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Effleurer, caresser, attiser, mener où l'on souhaite l'autre sans s'imposer, le laisser venir à vous, lui donner l'envie d'en vouloir plus, de demander, de ne plus souffrir ne pas obtenir ce qu'il désire.
L'art de la séduction à son apogée, d'une posture paraissant indolente et dont pourtant tout été savamment orchestré, d'une cheville "à peine" dévoilée, d'une paume tout juste posée, d'un regard qui s'infiltre et envoute.
Si le Dentraigues charmait par sa verve avec un certain brio, Rose aimait la subtilité d'un geste, d'un acte supposément manqué, d'une "oopserie" naïve autant que l'était le persifleur qui proposa la pomme interdite.
"Elle" était à la fois le fruit défendu et le serpent appelant à le consommer avec un chant sifflé hypnotique "Aie confiance, crois en moi... Le silence propice te berce... Souris et sois complice... Laisse tes sens glisser vers ces délices tentatrices".
Les doigts qui s'enroulaient sur son pied prouvait encore que devant l'appel de la chair, tout homme, si galant de talent soit-il, restait faible.
Sans un mot et sans rhétorique à la machisterie de Lucas sur l'autorisation à obtenir pour ces services tarifés habituellement, la galante se contenta d'un regard émeraude se posant sur la main qui explorait déjà le grain satiné de son pied et de l'arrondi de sa cheville.
"Elle" aurait pu lui dire qu'il n'avait point obtenu la sienne pour cet attouchement, que telle caresse se monnayait tout autant, mais était-ce là le paiement du bon joueur pour un déboutonnage ? La brune n'avait pas même à s'en poser la question en vérité, et les lèvres qui suivirent sur le satin de sa peau en s'octroyant la mobilité de sa jambe n'en laissait plus aucun doute provoquant un sourire chez la courtisane fraichement intégrée à l'Aphrodite.
- Très cher, je n'ai nul pardon à recevoir pour un gilet déboutonné et une main posée quand votre langue serpente sur le galbe d'une partie de mon corps dont le plaisir exige quelques... tintements monétaires à mon oreille.
Comme l'homme est... prévisible, presque une pointe de regret de le voir si "semblable" aux autres, un pardon pour un plaisir lesbien.
Tête légèrement inclinée à l'accord, Lucas venait de finir d'entendre le chant du serpent et d'y céder pleinement, l'envolée de la chausse, l'argent scrutant l'émeraude l'affirmant au besoin alors que les pulpes, disparaissant sous le velours carmin de sa robe, explorait peut-être l'arrondi d'un mollet, le pli d'un genou, la rondeur d'une cuisse, le sillon d'une aine ou les recoins d'une boite de Pandore.
Le sourire de la rose s'étendit sur son faciès, à quel point ? Seuls ceux sachant quels confins de la rose avait été atteint sous couvert d'une robe pourraient vous le dire.
Les iris qui se jaugeaient en remontant l'une vers l'autre aussi inexorablement que les lèvres des galants en connaissaient toute la teneur, et les pupilles rivées à leur homologues, le murmure s'éleva dans un souffle fin s'écrasant sur les lippes masculines.
- Impudique ? Autant que vous ou...
Dextérité d'une galante expérimentée, les fermoir de la chemise du grand blond se virent ouverts en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, visage se rapprochant du peu de distance les séparant encore, paumes féminines et ongles soigneusement taillés, dessinant les contours et sillons du torse dénudé offert à ses mains.
- Que moi...
Proximité, chaque mot effleuré du velours d'une lèvre contre une autre, prairie se laissant envahir d'une brume, caresse labiale murmurée, sens exacerbés à l'extrême, indécente attente, délicieux supplice.
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