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[RP] Ouvert - L'Opium.

Quinze


Si tu balances, c'est l'ambulance
Ambiance lugubre
On tise, on inhale
Ici le point final n'est qu'un point de suture

Nefaste - Face à moi-même #7


Fallait bien que j'y aille une fois. Parait que c'est encore mieux que la tise, mais je connais pas les prix de ce bouge. Ce sera vite fait, j'ai quasiment plus rien sur moi, et c'est ce qui m'a décidé à venir ici plutôt que dans un tripot. J'ai même pas assez pour une partie de dés ou de ramponneau. Je suis curieux de ce qu'ils fument ici, ça se veut la dernière mode dans les vices du quartier, mais je doute que ça fasse autant d'effets que ce qu'on raconte.
J'entre en allant me planter au comptoir. D'un coup d'oeil, je fais le tour de l'endroit, ça baigne dans la fumée et ça pue tellement que ça me prend à la gorge. J'parle pas des relents habituels qui embaument les Miracles, là c'est une odeur différente, de cramé et de plantes. Déjà que j'avais pas l'humeur jouasse à l'idée de passer la nuit avec les poches presques vides, alors je doute encore de l'intérêt de s'aventurer ici.

Je vois un gars affalé là-bas, une femme agenouillée avec lui. Une catin, peut-être. Je frappe du poing sur le bois pour que le taulier apparaisse.
Amelliane
Tout les chemins mènent à Rome ...

.. Sauf que les siens c'était ici à Paris ou plus précisément à la Cour des Miracles.

La première fois était toute récente mais ainsi donc elle y avait pris goût. La brune se fit discrète en entrant dans ce lieu. Mais elle savait tout de suite ce qu'elle voulait, ce dont elle avait besoin. De l'alcool, un peu de détente. rien de plus rien de moins.

Elle s'approcha du comptoir, un client venait d'être servi. La jeune femme fit part de sa demande à son tour. Elle se fichait de l'alcool qui lui serait servit tant qu'il soit bon, en ce qui concerne les herbes et bien elle savait qu'elle serait satisfaite.

Le tout était emporté un peu plus loin, afin d'être à l'écart et dans la tranquillité. Son regard aperçu la blonde qui avait l'air bien occupé. Un petit sourire se glissa sur ses lèvres et elle poursuivit son chemin jusqu'à une alcôve.

Les coussins étaient si agréable qu'on s'y logeait dedans et qu'on ne voulait même plus les quitter, tel des bras qui nous enlaçaient tout en nous berçant lentement. Elle bu une longue gorgée et alluma la pipe, en sortie une bonne bouffée qu'elle recracha doucement. Finalement certains vices ont un bon côté.

Un sourire satisfait s'afficha et elle rejoignit ces coussins si apaisant, si confortable.

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Morgen.de.naillac
(Alcôve Morgen-Vivia)

Aux mornes heures creuses de ma vie, quand les nuages gris masquent l'envie, quand l'aurore ne sourient plus, je me cantonne dans ce lieu reclus .... Alors ma muse me vient en courant, aidée par ce palliatif secourant .... Hors de moi, âme enchantée ... rescapée ... se nourrit de rêves au vol rattrapés et de beaux souvenirs forts lancinants ...

Je vois contre toute attende tes doigts se tendre ... Je m'en saisis ... des échos lointains m'assaillent ... Je les porte à mes lèvres, gourmande de toi ... Une volute de plus nous entoure, s'élançant vers l'infini, côtoyant étoiles et indéfini ..... Cette bouffée de toi est exquise et fort enivrante, se jouant de l'esprit ...

tandis que presque inerte je parviens dans un sursaut de vénération à te tirer vers moi .... à te faire choir .... enlaçant ta vie, accrochant tes lippes en une passion destructrice .... Elles chantent l'amour ... sans le requiem ....

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Pierrick_entheogenus



A peine quelques heures… A peine de quoi reprendre mon souffle. La panique… le désir…Ma dextre s’enfonce dans la poche de mon mantel à la recherche de ce qui m’est ineffable. Ma vie… ma mort. Mes doigts plongent fébriles… déchirent les minces résistances de la couture pour entourer, victorieux la fiole qui s’était glissée dans la doublure.
Je ferme les yeux. Calme les tremblements qui commencent à s’emparer de moi. Ma senestre se ferme en un poing, perforant de mes ongles la chair.
Plus que quelques secondes… plus que quelques gouttes avant l’explosion… Plus qu’un battement de cœur…
Ma main sort de son confort au moment où mes aciers se posent sur le liquide ambré. Il me reste à peine de quoi mouiller mes lèvres...Fol que je suis… j’aurai dû prévoir plus…
Je pourrais fouiller dans mes poches, le résultat serait le même. Si seulement j’avais pris avec moi ma besace… si seulement… J’enrage de ma propre bêtise.
Sortir dans Paris… retourner chez ceux que je hais du plus profond de mes entrailles et laisser derrière moi mon salut. Pardon mon Ange aux ailes froissés… je ne suis pas aussi fort que toi… laisse-moi retourner dans mon antre… laisse moi retrouver mon oubli…
La sueur commence à perler dans mon dos... je sens les soubresauts d’un froid intense… Ma Dame...aidez-moi…
De nouveau mon regard se pose sur les dernières gouttes de mon envie.
Le manque… Ma soif…
Ma langue pourlèche avec avidité mes lèvres craquelées. Quelques gouttes… quelques gouttes et ensuite… et ensuite pénurie… Il me faut me calmer…
Je suis à Paris… Je suis dans la Capitale du Vice… Réfléchis… Réfléchis…
Pour ne pas me tenter d’avantage, je remets l’objet dans ma poche.
Réfléchis… Si je vais chez un apothicaire… Non ! Ils en seraient informés…
Réfléchis… Une odeur emplit mes narines… nauséabonde…
Et la lumière se fait en moi… Merci Ma Dame !
Forcément… La Cour…


[ L’Opium]

J’ai dû avaler ce qu’il me restait pour trouver cet endroit. S’ils n’ont pas ce dont j’ai besoin, je crains de ne pouvoir rester encore longtemps debout.
Ne me jugez pas Ma Dame… n’en soufflez mot à mon ange aux ailes froissés… je ne supporterais pas de voir son regard s’assombrir encore… J’ai besoin de les voir… j’ai besoin…
Je remonte mon col afin de dissimuler ma chevelure neige. Je me courbe. Ai-je vraiment besoin de me forcer pour ce faire ?
L’antre du bonheur… la chaleur du bien être…
J’aurai pu m’attarder pour regarder autour de moi… Pourtant, mon corps se dirige directement devant ce qui semble être un comptoir.


Vous avez de la résine ? J’ai oublié la plus basique des politesse mais le besoin est là, latent. Je me laisserai bien tenté par leur "herbes" mais cela ne sera pas suffisant pour ma consommation.

On est à la cour des miracles compère, ce que tu demandes est rare et… cher.
Je me fous du prix… vous en avez… ou pas ? Ma voix bien que basse, devient de plus en plus grave.
Montre la caillasse d’abord. Sa langue claque pour ponctuer ses dires. En voyant que je recule prêt à partir, il regarde de côté. On est réglo par ici, alors si t’as le flouze, on pourra faire affaire.
Je pourrais filer d’ici, mais pour aller où ? En sortant je pourrais tomber nez à nez avec des rapineurs et, avouons-le, je ne tiendrais plus longtemps. Alors, je plonge ma dextre dans la doublure de mon mantel pour en sortir deux pièces d’or que je pose sur le comptoir. Le ruffian en prend une, tente de la croquer pour vérifier qu’elle est vraie. Comme par magie, l’argent disparaît et deux boulettes d’un brun sombre apparaissent.
Pour cette somme vous avez même le droit à un rab. La maison vous offre une pipe. Il émet un bruit de gorge s’apparentant à un rire. Allez vous installer où vous voulez on vous apporte de quoi vous faire rêver.

Ai-je vraiment envie de rester dans un tel endroit ? Fumer avec une pipe que tant de bouches ont sollicitées ? L’hygiène… les maladies… Pourtant, tel le drogué que je suis, je ne me préoccupe plus de ce genre de choses… empochées, les boulettes sont dérobées à la vue de tous. Fatalement, mes pas m’entraînent vers un coin sombre dans l’attente de ma dose.
A peine assis… les ombres me servent leur tribut que je m’empresse d’allumer.
Première inhalation. Première torpeur. Deuxième. Mon corps s’affaisse. Troisième. Je sens le brouillard monter en moi. Il me faudra plus de temps pour ressentir les effets désirés. Et lorsque c’est enfin chose faite, que je n’entends plus le craquement de ma convoitise, que je ne sais plus où se trouve mon corps. Alors, se dessine les contour de son corps.

Ma Fleur de Lys.
Vivia
Pour planer, il plane le bougre. Faisant fi de sa remarque acerbe, de sa perfidie naturelle, le camé profite de l'invitation pour lier les limbes au physique, pour s'accorder un moment de perdition, un contact là où l'esprit se perd dans une brume épaisse. Visiblement, il a nul besoin de sa propre came, ho non, il est déjà loin et visiblement, auprès d'un être qu'il désire ardement.

Sans attendre, les doigts sont saisis et portés entre les lippes du Mâle pour être goûtés. Les avait-elle propres ? Hum, pas sûr, ils empestent les herbes et la résine mais visiblement, cela semble lui convenir. Peut être trop, à en croire cet élan, ce soubresaut qui finit par attirer son corps au sein et à la faire choir. Poupée de chiffon, elle étouffe une surprise alors que son souffle se perd contre les lippes masculines qui s'imposent aux siennes.

Mm... Surprise ? Oui. Une main se tend pour protéger sa pipe bombée de cet élan alors qu'une autre se pose contre le torse masculin pour créer une légère distance. Il est temps pour lui de sortir de ces limbes, temps pour lui d'épouser la dure réalité et le poids d'une absence, d'entendre que ses lippes qu'il embrasse et dévore ne sont nullement celles d'une promise ou d'un galant, mais celles d'une Fêlée, d'une blonde marquée par le vice et les maux.

Aussitôt, la main sur le torse se fait plus pressante et invite le corps du camé à épouser les diverses étoffes et coussins pour mieux le surplomber. Puis, sans plus de formalité et par pur sadisme, elle vient croquer la pulpe de sa lippe inférieure jusqu'à briser la chair et sentir ce fer carmin, se glisser dans sa gorge.

    On se réveille...La vie est pourrie, infâme..Et bien réelle..Comme cette morsure...

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Morgen.de.naillac
Nöélie ... un contour, un son, remonte en ma mémoire, ébouriffant mes pensées sans états d'âme ... sur le front blême du temps qui passe chaque jours ressassent ta voix, ton visage pour ne pas oublier que tu fus bien réelle ...

Cette sensation que je pensais authentique allait, sans que je le veuille, non pas se dissiper lentement, non pas se fondre ou se voiler mais bel et bien s'anéantir qu'un coup de canine !

La surprise me fait rejeter la tête en arrière, machinalement je porte la pulpe de mon index à ma lèvre, le vermeil s'étale ... le bout de ma langue prend le relais .... Mon visage se redresse, mes iris allant se poser sur la donzelle qui me chevauche toujours ... J'ai beau avoir rejoint le monde des vivants, je dois dire que je suis encore un peu dans la mélasse, je ne réalise pas très bien ce qui vient de se passer ... je fronce les sourcils, secoue la tête ... ça s'était peut-être pas une bonne idée, ça aide pas des masses ....

Mon esprit et mon inconscient semblent en pleine discussion dans laquelle je n'ai, apparemment, pas mon mot à dire .... Le temps qu'ils se mettent d'accord, je reste là, comme un abruti à reluquer la nana tandis qu'une perle de sang glisse de ma lippe pour cheminer le long de mon menton ....

Ça va ?

Ouais je sais, je suis pathétique là ...
Je pourrais la faire valser dans l'alcôve ou juste la rejeter de l'endroit où elle se trouve ... Mais non, j'esquisse même un petit sourire narquois alors que je me redresse quelque peu, prenant appui sur mes coudes


T'as raison la vie est bien réelle mais ....

Mes crocs vont mordiller cette lèvre abîmée ... Je ris, légèrement, comme si je me moquais d'elle, quoique ... en fait .... c'est peut-être bien le cas ...

Mais ça, c'est vachement bien comme truc ...

Je tends le visage vers elle, mes yeux se posant dans les siens, cherchant je ne sais trop quoi dans je ne sais trop qui .... c'est con mais je me sens pas trop mal là comme ça .... je scrute les traits féminins qui sont plutôt pas mal mais dont je me fou totalement, ma femme restant la seule gravée en moi ....

T'es qui au fait?
Moi c'est Morgen et je crois que je me coltine la tarée du coin, c'est ça ?


J'attendais la réponse avec une sorte d'impatience bien dissimulée, elle était le genre de personne dont j'avais besoin en ce moment, un mélange de sadisme et de mépris, du moins c'est ce qu'elle dégageait à mes yeux .... et je voulais devenir CA !
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Vivia
[Alcôve Morgen / Vivia]

La morsure sur la pulpe masculine suffit à le sortir de cette torpeur trop douce à son goût. Elle l'arrache à cette décadence, à ce voile d'innocence dans lequel il s'était lové à corps perdu. Mais le mirage, comme tout autre chose à une fin..parfois sanguinolente. Sous l'assaut de ses lippes et de ses crocs, le Mâle s'éveille enfin et réalise, pour son plus grand plaisir, que les abysses sont présentes ici lieu. Douce chute..Doux réveil.

Doucement le sourire pervers s'étire alors qu'elle reporte la pipe à ses lippes pour avaler une bonne bouffée de ces opiacés maudits qui lui vrillent les tempes et apaisent cette voix qui se perd de temps à autre. La fumée est avalée, consommée puis recrachée vers le visage masculin en guise de réponse indifférente.

Se coltiner la tarée du coin ? Assurément. Vivia était lucide, enfin sur sa condition. Elle avait bien des troubles, des rouages en moins, un sadisme et une perversité acerbes et voraces, en somme un esprit marqué autant que son échine...Peut être était-ce là, le lot des fils de la Cour, de ceux qui se font violer par leur père sociopathe et schizophrène, de ceux qui se font enfermer et torturer en geôle pendant plus de huit mois et qui finissent par baiser leur frère..Parait que tout ceci, explique tout cela et l'absence de ce "ça".

Lourde bien que menue, elle se laisse tomber sur le côté afin d'épouser les diverses étoffes et coussin, laissant volontairement une jambe repliée entre celles du mâle. Quant au bras libre, il vient se caler vers l'arrière, contre la nuque du Morgen pour abandonner ses phalanges dans cette tignasse brunâtre. L'apaisement passe aussi par ce contact éphémère, ces arabesques qu'elle dessine dans ces mèches sans réelle conviction.

Tu es en présence, d'une...Alors, comment résumer sa douce personne en quelques mots..Connasse – Blondie – Bicolore - Tatouée - Griffée - Sadique – Incestueuse - Perverse – Maudite – En cloque - Fêlée – Aliénée – Vile créature – Herboriste – Médecin – Barbier/chirurgien – Propriétaire de l'Opium – Cogérante des bains publics - Femme d'affaire – Reine des Rats – Licornasse … Lesquels choisir.
Vivia Oui, simple et concis, quant au reste de ces qualificatifs tantôt péjoratifs, tantôt flatteurs, il allait sans nul doute les entendre à son insu.

Quant à te coltiner la tarée du coin, tu n'as pas tort...J'ai assurément beaucoup de vices. Et toi alors Morgen..où étais-tu pour planer ainsi ? Une donzelle ...Un amant ? Perfide, le sourire s'étire alors qu'elle prend plaisir à le questionner, comme si enfoncer le couteau dans une plaie béante était de loin une activité salvatrice et agréable à ses tempes. Es-tu de ceux qui manquent de courage et qui se noient dans l'opium pour rêver une vie qu'ils n'osent effleurer ou...fais-tu parti de ceux qui se perdent dans ces abysses pour se remémorer de bons et défunts souvenirs ? A ses mots, la pulpe de ses doigts se perd dans la tignasse masculine pour entortiller une mèche et la tirer légèrement, par pur plaisir et agacement...

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Judicael.
    [ 𝕵𝖚𝖉𝖎𝖈𝖆𝖊𝖑 - 𝕸𝖆𝖗𝖟𝖎𝖓𝖆 ]


Entrainant la blonde bretangevine dans son sillon, le pas tranquille de Judicael foule le sol de l'Opium, établissement où il ne pénétrait plus comme à sa première visite novice et curieux, mais avec l'attitude atone des habitués. Initié par Owenra, sa renarde éternelle, le jeune Maitre du quartier Pourpre s'invite en territoire adverse. Celui du Barbier.

Laissant son arme visible à l'entrée, il se départit de son bliaud aux doublures savamment décousues par endroit, recelant quelques trésors, et quelques larcins aussi. Ici, qui volerait le voleur? Consommateur, il avait au fil du temps réacquis certains réflexes, notamment celui de ne pas s'enfumer à l'excès, s'évader jusqu'à la déchirure, pour garder malgré tout la main sur ses ses effets personnels... Assuré mais pas fou, Cael profita d'une inattention de Marzina pour la délester de son arme, pas assez dissimulée au garde corps pour un amateur de physionomie féminine tel que lui, et trop au demeurant pour être prise pour un oubli innocent.

D'un geste, il salue le tenancier. Passant près d'une alcôve, saisit la présence de la propriétaire. Si le maître des lieux est là, l'Opium n'en sera que plus abondant. Accompagnée tout comme lui, il ne s'arrête pas, peu désireux d'interrompre sa conversation, son jeu de chat, son tentaculaire tête à tête. Pour l'avoir connue et reconnue dans ses manœuvres, il n'est ni l'heure ni l'endroit pour s'y frotter de nouveau, et puis, peut-être a-t-il à son tour quelques affaires à mener... Le visage se tourne un instant pour vérifier que Marzina le suit, juste avant de s'engouffrer dans une alcôve.

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Recueil
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Marzina
    [ 𝕵𝖚𝖉𝖎𝖈𝖆𝖊𝖑 - 𝕸𝖆𝖗𝖟𝖎𝖓𝖆 ]


L'Anjou avait appris à Marzina bien des choses. Des choses sur elle-même d'abord. A force d'introspection face à la solitude, et de côtoyer d'autres âmes abimées, elle avait fini par distinguer pour la première fois les plaies de son âme. Par comprendre que les cicatrices invisibles sont bien plus dangereuses que celles que l'on voit, parce qu'on ne peut pas les recoudre, elles restent béantes. Elles vous changent. Mais l'Anjou avait aussi appris à Marzina à les accepter. A se réconcilier pleinement avec sa part d'ombre, à l'embrasser plutôt qu'à tenter de la contenir et de la cacher. Parce que ces démons-là que l'on cherche à enfermer finissent toujours par s'échapper un jour ou l'autre, et ce jour-là ils deviennent incontrôlables. Il y a quelques années, elle n'aurait pas pu mettre un pied ici. Aurait à peine accordé un regard à l'homme qui lui faisait face maintenant. Et si la méfiance pouvait se lire dans le regard qu'elle posait sur Judicael, il n'y avait aucune peur. Sans autre formalité elle lui emboite le pas, le suit dans un monde qu'elle n'a effleuré qu'en surface. Elle ne connait pas la place qu'il y occupe, elle voit simplement la facilité avec laquelle il y évolue, quand elle-même ne semble être qu'un fantôme qui ne fait que passer. Elle est étrangère à ce monde, sans pour autant s'y sentir déplacée. Curieuse ambiguïté, si courante chez la Bretangevine qui ne se sent nulle part chez elle.

Lorsqu'ils pénètrent le lieu, elle reconnait bien avant de le voir le lieu de perdition. Non pas qu'elle soit déjà venue à L'Opium, mais les odeurs lui étaient familières. Elle avait fréquenté ce genre d'endroits un temps avec Pearl, lorsqu'elle avait tenté de pénétrer son univers. Elle s'y était laissée glisser un temps, en sentait encore les stigmates. C'était presque hier. Elle sentait déjà la sensation de manque venir lui serrer les entrailles, lui imposer l'urgence d'une drogue quelconque. Elle s'y était perdue. Des nuits. Puis des jours. Des semaines ensuite, effacées de sa mémoire. Elle en était sortie. Du moins elle le pensait, car chacun des pas dans l'établissement lui donnait l'impression de jouer à l'équilibriste sur le bord du précipice. Douce sensation de vertige qui vient affoler son cœur. Grisante.

La Blonde reste silencieuse et suit. Ses yeux s'égarent. Les deux billes anthracites parcourent le lieu, le cartographient en détail, tandis qu'une main effleure les meubles, les murs, dès qu'ils sont à portée de doigts. Instinctivement elle prend ses repères, ses marques, comme toujours lorsqu'elle rentre dans un lieu inconnu. Blondie craint l'enfermement, elle enregistre le chemin vers la sortie. L'instinct de survie se fait plus fort que le manque, son regard s'attarde à peine sur les drogués qui s'étalent ça et là. Trop occupée à détailler l'endroit, elle ne sent que trop tard la présence de Judicaël qui se rapproche, la dépouille de son arme. Elle se crispe, lui retourne un regard noir. Elle ne protestera pas plus, ce territoire est sien, elle le sent. Inutile de se mettre plus en danger inutilement, téméraire mais pas suicidaire. Le nez se lève, le regard se fait hautain tandis qu'elle délace la cape pour la laisser près du bliaud du roux renard, dévoilant une chemise ample immaculée sur une paire de braies sombres, avant de le suivre vers l'alcôve. Non sans un dernier regard sur la salle, se perdant cette fois sur les spécificités du lieu. Elle se mordille la lèvre, ressent le besoin d'occuper ses mains. Elle les glisse dans ses boucles, en attrape une au passage, l'entortille autour d'un doigt, avant de venir s'installer dans le lieu comme s'il était sien. Annexion du lieu en cours. L'animal farouche a besoin de se rassurer. La voix s'élève, neutre:


"Vous vouliez me voir? Je suis là."
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Judicael.
- Vous êtes là.

La nervosité de blondie restait perceptible, derrière son assurance de façade. C'est qu'à force de côtoyer les gens en mauvaise posture, les coupables, les débiteurs, la défiance était décelable comme le parfum d'une rousse dans un harem de brunes. Installé confortablement dans les coussins de l'Opium, le demi oreille l'observa consigner les moindres détails l'environnant, comme si l'endroit pouvait se refermer sur elle et l'engloutir à tout jamais. Il posa un index inquisiteur sur son torse, lorsqu'enfin elle prononça une parole, le rassurant sur le fait que sa répartie légendaire n'était pas restée à la porte avec son arme. C'était ce qu'il appréciait chez elle. Il savait que tous deux appréciaient les défis, jouer au plus fin et user du sens de leur répartie. S’il était des personnes qu'il savait respecter, c’était bien celles qui étaient capables de se mesurer à lui par la vivacité de l'esprit, et d’agir avec une précision et une qualité égales à la sienne. Etre renard n'était pas qu'une question de couleur de cheveux.

- Marzina. Je n'ai jamais dit que je voulais vous voir. J'ai suggéré que vous devriez passer, à l'occasion... Mais puisque vous êtes venue, et que je me félicite d'avoir votre compagnie aujourd'hui... Bienvenue à l'Opium.


Il désigna les lieux d'un geste ample et en profita pour placer sous ses jambes son bliaud. Sans lui demander son avis, il fit un signe à l'opérateur qui arrivait derrière eux de l'index et du majeur levés pour entériner la préparation de deux pipes. D'un air détaché, cherchant la meilleure position qui était pour passer quelques heures en orbite, Judicael ajouta:


- Vous ne craignez rien ici, tant que vous restez avec moi.

Rassurant ou pas, telle était la vérité. Les Miracles, Brissel, son quartier et celui des autres n'étaient hostile qu'à qui s'y faisait des ennemis. Hormis Montparnasse, Judicael n'avait pas d'ennemis dans le coeur de Paris. Et ce dernier n'était même pas considéré comme tel, lorsqu'il regardait son frère le violer avec un plaisir peu contenu. En position de force, le roux avait tendance à ne prendre que la place qui lui revenait, sans chercher à empiéter sur les affaires des autres... Si on le disait orgueilleux, peut-être y avait-il là un fond de vérité. Comment ne pas l'être quand tout ce qu'il entreprenait l'était en prenant des risques, jouant souvent de sa vie pour se prouver qu'il pouvait défier le monde et tutoyer les lois pour être couronné de succès?

L'opérateur s'approcha pour montrer à l'inconnue la position adéquate pour fumer, présumant de son inexpérience. Cael suggéra à celui-ci de ne pas se presser. Il aurait quelques petites négoces à mener, sous couvert d'un tête à tête comme tant d'autres à l'O.


- Après tout, autant discuter avec toute notre tête. Avez-vous déjà fumé de l'Opium pur?

Mine de rien, la question était de mise. Si c'était la première fois il faudrait lui annoncer la nuit en enfer qu'elle passerait après... Et comme la plupart des Opiumeries refusaient les femmes...

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Marzina
Les paroles du rouquin dessinèrent sur le minois princier un sourire malicieux qui s'étirait en coin. Toute trace d'angoisse disparait alors du corps de la Blonde tandis que l'enfant terrible refait surface. La voix se fait mutine tandis qu'elle répond:

"Judicaël, vous jouez sur les mots! Quand on demande à quelqu'un de passer, ce n'est pas par hasard. C'est qu'on a une idée derrière la tête, une envie quelle qu'elle soit."

Le nez princier se redresse, altier, l'air canaille semble brailler "vous me la ferez pas, à moi". Les gens comme elle et lui ne parlent pas pour ne rien dire. Ils économisent leurs mots, les choisissent avec parcimonie, parce que chacun a un but. Et la Blonde a suffisamment côtoyé le vice pour savoir une chose: tout le monde voit en elle quelque chose à voler. Son corps le plus souvent. Son cœur pour les cinglés ou inconscients. Sa bourse pour les suicidaires. Ses informations pour les intéressés. Sa plume pour les ambitieux. Ses terres pour ceux qui ne doutent de rien. Son temps pour les crétins. Ceux qui n'étaient pas rangés dans la catégorie des voleurs se comptaient sur les doigts d'une main, elle les appelait amis.

"Et vous, quelle est la votre?"

Quelle partie de moi pensez-vous être à vendre, rusé renard?
La Blonde le voit prendre ses aises, elle fait de même et s'installe à genoux, le cul posé sur un coussin calé entre ses chevilles, enfant licencieuse. Les yeux noirs se posent alors sur lui, étonnée des paroles qu'il prononce.


"Je ne crains rien. Je suis juste méfiante, ça sent un peu comme votre terrier ici. Je me trompe?"

Elle penche la tête de côté, l'interrogeant de ses yeux expressifs.

"Je suis de nature contrariante, qui sait si vous ne changerez pas d'avis sur ma sécurité une fois irrité?"

Ou si elle décide de se barrer là, comme ça, sur un coup de tête ? Ou si elle lui colle une gifle, sur un coup de sang ? Parce qu'elle est urticante la Bretangevine, elle ne l'ignore pas. Mais peu importe la réponse au fond, il n'y a que deux choses au monde qui peuvent l'effrayer, et il n'y a rien de tel ici. Alors danger ou pas, elle fait bien ce dont elle a envie, peu importe les conséquences. Parce qu'elle l'a promis à l'Archicanard, et que ça lui convient bien.
L'opérateur s'approche, et se fait cueillir d'un regard noir. Trop près. Bien trop près. Les yeux se font impérieux et intiment la distance comme seuls les hauts nobles savent le faire. Ou les belles femmes.
Alors elle répond d'un ton agacé, tant pour l'opérateur que pour le rouquin près d'elle:


"Je sais."

Voilà, la messe était dite. Les petites récréations avec Pearl ne s'étaient pas limitées au chanvre qu'il lui fournissait au début de leur relation. Quand on couche avec le fournisseur, il n'y a plus de limites, plus de règles. Quand on s'endort à côté du laboratoire, on finit par ne plus y penser. On s'enfonce, avec lui, contre lui, en lui...La drogue et l'homme finalement, ne font plus qu'un, indissociable. Et un jour on se réveille dans la campagne avec un mal de crâne persistant, du sang sur les mains, et encore des souvenirs en moins. Quand l'orgueil se révèle plus grand que l'addiction, on se débarrasse de la drogue. Et du fournisseur avec, parce que l'un est aussi nocif que l'autre.
Et on a beau prendre son air hautain pour se la jouer, on n'est pas vraiment serein à l'intérieur quand la marchandise revient sous son nez. Parce que si l'un revient, l'autre aussi. Et qu'elle n'a aucune envie de faire une croix sur le rouquin. Son rouquin.


"Si l'on doit se revoir, la prochaine fois je choisirai l'endroit."

Parce qu'elle sait que pour cette fois, elle n'a aucun moyen de l'éviter sans perdre la face.
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Judicael.
Voilà ce qui est étonnant avec la blonde. Là où lui reste constant, elle n'est que feu de paille. Étincelles ou cendres, Marzina ne danse jamais sur le pied qu'on attend. Sa mouvance et son lunatisme naturel lui confère un aspect dangereux et imprévisible, qui n'est pas sans provoquer quelques remous autour d'elle.

Les yeux vont et viennent, du sourire à la moue colérique, presque enfantine parfois quand l'égo est piqué par diable sait quel aiguillon. Marzina n'est qu'une passoire qui laisse plus souvent qu'elle n'aime l'admettre filtrer le camaïeu des émotions.


- Vous n'avez pas tort.

A défaut d'avouer qu'elle a raison.

- J'ai quelques idées derrière la tête.

Qui le plaçaient forcément selon les lois Marzinéenne en vigueur dans une toute autre catégorie que celle "d'Ami". Il ne rata rien de la position bien peu commune de l'infante, qui malgré ses malices jouvencelles avait quitté l'âge du tendron. Telle une fleur carnivore, Blondie savait jouer de ses charmes pour laisser croire à sa naïve innocence, tout en refermant la gueule sur sa convoitise au moment le plus opportun. Roublard renard ne s'y trompait guère, et tromper l'ennui en sa compagnie relevait d'un exercice de funambule aguerri.

- Mais prenez vos aises, et allongez-vous si le coeur vous en dit. Ici je ne suis pas à demeure ni en terrain conquis, je suis juste tel que vous, l'humble client et l'humble invité d'une .. Amie.

Si tant est qu'il pouvait considérer sa partenaire particulière ainsi. Précision faite, il se laisse tenter par la pipe qu'on lui allume pour venir tout de même y tirer quelques bouffées. Il opine un peu, pas contrariant, et en laissant aller sa tête en arrière pour exhaler au plafond quelques nuées nébuleuses l'assure par mimétisme d'un ton rauque et tempéré:

- Si nous devions nous revoir, vous choisirez l'endroit.


Et ils se reverraient.
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Marzina
- Vous n'avez pas tort. J'ai quelques idées derrière la tête.

Une lueur d'intérêt dans les yeux de la Blonde s'allume à ces mots, qu'elle s'empresse de dissimuler en les posant ailleurs que sur lui. Marzina est curieuse, trop parfois, c'était ce qui l'avait menée à la Cour des Miracles cette nuit-là, quand la fierté lui plaquait le cul sur ce coussin face à l'opium qu'elle évitait depuis quelques semaines. Elle n'avait qu'une envie dès lors, qui lui brûlait les lèvres. Les mots étaient là, sur le bout de sa langue, ils s'agitaient en tous sens et ne réclamaient qu'à être prononcés afin d'avoir l'occasion de satisfaire sa curiosité. Et pourtant elle gardait lèvres closes, s'efforçait de garder pour elles ces questions qui auraient trahi un peu plus son envie de savoir. Elle n'avait aucune envie de donner à celui qui lui faisait face des armes qu'il pourrait par la suite utiliser contre elle. Elle connaissait suffisamment bien les taiseux pour savoir d'eux que lorsqu'ils ne parlent que peu, c'est pour observer et écouter les autres, qu'ils sont attentifs aux détails et viennent les noter dans un coin pour s'en resservir plus tard. Elle était de ceux-là. Et déjà il avait noté son intérêt pour l'or, tant parce qu'elle en avait besoin pour continuer à mener un train de vie que ses maigres terres ne lui suffisaient plus à assurer, que pour satisfaire une de ses nombreuses addictions, en l’occurrence celle pour ce qui brille. Nul besoin de venir lui offrir d'autres informations qu'elle verrait ensuite lui revenir dans la tronche comme un boomerang mal maitrisé.

- Mais prenez vos aises, et allongez-vous si le coeur vous en dit. Ici je ne suis pas à demeure ni en terrain conquis, je suis juste tel que vous, l'humble client et l'humble invité d'une .. Amie.

Les yeux se posent à nouveau sur Judicaël et le scrutent, les mouvements du corps et particulièrement des mains, les traits du visage, les yeux. Blonde cherche les signes du mensonge...mais n'en trouve aucun.

"Je suis à mon aise, là. M'allonger susciterait l'effet inverse."

Sous ses airs assurés, Bretangevine a trop vécu pour ne pas sentir le danger venir battre à ses tempes en offrant son corps faiblard à la merci d'un presque inconnu, surtout en fumant. La situation actuelle lui déplait autant qu'elle vient titiller l'enfant indocile nichée dans ce corps maigrichon. D'un côté se mettre en danger, en situation de faiblesse face à rusé renard contredit à ses principes de précaution habituels qui la poussent à chercher le contrôle autant que possible dans les situations qu'elle rencontre. D'un autre côté, Blonde aime parfois bousculer ses habitudes, ajouter du défi et de l'inattendu dans son existence, quitte à venir y semer les piquantes graines du danger. Le parfum de l'opium, déjà présent partout entre ces murs, vient se dégager juste devant son nez. Elle le relève, ce nez hautain et mutin, comme pour venir inspirer un peu plus les bouffées qu'il libère. Ses doigts tremblent un peu, sans qu'elle ne s'en rende compte. Elle lève finalement une fine main d'albâtre, prend à son tour une pipe dans un geste gracieux, tire quelques bouffées. L'appréhension monte avec le geste, puis redescend une fois exécuté. Alea jacta est.
Puis elle se penche sur le côté, vient voir l'arrière du crâne de Judicaël. Et puis finalement elle lâche:


"C'est quoi, ces idées derrière votre tête? J'ai beau y regarder, je n'y vois rien!"
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Judicael.
    [ 𝕵𝖚𝖉𝖎𝖈𝖆𝖊𝖑 - 𝕸𝖆𝖗𝖟𝖎𝖓𝖆 ]


Paisible, la discussion se poursuit, tandis qu'ils se jaugent, et puis s'oublient. Se quittent des yeux, puis reviennent à leur vis à vis. Elle aussi blonde qu'il n'est roux, et aussi méfiante qu'il n'est détendu.

Susciterait-il au moins un brin de curiosité? A peine. Il est déçu, mais aussi fier qu'elle, ne le montre pas. Ainsi s'engage une contre-conversation. Un échange parallèle, subliminal, ou les deux, dans leurs drapé protecteur, se vouent une lutte sans fin. Lâchant une longue bouffée, il finit par sortir de ces limbes partagées une part la vérité


- Je sais que vous êtes fine plume - c'est là bien belle qualité -, dépensière au possible, et que votre mariage n'est plus.

Oui, le roux avait ses petits informateurs. Puis, rien de nouveau à l'ouest. Les travers de Marzina ne faisaient aucun mystère !


- Alors je me suis dit que l'on pouvait trouver quelques compromis. Disons que j'ai à faire bientôt, avec quelques amis. Une petite sauterie.

Tout faire sauter, oui, c'était bien de cela dont il s'agissait.

- Vous n'êtes pas sans savoir que j'ai sous mon autorité quelques commerces ici. L'argent et les femmes en sont la principale matière. Si je vous laisse venir piocher dans les bijoux du Comptoir des Usuriers, écririez-vous sur mes hauts-faits lorsque je vous solliciterais?

Il pencha un peu la tête, attendant une réaction.

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