêt certain, alors qu'un banal courtisan lui aurait offert trop prévisible orgie charnelle en trio, lui lui servait sur un plateau d'argent un met des plus délicat et raffiné.
    N'avait-il pas dit qu'il n'y avait nul courtisan ce soir ? Au moment précis où l'ouïe fine entendit les chairs déchirées par la lame et le sang s'en expulser en une gerbe divine, le regard translucide se voila de volets de chair dans un soupir d'aise, s'ouvrant à nouveau en percevant le corps tomber lourdement au sol.
    Grisée et les sens en éveil, le mouvement de main du Montoya fut perçu et accepté pour enjamber le corps encore tremblant du pauvre ère qui gisait par terre après avoir eu malheur de croiser la route du catalan.
    S'agenouillant à califourchon sur le mourant, en se contrefichant des convenances, main du brun délaissé vint poser index droit, pourvu de cette étrange bague, sur les lèvres de l'homme suppliant pour sa vie.

      Stille...(*)


    Le mot sortit de la bouche de la rhénane tel le sifflement d'un serpent près à vous mordre au visage au moindre mouvement, étau de cuisses autour du bassin et étoffe de la jupe noire se tachant de sang, un mouvement vif vint ouvrir le reliquat de chemise du condamné.
    Opales glacés se posèrent sur les plaies, senestre venant s'y attarder se maculant du résiné, la respiration de la comtesse partant en transe alors que la griffe de métal à son doigt tailladait les chairs d'une symbole, qu'elle réalisa les yeux clos, sur le torse de l'homme qui hurlait sa douleur, sans qu'âme vivant dans le coin ne s'en inquiète.
    Ouvrage achevé, la comtesse se pencha sur l'homme en souffrance... Ressentir la douleur, s'abreuver de ses râles, se nourrir de sa mort en lui offrant un sourire en apposant ses lèvres aux siennes, tranchant de sa griffe venant lui tailler la gorge pour récolter son dernier souffle.

    Jubilation et corsage blanc sous le chemisier noir maculée de sang, tout comme ses mains, la comtesse repris pied dans la réalité et à peine redresser se vit happer par les bras du brun catalan et propulser contre le mur le plus proche.
    Quand le sang parle il n'est plus temps de badiner, plus de courtisan, plus de belles paroles, plus de jeux, là contre ce mur, le jupon troussé, plus de comtesse non plus, juste deux assassins, grisés par l'odeur et le goût du sang se donnant l'un à l'autre, furieux amants sanglants, sans scrupules ni remords, sans tourments... juste le plaisir à l'état pur.

      De fait... Celui-ci aura été sévèrement châtié et n'aura vu que d'un regard éteint...


    Lippes encore chargées du souffle du plaisir, vinrent murmurer dans le creux de l'oreille catalane, l'effleurant subtilement.

      Sachez Hristo que l'extase à votre façon est au delà de mes espérances...
      J'avais raison de vous trouver... "intéressant" mein Lieber (**)...


    Lobe mordillé, rondeur d'une mâchoire effleurée, lèvres furent capturées.
    Si le catalan souhaitait s'accorder les bonnes grâces de la comtesse, jamais il n'aurait pu s'y prendre avec plus d'aisance, s'en était presque à se demander si...
    Non, là, on rentrait dans le domaine de l'impossible, mais assurément sa façon d'agir à ses cotés soulèveraient questions, mais chacun cachait ses vices, chacun avait ses travers, Loreleï, toute Comtesse de Remscheid qu'elle était, ne dérogeait pas à la règle, quand à savoir pourquoi....


    (*)Stille : silence
    (**) mein Lieber : mon cher
    Toutes actions ou paroles (en rouge foncé) du personnage de Hristo Montoya, validées avec son JD

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Hristo.montoya
Le soleil tapait fort en ce jour d’Aout 1464. La ville de lumière brillait de mille feux sous les rayons ardents de l’astre solaire et croulait sous une chaleur étouffante. Le peu de parisiens qui n’avait pas déserter la capitale ne savaient plus à quel saint se vouer pour obtenir un peu de répit. Les rues étaient presque désertes, chacun restait cloitré chez soi à la recherche d’un peu de fraicheur. Même les bords de Seine jadis bondés n’apportaient plus leur bien-être habituel. La cour s’était réfugiée quelque part en Maine pour y passer l’été mais était-ce seulement plus supportable? Les amuseurs des rues avaient été contraint de s’exiler vers d’autres villes pour trouver un maigre public encore capable de rire malgré le touffeur qui accablait le royaume de France du nord au sud. Et pourtant, à la porte d’un petit appartement cossu, un carrosse tiré par quatre chevaux noirs attendait le départ. La main gauche appuyée contre le chambranle de la porte du véhicule, la tête penchée vers l’avant, le regard scrutant les formes graciles d’un visage entouré d’une coiffure brune savamment attachée et mettant sa nuque en valeur, Hristo Montoya tentait de se faire convainquant.

- Adoncques vous êtes bien décidée Comtesse? Voyager par cette chaleur n’est guère pour une bonne idée y compris pour un catalan, a fortiori pour une rhénane.

Le pied botté d’un cuir noir et élégamment ciré appuyé sur le marchepied, Montoya n’était point encore résigné. Pourtant, c’était lui-même qui s’était occupé de lui trouver l’un des rares conducteur d’attelages acceptant encore de faire un voyage dans de telles conditions. Ce jour-là, Hristo Montoya portait un pantalon brun, des chausses à large bord remontant jusqu’aux genoux, une chemise blanche aux manches bouffantes assortie d’un pourpoint brun de la plus belle qualité. Il avait laissé tomber ses habituels gants de cuir souple du fait de la chaleur. Sa tête était bien entendu coiffée de son indispensable chapeau et sa rapière pendait le long de la jambe gauche.

- Pouvez-vous au moins me dire quand vous reverrai-je?

Il fallait croire que la comtesse de Remscheid s’était prise d’amitié pour Hristo Montoya, ce courtisan lettré venu de Catalogne et qui aimait autant courir les chimères entourant le mystère de la fin de l’hérésie cathare que les soirées mondaines données dans les grands hôtels particuliers de Paris. Oui, il fallait le croire car comment interpréter autrement que celle-ci lui ait confié les clés de appartement parisien pour y vaquer à sa guise pendant son séjour dans la capitale française alors qu’elle-même s’absentait? Craignant toujours l’italien et ses sbires qui avaient débarqué chez la comtesse de Nemours, le soir même où il avait fait connaissance avec Lorelei de Remscheid, Hristo avait accepté sa généreuse proposition sans trop hésiter. Il se méfiait de la trop grande générosité de certains mécènes qui agissaient sans demander de contrepartie mais la proposition tombait à pic. Et puis, il y voyait aussi un moyen de rester malgré tout en contact avec sa récente protectrice. Il faut dire que depuis un certain soir dans une ruelle du Paris sombre, Lorelei avait su capter son intérêt par certains penchants qu’ils partageaient elle et lui.

- Doutez-vous à ce point de moi que vous ne vouliez me dire ce qui vous oblige à partir si précipitamment de Paris? Ni où vous devez vous rendre? Ni pourquoi je ne puis vous accompagner?

Quand bien même elle aurait accepté qu’il l’accompagnât, des affaires urgentes retenaient le Montoya à Paris: finaliser ses recherches, ne pas perdre le financement « bénévole » de son autre bienfaitrice aux aigus indiscrets, le tout en évitant un italien qui l’avait pisté jusqu’ici sans que le catalan ne sut comment il avait fait. Cela faisait d’ailleurs quelques jours qu’il n’avait pas eu de nouvelle du furieux. A sa grande surprise, il fallait croire que le pisteur ne l’avait pas vu en compagnie de la Comtesse lors de la soirée mondaine ou que cet appartement parisien était suffisamment discret et que son propriétaire restait bien caché. La suivante qui sortit à ce moment-là du cossu établissement et monta silencieusement pour s’installer aux côtés de la Resmcheid fit douter le chapeauté: une dame de qualité avec sa suivante, son luxe, ses longs cheveux d’un noir de jais et vêtue comme elle l’était ce premier soir ne passait pas inaperçu.

- Madame, votre main je vous prie.

Et puis il y avait eu cet autre soir dans une ruelle parisienne, ce soir où après une danse, elle l’avait provoqué, avait plus que suscité son intérêt et l’avait amené à se découvrir. Ce soir-là, il avait pris des risques inutiles. Ce n’était pourtant guère dans les habitudes du solitaire. Hristo Montoya n’avait personne pour parer les coups qui pouvait surgir dans son dos après qu’il eut commis un impair. Ce soir-là, dans ce même appartement, il l’avait jaugé. Jusqu’à un certain point, il avait estimé qu’elle était comme lui. Il lui avait fait cette proposition. Certains auraient dit « indécente », lui appelait ça plutôt une proposition « indésanglante ». Et oui ce soir-là, il s’était trompé. Elle n’était pas comme lui. Elle avait des points communs avec lui mais elle était plutôt…surprenante. La comtesse de Remscheid était riche, cultivée, intelligente, bien faite de sa personne. Elle avait du goût… Et en plus, elle avait d’adorables addictions qu’il pourrait alimenter. Il n’en fallait pas plus au Montoya pour que l’annonce de son départ fut classée dans le dossier des mauvaises nouvelles.

Ses lèvres effleurèrent à peine ses phalanges. Le dernier message qu’il avait à lui passer vint plus par le contact de ses doigts raffinés sans aucune callosité paysanne dans les mains de la rhénane.


- Portez-vous bien Loreleï. J’ai déjà hâte de vous revoir.
Comtesse_de_remscheid
    Luminosité estivale, puissante, aveuglante, regard clair n'appréciant que modérement la vigueur de l'astre solaire, la comtesse de Remscheid s'engouffra prestement dans le fiacre que le chevalier avait fait mandater en son nom.
    L'insistance du catalan à savoir les raisons du départ de la rhénane se poursuivait encore ici bas, en pleine rue, quand apprendrait-il qu'une dame qui ne veut pas évoquer clairement les tenants et aboutissants d'une situation et de sa raison d'être à un moment ne le fera pas plus l'instant suivant, s'il avait su provoquer un intérêt certain chez elle, l'impudence se devait de rester dans le cadre du protocole, tout comme sa curiosité.

      Chevalier, sachez que mes décisions ne sont que rarement prises avec impulsivité, surtout quand il s'agit de mes affaires.


    L'opalescence de son regard vira vers sa suivante qui rejoignait le convoi, l'ouïe ne perdant cependant pas une miette de ce qui ressemblait de plus en plus à des jérémiades ou à un caprice d'enfant dans la tournure des propos.
    Etait-il question de confiance que de ne point mêler un homme, courtisan de son état, à des affaires qui n'avaient rien de "badineries" poudrées façon Nemours ?
    Une missive glissée dans la main de sa seconde et tout était en ordre pour le départ, son attention se reportant sur Hristo agrippé à la porte, en tout cas ainsi le percevait-elle alors qu'elle lui offrait la main qu'il lui quémandait la déposant au creux de la sienne du bout des doigts avec une délicatesse certaine.

      Chevalier, il n'est point question de douter de vous, ne vous ai-je point laisser la jouissance de mes appartements ici ? Il est juste certains aspects des affaires que je dois traiter qui ne sont pas conciliables avec votre présence alors en quoi cela vous serait-il utile de savoir où et pourquoi.
      Je dois m'absenter de Paris vous n'avez aucun besoin d'en savoir plus et nous nous reverrons à mon retour Hristo.


    Ils se reverraient surement avant ça, mais le catalan l'ignorait encore, nulle utilité à gâcher une potentielle surprise, et la comtesse avait d'autres obligations à honorer dans les jours à venir, en Rhénanie entre autre.
    Baise main et au revoir catalan terminé, Loreleï inclina la tête vers le chevalier, lui laissant tout juste le temps de descendre de la marche du carrosse tapant le bois du cocher pour signifier qu'il était temps de partir, Paris verrait la comtesse revenir mais seul le temps dirait quand, son défunt mari avait laissé quelques... "grainailles" qu'il lui fallait mettre au clair, et pour ça elle se devait de retrouver ses hommes de loi.
    Le reste de ses occupations annexes viendraient ensuite.

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