Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6   >   >>

[RP] Ouvert - L'Opium.

Edouard_de_noireterr
Avec Lin’ dans une alcôve

Ah non ! Parce que moi je suis assez cynique pour en faire
ma ligne de conduite.
- Oh ! T'es dégueulasse ! dégueulasse mon vieux !
- Ouais, ouais ! un peu amnésique sur les bords, hein.
Voilà où ça mène.
Un poison violent, c'est ça l'amour
Un truc à n'pas dépasser la dose
*

Le regard vert et jaune se plonge un instant dans les yeux clairs de la brune. Il insiste, la regarde… Semble percevoir quelques rides qui commencent à poindre, quelques rides qui montrent la vie, le destin qui s’étiole.
Il sourit, la bouche un rien pâteuse.

Je t’ai toujours empoisonné Lin…

Il se rappelait tout, les sentiments qu’il avait eu la première qu’il l’avait vu. Il l’avait vu comme un trophée à conquérir, une femme mariée à aller cueillir. Il l’avait peu ou prou cueilli… Et il avait commencé à avoir quelques sentiments… Et puis… Et Puis Mélissandre.

Mais ce soir, le temps était à l’ivresse, l’abandon… L’absinthe et l’Opium, il n’y avait rien de mieux pour oublier. Sous son baiser il sent son corps se détendre, et il savait que ce ne serait que le début… L’opium a des vertus que le commun des mortels semblent ignorer.

Voyant Lin tousser, il ne put s’empêcher de sourire légèrement.

On tousse toujours la première fois ma Rose Fanée.

Et la voilà qui plantait son regard dans le sien, sans réfléchir plus, il attrapa d’une main le menton de la brune et déposa un baiser rageur sur les lèvres carmines.

Encore ? Toujours. Une fois goûté à l’Opium c’est fini de toute façon.

D’un geste des pieds, il enlève ses bottes. Quand on prend de l’opium, merde, on se met à l’aise c’est la règle de base. Ici, on oublie. On n’est pas là pour autre chose.

Alors ?

Un poison violent c'est ça l'amour. Gainsbourg

_________________
Linwelin
[Dans l'alcôve avec Edouard]


Tout cela ne vaut pas le terrible prodige
De ta salive qui mord,
Qui plonge dans l'oubli mon âme sans remord,
Et, charriant le vertige,
La roule défaillante aux rives de la mort !*





Oui, il fut toujours son Poison. Alors que Dorn était la plus douce de ses drogues dures, ou le contraire...Lui il fut son Poison. Et voilà donc qu'il l'emmène avec lui, qu'il lui instille ce qu'elle appelle, ce qu'elle fuit, ce qu'elle veut et ce qu'elle rejette.

Une cascade de sentiments et d'émotions contradictoires la submergent. Cet Opium trop fort pour elle, ses bras qui l'emprisonnent, son désir pour lui, cette passion qui la dévore, les souvenirs reviennent, la lutte pour ne pas sombrer dans ses bras, l'appel au secours à son mari que ses lèvres articulent encore...


Dorn...ne me laisse pas partir...

Il l'avait retenue...pour au final l'abandonner et partir là où elle ne pouvait pas le rejoindre. ses yeux se mouillent, les larmes prêtes à jaillir sur ses rides naissantes.
Elle lève ses Soleils mouillés vers ce Ciel brouillé...vers Edouard. Elle courrait après une Ombre et lui...Lui...
Une Rose Fanée, oui c'était ce qu'elle était. De celles qui n'ont rien à offrir, de ces pétales qui tombent, une à une, et qui s'envolent d'un coup de vent....Plus rien d'un trophée à conquérir...
C'était ainsi qu'elle se sentait et qu'elle sentait sa vie...qui partait en lambeaux.

Le baiser lui fit l'effet d'une morsure, l'opium avait commencé à faire effet et elle se sentit comme propulsée contre le mur, violemment. Mais son corps n'avait pas bougé d'un pouce. Devant cet horrible plaisir, elle répondit on lui mordant les lèvres pour se défendre. La rage la gagnait, elle voulait lui faire mal. Ses mains rejoignirent son dos où se logèrent ses ongles Elle lui en voulait. Elle lui en voulait pour tant de choses....


Encore ? Toujours. Une fois goûté à l’Opium c’est fini de toute façon.

La bouche pâteuse, elle articule


Je suis perdue...


Elle le voit dans un semi rêve se débarrasser de ses bottes. Elle doit absolument réagir, le repousser...Il faut qu'elle le fasse. Son esprit est embrumé et elle sent comme des fourmillements sur son visage, elle y porte la main, chasse les fourmis.
L'autre main rejoint le torse d'Edouard, elle y sent le relief de sa cicatrice, elle soupire et elle frissonne de froid.


Alors ?


J'ai chaud...

Elle le hait. Voilà. Elle le hait. Son regard se perd dans le sien et elle écrase ses lèvres sur les siennes, plongeant ses doigts dans sa barbe naissante, retrouvant des sensations perdues. Elle ne sait pas où ça va la mener, elle s'en fout.

*Le Poison, encore:)- les Fleurs du mal-Baudelaire

_________________
Edouard_de_noireterr
Et le bâtard de sourire. Bien sûr qu’il l’avait conquise. Il n’y avait eu presque aucun enjeu… Il préféra prendre une autre bouffée de la pipe et laissa tomber sa tête sur le sofa en soupirant doucement.

Et ben mets toi donc à l’aise si tu as chaud…

Et comme pour illustrer son propos le Chien ouvrit quelques boutons de sa chemise, laissant voir sa cicatrice ourlée déchirant son torse, frôlant le coeur. Il se tourna vers la brune à ses côtés et lui dit simplement, posant un doigt sur la cicatrice.

Tu vois ici ? J’avais un coeur avant… Mais il a disparu quand j’ai compris qu’il ne me servait à rien.. Que le monde n’était pas fait pour ceux qui avaient un coeur, mais pour ceux qui savaient ce qu’ils voulaient… Mon coeur, je l’ai arraché, et je l’ai donné.

L’opium commençait à l’empâter, sa tête dodelinait il voulait dire tout un tas de mots, tout un tas de… Mais… Rien ne venait…

J’ai… J’ai chaud aussi… Méli.. Tu me manques...


Les mots sont décousus, mais la pensée est là. Drogué, il ne pensait qu’à Mélissandre. La seule raison qui faisait qu’il ne se leva pas… C’était l’opium. D’un geste, il fit signe à un opérateur de relancer une nouvelle pipe…

Remettons cela, puisque nous sommes perdus…
_________________
Linwelin
Comment faire fuir un Oxymore? Cédez lui.

Et voilà que la douce barbe s'écartait de ses doigts. Son Dorn s'évanouissait en fumée dans une bouffée de pipe.
L'instant précieux de la réminiscence s'évaporait dans ce nuage qui dansait devant ses yeux embrumés et noyés d'opiacés. Elle murmure ...pas encore...ne pars pas encore...

Elle a soif maintenant, elle a chaud et elle a soif. Les yeux mi-clos, le cerveau confit, elle a l'impression de chuter dans une sombre folie.

Elle relève son buste difficilement, scotchée au sofa, s'étire et entreprend de retirer son étole qui rejoint nonchalamment sa cape sur le sofa d'en face puis de dénouer le cordon de sa chemise, dévoilant une épaule ronde et la naissance de sa maigre poitrine. Sa peau est laiteuse, d'aucun dirait diaphane. Et pour cacher ce qui ne saurait être vu, elle glisse une main dans ses cheveux et les rabat sur le côté de l'épaule dénudée, les laissant cascader à leur guise.


Tu m'as pas payé ma commission. J'te l'ai ramené pourtant, preuve que j'l'ai bien faite. T'avais dit l'double.

C'était le gamin boiteux. La brune plonge une main dans un recoin de sa jupe, laissant entrevoir une jambe fine et fuselée, y détache le cordon de la bourse et saisit une poignée d'écus qu'elle lance au gamin.

Ramène nous de l'absynthe aussi. J'ai soif.

Elle resserre le cordon et se laisse tomber sur le sofa. Ses yeux coulent vers Edouard, attirés par sa cicatrice, qu'elle considère comme sienne. Elle se souvient...Elle se souvient alors quand il était parti combattre pour la liberté, les images d'Edouard au fond de ce lit de campagne lui reviennent, elle ne l'avait pas reconnu tellement il était amoché.
Elle l'avait soigné. Puis il était parti en lui demandant de la suivre et elle avait refusé. S'il l'avait conquise, elle serait venue...Mais elle ne le fit pas.

Sa cicatrice était moche, ourlée, déchirant tout son torse...Elle était moche, vraiment moche, mal recousue, mais c'était la sienne. Alors Lin' la trouvait belle, c'était un petit bout d'elle sur lui. Tout du moins c'est ainsi qu'elle voyait la chose.

Elle voit son index se poser sur elle, sur sa cicatrice.


Le mien...Le mien...

Elle pose la paume d'une main tâtonnante sur son cœur recouvert par ses cheveux.

Il a cessé de battre quand Dorn est parti là où je ne pourrai jamais le rejoindre. Et puis....l'été dernier il a eu un électrochoc, il s'est emballé et il a explosé en morceaux.

Machinalement, elle saisit la pipe et la porte à ses lèvres, tirant doucement une bouffée pour ne pas tousser. Elle entend le grésillement de la boule qui se consume. C'est chirurgical, ne pas trop aspirer pour ne pas s'étouffer.
Elle souffle sur le sien et voit le nuage de fumée s'écraser sur le coeur d'Edouard, éclaboussant la cicatrice.
La bouche sèche, elle claque la langue et articule.


Toi tu n'as plus de coeur et moi il a volé en éclats....
Je vois un morceau du mien là d'ailleurs...


Elle tend un doigt sur le cœur de l'Oxymore qui vient de changer de masque et effleure doucement sa cicatrice puis soupire et laisse sa tête choir sur le sofa, regardant ce plafond dégueulasse.
Elle l'entend murmurer. Elle le regarde. Sa tête dodeline et elle le sent fiévreux. Elle le trouve sexy là à cet instant.
Mais il n'est déjà plus avec elle, son esprit part vers d'autres rives. Ce qui lui reste de son cœur se serre.
Le verre d'absinthe est là pour la consoler. Elle s'extirpe pour le saisir et en boire une lampée.
Elle se dit que malgré tout ça, elle n'aurait pas voulu être avec un autre pour sa première transe, même si elle savait que pour lui ce n'était pas le cas.

Ses yeux reviennent sur lui. parfois elle voit Dorn et parfois elle voit Edouard. Son esprit est confus par cette boule qui grésille.


Tu n'es pas Lui et...je ne suis pas Elle.
Je ne suis que ta Rose Fanée et toi mon Oxymore.


Dans un mouvement incontrôlé, elle rit. Un rire nerveux, amplifié par son esprit confit et bourré de drogues. Elle sentait qu'il voulait partir. Si elle disait...ne pars pas, il partirait et si elle disait pars...il partirait aussi. Alors elle ne dit rien.
Elle l'entend remettre ça.
Ouais c'était pas super bien parti, le mélange Opium et Absinthe promettait oubli et abandon...
Il venait d'offrir fer rouge et amertume.


Perdus oui...On n'a plus qu'à crever puisqu'on est condamné.

Si la mort voulait bien la prendre, elle s'y abandonnerait pour trouver la paix.
Elle regarda l'opérateur recommencer son rituel, captivée.


T'en fumes combien d'habitude?
_________________
Edouard_de_noireterr
Fer rouge et amertume, c’était là les seuls promesses que Edouard pouvait tenir.
Ses yeux se perdait sur l’épaule nue offerte à sa vue un court instant, la bougresse savait y faire, même inconsciemment sans doute. Un fin sourire s’arrondit les lippes brûlées par la pipe.

Pourquoi tu ne pourrais le rejoindre ? N’oublie jamais que nous sommes libres, libres de notre vie, et de notre mort. Rien ne t’empêchera jamais de le rejoindre.

Puis il rit doucement, sans son, secouant simplement ses épaules, regardant le plafond sale après avoir basculé sa tête en arrière.

Non, tu n’es pas Elle. Personne ne le sera jamais, j’ai essayé de l’oublier, j’aurais dû la tuer avant qu’elle ne le fasse. Car je suis mort c’est certain. Je vis bien trop intensément pour ne pas être déjà mort. Ma vérité est celle-là, je suis l’Oxymore, trop sombre dans la lumière, trop lumineux la nuit, jamais à ma place nulle part.

Et le voilà qui reste les yeux au plafond, les yeux fixés sur ce qu’il souhaite voir, imaginant que ce n’est pas Lin à côté de lui, mais Elle, son Obscure Clarté, sa Tendre Violence, sa Délicieuse Déchirure : La seule personne à pouvoir tenir tête à Edouard Ducastel de la Mortellerie Pelamourgue, Dicte l’Oxymore.

On est déjà mort Lin. Je suis mort le jour de ma naissance non loin d’ici, à Angers une deuxième fois, Tours une autre fois. Et chaque jour depuis la première fois où j’ai vu mon Oxymore à moi. Et toi… C’est pareil… Nous sommes morts, nous sommes invincibles. Et j’en fume, j’en fume, j’en fume. Le bon nombre est simple, c’est celui que tu oublies, tant que tu te rappelles combien tu as fumé, alors fume encore.
_________________
Linwelin
[Imagine, maintenant : un piano.
Les touches ont un début. Et les touches ont une fin. Toi, tu sais qu'il y en a quatre-vingt-huit, là-dessus personne peut te rouler. Elles sont pas infinies, elles.
Mai toi, tu es infini, et sur ces touches, la musique que tu peux jouer elle est infinie. Elles, elles sont quatre-vingt-huit. Toi, tu es infini. Voilà ce qui me plaît.
Ça, c'est quelque chose qu'on peut vivre.
Mais si je monte sur cette passerelle et que devant moi se déroule un clavier de millions de touche, des millions, des millions et des milliards de touches, qui ne finissent jamais, et ce clavier-là, il est infini.
Et si ce clavier est infini, alors..
Sur ce clavier-là, il n'y a aucune musique que tu puisses jouer. Tu n'es pas assis sur le bon tabouret : ce piano-là, c'est Dieu qui y joue.
Nom d'un chien, mais tu les as seulement vues, ces rues ?
Rien qu'en rues, il y en avait des milliers, comment vous faites là-bas pour en choisir une?
Pour choisir une femme ?
Une maison, une terre qui soit la vôtre, un paysage à regarder, une manière de mourir ?
Tout ce monde, là !
Ce monde collé à toi, et tu ne sais même pas où il finit.
Jusqu'où il y en a .
Vous n'avez jamais peur, vous, d'exploser, rien que d'y penser, à toute cette énormité, rien que d'y penser ? D'y vivre... ]*





Une main passe dans sa chevelure la rejetant lentement en arrière. L'absinthe lui vrille les tempes où elle sent les battements cogner et tambouriner.
Le brouillard épais occupe maintenant l’alcôve et le plafond devient mouvant devant ses yeux. Elle a l'impression qu'il va s'écraser sur elle.
Elle se tourne sur le côté, cherchant un lien avec la réalité, son corps se tendant imperceptiblement vers Edouard.

Il parle...Il parle...Il parle...Un léger sourire naît sur ses lèvres. Elle le regarde parler dans ce brouillard. Elle comprend un mot sur deux. Elle a juste envie de poser sa tête là, sur son épaule et l'écouter parler. Combien de fois prononce t'il le mot mort? Et fume?

Elle a chaud, elle a soif et maintenant elle a faim.


Je peux pas le rejoindre...Je peux pas le rejoindre parce que...

Les mots ont du mal à sortir de ses lèvres sèches, elle abandonne l'explication et s'humecte les lèvres. Elle plie ses jambes en chien de fusil, cognant ses genoux contre ceux d'Edouard. Ses mots sont décousus, tout autant que ses pensées, si elle avait été dans son état normal...mais elle ne l'était pas.

Non. Je ne suis pas Elle, je suis Moi. Et je veux être rien d'autre que Moi. Juste Moi. Mon unique Moi. Et...moi...c'est pas pareil que toi. Toi tu cherches la Lumière et moi je cherche l'Ombre. La bienfaisante Ombre. J'ai jamais aimé être à la lumière.
Et toi...toi....tu tiens de ton père...Sombre et Lumineux à la fois...


Si l'on devait donner un rôle sur un échiquier à Lin', ce ne serait pas le pion qui avance bêtement, ce ne serait pas non plus le cavalier qui avance en crabe, ni le fou qui fonce sans réfléchir dans sa diagonale, ni même la reine omnipotente et omniprésente qui brille bien trop, ce ne serait pas non plus le roi, trop masculin et trop étriqué, non...ce serait la Tour.
La Tour, haute, ronde, entouré de pierres, une à chaque coin, dont l'une avec sa botte secrète, le roque. Ce coup qui met son roi à l'abri. Oui Lin' avait déjà roqué avec son duc de mari, l'enlevant à une reine blonde du nom de Gatimasse, et dieu sait si elle lui avait fait payer.
Et là putain...elle avait envie de roquer.



Tu fumes trop. Passe moi la pipe.

Une lueur de lucidité brille dans son regard clair, elle se soulève et se penche sur Edouard et lui prend la pipe des mains. Elle la porte à ses lèvres et en reprend une bouffée recrachant doucement la fumée lourde vers le visage d'Edouard.

Fais moi visiter là où tu es né.

Elle avait envie là, comme ça, de voir où était né son oxymore. Il pouvait dire oui, il pouvait dire non. Dans les deux cas toute manière elle n'arriverait sans doute même pas à étaler un pied devant l'autre alors...
Cette pensée la fit rire. Bordel, qu'est ce que je fous là, pensa t'elle.
Son regard se perd dans les châtaignes automnales du brun trouvant la réponse à la question.


*Novecento, Alessandro Barrico

_________________
Edouard_de_noireterr
Avec Lin

Les mâchoires se serrent. Lin avait le chic pour lui donner envie de la gifler. Parler de son père… Pire, parler de son père pour dire autre chose que : cette vieille raclure est morte. Et même encore pire… Dire qu’il lui ressemblait.
Pourtant, elle avait raison. Sur bien des aspects le bâtard ressemblait à son père, mais si il est un aspect sur lequel ils se ressemblaient, c’était leur volonté à ne pas se ressembler. Oulà… Je me perds.

Bref, le bâtard serre les poings, prêt à les écraser sur le visage de Lin une bonne fois pour toute, se redressant au dessus d’elle. Mais le rire de la brune l’en dissuada. Il se rejeta en arrière sur le sofa et soupira simplement.

Ainsi, je ressemble à mon père. Il serait temps de voir si je peux semer autant de bâtards que lui si tes cuisses sont prêtes à cela encore.

La tête toujours en arrière, il ferma ses émeraudes, déglutissant avec paresse. Combien de claques méritait-il ? Chaque fois qu’il ouvrait la bouche ou presque, il était désobligeant, mais Lin restait là… Il ne comprenait pas comment elle faisait pour résister à l’envie de lui mettre son poing dans la bouche.
Il resta ainsi, silencieux quelques minutes, on aurait pu le croire assoupi, mais il réfléchissait. Qu’est-ce qu’elles lui trouvaient ? Amandine, Linwelin... Pourquoi ces femmes s’intéressaient-elles à un homme qui les repoussait, jouait avec elle. Haussant tristement les épaules il se tourna vers Lin, collant sa bouche au lobe d’oreille et murmura en douceur, le frôlant de sa langue :

Que veux-tu de moi ? Pourquoi ? Pourquoi t’acharnes-tu à me prouver que je vis encore ?
C’était une question sincère, il ne comprenait pas pourquoi elle s’acharnait à le maintenir à flot alors qu’il aurait été tellement plus simple de le laisser filer, voguant sur le Styx. Le mur était tout droit, et dieu savait qu’il fonçait droit devant.(*)

Sans réfléchir, il changea encore de masque, se fit câlin, il serra doucement Lin’ dans ses bras, déposant un baiser sur les cheveux bruns qui ne tarderont à se saupoudrer de gris.

Tu devrais fuir. Rien de bien ne sortira de moi. Le seul truc que je suis capable d’offrir, c’est un goût affreusement amer dans la gorge, le goût de la mort, du pus et de la perversion. Fuis. Cours pendant qu’il est encore temps, sinon, je vais t’embrasser, et nous ferons l’amour ici par terre. Et tu seras perdue.

Il plongea ses yeux intensément dans ceux de Lin, ses émeraudes luisantes étaient gorgées de vie, et contrastaient si fortement avec le reste de son visage qui semblait mort. L’oxymore était là. Vie, Mort. Les deux faces d’une même pièces.

Tout homme doit tôt ou tard mourir.**


*Casseurs Flowteurs : Si facile - librement adapté
** Valar Morghulis GoT bien sûr.

_________________
Matthew.holmes
[ Méridienne du Ladyboy ]

Je m'évadais, Paris s'effaçait, rien personne !
J'allais, je n'étais plus qu'une ombre frissonnante, je fuyais seul, sans voir, sans penser, sans parler.
Et comme, subissant l'attraction d'un gouffre, je cherchais le lieu noir avec l'avidité du désespoir.
J'entre et parcours ses couloirs sinueux parcouru de petites alcôves, l'odeur de l'opium, de l'alcool et de foutre mêlés attisent mon désir.
Je déleste ma ceinture d'une petite bourse d'écus, des coussins moelleux, confortable et puant l'abandon m'accueillent, je m'avachis, j'ai commandé un verre d'absinthe et une pipe d'opium, je m'abreuve de la fée verte durant l'attente.

Ce tombeau sur lequel je prends place, me voit ôter ma veste et mon gilet, ouvrir ma chemise sur mon torse imberbe, finement musclé, une peau de nacre.
Je m'abandonne ...
Je perçois une émotion étrange tout au fond de ma poitrine qui me trouble et me fascine autant qu'elle me dérange.
C'est comme un poignard dans la peau qui me mènerait au tombeau, mais j'ai de la joie dans la douleur.
J'ai dans le sang ce poison qui me fait perdre la raison, dans un plaisir de souffrance, j'ai saisi mon coutelas.
Aimer prendre du plaisir dans le fait de souffrir a cela d'étrange que cela vous dérange.
Il n'y a pour moi de vrai délice que par le passage du supplice.
Pour moi ce qui est banal et ce qui pour vous fait mal, ce désir est pour moi une prison qui me donne du frisson, c'est une violente pulsion qui m'entraîne vers le fond.
Et si cela devait finir en mort, cela serait sans remords.

La narguilé portée, je saisis l'embout et le porte à mes lèvres charnues, rosées, sucrées, invite au baiser, j'inspire, je retiens la fumée, l'expulse en volute ouateuse, elle dessine des arabesques, et je quitte la terre ferme, en avant pour le voyage.
Il ne reste plus que des formes informes, des fantômes funestes et excitants.
Ô doux commencements d'azur qui me trompiez,
Ô bonheurs ! Je vous ai durement expiés !
J'ai le droit aujourd'hui d'être, un de ceux qui se font écouter de la tombe,
Et qui font, en parlant aux morts blêmes et seuls,
Remuer lentement les plis noirs des linceuls,
Et dont la parole, âpre ou tendre, émeut les pierres,
Les grains dans les sillons, les ombres dans les bières,
La vague et la nuée, et devient une voix
De la nature, ainsi que la rumeur des bois.
Car voilà, n'est-ce pas, tombeaux ? Bien des années,
Que je marche au milieu des croix infortunées,
Échevelé parmi les ifs et les cyprès,
L'âme au bord de la nuit, et m'approchant tout près,
Et que je vais, courbé sur le cercueil austère,
Questionnant le plomb, les clous, le ver de terre
Qui pour moi sort des yeux de la tête-de-mort,
Le squelette qui rit, le squelette qui mord,
Les mains aux doigts noueux, les crânes, les poussières,
Et les os des genoux qui savent des prières !

Je bande ...
Envoie-moi tes anges, que je m'envoie en l'air, descente aux enfers ...

_________________
Owenra
[Judicael - Owenra]

Elle se perd dans les manipulations de l'opérateur. Elle se perd comme lorsque Cael opère avec leur chanvre. "Leur" chanvre qu'ils partagent à chaque entrevue. En taverne ou sur les routes, en tête-à-tête ou en famille, sorti d'un pli de ceinture ou d'un décolleté. Qu'importe qui l'amène, qu'importe qui l'achète tant que le plaisir est commun entre ces deux roux. Qui eût cru que l’Avare partagerait un jour ses écus et ses drogues ? Personne, pas même elle, et pourtant, pourtant le Rouquin de dix ans son cadet se voit gratifié chaque jour un peu plus de la générosité toute relative de notre Renarde. Peut-être est-ce une forme de favoritisme envers un roux, un homme, un jeune enclin à certaines consommation identiques à celles de l'aînée. Peut-être la Flamboyante éloigne ainsi sa solitude en gardant jalousement ce jumeau près d'elle. Peut-être désire-t-elle qu'il tombe, comme elle, dans ce paradis artificiel et qu'il n'en sorte plus.
Non, si le favoritisme est clairement présent, le reste n'est que supposition sans fondement car après tout, elle compte bien limiter les accès de l'Opium à son Compagnon de fumette. Il ne faudrait pas qu'elle le perde dans les méandres des vapeurs opiacées, elle pense que Maël lui tomberait dessus. Ce qu'elle comprendrait alors aisément.

Elle reste là, avachie sur la causeuse, sa fierté, il y a belle lurette qu'elle l'a abandonnée. Non pas à l'opium, ni même au chanvre, mais au premier homme qui lui monta dessus. Celui-là qui paya la maquerelle plus cher que les autres pour déflorer la jeune rousse encore pure à l'époque. Pure et innocente, encore ignare quant aux sujets relatifs aux drogues, au sexe et aux hommes. Il y a de cela bien longtemps. Une autre vie, un autre temps, une autre Owen'. Un jour, elle dit à Cael que chaque personne grandit dans la douleur, évidemment, parler en plus grande connaissance de cause aurait probablement été impossible, mais de ce passé, elle garde jalousement le secret. Rester droite, forger une carapace et la protéger jalousement, donner l'impression que rien ne peut l'atteindre alors qu'il est des blessures internes qui ne guérissent pas malgré les années, malgré le chanvre et l'opium fumé, malgré les litres et les litres d'alcool ingurgité, malgré les nuits passées au creux des bras de la Matriarche, au creux des cuisses de sa moitié de sang, sa moitié de sœur.

Plongée dans ses pensées moroses, c'est la question du jeune ingénu qui l'en sort. Alors les pupilles se décrochent de leur point d'observation pour se poser sur son voisin auquel elle tire un léger sourire en murmurant pour toute réponse :


Non, il ne fumera pas. Mais il va t'aider à tenir la futaille.

    Illustrant la phrase soufflée, l'opérateur s'approche d'Owen' et lui tend la pipe. Cette dernière se redresse légèrement pour attraper le bec entre les lippes charnues. Les doigts fins se posent sur le bambou quand sa poitrine se soulève pour appeler une première bouffée qui lui fait fermer les yeux. Elle se réinstalle en gardant les volutes alors que le faiseur d'opium tant l'objet au Roux débutant en lui tenant au-dessus de la flamme. Vulpes expire lentement, très lentement la fumée, elle savoure le goût âcre de l'opium sur sa langue ainsi que les premiers effets qui la détendent, elle se met à sourire en rouvrant les yeux. Un soupir d'aise lui échappe.


Il n'est pas de plus grand relaxant que l'opium, relaxant mais qui reste dangereux, très cher Cael. Méfies-toi toujours de cette plante qui, une fois goûtée est adorée, adulée et à laquelle il est ensuite difficile d'y résister. Pour notre bien, nous ne viendrons pas régulièrement ici. Il ne faudrait pas que nous tombions au fond de ce trou.

    Alors Renarde rit, goguenarde, les effets d'une première bouffée lui montant toujours plus à la tête.

_________________
Linwelin
[Avec Edouard, dans l'alcôve]

[Nous les écorchés vifs
On en a des sévices
Les écorchés vifs
On les sent les vis*]


Elle sourit. Elle sourit mais en vrai elle flippe. Même les bouffées de pipe ingurgitées, même l'absinthe coulant dans sa gorge n'avaient pas réussi à la détendre complètement.
Ouais elle flippe. Tout en souriant.
Il veut semer des bâtards maintenant? Dans ses cuisses?
Une main vient nonchalamment recouvrir un bout de cheville qui dépasse, ses jambes se recroquevillent encore plus contre celles d'Edouard. Ses lèvres articulent péniblement :


Gaspiller ta semence? Mais tu n'y penses pas tout de même...
Eh puis...je ne suis pas une courtisane.


Elle sent la colère d'Edouard battre contre elle et elle rit, tout en flippant ou alors elle flippe tout en riant, allez savoir. Elle était défoncée, elle savait plus si le plafond allait lui tomber sur la tronche ou si c'est elle qui allait rejoindre le plafond.
Elle ne peut plus bouger, complètement prise au piège de l'Opium, médusée, et lui il veut la chevaucher pour voir s'il peut rivaliser en nombre de bâtards avec son père.
Le rire nerveux disparaît d'un coup et elle pose ses yeux transparents sur lui. Il semble endormi. Elle lui caresse la joue du bout des doigts et pose sa tête sur son épaule, elle se détend et ferme les yeux.

Puis, un murmure dans son oreille vient faire tendre son corps de désir, il se cambre sans crier gare et les mains de Lin' viennent précipitamment rejoindre son ventre pour accuser le coup qui vient de lui être porté. Elle est à fleur de peau, elle se mord les lèvres et sa respiration se fait plus saccadée. Putain...non, non, non.
Elle inspire tentant de retrouver ses esprits, si tant est qu'il lui en reste et souffle tout en logeant ses ongles dans la cicatrice d'Edouard, balbutiant une réponse qui n'en est pas une...


Et Pourquoi pas...

Et le voilà qui la prend dans ses bras, déposant un baiser sur sa crinière jais parsemée de quelques fils argentés. Elle se sent bien, elle ne cherche plus à compter les masques ou les nuances, elle s'abandonne, laissant filer ses doigts sur son cou et sur toute la longueur de sa cicatrice.
Ses épaules sont maintenant dénudées et elle n'y fait plus attention. Ses cheveux s'étalent épars sur eux deux.
Il lui parle, elle écoute dans un semi rêve, dans une nuée de brouillard de fumée qui change de forme au gré des vacillements des flammes des bougies.

Il lui dit de fuir....Il a raison. Bien sur qu'il a raison.

Lorsqu'il plonge son regard dans le sien, elle s'y perd, elle s'y fond, elle le dévore du regard.
Son corps l'appelle mais son esprit la met en garde.
Elle se souvient du taudis à Chinon ou encore de la nuit où ils étaient ivres, des moments mêlés de tendresse et de passion. Toujours sur le Fil du désir sans jamais le rompre.
Elle regarde les bougies qui vacillent et illuminent faiblement la pièce, elle entrevoit un homme qui entre et rejoint une alcôve tout près de la leur.
Elle ne sait plus trop où elle en est. Elle balaie les options dans son esprit tourmenté et confit.

Se lever et partir? Elle ne peut pas.
Tomber dans les pommes? Trop classique.
S'abandonner et faire l'amour là par terre?

Elle se mord les lèvres et reporte son regard sur Edouard intensément, des flammes sombres vacillent au fond de ses prunelles, contrastant avec la peau diaphane de son visage, alors que les yeux d'Edouard regorgent de vie.


Je suis déjà perdue Edouard. Une fois touché à l'opium, c'est fini de toute façon.

Elle caresse doucement la lèvre inférieure d'Edouard de son index et se recule lentement avant de planter de nouveau son regard mué de feu cette fois ci dans ses émeraudes brillantes.

Epousez moi alors.

Elle pose alors ses deux paumes sur son torse dans un geste de défense.
Elle sait exactement ce qu'il va répondre, elle hésite juste sur la raison qu'il invoquera.

"ai gonplei ste odon**"


* Les écorchés, Noir Désir
** "Mon combat est terminé", The 100

_________________
Edouard_de_noireterr
Avec Lin

Doucement, la main du Chien descendit, se pose sur l’épaule nue, il la caressa en douceur tandis qu’il rejetait lascivement de la fumée lourde qui sortit de sa bouche en paquet noueux, avant de regagner le plafond de l’alcôve…
En souriant, il sentit le corps de Lin se cabrer près du sien, tout était si simple, si prévisible. Quelques mots susurrés contre un lobe d’oreille, et voilà le fruit prêt à être cueilli. Alors, cueillons-le.

D’un geste, le chien se retrouva à califourchon sur la brune, se pencha tout contre elle, en douceur et murmurant simplement :

Tu es perdue, nous le sommes tous ici. Notre perdition, est simplement un nouveau départ. Reconnaître que tu as tout perdu, pour tout construire à nouveau. Ici, tu es libre, ici, tu peux être qui tu veux vraiment.

Et voilà le bâtard qui attrape en douceur le menton de Lin, et glisse délicatement sa langue pour partir en quête de sa semblable, dans le but d'entamer une douce danse charnelle. Interrompant finalement le baiser voluptueux il reprit, ne la quittant plus des yeux :

T’épouser ? Tu te verrais vivre toute ta vie avec moi ? Tu supporterais de me voir tous les jours ? De m’entendre te parler si mal ? Lin, je veux bien t’épouser, mais je préfère cent fois te chevaucher ici et maintenant. Il me semble que c’est une bien meilleure façon de poursuivre la soirée. Et puis… Trouver un prêtre à cette heure-là et ici...

Et pour joindre le geste à la parole, il ouvrit sa chemise en grand, faisant voler les boutons de partout, exhibant sa cicatrice.

Contemple donc ton oeuvre. Tu as aussi contribué à ce que je suis. Plonge, tu aurais dû partir...
_________________
Edwin.til.illian
Cela faisait un moment qu'Edwin n'avait pas profité de l'opium, généralement, c'était quelque chose qu'il s'autorisait une fois une mission achevée, n'importe le type. Certaines fois il avait même ramené les femmes qui se payaient ses services goûter avec lui, au moins pour avoir un tant soit peu la paix, car oui, il n'était pas qu'un assassin, il avait aussi été un... Gigolo. Et oui, il était passé par là, comme si l'on laissait un môme jouir des mêmes libertés qu'un adulte dans son clan. Depuis son adolescence il avait accompagné des bourgeoises ou des nobles en manque de compagnie et qui pouvaient se payer ses services. Le brun était tout de même au goût de plusieurs dames, pas un canon de beauté mais il n'était pas mal avec ses longs cheveux bruns en queue de cheval ou encore sa musculature en développement à ce moment là et il était surtout jeune. Il n'avait jamais compris pourquoi les femmes d'un certain age et seules lançaient leur dévolu sur des jeunes hommes qui étaient encore en pleine puberté.
L'avantage de ces demandes nombreuses était que sa fortune personnelle montait facilement sans compter les nombreux avantages qu'il avait obtenu au fil des années, ce n'était pas comme s'il avait pu s'améliorer avec de nombreux maîtres d'armes et perfectionner son art du combat. Il avait même trouvé sa voie, l'épée ce n'était pas trop son truc, il aimait se servir des coutelas mais par dessus tout se servir de son arbalète. Ed n'était pas un mauvais tireur, il avait une bonne vue et un bon maintien, ce qui faisait qu'il touchait presque tout le temps ses cibles. Personne n'est parfait après tout.

Mais cette fois il n'était pas accompagné d'une de ses clientes ou encore une catin, non, le brun était seul. Cette vie de débauche était maintenant terminé pour lui, la seule femme avec qui il croquerait dans le fruit défendu était sa promise. Mais cela ne l'empêchait pas de continuer tout le reste, à savoir se rendre dans des bordels pour boire en compagnie, ou dans une fumerie, ou encore tuer quelqu'un. Il ne risquait pas de se retrouver enchaîne non, tenant trop à sa liberté. Pourtant il savait que certaines choses lui seraient interdites et surtout que ces choses interdites il ne les ferait jamais, ayant bien trop de respect pour sa compagne. Il l'aimait et ne pourrait donc pas lui faire de mal comme en la trahissant.
Alors il poussa la porte d'entrée et s'engouffra dans la fumerie. D'un pas nonchalant il alla voir la personne qui tenait l'établissement, lui donna de quoi payer de quoi fumer et de quoi avoir de la compagnie, si au moins il y en avait, sinon, cela fera le pourboire. Ensuite, il alla s'installer dans un des alcôves de libres, se laissant même choir sur le siège. Rapidement il prit ses aises et il se mit à crier comme dans une taverne.


Eh! Vous n'avez pas quelque chose à boire aussi? Quelque chose de fort et pas de la pisse de rat! Et si vous avez de quoi fournir de la compagnie trouvez m'en une belle au moins! Pas une laideron!

Ed était peut être un gentleman mais pas vraiment envers les femmes qui vendaient leur service, elles étaient là pour cela et il n'avait pas envie de s'ennuyer avec des formalités. En attendant de voir quelqu'un arriver avec de l'alcool, il ne se fit pas prier pour se mettre à fumer assez vite. Après tout il était là pour cela et il comptait bien en profiter pour son argent. Pendant que l'embout de la pipe faisait des allers retours à ses lèvres et que la fumée s'élevait jusqu'au plafond, il écoutait ce qui se passait autour, il n'avait rien d'autre à faire à part tendre les oreilles et se prélasser, presque allongé sur le siège qui était le sien. Certains semblaient s'amuser de ce qu'il entendait, ce qui fit presque regretter au brun d'avoir trouvé une compagne. Puis il arrêta d'écouter, se laissant happer par les volutes de fumée qui s'échappaient de sa bouche, s'amusant à faire des cercles pour ensuite les effacer d'un revers de la main. Pour finir ses pensées finirent par s'imposer à lui, vagabondant çà et là tandis qu'il s'enfonçait encore plus sur son siège. Un bâillement s'échappa.

Mais où était donc la boisson et la compagnie féminine...

_________________
Linwelin
[Avec Edouard, dans l'alcôve]

[Aux Sombres héros de l'Amer
Qui ont su traverser les Océans du Vide ]
*




Tout était si simple et si prévisible oui...le fruit avait mûrit une petite année, une poussière dans un temps infini. Ou pas.

Qu'est ce qui avait fait qu'un jour la brune eut envie de revoir cet homme là qui venait de se mettre à califourchon sur elle? Lin' se le demandait encore.

Qu'est ce qui fait qu'elle se trouvait là dans le furoncle de la Cour des Miracles à fumer une pipe qui grésille et picoler de l'absinthe qui te bouzille les neurones?

Elle ferme les yeux en inspirant lentement, captant les volutes du brouillard opaque et emmêlé qui occupait maintenant toute l'alcôve.

Elle s'offre doucement au baiser, emmêlant sa langue à la sienne, dégustant ses lèvres brûlées par la pipe et le goût de l'amer et du poivré qui accompagne la charnelle danse.
Les paumes des mains tendues en défense pour le repousser deviennent molles et remontent sur ses carotides pour atteindre les oreilles et glisser dans les cheveux bruns.
Elle sent son corps contre elle, elle peut même sentir son souffle contre sa joue.
Il sait y faire, on ne peut pas lui enlever ça.
Il sait créer le nuage sur lequel on flotte tout comme la boule d'angoisse sur laquelle on se plie en deux.

Qui voulait elle être vraiment? C'était une bonne question ça tiens. Elle qui voguait toujours au gré du vent. N'avait elle jamais été autre chose qu'elle même?
Elle sourit dans son cou.

Il ne la quitte pas des yeux et elle le regarde, ses prunelles ne laissent pas paraître sa surprise quand il ne dit pas non. Elle se dit simplement qu'il doit sacrément avoir envie d'elle là à cet instant pour dire qu'il sacrifierait son annulaire gauche juste pour finir la soirée en elle. Elle sourit.
Elle imagine un bref instant les conséquences, un bâtard dans son ventre puis ensuite...qui deviendrait comme son père, haïssant son propre père...
Le cycle infernal de la haine et de la rage.

Et d'un coup, tout se brise. Elle le voit un moment se redresser et arracher sa chemise, une hallucination la prend. Son grand et perpétuel cauchemar est en train de se produire.
Il est le raz de marée, l'image la terrifie, elle sent qu'il va l'engloutir puis cette image change brusquement, elle voit maintenant un cobra qui lui demande de plonger dans le raz de marée.
Le boa qui l'avait emprisonnée dans la cage de ses bras se mue en cobra là au dessus d'elle dans ce brouillard de fumée.

Elle crie.

C'est un monstre qu'elle a devant elle et dans un geste impulsif lié à l'adrénaline que peut créer une peur panique, elle le pousse de son bassin et de ses mains, se dégage de lui et se lève d'un bond.

La bouteille d'absinthe vole de la table, la brune se retrouve contre un mur dégueulasse de l'alcôve- tout comme le plafond- jauni par la fumée et par...du foutre sans doute? Bref un truc douteux - reprenons- elle se retrouve donc le dos plaqué contre le mur, les yeux exorbités de peur devant son cobra, les mains collées au mur, sa chemise à moitié débraillée, la respiration saccadée.

Bientôt le cobra est rejoint par des araignées qui grignotent le plafond.
Elle entrevoit un moment Edouard.


Edouard! Y'a pleins d'araignées partout! Fais quelque chose!

Saloperie d'hallucination.

*"Aux Sombres héros de l'Amer", Noir désir - encore^^

_________________
Judicael.
[Judicael / Owenra ]

Quelle drôle de femme. Elle qui dit qu'ils dansent au bord du gouffre en riant sourdement. Quelle drôle de femme. Elle, pleine d'expérience, et pourtant qui redevient adolescente à son contact. Lui ferait-il perdre les dix ans qui lui manquent en partageant ces soirs perdus? Vulpes sont bestioles noctambules. Méfiants, rôdeurs, amis de maraude. La complicité est évidente, et poussée dans l'alcôve à son paroxysme. Le gredin refait en mimétisme les gestes de sa compagne de cavale. Si Renarde fume la mort, Cael allume son calumet. Si Cael s'endort sur ses braises, Renarde retire le briquet.

Ainsi guidé, confiant aveugle, Judicael fait. Et quelle rencontre... Elle avait dit des plus relaxantes. Il prend en quelques bouffées la mesure de l'Opium et de ses effets immédiats. C'est de tout cela que l'O tire sa légende. La rencontre est bouleversante.

    Soulagement.


Bien plus appuyé que le chanvre, qui endort localement ses douleurs les plus profondes. Bien plus rapidement aussi. La cuisse transpercée à Limoges se tait en moins d'une minute. Et le corps suit, jusqu'au bout des orteils, jusqu'à l'anesthésie générale... Jusqu'à endormir l'esprit.

      Plénitude.


Le roux a relâché ses épaules contre la paroi qui leur fait dossier. Les mains ont déposé l'alcool. Rouquin a décollé trop haut pour garder les pieds sur terre. S'il semble inerte, figé à sa pipe, le brigand est en réalité en proie à une ascension rare et puissante où son poids s'est divisé par dix. Quelle douceur... Inédite, pour lui qui n'a jamais rien connu de semblable. Nerveux qui s'en défend. Soudain toutes ces fois où son corps s'entrechoque à celui de son frère, ivre, sorti de rixe, se délitent. Les épaules qui ont tant de fois porté leur vie de chien semblent écarteler leurs os de légèreté. Cael se désagrège.

        Protection.


Si la rousse n'est pas là à portée de main, étrangement l'esprit s'invente une présence féminine à ses cotés. Un peau à peau. L'Opium. Cette femelle aimante, caressante. Maternelle. Elle l'enveloppe de ses bras. A ce moment là, Judicael ne serait pas capable de reconnaitre la main qui l'aime et celle qui l'étrangle. L'O le berce. Exacerbant l'illusion sécurisante.

Il ne sait pas que les effets de cette étreinte dureront plus de six heures. Une nuit dans les bras tendres de l'opiacée... Une nuit à zoner en lui-même. Il ne sait pas que demain, il sera malade. Tellement malade qu'il aura envie de s'arracher les tripes. Tellement malade qu'il se raccrochera au premier corps qu'il pourra: celui de Samael. Il n'a aucune idée de l'anxiété prfonde, les insomnies, les suées nocturnes qui viendront remplacer la trompeuse O. Il n'imagine pas les spasmes frissonnants, les grelottements et tremblements. La dépendance physique, psychologique terrible. Nul ne saurait imaginer les guerres qui naitrons du Pavot. Les armées de décharnés qu'elle enfantera.

L'alcool n'aura fait qu'aggraver les choses. Et aucune des prises suivantes ne vaudront jamais la première. Judicael sera toujours un homme tendant une lanterne dans un brouillard de plus en plus épais. Et un jour, s'y perdra.

Non. Il n'imagine pas.


-Ho... Owenra... Quelle merveille m'as tu fait là...


Un baiser mortel.
_________________

Recueil
galerie d'avatar
Matthew.holmes
[Alcôve du Ladyboy]

Ô splendeur de l'ombre, déesse ténébreuse qui jamais ne sombre, emporte-moi.
Tout le jour caché par le puissant diurne, pâleur angélique, douce beauté révélée dans la noirceur nocturne.
Pâle ... blême comme la lame qui entaille ma peau et apaise mon âme.
Ô rayonnant halo, astre de lumière, puissance aveuglante, je te devine par l’interstice de mes paupières lourdes.
Toi, ange de l'enfer, ta couronne de feu m'attire, serais-tu celui ?
Celui, de ma main sans force et fébrile, guideras-tu la lame sur ma peau d'albâtre ?
Viens ...

À jamais solitaire ....

Ô astre solaire, brûlant ... brûlant comme la flamme qui marque ma chair, viens ... apaise mon âme.
Ô douleur éphémère qui apaise mes maux, calme ma colère.
Viens ...

Bel ange de feu, silhouette floue et chatoyante, viens me libérer.
L'opium m'emporte et mon geste salvateur est immuable.
Ma main tombe lourde, endormie, je ne peux jouir de ce plaisir morbide.
Viens ... viens me délivrer.
Sois ma main, mon glaive, ma lame ... ma perte.
Un souffle, un murmure, mes doigts graciles et longs se tendent où repose mon coutelas, se tendent vers toi.


Viens ...
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5, 6   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)