L_aconit
Deux mois s'étaient écoulés depuis le dernier échange Ansoald - Nicolas.
Au fil du temps, le vrai faux écuyer s'était confectionné un petit paquet de lettres qu'il détenait dans un coffret, parmi les présents qu'il amassait. Archiviste né, jamais un mot n'aurait pu se perdre tant sa maniaquerie de conserver les plis, objets et souvenirs en tout genre était étendue. Fétichiste de moments des plus bons aux plus mauvais, l'Aconit se gardait pourtant de venir fouiller dans le passé une fois qu'il l'avait abandonné aux soins de son sanctuaire, cimetière des éléphants fermé à double tour par une serrure à gorge, telle celle que Melchiore lui avait enseigné à crocheter. Sensible sans doute, de ne pas relire. De ne pas réfléchir. De ne pas défaire ses décisions.
Une nouvelle missive lui avait été rapportée de Limoges. Allongé sur sa couche les jambes contre le mur et les cheveux qui avaient repoussé au mieux ballotant dans le vide, les bleus électriques déchiffrèrent les mots, et les maux infinis et éternels du voleur. Parfois son visage semblait se fermer en butant sur deux trois tournures de phrases, d'autres fois, les lèvres semblaient frémir et s'étirer un peu, sensibles aux acrobaties Ansoaldiennes. Il restait impossible de savoir des piques ou de la tendresse dissimulée qui s'étalaient sous ses yeux, ce qui faisait réagir positivement ou non le jeune breton.
Ainsi donc, Ansoald, navire sans baptême quittait le port pour de nouvelles contrées. De nouvelles sirènes. De nouvelles aventures propre à sa vie de marin. Nicolas ne s'en étonnait pas. Jamais. Il avait compris depuis longtemps cette propension à ne jamais être satisfait plus de quelques semaines d'un littoral, d'un paysage, de leurs embruns et de leurs parfums. Maitre détricoteur, habile à défaire les ouvrages dans lesquels pourtant il avait vraiment aimé semmitoufler, avant. Les laines dans lesquelles on s'étrique parfois, ne les retire-t-on pas pour couvrir notre peau de vêtements plus légers en été?
Au fil du temps, le vrai faux écuyer s'était confectionné un petit paquet de lettres qu'il détenait dans un coffret, parmi les présents qu'il amassait. Archiviste né, jamais un mot n'aurait pu se perdre tant sa maniaquerie de conserver les plis, objets et souvenirs en tout genre était étendue. Fétichiste de moments des plus bons aux plus mauvais, l'Aconit se gardait pourtant de venir fouiller dans le passé une fois qu'il l'avait abandonné aux soins de son sanctuaire, cimetière des éléphants fermé à double tour par une serrure à gorge, telle celle que Melchiore lui avait enseigné à crocheter. Sensible sans doute, de ne pas relire. De ne pas réfléchir. De ne pas défaire ses décisions.
Une nouvelle missive lui avait été rapportée de Limoges. Allongé sur sa couche les jambes contre le mur et les cheveux qui avaient repoussé au mieux ballotant dans le vide, les bleus électriques déchiffrèrent les mots, et les maux infinis et éternels du voleur. Parfois son visage semblait se fermer en butant sur deux trois tournures de phrases, d'autres fois, les lèvres semblaient frémir et s'étirer un peu, sensibles aux acrobaties Ansoaldiennes. Il restait impossible de savoir des piques ou de la tendresse dissimulée qui s'étalaient sous ses yeux, ce qui faisait réagir positivement ou non le jeune breton.
Ainsi donc, Ansoald, navire sans baptême quittait le port pour de nouvelles contrées. De nouvelles sirènes. De nouvelles aventures propre à sa vie de marin. Nicolas ne s'en étonnait pas. Jamais. Il avait compris depuis longtemps cette propension à ne jamais être satisfait plus de quelques semaines d'un littoral, d'un paysage, de leurs embruns et de leurs parfums. Maitre détricoteur, habile à défaire les ouvrages dans lesquels pourtant il avait vraiment aimé semmitoufler, avant. Les laines dans lesquelles on s'étrique parfois, ne les retire-t-on pas pour couvrir notre peau de vêtements plus légers en été?
Citation:
Juin 1465 .
Nicolas,
Bleu soleil,
Qui ton regard empoisonne? Qui tes mains emprisonne? Qui ton sexe assaisonne?
Jaloux? Non... Soucieux de ta bonne santé... Tourmenté par tes malheurs.
Ma vie, tu veux? Quelques jours de geôle...Je dois être le seul à me savoir innocent. Quelques jours de gnole... Limoges ne manque pas d'aveugles. Enfin, quelques jours de grolles .... Licence poétique, mon vieux. Je pars avec ma bande réveiller les soumis, dans une cité du Nord.
Les mèches sacrifiées à ta belle chevelure ont bruni. Sèches comme de la paille, elles se dispersent en poussière sous mes doigts. En as-tu de nouvelles, à m'envoyer? Laisse. Je ne suis plus en colère contre toi. Je t'aime à petit feu. Parfois, je remue les cendres, tristement. Mais cette mélancolie me réchauffe. J'ai vécu quelque chose, même si....
Je pourrais ajouter plein de choses, plein de mots, plein de phrases, mais à quoi bon gonfler d'air la pompe de mes écrits?
Ansoald
Juin 1465 .
Nicolas,
Bleu soleil,
Qui ton regard empoisonne? Qui tes mains emprisonne? Qui ton sexe assaisonne?
Jaloux? Non... Soucieux de ta bonne santé... Tourmenté par tes malheurs.
Ma vie, tu veux? Quelques jours de geôle...Je dois être le seul à me savoir innocent. Quelques jours de gnole... Limoges ne manque pas d'aveugles. Enfin, quelques jours de grolles .... Licence poétique, mon vieux. Je pars avec ma bande réveiller les soumis, dans une cité du Nord.
Les mèches sacrifiées à ta belle chevelure ont bruni. Sèches comme de la paille, elles se dispersent en poussière sous mes doigts. En as-tu de nouvelles, à m'envoyer? Laisse. Je ne suis plus en colère contre toi. Je t'aime à petit feu. Parfois, je remue les cendres, tristement. Mais cette mélancolie me réchauffe. J'ai vécu quelque chose, même si....
Je pourrais ajouter plein de choses, plein de mots, plein de phrases, mais à quoi bon gonfler d'air la pompe de mes écrits?
Ansoald
Le blondin claqua de la langue, et reversa les hémisphères de son corps d'androgyne pour venir ranger la missive parmi les objets les plus divers et quelques mots passés. Les doigts fins virent peigner pensivement ses crins blonds en arrière, tandis que le dos retrouva l'accueil de la paillasse.
- Sacré Ansoald.
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- (En Bleu italique, les pensées Laconiques.) -Recueil