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[RP] La plage de l'Huveaune

Catelyne
Tout comme La mer, qu'on voit danser le long des golfes clairs a des reflets..... changeants, mon esprit en avait tout autant. Seul mon coeur bien que tiraillé restait égal à lui même sans changer l'objet de son émoi.
Hélas sans doute aurait ce été le mieux, mais je n'étais guère une femme versatile. Sans doute était ce là mon plus grand défaut. Aussi, sans que je puisse y changer quelque chose, Il ne quittait que fort rarement mes pensées.

Au sortir de la taverne, où encore j'avais fini par me sentir au plus mal à cause de Ses propos, mes pas me menèrent vers cette Mer qui toujours savait m'apaiser.

Arrivée sur la plage, sans me soucier des gens qui ne manqueraient sans doute pas de s'y promener, je quittais mes chausses et mes bas, les laissant près de ma besace. Puis petit à petit, je quittais le reste de mes vêtements, avant de courir vers les flots, où je plongeais.

Nulle vague ici, ne venaient frapper mon corps, et la température de l'eau était si douce que je pensais à une ancien compagnon de route qui préférait les baquets en compagnie dès qu'il le pouvait d'une baigneuse....
Cette pensée me fit sourire quelque peu, alors que j'allais plus loin délaissant le bord de mer pour me laisser happer par le large.

Je plongeais alors dans l'onde pour découvrir les fonds qui ne manquaient pas de couleurs.


Je fus assez émerveillée par ce spectacle et me dis qu'au final cette ville, et surtout sa mer, valait peut être que je m'y attarde encore un peu, même s'il me fallait souffrir encore.....
Domdom
[ Face à l'amer...]


L'homme marchait le long de l'estran, portant ses chaussures à la main.
Il adorait sentir le sable mouillé s'affaisser sous son poids et laisser son empreinte à chaque pas.
Cette heure matinale était le meilleur moment de la journée pour une balade en bord de mer, avant que le soleil et la chaleur ne viennent torturer et griller quiconque aurait une éventuelle velléité de promenade.

La plage était déserte et seul le cri des mouettes piaillant dans les airs accompagnait celui des vagues dentelées d'écume blanche, partant inlassablement à l'assaut du sable.

Domdom s'arrêta, fixant vaguement un point indéfini à l'horizon, s'imprégnant de ce moment de pure félicité.

Puis il reprit son chemin, jetant de temps à autre un regard fugace vers la ville, dans l'espoir de voir apparaître une silhouette.

Viendrait elle ?

Le conteur avait lancé l'idée la veille au soir , dans la taverne de l'Ortie, un peu comme une boutade, un délire fusant en une fin de soirée bien arrosée.

La brunette avait saisi l'idée au bond, acceptant la proposition d'un quasi inconnu, qui avait juste échangé quelques mots avec elle, lorsque les autres les avaient laissés seuls, en toute fin de soirée.

Le brun sentait encore les miasmes de cette soirée de retrouvailles bien alcoolisées lui tournicoter dans le ventre et lui tambouriner aux tempes.
Qu'importe ! De nouvelles chopes ingurgitées en taverne règleraient ce petit problème.


Domdom se pencha vers le sable pour ramasser un coquillage vide, qu'il lança vers la mer, comme le vieil homme le faisait avec les étoiles de mer, dans le conte que Diane adorait qu'il lui raconte.

_________________
Chiara_champlecy
La plage.

C'était la première chose que Chiara était allée voir le jour de son arrivée à Marseille, il y a deux mois maintenant.
Depuis, elle venait ici tout les jours, trouvant ce lieu d'un calme absolu et d'une beauté sans égale.
Aujourd'hui était un jour comme les autres, il faisait beau et chaud, la mer était belle.
La Brune retira ses chaussures et marcha sur le sable, cherchant l'endroit parfait. Au bout d'un moment,Chiara trouva un rocher s'assit et sorti de sa besace son carnet et sa peinture, elle se mit au travail et pendant plusieurs heures, elle se mit à peindre la plage.
Le vent faisait onduler ses cheveux, alors qu'elle regardait son oeuvre, l'air concentrée.
Lorsqu'elle eu fini, elle reposa ses pinceaux et la toile, et parti se baigner en attendant que cela sèche. Puis elle prit ses affaires, les rangea et reparti vers sa chambre.
Diane...
Dans toutes les larmes, s'attardent un espoir... (Simone de Beauvoir)

Ce matin là, c'est aux aurores que la blondinette avait quitté la couche. Elle se rendit dans la salle de toilette et prit un bain aux essences d'huiles de roses blanches citronnées et au jasmin d'orient comme à son habitude.
Elle regardait l'eau, pensive, tout en caressant son ventre rond.
Tout était trop calme et elle raccourcit la durée de ce bain qu'habituellement elle adorait.
La pièce était embaumée de ses fragrances, mais pour une fois, la blonde s'habilla rapidement sans s'attarder. Elle revêtit une simple houppelande de mousseline blanche, laissant ses cheveux lâchés et sortit de là.


La jeune mère entrouvrit la porte de la chambre des jumeaux pour s'assurer qu'ils dormaient bien et salua Célestine qui venait de se lever.

Elle ne prit guère le temps de déjeuner et partit de chez eux, un petit bout de brioche à la main qu'elle grignota sur le chemin, assise dans le carrosse.


Diane fit son petit tour au conseil où il ne se passait toujours rien et chez Folie pour y déposer quelques vélins, puis se rendit à son fournil.
Tout était prêt pour préparer les gâteaux qu'elle avait prévu pour les enfants qui fêtaient en ce jour leurs deux ans.


Elle avait prit soin de demander à Célestine de leur faire leur repas préféré pour ce jour et de son côté, elle s'occuperait elle-même des pâtisseries.

Une tarte aux pommes, un gâteau aux noisettes et un à l'orange plus tard, elle rentra à la maison de la plage.


Elle s'arrêta devant la porte, prenant une grande inspiration avant de pénétrer à l'intérieur où elle devrait afficher un sourire pour donner le change pour les enfants.

Coucou mes petits amours, bon anniversaire!!!

Elle leur fit un grand sourire, s'asseyant sur le fauteuil de l'entrée pour les câliner alors qu'ils la rejoignaient en riant, son ventre l'empêchant de s'accroupir.

Après le déjeuner du midi, elle leur offrit quelques cadeaux, dont deux nouvelles petites tenues, une poupée pour Alice et une mini charrette en bois qu'elle avait trouvé fort jolie sur le marché quelques jours auparavant, pour Benjamin.

Un réel sourire vint apparaître sur les lèvres de la blonde, lorsqu'elle avait vu leurs petits yeux brillants en ouvrant leurs présents.

Un "je vous aime" et un câlin plus tard et tout le monde se prépara pour aller à la plage. Point de sieste ce jour, elle voulait les voir s'amuser et juste dessiner cette insouciance si précieuse qu'ont tous les enfants.


Elle prépara un panier avec les gâteaux, ainsi que son carnet à dessins avec plusieurs fusains. Diane était déjà fatiguée, n'ayant que peu dormi les nuitées passées.

Ils s'installèrent sur la plage derrière la maison, une couverture étendue sur le sable. La blondinette fit des nœuds à sa houppelande, libérant ses chevilles et mollets du tissus et emmena les enfants sur le bord de l'eau.
Elle les amusa un moment, jusqu'à sentir qu'il était temps de s'asseoir pour elle. La grossesse arrivait à terme et la blonde tenait de moins en moins. Ses chevilles, ainsi que son dos la faisaient souffrir et elle avait promis d'être raisonnable. alors elle se rapprocha avec les enfants de la couverture où elle s'assied doucement, laissant les enfants jouer avec quelques jouets que les deux femmes avaient ramené.


Diane avait prévenu Adel et Jon qu'ils seraient sur la plage et qu'ils seraient ravis de partager un morceau de gâteau avec eux.

En attendant, la jeune femme sortit son carnet qu'elle ouvrit à l'un des vélins encore vierges et commença à dessiner les petits, toute concentrée qu'elle était.

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Suzanne


Depuis combien de semaines, de mois, n'avait-elle pas connu tels tourments ?

Suzanne, vous ne devez pas bouger ! que vous alliez en taverne, soit, mais...
Je vous en prie Violette... je... j'ai besoin... Vous me connaissez par coeur...

La main tendre vint effleurer la douce joue de son fils, sagement assis à jouer : tout à l'heure, je t'emmène jouer avec d'autres enfants. Maman revient vite.

Le regard de la brune accrocha celui de Violette, laquelle put déceler l'intense détresse dans laquelle la maman se trouvait. La dernière fois qu'elle l'a vue ainsi, c'était il y a un peu plus de deux ans... Violette hocha donc la tête, ne sachant trop bien de quoi la brune était capable.

Si vous n'êtes pas de retour dans une heure, je vous fais chercher.
Je serai juste là, sur la grève... vous me verrez sûrement des fenêtres ou du jardin... conclut Suzanne en sortant aussi vite que possible, sentant de nouveau les sanglots l'étouffer.
Ils avaient eu la chance de trouver demeure en "bord d'écume"... quelques pas à peine pour se retrouver face à la mer et au port. De là, ils pouvaient voir leur bateau sommeiller, bercé par la houle.
Dans le ciel de Suzanne, des nuages gris se pourchassaient, et d'autres plus sombres, qui charriaient toujours les mêmes souvenirs vifs...
A force de patience et de douceur, Romaric avait contribué à l'apaisement de son coeur et de son âme à la sensibilité exacerbée. Il était ce baume quotidien qui cicatrisait ses blessures passées.
Quatorze jours sans lui... sans son sourire, sans son rire, sans cet éclat taquin dans le regard, sans la douceur de sa voix... Immanquablement, les failles s'ouvraient de nouveau une à une, laissant échapper les remous d'un passé chaotique.

Après avoir marché, peut-être trop longuement pour son état, elle trouva à se reposer contre un rocher, ne voulant pas prendre le risque de s'asseoir à même le sable -manquerait plus qu'elle donne naissance à la manière d'une tortue- craignant de ne plus pouvoir se relever.

Et comme un écho au ressac, dans un cri étouffé, le chagrin jaillit de nouveau avec force, inondant ses joues...Chaque matin, après une nuit sans sommeil, elle se levait avec l'espoir d'une nouvelle rassurante... qu'il avait enfin ouvert les yeux, que la fièvre l'avait quitté... chaque soir, quand elle retrouvait la maison trop silencieuse... Tristan endormi sous la garde de Violette, elle retrouvait l'angoisse... l'attente... Sursautant au moindre bruit trop proche de la maison, craignant un messager porteur d'une funeste nouvelle...
Elle était partagée entre espoir et désespoir, ne trouvant qu'un peu de réconfort auprès de Diane et ses amis.... Elle laissa ainsi passer les minutes, prise aux vents du large... priant encore et encore, pour le salut de cet homme, qui aimait la vie plus que quiconque...

Mon Dieu.. j'accepterai n'importe quelle autre punition pour mes pêchés... toute autre que la disparition de mon mari... il mérite de vivre...
Satineduval
Février 1465..

l'Huveaune, que les anciens nommaient la dévastatrice, Ubelka... le fleuve côtier portait bien son nom en cette soirée hivernale, pas pour son débit actuel plutôt paisible, mais pour les émotions bien sombres que la Noiraude ressentait dans son cœur depuis plusieurs jours, voire semaines.

Alors qu'elle ressortait à peine du monastère en terre provençale, la jeune femme avait rapidement constaté que sa jolie colombe blanche n'allait pas bien, et avait fini par s'éteindre au creux de sa paume, caressée doucement d'un pouce léger passé sur sa petite tête blanche, elle avait compris ce qu'il se passait.

Audric...Bien des années sans avoir échangé de nouvelles, mis à part un courrier à l'occasion de son anniversaire, mais le savoir vivant quelque part lui avait suffi. La dernière rencontre avait été très brève, il lui avait volé un peu de bière puis filé en lui disant qu'il ne lui en voulait pas. Vrai qu'elle avait refusé plusieurs propositions de sa part, qui allaient à contre-courant de ses valeurs, et s'était même sentie blessée qu'il puisse croire qu'elle rejoindrait un jour les manipulateurs dans l'ombre...

La jeune femme avait préféré s'éloigner définitivement pour ne plus entendre ni voir la noirceur humaine dans toute sa splendeur, alors que derrière les rideaux, se déroulait une guerre de pouvoir qui envoyait les soldats se battre pour que d'autres puissent avoir encore plus de puissance en ce bas monde.

L'ambition faisait faire des choix peu judicieux, et certains en avaient payés le prix fort. Elle n'avait jamais regretté ses décisions, même si son cœur en avait souffert un moment...Le temps, lié à la distance, avait déposé un voile d'oubli et de pardon.

Puis elle avait continué la vérificationde son pigeonnier avec le cœur bien serré, comme si elle devinait déjà la suite...le petit volatile de Fitz alla se nicher auprès de la colombe dans ses mains froides.

Fitz..n'avait-il pas retrouvé la mémoire ? Elle l'avait encore taquiné quelques mois auparavant, et elle avait pensé que c'était une chance de repartir avec une page vide devant soi, que c'était une porte ouverte sur de belles aventures à venir.. La Noiraude ne saurait sans doute jamais, ce qu'il s'était passé pour lui là-bas, en France, mais il semblait bel et bien avoir disparu à son tour. Pourtant, il portait une si belle force de vie en lui, que l'idée lui en faisait mal au cœur. Que de sombres nouvelles, pour son retour...

D'habitude, ses rituels de séparation quand une âme amie venait à s'envoler, se déroulaient en Savoie au lac d'Annecy, sans vraiment le vouloir mais c'était la plupart du temps dans ce duché qu'elle se trouvait quand tombait une mauvaise nouvelle. Pour changer la donne, Satine s'était rendue sur la plage marseillaise, à l'embouchure de la rivière, l'endroit semblait idéal pour cette petite cérémonie personnelle.

La jeune femme avait choisi un soir de pleine lune, alors qu'elle ressentait de plus en plus le besoin de dire au revoir à ces deux personnes qu'elle avait aimées par le passé. Il le fallait, pour sa paix intérieure. Ces disparitions au cœur de l'hiver avaient réveillé des souvenirs profondément enfouis, qu'elle n'aurait pas pensé un jour la piquer si douloureusement après tant d'années écoulées.

Terminant ses deux petits radeaux de bois flottés liés par des roseaux souples, assise à côté du feu qu'elle avait allumé sur la plage pour se tenir chaud, Satine sortit encore deux bougies de sa besace, qu'elle plaça en équilibre sur les petits bateaux de fortune, veillant à les protéger dans des photophores de verre. Les deux flammèches vacillaient un peu sous le léger vent froid qui soufflaient, sans pour autant réussir à les éteindre. Ses bottes laissées près du foyer, la Noiraude descendit au bord de la mer pour s'y aventurer de quelques pas, suffisamment loin pour laisser filer les embarcations dans un petit courant et les suivre de son regard myosotis légèrement voilé.

D'instinct, elle remonta ses poings serrés sur sa poitrine, tenant ses bras croisés aux poignets dégoulinants d'eau, tant pour étouffer la peine qui montait en elle, que pour tenter de s'en protéger. Ou peut-être qu'inconsciemment elle étreignait une dernière fois l'un et l'autre de ses amis, Audric et Fitz, l'Increvable et l'Inconscient, qui n'avaient eu en commun, que leur incroyable ambition et une Noiraude dont ils ne savaient que faire, ni ou placer dans leur destinée. L'amitié avait pris place là où l'amour avait dû s'effacer, ce qui avait sans doute sauvé la jeune femme de bien des déceptions.


Pauvres fous...et qui donc pleure sur vos tombeaux, à présent que vous n'êtes plus rien ? Mais cela n'a plus d'importance, n'est-ce pas..
Que le rivage inconnu vous soit plus doux que la terre de vos ancêtres...


Soupirant doucement, elle resta longtemps ainsi figée, à observer les petites lueurs s'éloigner, pour ne finir par fixer que la vaste étendue d'eau salée et la pénombre, jusqu'à ce que l'eau glacée autour de ses jambes, lui fasse comprendre qu'elle était encore debout et bien vivante. Frigorifiée, elle fila sur la plage, pour s'attarder autour du feu, sachant que le sommeil peinerait encore à venir cette nuit, autant se laisser sécher la moindre avant de rentrer se reposer. Certaines peines ne pouvaient pas se partager, et ce soir-là, la solitude était pour une fois la bienvenue.

Walking on cars - speeding cars https://www.youtube.com/watch?v=w5h4yJ-BpL4
Satineduval
Sur la plage, nuit du 29 au 30 mai 1465...
Les souvenirs sont plus précieux que de l'or...*



Après avoir quitté la Volière, sur des rires alors que Kachina et elle-même tentaient de mettre Fez à l'eau, l'une par petite vengeance, l'autre dans l'idée qu'il puisse se noyer rapidement, regrettant de ne pas voir trouvé une corde, pour le lester à la mode Marseillaise. La Noiraude avait fui la taverne, sentant le vent tourner en sa défaveur, quand la Louve avait dit que c'était au tour de Satine de prendre un bain forcé.

Un peu imbibée de badiane, qu'Alaynna avait fourni et que Satine goûtait pour la première fois, lui laissant une bien bonne impression. Elle avait aimé cette sorte de liqueur, boisson anisée en tous les cas. Restant souriante sur le pas de la porte de la Volière, la Noiraude s'était décidée à faire encore un petit tour sur la plage, question d'admirer les étoiles et de profiter encore un peu en solitaire, de la mer qui s'allongeait devant ses yeux myosotis.

Elle était montée sur une dune, pour avoir meilleure visibilité, guettant par la même occasion tout mouvement suspect aux alentours. Ses tours de garde étaient devenus l'habitude, depuis son retour à Marseille. Un vent doux soufflait de là-haut, quand Satine sentit tout à coup un long frisson la parcourir. Comme un coup de froid qui l'aurait transpercée, dague vivement plantée dans le dos, par surprise.

Et elle sut. Que quelque part en Lorraine, un homme avait enfin trouvé le repos de l'âme, retrouvant celle qui n'avait jamais quitté, ni son cœur, ni ses pensées... Aussi sûr qu'elle était là, debout, Zeiss n'était plus de ce monde. Il était parti sur un rivage lointain... Un ailleurs plus heureux pour lui, enfin. Retrouver son Autre, à jamais.

Un tremblement, les genoux ployèrent soudainement sous la douleur, Satine se retrouva à genou dans le sable, mains relevées sur son visage pour contenir les larmes qui osaient s'inviter à ses yeux. Elle ne voulait pas pleurer, s'était préparée à cela depuis son départ de Marseille fin janvier, près de 5 mois plus tôt. Et pourtant. Pourtant il ne suffisait pas de vouloir, le corps répondait à sa manière à une trop forte peine, le chagrin était nécessaire, il devait sortir, s'épuiser sur ses joues, y déverser ses larmes salines pour laisser un trop plein d'émotions s'exprimer, se libérer, tout simplement.

Accepter la défaite, de n'avoir pas pu sauver un ami, encore moins cet amour qu'elle avait eu pour lui, qui n'avait jamais été partagé, pourtant. Là n'était pas le soucis. Et Satine aurait dû remercier le ciel, d'avoir enfin rendu sa liberté à Zeiss, alors qu'il avait attendu si longtemps de rejoindre son épouse dans l'au-delà. Chose faite, à présent.

Elle resta échouée sur la dune un bon moment, secouant la tête, refusant d'y croire. Combattu encore les pleurs, la douleur. Se maudissant de sa sottise, de sa faiblesse. A quoi bon, mais à quoi bon ! Essuyant son visage presque rageusement, elle avait passé ses mains dans ses cheveux noirs, les repoussant en arrière, presque en les tirant, une nécessité de se faire mal, afin de se sentir encore vivante.. Sentir une douleur autre que celle du cœur. Ailleurs... Et pourtant, faire face. Tenir bon. Maudire. Détester. Crier, haïr si possible... Accepter, surtout...

Puis la Noiraude se redressa au bout d'un moment indéterminé, sa notion du temps avait juste un peu fui le présent. Le minois asséché, les yeux rougis et gonflés, elle était partie à la recherche de bois sec, en ramassant suffisamment pour faire un bon feu sur la plage en contre bas. Elle n'avait pas besoin de réfléchir, juste acter ses gestes habituels, formant la ronde de bois pour ensuite y mettre le feu à l'aide de brindilles sèches. Le bain n'était plus simplement une envie de fin de soirée, il lui devenait nécessaire, vital. L'eau l'invitait, l'attirait comme un aimant. N'ôtant que ses bottes, la Noiraude y entra, non par envie suicidaire, là, elle savait très bien qu'elle ne mourrait pas ce soir, ni demain, ni avant que le Tout-Puissant ne la rappelle à lui.

C'était comme si elle devait prendre ce bain pour se sentir vivante, encore. Elle regrettait brièvement que ce ne fut pas la fureur océane, au devant, s'y voyant bien affronter les grosses vagues qui lui auraient données ces claques de réveil qui lui étaient nécessaires. Se sentir rejeter par la puissance des vagues, se battre contre cet élément liquide si insaisissable, tout comme l'avait été son amour pour Zeiss.

Tout étrange que cela puisse paraître, jamais elle n'avait imaginé pouvoir vivre avec lui. Satine en avait aimé d'autres, cherchant un compagnon fidèle et attentionné, sauf qu'elle n'avait pas su réaliser son idéal de vie de couple. Elle n'avait pas trouvé, cependant la jeune femme ne regrettait rien de son passé. Regretter aurait fait outrage à ce qu'elle avait ressenti pour ses précédents compagnons de vie. Sans doute avait-elle mal aimé, ou pas assez, trop ou trop peu...

Se laissant bercer par les vagues, flottant sur l'ondée, elle avait l'impression de nettoyer son âme de tout l'amour qu'elle avait pu offrir, le cœur sur la main, aux autres. Et alors que ses yeux observaient les étoiles, y voyant ses êtres aimés décédés, ceux qui étaient partis au monastère, les disparus, elle eut l'impression d'un renouveau, d'une certitude qui naissait au creux de son être, elle ne saurait plus aimer par la suite. Aucune âme sœur pour elle...Alors elle eut un petit sourire triste, elle aurait dû deviner depuis longtemps. Petit électron libre, elle n'avait fait que graviter autour des autres. Elle comprenait à mi-mot à présent, ce que Dom avait voulu lui dire, que c'était une femme qui devait vivre seul. Avec le recul, il avait bien raison.

Plongeant pour aller nager sous l'eau, elle tenta de retenir son souffle le plus de temps possible, sentant sa poitrine brûler du manque d'air, comme elle avait brûlée juste avant, sur la dune...

Quand le manque de souffle se fit vital, la tête commençant à bourdonner sourdement aux tempes et l'eau salée lui entrer dans la bouche, elle donna un bon coup de pied dans le fond marin, finissant par sortir la tête de l'eau, en recrachant celle-ci, hoquetant pour quémander encore un souffle de vie. Se débattant, toussant, Satine finit par rejoindre tant bien que mal la plage, l'air d'un petit rat mouillé, les habits ballants sur sa silhouette, elle avait atteint son nirvana de l'épuisement.. Allant s'étendre auprès du feu, totalement achevée, elle sombra en boule juste à côté de la source de chaleur bienveillante. Pauvre âme vagabonde, il était temps de comprendre vraiment...

Et le sommeil sans rêve aucun, sans passé, sans futur, lui accordait le répit nécessaire à ne pas crever sur place, de douleur. Demain, elle saurait remettre sa carapace, son armure, cuirasser sa vie pour se relever. Demain, elle haïrait l'amour. Demain elle oublierait, elle esquiverait, elle déjouerait ses émotions, comme si elle devait entrer en Enfer, quitte à se débattre comme une belle diablesse... Demain, elle survivrait...Seule, avec la richesse de ses souvenirs.



I’m saying goodbye
Je te dis au revoir
Saving my tears
Retenant mes larmes
cause I ain’t gonna cry
car je ne veux pas pleurer
In front of you so
Devant toi...
I’m saying goodbye
je te dis au revoir
And I’ll think of you
Et je penserai à toi
once I have started to fly
Quand j'aurai commencé à voler



https://www.youtube.com/watch?v=S83ry-J_N9Y

Leaving tomorrow Bastian Baker
Kachina
T'inquiète, Lazare
On va se refaire le monde
On invitera toute la Terre
À un immense banquet
Et on bouffera les frontières
Avec nos mâchoires d'affamés
D'affamés de vivre



Elle était allongée dans son hamac. Avec en ligne de mire à sa gauche quelques reflets de lune venant mourir sur le sombre de la mer.
A sa droite.... en diagonale...
Elle ne tournait pas la tête à droite. Visage tourné obstinément vers le large.

Le sommeil la fuyait mais elle restait là sans bouger, joue calée sur l'oreiller, yeux grands ouverts dans l'obscurité de la nuit.

Ce fut d'abord une lueur, alors qu'elle s'apprêtait enfin à s'abandonner, laissant s'estomper les images de la soirée. Al repartant seule vers son mas, sa fille dans les bras. Le regard à la fois vide et rageur de Gab , les confidences parfois arrachées. Parce que crier sa peine vaut toujours mieux que de la laisser vous empoisonner. On riait beaucoup à Marseille. Et pourtant derrière les rires se cachaient bien des peines parfois. Des âmes cabossées se réchauffant à coups de blagues à 10 sous et de cornichons, puisant leur force à l'amitié revisitée.

D'autres images encore : un lièvre braconné , une bouteille de badiane. Et le rire de Sat s'enfuyant dans la nuit. Fez s'appliquant à resserrer les noeuds du hamac. Et puis...

La lueur s'amplifiait, jusqu'à devenir flammes léchant la nuit.
Qui donc faisait un feu à cette heure tardive sur la plage ?
Foutre dieu, elle voulait simplement dormir. Elle était si bien là, dans cette ruine qu'ils étaient nombreux à chérir.


Mais le feu éclairait la nuit à présent, l'attirant comme si elle avait été un papillon de nuit.
Poussée par la curiosité, elle se laissa glisser du hamac, enroulant la couverture autour d'elle pour cacher ses épaules nues , son fin caraco et son jupon . Trop flemmarde pour se rhabiller. L'esprit déjà tout embrumé de sommeil.


Le sable était froid et humide sous ses pieds nus quand elle se dirigea vers la plage.

Restant à l'écart du feu, elle observa le ballet d'une sirène dans les eaux sombres. Immobile et figée, regard rivé à la scène, serrant la couverture un peu plus autour d'elle.

Et soudain, elle reconnut Satine.

Son sang se figea dans ses veines quand elle la vit disparaitre un bon moment sous l'eau. Bordel, doucement hein. Elle venait à peine de ré apprivoiser la grande bleue. Pas sûre qu'elle soit téméraire à l'affronter à cette heure de la nuit s'il fallait aller repêcher l'autre brune.

Elle la vit avec soulagement émerger de l'eau, rejoindre la rive. La nuit la dissimulait au regard de l'Amie. Elle regarda la belle guerrière de l'armée des 7, s'effondrer sur le sable, failli courir à elle, juste poser ses fesses à côté d'elle. Histoire de dire : J'suis là ma belle. J'suis là si t'as besoin.

Il y a des chagrins qui n'appartiennent qu'à nous. Ceux qui vous broient les tripes, vous font tomber à genoux, pour hurler à la lune. De ceux qu'il faut amadouer petit à petit. Ceux-là s'affrontent seule.

Elle attendit. Jusqu'à être certaine que Satine dormait. Alors à pas de louve, elle la rejoignit. Et se baissant, , elle se sépara de sa couverture pour la poser sur la belle endormie avec une infinie douceur. Comme on couvre un enfant fragile. Restant là, un long moment à veiller sur son sommeil.

Et Kachi repartit comme elle était venue... Jupon malmené par la brise nocturne, crinière battant ses reins au rythme de son pas rapide...
Couchée à nouveau , elle retrouva le balancement de son hamac.
Regard tourné à présent vers la droite. Comprenne qui pourra....

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(Merci à Jd Axelle pour la bannière)
Satineduval
Aube nouveau, 31 mai 1465, les légendes du passé..

La Noiraude avait rouvert les yeux, gonflés de douleur, encore, alors que les premiers rayons du soleil venaient raviver le sel qui y était encore déposé. Elles coulaient dans le plus grand des silences, certaines peines ne pouvaient juste pas se décrire, elles se devaient d'être vécues.

Son corps heurtait comme si elle avait subi une seconde fois l'effondrement de Verdun l'Engloutie, ce village effacé tant d'années auparavant. La horde des âmes éplorées s'étaient précipitées sur elle, lui l'avait traverser le corps et l'esprit, tentant de la faire basculer sinon dans la mort, mais au moins dans la folie. Elle avait résisté, s'était débattue comme la diablesse au cœur pur qu'elle savait être parfois, puis les avait laissés dévorer son cœur trop tendre d'amour. Crétine ! A croire que 7 années n'avaient pas suffi à faire entrer la leçon : on pouvait mourir d'amour, Zeiss et Lavania en étaient pour elle la preuve la plus formelle. Et oh combien douloureuse...

Se redressant sur son joli séant, la Noiraude renifla un bon coup, et non, ne se moucha pas à la mode des conducteurs de char lors de leur course effrénées, elle tenait à avoir un peu plus de noble attitude, se contentant donc, de renifler comme la sale gamine qu'elle était sans toutefois le vouloir. Belle inconsciente, Satine avait aimé plus que de raison, trop souvent...

Elle se sentait à présent comme un petit Cupidon ridicule, qui en voulant accorder deux cœurs, dans le passé, s'était en même temps planté une flèche dans le pied. Tout cela n'avait eu d'importance qu'à ses yeux myosotis, qui avaient la fâcheuse habitude, de trop aimer la vie, et l'amour qui va avec. Finissant par repousser l'agréable couverture qui lui avait apporté chaleur et réconfort, lorsque le feu s'était éteint, la rescapée avait senti l'odeur de Kachina, sur le tissu doux. C'était elle, qui avait posé sa main miséricordieuse sur son corps laissé à l'abandon sur une plage méditerranéenne.

Son amie depuis des mois, mais qui parfois, lui semblait être tant compréhensible à ses tourments, qu'elle pensait l'avoir connue en des temps immémoriaux. Kachi et sa tartine de miel. Voilà ce qui la réveillait en cette matinée si belle pourtant, alors que le froid sidéral avait inondé chaque infinité de son être. Elle s'enroula un moment dans la couverture, prenant un bout de bois qui avait résisté au feu, et traça des petites formes aléatoires dans le sable, sans y réfléchir vraiment, pour passer le temps et penser ses blessures. Pansements s'en suivraient aussi, sachant qu'elle pourrait rejoindre ses amis au village, à tout moment.

Il n'y avait pas de recette du bonheur, mais la Noiraude en avait eu plus que sa part durant ses précédentes années, et malgré la perte de son ami Zeiss, puisqu'il ne fut que cela, l'avait laissée pantelante et hors souffle. Au petit matin suivant, la tête lui tournait, elle se sentait morte à l'intérieure, et finalement un brin surprise d'avoir su rester vivante. L'amitié la gardait sur terre, son enfant, bien évidemment. De l'amour encore, elle criait au secours !! Rien qu'à y songer. Et se voyait déjà fuir au loin. Si loin qu'on n'en revient pas en général. Du coin de l'œil, elle vit un petit furet filer entre les dunes, ce qui la fit sourire avec douceur. La nature reprenait toujours son droit.

S'étirant, elle remit en place ses habits, se donnant à nouveau contenance, puis avança sur la plage, sable doux sous ses pas, c'était simplement délicieux de sentir cela sous ses pieds nus.

Fermant les paupières, elle se laissa bercer par les bruits des vagues, le petit vent qui sifflotait à ses oreilles, doux et chaud, ondulant... la Noiraude sentit comme un incroyable puissance monter de la Terre dans ses jambes, puis se rependre dans tous son corps. Elle en frissonna longuement, pour sentir la présence Invisible, en ce moment précis.

Alors seulement, Satine comprit d'où elle venait, ses origines, et ce qu'elle avait été par le passé, remontant à bien plus loin qu'on ne pouvait l'imaginer. Et c'était une expérience indescriptible, que l'on ne pouvait partager avec personne, parce qu'il fallait savoir découvrir et vivre par soi-même... Elle y avait été aidée, et sans connaître le pourquoi du comment, c'était à Lavania et Zeiss qu'elle le devait. Ses deux anges à elle.

Levant les bras haut dans le ciel..elle leur dédia un cœur éphémère formé de ses doigts réunis. Ils avaient été magnifiques et entiers, des fous d'amour, les plus étonnants chevaliers qu'elle eut pu côtoyer en ce monde si fragilement beau, pourtant. Errants peut-être, déchus, jamais...

Restant plantée là, un instant, elle remercia ciel et terre. Le Paradis était bien ici même, et chacun était libre d'en faire son enfer, ou pas. Libre choix. Aucune contrainte...C'était ainsi que c'était écrit...et c'était sa croyance à elle seule, partagée ou pas.

Le cœur apaisé, la Noiraude retourna au feu, pour y reprendre ses affaires, et malgré son épuisement proche de l'évanouissement, elle put enfin retourner rejoindre sa fillette, et les siens, puis celui qui lui tenait à cœur de revoir, tout vilain barbu qu'il était ! Le secret..il suffisait de demander...


I will read all the books
Of many continents
To tell you all about
The legends of the past*


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