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[RP] Ne jamais sous-estimer le pouvoir des paillettes

Raymond_de_petrus
Raymond finit par céder à l'injonction d'Hermance, malgré toutes ses réticences. Son épouse sembla reprendre son empire sur elle-même, et finalement, il se convainquit que c'était la meilleure chose à faire.

D'accord... d'accord, je vais aller la voir...

Hermance effleura sa joue, et il la regarda. Il commençait à ne plus avoir les idées claires, mais il voulut la rassurer.

Je t'aime, tu sais. Plus que tout.

Cela ne changeait rien, hélas. Mais ce n'était pas encore le moment de réflechir à la suite des choses, il fallait s'occuper des contingences immédiates. Il déposa un baiser sur le front de son épouse, et eut l'ébauche d'un sourire peu convaincu.

Je reviens vite.


Finalement, Hermance s'activa, semblant revenue à la raison, et Raymond décida de faire comme elle l'avait dit.

Ses pas restaient peu assurés, et son bras toujours engourdi. Déjà le bandage fait par son épouse s'imbibait de sang, et il se demandait comment tout cela allait se terminer. Il trouva une cape dans l'entrée, qu'il réussit à mettre sur ses épaules, et à maintenir fermée de sa main valide, pour que personne ne remarque la chemise ensanglantée. Certes, cela ne dissimulait pas le reste. Il quitta ainsi l'appartement, refermant la porte sur la scène de désastre.

_________________
--Hermmance
Il l'aimait et le lui affirma. Ses quelques mots eurent un effet monstre sur Hermance qui sentit soudain une vague sanguine envahir son corps tout entier. Tout comme les lèvres qu'il vint déposer sur son front avant de partir. Elle voulut lui sauter au cou. L'enlacer. Lui répliquer combien elle aussi, l'aimait. Mais elle resta plantée là et ne trouva rien de mieux pour cacher son trouble certain que de s'activer à remettre un peu d'ordre sur le champ de bataille. La fureur ménagère cessa lorsque son aimé fut dans l'entrée, à se vêtir. Là, elle s'arrêta et le suivit amoureusement du regard, tandis qu'il lui tournait le dos.

Je t'aime aussi, Raymond.


C'était un murmure. Mais déjà le blond était parti et la jeune femme se remis à la tâche, ignorant les douleurs lancinantes de ses pieds tailladés, de ses muscles endolories de leur combat, de sa tête en mille morceaux. Elle ramassa, justement, les morceaux de tous les objets qu'elle avait brisés lors de sa crise pour les entasser dans un seau, puis nettoya les tâches de sang au sol. Parfois, quelques larmes étaient chassées d'un revers de main pour éclaircir sa vision, sans qu'une pause soit de mise.

Quand l'appartement eut retrouvé un aspect paisible, elle se déshabilla et rangea ses vêtements sales et déchirés dans la boîte à chiffons. S'avançant vers le baquet d'eau froide, elle s'y plongea entièrement sans hésitation aucune. L'eau froide ne lui fit, semblait-il, aucun effet et elle s'y lava comme si de rien n'était. Ses gestes étaient lents, précis. Les mêmes que d'ordinaire. Et c'est avec ces gestes-là qu'elle sortit de son bain glacé, qu'elle se sécha, revêtit la « chemise de leur avenir », confectionnée par Sorianne quelques jours plus tôt. Elle avait également pris le temps de peigner ses cheveux. Elle était ainsi impeccable. Comme toujours.

Elle sortit de la chambre et alla jeter un coup d’œil à l'atelier de Raymond qui était resté intact. Là, elle déambula autour du chevalet, essayant de capter la présence de son époux en effleurant ses objets du bout des doigts, en humant les odeurs si caractéristiques de son art. Elle prit quelques minutes pour s'asseoir sur le tabouret du peintre. Depuis le départ de Raymond, Hermance avait gardé une constance effarante. Son visage montrait la même note, préoccupée, décidée et pas un geste ne se voyait troubler par une quelconque précipitation. Ils gardaient tous le même rythme, comme suivant une partition rythmique toute tracée. Dans cet atelier, on put voir Hermance derrière un pupitre, une craie verte en main, de la couleur de l'espoir. Mais déjà, elle se levait et rangea la craie avec ses semblables et quitta la pièce, non sans fermer soigneusement la porte derrière elle.

Elle s'arrêta ensuite un instant pour balayer l'appartement du regard, les mains croisées sur sa poitrine, semblant être habitée par mille pensées. Les yeux cessèrent finalement leur déambulation pour s'arrêter sur un point précis. Immobile, Hermance fixait ce point, semblant même voir au-delà de ce qu'elle scrutait. Soudain, ses pieds et ses jambes se mirent en mouvement et ses gestes s'accélérèrent. Elle marcha. D'abord doucement. Puis plus rapidement. Puis elle courut. De petites enjambées, puis les foulées devinrent de plus en plus grandes, de plus en plus rapides. La fenêtre fut la fin de sa course folle. C'était là, le point fixé auparavant. La certitude. La résolution. La libération. Le verre se brisa sous l'élan de la jeune femme lorsque son corps s'y écrasa tout entier et fut projeté vers l'extérieur, là où l'air frais automnale régnait désormais. On vit du verre sortir de la fenêtre, bientôt rejoint par le corps presque dénudé d'une jolie blonde. Mais dans la chute, ce dernier fut plus rapide et les petits bouts de verre vinrent s'écraser doucement, dans un joli tintinnabulement, sur la peau pâle et la « chemise de l'avenir » écroulées à terre.

Hermance semblait dormir. En boule sur le côté, le visage serein et apaisé, elle avait toujours les mains croisées sur la poitrine et, tenu entre elles, on pouvait apercevoir un papier sur lequel quelques mots étaient inscrits.


        Citation:

            Je t'aime.
            Pardonne-moi.


Raymond_de_petrus
La vie semblait reprendre un cours normal, si on exceptait une épaule déchiquetée et recousue, une bosse, et le traumatisme des événements de la soirée. Raymond entendait Sorianne plaisanter doucement, comme pour le distraire, mais il était bien loin dans ses pensées, anesthésié par l'alcool, la douleur lancinante de son épaule, et le bouleversement de son existence. Ainsi lui répondait-il à peine, réflechissant à son futur avec Hermance.

Il s'accrocha à un espoir mince, celui que quitter la capitale aiderait Hermance à aller mieux. Mais il doutait, aussi. Et si elle ne guérissait pas ? Et si il fallait la confier à Saint Illinda ? Et si...

Il n'y avait personne dans les rues, et puis il y eut des gens, quelques personnes, regroupés qui devisaient à haute voix en bas de chez lui. Le coeur de Raymond battit plus vite et il leva les yeux vers les fenêtres de son appartement, craignant un incendie, ou autre chose. Mais ce fut en s'approchant qu'il vit le corps à terre.

Il s'arrêta un instant, foudroyé sur place par la triste réalité des choses. Il n'y eut plus rien d'autre pour lui que cette vision éclairée par les torches et les dernières lueurs crépusculaires. Il défit la cape, et s'approcha pour couvrir Hermance de celle-ci, pensant qu'elle devait avoir froid dans une tenue si légère. Raymond pouvait sentir ses doigts glacés alors qu'il se retrouvait, sans trop savoir comment, agenouillé à terre, et serrant contre lui le corps d'Hermance. Il ne sentit pas le vent glacé des soirs d'automne, vêtu seulement de la chemise de l'ancien fiancé de Sorianne. Pour lui, c'était déjà l'Hiver, caressant la joue froide de celle qui avait été le centre de son existence depuis sept ans.

Il remarqua le billet, entre les mains de la jeune femme, et l'extirpa non sans difficulté. Sa lecture lui arracha un sanglot, et il posa la tête dans le cou de son épouse, respirant l'odeur de ses cheveux, souhaitant que ce moment ne s'achève pas.

Il murmura aux anges la réponse aux derniers mots de son épouse.


Je te pardonne.
Je t'aurais tout pardonné.


Hermance était morte.
Hermance était morte, et Raymond venait aussi de mourir un peu.

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Sorianne
A la question sur la provenance de la chemise, la petite brune a tout d'abord acquiescé, en rajoutant même une couche avec un sourire.

Il l'a oublié à son dernier passage, peut-être un peu trop perturbé pour y penser. Autant que tu en profites.

Bon les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures, et la brune a noué la cape autour des épaules amies en avouant à mi-voix qu'elle appartenait à son fiancé disparu.

Le chemin se fait tranquillement, même si la brune surveille Raymond sans cesse, espérant qu'il ne tourne pas de l’œil à cause d'une faiblesse inopinée, ou d'une douleur plus prononcée que les autres. Avant de partir, elle a prit soin d'emporter quelques pots de plantes qui lui permettront d'atténuer un peu la douleur qu'il doit ressentir, un un d'onguent qu'Hermance pourra lui appliquer dans le dos pour cicatriser toutes les entailles qu'elle n'a pas omis de noter.

Mais c'est sans compter la suite...

L'instant de stupeur passé, elle contemple avec horreur le spectacle devant ses yeux. Les mains sur sa bouche, la noiraude sent son cœur s'arrêter. Qu'a-t-elle fait? Qu'a-t-elle fait à Raymond?! Lui est déjà auprès d'elle, à choyer sa femme maintenant éteinte.

Aucun mot ne sort, la petite brune lève le nez pour voir la fenêtre crevée et rebaisse le nez au moindre crissement sous les semelles. Raymond, Raymond, Raymond, il va être anéanti, non, cela ne devait pas se passer ainsi, ils devaient être heureux tous les deux, ils devaient être heureux, c'était la condition...

Et ces personnes autour qui sont là à bavasser...
La brune réagit enfin, essayant de faire poliment s'éloigner les gens non sans demander à l'un s'il pouvait lui laisser sa lanterne, la nuit arrivant à grand pas, bientôt ils n'y verraient plus clair.

...
Combien de temps est-elle restée là ensuite?
Elle sait combien c'est dur, qu'on a besoin de temps... Elle respecte cela, mais elle craint aussi pour lui. Le vent pince fort et il n'a qu'une chemise sur le dos. Debout derrière lui, Sorianne ne dit mot.
Attend, patiente...
La nuit est tombée déjà...

Doucement une main est posée sur l'épaule indemne et les doigts se serrent tendrement en guise de maigre réconfort. Il est gelé aussi, et la petite noiraude craint qu'il n'attrape la mort à rester ainsi.


Raymond, il faudrait remonter... Je peux t'aider... Si tu veux...

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Raymond_de_petrus
La main de Sorianne sur son épaule fit sortir Raymond de son état d'hébétude. Il répondit, l'air ailleurs.

Oui... oui, il faudrait.

Il ne sut pas toutefois en quoi elle pouvait l'aider.

Ce furent deux hommes du guet, prévenus qu'un corps gisait près de la cathédrale, qui finirent par arriver. Par chance, même si le peintre n'avait connu qu'une carrière fulgurante dans la prévôté, ils le reconnurent. Après les condoléances d'usage, on en vint à des choses plus triviales. Le corps d'Hermance ne pouvait pas rester là, et il aurait été malsain de le remonter dans l'appartement. Comme pour tout cas de ce genre, il serait emmené à la cathédrale, en attendant l'enterrement.


Elle n'aurait pas voulu... être enterrée ici.

Il devait partir pour les coteaux, prévenir les parents d'Hermance, les siens. Obtenir qu'elle ait une messe malgré tout. Il plaiderait sa folie, auprès du curé de Libourne qui les avait marié, et il ne pourrait pas lui refuser cela.

Les deux hommes du guet s'arrangèrent, aidés d'un autre maréchal, pour transporter le corps à la cathédrale toute proche. Ils assurèrent au peintre qu'ils avaient l'habitude, et qu'au matin, Raymond pourrait veiller à ce que le corps soit préparé. Le peintre se retrouva ainsi planté là, sonné, frigorifié et finalement ses méninges se remirent en fonction.

Il y avait beaucoup à faire, mais il aurait probablement pu s'endormir sur place tellement il était épuisé. Il se tourna vers Sorianne, hésitant. Il trouvait cela inconvenant de faire monter la couturière chez lui alors que le corps d'Hermance était à peine froid, même si il savait parfaitement qu'il serait incapable de faire quoi que ce soit de tout aussi inconvenant avec elle. Il balbutia :


Je... Je vais rentrer.
Mais je sais pas ce que tu peux faire, pour m'aider.

Tu devrais rentrer chez toi, on se verra peut-être demain, avant que je parte avec elle.


Il eut un regard pour la cathédrale, avant de baisser le nez.

Enfin... merci pour... l'épaule. Je vais essayer de... gérer tout cela.
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Sorianne
Sans mots dire, Sorianne laisse ensuite les choses s'enchainer, sans y prendre en part. Les hommes en armes qui viennent s'enquérir de la situation, Raymond expliquant un peu les choses, déjà les premiers préparatifs sont évoqués... Et la petite brune reste en retrait de tout cela, ne voulant pas interférer, préférant presque se faire oublier tant la situation lui parait inconcevable et qu'elle ne se sent pas à sa place.

Pourtant, le regard se porte sur Raymond. Raymond qui devait être heureux avec sa femme, qui devait avoir belle vie et tout ce qu'il désirait. Tout s'est effondré maintenant... Et sa retenue inquiète la noiraude qui a le visage grave quand il lui parle à nouveau. Le sort s'acharne à vouloir les séparer. Le Destin est cruel, mais elle ne peut que comprendre. Pourquoi vouloir l'enterrer ici alors que leur vie était censée être ailleurs?

Les sourcils se froncent un peu, ce qu'elle attend ce sont des hurlements, de la rage, des coups, pourquoi pas des pleurs... Mais rien... Elle se contente d'acquiescer lorsqu'il lui fait comprendre qu'elle n'est plus la bienvenue ici pour l'instant. Compréhensible, la So n'en prend pas ombrage le moins du monde, se contente de hocher doucement la tête, sans pour autant lâcher le blond des yeux.

Finalement, elle finit par fouiller sa besace et par en sortir les deux petits pots de terre qu'elle a emporté. Malgré toute sa bonne volonté, elle a du mal à conserver son sang froid, et c'est d'une voix éraillée qu'elle finit par répondre, chagrinée au possible pour lui, à qui elle espérait la vie dont il rêvait. Et en parlant, les yeux se baissent sur ses possessions.


Les herbes, c'est pour la douleur, tu fais infuser, tu les mâches, tu... C'est pour la douleur. L'onguent, c'est pour mettre son ton épaule et ton dos... Raymond, il faut soigner ton dos aussi... Un soupir dépité, et elle reprend. On se verra demain, oui, demain. Il faudra changer ton pansement, et... Voir si tu n'as pas de fièvre.

Le nez se relève un peu, il ne peut pas s'en aller ainsi, remonter chez lui l'air de rien...


Tu es sûr que tu veux rentrer chez toi?

Elle craint tellement de le laisser seul... Seul... Il ne l'est pas, pour sûr. Et pour ne pas blesser davantage son épaule, So s'approche de lui sans chercher à l'attraper au cou et le serre dans ses bras, la tête posée contre le torse ami. Le réconfort est bien maigre, elle le conçoit, mais c'est mieux que rien...

Je suis désolée pour Hermance, tellement désolée...

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Raymond_de_petrus
Raymond se saisit tant bien que mal des pots destinés à se soigner. Il était, en cet instant, bien loin de ces considérations, encore hagard de la mort d'Hermance.

Je passerai chez toi demain, promis. On... regardera pour le dos. Et puis à Libourne, je pourrai demander à quelqu'un de m'aider.

Sa mère peut-être. Dieu, comment allait-il lui expliquer tout cela ?
Sorianne lui demanda alors si il était sur de vouloir rentrer chez lui, mais il ne savait pas vraiment ou aller. Il aurait pu prendre une chambre à l'auberge des Poneys, mais ne voulait pas les croiser. Et puis cela n'aurait-il pas été trahir les souvenirs que de fuir dès le premier soir ?


Je dois... écrire à ses parents... préparer mon sac, puis... ses vêtements. Enfin je ne peux pas l'enterrer dans cette tenue.

C'était dit avec une fraicheur confondante. Sorianne finit par venir se coller à lui, et il posa sa main valide dans le dos de la couturière.

Je sais. Merci.

C'était généralement ce qu'on disait pour les condoléances. Il cherchait à réfléchir à ce qu'il devait faire, mais son esprit, habituellement hyperactif, s'était englué. Il lui semblait que des heures venaient de s'écouler quand il se dit qu'il devait laisser Sorianne rentrer chez elle.

Je dois rentrer.

Ne voulant pas la repousser, il attendit qu'elle se détache, et sans lui accorder un regard, entra dans le bâtiment, pour gravir les escaliers et rentrer chez lui. Il entendit alors Sorianne monter derrière lui, l'assurant qu'elle voulait juste vérifier que tout allait bien. Il soupira et céda, avant d'ouvrir la porte.

Il s'était attendu à retrouver le spectacle de désastre, mais fut confronté à un appartement rangé et propre. Il resta statufié sur le seuil de la porte, se demandant pourquoi. Pourquoi, pourquoi, pourquoi...

Le vent d'automne sifflait par la fenêtre brisée, et il faisait un froid de loup dans l'appartement. Il n'avait même pas pensé à ce détail quelques instants plus tôt, les pots toujours en main.


Je...

Il n'aurait pas été raisonnable de dormir là, et il ne se voyait même pas en état de réparer, même temporairement, la fenêtre.
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Sorianne
Que son cœur est douloureux... Pour avoir déjà été à sa place, elle ne sait que trop bien la douleur que l'on éprouve lorsqu'on perd celui qui faisait toute sa vie. Mais Raymond lui semble dans un tel état que l'inquiétude prend le pas sur tout. Sans doutes est-il anesthésié, entre le froid, l'alcool qu'il a ingurgité pendant qu'elle recousait son épaule, le choc précédent encore, avec son agression...

Il veut rentrer... So relève le nez en direction de la fenêtre éventrée, peu convaincue par le judicieux de la chose, mais elle ne le contredit pas et s'écarte doucement. Il semble tellement ailleurs... Absent... La noiraude suit alors son ami du regard alors qu'il entre dans la bâtisse, hagard, à son grand dépit. La boule qu'elle a dans la gorge enfle encore un peu alors qu'il entre déjà dans la maison pour rejoindre son appartement.

Si a la base, elle compte repartir chez elle, même à contrecœur, et qu'elle a déjà entamé le pas pour ce faire, Sorianne est si inquiète que finalement elle pénètre aussi les escaliers pour rejoindre Raymond. Pour être sûr que tout va bien, oui. Pour être sûr qu'il aille... Bien. Elle se moque du reste, tout ce qui lui importe c'est qu'il... So s'arrête net après lui qui s'est fixé à l'entrée et elle jette un œil dans l'appartement du peintre. Peintre perdu, pour l'heure.

Alors lentement, à gestes doux, la petite brune le tire en arrière en lui attrapant le poignet dont la main tient les pots.


Viens Raymond.
Chez moi.
Il faut que tu dormes.
Il faut...
Je...
Viens, s'il te plait.


Elle compte le coucher, le veiller depuis le fond de son siège.

Tu auras le temps de penser demain.
Viens avec moi.
Je t'en prie Ray...

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Raymond_de_petrus
Raymond se laissa tirer en arrière par la couturière, et il finit par revenir un peu sur terre au fur et à mesure qu'elle lui parlait. Il eut un dernier regard pour son appartement, avant de conclure qu'il n'avait pas de meilleure idée sur l'instant. Dormir en boule sur le pas de la porte ne lui semblait pas tellement mieux, et si Sorianne n'avait pas été là, cela aurait été sans doute envisagé.

D'accord... d'accord.

Il n'avait de toute façon, comme dit plus tôt, pas l'énergie de négocier. Il referma donc la porte, après être allé chercher quelques affaires pour la nuit, et suivrait Sorianne sans broncher jusqu'à chez elle, silencieux.
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Raymond_de_petrus
[Au lendemain, l'après-midi]

Raymond avait utilisé une grande toile pour boucher le trou de la fenêtre brisée et désormais l'appartement avait retrouvé une partie de son calme. Seul un sifflement insistant se faisait encore entendre, celui du vent s'infiltrant par les interstices. Son bras gauche restait engourdi, et il l'avait mis en écharpe, avant de se présenter au conseil comtal et faire ce qui devait l'être. Un coursier était parti pour Libourne, porteur des mauvaises nouvelles.

Une fois cela fait, il ne s'était pas attardé, laissant des consignes pour les prochains jours. Il s'était retrouvé à la cathédrale, ou on avait prit soin du corps d'Hermance. Il avait amené une autre robe pour sa défunte épouse, celle dans laquelle ils s'étaient mariés, dans des tons bordeaux et verts, et avait fini par se retrouver seul avec elle. Pour se recueillir, lui avait-on dit. Il avait tressé les cheveux d'Hermance, non sans difficultés avec une main qui refusait d'obéir, veillant à ce qu'aucune mèche ne dépasse, comme elle en avait l'habitude.

Même ainsi, elle restait belle, bien que plus rien ne l'animait désormais. Il lui avait adressé quelques derniers mots doux, l'assurant qu'il lui pardonnait encore, et l'avait quitté. Il laissa une dotation conséquente à la cathédrale pour les soins faits, et s'arrangea pour ramener son épouse jusqu'à Libourne, grâce à la voiture louée pour le soir même, qu'il emprunterait aussi.

Désormais, il préparait son propre paquetage, improvisant de quoi porter le deuil. Il aimait les couleurs chamarrées et vives, ainsi il n'avait que peu d'habits sombres. La tenue achetée pour le mariage d'Orkaange et Cmyrille trouva ainsi un nouvel usage, même si il ne prit pas la chemise rose sombre. Il avait également préparé une partie des affaires d'Hermance, qu'il rendrait à ses parents, conservant toutefois les bijoux offerts - excepté l'alliance qu'il avait laissé au doigt de son épouse - et surtout la chemise qu'elle portait lors de sa mort.

Il lui semblait ne rien avoir oublié, alors qu'il refermait la porte derrière lui. Il ne lui restait plus désormais qu'à dire au-revoir à Sorianne, avant de quitter Périgueux pour quelques temps.

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Raymond_de_petrus
    Quelques jours plus tard...


Lorsque Raymond ouvrit un oeil ce matin-là, ce ne furent pas les trompettes de la renommée qui sonnèrent à ses oreilles, mais plutôt le vacarme de la gueule de bois. Il grimaça et gémit, alors que son épaule le lançait douloureusement, et finit par se lever.

Il aurait été plus courageux et moins orgueilleux qu'il serait allé trouver Sorianne, mais de brefs souvenirs lui rappelèrent qu'il ne l'avait pas bien traité la veille au soir, et peut-être était-il préférable de faire profil bas quelques temps. Elle lui voudrait probablement quelques temps, et sans doute finirait-il par présenter des excuses pour avoir été un parfait goujat. Il décida qu'il s'occuperait d'enlever son pansement seul, pour ne plus la solliciter.

Après une soirée plaisante, il s'était finalement senti honteux d'être si léger dans son comportement. Il estima n'avoir eu aucune retenue, hors si il y avait bien un moment ou il devait en avoir, c'était maintenant. Son épouse fraîchement enterrée, il ne pouvait pas renouer avec ses habitudes, et il avait beaucoup trop bu la veille. Quand il s'en était rendu compte, tout était parti à vau l'eau, il avait repoussé la couturière qui s'inquiétait, avant de tout envoyer valser et quitter la taverne.

Il soupira envisagea pour l'après-midi un tour aux bains publics, histoire de se débarrasser de sa migraine, mais ce n'était pas encore le moment. Il fallait se rendre à la messe, trouver un artisan pour changer sa fenêtre, et trainer sa mélancolie. Il avait parlé de déménager la veille, quitter l'appartement qui charriait désormais beaucoup de mauvais souvenirs. Cet appartement, il l'avait acheté pour eux, mais y avait vécu plus longtemps seul. Peut-être ferait-il un tour dans le quartier des remparts que Sorianne lui avait conseillé... Mais était-ce une dépense nécessaire alors qu'il envisageait de se mettre au vert quelques temps ?

Ou peut-être avait-il encore besoin de voir les traces d'Hermance encore un peu dans sa vie, plutôt que de tout balayer d'un mouvement de la main. Tout était encore trop frais pour prendre des décisions hasardeuses.

Il fallait trouver aussi comment faire pour vivre avec un bras insensible et incapable de bouger. Il le regardait souvent, craignant qu'il se mette à pourrir sur place, qu'il faille amputer. Mais non, il ne changeait pas de couleur. Il soupira, et se prépara pour tout ce qu'il avait à faire, mettant encore plus de temps qu'à l'habitude. Fichu bras.

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Raymond_de_petrus
    Quelques jours plus tard...


Après une brève escapade à Sarlat, Raymond était revenu à Périgueux. Il avait fait finalement remplacer la fenêtre, ce matin-là, et le feu ronronnait dans l'âtre pour ramener un peu de chaleur dans l'appartement qui avait connu l'humidité et le froid automnal depuis deux semaines.

Le peintre erra dans les lieux, cherchant des traces de son épouse. Ses affaires, bien sur, celles qu'il avait conservé, les quelques bijoux. Il n'eut pas le courage de tout ranger dans une malle, cela était encore trop tôt, ainsi elles restaient encore dans les placards, attendant que Raymond décide de leur sort.

Il s'ennuya, mais cela n'était pas gênant. Rien ne requérait son attention et il eut le loisir de faire tout ce qu'il ne pouvait pas faire d'habitude. Il hésita à racheter un peu de vaisselle, Hermance ayant cassé beaucoup de celle-ci dans sa dernière crise, mais il estima que c'était inutile. Il ne recevrait sûrement personne ici avant son départ pour la Bretagne.

Il peignit aussi, achevant un travail entamé des semaines plus tôt. Son train de vie allait changer, il n'avait plus à payer depuis 2 mois l'hospice de Montpellier, et peut-être pourrait-il s'éloigner de l'influence des Encapuchonnés.

Sa seule autre occupation était sa correspondance avec Sorianne, en voyage. Quand il lut sa dernière lettre, elle devait désormais être à Toulouse. Pour combien de temps ? Ils l'ignoraient tous les deux. Si il avait regretté son départ, il reconnaissait toutefois qu'il appréciait ces temps de solitude, même si cela n'était pas dans son tempérament.


Citation:
Cher Sire de Petrus,

Montauban est devenue Cité déserte.
Nulle trace de vie nul part... Une ville fantôme aux maisons fermées, aux tavernes vides, et aux rues abandonnées.
Je n'ai pas croisé âme qui vive, s'en est presque inquiétant.
Le vent souffle et la poussière vole.
Les saules sont magnifiques pourtant. Mais le saule est l'arbre que je préfère, cela doit aider.
Peut-être pour cela que finalement j'aime cette ville.
Les rives du Tarn se sont parées d'une magnifique couleur jaune, on dirait un pays imaginaire où l'or est présent à foison.
J'ai profité de l'arrêt pour aller rejoindre les bains publics, eux aussi déserts.
L'eau n'était pas très chaude, je ne m'y suis pas attardée.
Dire qu'il y a quelques temps j'y suis tombée!
Mon pied a glissé sur le pavé mouillé.
A la bonne heure, cela m'a permis de me débarasser de mon boitement handicapant qu'un accident de cheval m'avait causé.
J'ai hâte de retrouver de quoi prendre un bain brûlant. J'ai l'impression que le froid a pénétré ma peau, jusqu'aux os, je suis frigorifiée, et la goutte au nez n'a rien de très charmant.

Sais-tu que l'on vient de me livrer un trousseau de clefs? Je suppose que ce sont celles du château.
Je ne sais trop quoi faire.
Etre là juste pour dire, mais ne rien dire?
Participer au mieux?
Le dilemme est conséquent.
Puis vous n'êtes plus là pour que l'on puisse supporter la chose, c'est bien malheureux.

En parlant cheval... Je hais vraiment ces bêtes.
Cette carne qui mène la charrette n'a de cesse de chercher à me mordre. Ce suppôt du Sans Nom veut me becter dès que je passe à sa portée.
Il a failli emporter ma veste pas plus tard que ce matin.
Puis j'ai l'impression qu'il me cherche tout le temps. Son regard est mauvais, moqueur et il me nargue.
Lorsque je ne suis pas à ses côtés, il me regarde et tend sa tête en montrant ses dents énormes.
Je n'aime pas les chevaux!

Es-tu déjà reparti sur Périgueux? Ou es-tu toujours à Sarlat?
Tu es décidé à t'en aller alors?
Par le Très Haut, j'espère que Ork et Cmyrille seront à nos côtés.
Quelle est donc la destination? Toujours la Bretagne pour aller trouver cette fameuse fontaine?
Y crois-tu?

Je vous embrasse l'autre joue Messire.
Et vous salue du fond de ma charrette.

So.


Citation:
Petite sirène,

Je suis bien désolé que Montauban soit désormais vide. Toutefois la description que tu m'en fais est plaisante, le paysage doit être magnifique. Tu as toujours aimé les saules en plus, je me rappelle de celui d'Angoulême, en bord de Charente. Mais les saules sont un peu tristes, à tremper leurs branches dans l'onde, on dirait que leur existence leur est trop lourde à porter et ils plient sous ce fardeau.

C'est l'automne ici aussi. L'appartement est froid d'avoir eu la fenêtre brisée pendant deux semaines, mais je l'ai faite réparer ce matin. Je suis effectivement rentré à Périgueux, j'ai besoin d'un peu de temps, de solitude. Je n'ai pas encore osé ranger ses vêtements dans une malle.

Ma décision de démission m'a soulagé. Je n'ai pas eu la prétention d'être irremplaçable, de toute façon. J'ignore ce que donnera la fin de ce mandat, et je ne sais pas si Eliance compte re-démissionner.

J'ignore ce que comptent faire Orkaange et Cmyrille de leur côté. La promenade en Bretagne me parait intéressante, et puis, cela ferait plaisir à Eliance, tu es son amie en plus. Je ne crois pas vraiment à cette histoire de fontaine, mais le folklore local pourrait être distrayant. Je ne me vois pas rester ici de toute façon. Et retourner à Libourne pour m'y installer et y vivre mon deuil non plus.

Il me semblait que tu voulais aller voir ton ami en Poitou aussi, ce n'est pas si loin de la Bretagne. Nous verrons si Eliance reste avec nous, ou elle voudra rejoindre Orkaange et Cmyrille qui auront peut-être pris leur propre chemin. Je t'avoue que pour l'instant, cela me dépasse un peu. La destination ne m'importe pas autant que le voyage en lui-même.

Merci pour le baiser.
Prenez soin de vous, et prenez garde aux dents des chevaux.

Raymond

PS : Dieu que mes mots paraissent froids, j'en suis confus.

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Raymond_de_petrus

Le temps était maussade ce matin là, quand Raymond déposa son sac sur la table de son appartement. Le retour depuis Paris avait été exigeant pour lui, et son épaule le lançait toujours douloureusement. Une lettre de Sorianne l'attendait, et il la lut distraitement, l'esprit ailleurs.

Citation:
Et excuse moi pour ce courrier si... si...
Le mot m'échappe. Mais ce n'est rien de tout cela que j'aurai souhaité t'écrire.


Deux amis qui s'écrivaient, rien de plus.
Il aurait été d'humeur plus sombre qu'il aurait sans doute décidé de lui répondre de garder ses espérances pour autre chose que le bras inerte qui pendait à son épaule gauche. La lettre fut repliée, il y répondrait plus tard, quand son état d'esprit serait plus à même d'écrire à Sorianne ce qu'elle attendait de lui.

Il n'avait ainsi aucune obligation, si ce n'était le rendez-vous fixé par Eliance quelques jours plus tard. Il se mit en tête de retrouver sa pipe à opium, acquis lors de ses voyages en Aragon, et la fouille lui prit bien une heure, alors qu'il s'arrêtait parfois pour regarder d'autres vieux souvenirs, des choses que l'on achetait en pensant les utiliser, ou les contempler, et qu'on oubliait au fond d'une malle. Sans doute pourrait-il tirer quelques pièces de ce passé.

La pipe fut dépoussiérée et nettoyée et il s'occupa de la pâte visqueuse achetée à la Cour des Miracles quelques jours plus tôt. Les volutes commencèrent peu à peu à s'élever dans la chambre, et Raymond s'installa sur le lit.

La même béatitude le saisit qu'à la fumerie, au fur et à mesure des bouffées. Il défit les lacets de sa chemise, ayant soudain chaud, alors que la douleur disparaissait. Etendu sur le lit, il n'y eut plus rien d'autre que ce vide délicieux. Il tourna la tête, vers la place désormais vide du lit conjugal.


Hermance...
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--Hermance_spectrale
Le jeune femme ne quittait pas son mari endeuillé. Son âme, du moins, le pistait partout où il se déplaçait et elle mettait un point d'honneur à ne jamais le lâcher. N'est-ce pas ça, les vœux du mariage ? Hermance avait seulement oublié que tout ceci était censé s'arrêter à la mort de l'un ou de l'autre. Elle s'acharnait à rester auprès de Raymond, à lui caresser les cheveux doucement quand il dormait, à lui souhaiter une bonne journée lorsqu'il passait le pas de la porte de l'appartement. Tout était comme avant. Ou presque.

Il souffrait et Hermance ne pouvait que constater son impuissance face à ça. Et sa culpabilité ne faisait que grandir. Alors qu'il rentrait d'un long périple parisien, elle l'avait accueilli, comme d'ordinaire. Elle regretta seulement de ne pouvoir le débarrasser de sa veste et qu'il ne vint pas poser sa tête sur ses genoux pour profiter d'un moment de plénitude. Elle s'était contenté de quelques mots...


Touuuut s'est bien passssé mon amouuuuur ?

... restés dans le vide...
Elle avait décidé de le laisser tranquille, l'épiant seulement de loin. Mais quand elle le vit fourrager et sortir sa vieille pipe, elle n'y tint plus et vint le surplomber, alors qu'il s'était allongé sur leur lit.


Je peux sssavoir ce que tu faaaaabriques ?

Elle avait les poings sur les hanches et le regard sévère des reproches à venir. C'est ce moment-là qu'il choisit pour prononcer son prénom, comme dans une plainte. Elle tut aussitôt ses réprimandes et vint s'asseoir à côté de lui sur le lit, le regardant un peu d'en haut tout en cherchant à capter son regard.

Tu ne devrais pas fuuuuumer. Tu le saiiiiis.
Pose çççça, Raymond. Ce n'est pas raisooooonnable.
Raymond_de_petrus
Il attribua à son esprit anesthésié par la drogue la réponse imaginaire de son épouse, qui aurait pu se tenir là, assise, à le réprimander certainement sur son attitude, et sur la reprise de ce vieux vice. Ses voyages ne lui avaient pas apporté que du bon, mais il avait su résister aux sirènes de l'opium quand il avait quitté le royaume d'Aragon, laissant le souvenir de la drogue derrière lui.
Non, elle n'aurait surement pas voulu qu'il vive son deuil ainsi. Il sourit tristement aux anges à cette idée.


Tu ne serais pas d'accord, c'est vrai.
Mais tu n'es plus là.


Cela n'était même pas énoncé comme un reproche.
Les yeux dans le vague, il poursuivit.


C'est douloureux, sans toi.
Même quand tu étais à Montpellier, tu existais. Je me posais la question parfois, ce que tu aurais fait dans certaines situations, et cela m'aidait.
Et maintenant...
Maintenant... Il n'y a plus rien.


Sans doute que sans l'opium, il se serait laissé aller aux larmes, au chagrin, mais la drogue lui permettait de se sentir en paix.

Pourquoi j'ai échoué ? pourquoi j'ai pas pu te guérir, Hermance ?

C'était là sa plus grande culpabilité, il prenait cela comme un échec personnel, alors qu'Hermance allait bien en arrivant à Périgueux, de ne pas avoir su la préserver, ou consolider sa guérison.
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