Montparnasse.
- [Aout 1465 - Quelque part aux alentours de la Cours de la Jussienne ]
La chope est portée à ses lèvres fines. Une petite gorgée est avalée et la chope est reposée sur le comptoir. Une main delicate la tient fermement, lautre main est glissée sur la taille élancée dune jeune femme. La silhouette gracieuse de Montparnasse se penche vers elle, il lui susurre quelques mots à loreille. De loin on dirait deux amants. Leur corps est proche, la jeune femme se dandine, rosit, Montparnasse ne la laisse pas indifférente et cela se voit. Lhomme est sûr de lui, entreprenant. Un sourire en coin se dessine sur ces lèvres. Sourire quil aborde presque quotidiennement. Pourtant très vite ce sourire disparaît.
Une main sabat sur la joue de Montparnasse laissant une jolie trace rouge dessus.
Sa mâchoire se serre mais il ne dit rien, il se contente de regarder la jeune femme séloigner. Ce qui lui a valut un tel traitement nous ne le saurons pas, cela restera entre la jeune femme et Montparnasse. Il y a trop de monde autour pour quil se laisse aller à ses humeurs. Alors il sert le poing. Il la laisse partir. Il jette un rapide coup dil autour de lui, certain détourne les yeux.
Montparnasse est fier, impétueux. Il naime pas quon lui manque de respect. Il naime pas quon lhumilie, et encore moins en publique. Mais Montparnasse est habitué aux faux semblants, habitué à sourire et à tendre lautre joue alors quau fond de lui brûle une envie insatiable de tuer. Les apparences sont un mal nécessaire. Une bénédiction. Il se drape en elle pour cacher le fond de son âme, alors il sourit. Il sortit à tous : aux gifles des jeunes femme, aux moqueries des autres, aux insultes quon lui lance parfois. Il sourit a son honneur quand il sen séparer quelque instant pour vendre son corps au plus offrant. Largent et lillusion mènent le monde. Montparnasse la bien compris et il est près à s'envelopper dans lun pour obtenir lautre.
Sa chope est finit rapidement, ses lèvres se serent tandis quil séloigne du comptoir en passant sa main avec nonchalance dans ces cheveux brun.
Montparnasse nest pas vraiment une force de la nature, son corps et fin, élancé, presque féminin. Son visage est gracieux et ses gestes souple. Sa belle gueule la autant plongé dans les emmerdes, que sortie de là. Ses bonnes manières détonnent au milieu de la fange dans laquelle il vie. Ses rêves sont grands mais ces poches vident. Cela ne lempêche pas de se pavaner dans rues, le nez au vent, le menton haut, fier comme un Apollon, pauvre comme ses frères des miracles, il vole pour vivre et vie pour voler.
La richesse et la gloire, voilà après quoi il court. Espérant une vie bien au-dessus de ces moyens, il samuse à séduire les jeunes femmes dans lespoir de récolter quelque pièce en échange dune nuit damour. Pièce quil dépense à son tour pour quelques nuits damour avec des catins.... Le serpent qui se mord la queue. Il était entraîné dans un tourbillon infernal et ne voyait vraiment pas comment sen sortir. Ses coups de sang lui avait valu dêtre mis à la porte de létablissement dans lequel il louait ces services. Mais après tout cétait de sa faute à lui si lhomme lui avait demandé de lui faire « mal » ? Il avait accédé à sa requête en bon courtisans quil était. Il navait arrêté de frapper le pauvre homme que lorsque que lon arrivait plus à distinguer le nez du reste du visage en sang... Vous imaginez bien que ce fut lui qui fut passé tabac après cela et renvoyé à grand coup de pieds au cul de létablissement de seconde zone dans lequel il offrait ses services à lépoque.
Depuis Montparnasse sétait tenue loin de tout cela, offrant parfois ces services à quelque jeune femmes friqué ou à quelques hommes bon avec lui, mais rien de plus.
Ce soir-là Montparnasse navait plus le sous. Il avait réussir à séduire brièvement des jeunes femmes pour grappiller un verre ou deux, mais la gifle reçue lui fit comprendre quil ne pouvait espérer plus dans cette établissement. Cest pourquoi après avoir fini sa chope il rajusta ses vêtements rapiécé et sortit errer dans les ruelles alentour sans autre but que de faire passer le temps. Ce nest pas ce soir quil dormira dans un lit douillet entre les bras réconfortant dun ou dune amante
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