Montparnasse.
- [Les Miracles - début septembre 1465]
- Par ici la monnaie Maeva
La jeune fille soupira mais déposa la bourse dans la main tendue de Montparnasse. Celui-ci lui sourit en tapotant légèrement le comptoir devant lui avant de rajouter :
- Et le reste ?
Un deuxième soupir se fit entendre mais très vite deux autres bourses rejoignirent la première dans la main du jeune homme maniéré.
- Merci ma jolie.
Il lui envoya un baiser et lui fit une légère révérence avant de tourner les talons et de continuer sa route en sifflotant, sans prendre ombrage du regard attristé de la jeune fille de se faire ainsi déposséder de son larcin aussi facilement..
Montparnasse avait grandi des rues sombres des miracles, élevés à lorphelinat Sainte Catherine, cela ne faisait quelques semaines quil avait quitté la grande ville. Il sétait déniché un poste de garde du corps auprès dune noble Dame qui navait pas pris la peine de se renseigner sur ce jeune homme qui se présentait comme garde. Son joli minois et ses bonnes manières avait trompé la belle et Montparnasse profitait à présent des largesses de la jeune femme jusque dans sa couche. Voleur, meurtrier, concubin, il faut dire quil excellait dans lart du mensonge et de lillusion. Séduire une noble en mal damour avait été un jeu denfant
Il avait néanmoins quelques affaires quil lui restait à traiter à Paris, et il y revenait régulièrement. Son emploi actuel de toutes façons nétait que provisoire, il avait accumulé quelques dettes et puisait dans la bourse de la belle Amelliane le temps que lAphrodite ouvre de nouveaux ses portes et que son poste de galant ne remplisse de nouveau ses poches.
En attendant il trainait sa belle gueule dans la cour des miracles, cela lui manquait de ne suivre aucune loi et de désobéir à toutes les règles. De voler et de se battre. Cela faisait plusieurs semaines quil souriait à chaque remarque faisait semblant de rire aux blagues idiotes de la mairesse. Samusait à prendre le jeune Wilson dans la taverne municipale sans que cela ne se sache lavait occupé un temps mais il savait que Will repartirait bientôt. La patience était pourtant sa meilleure alliée, et sa jolie brune le laissait fureter en toute confiance dans sa maison. Même le vieux majordome commençait à baisser la garde, ce nétait pas le moment de flancher. Il avait déjà repéré quelques objets de valeur,et daprès ses calculs il y en avait pour plus de mille écus à la revente. Cela était largement suffisant pour tenir ses créancier à l écart jusquau 30 septembre. En attendant il samusait à dévergonder sa patronne et cela lamusait grandement. Il ny avait pas à dire les nobles étaient les meilleurs partenaires, toujours inquiets de ne pas être à la hauteur, elles se surpassaient et toléraient certaines choses que même une catin des miracles aurait refusé.
Son attention fut détournée par une catin qui vint lui caresser lentre jambe sans aucune classe, laissant peu de doute sur ses intentions. Montparnasse lui sourit et lui donna quelques pièces mais ne sarrêta pas. Sa gorge était sèche et la promesse dun verre était plus alléchante quun moment entre les cuisses de la jeune femme. Et puis il pourrait toujours y revenir une fois désaltéré. Il faut dire quaujourdhui la silhouette efféminée de Montparnasse ne passait pas inaperçue, vêtu des vêtements de soie que Flavien lui avait donnés, le voleur avait fière allure et déambulait dans les ruelles plein dassurance. Il sarrêtait par ci par là, récupérant quelques bourses volées, faisant glisser ses doigts sur les gorges des jeunes catins tandis que celle-ci lui ébouriffaient amicalement les cheveux. Son sourire ne quittait pas ses lèvres tandis que ses pas lemmenaient dans la taverne la plus proche. Cela faisait un certain temps quil navait pas bu de verre avec ses vieux amis et son entrée fut accueillie par quelques acclamations.
- Hé Montparnasse tes de retour ? tu tembourgeoise ou quoi ? Cest quoi cette tenue ?
- Salut les gars. Elle vous plait ? Elle fait des ravages auprès de ces dames.
- Toujours en chasse alors.
- Je ne marrêterais pour rien au monde
Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres, même si ses yeux ne reflétaient aucun amusement. Il restait en toute circonstance froid et calculateur. Il faut dire qu'on avait jamais de vrais amis aux Miracles, tous étaient susceptibles de nous poignarder dans le dos, et si il avait su se faire un nom au milieu de ces moins que rien, ce n'était pas en leur faisant quelques gâteries. Même si, après avoir jeté un coup dil autour de lui, il avait bien dut sucer la moitié des habitués de ce bouge...
Allant saccouder au comptoir, il se saisit dune chope quil remplit généreusement avant de la porter à ses lèvres sans prêter plus dattention à la population de la taverne.
*Titre by Jd Judicael
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