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[RP] Sorry seems to be the hardest word.

Lililith
« What have I got to do to be heard
What do I say when it's all over
And sorry seems to be the hardest word

It's sad, so sad
It's a sad, sad situation
And it's getting more and more absurd
It's sad, so sad
Why can't we talk it over
Oh it seems to me
That sorry seems to be the hardest word »


« Que dois-je faire pour être entendue ?
Que dois-je dire quand c’est fini ?
Et que « désolée » semble être le mot le plus difficile à dire

C’est triste, si triste
C’est une triste, triste situation
Et ça devient de plus en plus absurde
C’est triste, si triste,
Pourquoi ne pouvons-nous plus parler de ça ?
Oh il me semble
Que « désolée » est le mot le plus difficile à dire »

Elton John, Sorry seems to be the hardest word.


« Pardon ». S’il existe un mot que Lili a du mal à écrire, pour l’instant, c’est celui-ci. Elle sait écrire, contrairement à ce qu’elle prétend parfois ; mais pour l’heure, elle tourne le charbon entre ses doigts, quitte à les noircir autant que celle à qui elle veut écrire. Elle ne sait pas comment écrire, elle ne sait pas comment lui dire ce qu’elle pense vraiment.

Soudain la gamine relève la tête : si elle ne sait pas comment lui écrire, peut-être que lui dire sera plus simple ? Elle se plante peut-être mais elle la verra, au moins ; et peut-être que la noiraude comprendra… Peut-être…

L’Étoile abandonne l’écrit même pas griffonné, frotte machinalement ses mains sur son visage et grimace en réalisant qu’elle vient de se grimer un peu plus. Pourtant, elle se met en route, et trottine jusqu’à enfin tomber sur la noiraude, dans une autre ville. Elle vient de parcourir un sacré bout de chemin mais la fatigue ne l’atteint pas.

Nerveuse, Luciole passe une main dans ses cheveux une nouvelle fois coupés courts, au grand dam d’Erwelyn ; elle les noircit sans y songer mais elle s’en moque éperdument. Elle a cavalé, maintenant elle prend le temps de souffler un peu.

L’enfant se met en marche et elle la découvre au tournant d’une ruelle, africaine fière portant son fardeau sans fléchir. Alors Lili s’avance à nouveau, escortée de son chien comme souvent, et la rattrape.


- Tig’, je…

Mais voilà que sa voix se brise comme la mer sur les rochers ; elle sait ce qu’elle veut lui dire, mais elle n’y arrive pas, et elle sent sa langue devenir de plomb. Nerveuse, perdue, la Minusculissime se recroqueville encore plus : elle aimerait disparaître pour ne plus avoir à subir cette douleur qu’elle devine immense chez l’obsidienne, quand bien même elle la camouflerait.

Elle se déteste, mais pour l’instant, elle n’est pas fichue de l’avouer à sa victime.

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Tigist



    Tout va pour le mieux, n'est-ce pas ?
    En dépit de tout ce qui s'est passé récemment, tout va pour le mieux à Limoges. Esmée est morte, Arsène les hait, Stain est parti, ils vont quitter la ville. Mais tout va pour le mieux, puisque Menelik grandit et que Gabriele va mieux.

    Pourtant, dans les rues limogeaudes, on voit souvent l'Ethiopienne qui déambule au gré du vent, le visage battu par les longues tresses, le regard perdu dans les reflets scintillants de la Vienne.
    Tu cherches une autre eau, Tigist. Tu cherches celle qui a emporté les cendres de ta fille. Crois-tu qu'en lui ayant donné le nom de ta reine, tu l'as préservée où qu'elle ait pu partir ?
    Les bras se resserrent autour du corps pour se préserver des reliquats des fraicheurs hivernales, pour se préserver de la peine qui s'immisce comme l'humidité dans cette cuvette qu'est Limoges. Revenue dans la rue, elle tend la main pour éprouver la première goutte qui tombe, puis la deuxième. Voilà qu'il pleut et face à elle, une apparition d'or et d'ébène, flanquée d'un clébard qu'elle reconnaîtrait entre tous, puisqu'il est le seul qu'elle accepte.

    - Kobobe, tu es revenue.

    La dernière fois qu'elles se sont vues, la noire avait perdu toute sa superbe, mais aussi beaucoup de sang, et une part précieuse d'elle-même. Par habitude, l'ébène se lève pour venir frotter le visage de la blondine et essuyer le noir sur la joue. Par habitude ou par instinct..
    T'aurait-on dit quelques années plus tôt que tu serais une mère, que tu serais mère et que ce serait inscrit dans chaque pore de ta peau, alors tu n'y aurais pas cru, toi qui haïssait si fort les enfants. Tout a basculé lorsque Menelik est arrivé et lorsque Makeda est partie.
    Sans un mot, le bras passe derrière la nuque et le frêle corps est serré contre le sien. L'enfant lui a manqué. Elle a bien cru que la scène qui lui a été offerte, lui a enlevé à tout jamais, et perdre deux enfants dans sa vie, c'est trop, même pour elle.

    Elles auront beau jouer les terreurs, elles sont femmes, qu'importe la couleur de peau ou l'âge, et une femme, ça a un coeur qui bat, et le coeur ça rend fragile.


    ___________
    *Tant que la pluie tombera comme des larmes d'étoiles, comme des larmes d'étoiles. Pour toujours, elle nous rappellera à quel point nous sommes fragiles, à quel point nous sommes fragiles.

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Lililith
« Till the blame grew too heavy
Stage by stage, I tear apart
If brokenness is a form of art

[…]

I wanna tell you but I don't know how
I'm only honest when it rains
An open book, with a torn out page
And my inks run out »


« Jusqu’à ce que le reproche devienne trop lourd
Étape par étape, je me déchire
Si la rupture est une forme d’art

[…]

Je veux te le dire mais je ne sais pas comment
Je suis seulement honnête lorsqu’il pleut
Un livre ouvert, avec une page déchirée
Et mon encre vient à manquer »

Sleeping at last, Neptune.


Elle se laisse faire bien volontiers, la gamine ; elle laisse la noiraude effacer les dernières traces de charbon. Elle ignore qu’Esmée est morte, que le clan est en train de se déchirer : elle est heureuse de se savoir de retour.

- Kobobe, tu es revenue.
- Oui.

Pas plus ? Non, pas plus : pour l’instant, elle savoure ce bonheur qu’elle ignore fragile et admire l’ébène pour sa force d’être encore debout. Elle se tait, elle se remet en route et glisse sa main dans celle de sa voisine ; elle avance à petits pas, toute perdue qu’elle est de vouloir dire ce qu’elle a sur le cœur sans y arriver.

La lèvre est mordillée, l’enfant se torture le cœur à se le déchirer de ne savoir par où commencer ; la chose est pourtant toute simple mais impossible à dire. Et cela ne prend que quelques mots… L’Étoile lève un regard au ciel vers les nuages qui pleurent ; elle, cela fait quelques semaines qu’elle n’a plus pleuré. Depuis la Lépreuse, en fait.

Son cœur est empli de noirceur et elle se déteste pour cela. Ses pas les mènent au gré des rues, à la recherche d’un abri alors que la pluie empire. Enfin, elles trouvent, et s’y engouffrent.


- Tig, je…

Ah, sa langue commence à se délier lentement. Lili voudrait s’agiter plus mais pour l’heure n’y arrive pas, et elle se jetterait bien à plat ventre pour frapper le sol de ses petits poings tant cela l’énerve. Ses ambres remontent vers l’africaine et elle la regarde, et enfin elle trouve le courage de se lancer.

- J’suis désolée pour Makeda. C’est d’ma faute, j’aurais dû attendre ton accouch’ment avant d’vouloir partir. J’ai jamais pensé que… Enfin… Peut-être que ses cheveux repousseront, mais cela ne fera pas revenir la petite. … Qu’ça pouvait arriver. J’suis vraiment désolée.

Voilà, c’est dit. Elle baisse la tête, elle fixe le sol, parce que c’est là qu’elle voudrait disparaître. Elle voudrait rendre sa fille à sa mère, et s’en aller, mais c’est impossible. Alors elle attend, se balançant d’un pied à l’autre, sentant la truffe froide de Custos dans sa main, comme si le chien comprenait, et lui demandait de rester encore un peu.
_________________
Tigist



    Dans une autre vie, à Bordeaux, elles auraient pu en rire de se retrouver à courir sous la pluie pour trouver un abri, un chien collé aux basques.
    Mais dans cette vie-ci, elles le font par automatisme, étouffées par le silence entre elles. Ce silence n'a jamais vraiment posé de problèmes. Comme elles se sont bien trouvées toutes les deux, farouchement méfiantes l'une et l'autre, loyales l'une à l'autre, et toujours ce silence qui s'étire, signe d'une complicité que personne n'a cherché.

    La phrase tombe dans un de ces parfaits silences qui les caractérisent. Et l'ambre de l'éthiopienne vient chercher celui de l'Etoile.
    Pourquoi faut-il donc qu'ils se rejettent tous la faute dessus les uns, les autres ? Ne peuvent-ils la laisser accepter cette évidence, tranquillement sans avoir à les rassurer, à les consoler ?
    Va dire cela à une gamine Tigist, va lui dire que son remord est vain et que tu veux qu'on te laisse pleurer ta fille en paix. Et quand elle aura pleuré à son tour, tente de ramasser les morceaux.

    Un soupir, et elle se laisse glisser, accroupie, contre le mur, fixant le toit de l'avancée sous laquelle elles se trouvent.


    - Personne n'est responsable Kobobe. C'est le Destin.

    Là, sous cet abri de fortune pour les préserver de flots des cieux, il y a des torrents de tristesse qui dévalent soudain les joues de l'éthiopienne. Toute la peine qu'elle a retenu, pour Makeda, pour Gabriele, Esmée et ces autres pour qui elle a du garder la tête haute. Mais la tête haute, les larmes tombent de plus haut.
    Ce n'est pas le Destin qui lui a pris sa fille, et qui ne lui rendra jamais. Ce sont la route et la fatigue, les tensions, les guerres, les rancoeurs et les séparations. Mais certainement pas l'envie de prendre la route d'une fillette.

    D'un revers de manche rageur, Tigist efface les traces de sa faiblesse avant de fixer la fillette.


    - Si je devais revenir en arrière, je prendrais la même décision, tu sais. J'irais avec toi, Gabriele et Mai aussi. Je n'ai pas grand chose à moi ici, mais je vous ai vous. Ca fait une famille.

    Au chien qui renifle, curieux, elle tend la main avec un sourire maladroit, jamais tout à fait à son aise avec les animaux.

    - Nous allons partir. Amalio est arrivé et le Clan se sépare. Nous irons sur les chemins, tout plutôt que de rester ici à s'encroûter. Tu viendras ?

    Elle n'ira pas raconter comme l'ambiance s'est abîmée ces derniers temps, les mots qu'Arsène et Amalio ont eu, ceux que Gabriele et elle-même ont eu avec Arsène. Tout cela, ce n'est que du décorum, l'idée est là pourtant : Le Clan se sépare. Arsène d'un côté, Amalio de l'autre, et il faudra bien choisir un chemin à prendre.
    Le tien est tracé Tigist, mais peut-on avancer sur la route en laissant son Etoile derrière soi ?


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Lililith
« Tu es de ma famille
De mon ordre et de mon rang
Celle que j'ai choisie
Celle que je ressens
Dans cette armée de simples gens

Tu es de ma famille
Bien plus que celle du sang
Des poignées de secondes
Dans cet étrange monde
Qu'il te protège s'il entend »


J.-J. Goldman, Famille.


- Personne n'est responsable Kobobe. C'est le Destin.

Lili penche un peu la tête sur le côté et la regarde pleurer ; elle ne dit rien, elle ne juge pas, Étoile bienveillante qui observe toujours un peu de loin les autres évoluer. Sans elle, pour une fois. Elle a quitté le clan, s’est éloignée, pour tenter de préserver un peu Giuliana. Elle a repris du poil de la bête et dort enfin, ignorant un peu le Ghisi qui continue pourtant à la torturer. Elle s’est éloignée pour ne plus survivre mais se donner une chance de vivre pleinement, sans craindre à chaque instant pour sa vie. Elle a toujours peur, mais elle ne sursaute plus systématiquement au moindre bruit. Elle n’a plus cette méfiance maladive des étrangers, bien qu’elle restera toujours, quoi qu’il arrive. La mort ne fait pas de bruit, et Lili le sait bien…

- Si je devais revenir en arrière, je prendrais la même décision, tu sais. J'irais avec toi, Gabriele et Mai aussi. Je n'ai pas grand chose à moi ici, mais je vous ai vous. Ca fait une famille.

La gamine a un franc sourire sur ses lippes, bien vite effacé pourtant par la suite de ce que Tig’ lui annonce. Elle a un choc, et s’affaisse sur le mur derrière elle ; il lui faut quelques secondes pour assimiler complètement ce que vient de lui dire l’Abyssinienne.

Le Clan se sépare ? Et voilà : il suffisait qu’elle s’absente pour quelques mois, et tout partait à vau-l’eau ! La Luciole songe que c’est de sa faute, elle si prompte à se flageller : elle avait pour mission – auto-proclamée ! – de maintenir l’unité de sa famille, celle qu’elle s’était choisie, et voilà qu’elle avait raté !


- Mais… ‘Sène… Qui part, qui reste ?

Qui vient, qui s’en va ? Tout se délite autour d’elle, jamais elle n’aurait cru la scission du Clan possible ; elle s’en veut, mais pour l’instant le choc est trop grand que pour qu’elle songe réellement à sa supposée non-implication – et donc culpabilité – dans l’affaire.

- Pourquoi ?

Oui, il faut bien la poser cette question, parce que sinon elle ne peut pas comprendre ; elle ne veut pas prendre position, mais il le faudra bien pourtant, parce qu’elle ne peut pas se morceler. Et pourtant elle croit que quoi qu’elle choisisse, elle laissera un peu d’elle au groupe qu’elle abandonne, et ce sera très difficile.

C’est une toute autre histoire que d’être fille de courtisane ou bien l’adoptée d’une noble : là, ce sont deux mondes différents qu’elle tente parfois de réconcilier, pour les bienfaits de l’un ou l’autre, pour montrer à chacun qu’elle n’oublie rien de ce qui fait qu’elle est elle aujourd’hui, avec ses failles et ses défauts tout autant que ses richesses et ses qualités.

Ici, on parle de son monde qui se déchire, et pour quoi ? Elle n’en sait rien, mais n’est pas certaine de vouloir le découvrir, mais il le faudrait bien cependant…

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Tigist



    Pourquoi ?

    Tu pourrais lui donner une réponse que ferait naître la rancoeur, tu pourrais lui expliquer comme vous avez souffert Gabriele et toi. Lui raconter comme tu as failli le perdre, la lame que tu as du arrêter pour que l'ichor ne coule pas des bras aimés. Mais dire cela à Lili, c'est la pousser dans ses derniers retranchements.


    - Il y a des désaccords au sein du Clan. Nous voulons revenir à ce que faisaient les Corleone auparavant, et Ehet préfère attendre que l'heure soit venue, organiser, planifier.

    Ehet.. L'est-elle toujours ? En dépit de la haine viscérale que tu lui voues, pas tant pour toi Tigist, mais parce qu'elle n'était pas là quand son frère a failli mourir. Pourtant, tu n'oublies pas.
    Famille, cela veut dire créer des liens. Les tiens sont extensibles comme la corde de ton arbalète, elle s'étire, s'étend, des fois, elle manque de casser. Pourtant, elle reste là, et cette corde envoie des traits mortellement blessants certaines fois. La famille. Trois au total, pas mieux que Lili.
    La première à Debra-Berhân, que tu ne reverras sans doute jamais, dont les nouvelles se sont taries mois après mois. La seconde, dispersée entre l'Anjou et le Limousin, mi-Nerra, mi-Assay, ni-Chardon, ta famille d'adoption, les reliquats de la Zoko que tu n'as pas connu, que tu aurais aimé à n'en pas douter. Et la troisième, les Corleone, celle à laquelle tu t'es rattachée, que tu t'es composée.

    En dépit de tout, elle reste une soeur l'Arsène.


    - Nous irons à Bordeaux dans un premier temps, chercher Rodrielle. Et après, advienne que pourra.

    La main passe dans les cheveux courts, trop courts encore une fois, pour les ébouriffer, et glisse sous le menton pour le relever vers elle.

    - Quoique tu choisisses de faire Kobobe, Gabriele et moi t'aimerons, tu le sais. Et puis, ce ne sera pas un adieu, juste un au revoir.

    L'un des plus durs s'il existe une échelle de valeur.

    *Crois en toi, crois en moi, Nous sommes fais pour être ensemble
    Je t'ai dit "ne nous mentons pas", Je sais que tu ne comptes pas,
    Et maintenant je te donne du temps et de l'espace
    Pour te laisser t'épanouir en cette personne que je connais,
    Que je sais que tu peux devenir, Et je peux aussi l'être, et je reviendrai vers toi quand je serai prête
    ,

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