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[RP] La main dans le sac.

Elise.
Dans l'ombre de la nuit, l'orpheline avançait d'un pas assuré. Du haut de ses douze ans, Paris semblait être une ville fabuleuse, où tous les rêves sont permis. Elle observait les catins, ne voyant que les sourires aguicheurs de femmes qui semblaient être heureuses et ravies. Elle observait les mendiants, ne voyant que des paresseux qui n'avaient pas tellement l'envie de se lever et qui attendaient tranquillement que quelqu'un vienne les nourrir.

Ses bottes dans la boue mais le nez tourné vers les étoiles, Elise marchait avec conviction. Depuis sa fuite des griffes de Shawie dans lesquelles on l'avait abandonnée, la petite avait appris à se débrouiller. Cette ville, ces ruelles, elle les connaissaient bien, elle avait l'impression que tout lui appartenait. Avec un sourire chaleureux, elle parvenait à éviter les miliciens. En échange d'un peu d'aide, le marchand lui offrait parfois un autre quignon de pain quand elle en achetait un.

Petit à petit, l'enfant avait fait son nid. Et parmi ses habitudes, il y en avait une qu'elle appréciait tout particulièrement. C'était le détroussage d'ivrognes. Bien sur, elle passait un peu plus tard dans la soirée, quand ils avaient déjà bu. Alors la bourse était déjà presque vide, mais l'homme était bien trop éméché pour faire attention à elle. Pour Elise, ce n'était pas du vol. De son point de vue, elle en avait plus besoin qu'eux, c'était donc normal que l'argent finisse dans sa poche.

Par ailleurs, elle parvenait toujours à nouer des relations éphémères avec quelques personnes. A la faveur de la nuit et de l'ivresse, Elise se faisait passer pour plus vieille, et pouvait, quand la chance était avec elle, se voir offrir une chope.

La brune tourne à droite... Puis à gauche... Puis tout droit... Puis encore à droite... Et enfin, elle arrive. Elise connait presque toutes les tavernes de la ville, mais elle ne fait jamais la même deux soirs de suite, pour éviter de retomber sur ceux qu'elle déleste de leur bourse. Ce soir, ce sera donc "Le cafard ambré". Ce n'est pas la rue la plus jolie ni la taverne la plus fréquentée, mais cela faisait plusieurs semaines qu'Elise n'y avait pas mis les pieds, et elle s'était promis de n'en négliger aucune.

En s'approchant, le brouhaha se fait plus insistant, et une fois la porte poussée, celui-ci vient assaillir les oreilles de l'Orpheline qui grimace. L'odeur acre vient lui piquer les narines, mais l'enfant avance malgré tout dans la lumière. Cette taverne n'est pas très grande ni très réputée. La table, tout de suite à droite, est occupée par quelques hommes jouant aux dés. Ceux-ci misent déjà leurs écus, Elise ne peut donc pas les voler. éparpillés à gauche, divers groupes d'hommes autour d'autres tables. Certains discutent grassement, d'autres reluquent les catins.

Elise observe les catins justement, dont elle ignore le métier. Elle les prends pour de jolies danseuses... Et elle n'a pas tort, finalement.. Au fond à droite, un escalier s'enfonce jusqu'à l'étage, menant sans doute à quelques chambres sordides avec des plumards plein de puces.

Et enfin, face à la porte, se trouve le comptoir, avec un aubergiste grassouillet et bien peu regardant sur les affaires qui ont lieu ici, tant que les clients payent et évitent de casser le mobilier.

C'est au comptoir que la petite se dirige en premier lieux. Quelques clients silencieux y sont accoudés, fixant les verres vides d'un regard affable. Des cibles faciles, mais qui rapportent très peu. C'était un bon début ! Avant de passer à l'acte, l'enfant regarde autour d'elle, mais personne ne lui prête la moindre attention. Alors avec minutie, elle fait les poches des quelques piliers de comptoir, d'un bout à l'autre. Elle ne risque rien, ceux-là ne se retournent jamais.

Au bout du comptoir, deux personnes boivent et discutent. Elle les voit jeter des coups d’œils aux catin. Ils ont l'air moins ivre, mais aussi plus riche. Elise hésite un instant, avant de hausser les épaules. Ils n'ont pas l'air de l'avoir remarquée, et malgré tout plusieurs verres s'empilent devant eux. L'espace d'un instant, c'est Elise qui croit voir double, avant de se rendre compte que les deux roux sont au moins frères.

D'une démarche qu'elle croit discrète, l'Orpheline s'approche, pas à pas, du dos des deux hommes. Elle pense avoir affaire avec d'autres poivrots comme elle en côtoie tous les soirs. Alors c'est sans hésitation que ses mains s'aventures entre les roux. La main de gauche pour le frère de gauche, la main de droite pour le frère de droite, ça va plus vite..
Judicael.
Et riche, ce soir là Cael l'était plus que d'habitude. Il avait passé la soirée à jouer au tripot et avait empoché une coquette somme . Judicael était extrêmement doué aux jeux, et les cartes lui sauvaient souvent les soirées où il pouvait boire et fumer sans se préoccuper de l'infidélité d'une bourse d'écus. Réputé invaincu aux tables de jeu dans le clan de ses pairs, il avait eu grande satisfaction à gagner plusieurs parties contre la Corneille, qui lui devait désormais un service, mais également Balafron et Victoria. Umbra n'avait pas apprécié ce mauvais moment à passer... Sans aucun état d'âmes, le roux dépensait à sa santé cette nuit, accoudé à son frère. Les catins avaient compris que ce soir, aucun des deux hommes n'était disposé à leur céder le sou. Usés par un voyage de groupe qui ne se faisait jamais sans remous, les brigands étaient entrés dans cette taverne au nom aussi miteux que ce qu'elle avait à offrir pour étancher leur soif d'alcool fort, s'abrutir un peu, fumer sans qu'on ne tente de les chasser.

Passablement tranquilles, ils ne virent pas la petite ombre se mouvoir jusqu'à eux. Malheureusement, Cael qui ne dormait jamais vraiment sur ses deux oreilles - n'en ayant qu'une, cela s'avérait compliqué - était d'une nature méfiante. Sa bourse solidement attachée à son ceinturon, il était difficile d'y glisser la main sans qu'il ne se sente attouché d'un geste indiscret.

Il fit signe au taulier de resservir à boire, aiguisant ses yeux sur sa grasse bedaine. Pour sûr, celui là gagnait bien sa vie derrière son comptoir crasseux. Bien mieux que les paysans qui à cette heure ci avaient déjà fait leurs prières et s'entassaient pêle-mêles avec leurs enfants et leurs aïeux dans des baraques crasseuses, pour y dormir d'un sommeil sans rêves.

Il avait gardé son flegme. Serpent paisible qui ne bouge pas, mais qui pourtant, se prépare à attaquer la petite souris qui vient se dandiner sous son museau. Il n'avait même pas détourné les yeux. Même pas amorcé un mouvement de surprise, malgré qu'elle fut bien là. Piquant son estomac. Un voleur volé, avouez que c'est d'un cynisme qui fait sourire.

Mais sourire n'est pas Cael. Il avait laissé quelques secondes s'écouler, jusqu'à s'assurer qu'enfin la petite présence inopportune soit certaine de toucher à son but. Et presque las, quoi qu'agacé, il murmura froidement.


- Tu ne devrais pas.


Et la main de se saisir comme le couperet d'un bourreau de la jumelle enfantine. Avec force, de retenir le poignet, pétrifié.


- Tu sais ce que l'on fait aux mains des voleurs?


Oh lui le savait fort bien. Et sous le capuchon, le roux n'avait pas encore dévoilé le sexe de son voleur.

- Hein Mael. Dis lui, ce que l'on fait aux mains des voleurs.

Un regard à son acolyte, qui sans doute n'appréciera guère. Sous ses airs austères, il n'était pas le plus à craindre. Samael était d'un degré au dessus .

_________________

Viens jouer...
Samael.
Perdre aux cartes, le roux s'en fichait.
Pouvait-on appeler ça perdre lorsque ses écus passent de sa poche à celle de son double.
Très certainement pas.
Et Maël fêtait la victoire de Caël.
Leur victoire.

Usé par la route et son escapade derrière un chat qui l'avait, la nuit précédente séparé de son inséparable, il profitait de la soirée pour retrouver sa place aux côtés de son frère, se rassurer et se reposer.
Il n'avait prêté que peu d'attention aux catins, se concentrant sur la mine triomphante de son Autre.
D'ailleurs, le fou, repu et vidé par sa rencontre nocturne de la veille, était calme et serein.

Peut être la fatigue ou alors distrait par les godets s'entassant devant eux, il ne vit pas la canaille s'approcher mais d'instinct su que la main qui le touchait n'appartenait pas à Caël.
C'est presque simultanément qu'il emprisonna le petit poignet délicat, le porta à ses lèvres et le baisa, yeux fermés.

Il n'eut besoin de regarder pour savoir que son frère tenait l'autre côté.

De si douces mains...il serait tellement dommage...

Parce que oui, l'épiderme de velours réveilla le monstre qui sommeillait dans son bas ventre..
Demoiselle ou jeune garçon, certes ça n'appartenait pas à un vieillard.

Le baiser se fit mordant, une petite auréole rouge apparut et tandis que Maël pivota et d'autorité posa la petite main prisonnière sur le renflement de ses braies, il rouvrit les yeux, plongeant ses émeraudes dans leurs jumelles.

Calme, dangereusement calme il se pencha pour humer leur visiteur et abaisser la capuche, dévoilant un joli et juvénile petit minois féminin à croquer.


    Soyons miséricordieux mon frère et donnons lui la satisfaction de terminer son œuvre.
    Qu'elle nous vide les bourses, ensuite nous aviserons
.


Il exerça une pression du poignet sur une bosse prenant de l'ampleur chantonnant, doucereux.


    J'ai peur, j'ai peur du grand méchant vous 
    Ah! la vilaine bête que ce vous! 
    Mais je ne sais comment j'arriverai à chasser 
    Pour toujours ce grand méchant vous de mes pensées
 


    -Gainsbourg-

_________________
Elise.
"Tu ne devrais pas."

A ces mots, la petite tête brune fronça les sourcils. Elle se pensait furtive, et pourtant il ne faisait aucun doute que ces mots là lui étaient adressés. Un instant d'égarement, de surprise. Le temps sembla ralentir, et à contrario les battements de son cœur s'accélérer. Elle vit les gestes, de chaque cotés venir se poser sur ses poignets. Pourtant, voir ne suffit pas. Comme pétrifiée, elle ne réagit pas.

L'étau se referma sur une Orpheline surprise et décontenancée de se faire attraper. Elle ne songea même pas à protester ou à crier, à se débattre ou à frapper de ses pieds pour les faire lâcher. Jusqu'à ce que celui de droite dépose ses lèvres sur sa main. Un regard plus surpris encore se dressa sur lui, puis un cri franchit finalement ses lèvres, et elle se réveilla. La morsure avait au moins eu le mérite de faire rattraper à l'enfant le cours du temps qui semblait filer sans vouloir l'attendre.


Qu.... Aïe! Et enfin, l'enfant s'agita. Elle tira sur ses mains bien vainement, un bras après l'autre, les épaules dansant inutilement pour tenter de s'extraire des étaux d'acier. Elle, elle ne savait pas ce qu'il arrivait aux voleurs, et elle ne voulait pas le savoir ! N... Non... J'sais pas ce que vous faites.. Mais lâchez moi ! J'volai pas ! Bon certes, elle volait, mais on ne sait jamais...

La peur commença ensuite à s'insinuer en elle, dangereusement. Elle la prenait aux tripes et lui glaçait les sangs. Elle était bien incapable de récupérer ses mains de force, et ici il n'y avait pas grand monde pour lui venir en aide non plus.

Quand on lui dévoila le visage, elle jeta un regard farouche aux deux hommes, dans un sursaut d'orgueil. Elise se disait qu'avec un peu de chance, constatant qu'elle n'est qu'une enfant, ils la laisseront partir... Ragaillardie par l'idée, elle continua néanmoins de se débattre faiblement, pestant et grognant contre les Roux.

Et lorqu'on lui posa la main sur une drôle de bosse, l'Orpheline pencha la tête de coté et releva le regard vers l'homme à qui celle-ci appartenait. Encore innocente, l'enfant ne comprenait pas réellement le geste ni les paroles de l'homme. Mais ne sachant que faire d'autre, sa main s'ouvrit, avant d'empoigner la bosse et de la serrer autant qu'elle le peut dans un geste de crispation.

Avec tout ça elle n'était toujours pas libre, mais elle avait au moins une prise offerte. S'y accrochant fermement, elle appuya dessus, vers le bas, et poussa pour tenter ensuite de tirer son autre main, celle prise par le jumeau de gauche, en tirant dessus vivement.

L'enfant avait de l'énergie à revendre, et la peur première lui avait fourni l’adrénaline nécessaire pour se débattre comme un beau petit diable.
Judicael.
La main impérieuse vient s'abattre sur le Minois de la jeune fille. La claque est monumentale. Assez pour la faire taire, parce que sonnée. Assez pour que les mains qui s'en prennent à son frère, ne tressaillent, juste assez... Juste assez pour lâcher leur emprise un instant. Un fugace instant ou La gamine est saisie à la gorge.

Les badauds ne bronchent pas. Ils savent. Ainsi va le sort des voleuses. Et qui voudrait se frotter à ces deux roux? A l'air fou, et si semblable. La senestre qui étrangle ne souffre d'aucune hésitation. Implacable Judicael. Qui s'en vient déverser la colère montante dans l'esgourde de la visiteuse en quelques mots révulsés.


- Je n'aime pas... Ce que tu me contrains à faire.

Poids plume, la gosse est emportée d'une facilité désarmante. Pas de heurts en public, Samael est invité d'un geste du menton à lui emboiter le pas. Ecarter le problème plus loin... Là où ils pourront le régler. Là où il lâchera le chien.

Il l'avait prévenue. Il lui avait bien dit qu'elle ne devait pas. Voler des voleurs exposait forcément à de sinistres représailles. Mais c'était ainsi que l'on apprenait de la vie. Et c'était ainsi qu'ils s'étaient forgés. En prenant des coups. Tellement de coups qu'ils en avaient perdu la mémoire.

_________________

Viens jouer...
Samael.
Je ressens
De violentes pulsions
J'ai l'impression
De glisser vers le fond
Si j'ignore
D'où vient ce fléau
J'adore
L'avoir dans la peau
-opéra Mozart-






La douleur aveugla un instant le roux lorsque la patte de la gosse se fit serre sur son entrejambe, mais à la place du cri, les lippes s'étirèrent en un sourire mutin et un rire dément sortit.
Il se gaussa à gorge déployée.

Si son Double exprime son mécontentement, Maël lui, se réjouissait de la tournure des évènements. Deux raisons bien trempées que de châtier la presqu'innocente et lui apprendre la vie, de quoi égayer la monotonie de ce jour triste et pluvieux.





    Cael souffre de tous les maux
    Qui accablent ce monde barbare
    Il porte les croix sur son dos
    Des injustices les plus notoires

    Mael, désabusé, se marre
    Se contrefout de ce bazar
    Le monde peut crever bientôt
    Il s’en réjouirait plutôt
    -Renaud-





Judicaël prit les choses en main, maître de la situation.
La petite chose fragile entre ses mains, balancée sans trop d'effort sur une épaule solide d'homme lui laissant aucune alternative.

Les clients de la taverne ?
Inexistants, futiles et même pas décoratifs tant ils étaient laids, à un point que cela devenait une insulte à la beauté flamboyante de son Autre ainsi qu'à l'amour et la fusion inconditionnelle que se portaient les jumeaux.
Samaël s'était égaré comme souvent dans son monde qui cette fois englobait son frère et leur chapardeuse-victime.

Il répondit au geste fraternel, renard et sournois se pourléchant d'avance les babines, petite souris vulnérable aiguisant les sens du fou.

_________________
Elise.
La petite se débat et se débat encore, bien décidée à sortir ses poignets des étaux qui les enserrent. Peine perdue évidement, et c'est une claque retentissante, et même assourdissante pour l'Orpheline qui vient calmer ses envies de liberté. La tête valse, la vision se brouille, un cri aiguë de douleur et de surprise franchit ses lèvres, et le temps semble une fois de plus suspendre son cours. L'Orpheline reste immobile, surprise de recevoir un coup, et un peu sonnée. Si des mains ne la retenaient pas encore, elle se serait effondrée sur le sol à cause de l'impact.

Un clignement des yeux plus tard, et puis c'est la douleur qui commence à s'emparer de sa tête, en même temps que le goût fort désagréable du sang entre ses lèvres, s'étant mordue lorsque la main était venue jouer avec sa joue. C'est alors qu'elle prit conscience, que d'un geste, un seul, elle pouvait souffrir, et très certainement mourir par les doigts des deux roux. Plus encore, elle se rendit compte au passage de l'écart de force entre eux et elle, et qu'elle ne pourra très certainement pas s'enfuir aussi facilement.

La main sur sa gorge lui maintenait la tête relevée, et dans ses yeux se trouvait encore l'éclat de révolte qui était né. Néanmoins elle avait pleinement conscience désormais que tant qu'ils la tenait, il était vain et inutile de gigoter. alors docilement, elle se laissa emporter. De toute façon, docile ou non, cela ne ferait pas grande différence.

La voix à son oreille la fît frissonner, et puis chaque pas qui l'éloignait de la taverne vers un lieu calme où personne ne pourra la sauver la fît trembler un peu plus. Une question tournait et retournait dans son esprit, mais elle avait peur de la poser. Il lui fallut quelques minutes avant de parler, parce qu'Elise est curieuse, trop curieuse, et qu'elle pose toujours des questions.


Vous... Z'allez m'faire quoi...?

Elle redoutait la réponse. Son esprit n'osait même pas imaginer les réponses possibles. Tant qu'elle n'en savait rien, tant qu'il ne se passait rien, elle pouvait encore entretenir l'espoir d'une fuite, l'espoir de s'en sortir indemne.

Il lui suffit d'être docile, de ne plus bouger.. Et dès qu'il la lâchera... Elle pourra partir en courant... Le pourra-t-elle réellement? Est-ce qu'ils courent vite ? Où ira-t-elle? Et si elle échoue, seront-ils encore pire en la rattrapant? Va-t-elle recevoir davantage de coups?
Non... Ne pas penser à ça... Ca n'arrivera pas... Elle parviendra à se sauver, elle parvient TOUJOURS à se sauver...

Que faire?
Judicael.
    Et le diable l'emporte,
    drapé dans sa crinière rousse,
    le sans nom pour escorte
    Petite fille roule mais n'amasse pas mousse...


Les ombres identiques projettent leur silhouette de monstre déformée par les faibles halo des lanternes rouges. Les putains ce soir ont autre chose à faire que de sauver le cul d'une jeune voleuse...

A l'écart des bruits, des regards et de toute main secourable, Cael referme une lourde porte. Un foyer termine de se consumer dans le fond d'une pièce Lugubre, couvé dans un âtre étroit. Une étrange sensation de facilité roulée sur l'épaule, il rejette la gamine comme un paquet de linge sale, avec une violence qui exige qu'elle crie. Elle s'est fait bien silencieuse. Bien immobile. Rien qui ne satisfasse son envie de vengeance.

Car elle a tenté de le voler. Et qu'importe son âge, qu'importe sa carrure, tout ce que le roux a de désir vengeur pèsera toujours plus que le bon sens. Qu'elle ne soit qu'une gamine n'a aucune importance. Qu'il puisse la briser en un geste ne lui apporte aucune satisfaction. Ce qu'il veut, c'est la marquer. Laisser son empreinte dans la petite trogne pour que jamais oh non jamais, elle ne refasse le même geste sans en peser avant toutes les conséquences.

La main saisit un tisonnier rougeoyant qui dormait dans la cheminée.


- Tu veux savoir?

Et la canine carnassière de se dévoiler, tandis que d'un geste de la main Judicael essuie l'écume de ses lèvres.


Oh, tu vas savoir...

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Viens jouer...
Elise.
Jetée comme un vieux sac à patates avant même que la pomme de terre ne soit découverte, Elise tenta de se réceptionner tant bien que mal sur le sol. Peine perdue, la chute lui coupa le souffle et elle lâcha un cri de douleur avant de tenter de remplir à nouveau ses poumons. Alors elle resta un instant recroquevillée sur le sol, haletante, tout en observant ses agresseurs. Plus particulièrement celui qui se dirigeait vers l'âtre.

Elle n'avait pas grande idée de ce qu'il allait faire, de ce qu'il pouvait faire. Mais si l'Orpheline a bien appris une chose durant ses déambulations, c'est bien à ne pas jouer avec le feu. Le plus grand ennemi de l'Homme, capable de réduire à peu près tout ce qu'il veut à néant. Les Hommes croient l'apprivoiser, jusqu'à ce que les flammes dansent joyeusement au dessus de leurs maisons et que leurs vies soient réduites en cendres.

Bref, le voir se diriger vers l'âtre n'augurait rien de bon. Mais que faire? Lui sauter dessus pendant qu'il lui tourne le dos? Elle était seule contre deux, et même seule contre un elle aurait peu de chances de gagner, sans arme. Fuir? Toute prison possède une faille, une ouverture...

Elise roule sur le ventre et s'éloigne alors à plat ventre. Elle n'ose pas se relever, elle croit bêtement passer inaperçue en restant au sol. Raisonnement idiot, mais la jeune brunette était mû par un sentiment d'effroi qui la tenaillait. Elle ne voulait pas mourir. Va-t-elle mourir ? Non, il faut juste sortir d'ici...

Et puis une paire de jambes apparaît dans son champ de vision. Bien sur, l'autre roux était là, et la brunette grimaça avant de faire marche arrière...

Piégée dans cette salle aux issues encore introuvable, prise dans un étau entre deux roux, l'Orpheline se recroqueville finalement sur elle même.Dans un gémissement elle tente le tout pour le tout. Sait-on jamais, s'ils peuvent être cléments...


Mais... J'vous ai rien volé, promis... J'suis désolée... J'vous donne mon butin d'la soirée, pis vous m'laissez partir, vous m'reverrez pas ! Promis !
Samael.
Elle veut savoir.
Et la curiosité est un bien vilain défaut.
Des vices jusqu'au fond des yeux, à son âge...
Mais ou va le monde?



Samael secoua la tête en claquant la langue, puis afficha une mine réjouie. Maintenant que son coeur ne tapait plus de douleur dans ses glaouis malmenés, il extirpa de sa besace une bouteille déjà bien entamée et se rinça le gosier.

Tout acte entraîne des conséquences. Il faut donc soigner le mal par le mal.

Son jumeau ne perdait pas le nord. Jamais.
Nul besoin de grandes envolées lyriques entre les deux roux, un regard suffisait pour se mettre d'accord.
Marquer la peau avec un fer rouge comme on le ferai avec une esclave ou du bétail, la gamine ne les oubliera jamais.

Doucereux, dangereusement tendre, il releva la belle enfant, écartant quelques mèches de sa jolie frimousse puis s'asseyant la prit dans ses bras, comme on bercerait un nouveau-né, à la différence que son étreinte bloqua les mouvements de la petite pour laisser libre cours à la créativité bandante de son Autre.

Il la serra contre sa poitrine, les lippes parcourant le front, il se mit à chantonner.


Ne pleure pas fillette
Tra la la la la la la la la la la la 
Ne pleure pas fillette
Nous te marierons
Avec le fils d’un prince 
Tra la la la la la la la la la la la 
Avec le fils d'un prince 
Ou celui d’un baron
.

_________________
Judicael.
C'est toujours ainsi que commencent les mésaventures des jeunes filles. Partagées entre deux garçons. Loin des histoires de jeunes passions, la petite voleuse en faisait l'amère expérience, d'une toute autre façon.

Que se passe-t-il dans la tête de ceux qui, dans un geste fou, exorcisent la cruauté et la colère qu'ils contiennent au masque de leur quotidien?

Rien, sinon cet écran noir qui marque l'arrêt. La rupture du frein émotionnel. Le Black Out. Si brutal, qu'on peine à vouloir s'en souvenir... Après. Se protéger soi même de ce que l'on est capable de faire.

Il la marqua au fer, laissant au poignet droit la trace de la honte. Et dans la nuit, les hurlements de la jeune fille restèrent sans aucune autre réponse que l'écho vide d'une arrière sale glauque, où l'odeur de la peau qui brule fait fuir les chats errants et éloigne les restes d'humanité. Aucune main secourable ne put aider Elise, la petite voleuse de Paris. Avant de la relâcher, Judicael avait murmuré quelques mots à l'oreille de la gamine. Peut-être était-elle déjà tombée dans les pommes. Peut-être pas.


- Remercie moi... Cela t'apprendra à faire plus attention quand tu larcines quelqu'un... Les mains que l'on prend dans le sac sais-tu, habituellement, on les y laisse.


Il avait dit cela comme une généralité sur le sort des voleurs. Et si les siennes étaient encore bien à leur place, c'était parce qu'il avait par ses années d'expériences et de vie de misère appris à les glisser dans les bonnes poches. La vie n'avait pas fait de cadeaux aux frères. Grandis dans une pauvreté et une violence perpétuelle, celle de la vie derrière les taudis, celle des faims éternelles...

La gamine fut laissée au sort de la rue d'où elle venait, et les jumeaux reprirent le fil de leur nuit comme si rien de toute cette sordide histoire ne s'était passé... Lorsque l'on a trop pris de coups sur la trogne, on a tendance à oublier ce qui fait mal. Ou oublier tout court, les passages houleux de l'existence.

Heureux les oublieux. La vie se chargerait de leur piquer au rappel que les petites gamines ont elles aussi, des familles assoiffées de vengeances.


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Viens jouer...
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