Merance
- [Cielo Azzuro un jour, cielo Azzuro toujours même si depuis des lustres, les Azzuro s'étaient endormis mais sorcière de la cour des miracles à jamais et amie-ennemie de qui le veut]
L'invitation l'avait cueillie à Alençon alors que ça faisait quelques jours qu'elle y avait posé ses malles. C'était le début de l'été, la saison qu'elle préférait pour vivre comme elle l'entendait. Pieds nus, large décolleté, jupe remontée jusqu'aux genoux pour flâner dans les champs ou dans le lit des rivières au plus bas en cette saison C'était toujours un plaisir que de retrouver cette douce chaleur et qui plus est, en dehors des murs de Paris. Alors elle profitait la rousse, elle profitait des moments insouciants loin de tout, loin de la mort et de la puanteur qui lui soulevaient le cur. Sans doute que la rousse qui l'accompagnait depuis un certain temps y était pour beaucoup, la sorcière avait une vision des choses plus optimiste qu'à l'ordinaire. Mais elle savait pour l'avoir déjà vécu que cela ne durerait pas. Jamais rien ne durait dans ce bas monde jamais rien
Mérance était donc à Alençon, à se prélasser au soleil quand elle avait reçu la lettre qui annonçait la fête des piques. Et toute la matinée, elle avait cherché en son fond intérieur si elle devait dire oui ou non à cette drôle d'idée. Ça turlupinait la sorcière si bien que lorsqu'elle rencontra la catin de ses rêves, elle ne put s'empêcher de lui confier la teneur du courrier. Quelques éclats de rire plus tard, Gysèle lui avoua qu'elle aussi elle en avait reçu un. Le tout Paris des bas-fonds devait donc se retrouver chez les Piques. Et pourquoi pas se réjouissait déjà la sorcière qui se trouvait légèrement galvanisée par cette annonce. Oh elle n'était pas dupe pour autant, sachant où elle mettait les pieds mais Cour des Miracles ou Cour Brissel, la noirceur et la lie de Paris s'y retrouverait alors autant y faire son apparition.
Quelques jours plus tard, voilà que les deux rousses, accompagnées de Pierre, se rendaient dans leurs quartiers, ceux qui finalement étaient enchevêtrés à leurs chevilles et à leurs âmes, qui les rendaient si particulières l'une comme l'autre. La voiture qui les menait au cur de la ville pénétrait dans le dédale des ruelles bientôt mal famées. Merance fit arrêter le cocher puis se jeta au bas de la voiture. Un coup d'il à Gysèle qui, malgré sa minceur évidente depuis son agression, avait toujours cet éclat dans le regard qui émerveillait la sorcière. Elle lui tendit la main afin de l'inciter à la suivre et puis advienne que pourra. Doucement, les pas portèrent les deux jeunes femmes. Merance légèrement devant avait ce sourire qui ne la quittait guère. Tantôt moqueuse, narquoise ou doucereuse, elle était comme les effluves de Paris qui ballottaient les gens au gré de ses humeurs. Arrivées devant la cour Brissel, la Maudite marqua un petit temps d'arrêt avant de venir murmurer au creux de l'oreille de Gysèle.
- Peu importe ce qu'il se passera là-dedans, je veux que tu saches que je suis là, à tes côtés. Et amuse-toi si tu peux, profite en toute quiétude, je veillerais
Oui peu importe ce qui pourrait se passer, qui elles pourraient croiser, qui viendrait à leur rencontre, Merance oserait tuer le premier qui viendrait avec l'idée de faire du mal à la rousse. Aujourd'hui, la Maudite serait celle qui garderait les yeux grands ouverts afin de mieux profiter de l'instant, profiter de la vie tout simplement.
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