Marzina
Deux jours plus tard, l'Altesse avait déjà arrosé le tout. Non pas qu'elle fête en avance le succès, ce n'était qu'un prétexte parmi d'autres pour la débauche d'alcool et de sauge...Elle était rentrée les pieds nus, les yeux vitreux et les boucles en désordre, à moitié débraillée. Dans une Anjou à moitié désertée pour les vacances, il était facile de se laisser aller aux vices de toutes sortes. Et dans un nuage de sauge, tout semblait étrangement difforme, mais difformément beau. L'alcool n'arrangeait rien à l'affaire, et l'Altesse défoncée devenait de bien meilleure compagnie.
Jusqu'au lendemain. Le mal de crâne. Le retour à la réalité, vertigineux. Nauséeux. Là, il valait généralement mieux l'éviter. Se tenant la tempe comme pour empêcher sa tête d'imploser, la Blonde se voit annoncer l'arrivée de la victime du chantage. Elle entendit plusieurs fois son nom résonner dans sa tête. Alors peut-être qu'elle ne l'oublierait pas, ce nom là. Autrefois, elle jurait les grands dieux qu'on ne la prendrait jamais à boire de "l'eau croupie", mais maintenant qu'elle était médecin, elle usait de ses propres remèdes contre la gueule de bois. Petit à petit, la douleur s'atténuait tandis qu'elle regardait s'approcher Nicolas. Ce jour-là, le tri des simples était plus prétexte à ce qu'on lui foute la paix que réelle utilité. Relevant les yeux noirs sur le coffre qu'on lui déposait, elle s'interrompit brusquement, une lueur d'avidité ne se cachant plus dans son regard.
La lettre attendait déjà, cachée sous les simples. Légèrement humide, parfumée d'une odeur d'herbe coupée, elle sortit de sa cachette à l'aide d'une main fine et blanche. Une main d'étrangleuse. Ne pouvant retenir plus longtemps un sourire mutin, telle une enfant devant son cadeau de Noël, elle leva les yeux vers un garde afin de s'enquérir de la véracité des propos. Un hochement de tête lui confirma que son cadeau n'attendait qu'elle. Ses écus n'attendaient plus qu'à être foulés de ses mains...
Elle s'approcha du coffret, silencieuse, féline, ne quittant pas des yeux l'objet de sa quête. Elle poussa finalement un grognement contrarié aux paroles du jeune homme, et un regard noir se posa sur le pied, dernier obstacle à la satisfaction de son amour pour l'or.
"Très bien, comme tu veux, peu m'importe!"
Elle lui tendit la lettre, ne pouvant détacher son regard du coffre, comme si ses simples yeux exigeants pouvaient amener le meuble à s'ouvrir de lui-même comme le faisaient ses sous-fifres. Mais ce ne fut pas le cas. Elle fit signe de l'index aux gardes d'approcher pour s'approprier le coffret.
"Tu es le fils bâtard de Lemerco de Montfort-Toxandrie, le Marquis de Dol, et de Pelotine Salaün de Kerkreñv. Je ne sais si tu connais l'un ou l'autre? J'ai moi-même fréquenté tes parents à une époque, très peu ta mère, mais suffisamment ton père pour savoir que c'est un enfoiré."
Ca, c'est fait.
"Tu n'es pas prêt de te libérer des Montfort comme tu vois petit Nicolas, tu voulais les quitter pour te trouver une famille plus convenable, et te voilà bâtard Montfort! Retour au bercail!"
Elle ricane la Blonde.
"Je te laisse ma place, mon lointain petit-neveu...ou cousin. On s'y perd, dans cet arbre gigantesque dont tu n'es qu'un bourgeon!"
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Jusqu'au lendemain. Le mal de crâne. Le retour à la réalité, vertigineux. Nauséeux. Là, il valait généralement mieux l'éviter. Se tenant la tempe comme pour empêcher sa tête d'imploser, la Blonde se voit annoncer l'arrivée de la victime du chantage. Elle entendit plusieurs fois son nom résonner dans sa tête. Alors peut-être qu'elle ne l'oublierait pas, ce nom là. Autrefois, elle jurait les grands dieux qu'on ne la prendrait jamais à boire de "l'eau croupie", mais maintenant qu'elle était médecin, elle usait de ses propres remèdes contre la gueule de bois. Petit à petit, la douleur s'atténuait tandis qu'elle regardait s'approcher Nicolas. Ce jour-là, le tri des simples était plus prétexte à ce qu'on lui foute la paix que réelle utilité. Relevant les yeux noirs sur le coffre qu'on lui déposait, elle s'interrompit brusquement, une lueur d'avidité ne se cachant plus dans son regard.
La lettre attendait déjà, cachée sous les simples. Légèrement humide, parfumée d'une odeur d'herbe coupée, elle sortit de sa cachette à l'aide d'une main fine et blanche. Une main d'étrangleuse. Ne pouvant retenir plus longtemps un sourire mutin, telle une enfant devant son cadeau de Noël, elle leva les yeux vers un garde afin de s'enquérir de la véracité des propos. Un hochement de tête lui confirma que son cadeau n'attendait qu'elle. Ses écus n'attendaient plus qu'à être foulés de ses mains...
Elle s'approcha du coffret, silencieuse, féline, ne quittant pas des yeux l'objet de sa quête. Elle poussa finalement un grognement contrarié aux paroles du jeune homme, et un regard noir se posa sur le pied, dernier obstacle à la satisfaction de son amour pour l'or.
"Très bien, comme tu veux, peu m'importe!"
Elle lui tendit la lettre, ne pouvant détacher son regard du coffre, comme si ses simples yeux exigeants pouvaient amener le meuble à s'ouvrir de lui-même comme le faisaient ses sous-fifres. Mais ce ne fut pas le cas. Elle fit signe de l'index aux gardes d'approcher pour s'approprier le coffret.
"Tu es le fils bâtard de Lemerco de Montfort-Toxandrie, le Marquis de Dol, et de Pelotine Salaün de Kerkreñv. Je ne sais si tu connais l'un ou l'autre? J'ai moi-même fréquenté tes parents à une époque, très peu ta mère, mais suffisamment ton père pour savoir que c'est un enfoiré."
Ca, c'est fait.
"Tu n'es pas prêt de te libérer des Montfort comme tu vois petit Nicolas, tu voulais les quitter pour te trouver une famille plus convenable, et te voilà bâtard Montfort! Retour au bercail!"
Elle ricane la Blonde.
"Je te laisse ma place, mon lointain petit-neveu...ou cousin. On s'y perd, dans cet arbre gigantesque dont tu n'es qu'un bourgeon!"
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