[Simple invité italien, à la curiosité aussi malsaine que maladive, ne connaissant ni d'Eve, ni d'Adam tout ce beau (il faut le dire vite!) monde ]
Une lettre. Deux lettres. Décritures inconnues. Il faut dire que je nai pas lhabitude de recevoir du courrier de personnes que je ne connais pas. Avant même de commencer à ouvrir, jentame les paris entre ma conscience et moi-même pour savoir qui peut bien être lexpéditeur.
Alma ? Ou mon fils peut être. Nan ça na pas la gueule dun parchemin qui a voyagé depuis Milan.
Les gardes ? Ça sait écrire ? Pas sûr.
Oh je sais lautre pauv fille
Le mari de mon ancienne maitresse ? Hum sil voulait me casser la gueule, cest peu probable quil me prévienne avant.
Ou alors cette fille là
Pipe en bouche, la première missive est ouverte rapidement, la curiosité me faisant activer. Premier pari manqué. Cest Kachi.
Le pli est repoussé pour saisir lautre. Plus la lecture avance et plus les sourcils italiens se froncent. Parce que ça cause de « frissons », « dinterdit », et de « côté sombre ». Mais le mot qui éclipse tous les autres dans la caboche italienne cest littéralement « fête ». Parce que, qui dit fête dit boire à lil, bouffer gratos. Et comme dit le dicton « quimporte lendroit pourvu quil y ait livresse ». Non en fait cest pas ça mais on sen cogne vous avez compris lidée.
En fait cette invit là me rappelle vaguement le carton dinvitation que Dae mavait fait envoyer pour son mariage avec Gabriele. Ce soit là, jétais tombé dans le nid Corleone. Pour leur mariage ils avaient eu comme idée de faire venir leurs « ex » afin de pimenter la soirée. Une idée intéressante surtout si on veut finir cocu après la cérémonie. La fête avait été somptueuse, magistrale, Corleone. Jétais ressorti vivant de ce mariage. Vivant et avec la mariée en prime. Mariée qui aujourdhui était ma femme.
Je regarde le prénom de lexpéditrice. Desideratum de Bois Simon. Le prénom me dit vaguement un truc. Je suis quasiment certain de ne pas me lêtre tapé celle-là. C'est déjà une bonne chose. Je suis presque sûr de ne pas lavoir croisé non plus. Mais je suis aussi certain que jai déjà entendu son nom. Ouai voilà reine des Piques. Encore un clan de brigands. Classique finalement.
Ce soir, jallais donc chez les piques. Que pouvait-il bien marriver ? Rentrer avec la cheffe ? Leur Reyne ? Me faire cogner ? Je ris intérieurement à cette idée.
Je me suis tellement fait casser la gueule en Italie, dans les arènes en tant que coq de combat, quà ce niveau-là, ils peuvent pas faire pire. Et puis, ces dernières semaines, javais tellement provoqué la mort, finalement sans quelle me veuille, que je doutais que ce soir ce fut différent.
Les méninges italiennes tournent à plein régime pour savoir qui prévenir de mon départ et la tenue qui conviendra pour lévènement. La garde-robe (relativement petite) est passée en revue ; chemise rouge ? Hum non un peu voyant, et puis la dernière fois que je lavais porté cétait un taureau furieux que javais attiré. Finalement le choix est porté sur des braies et une chemise noire, histoire de me fondre dans la masse sans trop de difficultés. Dommage quil ne faille pas venir déguisé, cest pas mal pour passer incognito. Un mot est envoyé à mon blondinet dami.
Citation:
Niallan,
Si dans une semaine je ne suis pas rentré, inquiète toi pas, cest que je suis mort.
Conduis mes jumeaux à Eliance, elle est au courant, si je crève, elle devient maman à plein temps.
Litalien, ton connard de poto qui part faire la fête sans toi (à charge de revanche).
Un canasson est « emprunté » avec plus ou moins la « bénédiction » de son propriétaire pour me rendre à Brissel. Après plusieurs détours, quelques ratés et beaucoup de temps passé sur le cheval, le soir tombe quand je mets pieds à terre devant ce qui sapparente au lieu de la fête. Un long frisson (probablement autant de trouille que dexcitation) descend le long de ma colonne vertébrale alors que jobserve de loin, tirant longuement sur la pipe coincée entre mes lèvres. Rien de mieux que de senivrer un peu avant de se jeter dans la gueule du loup. Des loups.
Après quelques minutes, je me décide enfin à bouger, me plantant devant les colosses agitant sous leurs nez la missive avec un brin de fierté. Oui, il ny a que moi pour être fier davoir été invité à passer la soirée dans un coupe gorge. Tellement fier et rassuré que je suis bardé de dagues et armes de lancé en tout genre. Merci aux deux cousines écossaises pour les tuyaux en la matière.
Ils sécartent et je pénètre dans lantre. Il est maintenant trop tard pour faire demi-tour. Ne reste plus quà profiter. Il est marqué «
ce qui se passe à Brissel, reste à Brissel ». Cest exactement ce quil me faut.
Je promène mon regard dabord sur le monde qui mentoure. Aucune caboche connue. Des femmes plutôt charmantes. A y regarder de plus près, ils ont tous un petit truc dans le regard ou dans lallure qui les rend
presque flippants.
Oh bordel Diego ou tes encore allé tfourrer
Un haussement dépaule plus tard pour ma conscience trop sage, avant de menfoncer un peu plus dans le monde et dans la fête, me tâtant la droite et la gauche quant au stand sur lequel je jetterai mon dévolu en premier. La soirée promet de céder la place à une nuit longue et agitée.
Le regard rendu vitreux par la fumette sarrête sur la demoiselle tenant la paume. Hum non, jsuis encore trop sobre pour tuer une poulette de sang-froid. Finalement, je me poste aux côtés de la donzelle blonde qui piaille au stand du lancer de tarte. Après jirai surement faire un tour au chamboule tout histoire de ramener un souvenir pour Niallan.
Je pense au blondinet qui aurait surement voulu être là ce soir. Moi aussi jaurai aimé quil soit là. Sans lui, cest pas vraiment la fête.
Dailleurs quest-ce quil ferait, sil était avec moi ? Boire pour sûr. Fumer aussi. Jouer. Allumer de la poulette. Trop facile. Un truc plus
oh ! Un défi. Tenter de séduire lauteure de linvitation qui, comme précisé est la Reine du lieu. Pourquoi pas. A voir selon sa trombine.
En tous cas, la soirée sannonce
piquante !
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Ban : JD Calyce