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[RP] Ne jamais sous-estimer le pouvoir des paillettes

Raymond_de_petrus
Hermance fut calmée derechef, et Raymond en fut soulagé intérieurement. L'eau froide le faisait frissonner un peu, mais il ne s'accorda pas le temps d'y penser. Il finit par sortir Hermance du bain, alors qu'elle finissait de reprendre contenance.

Il répondit doucement à sa demande de pardon.


Chhht, ça va aller ma chérie.

Le tissu trempé était lourd et difficile à manipuler, ainsi l'aide de Raymond ne fut pas de trop pour déshabiller Hermance, pour ensuite la sécher à l'aide des linges sortis par Sorianne. Raymond finit par l'aider pour qu'elle enfile des vêtements secs, et l'amena près du feu. Il s'adressa à Sorianne, qui faisait au mieux dans les circonstances présentes.


Veille sur elle encore un peu, j'en ai pour un instant.

Il quitta la pièce, pour retourner près du baquet pour se sécher à son tour, essorer les vêtements trempés avant de les suspendre pour qu'ils sèchent. Tout cela restait éreintant, et il apprécia d'enfiler lui aussi une tenue propre. Il prit un instant en solitaire, pour souffler un peu, et ranger ce qui devait l'être.

L'envie de se réchauffer se fit plus forte, et il traversa les lieux, pour se retrouver près du feu, d'Hermance qui se réchauffait, et de Sorianne qui achevait de préparer la tisane. Il s'adressa à la couturière, de ce ton toujours un peu distant. Peut-être à cause des circonstances, ou de la présence d'Hermance.


Merci pour ton aide, et navré de t'avoir imposé cela.

Il baissa les yeux vers son épouse, s'assurant alors de son état.
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--Hermmance
Hermance tourna lentement la tête sous le coup de la voix féminine supplémentaire qui s'élevait dans leur chambre et elle fut extrêmement gênée d'apercevoir Sorianne. Ses yeux fuirent instantanément, incapables de supporter la lueur du moindre jugement qu'elle craignit de recueillir dans le regard de la brune. Ainsi, la couturière avait tout vu. Et si les raisons de sa présence aux côtés de Raymond ne fit pas réfléchir l'épouse, cela eu pour effet de l'enfoncer encore plus profond dans son désarroi. Elle imagina déjà l'amie contant sa crise à tout Périgueux et Hermance se promit intérieurement de ne plus poser un pied dehors jusqu'à ce que le couple rejoigne les coteaux.

Les pensées tournaient au ralenti, à présent, dans sa tête et la jeune femme ne se rendit compte qu'après la manœuvre effectuée que Raymond l'avait sorti de l'eau et la séchait. Elle tenta de se rendre plus utile pour enfiler ses habits secs, mais resta malgré tout comme un pantin, à ne lever que les bras et les jambes lorsque ce fut nécessaire. Et c'est tout. Elle se sentait épuisée, éreintée. Elle aurait volontiers été se coucher directement, mais ne trouvant pas la force de protester, elle suivit son époux jusqu'à l'âtre sans rechigner.

Assise là, elle ne bougea plus d'un pouce, recroquevillée sur elle-même, tête baissée, dans l'ultime espoir de se faire oublier et d'oublier la honte qui lui donnait envie de se jeter par la fenêtre. La fenêtre... celle à sa droite, toute proche, cette fenêtre qui recueillit son regard à l'instant à la dérobée. Hermance n'avait pas relevé son visage. Elle l'avait seulement tourné de côté, vers l'huis. La voix de Raymond mit fin à son errance désespérée et la blonde rabaissa aussitôt ses yeux rougis vers ses genoux, laissant ses cheveux la camoufler un peu. L'idée que son aimé puisse avoir honte d'elle, qu'il s'excuse de tout ça, refit couler quelques larmes sur les joues pâles de la jeune femme.

Dans un ultime effort, elle se leva, non sans chanceler un peu et, sans regarder ni Sorianne ni son époux, proposa sa retraite.


Je ferais mieux d'aller me coucher.


Tant d'yeux pour la regarder. Tant d'yeux pour l'accabler. Elle ne le supporta pas et regretta presque que Raymond l'eût sorti de l'hospice, un mois auparavant. Dormir lui sembla la meilleure alternative. Elle attendit cependant l'approbation de son époux avant de tenter quoique ce soit pour tenter de regagner leur chambre. Dans cette attente, elle resta debout, immobile, les épaules voutées, le regard sur ses pieds, avec la forte conviction que rien ne sera jamais plus comme avant.
Sorianne
Elle n'écoute pas, ne pense à rien. Tout ce qui lui importe c'est de préparer le feu de manière à ce qu'ils se réchauffent après ce bain glacé forcé. Les bûches sont mises dans l'âtre et doucement elle alimente un peu le feu de manière à ce que les flammes soient suffisantes et quand elle estime que c'est le cas, la noiraude se redresse et s'en va essayer de trouver la petite boite qu'elle avait confié à Raymond pour la préparation de la potion.

So ne tarde pas à mettre la main dessus, la boite posée en évidence, et faisant comme chez elle, la petite brune prépare la boisson à donner à Hermance. Les gestes sont machinaux, elle se refuse à penser quoi que ce soit, ce n'est pas le lieu, ce n'est pas le moment. Elle s'inquiète juste pour la blonde et pour son mari, qui arrivent justement. Sorianne tente un sourire.


Ne t'en fais pas, je reste là, elle est entre de bonnes mains.

Elle sait à quel point il est délicat de s'afficher alors que la posture dans laquelle on a été vue est désastreuse. Alors puisque la femme de Raymond semble avoir quelques difficultés à se remettre, la noiraude se contente d'être là, au cas où, veillant la jeune femme, avec une petite crainte de la voir recommencer. Ou... La So fronce un peu les sourcils.

La tisane est bientôt prête, les feuilles ont infusées suffisamment et la brune les récupère pour que ce soit plus facile à avaler, quand Raymond revient auprès d'elles. Le regard est inquiet quand elle le relève vers lui, mais mieux vaut ne rien dire. Oui elle s'en fait, et l'empathie qu'elle éprouve est compliquée à gérer.


De rien. Et ne t'excuse pas.
C'est à ça que servent des amis.


Elle affiche un air doux, et pense tellement ce qu'elle dit...
Le regard se porte sur Hermance et elle la rejoint tandis que cette dernière a annoncé qu'elle souhaite regagner sa couche. A gestes délicats, la petite brune lui tend la tasse fumante de la tisane préparée. Elle lui sourit, se voulant réconfortante.


Prenez la, vous irez mieux. Ça va passer, j'en suis sûre. Vous guérirez... Et je vous ferez toutes les tenues que vous voudrez, vous serez la bienvenue.

Elle ira mieux, oui. Pour Raymond. Parce qu'elle doit aller mieux, parce que le blond ne peut qu'être heureux, et cela passe par la guérison de sa femme. S'il est malheureux, elle même le sera. Alors pour que l'injustice soit moins grande, il doit être heureux et tout doit s'arranger. Sorianne se détourne alors, reprenant sa veste qu'elle a laissé sur un meuble quelconque, et s'adresse alors à Raymond, passant auprès de lui en lui serrant doucement le bras en guise de soutien.

Je vais vous laisser tous les deux.

Déjà elle se rend à la porte, ramasse au passage la veste lansquenet du peintre, qu'il a retiré si rapidement, la frotte un peu du plat de la main et va la déposer sur une chaise avant de saluer une dernière fois.

Si tu as besoin, je serais là. Toujours.


Un nouveau sourire sans joie et la So sort doucement, laissant le couple se remettre de ce bien malheureux épisode, le cœur malmené malgré tout.
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Raymond_de_petrus
Raymond était accablé par le visage ravagé par les larmes de son épouse. Pourtant, il tenta de faire bonne figure, comme à l'habitude, face à Sorianne, qui décidait de prendre la poudre d'escampette.
Le contact de la main de la couturière contre son bras, bref et consolateur, rassura un peu le peintre.

A sa promesse, alors qu'elle fermait la porte, il répondit simplement :


Je sais.


Il baissa les yeux vers Hermance, et lui sourit une fois que Sorianne fut sortie.

Tout va bien.


Il prit son épouse par le bras, avec douceur, et l'accompagna jusqu'au lit, et l'aida à s'installer, veillant à ce qu'elle soit confortable, avant de lui redonner la tasse de tisane encore chaude.

Je vais rester auprès de toi, ne t'en fais pas.

Il se releva, et alla pendre les vêtements près de l'âtre, vérifiant qu'il ne chauffait pas trop fort. Il s'astreignit à ne pas laisser ses pensées divaguer, à ne pas se morfondre de la situation. Il gérait les choses seconde après seconde, concentrant son esprit sur des gestes simples, comme si c'était la chose la plus importante du monde à cet instant.

Il remarqua alors sur la table la potion d'Hermance, celle qu'elle n'avait pas bu au matin, et soupira. Demain, il le lui dirait. Demain il veillerait à ce qu'elle prenne sa médication, pour éviter que la situation recommence. Le poulet abandonné sur le palier fut jeté, de toute façon, il n'avait pas faim, et une fois qu'il eut achevé ce qu'il avait à faire, il retourna se coucher auprès de son épouse. Raymond prit Hermance dans ses bras, et continuerait à la rassurer à voix basse jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Elle ne retournerait pas à Montpellier, et il ne la quitterait pas.

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--Hermmance
Plusieurs jours avaient passé depuis. Plusieurs crises avaient fait irruption. Toujours en journée. Toujours en l'absence de Raymond qui veillait désormais scrupuleusement à ce que sa femme ingurgite son traitement chaque matin. Les crises étaient moins fortes. Mais bien présentes. Et Hermance finissait par se calmer seule. Sans bains glacés. Sans les bras rassurants du blond. Bien sûr, son visage fatigué devait laissé transparaître le déroulement de ses journées, mais Raymond ne relevait rien, du moins oralement. L'espoir d'un avenir heureux était toujours au rendez-vous. Et, même si Hermance s'endormait encore seule le soir, elle rêvait rapidement de leurs coteaux et de tout ce que la vie pourrait leur apporter prochainement. L'air de Périgueux était vicié. Tout devait venir de là et tout irait bien mieux là-bas.


***


Alors que la dernière assiette du déjeuné était en cours de rinçage dans la bassine posée à terre, elle se vit faire un vol plané contre le mur de l'appartement, répandant ses morceaux brisés au sol.

REPOSE-LE !
TU N'AS PAS LE DROIT DE ME L'ENLEVER !


La jeune femme battit des bras dans le vide, semblant chercher à agripper quelqu'un qui n'était pas là. Elle se releva, fit des pas d'un côté, puis de l'autre, toujours en tentant de se saisir d'une chose portée par le vent. Par inadvertance, elle mit un pied dans la bassine et glissa à terre. Mais cet incident ne la marqua pas. Déjà, Hermance s'était relevé pour courir après ses visions.

C'EST MON BÉBÉ !

Ses pieds nus vinrent à fouler les morceaux d'assiette brisée, entaillant leur plante sans que la jeune femme ne s'en inquiétât. Les pieds en sang, elle continua de danser avec sa folie, tournant dans un sens, s'arrêtant pour mieux repartir, puis pour courir jusqu'à un bout de l'appartement en renversant chaises et autres objets sur son passage, tout en hurlant son désespoir.

La crise ne s'estompa pas toute seule, ce jour-là. Elle ne fit qu'empirer. Quand le corps de la jeune femme s'épuisa, au bout de plusieurs heures de lutte acharnée, elle s'assit par terre, en boule, jambes repliées contre son buste, rabâchant dans un murmure la haine qu'elle avait hurlé tantôt vers on ne sait qui, tout en se balançant d'avant en arrière. Ses yeux avaient perdu toute la douceur dont ils étaient d'ordinaire pourvus. Ils étaient sévères, sombres, pleins de rancœur. On aurait pu croire à une accalmie, mais tout repris de l'ampleur quand elle entendit des pas dans l'escalier.

Prestement, elle alla se saisir de la bassine qui avait servi à faire sa vaisselle tantôt, répandit négligeamment son contenu au sol pour l'alléger et plaqua son dos contre le mur à côté de la porte d'entrée prête à en découdre. Les dents étaient serrées nerveusement entre elles et seul un souffle d'animosité en franchissait la barrière.


Tu ne l'aura pas. Pas cette fois.
Raymond_de_petrus
Lorsqu'il ouvrit la porte de l'appartement, Raymond s'apprêtait à annoncer que le neveu des Cordat consentait à leur vendre la maison dont il avait hérité, et que le couple pourrait ainsi concrétiser leurs projets d'avenir.

Mais la porte s'ouvrit sur un paysage d'apocalypse et le peintre en resta un instant coi, cherchant du regard son épouse, se demandant déjà si quelqu'un avait cherché à les cambrioler, ou à agresser la jeune femme. Beaucoup de théories jaillirent dans son esprit, notamment concernant les Encapuchonnés, ou un ancien client mécontent. Il s'avança prudemment dans l'entrée, tentant d'éviter au mieux les débris.


Hermance ?

il l'imaginait déjà morte ou blessée dans une pièce de l'appartement. Ce fut un froufroutement derrière lui qui attira son attention, et il se retourna, se retrouvant face à son épouse métamorphosée en quelque obscure incarnation de cauchemar. Il en eut la chair de poule.

Herma...

Il n'eut pas de temps de finir sa question que la bassine l'atteignait à la tête. Sans doute aurait-il eu le réflexe nécessaire pour l'éviter si il n'avait pas trop bu la veille. La migraine était passée au cours de la journée, mais il n'était pas aussi vaillant qu'il l'aurait fallu. Il tomba à terre en voyant trente-six chandelles, et mille petites douleurs naquirent dans son dos, provoquées par les bris de porcelaine qui jonchaient le sol. Il poussa un gémissement de douleur, et tenta de se redresser tant bien que mal, au moins sur un bras. Le réflexe de survie prit le pas sur le reste, alors qu'il tentait de s'éloigner de l'entrée, et de son épouse armée. La vue trouble, il tenta bien de ramener la jeune femme à la raison, alors qu'elle devait l'avoir pris pour un cambrioleur ou un assassin.

Hermance, c'est moi ! Arrête !
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--Hermmance
La bassine fut abattue sur le crâne de Raymond, puis aussitôt lâchée. Ce n'est pas la plainte du blond qui eut cet effet, seulement le poids de l'objet qui entraîna sa chute un peu plus bas. Désarmée, Hermance n'en resta pas moins agressive. Et c'est un coup de pied qui vint toucher l'époux affalé au sol. La jeune femme n'entendait que les voix inventées par sa folie, celle de Raymond se fondant parmi toutes celles-là.

TU NE L'AURAS PAS !
C'EST LE MIEN ! JE VAIS LE GARDER ! TOUJOURS !


Coup de pied donné, elle se rua sur le premier objet qui lui tomba sous la main, soit un morceau d'assiette, qu'elle jeta vigoureusement vers l'être aimé.

SORS !
TU ME PRENDRAS PAS MON BÉBÉ !


Puis, c'est une fourchette qui lui servit d'arme volante. Puis un bout de tabouret. Puis une petite boîte en bois. Puis un bocal d'herbes aromatiques. Puis... elle vit un couteau, posé à terre et s'en saisit. Sa conscience s'était lourdement altérée depuis le début de la crise. Elle voyait à présent Raymond sans le voir. Il était un homme mais pas son mari. Il était celui qui causerait sa perte. Il était le kidnappeur de son fils. Il était... nocif. Et elle devait le faire partir pour pouvoir vivre heureuse avec Raymond. Alors, en brandissant le couteau, elle se rua sans hésiter sur son époux et la lame disparue soudainement de leur vue dans le tissu de sa veste à lansquenets, aplatissant le bouffant au niveau de l'épaule gauche. La jeune femme tenta de récupérer son arme, tira dessus de toutes ses forces, mais, devant l'échec, abandonna et se contenta de frapper de ses seules mains son pauvre époux, habitée par une rage sans nom.
Raymond_de_petrus
Raymond ne comprit qu'à moitié les hurlements d'Hermance, encore sonné de sa chute et du coup de bassine. Il gémit de nouveau alors qu'elle lui assénait un coup de pied.

Hemance, t'as perdu la tête ! Arrête !

Une pluie d'objet eu lieu autour de lui, et il remercierait peut-être plus tard le Très Haut, si il survivait, pour la maladresse de son épouse. Le pot d'herbes aromatiques frôla ainsi sa tête pour aller s'écraser un peu plus loin, tandis que le reste des projectiles le rataient ou tombaient sans vraiment lui faire mal.

Il secoua la tête, retrouvant un peu de vision, pour voir arriver sur lui la jeune femme armée d'un couteau. Il écarquilla les yeux et tenta tant bien que mal de s'écarter d'elle, rampant sur les bris de verre.


HERMANCE ! NON ARRETE !

Le reste s'évanouit dans un hurlement de douleur quand il sentit le couteau dans son épaule, comme si une décharge electrique lui traversait la moitié du corps. Il se débattit tout de même, cherchant à la repousser, alors qu'elle cherchait à retirer le couteau, et qu'elle décidait finalement de le frapper à mains nues.

Si au départ, il tenta tant bien que mal de se défendre de son bras valide, il sut qu'il devait réagir pour qu'elle revienne à la raison. Le coup partit en direction du visage de son épouse, bien plus un réflexe de survie qu'une volonté de lui faire mal.

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--Hermmance
Plus ses mains frappaient, frappaient, et plus les voix l'encourageaient vivement, réchauffant toujours un peu plus le sang déjà chaud de la jeune femme. Le déchainement était total et quand le poing de Raymond percuta son visage, Hermance en perdit l'équilibre, bascula en arrière pour atterrir sur ses fesses et se retrouva sonnée. Complètement.

Elle resta ainsi un long moment, pendant lequel son époux pourrait se rendre compte calmement à quel point elle n'était plus elle-même. Elle semblait tout droit sortie d'une quelconque tornade. Ses cheveux, d'ordinaire savamment peignés, étaient emplis de nœud, d'épis et partaient en tout sens, chaque mèche semblant bien décidée à prendre la direction opposée à sa voisine. Son surcot était tout de guingois, l'encolure particulièrement décentrée lui tombait sur une épaule, entrainant dans sa chute la chemise d'en-dessous. Le tout était parsemé de tâches et de déchirures rencontrées pendant la lutte invisible et le arpentage d'appartement. Du sang y perlait aussi, à différents endroits. Tantôt venant de ses pieds, tantôt de la blessure de Raymond, tantôt venant de sa propre bouche.

Le coup de l'époux n'avait pas failli et la lèvre d'Hermance s'était fendue directement, sous l'impact, laissant couler lentement le liquide rougeâtre. La jeune femme s'était tue. Les voix dans sa tête s'estompaient, petit à petit, sans que le silence ne reprenne carrément les commandes de son crâne. La lueur étrange qui habitait jusque-là ses pupilles disparut doucement, pour en laisser une autre, hagarde, prendre le relais. Ainsi abattue, la jeune femme regardait Raymond, quand soudain, sa bouche s'entrouvrit pour laisser une prise de conscience sortir.


Mon Dieu... Raymond ! Que t'est-il arrivé ?

Elle s'approcha de lui et se mit à genoux, son regard inquiet absorbé par le manche du couteau dépassant de la veste.

Il faut l'enlever avant que ça ne s'infecte.
Mais bon sang, dans quel mauvais coup es-tu encore allé te fourrer ?
Raconte-moi.


Elle ne percevait pas encore la douleur de ses pieds, la douleur de ses muscles endoloris par la longue crise. Elle n'était qu'inquiétude pour lui. Lui. Toujours lui.
Raymond_de_petrus
Raymond eut droit à quelques instants de répit, ou il en profita pour se trainer sur le sol et s'éloigner de sa femme, qui semblait revenir à la raison. Il était à la fois effrayé d'avoir du la frapper, et soulagé qu'elle ne cherche plus à le tuer. Toutefois, quand elle chercha à s'approcher de lui, ce fut plus fort que lui.

M'APPROCHE PAS !

Il tenta de reprendre d'une voix plus mesurée, malgré les circonstances, tout en rampant pour s'éloigner de la jeune femme.

M'approche pas Hermance !
Je... je t'expliquerai tout à l'heure. Mais... reste là, je... je vais bien.


Raymond réussit à se caler contre un bout de mur, tremblant de tous ses membres alors que l'adrénaline courait encore dans ses veines. De son bras valide, il saisit le manche du couteau et serra les dents. Il eut un nouveau gémissement et des larmes aux yeux quand il eut fini, laissant le couteau tomber au sol.

Il voulait seulement sortir de cette pièce, s'éloigner d'Hermance, trouver refuge ailleurs. Il s'aida du mur pour se relever, non sans difficulté, et suivit celui-ci, pour se diriger vers la chambre. Il lui fallait des bandages, s'occuper du sang qui coulait de son épaule. Puis il irait voir Sorianne, mentirait, lui demanderait de le soigner. Il eut le sentiment que le sol de l'appartement était comme celui des tavernes, pas vraiment droit, et sans l'aide du mur, il n'aurait sans doute pas pu aller très loin. Il continua de se répéter ce qu'il devait faire, s'y accrochant comme une idée fixe pour faire un pas après l'autre.

La veste lansquenet tomba au sol, et il ne put que constater la manche de sa chemise trempée de sang. A gestes automatiques, il entreprit difficilement d'arrêter le sang qui coulait et de faire un bandage de fortune. La peur l'empêchait encore de ressentir la douleur de ses blessures, et il craignait le moment ou cela adviendrait.

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--Hermmance
Mais...

Hermance resta interdite devant la réaction de son époux. Elle le regarda s'enfuir loin d'elle sans comprendre, incapable de réagir de façon réfléchie. Cette manière qu'il eut de la regarder la fit se sentir tout chose. Elle se tint donc là, toute seule, et finit par se rasseoir sur ses fesses, en ramenant ses pieds devant elle. C'est à cet instant qu'elle vit le sang qui les constellait. Elle porta une main sous l'un d'eux et constata tout en grimaçant que la peau y était sérieusement entaillée à plusieurs reprises.

Et, alors qu'elle songeait à se lever pour aller les panser, ses yeux s'arrêtèrent net sur le chaos environnant. L'appartement lui sembla entièrement sens dessus-dessous. Pour la première fois de la journée, Hermance vit réellement ce qu'elle avait sous les yeux. Et tout cela la laissa sans voix. Sa main se porta devant sa bouche et, affolée, elle se leva pour rejoindre Raymond dans la chambre, ignorant la douleur que la marche provoquait sous ses pieds. Elle craignit une nouvelle réaction vive et effrayée de son époux et garda ses distances, restant au niveau du chambranle de la porte.


Raymond !
Dis-moi ! S'il te plaît...
Je... j'ai... c'est moi ?


L'évidence lui était apparu brutalement et sa voix n'était que supplique. Elle avait toujours craint que Raymond ne l'abandonne. Qu'il ait peur d'elle. Et ce regard, son regard, était le signe que, peut-être, ce jour était arrivé. Mais dans le doute, elle se devait de savoir.

Dis-moi, je t'en prie.
Et laisse-moi t'aider...


Elle ne bougeait pas. Un nouvel écart de son aimé ne lui serait pas supportable. Alors elle attendait, debout à l'entrée de la pièce, avec la vague impression que ses épaules étaient faites de plomb et l'encraient au sol.
Raymond_de_petrus
Raymond ne s'était jamais rendu compte à quel point il pouvait être difficile de faire certaines choses à l'aide d'une seule main. Hermance finit par arriver au seuil de la chambre, l'interrogeant. Debout, s'appuyant contre le lit, il tentait tant bien que mal de bander son épaule. Il prit un instant pour soupirer, et abandonna sa tentative de soin. Son débit de paroles était saccadé, comme si il devait reprendre son souffle pour aligner deux pensées cohérentes.

Tu... tu n'étais plus toi-même.

Il finit par lever les yeux vers son épouse, ou elle pouvait y lire un mélange de désespoir et d'inquiétude. Comment allaient-ils se remettre de cela ? Il envisagea un moment qu'il allait lui pardonner, qu'ils considéreraient que ce jour n'était jamais arrivé, qu'ils allaient oublier tout cela, l'attribuer à une faiblesse passagère. Nier l'évidence, et espérer. Cela lui brisa le cœur un peu, parce qu'il sut en même temps qu'il l'imaginait, que cela le hanterait également chaque jour.

Il voulut reprendre son bandage et dut se rendre à l'évidence, il ne pourrait pas y arriver tout seul. Et il se voyait mal traverser Périgueux la chemise ensanglantée pour aller obtenir des soins. Il rendit les armes, acceptant qu'elle l'aide.


D'accord.
Je n'arrive pas à...


Il désigna son bras gauche, désormais engourdi et couvert de sang, qui commençait à goutter au sol.
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--Hermmance
Ce sang... partout... C'était elle. À la confirmation de sa cruauté, Hermance sentit une vague de froid l'envahir. L'idée d'avoir pu faire autant de mal à son aimé lui tordit les boyaux dans une douleur intolérable et un faible gémissement se fit entendre. Elle faillit s'écrouler au sol, mais elle réussit à s'avancer lentement alors que Raymond acceptait enfin son aide, et, avec mille précautions, fit tourner la bande autour de son épaule. Délicatement. Dans des gestes infiniment doux et méfiants. Elle n'osa rien d'autre. Et, lorsque ce fut terminé, ses bras retombèrent ballants, dans un parfait alignement avec son corps.

Je m'excuse, Raymond.
Je... Tu...


Les larmes coulaient, silencieuses, brûlant les joues de la jeune femme au fur et à mesure de leur descente. Ses yeux ne parvenaient pas à quitter l'épaule blessée, attaquée. Elle avait fait ça. Elle n'arrivait pas à se l'admettre. À s'en remettre. Les crises, jusque-là, n'avaient jamais été dangereuses pour son entourage. Le regard qu'elle lança à Raymond était hurlant de désespoir.

Tu devrais aller te faire soigner.

Elle avait dit ça d'un trait. Dans un timbre étrangement grave pour être sa voix habituelle.
Raymond_de_petrus
Raymond se laissa faire, le nez bas, aidant parfois Hermance à faire tourner le linge autour de son épaule. La peur redescendait d'intensité, même si il restait aux aguets. Il sentit l'aiguillon de tous les coups reçus, la douleur à son épaule, qui commençaient à se manifester maintenant que la tension retombait. Il ne put pas répondre à ses excuses, il avait encore besoin d'un peu de temps pour cela. Elle enchaina alors, étrangement.

Tout à l'heure... Il faut...
Enfin je peux pas te laisser seule, et... puis il faut qu'on soigne tes plaies, aussi.

Qu'on... range un peu.


L'appartement était ravagé et d'un coup, égoïstement, Raymond pensa à la pièce qui lui servait d'atelier, à la peinture en cours, ses pigments, espérant qu'elle n'avait rien touché. Il se morigéna, se disant qu'il vérifierait plus tard, parce qu'il avait plus important à gérer. Le bandage ferait son office pour quelques heures, mais il lui faudrait obtenir quelques onguents. Sa tête le lançait, et il vérifia du bout des doigts la présence d'une bosse sur sa tempe.

Il était à court d'idées pour des solutions... Les potions montraient la limite de leur efficacité, et il n'avait pas imaginé que les choses empireraient ici. Il essaya de voir comment son épouse réagissait, alors qu'elle semblait osciller d'une seconde à l'autre. Il n'aimait pas ce qu'elle venait de dire, le ton, la voix. Pourrait-il maitriser à nouveau si c'était nécessaire ?


On pourrait... déménager plus vite... peut-être. Qu'en dis-tu ?
C'est que tu n'aimes pas Périgueux, surement, non ?

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--Hermmance
Il refusa de s'en aller, de la quitter et Hermance en fut déstabilisée. Une idée fixe tournait dans sa tête, à présent, relayée férocement par différentes voix intérieures et la jeune femme en devint obsédée, alors que Raymond tentait de trouver des solutions à tout ça. Sa folie, sa violence, leur avenir. L'attitude de Hermance changea doucement. Ses épaules se rehaussèrent, son dos se tendit bien droit, son menton se leva. D'un geste, elle effaça les brûlures de ses joues et ses pupilles s'éclairèrent d'une lueur nouvelle. Sa traditionnelle assurance l'envahit de nouveau, contrastant étrangement avec son mise chiffonnée et la fatigue se lisant sur son visage.

Nous partirons plus tôt, si tu veux.
Tu as sans doute raison. Tout doit venir de Périgueux.


Son regard se porta brièvement sur ses pieds, pour constater les trainées de sang qui les constellaient. Mais déjà, elle relevait son visage vers Raymond.

Ce n'est rien. Je n'ai même pas mal.
Je vais ranger. Je vais m'en occuper. Je vais remettre de l'ordre.
Mais fais-moi plaisir. Va voir Sorianne pour qu'elle te soigne.
S'il te plaît.


Ses doigts vinrent effleurer doucement la joue de l'aimé. Elle aurait voulu se serrer contre lui. Elle aurait voulu s'endormir ainsi et tout oublier. Mais elle se contenta de ce geste. Ce tout petit geste et d'un regard ô combien teinté de tendresse et de remords.

Si tu m'aimes, tu dois t'occuper de toi.
Je vais bien. Je vais ranger et nettoyer. Tout sera bien à ton retour.


Elle ne parvenait pas à lâcher son époux du regard, à faire partir ses doigts de sa peau. Elle aurait voulu rester figée ainsi, pour toujours unie à lui. Finalement, pour rendre ses propos crédibles, elle s'éloigna et commença à ramasser les objets disséminés ici et là.
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