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[RP] Quand vous êtes loin de moi...

Isaure.beaumont
Colis breton et lettre nordique l'avaient trouvée à retardement. Ils l'avaient manqué de peu à la Trémouille et c'est donc à Limoges qu'elle en avait pris connaissance.

Le paquet fut considéré en premier. Ignorante de sa provenance, elle l'avait déballé avec impatience devant ses deux compagnons de fortune, l'un un peu plus intime que l'autre, mais tous les deux précieux dans ces temps de sécheresse amicale. Si aucun mot ne l'accompagnait, l'expéditeur ne faisait aucun doute. Dana lui avait concocté à sa façon le panier garni de l'amour. Un lit de carottes croûtée, sa spécialité, tendrement surmonté de quelques châtaignes éparses, d'un épi de maïs et de feuille de menthe agréablement parfumées. Le tout arrosé d'une généreuse quantité de la plus collante des douceurs: le miel. Et ce colis se suffisait à lui-même, pas besoin de mot pour comprendre l'intention. C'était un "vous manquez à ma vie, je pense à vous". N'est-ce pas ? N'est-ce pas que ça l'était ! Car c'est ce qu'elle voulait entendre, lire ou comprendre.

C'est donc les doigts collant qu'elle prit ensuite connaissance du contenu de la lettre qui la plongea dans une suite de sentiments. D'abord elle s'indigna vertement contre le nordique. Ensuite elle fut touchée, parce qu'il avait pris le temps de coucher quelques mots pour elle. Puis la joie puisqu'il disait la vouloir dans la vie de Brynjar Enfin, la tristesse s'empara d'elle car il était évident que les deux barbares qui venaient pourtant de malmener son cœur, y avait une place des plus importantes, l'un comme l'autre. Et qu'ils lui manquaient terriblement.

Pourtant...



Citation:
Nærbøfj-Røykkness,

Votre effronterie surpasse de loin votre intrépidité, elle lui fait d’ailleurs tant d’ombre que soudainement, il me semble que vous n’êtes plus fait que de cette insolence ! Si vous lui avez donné votre nom, il me semble que vous ne portez pas le doux prénom de Brynjar, et que si j’avais voulu que vous lisiez mes mots, si intimes, je vous aurais adressé un pli, en y inscrivant le vôtre de prénom ! Est-ce le cas ? Je ne rappelle à aucun moment avoir inscrit sur le pli « Theodrik, décachetez-moi ! ». Vous outrepassez vos droits, Nærbøfj-Røykkness, comme chaque fois !

Ouvrez-moi tant de paumes qu’il vous plaira, il n’y en a qu’une qui mène au cœur, et les vampires des marais ont fait leur œuvre. Je vous ai exaucé, Theodrik, je vous ai exaucé et je facilite votre vie. Vous ne me devez désormais plus rien, et vous savez aussi bien que moi que je ne fais pas erreur. Vos intentions étaient claires, à défaut de vos raisons.
J’ignore d’ailleurs le message que vous tentez de me faire passer, puisque vous ne savez pas quoi écrire. Sans doute essayez-vous de vous donner bonne conscience ? De m’avoir ainsi abandonnée à la frontière angevine ! Je ne veux pas être l’objet de votre soudaine pitié, de votre sursaut de conscience ou de votre pressant repenti. Dites à votre épouse qu’un lit de carotte croutées, fussent-elles en or, n’y changeront rien. Je vous en veux. A tous les deux.

Et je vais vous souffler ce que vous auriez pu écrire dans cette lettre. Vous auriez pu m’exposer enfin clairement les reproches que vous me faites. En quoi ai-je déçu votre âme et votre cœur pour que vous me rejetiez soudainement avec tant de force, l’un et l’autre ? Comment pourrais-je croire après tout cela que vous me voulez auprès de votre fils ?

Je pensais pourtant vous avoir prouvé ma loyauté en brisant les espoirs de cette pauvre Céleste, je pensais que ni Dôn, ni vous, ne pouviez douter de mon indéfectible attachement. A croire que rien n’est jamais assez. Et sans doute étais-je ce dérangeant gravillon dans la chausse, que vous avez ôté sans ménagement sur le chemin angevin. A moins que je j’ai pesé trop lourd à votre vie, comme un pavé duquel vous vous seriez encombré. Qui s’encombre de pavé ? C’est ridicule ! Aussi m’avez-vous laissée sur le bord du chemin, pour que de pauvres hères viennent paver, avec leur misère et désormais la mienne, les routes françaises ?

Je me sens pauvre de vous, et cela à jamais. Vous m’avez appris une belle leçon, qui n’a rien de beau, en réalité : l’amitié fraternelle est bien plus vaine et douloureuse que l’amour. Elle vous laisse encore plus démunie qu’un amour déçu. Ainsi, Dan se remettra bien plus vite de mon rejet que moi du vôtre.

Allez en paix, Theodrik, je ne vous en voudrai bientôt plus, puisque les vœux que je prononcerai laveront tous les affronts que vous m’aurez fait. Le premier d’entre eux fut de ne pas m’estimer suffisamment importante et intime pour assister à vos noces. J’aurais dû y voir là un message et me préparer à la chute vertigineuse dans laquelle vous m’avez précipitée.

Adieu,

Que le Très Haut vous garde.

Isaure Von Frayner

PS : Embrassez tout de même Brynjar pour moi. Parce qu’il ne mérite pas mon indifférence.
PS2: Vous avez mal imaginé. Je vous ai maudit en public, bien loin de ma table de chevet. Et je suis bien heureuse de ne pas avoir invité votre souvenir dans mon lit !




_________________
Don.
Rien ne va, et elle n'est pas là.


Citation:
Dôn af Nærbøfj-Røykkness,
"Le cloaque"
Saumur - ANJOU


Isaure,

Rien n'est jamais acquis. Et quand nous pensons pouvoir nous ouvrir au monde, distiller notre bonne humeur et ravaler nos rancœurs, il broie tout. Il broie les instants que vous pensez privilégiés. Il broie les promesses et les espoirs. Il broie le passé, pour mieux balayer le présent et se rire de l'avenir. Il broie l'étreinte qu'il pensait exquise, douce.

Il broie.
Mais j'ai broyé aussi. J'ai broyé votre confiance.
Aucune excuse n'est à fournir, parce qu'elle serait vaine tant votre colère doit être folle. Je n'ai jamais voulu me séparer de vous, et vous comprendrez aisément qu'il m'était vital de suivre mon époux. Voyez ? La justification est déjà bien pitoyable, imaginez si une explication suivait celle-ci. Vous seriez définitivement déçue.

J'ignore encore pourquoi nous nous sommes séparés.
J'ignore si ma place est là où je me trouve actuellement.
J'ignore tant de choses, Isaure.

Je me lève, le matin. Pleine de bien, et le soir ma couche accueille un être désœuvré. Incertain.
Le chagrin me vient, lorsque je pense à mes actes, mes erreurs, celles des autres et aussi... Surtout lorsque je pense à vous. Mais je vous porte en mon cœur, en mon sang. Oui, qu'importe ce que les sangsues ont tenté d'aspirer, vous êtes mienne, comme je suis vôtre. Comme Théodrik l'est. Comme Cassian, l'est.
Si mon homme s'impose comme la déchirure la plus vive en mon âme, vous n'êtes pas loin de le détrôner tant je pense à vous, larmes aux poings.

Il m'était difficile de trouver quoi vous dire, sans paraître malhonnête et pourtant, tout vient si vite, que ma plume ne sait plus comment retranscrire tout ce que ma main lui dicte.

Brynjar est là, tout près de moi. Nous sommes installés ensemble dans une auberge appartenant à un roux au nom aussi angloys qu'il ne l'est pas.
Au sol, il m'est simple de repérer quelques restants d'une vomissure sèche. Par chance, mon fils ne peut guère percevoir l'odeur pestilentielle qui s'en dégage. Roykkness junior est malade. Il respire mal, et je passe de longues heures à l'enlacer afin de l'inciter à boire, et surveiller ses fréquences respiratoires. Mais il passera l'hiver. Je l'espère, Marzina semblait être sure d'elle lorsqu'elle l'a affirmé.

Bref.
Vous me manquez, et je vous aime.

Dôn.

P.S : Le miel était-il bon ?




_________________
Theodrik
Saumur, toujours.
La fierté tue dans l'œuf un semblant de manque, ou d'attachement.
Trouver une excuse fut toujours plus facile que d'avouer.


Citation:
Beaumont,

L'état de Brynjar s'empire. On craint qu'il ne faille lui aspirer la substance verdâtre qui obstrue ses faibles poumons. Sa voix siffle quand il braille. Oseriez-vous manquer son premier (et peut-être dernier) noël ?

Nous avions tous besoin de souffler.
Surtout moi, pour éviter de saigner l'prématuré qui se dit garde-du-corps.
C'est oublié ?

T.

PS : Il aurait été fort agréable pour vous d'emporter mon souvenir dans votre lit, mais fort gênant également. Affront oublié.

_________________

By JD Dôn.
Isaure.beaumont
[QUelques jours plus tôt]

Au calme des gorges chaudes, Isaure avait pris la plume pour enfin répondre à celle qui fut sa siamoise, son sang, son âme. Dramaturge l'Isaure ? Si peu...


Citation:

Dôn,

Je vous confirme. Rien n’est jamais acquis. Dois-je vous rappeler dans ces quelques pauvres lignes que je m’apprête à vous livrer que j’en ai fait l’amer constat ces dernières semaines, ces derniers mois ? Que même ce qu’il y a de plus beau, de plus pur peut s’enlaidir en un battement de cil malheureux ? Comme le soleil rayonnant se fait éclipser par des nuages noirs et grondants.

Je suis en colère Dana, et pourtant il me déplaît de lire que vous errez dans le désœuvrement le plus total, que vous âme se fane. Mais en même temps, quand je lis le nom de l’endroit depuis lequel vous m’écrivez ces mots, je veux bien croire que votre moral est terni. De grâce, changez de lieu, vous n’êtes pas faite pour être dans un cloaque. Choisissez donc un endroit dont le nom évoquerait plus de légèreté et rimerait avec joie. Cela égaiera votre âme et apaisera votre cœur.

Et j’ignore si cela peut vous rassurer mais je me sens également démunie. Comme si une nouvelle fois nos corps et nos âmes avaient été arraché l’un à l’autre. Comme si le sort, non content de nous avoir déjà séparées autrefois, réitérait la douloureuse expérience. N’a-t-il donc pas assez joué avec nous ? Ne peut-il nous laisser quelque répit ?

Votre nom trouve toujours écho aux confins de mon cœur, mais je garde toujours l’amertume de votre silence aux frontières de l’Anjou. Et je crains que vous ayez tort : elles étaient au nombre de six à pomper la moindre goutte de vos trois sangs mêlés au mien. Mes cuisses et mes mollets en ont gardé longtemps vestiges de leurs morsures libératrices.

Et si votre sang s’en est allé, comme évaporé, je ne parviens pas à me détourner encore complètement de vous. Vous n’êtes plus mes obligés, mais sans doute suis-je condamnée à être la vôtre, pour avoir brisé ce qui ne pouvait l’être.

Je vous pardonnerai, Dana, quand l’eau aura rongé la pierre tant et si bien qu’elle ne sera plus qu’un ridicule grain de sable. Je vous pardonnerai quand la graine aura étendu ses branches jusqu’à toucher les cieux. Je suis vouée à vous pardonner, mais laissez-moi encore un peu de temps pour vous en vouloir.

Mon cœur souffre de lire que mon adoré filleul votre adorable fils est souffrant. Je ne doute pas que vous saurez l’entourer de tout l’amour nécessaire à sa guérison rapide. Dites-lui qu’il me manque et qu’il n’existe pas une journée, pas une heure, où je ne pense pas à lui. Vous trouverez d’ailleurs, joint à cette lettre, un petit paquet à son attention. Prévenez donc votre époux, qu’il s’agit bien d’un présent pour Brynjar et qu’il ne peut en aucune façon se l’approprier, comme il le fit avec la lettre que je lui destinais. Ce n’est qu’un simple éléphant de guerre en bois, mais j’ose espérer qu’il lui plaira et qu’il saura faire jaillir de son imagination de grandes histoires.

Adieu, Dana.

Que le Très-Haut veille sur vous

Isaure




La lettre était accompagné d'un petit paquet soigneusement emballé dans lequel se trouvait une magnifique pièce de bois sculpté par Arnauld Cassenac: un éléphant de guerre.

_________________
Isaure.beaumont
Citation:

Ma très chère Dana,


J’ignorais que la vie monastique était si remplie, si intense et intensive. Je n’ai pas un instant à moi et si je m’étais promis ne plus jamais user de mes mains pour des travaux ingrats et difficiles, me voilà à le faire de nouveau : j’œuvre pour le Très-Haut. Chaque jour, chaque heure qu’il fait. J’œuvre pour lui sans jamais prendre le temps de souffler et penser à moi. Je prie, je travaille, je prie, je dors un peu. J’en oublie même de manger, mais cela ne change pas grand-chose, puisque depuis que vous m’avez révélé mon gras menton, j’avais déjà cessé de le faire. Mon corps se sculpte, se défait de ses formes superflues et pourtant Dana ce double menton résiste et persiste. Je ne parviens à m’en défaire, à le faire fondre comme le reste de mon corps. Il faudrait que je vive tête en l’air, pour que je ne puisse étirer entre mes doigts la chair qui l’orne. A croire que menton et poitrine se font un plaisir de me déplaire et de me déformer! J’aimerais les voir disparaître tous deux, et c’est pourtant l’effet inverse qui se passe. Ils gonflent, ils enflent, ils se disproportionnent : bientôt je ne serai faite plus que d’un menton gras et d’une poitrine débordante.


Je cesse sur le champ de parler de ma petite et grasse personne pour vous demander des nouvelles. Avez-vous fait bon voyage jusque Montauban ? Comment se porte mon adorable et parfait filleul ? Lui manqué-je ? Pleure-t-il de ne plus me voir chaque jour ? Et mon cher Theodrik est-il d’élégante humeur ou devez-vous souffrir son caractère bileux ? Racontez-moi donc votre vie à Montauban. Qu’y faites-vous, qu’y et qui voyez-vous ? Dites-moi tout, contez-moi chacun de vos faits et de vos pensées. Chacun de vos sentiments et ressentiments.


Je pars ce soir pour Limoges, et seule. J’ai reçu une lettre de celle que nous avions embauchée pour tenir les gorges en notre absence. Cette femme est de peu de volonté. Elle fuit à cause de votre satané chat Caillou. Elle le dit habité par le diable et elle n’ose plus s’aventurer dans la réserve de crainte de voir ses yeux diaboliques s’arrondirent avant que votre affreux félin n’attaque ses dodus mollets. Or les fûts sont vides désormais, et nos clients désertent. Je m’en vais donc résoudre ce problème afin de vous éviter d’avoir encore de la route à faire. J’y serai sous quatre jours et j’espère trouver rapidement quelqu’un pour remplacer cette incapable et remettre dans le droit chemin votre boule de poils blanche. Je vous tiendrai informée du sort que je lui réserve et de la solution trouvée pour les gorges.


Que le Très-Haut veille sur vous Dana, et sur vos deux hommes.


Isaure



[i]
_________________
Don.
Citation:
Adcʼhroñj, adelgezh,

Vous me manquez. N'est-ce pas là, le strict nécessaire à écrire ? Devrais-je m'étendre alors que ces trois mots seulement résument à eux seuls, ce que j'éprouve simplement lorsque je suis loin de vous ?

Je l'aime ce petit menton, tout particulièrement parce qu'il emprunte sa douceur à tous les moelleux aux citrons qu'il me serait possible de goûter. Il n'a rien à envier à la fragilité certaine d'un far breton, ce réputé flan tremblant à chaque assaut d'un cuiller trop attiré pour renoncer à la dégustation tant attendue. Conservez-le ! Laissez lui une chance de vivre ! Ce tant honoré frère de la gelée de coing ! J'en pince pour lui, et rêve de venir poser mon regard sur cette double courbe rappelant celles des poires à l'hypocras. Il en a la couleur aussi, lorsque vous oubliez de nouer autour de votre cou, le foulard pourtant bien utile en cette saison et qui de par son rôle premier vous évite de solliciter l'Ankou et d'apporter à votre chair la vive teinte d'un vin de Bordeaux.

J'abrège ce court éloge, car en plus d'être mauvais, il est inapproprié. Me voilà bien plus sage désormais, car je suis prête à répondre à chacune de vos interrogations.
Le voyage jusqu'à Montauban fut donc bon. Théodrik est de bonne compagnie, même si son temps est davantage accordé à mon dernier né qu'à ma sinistre personne. Un jour, il me fut rapporté qu'il pensait de son épouse, qu'elle était une femme triste. Perpétuellement triste. J'en ai été profondément affectée, puisqu'il s'évertuait à me dire qu'une aura colorée s'émanait de ma personne. Peut-être évoquait-il celle de la voisine, parce qu'il me parait impossible d'être à la fois une explosion de pigments et un être totalement lugubre à la larme reconnue facile. Qu'en pensez-vous ?

Revenons-en à Brynjar. Son nom de baptême sera Basile. Vous l'imaginez ? BASILE ? Même en majuscules il m'est pénible de l'écrire. Evidemment, vous le devinez donc aisément, il va mal. Votre parfait filleul ne l'est plus. Brynjar Basile. BB. Il en a déjà honte, d'ailleurs le voilà qui régurgite. A m'entendre le dire, il s'en rend malade, je vais donc me taire et l'épargner d'une nouvelle salve de vomissures. Que la Sainte Gerbe le protège !
J'ai livré l'information à Léorique, qui figurez-vous se trouve à Montauban lui aussi. Et devinez qui était avec lui ? La fameuse demoiselle qu'il représentait de manière fort timide dans la dernière lettre évoquée en votre compagnie. Je n'ai malheureusement pas eu le plaisir de la rencontrer - et donc d'assouvir ma curiosité - puisque la pauvre était souffrante et devait garder le lit.
Cette jeune femme porte un nom tout à fait étonnant, mais peut-être pourriez vous m'éclairer sur sa signification. Il est d'origine anglaise et j'ignore de quelle façon il me faudrait l'écrire, pardonnez par avance mes faussetés. Elle s'appelle donc "Chat d'Eau". N'est-ce pas particulier ? Théodrik affirmait que "Dôn" l'était tout autant, quelle idée saugrenue ! A la rigueur, s'il avait dû épouser une "Goutte d'Huile" je n'aurais trop rien dit, mais est-ce que je lui impose un patronyme aussi laid ? Non ! Jusqu'à mon nom, je le respecte. Voit-il combien je le respecte ? Je ne crois pas Isaure, je ne crois pas !

Bref.
Montauban est vide, mais la guerre en Gascogne gronde. Je le savais, Tiernvaël avait su me prévenir pour m'éviter de fuir l'Anjou... Mais je ne voulais pas vous en informer
de crainte que vous décidiez de ne plus m'accompagner. Nous y voilà donc, la ville est morne, mais dès le retour des Bouillons je suis certaine que tout ira mieux. De toute façon, je n'ai pas souhaité partir de Limoges pour y retrouver la même agitation.
Il m'est assuré, au fond de moi, que mon époux y sera malheureux. Il sera malheureux parce qu'il s'efforce de faire pour moi. Il suit mes choix et m'impose à sa façon mes propres décisions. Vous n'ignorez aucunement l'intensité avec laquelle je l'aime mais il m'apparait essentiel d'apporter à Brynjar une stabilité que ses frères n'ont pu avoir cette dernière année. Ne me reste plus qu'à espérer pouvoir garder cet homme à mes côtés, sans mettre entre parenthèse l'avenir de notre petit.

Faites attention sur la route, il se pourrait bien que nous nous retrouvions plus vite que prévu.
Mon potager ainsi que le terrain où j'ai entreposé l'essentiel de mon bordel sont vendus.

Pok,
Dôn.






Adcʼhroñj, adelgezh : Double menton.
Pok : Bisou.

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Isaure.beaumont
Citation:

Ma Danadônamour,

Apprenez que nous sommes bien arrivés à Ste Illinda où je confierai votre précieux fils à notre chère Mère Ellya comme vous me l'avez demandé. Le voyage fut terriblement long: Brynjar n'a pas cessé de hurler et je ne suis parvenue à le calmer qu'au moment même où nous apercevions les murs de Ste Illinda se dessiner au loin. C'est le Confiteor qui est venu à bout de sa crise de larmes, je crois qu'il sera pieux, comme je l'ai rêvé. N'est-ce pas merveilleux ? Et rassurez-vous, suffisamment pécheur comme vous l'espériez, car il faut l'être un peu pour avoir à réciter le confiteor. Un pieux pécheur en somme. C'est une bonne chose.

Je prendrai la direction cette nuit de Limoges afin de réapprovisionner nos gorges chaudes après quoi je pense m'élancer vers les Flandres. Je ne les ai jamais visitées et je suis curieuse de voir si notre cher Charles-Henri s'y est bien établi. J'aimerais vous retrouver, et vous aider dans votre quête vengeresse mais j'ai deux âmes innocentes à protéger et je serai pour vous plus un poids qu'une véritable aide. Je prierai pour votre réussite et pour que vous me reveniez sainte et sauve.

Et de vous à moi, je n'ai pas envie d'avoir à supporter Archibald, ni même votre époux. Ce dernier a été véritablement odieux avec moi et je suis en peine de lui pardonner. Je ne peux accepter qu'il me traite ainsi et je ne l'accepterai d'ailleurs plus. Aussi préféré-je les éviter tous deux.

J'ai écrit à Octave pour lui annoncer que vous étiez prête à combattre ce pleutre de Namaycush. Je lui ai demandé de veiller sur vous. J'aurais aimé le faire, mais comme je vous l'ai déjà expliqué, je ne suis pas la meilleure à cet exercice et j'ai toute confiance en Octave. C'est un homme juste et généreux et il m'a été d'un grand soutien. Je gage que vous saurez apprécier comme je l'ai fait ses qualités et que vous saurez dépasser, comme je l'ai également fait, ses défauts fort prononcés. Figurez-vous qu'il me prend souvent à penser à lui et que sa compagnie me manquerait presque. Transmettez-lui mes amitiés quand vous le verrez.

Que le Très-Haut vous garde, Dana

Votre Isaure



_________________
Don.
Citation:
Isaurangeade fruitée,

Je suis rassurée d'apprendre que mon bambin se trouve entre de bonnes mains. Mère Ellya réclamait la présence de mon petit Salomon, mon roy, le dernier Salar né. Elle obtient à sa place, la descendance même d'une providence incarnée. Brynjar, mon petit Brynjar. Sa voix est aussi puissante que l'amour qu'il m'est possible de lui porter. Cet enfant est une fierté, un métissage parfait et je souhaite pour lui, un environnement sain, qu'il soit pieux ou non. Bientôt, nous irons le récupérer, son père et moi. Le lait de chèvre lui convient, mais jamais bien longtemps, une tétasse reste une tétasse et j'escompte bien partager les mamelles de son destin, jusqu'à ce qu'il soit en âge de devenir cavalier.

Lucie - La Canéda - se dirige elle aussi vers Limoges. Si vous avez le plaisir de la croiser, faites lui parvenir mes amitiés tout comme j'aimerais que vous preniez le temps de saluer convenablement Chôrles Hônri, pour moi.

Les Flandres... A l'époque où mes pieds foulaient quotidiennement les côtes celtes, j'entendais souvent parler de cette région. Gwilherm y a vécu, le saviez-vous ? Il y était médecin à l'armée. Tous l'appelaient Breizhou. Je vous livre cette information, avec l'espoir de vous voir revenir me conter quelques aventures passées, vécues par feu mon premier époux qui malheureusement n'a pas eu le temps de me présenter son frère, qui doit toujours habiter les lieux. Si vous retrouvez un homme, nommé Harscouët, faites-lui savoir qu'il me serait bon de rencontrer l'oncle de mon premier né, le frère de mon premier amour.

Je n'ai pas peur, ma sœur. Réservez vos prières pour ceux qui en ont besoin.
A mes côtés, comme vous le savez, se trouvent mon époux et Archibald. Nous allons tous très bien, et j'aimerais que vous ne pensiez guère à nous. Avancez, vivez, et nous nous retrouverons quand viendra le temps du manque ou celui des regrets. Que votre esprit soit libre et votre cœur léger.

Octave m'écrit à chaque inquiétude de sa part, et je dois bien admettre qu'il n'est en rien étonnant que vous soyez devenus si proches et amis en peu de temps. C'est un brave homme, qui ne semble avoir de vices cachés. Il est pieux, il est bon, il est généreux et n'utilise le mensonge qu'en cas d'extrême nécessité. Est-ce possible de réunir autant de qualités, capables d'évincer de potentielles carences ? Citez-moi celles que vous avez su regrouper, cela me facilitera la tâche lorsqu'il me faudra creuser ces soupçons.

En bref, en résumé : Tout va pour le mieux, ne vous retournez pas.

Pok,
Dana.





Au dessert, un petit mensonge qui évite à vos viscères de se tirer, ou s'tortiller. L'amitié implique souvent de se mordre la langue, cette fois-ci, c'est à la plume de se retrouver déchiquetée.
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