Laellie_
La catin fit la moue à la réponse offerte par Evroult. Non pas que la réponse l'intéressait tant que ça, au fond, les problèmes de leur famille ne la regardait effectivement pas, et dans tous les cas ça ne changera pas sa vie! Non, c'est plutôt le principe qui lui arrache une telle grimace. La rouquine est de mauvaise foi, et de fait elle gromelle un...
T'es pas bavard...
C'est lhôpital qui se fout de la charité, elle le sait bien, mais elle s'en moque. C'est vrai quoi, ce n'est pas parce qu'elle, elle ne parle pas, qu'il doit en faire autant! Mauvaise, la rouquine fait encore un pas ou deux dans le lit de l'Huisne pour prendre un peu plus de marge par rapport à l'homme et être plus tranquille.
Décidément, la sociabilité et elle, ça fait deux. Tout lui rappelle Blanche, et tout ce qui lui rappelle Blanche est un ennemi qu'elle doit écraser. Le problème, avec le chagrin, c'est que dans l'esprit humain, tout a une relation. Parlez à Laellie de fleurs, elle vous dira que Blanche lui en avait offert une un jour. Parlez à Laellie de maïs et elle vous retrouvera un dîner en compagnie de Blanche. Parlez à Laellie de fissures elle se remémorera l'origine de la cicatrice qui lui barre le ventre.
Alors pour se calmer, pour souffler, pour s'isoler, elle se laisse couler. Elle s'enfonce dans l'eau, plonge la tête, quitte à mouiller sa longue chevelure. C'est seulement après quelques secondes sous l'eau et quelques minutes de calme à inspirer avec la tête émergée, qu'enfin elle daigne reprendre la parole et s'adresser à Evroult.
Si, tu as quelque chose contre elles. Ca se voit. C'est encore plus visible que ton p'tit truc entre les cuisses.
Haussement d'épaule, ce qui déclenche de petites vaguelettes. La catin observe l'onde se propager, avant de reprendre.
J'ai rien contre elle. Gysèle est mon am.... Est une bonne connaissance. Tant qu'elle ne dit rien sur Blanche, tant qu'elle ne se moque pas, je n'ai rien contre elle. Si elle recommence par contre, c'est son corps qui flottera dans cette rivière...
Laellie_
A son tour de couler. Et si elle n'avait pas peur pour sa chevelure, elle qui doit être prête pour plus tard dans la nuit, elle aurait prit une grande inspiration avant de plonger un moment sous l'eau. Elle se contenta d'un énième soupire. Bien sur qu'il avait raison, elle le savait. Au fond d'elle, elle en était convaincue également. Et puis franchement, tuer Gysèle? Comme si elle en était capable, alors que la rouquine était l'une de ses seules.... amies. L'une des très rare à lui tendre sans cesse la main, à revenir encore et encore chaque fois que Laellie la repoussait.
Peu de temps après leur rencontre, Lael s'était demandée si Gysèle voulait passer une nuit dans son lit. Mais non, jamais. Ca n'a jamais été le cas, et c'est sans doute en partie par respect pour Blanche. Alors non, elle ne voulait pas tuer Gygy, et pourtant... Un accès de rage est si vite arrivé... C'est plus fort qu'elle, si l'on parle mal de la Blanche, la féline devient lionne.
Ce n'était donc pas une menace qu'elle proférait, mais un avertissement. Elle ne sentira plus jamais le corps de la blanche contre elle, son odeur enivrante et si rassurante qui pouvait guérir tous les maux. Ses excès de folies, son caractère bouillant qui conduisait souvent à un câlin ardent. Ses envies parfois singulières mais auxquelles Laellie se pliait presque toujours, parce qu'elle avait une totale confiance en Blanche.
Tout ça elle ne le vivra plus. Jamais. Et cette pensée, trop douloureuse pour être supportable, poussait Laellie à la folie. Chaque jour un peu plus, elle sentait des mains l'étreindre, lui dire de se laisser aller, que tout ira mieux ensuite... Tout ce qu'elle a à faire, est de fermer les yeux et de laisser ces mains la guider, être l'instrument de sa vengeance. Parce que la petite voix, sournoise, qui murmure à son oreille lui dicte clairement que tous sont coupables. Tous doivent mourir. Sans exception...
Mais non, elle ne cédera pas. Elle revient à elle, et pose un regard fatigué sur l'homme à ses cotés. Dans un soupire, elle acquiesce.
Je sais. La tuer ne sauvera pas Blanche. Tout au plus, ça soulagera ma peine pour quelques secondes.
Mais toi, pourquoi veux-tu sauver Gygy? Tu dis la détester, et pourtant tu es là, à me convaincre de ne rien lui faire...
Puis à la remarque suivante, Laellie a les yeux qui roulent dans leurs orbites. Vraiment, ces hommes...
Je ne le remarque pas, je le devine. Tu es encore un homme, il me semble. Et à ma connaissance, ils ont tous quelque chose dans ce coin là.
Joignant le geste à la parole, elle tend machinalement le bras pour désigner grossièrement les cuisses d'Evroult.