Evroult
[...] et lorsquon te fera de ces récits hideux qui tont empoisonnée, réponds ce que je vais te dire :
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches,
méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et
dépravées ; le monde nest quun égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se
tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, cest
lunion de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour,
souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on
se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : Jai souffert souvent, je me suis trompé
quelquefois, mais jai aimé. Cest moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon
orgueil et mon ennui.
Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches,
méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et
dépravées ; le monde nest quun égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se
tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, cest
lunion de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour,
souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on
se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : Jai souffert souvent, je me suis trompé
quelquefois, mais jai aimé. Cest moi qui ai vécu, et non pas un être factice créé par mon
orgueil et mon ennui.
Citation:
Cela ne te ferait pas plaisir de goûter encore à la fraicheur dun lac ? te souviens-tu seulement de nos baignades réservées aux lueurs de minuit ? viens, nous descendrons jusquaux rives désertes, jusquaux moulins au repos ; tu quitteras ta robe, & moi je me noierai en toi.
Froissé.
Citation:
Tu me fends lâme. Quoi ! pas un mot, Hel ? pas un gribouillis illisible, une patte de mouche sur un vélin, pas même quelques rancurs jetées là sur un coin de parchemin, rien ! rien ! ni même quelques pâtes de fruit, si pleines de niaiseries délicieuses. Et quand donc comptais-tu te rappeler à moi ? toute notre vie est là.
Rayé.
Citation:
Écris-moi, Hel, je ten prie. Que crains-tu de moi ? tu ne veux pas que lon saime ainsi ? eh bien ! aimons-nous autrement ; est-ce une raison pour me haïr ? navais-je pas juré, déjà, navais-je pas prévenu ? navais-je pas promis déjà, navais-je pas déçu ? tu veux lAmour qui enfante. Lamour chez moi nest pas fécond. Et lorsquil lest, il doit se taire. Dis-moi ! que crains-tu de moi, qui ne tai rien caché ?
Déchiré.
Citation:
À quoi sert de se quereller, quand le raccommodement est impossible ? le plaisir des disputes, cest de faire la paix. Aussi, je viens te la demander. Car je connais le cur des femmes, Hel. Je suis sûr de leur inconstance. Et pourtant, je viens quérir chez toi la paix, & avec mes baisers ardents panser la blessure que je taurai faite.
Avion en papier.
Dans le genre, des petits tas de bourrons jonchaient la couche, simmisçaient dans la malle éventrée, tapissaient le plancher miteux. L'éphèbe libéré, délié, délaissé, prenait la température des spécialités de la capitale en se fourrant entre les cuisses chaudes & gonflées de quelques courtisanes bourgeoises. Il justifiait sa cagnardise par la nécessité professionnelle de recruter, de tester la marchandise, de repérer quelques marchés probables pour le juteux contrat quil espérait bien signer à la fin de lété.
Orgiaque, Loupiot offrait à la vue de ses comparses un éphèbe insatiable, à lintarissable abondance. Jeanne nexistait quen un masque malsain revêtu par sa sur ; Bourgogne avait été bien peu généreuse ; LAnjou sétait tue depuis longtemps déjà ; Baronne oubliait son favori dans des bras plus décents ; Limousie silencieuse gardait jusque dans son giron les mots damour quil aurait dû recevoir.
Et Hel, diable soit-elle ! navait rien daigné lui envoyer. Rien !
Citation:
Pardonne-moi. Excuse-moi. Absous-moi.
Veux-tu ? J'ai le ventre trop creux de ne pas remplir le tien.
Cest un mea-culpa. De moi, à toi.
De toutes les erreurs, les bassesses, les horreurs, les maladresses.
Insensés que nous sommes ! nous nous aimons. N'est-ce pas ?
Quel songe avons-nous fait, Hel ? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies ont passé comme un vent funeste entre nous deux ? Lequel de nous a voulu briser lautre ? ah ! je sais. Ce n'est pas nous, c'est lui. Lui, cette chose indélicate logée en ton giron pour mieux nous séparer, & plus il prenait place, & plus il nous était ardu de s'agripper au corps de l'autre. Mais je ne t'en veux pas, non. Jamais je ne t'en ai voulu. Toi, m'en veux-tu ? j'ai été homme faible, j'ai été lâche, & couard, mais vois ! je suis là & je ne m'en irai pas. Je pardonne toutes tes faiblesses de femme, & toi, voudras-tu bien pardonner mes faiblesses d'homme ?
Notre amour était fécond de désir, de passion, de plaisir, d'attention. Que voulions-nous de plus ? nous n'aurons rien de plus. Nous sommes des enfants gâtés, & notre jouet est l'Amour, l'un pour l'autre. Pardon, pourtant, pardon. Pardon une fois, pardon mille fois. Le sentier était trop beau, la pense si douce, le chemin entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille avenir ! il a bien fallu que la vanité, l'envie & la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route sans encombre, qui nous aurait conduits à une félicité si improbable que nous ne l'aurions supporté ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes.
Ô insensés ! nous nous aimons.
Maimes-tu encore un peu ? Aime-nous encore un peu.
Sinon, moi, je nous aimerais pour deux.
- À toi, l'Unique.
Pardonne-moi. Excuse-moi. Absous-moi.
Veux-tu ? J'ai le ventre trop creux de ne pas remplir le tien.
Cest un mea-culpa. De moi, à toi.
De toutes les erreurs, les bassesses, les horreurs, les maladresses.
Insensés que nous sommes ! nous nous aimons. N'est-ce pas ?
Quel songe avons-nous fait, Hel ? Quelles vaines paroles, quelles misérables folies ont passé comme un vent funeste entre nous deux ? Lequel de nous a voulu briser lautre ? ah ! je sais. Ce n'est pas nous, c'est lui. Lui, cette chose indélicate logée en ton giron pour mieux nous séparer, & plus il prenait place, & plus il nous était ardu de s'agripper au corps de l'autre. Mais je ne t'en veux pas, non. Jamais je ne t'en ai voulu. Toi, m'en veux-tu ? j'ai été homme faible, j'ai été lâche, & couard, mais vois ! je suis là & je ne m'en irai pas. Je pardonne toutes tes faiblesses de femme, & toi, voudras-tu bien pardonner mes faiblesses d'homme ?
Notre amour était fécond de désir, de passion, de plaisir, d'attention. Que voulions-nous de plus ? nous n'aurons rien de plus. Nous sommes des enfants gâtés, & notre jouet est l'Amour, l'un pour l'autre. Pardon, pourtant, pardon. Pardon une fois, pardon mille fois. Le sentier était trop beau, la pense si douce, le chemin entouré de buissons si fleuris, il se perdait dans un si tranquille avenir ! il a bien fallu que la vanité, l'envie & la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route sans encombre, qui nous aurait conduits à une félicité si improbable que nous ne l'aurions supporté ! Il a bien fallu que nous nous fissions du mal, car nous sommes des hommes.
Ô insensés ! nous nous aimons.
Maimes-tu encore un peu ? Aime-nous encore un peu.
Sinon, moi, je nous aimerais pour deux.
- E.
- Et si elle n'est pas réceptive ?
L'une des deux lianes blondes qui occupaient son lit s'était lovée contre le corps bouillant de l'éphèbe, peinant à dénouer les nuds d'une carcasse frustrée malgré l'excessif.
- Elle le s'ra, c'tout chou, répondait l'autre.
Au pire, il lui avait déjà mis lamour en bouteille.
* Tous les textes en italique sont copiés/ajustés/largement inspirés de On ne badine pas avec l'amour, d'ALFRED DE MUSSET
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