[RP]Dans les ruelles de la cité

Sortant en courant de la taverne "Au Caroussel", la petite fille parcourut les rues de Belley, portée par ses infatigables petite jambes. Avant de tourner après une bâtisse, elle osa lancer un regard par dessus son épaule pour voir si elle était toujours suivie. Elle vit au loin Amelianne sa nourrice, ahanant sous l'effort de la course.

Mais la fillette de sept ans, avait l'air de trouver tout cela amusant, et ne semblait vouloir s'arrêter, malgré les injonctions de la pauvre femme qui lui courrait après.

Tu vas voir petit râche! Si j'te recauque, j'm'en vais te ringuer, qu'tu vas t'en souvenir un moment crois moi ! Ca t'passera l'envie de recommencer à faire des cavilles !

Ces lourdes menaces n'eurent que peu d'effet sur la petite qui poursuivit sa course de plus belle. Mais au bout d'un moment, Audixia se perdit complètement. Et bien mal lui en prit, car elle ne connaissait absolument pas la ville. Elle venait en effet d'arriver quelques jours plus tôt, quittant définitivement le manoir familial désormais abandonné où elle avait vécu avec ses parents. l'orpheline était à présent égarée, et s'apercevant qu'elle avait réussi à semer la bonne Amelianne, elle fut saisie de peur en se demandant ce qu'elle allait devenir. La frousse lui nouant l'estomac, elle s'accroupit au bord d'une ruelle, et se mit à pleurer...

La nuit commençait à tomber, et Audixia n'avait plus de larmes pour pleurer. Elle avait faim, et soif, et voulait revoir sa nourrice. Mais elle avait beau regarder partout, elle ne savait pas où aller.

La nuit était tombée, et elle était toujours là, seule...

Audixia était roulée en boule dans son coin. Elle attendait que la situation s'améliore. Elle finit par entendre quelqu'un lui parler, et leva les yeux vers sa sauveuse potentielle.

Ses joues ruisselantes témoignaient d'une récente crise de larmes, et l'insecte écrasé à ses pieds fournissait un indice sur son occupation favorite depuis qu'elle s'était perdue, écraser les cafards.
Comme sa bonne éducation le lui dictait, elle se leva, lissa sa jupe de ses paumes et fit face à celle qui la regardait faire depuis un moment. Elle prit un air sérieux que la bonne Amelianne n'avait pratiquement jamais vu, avant de lui adresser la parole.

Bonsoir madame...

Mais le regard de la petite fille s'était perdu dans la contemplation des vêtements de son interlocutrice, qu'elle détailla de la tête aux pieds, avant de reporter toute son attention sur sa chevelure.

Ooooooh, vous en avez des beaux cheveux, on dirait ceux de maman !

Audixia avait complètement oublié qu'elle s'était perdue, qu'elle avait faim et qu'elle pleurait quelques instants plus tôt. La coiffure de la heune femme la fascinait, et elle tendit la main pour la toucher.

La soi-disant éducation de la fillette avait tôt fait de trouver limite dans son caractère un peu vif. Aussi, c'est sans prendre garde à la bienséance qu'elle partit d'un grand éclat de rire en voyant la dame tomber.

Mais celui-ci mourut presque immédiatement quand elle avisa l'air courroucé qu'affichait celle qui venait de chuter. Elle frotta machinalement ses lèvres l'une contre l'autre dans un mouvement qui désignait chez elle le pressentiment qu'elle allait se faire corriger. Et cela ne tarda guère en effet.

Baissant la tête, elle écouta les remontrances sans répondre, sachant parfaitement qu'il était interdit de répondre aux plus grands. Elle s'y était déjà risquée, et cela lui avait laissé un goût amer dans la bouche. Mais quand celle qui lui parlait, évoqua la présence de loups et de fantômes, ses yeux brillèrent d'une étrange étincelle.

Oh mais, je n'ai pas pouer des lops, la sèrventa m'a dit qu'ils y vegnaient pas dans les velas comme Belley. Quant aux fantômes, j'ai une amulette !

Joignant le geste à la parole, elle brandit une objet informe, qui semblait vaguement androïde et composé à première vue de boue séchée. Profitant de cette diversion, la fillette éluda la question concernant sa mère, et ce qu'elle faisait là.

C'est moi qui l'ai fabriquée ! Je peux vous en faire une aussi si vous voulez ! Mais, c'est quoi un Zètrezumin ? Ça époulaille ? Ça mange quoi ? Ça peut galiaufrer les enfantiaux pas sages, comme les lops ? C'est un Zètrezumin qui t'as fait ça ?

La petite fille désigna du doigt le bandage protégeant le bras droit de la jeune femme.

La verve si bien aiguisée de son interlocutrice, n'eut aucun mal à faire mouche. La petite fille buvait ses paroles avidement, ses yeux s'agrandissant à mesure. Mais bien sûr, loin d'être terrorisée, elle était pressée de voir une de ces créature de ses propres yeux. Elle les imaginaient, énormes, tapies dans l'ombre, les yeux luisant dans l'obscurité, s'attaquant au premier venu avec une rapidité sans égal. Alors qu'elle imaginait cette scène, la jeune dame asséna la suite de son discours, et tourna les talons.
La petite ne put réprimer un léger frisson, et ses entrailles vides se nouant vinrent faire écho à point nommé avec les dernière paroles de son aînée. L'image du verre de lait supplanta sans tarder celle du carnage bestial, et la gamine se dit qu'il était temps d'user de diplomatie, car toute bavarde qu'elle était, elle savait bien quand elle parlait trop. Parfois, ça pouvait aussi agacer, elle le savait, même si elle ne comprenait pas pourquoi. Elle-même ne s'était jamais ennuyée en s'écoutant parler.

Quoi qu'il en soit, cette personne là semblait être prête à la laisser sur place, si on l'embêtait de trop, et elle désirait maintenant ce grand verre plus qu'autre chose. La petite courut pour rattraper la femme. Arrivée à sa hauteur, elle devait forcer le pas pour maintenir l'allure.

Vous connaissez le chemin d'la taverne... Carrousel ? Ça vous embêterait pas d'm'y conduire madame, s'il vous plait ?

La fillette se tourna vers son guide en affichant un sourire poli dans lequel il était pourtant parfaitement clair que quelque soit la réponse, elle la suivrait quand même.

[i]Audixia ouvrit la bouche pour répondre à sa sauveuse quelque chose qui éloigne la conversation du fait qu'elle ait échappé à la surveillance de sa nourrice. Mais la jeune femme se tourna vivement, et semblait avoir vu quelque chose d'important. Il n'en fallut pas plus à la fillette pour voir là une occasion en or, d'éluder une nouvelle fois la question.

Comme elles étaient arrivées devant la taverne, elle jeta un œil à l'intérieur et vit la silhouette potelée d'Amelianne. Mais son guide semblait maintenant prêt à partir, et lui faisait ses dernière recommandations. La petite fille était déçue de voir la jeune dame s'en aller, elle la trouvait gentille...
Cette dernière lui mit un écus dans la main. Audixia ne se rappelait pas qu'on lui ait promis quoi que ce soit, mais rêvait encore du verre de lait et accepta avec un large sourire. La gamine était ravie du présent, et reconnaissante envers la dame, ce qui lui arrivait assez rarement.

Elle tira de sa poche le talisman évoqué plus tôt, et le tendit à la femme qui l'empocha avant de s'éloigner.

Merci pour tout madame ! A'rvi pâ ! Mais, au fait, vous appelez comm...

Mais la femme ne semblait pas l'avoir entendue. Audixia se tourna vers la taverne, souffla un grand coup, et serrant la pièce offerte dans sa petite main, se décida à entrer dans le Carroussel.

La petite allait jeter un ultime regard par dessus son épaule, avant d'entrer dans la taverne, mais alors qu'elle tourna la tête, elle se retrouva nez à nez avec une énorme forme roulée en boule. Ses yeux luisaient dans la pénombre de la rue mal éclairée. Dans sa surprise, la fillette laissa choir son précieux butin, et l'écu roula sur le sol jusque dans une rigole.

Audixia lançait des regards désespérés allant de la chose devant elle à la rigole, sans oser un mouvement. Elle s'imaginait que c'était là l'un des "zètrezumin" dont la dame lui avait parlé tantôt. Les mises en garde de sa mystérieuse guide résonnaient à ses oreilles quand la créature lui parla. Mais la jeune femme l'avais prévenue, ils "ne paraissent pas forcément dangereux à première vue et pourtant... ". Et celui qui lui barrait la route lui demanda où étaient ses parents.

*J'y suis* se dit-elle,*Il veut savoir si mes parents sont dans le coin pour me manger sans crainte, mieux vaut se méfier*. Audixia planta un regard farouche dans les yeux de la bête et affirma avec un certain aplomb que ses parents arrivaient.

Oui oui, ils arrivent, et ils sont forts même ! Plus forts que toi ! Tu ne me mangeras pas ! Ils me protèg...

La petite fille se tût au beau milieu de sa phrase. Sa détermination s'effaça soudainement de son visage et ses larmes se mirent à couler.

Ne me mangez-pas monsieur le zètrezumin, s'il vous plait...

Non, ses parents ne la protègeraient pas... Elle était seule à nouveau, et se remémorait les paroles de la jeune dame, encore et encore. Quelque chose lui chatouilla l'orteil.

Elle tourna la tête en direction de ses pieds et y vit un cafard. Sans même prendre le temps d'y réfléchir, elle aplatit d'un geste vif et précis la paume de sa main sur l'insecte. Dans un léger bruit de craquement, la carapace du dictyoptère céda sous la pression, rependant son contenu sur le sol. La petite afficha un large sourire. Écraser des blattes, ça lui remontait le moral !

Et voilà que la créature lui parlait à nouveau, lui expliquant qu'elle n'avait plus faim. Dommage, elle qui était à deux doigts de lui proposer le cancrelat en guise de dîner. Mais puisqu'il avait déjà mangé alors...

Un verre de lacél avec du miél ? Vraiment ! Oh oui ! J'veux bien pour sûr ! J'y payerais avec mon écu !

La fillette se releva en souriant, avant d'inspecter toutes les fenêtre pour vérifier l'absence de sa nourrice. Celle-ci allait bien penser à venir la chercher ici... Peut-être...