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[RP] Ne jamais sous-estimer le pouvoir des paillettes

Hermance de Petrus, incarné par Raymond_de_petrus
Quand on est plusieurs dans sa tête, n'importe quelle fenêtre prend une importance exceptionnelle. Auprès d'elle, on peut penser, laisser discuter, juger les différentes voix qui naissent. Une première critique la tenue vraiment maussade de la boulangère du bas. Une seconde évoque ce fabuleux jour de jeunesse où Raymond s'est tapée une moche faute de mieux à se mettre sous la dent. Une troisième s'acharnera à beugler qu'on va lui piquer son enfant. Une quatrième... C'est à ça qu'était occupée Hermance quand Raymond rentra de son voyage. Écouter ses voix.

Les premiers mots de l'époux ne lui parvinrent pas. Il avait fallu le reste du rituel pour la sortir de tout ceci. Pour qu'elle clignât enfin des yeux. Pour qu'elle les braquât sur le blond rentré. Sur cette tête posée amoureusement sur ses genoux. Et encore un peu de temps pour que sa main se posât sur la chevelure solaire. Une caresse lente et rythmée s'entama alors que Raymond parlait. Avouait. Se projetait.

Se savoir toujours dans ses pensées la rassura. Mais ne l'étonna point. Ils étaient fait l'un pour l'autre. Ils avaient seulement mis du temps pour s'en rendre compte. Elle ne répondrait pas à ça. Elle ne répondait jamais, à ça. Le reste la fit davantage réfléchir.


Tes amis ne vont-ils pas te manquer ?
Es-tu certain de vouloir retourner dans les coteaux ? près de nos parents ?
...
Je pensais qu'on pourrait retourner à Bordeaux.


Et continuer la vie là où elle s'était achevée brutalement.
Raymond_de_petrus
La main d'Hermance s'enfonçant dans sa chevelure fit oublier presque tout à Raymond, le ramenant 6 ou 7 ans en arrière, lorsqu'ils étaient heureux. Il sourit doucement et s'étonna silencieusement de sa réflexion concernant Bordeaux.

Ne t'inquiètes pas pour cela. Tu comptes plus que tout.

Retourner à Bordeaux, peut-être que cela pourrait être une bonne idée.

Mais...

Tu as manqué à tes parents, ils ne t'ont pas beaucoup vu ces dernières années. Nous avons aussi nos amis là-bas. Gontran serait ravi de m'avoir près de lui.
Et puis, ce serait mieux, si nous avons des enfants dans l'avenir...


Le sujet épineux. Il rouvrit un peu les yeux, ne pouvant s'empêcher de s'inquiéter de la réaction d'Hermance à cette proposition. C'était avec sa première grossesse que tout avait commencé, peut-être ne supporterait-elle pas l'idée de porter à nouveau un enfant.
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Hermance, incarné par Raymond_de_petrus
Les doigts fins se crispèrent sur la chevelure courte, stoppant là la douceur de l'instant. Le regard d'Hermance se tourna vers le vide, preuve inconditionnelle de son trouble, tandis que ses voix intérieures s'étaient remises à beugler dans tous les sens. Enfant. Bébé. Tordu. Perdre. Nul. Incapable. Crève. Les mots se chahutaient, s'entre-choquaient violemment et tout, autour d'elle, était assourdissant. Un chuchotement, accompagné d'une concentration extrême, vint mettre un terme à tout cela.

Nous sommes lundi, je m'appelle Hermance de Pétrus et je vais bien.


Les doigts reprirent vie, doucement, entre les mèches blondes, passant lentement entre les unes et les autres.

Tu as raison. Comme toujours.
Nous devrions retourner chez nous.
Tu te souviens de la maison des Condat ? Celle derrière le marché des Couverts. Je l'ai toujours adorée.
Tu crois qu'ils sont morts ? On pourrait la racheter à leur neveu, si c'est le cas.
Et puis, elle est assez grande pour héberger des... enfants.

D'ailleurs, j'ai réfléchi. Je devrais me remettre à la couture.
Il nous faudra bien de l'argent pour acheter cette maison. Et pour mon traitement.
Et puis tu travailles tellement, à toi tout seul.
On pourrait ouvrir boutique, aussi, dans la pièce du bas. C'est bien placé, ça devrait attirer du monde.


Ces projets illuminèrent quelque peu le visage de la jeune femme. La perspective que tout soit comme avant, que tout aille bien à l'avenir la réjouissait. L'évocation brève des enfants avait été enfouie sous tout le reste, pour ne pas gâcher l'instant.
Raymond_de_petrus
Les doigts stoppèrent, et Raymond ne bougea pas, comprenant trop aisément la raison de ce trouble. Ce n'était qu'un chuchotis, mais cela suffit à refroidir le cœur du peintre. Il ne voulut pas entendre, il décida d'ailleurs qu'il n'avait rien entendu, rien senti, et que cela n'avait aucune importance. Elle allait guérir, il y avait juste parfois ces moments de faiblesse. Il en avait bien aussi, pouvait-il donc reprocher à Hermance de parfois user de ses litanies pour se rassurer ?

La vie reprit, et elle s'exprima à nouveau. Le peintre allait l'arrêter, lui dire de ne pas s'inquiéter pour l'argent, qu'elle n'avait pas besoin de travailler.

Mais il releva un peu la tête, assez pour voir les yeux de son épouse briller à cette perspective. Il sourit en demi-teinte, et reposa sa tête sur les genoux d'Hermance.


C'est une idée merveilleuse, ma chérie. Nous ferons cela.
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Raymond_de_petrus
[Quelques jours plus tard]

Cela lui avait fait plaisir de revoir une partie des Poneys. Bien entendu, on lui avait encore dit qu'il était vilain et radin, mais cela ne semblait plus guère le choquer. Il hésitait encore sur la réponse à donner au projet d'Eliance, si il s'investirait dedans ou pas. Mais ses réflexions étaient bien loin de tout ça lorsqu'il rentra chez lui...

Il aurait aimé raccompagner Sorianne, profiter encore un peu d'elle. Eliance lui avait confié que la couturière se remettait de leur rupture, et il avait répondu qu'il était heureux pour elle. Mais la revoir... Malgré une bonhomie maîtrisée par des années d'expérience, cela lui avait transi le cœur. Il aurait voulu trop de choses indécentes, mais il n'avait pu que se tenir face à elle, la regarder, et la laisser partir sans oser croiser son regard. Il ne pouvait plus se permettre de ressentir tout cela, et il avait bien une vague idée de comment résoudre cela, alors qu'il franchissait la porte de chez lui.

Les romains avaient conclu la théorie des vases communicants, ainsi, si il renouait avec un certain désir pour Hermance, celui pour Sorianne s'affadirait. Tout se terminerait bien, il n'aurait plus à craindre d'éventuels égarements à se trouver trop proche de la couturière. En théorie...
Et pour cela, il devait aller outre la réserve qu'il avait manifesté depuis le retour de son épouse, se contentant de gestes et de baisers chastes. Ce n'était pas une question de sentiments, ou de dévouement, loin de là. Il aimait profondément Hermance, mais après 5 ans à idolâtrer un souvenir, la confrontation avec la réalité, qui elle était désormais, avait perturbé le peintre.

Et à court de solutions, il ne voyait plus que cela. Toutefois, il lui vint à l'esprit les recommandations du père abbé concernant Hermance. Mais il était un peu tard pour écrire au recteur et demander un éclaircissement sur l'aspect "aucun échauffement des sens" qu'il avait mentionné.

Elle dormait, et comme à chaque fois, il la trouvait magnifique. Il s'assit sur le lit et se pencha vers elle pour l'embrasser, la réveiller, et tenter de voir si l'Hermance qu'il avait aimé pouvait ressurgit au gré d'une étreinte.

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--Hermmance
Elle s'était endormie seule. Comme souvent. Raymond lui proposait bien de l'accompagner, parfois, dans ses sorties, mais la jeune femme ne se sentait pas assez forte, encore. La peur de dérailler en public l'effrayait au plus haut point. Elle avait accepté d'aller à la fameuse soirée où elle avait rencontré ses amis. Elle en avait été heureuse. Mais ça s'arrêtait là. Elle préférait laisser son époux filer pendant qu'elle errait encore un peu dans leur appartement, avant de se glisser sous les draps glacés. Elle dormait beaucoup ; sans doute était-ce dû à son traitement.

La plupart du temps, elle n'entendait pas Raymond rentrer de ses sorties nocturnes. La plupart du temps, elle se réveillait au petit matin, la première, et pouvait à loisir contempler le visage endormi de celui qui était toute sa vie. La plupart du temps, elle ne résistait pas longtemps et effleurait du bout des doigts les mèches folles de son mari. La plupart du temps, cela le réveillait. La plupart du temps, il partait peu de temps après. Pour le château.

Mais ce soir-là ne fut pas comme les autres. Plutôt que de s'allonger à côté d'elle, il s'assit, la regarda, la toucha, l'embrassa. Et ses sens assoupis en furent tout tourneboulés. Si longtemps qu'elle n'avait pas ressenti cela. C'était comme un réveil après une trop longue hibernation. Elle se sentit vibrer, sous les baisers enflammés de Raymond. Elle vivait. Enfin. Comme avant. Et, comme avant, ses gestes retrouvèrent de l'ampleur. De la vivacité. Son corps réclama davantage et elle le fit savoir à son époux. C'était comme leur première fois. En plus... pressé. Ils n'avaient pas le temps. Ils se devaient de se brûler rapidement.

L'urgence était là. Ils devaient revivre comme avant. Et lorsque, à force de mouvance, les souffles s'accélérèrent, lorsque des gémissements s'échappèrent de la gorge de Raymond, un autre son, différent, passa la barrière des lèvres de la jeune femme.



Nous sommes jeudi

...

je... m'appelle... Hermance... de Pétrus

...

je vais... bien.

Raymond_de_petrus
Combien de fois avait-il rêvé de ces retrouvailles, depuis cinq ans ? Beaucoup trop, sans doute, allant des scénarios catastrophes à l'idéalisation complète de ces instants, et de ce qu'ils étaient. Ainsi, le peintre fut comblé de revivre ce qu'ils avaient connu par le passé.

Raymond comprit trop tard que les murmures d'Hermance n'avaient rien des mots d'amour qu'il croyait entendre. Il reconnut la litanie qu'elle se murmurait souvent dans les instants de trouble lorsqu'elle s'acheva. Le choc fut violent et tel Icare, il venait de se brûler douloureusement au soleil de la folie d'Hermance. La chute allait être cruelle.

Il aurait du être heureux, quelque part. Mais le désir assouvi avait laissé place à l'amertume et la désillusion. Il ne ressentait pas cette habituelle félicité ou ce sentiment de délassement qui pouvait le saisir dans ce genre d'instants, et il se doutait bien qu'Hermance devait être loin de ce genre de sentiments. Raymond prit son épouse dans les bras, la laissant continuer sa litanie.


Shhh mon amour... tout va bien.

Etait-ce la vérité ? Il n'en savait rien.
Peut-être fallait-il encore attendre...
Peut-être fallait-il se résoudre à laisser le passé derrière lui et à accepter son épouse telle qu'elle était désormais...

Il rabattit les draps sur eux, et attendit qu'elle se calme, qu'elle s'endorme, continuant de la bercer ainsi.

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--Hermmance
Alors qu'elle aurait dû être comblée d'endomorphines, Hermance s'était vue prendre d'assaut par ses voix, gâchant par là-même l'instant qui se voulait heureux, épanouissant, divin par excellence. Les murmures rassurants de Raymond ne couvrirent pas les beuglements acharnés qui continuèrent allègrement dans sa tête. Et, blottie contre lui, elle ne put que pleurer pour expier sa maladresse involontaire, s'accrochant à son époux comme si sa vie en dépendait, comme pour le supplier de ne plus jamais la laisser seule dans cet état.

Au bout d'un moment, les sanglots se calmèrent, ainsi que les voix intérieures. Elle était épuisée, déçue, dévastée. Son visage portait les stigmates de cet instant douloureux, de la lutte interne qu'elle venait de subir, et elle ne devait paraître que l'ombre d'elle-même. Bien loin de la splendide jeune femme que Raymond avait épousé quelques années auparavant. C'était sa première crise, à Périgueux. Sa première crise dans leur nouvelle vie. Elle songea instinctivement que son époux pourrait facilement l'abandonner suite à ça et la ramener à Montpellier. Cette idée la fit tant frémir...


Je vais guérir, Raymond.
Je te promets... je vais guérir.
Tu verras, on va être heureux.
Je te ferais de beaux enfants.


On ne saurait dire qui elle tentait de convaincre le plus, Raymond ou elle-même.

Combien en veux-tu ?
Y as-tu déjà réfléchi ?


Les voix dans sa tête, sans doute épuisées comme leur victime, ne répliquèrent pas au sujet ô combien épineux d'une éventuelle progéniture. À présent, Hermance s'était redressée et braquait sur Raymond tout l'espoir du monde, dans son regard clair.
Raymond_de_petrus
Raymond continua à bercer Hermance, la rassurant à voix basse, sans avoir la certitude qu'elle l'écoutait, ou l'entendait seulement. Elle finit par se calmer, et il sentit la fatigue dans la voix de son épouse. Peut-être aussi de l'inquiétude.

Elle finit par se redresser, le surplombant, et elle chercha à le rassurer sur leur avenir commun. Il porta la main à la joue d'Hermance, et lui sourit doucement.


Je sais, ma chérie.

Il ne pouvait pas lui dire autre chose, il devait la soutenir, l'aider dans cette guérison, malgré les doutes dont il était perclus. Il ne pouvait pas faillir, pas maintenant, et sans doute son destin avec son épouse dépendait de cela.

A la question sur les enfants, le sourire de Raymond perdit de son intensité, il ne s'était pas attendu à aborder ce sujet ainsi, se rappelant de la précédente évocation d'une progéniture.

Quoi répondre ?


Un seul, ce sera déjà bien.

Il se redressa et l'enlaça, pour la ramener contre lui dans le lit. Il n'était plus l'heure des conversations compliquées, et il la rassura à nouveau, doucement.

On sera heureux.
Tu ne retourneras pas à Montpellier, je te le promets. On restera ensemble.


Il soupira de fatigue, et n'eut qu'une envie, enfouir son visage dans le cou de son épouse, et dormir. Oublier, aussi. Au lendemain, tout irait mieux, certainement.
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Raymond_de_petrus
    *Soir de beuverie*


Il avait trop bu, en taverne, cherchant le réconfort ou l'oubli dans l'alcool. Il avait fini par ne plus savoir, parce qu'au final, il n'avait obtenu rien de tout cela. Sorianne était alors arrivé et...

Comment en était-on arrivés là ? Il ne s'accorda pas le droit de se plaindre, il était marié à une femme magnifique, pour qui il était prêt à sacrifier beaucoup. Et pourtant...
Et pourtant.

Cela faisait plus de trois semaines qu'ils avaient rompu, et malgré des périodes d'accalmie, ou de séparation forcée, l'attirance était toujours là. Il lui avait fallu user du peu d'honorabilité dont il disposait pour ne pas céder à ses envies. La couturière ne l'avait pas vraiment aidé en cela, et les brèves étreintes sages qu'ils s'étaient accordés n'avaient fait que mieux flamber leur désir mutuel. Un peu plus, et il n'aurait répondu de rien. Ils s'étaient séparés et Raymond, alors qu'il entrait en catimini chez lui, sentit les effets de l'alcool peser sur son équilibre. Il lui fut nécessaire de s'asperger d'eau fraiche, ignorant que la couturière faisait quelque chose de similaire de son côté, et de rétablir un certain ordre dans ses pensées. Repenser à cette soirée était donc proscrit et il récita mentalement ses derniers bilans de bailli pour réussir à calmer ses ardeurs.

De toute façon, vu la nuit de la veille, il était hors de question pour lui de retoucher Hermance de sitôt. Il finit par se coucher, non sans se demander comment serait sa tête le lendemain.


    Le lendemain


Le sang tambourinait dans sa tête lorsqu'il se réveilla d'un sommeil sans rêves. Toutefois, il avait craint le pire, même si il grimaça parfois aux dépens d'une résurgence de la douleur. Mais il fallait se lever, aller au château même si l'envie lui manquait, et... attendre que les jours s'écoulent. Jusqu'à la fin du mandat, jusqu'au départ des Poneys, jusqu'à leur départ pour les côteaux. Et surtout ne pas céder au chant de la petite sirène.
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Sorianne
C'est la mine fatiguée et peu réjouie, le teint un peu pâle et les yeux encore un peu brillants que la noiraude a prit le chemin vers l'appartement du couple bordelais. Emmitouflée dans une veste chaude, son châle en guise de cache nez pour lutter contre le vent qui pince, Sorianne tient un paquet contre elle tandis qu'elle parcourt les venelles.

Elle avait dit trois jours, elle ne s'est pas trompée. Sa démission du conseil lui a permis de se consacrer pleinement à cette commande, aussi ne s'est-elle pas fait prier. Plus vite elle en sera débarrassée, mieux il sera, pour le bien de ses yeux, pour le bien être de son esprit... Si la couture en elle même n'a pas été compliquée, chaque fois qu'elle a repensé au but de ce cadeau, cela lui a arraché des litres de larmes, au point qu'il lui a parfois fallu cesser l'activité puisqu'elle n'y voyait plus clair.

Sorianne en a prit soin. Imaginant une jolie chose, comme si elle lui était destinée, comme elle aurait aimé montrer au peintre, elle n'en était juste pas encore arrivée à ce stade. Elle a cousu, elle a brodé... Mais tout ceci n'est pas pour elle. Ce n'est pas elle que Raymond va dévorer du regard, pas elle qu'il va complimenter, pas elle à qui il va glisser de beaux mots, pas elle qu'il va caresser, aimer...

Les mains se crispent sur le paquet à mesure que ses pensées régressent vers ces maudites rengaines qui l'ont harcelées ces trois jours durant. Elle sent ses yeux rougir à nouveau et il lui faut une petite pause dans sa marche, et quelques instants pour souffler un peu. Faire comme si tout allait bien. Ne penser à rien. Ce n'est que lorsque la So se sent un peu mieux qu'elle reprend son chemin jusque chez le peintre et sa femme.

Quelques coups sont donnés à la porte tandis qu'elle se compose une façade affable, à défaut d'une joie authentique. "Faites que Raymond ne soit pas là, faites que Raymond ne soit pas là..."

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Raymond_de_petrus
C'était un jour de tranquillité chez les Pétrus. Quelques jours auparavant, Raymond avait reçu une commande pour la copie d'une peinture d'un peintre flamand du début du siècle. En manque d'activité, il avait entamé celle-ci aussitôt, délaissant même le conseil comtal pour se consacrer au retable d'Henri Bellechose. Saint Denis y tenait la place principale, et bien que les inspirations flamandes n'étaient pas son domaine de prédilection, il s'était jeté à corps perdu dans la feuille d'or et la tempéra. Cela lui permettait ainsi de penser à autre chose qu'à ses problèmes personnels.

Ce fut lors d'une de ses pauses, laissant la peinture sécher sur le canevas, qu'il entendit frapper à la porte. Il lança à travers l'appartement, à une Hermance occupée à faire autre chose, qu'il s'en occupait.

Il ouvrit ainsi la porte pour se retrouver face à la couturière, qu'il n'avait pas revu depuis sa démission du conseil. Après un bref instant de surprise, ne s'attendant pas à ce qu'elle lui rende visite ainsi, son visage s'adoucit et il lui sourit cordialement.


Oh Sorianne, le bonjour.
Je t'en prie, entre.


Il s'effaça pour la laisser pénétrer dans l'appartement. Il manqua lâcher un "Fais comme chez toi", mais cela aurait été déplacé, ainsi, il en revint à une question plus banale.

Qu'est ce qui t'amène ? C'est à propos du procès ? J'en ai... entendu parler, enfin des rumeurs... tu sais comment c'est...

Ce fut alors qu'il remarqua le paquet qu'elle portait dans les bras.
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Sorianne
Raté.
Le regard de la noiraude veut se faire fuyant, mais elle se retient et l'air affable se transforme en un sourire, un peu tendu peut-être.
Elle ne peut s'empêcher de détailler Raymond, voir s'il a changé, voir s'il se remet... S'il l'a déjà oublié? Elle est heureuse de revoir son ami malgré tout.


Bonjour Raymond.

L'invitation à entrer est lancée, et la So n'a pas le temps de décliner que déjà il lui ouvre le chemin, aussi entre-t-elle dans l'appartement... Qui n'a guère changé à part la touche féminine apportée ci et là. Elle a le cœur qui lui bat jusque dans les oreilles, et il lui tarde de sortir, de s'en aller... De fuir! Oui, il lui tarde de fuir au loin.

A regarder autour d'elle à la recherche d'Hermance, Sorianne est un peu distraite et n'écoute le peintre que d'une oreille, si bien qu'elle ne réalise pas tout de suite de quoi il vient à lui causer. Alors, elle le regarde soudain les yeux ronds et le déclic se fait.


Oh!
Oui, le procès...
Je t'avoue que je m'y attendais, ç'aurait été surprenant qu'elle ne se lance pas là dedans...
Eliance a demandé une peine forte.
Très forte.
M'occuper de la loterie pendant un mois va m'être des plus désagréable...
Mais je doute que ce soit ce qu'on compte m'offrir...


Le nez fin de la brune se retrousse un peu, dépitée.

J'ai demandé à ce qu'ils changent de juge.
Cette femme est tout sauf impartiale...
Est-ce que tu sais ce que Dexeryl voudrait?
Prison?
Bannissement?
Pilori?
La pendaison?
Je suis sure qu'elle est capable de me faire couper un membre....


Elle est nerveuse, cela se sent. La parole est vive, un peu trop pour tout dire. Mais pas tant pour le procès que pour le paquet qu'elle serre un peu trop fort contre elle. Et pour la suite, la So vient à baisser le museau pour cacher la mine sombre qui s'affiche, trouvant soudain un intérêt tout particuliers aux lattes du parquet.

Je... Je viens apporter sa commande à Hermance...
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Raymond_de_petrus
Sorianne était distraite et Raymond se retrouva un instant à parler dans le vide, avant qu'elle ne réagisse.

Je reconnais bien là Eliance, j'imagine qu'elle ne devait pas être ravie de faire cette mise en procès. Et tu as bien fait pour le changement de juge, vu les... égarements de celle actuelle.

Il eut une expression désabusée.

Je ne suis pas dans les petits papiers de la comtesse, j'ignore donc ce qu'elle souhaiterait pour ton jugement. Il faudrait demander à Elio ou Cmyrille, peut-être.

Sorianne annonça alors qu'elle avait dans les bras la commande pour son épouse. Raymond resta un bref instant stupéfait, ne sachant pas comment réagir à la chose. Il en pâlit peut-être un peu, tant cela était délicat. Hermance qui sortait sans lui, qui allait voir Sorianne - voir Sorianne, bon sang ! - et qui passait des commandes sans même lui en parler. Une part de lui se morigéna alors, il devait cesser de materner son épouse, et peut-être que sa guérison passait par ces petits secrets féminins. Son coeur cessa de battre à tout rompre.

Je l'ignorais, elle ne m'en a rien dit. Je lui avais dit que tu cousais très bien, je ne pensais pas qu'elle me prendrait au mot ainsi.

Et comme c'était Raymond qui apportait le principal apport financier du couple, il s'enquit :

Je te dois combien ?

Il alla à une commode, et en sortit de quoi écrire, sans penser que la couturière pourrait refuser.

Une lettre de change, cela te conviendra ?

Hermance avait toujours aimé les jolies choses, ainsi il estimait, sans avoir vu la robe, que celle-ci devait être assez raffinée pour que cela signifie un gros tas de pièces.
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Sorianne
Je ne suis pas sûre d'avoir réponse à ma demande, tu sais. J'ai un gros doute à ce sujet. M'est d'avis que le jugement est déjà tout prêt. En même temps, hormis des circonstances atténuantes, j'ai vraiment démissionné sans lui demander son avis, personne ne peut le nier...
...
Et tu crois que Cmyrille saurait?


Pour la suite, la jeune femme a un sourire triste, regarder le peintre est au dessus de ses forces malgré qu'elle en meurt d'envie. A nouveau elle sent sa peau se hérisser et ses vilaines pensées revenir alors elle se secoue un peu.

C'est une surprise.
C'est pour ça que tu ne savais pas.


Déjà il s'en va chercher de quoi la payer, et la brune reste interdite. Payer? Payer combien? Si elle le savait... Le plus important pour elle, à l'heure actuelle, c'est de s'en débarrasser et d'oublier. Le paquet serré contre sa poitrine où le cœur bat si fort, la noiraude le regarde alors, bien en peine de lui répondre quand il revient. Finalement la tête sombre est secouée et une main en portée à l'avant, en signe de négation.

Non non, rien, tu ne me dois rien, vraiment, je n'ai aucune idée du prix, je...

C'est trop.
Ce cadeau n'a pas de prix.
Son coeur a saigné si fort à mesure qu'elle faisait les points, qu'elle aurait pu mourir mille fois, elle ne veut pas d'argent venant de Raymond, elle ne veut plus voir cette chose qui va lui faire oublier qu'elle existe, elle... Veut partir, oui c'est ça.


Je t'assure Raymond.

Pour la peine, la So lui prend la main et lui donne le paquet léger. Le contact l'a électrisé, le frisson lui est remonté le long de l'échine, ajoutant à la nervosité de la jeune femme. Elle se détache rapidement pour s'éloigner et retourner à la porte. Sans doutes comprendra-t-il lorsqu'il verra ce qu'est cette fameuse surprise.

Ne l'ouvre pas, c'est pour ta... Femme.

Le sourire qu'elle offre à Raymond est un mélange de bonne volonté, de fausse réjouissance et de douleur cuisante, et déjà elle ouvre la porte pour sortir, posant le regard dans celui du peintre. Là au moins peut-être pourra-t-il voir un peu à quel point le sourire est horriblement faux.

Amusez vous bien.

Elle n'attend pas de réponse. Déjà le souffle lui manque, il lui faut sortir de là. Quel malaise, elle ne voulait pas tomber sur lui pour la livraison de ce paquet, elle ne voulait pas qu'il la voit après avoir fait tout ça. Peut-être que lorsqu'ils se croiseront le soir, ça ira mieux, oui voilà. En attendant, elle a déjà fermé la porte après un dernier sourire et c'est pressée de s'éloigner au plus vite de ce lieu de douleurs qu'elle rentre chez elle.
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