Isaure.beaumont
Colis breton et lettre nordique l'avaient trouvée à retardement. Ils l'avaient manqué de peu à la Trémouille et c'est donc à Limoges qu'elle en avait pris connaissance.
Le paquet fut considéré en premier. Ignorante de sa provenance, elle l'avait déballé avec impatience devant ses deux compagnons de fortune, l'un un peu plus intime que l'autre, mais tous les deux précieux dans ces temps de sécheresse amicale. Si aucun mot ne l'accompagnait, l'expéditeur ne faisait aucun doute. Dana lui avait concocté à sa façon le panier garni de l'amour. Un lit de carottes croûtée, sa spécialité, tendrement surmonté de quelques châtaignes éparses, d'un épi de maïs et de feuille de menthe agréablement parfumées. Le tout arrosé d'une généreuse quantité de la plus collante des douceurs: le miel. Et ce colis se suffisait à lui-même, pas besoin de mot pour comprendre l'intention. C'était un "vous manquez à ma vie, je pense à vous". N'est-ce pas ? N'est-ce pas que ça l'était ! Car c'est ce qu'elle voulait entendre, lire ou comprendre.
C'est donc les doigts collant qu'elle prit ensuite connaissance du contenu de la lettre qui la plongea dans une suite de sentiments. D'abord elle s'indigna vertement contre le nordique. Ensuite elle fut touchée, parce qu'il avait pris le temps de coucher quelques mots pour elle. Puis la joie puisqu'il disait la vouloir dans la vie de Brynjar Enfin, la tristesse s'empara d'elle car il était évident que les deux barbares qui venaient pourtant de malmener son cur, y avait une place des plus importantes, l'un comme l'autre. Et qu'ils lui manquaient terriblement.
Pourtant...
Le paquet fut considéré en premier. Ignorante de sa provenance, elle l'avait déballé avec impatience devant ses deux compagnons de fortune, l'un un peu plus intime que l'autre, mais tous les deux précieux dans ces temps de sécheresse amicale. Si aucun mot ne l'accompagnait, l'expéditeur ne faisait aucun doute. Dana lui avait concocté à sa façon le panier garni de l'amour. Un lit de carottes croûtée, sa spécialité, tendrement surmonté de quelques châtaignes éparses, d'un épi de maïs et de feuille de menthe agréablement parfumées. Le tout arrosé d'une généreuse quantité de la plus collante des douceurs: le miel. Et ce colis se suffisait à lui-même, pas besoin de mot pour comprendre l'intention. C'était un "vous manquez à ma vie, je pense à vous". N'est-ce pas ? N'est-ce pas que ça l'était ! Car c'est ce qu'elle voulait entendre, lire ou comprendre.
C'est donc les doigts collant qu'elle prit ensuite connaissance du contenu de la lettre qui la plongea dans une suite de sentiments. D'abord elle s'indigna vertement contre le nordique. Ensuite elle fut touchée, parce qu'il avait pris le temps de coucher quelques mots pour elle. Puis la joie puisqu'il disait la vouloir dans la vie de Brynjar Enfin, la tristesse s'empara d'elle car il était évident que les deux barbares qui venaient pourtant de malmener son cur, y avait une place des plus importantes, l'un comme l'autre. Et qu'ils lui manquaient terriblement.
Pourtant...
Citation:
Nærbøfj-Røykkness,
Votre effronterie surpasse de loin votre intrépidité, elle lui fait dailleurs tant dombre que soudainement, il me semble que vous nêtes plus fait que de cette insolence ! Si vous lui avez donné votre nom, il me semble que vous ne portez pas le doux prénom de Brynjar, et que si javais voulu que vous lisiez mes mots, si intimes, je vous aurais adressé un pli, en y inscrivant le vôtre de prénom ! Est-ce le cas ? Je ne rappelle à aucun moment avoir inscrit sur le pli « Theodrik, décachetez-moi ! ». Vous outrepassez vos droits, Nærbøfj-Røykkness, comme chaque fois !
Ouvrez-moi tant de paumes quil vous plaira, il ny en a quune qui mène au cur, et les vampires des marais ont fait leur uvre. Je vous ai exaucé, Theodrik, je vous ai exaucé et je facilite votre vie. Vous ne me devez désormais plus rien, et vous savez aussi bien que moi que je ne fais pas erreur. Vos intentions étaient claires, à défaut de vos raisons.
Jignore dailleurs le message que vous tentez de me faire passer, puisque vous ne savez pas quoi écrire. Sans doute essayez-vous de vous donner bonne conscience ? De mavoir ainsi abandonnée à la frontière angevine ! Je ne veux pas être lobjet de votre soudaine pitié, de votre sursaut de conscience ou de votre pressant repenti. Dites à votre épouse quun lit de carotte croutées, fussent-elles en or, ny changeront rien. Je vous en veux. A tous les deux.
Et je vais vous souffler ce que vous auriez pu écrire dans cette lettre. Vous auriez pu mexposer enfin clairement les reproches que vous me faites. En quoi ai-je déçu votre âme et votre cur pour que vous me rejetiez soudainement avec tant de force, lun et lautre ? Comment pourrais-je croire après tout cela que vous me voulez auprès de votre fils ?
Je pensais pourtant vous avoir prouvé ma loyauté en brisant les espoirs de cette pauvre Céleste, je pensais que ni Dôn, ni vous, ne pouviez douter de mon indéfectible attachement. A croire que rien nest jamais assez. Et sans doute étais-je ce dérangeant gravillon dans la chausse, que vous avez ôté sans ménagement sur le chemin angevin. A moins que je jai pesé trop lourd à votre vie, comme un pavé duquel vous vous seriez encombré. Qui sencombre de pavé ? Cest ridicule ! Aussi mavez-vous laissée sur le bord du chemin, pour que de pauvres hères viennent paver, avec leur misère et désormais la mienne, les routes françaises ?
Je me sens pauvre de vous, et cela à jamais. Vous mavez appris une belle leçon, qui na rien de beau, en réalité : lamitié fraternelle est bien plus vaine et douloureuse que lamour. Elle vous laisse encore plus démunie quun amour déçu. Ainsi, Dan se remettra bien plus vite de mon rejet que moi du vôtre.
Allez en paix, Theodrik, je ne vous en voudrai bientôt plus, puisque les vux que je prononcerai laveront tous les affronts que vous maurez fait. Le premier dentre eux fut de ne pas mestimer suffisamment importante et intime pour assister à vos noces. Jaurais dû y voir là un message et me préparer à la chute vertigineuse dans laquelle vous mavez précipitée.
Adieu,
Que le Très Haut vous garde.
Isaure Von Frayner
PS : Embrassez tout de même Brynjar pour moi. Parce quil ne mérite pas mon indifférence.
PS2: Vous avez mal imaginé. Je vous ai maudit en public, bien loin de ma table de chevet. Et je suis bien heureuse de ne pas avoir invité votre souvenir dans mon lit !
Votre effronterie surpasse de loin votre intrépidité, elle lui fait dailleurs tant dombre que soudainement, il me semble que vous nêtes plus fait que de cette insolence ! Si vous lui avez donné votre nom, il me semble que vous ne portez pas le doux prénom de Brynjar, et que si javais voulu que vous lisiez mes mots, si intimes, je vous aurais adressé un pli, en y inscrivant le vôtre de prénom ! Est-ce le cas ? Je ne rappelle à aucun moment avoir inscrit sur le pli « Theodrik, décachetez-moi ! ». Vous outrepassez vos droits, Nærbøfj-Røykkness, comme chaque fois !
Ouvrez-moi tant de paumes quil vous plaira, il ny en a quune qui mène au cur, et les vampires des marais ont fait leur uvre. Je vous ai exaucé, Theodrik, je vous ai exaucé et je facilite votre vie. Vous ne me devez désormais plus rien, et vous savez aussi bien que moi que je ne fais pas erreur. Vos intentions étaient claires, à défaut de vos raisons.
Jignore dailleurs le message que vous tentez de me faire passer, puisque vous ne savez pas quoi écrire. Sans doute essayez-vous de vous donner bonne conscience ? De mavoir ainsi abandonnée à la frontière angevine ! Je ne veux pas être lobjet de votre soudaine pitié, de votre sursaut de conscience ou de votre pressant repenti. Dites à votre épouse quun lit de carotte croutées, fussent-elles en or, ny changeront rien. Je vous en veux. A tous les deux.
Et je vais vous souffler ce que vous auriez pu écrire dans cette lettre. Vous auriez pu mexposer enfin clairement les reproches que vous me faites. En quoi ai-je déçu votre âme et votre cur pour que vous me rejetiez soudainement avec tant de force, lun et lautre ? Comment pourrais-je croire après tout cela que vous me voulez auprès de votre fils ?
Je pensais pourtant vous avoir prouvé ma loyauté en brisant les espoirs de cette pauvre Céleste, je pensais que ni Dôn, ni vous, ne pouviez douter de mon indéfectible attachement. A croire que rien nest jamais assez. Et sans doute étais-je ce dérangeant gravillon dans la chausse, que vous avez ôté sans ménagement sur le chemin angevin. A moins que je jai pesé trop lourd à votre vie, comme un pavé duquel vous vous seriez encombré. Qui sencombre de pavé ? Cest ridicule ! Aussi mavez-vous laissée sur le bord du chemin, pour que de pauvres hères viennent paver, avec leur misère et désormais la mienne, les routes françaises ?
Je me sens pauvre de vous, et cela à jamais. Vous mavez appris une belle leçon, qui na rien de beau, en réalité : lamitié fraternelle est bien plus vaine et douloureuse que lamour. Elle vous laisse encore plus démunie quun amour déçu. Ainsi, Dan se remettra bien plus vite de mon rejet que moi du vôtre.
Allez en paix, Theodrik, je ne vous en voudrai bientôt plus, puisque les vux que je prononcerai laveront tous les affronts que vous maurez fait. Le premier dentre eux fut de ne pas mestimer suffisamment importante et intime pour assister à vos noces. Jaurais dû y voir là un message et me préparer à la chute vertigineuse dans laquelle vous mavez précipitée.
Adieu,
Que le Très Haut vous garde.
Isaure Von Frayner
PS : Embrassez tout de même Brynjar pour moi. Parce quil ne mérite pas mon indifférence.
PS2: Vous avez mal imaginé. Je vous ai maudit en public, bien loin de ma table de chevet. Et je suis bien heureuse de ne pas avoir invité votre souvenir dans mon lit !
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